Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 8 – Chapitre bonus – Partie 3

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Chapitre bonus

Partie 3

Avec l’autre femme de chambre qui la suivait, Jenna était sortie. Toutes deux avaient repéré les hommes qui se rassemblaient. Elle avait reconnu Balcus, Nicks et Colin, bien sûr, mais ils n’étaient pas les seuls hommes présents.

« Qu’est-ce qu’ils font si tôt le matin ? » Jenna se le demandait à voix haute.

« Quoi ? Ne le savez-vous pas ? » Yumeria n’avait pas mis longtemps à s’expliquer. « De temps en temps, ils se retrouvent comme ça pour faire des exercices. C’est une journée d’entraînement. Les chevaliers viennent aussi pour participer. »

« Des chevaliers ? Ohh, c’est vrai. Nous sommes une famille de chevaliers… Bien que cette bande n’ait pas du tout l’air chevaleresque. » Elle avait regardé les hommes. Chacun avait l’air peu raffiné et peu attrayant, une masse de jeunes garçons de la campagne. Ils ne correspondaient pas à l’image galante d’un chevalier dans l’esprit de Jenna.

Curieusement, Dorothea était aussi avec les hommes.

« Cette fille ! Est-ce qu’elle espère marquer des points en venant ici ? Elle est tellement désespérée. Tout ce qu’une fille doit faire, c’est s’occuper des choses de la maison, pas apprendre des techniques de combat ! Tu parles de fourrer ton nez là où il ne faut pas. »

Yumeria, inconsciente comme toujours, fit remarquer : « Mais Lady Jenna, vous ne faites même pas le ménage vous-même. »

« Je le ferais si je me mariais ! »

« Vous ne serez pas en mesure de le faire alors si vous l’évitez maintenant. Je m’efforce constamment de ne pas faire d’erreurs, mais j’en fais beaucoup même après tout ce temps. » Elle avait ensuite raconté sa dernière mésaventure : le renversement d’un seau d’eau alors qu’elle faisait le ménage.

Jenna lui lança un regard froid. Qu’est-ce qui te prend ? Comment quelqu’un d’aussi ignorante et maladroite que toi ose-t-elle me faire la leçon ? Elle se demande si Yumeria ne le fait pas exprès, en jouant le rôle de l’héroïne délicate et étourdie. Elle avait à peine le temps d’envisager cette possibilité, car elle entendit bientôt des coups de feu provenant du terrain d’entraînement.

Jenna tourna la tête vers le groupe et repéra Dorothea qui tenait un fusil. Avec des mouvements entraînés, elle déchargea sa cartouche vide avant d’en mettre une nouvelle. Quand elle appuya ensuite sur la gâchette, elle toucha la cible en plein centre. Le groupe poussa des cris de surprise avant de l’applaudir.

« C’est une blague. » Jenna était incrédule.

Yumeria chuchota, « Etonnante, n’est-ce pas ? Presque chaque tir qu’elle a fait était dans le mile. »

Ils avaient tous les deux vu à quel point Dorothea était un tireur impressionnant. Tous les hommes sur le terrain d’entraînement s’étaient rassemblés autour d’elle une fois qu’elle eu fini.

Nicks était aussi impressionné que les autres. Son visage s’était éclairé et il déclara : « Vous êtes incroyable. Je suppose que vous devez utiliser une arme à feu assez régulièrement ? »

« Avec modération, » corrige Dorothea. « Cela fait partie de notre éducation de base. Si vous vous souvenez bien, les Roseblades descendent d’aventuriers qui ont gravi les échelons jusqu’au sommet du royaume. »

« Quoi ? Vous voulez dire que les garçons et les filles reçoivent ce genre d’éducation ? »

« Bien sûr. Je dois cependant noter que si j’ai combattu des monstres à l’académie, je ne serais pas d’une grande utilité dans un combat réel contre d’autres personnes. Mon entraînement est plus destiné aux apparences. »

Nicks avait secoué sa tête. « Vous êtes trop humble. Je pense que ce niveau d’aptitude est plus que suffisant. »

Voyant à quel point tous ses hommes étaient impressionnés, Balcus était tombé dans un silence contemplatif.

« C’était incroyable, Dot ! » Colin s’était extasié. Il était aussi sorti pour se joindre à la session de formation. « Anjie est super compétente aussi, mais tu es bien meilleure qu’elle ou que n’importe qui d’autre avec une arme. » Il lui parlait avec tant d’affection et d’intimité que tous les autres participants s’interrogèrent.

« C’est très gentil de ta part », lui déclara Dorothea en roucoulant. « Ton nom est Colin, n’est-ce pas ? »

« Ouais ! »

« Je m’assurerai de te préparer quelques gâteries plus tard. Prenons le thé ensemble, d’accord ? »

« Vraiment ? Hourra ! »

Voyant qu’elle était réceptive à la chaleur de Colin plutôt qu’offensée par elle, les hommes se détendirent. L’image qu’ils avaient des femmes nobles avait été entachée par Zola, aussi étaient-ils encore un peu sur leurs gardes. Quelques chevaliers s’étaient regroupés un peu à l’écart de la foule principale pour parler entre eux, en prenant soin que Dorothea et les autres ne puissent pas les entendre.

« Wôw, Lord Nicks s’est trouvé une fille formidable. »

« Nous aurions de sérieux problèmes s’il se trouvait quelqu’un comme Lady Zola. Je suppose que nous pouvons être tranquilles. »

« Elle a dit qu’elle cuisinerait des trucs, non ? Donc elle peut utiliser une arme et cuisiner ? Il y a une noble dame pour vous juste là. »

Tous ces hommes connaissaient déjà Anjie, mais ils l’avaient fait passer pour une exception à la règle. L’apparition de Dorothea avait contribué à les faire changer d’avis sur la question — ils commençaient à penser que les vraies dames nobles étaient d’un tout autre niveau.

Plus Jenna les écoutait, plus son humeur devenait aigre. « Qu’est-ce que ça peut faire qu’une femme sache se servir d’une arme ? Elle ne part pas à la guerre. Et si quelqu’un veut des pâtisseries à ce point, il peut aller les acheter ! »

Yumeria se contenta de sourire. « Je comprends pourquoi vous dites cela, Lady Jenna, puisque vous ne pouvez pas utiliser d’armes ou cuisiner. » Ses mots étaient comme des poignards qui s’enfonçaient dans le cœur de Jenna.

 

☆☆☆

 

« Je pense qu’il est temps pour nous d’abandonner. »

« Non ! » Jenna craqua. « Je n’abandonnerai pas tant que je n’aurai pas vu des larmes couler sur son visage ! »

Les deux femmes s’étaient éloignées du terrain d’entraînement et espionnaient maintenant la cuisine, où leur cible de surveillance, Dorothea, préparait des friandises. Un certain nombre de servantes étaient là pour les aider, mais elle faisait la cuisine toute seule.

Luce, qui rôdait tout près, commenta : « Je vois que vous vous y connaissez en cuisine. »

« Seulement comme un hobby, maman, » dit Dorothea. « Je ne peux pas me comparer à ceux qui font ça pour vivre. »

« C’est quand même impressionnant ! Je vous envie, en fait. Je ne peux faire que des sucreries simples, faites maison, comme on en trouve souvent à la campagne. »

« Je pourrais vous apprendre quelques recettes si vous voulez. Voulez-vous m’aider à cuisiner ? »

Luce hésita. « Êtes-vous sûre que je ne vous dérangerais pas ? »

« Certainement pas. Je suis ravie de pouvoir cuisiner avec vous, maman. »

« O-oh, bien, dans ce cas… merci de me donner cette opportunité. »

« Vous n’avez pas besoin de vous humilier devant moi comme ça ! Lord Nicks et moi ne sommes peut-être pas encore officiellement mariés, mais je vous considère déjà tous comme ma famille. »

Luce était si émue que ses yeux se remplissent de larmes. « À vrai dire, j’ai toujours rêvé de pouvoir cuisiner comme ça avec ma fille. Mes propres filles ne s’approchent même pas de la cuisine. Jamais, dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pensé qu’une jeune femme gracieuse et honorable comme vous m’appellerait “maman”, et encore moins qu’elle me proposerait de cuisiner avec moi. »

« Je n’avais pas réalisé que cela signifierait autant pour toi… mais je suppose qu’en conséquence, j’ai aidé l’un de vos rêves à se réaliser, » dit Dorothea, essayant de réconforter Luce alors que les deux commencaient à cuisiner ensemble.

Le cœur de Jenna se serra douloureusement à cette vue. Elle en voulait à sa mère, bien sûr. Depuis l’ombre où elle se cachait, elle grommela : « Si tu m’avais dit ça, je t’aurais aidée à cuisiner. »

« Lady Jenna, vous devriez cuisiner avec Lady Luce, » conseilla Yumeria avec une expression des plus solennelles. « Je pense que ce serait mieux que vous le fassiez sans qu’elle vous y incite. »

« O-ouais, ouais, je l’ai déjà compris. »

Tout au long de cette conversation feutrée, Dorothea et Luce se rapprochaient de plus en plus l’une de l’autre.

« Vous êtes si douée pour ça, maman. »

« V-Vraiment ? Peut-être que je devrais essayer de refaire ça pour tout le monde bientôt… »

Yumeria vola un regard à Jenna. « Elles ont l’air de bien s’entendre. »

« Je suppose que oui. »

« Lady Jenna, cessons immédiatement ces bêtises. Lady Luce serait bien plus heureuse avec nous si nous accomplissions la tâche qui nous a été confiée. Ne reviendriez-vous pas travailler avec moi ? »

Vexée comme Jenna l’était par le mauvais déroulement de sa mission de reconnaissance, elle refusa de céder. « Elle fait bonne figure, c’est tout. Tu verras. D’ici peu, le loup sous l’habit du mouton va montrer sa vilaine figure. »

Les épaules de Yumeria s’étaient affaissées en signe de défaite.

 

☆☆☆

 

Jenna surveilla Dorothea de près les jours suivants. Elle entraîna Yumeria avec elle — la pauvre servante elfe n’avait guère d’autre choix, chargée qu’elle était de surveiller Jenna — et garda les yeux rivés sur tout signe indiquant que Dorothea ne parvenait pas à s’acclimater.

Hélas, les choses ne s’étaient pas passées comme prévu.

« Pourquoi ne se plaint-elle pas encore ? Nous sommes littéralement au milieu de nulle part. Comment peut-elle avoir l’air si heureuse d’être ici !? » Jenna hurlait de frustration.

Yumeria donna son avis. « Elle semble vraiment apprécier son séjour ici, alors pourquoi se plaindre ? Elle s’entend très bien avec tout le monde… sauf avec vous, Lady Jenna. »

« C’est exactement le problème ! Pourquoi personne d’autre n’est-il sur ses gardes ? C’est une étrangère. Une ennemie ! »

« Je ne l’appellerais pas une ennemie, mais vous avez raison. Les gens sont devenus terriblement proches d’elle, vu qu’elle est arrivée récemment. »

« Exactement, tu vois ! Nicks est super amoureux, Colin l’appelle déjà par un petit surnom mignon, et maman et papa sont aux anges avec elle. Qu’est-ce qui ne va pas avec tout le monde !? »

En quelques jours à peine, toute leur famille — Jenna exceptée — avait accueilli Dorothea à bras ouverts. Cela contredisait complètement les quelques connaissances de Jenna sur le mariage.

« C’est normal que la famille s’en prenne à une nouvelle mariée à son arrivée, non ? »

Yumeria secoua la tête. « Je ne dirai pas que cela n’arrive jamais, mais je ne dirais pas que c’est normal. Lady Dorothea est d’un rang plus élevé que toute votre famille, d’ailleurs. Le Comte Roseblade ne serait pas très content s’ils traitaient mal sa fille. »

En fait, « ne serait pas content » était une façon légère de le dire, le Comte Roseblade et sa maison ne resteraient pas les bras croisés si les Bartforts contrariaient Dorothea. Jenna le savait parfaitement, mais cela ne rendait pas la situation plus facile à digérer.

« Peu importe. Je ne peux pas accepter ça ! Comment peut-elle être si heureuse en venant à la campagne comme ça ? Est-elle comme Léon ? Une grande fan du style de vie détendu et rural ? Je ne comprends pas du tout. Elle a fait tout le chemin depuis une vraie ville civilisée. »

« Chaque personne a ses propres préférences. Mais surtout, Lady Jenna, nous allons vraiment recevoir des remontrances si nous ne retournons pas rapidement à nos occupations. »

« Je ne peux pas laisser les choses comme ça, pas quand ça ferait de moi la perdante ! Maintenant que les choses sont allées si loin, je vais devoir m’assurer qu’elle échoue… »

Avant qu’elle ne puisse terminer sa phrase, deux voix l’interrompirent.

« Jenna, va dans la salle de travail de ton père. Maintenant, » dit Luce.

Balcus soupira. « Honnêtement, qu’est-ce qui ne va pas avec cette fille ? »

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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