Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 9 – Chapitre 1 – Partie 1

+++

Chapitre 1 : Le premier prince

Partie 1

Le jour de la cérémonie d’ouverture était arrivé. Je me tenais devant le miroir de ma chambre, enfilant mon uniforme par-dessus ma tête, tout en échangeant quelques mots avec un visiteur. Il s’agissait du prince Julian, que j’avais convoqué malgré la frénésie de la matinée, et il n’était pas très content de cette invitation impromptue.

« Tu aurais dû le dire plus tôt si tu avais l’intention de me confier le discours d’ouverture de la cérémonie. »

L’école était venue me voir pour savoir si j’accepterais de prononcer un discours lors de la cérémonie. Cela m’avait semblé très pénible, alors j’avais décidé de confier cette tâche à Julian. Maintenant, il s’était retranché dans ma chambre, prenant des notes sur ce qu’il allait dire.

« Je ne suis qu’un petit marquis. Ton rang est bien plus impressionnant que le mien, n’est-ce pas ? » avais-je dit.

Luxon flottait dans l’air à côté de moi. Ce matin, il avait été encore plus insupportable que d’habitude, ce qui n’était pas une mince affaire.

« Maître, ta cravate est de biais », m’a-t-il dit.

« Oups, tu as raison. »

Je l’avais détachée et l’avais refaite rapidement, jetant un coup d’œil dans le miroir pour apercevoir Julian. Il semblait accepter la logique de mon argumentation, mais son air renfrogné persistait.

« Il est vrai qu’en termes de rang, le mien est plus élevé. Mais comme ta force et tes réalisations sont supérieures, je comprends pourquoi l’école t’a choisi. Bien que tu ne me sembles pas être un orateur éloquent, j’admets… »

Vous n’auriez jamais deviné, d’après nos grommellements, que je connaissais Julian depuis près de deux ans. Je n’aurais jamais imaginé lui parler avec autant de désinvolture que lorsque nous nous étions rencontrés pour la première fois. Au début, nous nous détestions.

« C’est justement pour ça que je laisse le soin à quelqu’un qui est doué pour ce genre de choses. C’est efficace de ma part, hein ? » Je souris.

J’avais fini de lisser mon uniforme pendant que Julian terminait le discours qu’il avait écrit. Sa rapidité et son assurance indiquaient ce que je soupçonnais depuis le début, à savoir qu’il était habitué à ce genre de choses, ayant dû faire toutes sortes de discours à des foules par le passé.

« Ce serait plus convaincant si c’était quelqu’un d’autre. Quand tu le dis, on a l’impression que tu pousses ceci sur moi parce que tu considères que c’est trop compliqué », déclara Julian.

« Interprète-le comme tu le veux. Quoi qu’il en soit, je te pardonne les ennuis que tu as causés pendant les vacances de printemps puisque tu as fait ça pour moi. Alors, tu devrais être reconnaissant. »

Julian et ses crétins de compagnons avaient fait des ravages dans l’école pendant leur séjour de vacances de printemps. La facture des dégâts m’était parvenue directement comme j’étais leur superviseur nominal. C’était franchement déprimant. Pourquoi devais-je garder le prince déchu et ses camarades ?

« Je ne peux pas vraiment argumenter quand tu le dis comme ça. » Julian soupira doucement en pliant son discours et en le rangeant dans la poche de sa veste. Il avait l’air découragé, mais quelques instants plus tard, il releva le menton et déclara : « J’aurais dû commencer mon activité en préparant un chariot de nourriture à la place. »

Il n’avait donc pas encore renoncé à ce rêve.

« Tu agis comme un homme possédé lorsqu’il s’agit de brochettes. N’est-ce pas ? » avais-je demandé.

« Possédé ? Quelle horreur ! Au moins, décris les choses sous un angle plus positif. Disons que je suis béni par la déesse des brochettes, peut-être… Je les aime autant que j’aime Marie. »

J’avais compris ce qu’il voulait dire, mais la façon pompeuse dont il l’exprimait était tellement exagérée que j’avais éclaté de rire. Je savais, par des récits de seconde main, à quel point il chérissait les brochettes, mais voyons. La blague n’en était pas moins hilarante, même aujourd’hui.

« Marie est au même niveau que les brochettes, hein ? Je parie qu’elle aurait une réaction assez comique si je lui disais ça. »

Luxon, qui se trouvait comme d’habitude à côté de mon épaule droite, déplaça son objectif d’un côté à l’autre en signe d’exaspération. « J’ai peine à croire que cet homme était autrefois le prince héritier dont on attendait tant. Je doute que quiconque ait pu imaginer qu’il serait dans un tel état il y a quelques années. Le seul point positif, c’est qu’il est heureux de ce résultat. »

Julian n’avait pas semblé troublé par nos remarques sarcastiques. Au contraire, sa fierté s’en était trouvée renforcée.

« C’est vrai. J’ai une chance inouïe d’avoir trouvé deux choses incroyablement précieuses et irremplaçables. Je suis reconnaissant à Marie et à l’homme qui m’a fait découvrir les brochettes. » Il me regardait dans les yeux et son visage s’illumina d’un sourire.

J’avais échangé un regard avec Luxon.

« C’est dur de traiter avec des idiots, hein ? »

« En effet. Ils sont aussi imperméables aux sarcasmes qu’aux remarques désobligeantes. »

 

☆☆☆

 

À peu près au même moment, Marie et Carla se rendaient du bâtiment principal de l’école à l’auditorium où se déroulera la cérémonie d’ouverture. En traversant un couloir de liaison, les deux jeunes filles s’étaient attiré des regards plutôt hostiles. Les expressions mécontentes des autres élèves laissaient présager ce qu’ils se demandaient probablement à l’unisson : que faites-vous ici ?

Pourtant, malgré toutes les moqueries dont Marie et Carla faisaient l’objet, personne ne leur adressa directement la parole. Il y avait une raison importante à cela : elles étaient sous la tutelle du nouveau marquis.

Malgré le mépris de ses pairs, Marie traversa le hall d’un pas assuré pour cacher son irritation. « Comment se fait-il qu’ils soient tous aussi amers avec moi, hein !? Ce sont ces trois idiots qui ont modifié leurs uniformes sans permission ! Grondez Léon si vous voulez prendre quelqu’un à partie. C’est lui qui est responsable d’eux ! »

« C’est totalement inévitable », dit Carla, essayant d’apaiser sa maîtresse. « Seul le directeur a assez d’autorité pour convoquer le marquis et le réprimander, personne d’autre… Ce qui m’exaspère le plus, c’est que ces trois-là ont fait cette bêtise le jour même de la rentrée. » Un soupir s’échappa de ses lèvres.

Cette fois-ci, les coupables étaient Brad, Greg et Chris. Les trois garçons avaient un peu mûri pendant leur séjour dans la République, mais pas au point de s’abstenir d’« améliorer » leurs uniformes de l’académie. Brad avait choisi d’accentuer son uniforme avec des ornements voyants, tandis que Greg avait arraché les manches de sa chemise et de sa veste, laissant ses bras visibles jusqu’à l’épaule, et que Chris avait taillé sa veste pour en faire un manteau happi. Les garçons avaient été convoqués dans le bureau du professeur pour avoir enfreint le règlement de l’école dès le premier jour de la rentrée. Marie avait eu la malchance d’être convoquée en même temps qu’eux, ce qui lui avait valu une réprimande. Elle s’était excusée abondamment pour leur mauvaise conduite — quel autre choix avait-elle ? — mais elle était furieuse de devoir prendre cette responsabilité.

« Depuis quand suis-je devenue leur gardienne ? »

« S’il te plaît, calme-toi, Lady Marie ! »

La voix de Marie s’était faite de plus en plus forte à mesure que sa colère grandissait, tandis que Carla tentait désespérément de l’apaiser. Toutes deux s’arrêtèrent brusquement au milieu de l’allée pour permettre à Marie de reprendre sa respiration. Par pure coïncidence, elle jeta un coup d’œil à l’extérieur et aperçut deux employés qui s’occupaient de la cour intérieure. Carla remarqua qu’elle fixait quelque chose et suivit son regard.

« Serait-ce de nouveaux employés ? » demanda Carla.

« Il semblerait que ce soit le cas. »

L’un des deux employés était plus jeune, probablement un débutant. Il était en train de se faire gronder par le vétéran plus âgé.

« Ne peux-tu pas faire un peu plus d’efforts ? Regarde les arbres que tu as taillés. Chacun d’entre eux est dans un tel état. Tu en as assez fait ici. Va donc arracher les mauvaises herbes que tu trouveras. »

Le nouveau venu était un homme aux cheveux blonds. Marie avait d’abord eu pitié de lui jusqu’à ce qu’elle constate son attitude déplorable. Loin de s’engager à faire plus d’efforts dans son travail, il se contentait de regarder le vétéran d’un air narquois. « J’en ai déjà fait assez, non ? Puis-je arrêter de travailler ? »

« Bien sûr que non ! »

L’employé expérimenté semblait exaspéré par le dégoût flagrant du jeune homme pour son travail. Avec tous les problèmes que le nouveau venu causait, Marie ne ressentait pas une once de sympathie. Cet échange lui rappela ses tentatives désespérées pour apaiser les professeurs, comme si elle était en quelque sorte responsable du comportement des garçons. Sa colère refait surface avec une ardeur nouvelle. Voir à quel point le nouveau venu avait mal entretenu la cour ne faisait qu’aggraver son humeur.

« Même moi, je pourrais faire mieux que lui », grommela-t-elle.

Les souvenirs de leur séjour à l’étranger revinrent à l’esprit de Carla. Elle sourit tristement, mais son visage se décomposa en désespoir lorsqu’elle se souvient des journées épuisantes passées à entretenir la végétation en été. L’herbe et les mauvaises herbes avaient repoussé à une vitesse fulgurante.

« Ah ha ha, c’était dur pendant que nous étions dans la République — surtout pendant les mois d’été. Le jardin devenait vite incontrôlable si on ne l’entretenait pas tous les jours. C’est grâce à cette expérience que j’ai appris à utiliser les outils de jardinage… J’avais même des callosités sur les mains à cause de ce dur labeur. »

« Toi et moi, toutes les deux. »

Ce n’est pas parce qu’elle avait sous-estimé la quantité de travail qu’impliquait son emploi que Marie s’était moquée de lui. Elle avait pu se rendre compte de la dureté de ce travail subalterne à l’époque de la République. Elle n’avait parlé que parce qu’elle savait qu’elle pouvait surpasser ce garçon si elle s’y mettait.

Marie détourna son regard des ouvriers et continua à marcher. « Je me demande si l’école ne manque pas d’employés pour assurer la maintenance. J’ai déjà entendu dire qu’ils ne choisissaient que les meilleurs candidats pour travailler ici. »

En d’autres termes, une embauche aussi peu soignée n’aurait jamais été acceptée il y a quelques années.

« C’est une période difficile pour le Royaume », dit Carla, offrant sa propre spéculation sur le sujet. « Je pense que tu as raison de dire qu’ils manquent de personnels. »

Marie soupira. Les choses étaient radicalement différentes de celles dont elle se souvenait avant de partir étudier à l’étranger. Pour illustrer son propos, elle aperçut devant elle l’héritier d’un comte qui se la jouait arrogant, flanqué de plusieurs groupies féminines. Il se pavanait dans les couloirs avec assurance et n’hésitait pas à gifler quelques étudiantes qui, selon lui, lui barraient la route.

« Vous gênez. Bougez-vous ! »

« Mes excuses. »

Les filles s’étaient empressées de s’excuser et de s’éloigner pour lui faire de la place.

Ce n’était pas comme ça quand j’étais en première année. Je suppose que lorsque les choses changent, elles changent vite. J’ai presque l’impression d’être piégée dans un monde de simulation de rencontres destiné aux garçons, pas aux filles… mais je ne sais pas ce que c’est. Marie n’avait jamais joué à des jeux de rencontres pour garçons, mais elle imaginait que les femmes y étaient traitées avec le même manque de respect. J’imagine que c’est un monde agréable à vivre pour un homme. Je me demande si Grand Frère est heureux de ce changement ?

+++

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire