Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 8 – Chapitre 2 – Partie 1

+++

Chapitre 2 : Introductions

Partie 1

Les Roseblades étaient une maison éminente. D’après Miss Deirdre, les grands exploits d’aventuriers de leurs ancêtres leur avaient valu d’être officiellement accueillis dans l’aristocratie. Plusieurs générations ultérieures d’aventuriers avaient obtenu des succès suffisants pour que leur maison grimpe encore plus haut dans l’échelle sociale jusqu’à ce qu’elle se trouve actuellement : une maison ducale au service de la couronne. Leur histoire était bien plus longue et bien plus riche que celle des Bartfort.

Les Bartforts n’avaient pas encore accompli grand-chose en matière d’aventures. Notre exploit le plus impressionnant avait été lorsque j’étais parti seul à la recherche de Luxon, mais la liste était plutôt courte et triste.

Nos ancêtres s’étaient soi-disant fait un nom décent en participant à une guerre passée. En récompense de ces loyaux services, la couronne nous avait accordé une petite seigneurie régionale. Comme notre pays avait été fondé par des aventuriers, il s’ensuit que l’aventure restait le moyen le plus respecté de gravir les échelons. Par conséquent, ceux qui avaient gravi l’échelle sociale par d’autres moyens avaient reçu moins de respect de la part des masses.

Alors que les Roseblades avaient continué à se distinguer par des affichages ostentatoires, nous, les Bartforts, nous nous en tenions à des moyens d’existence plus modestes. Nos maisons étaient diamétralement opposées. Et pourtant, les Roseblades étaient là, proposant un mariage arrangé. Je n’avais aucune idée de ce qu’ils espéraient en tirer. Tout ce que je savais, c’est que cet arrangement partait déjà du mauvais pied.

« Je suis Nicks. »

« Oui, je suis tout à fait consciente de cela. N’avez-vous pas été informé de cet arrangement et de ce qui me concerne à l’avance ? »

« Oh, désolé. J’étais… »

« Dans ce cas, évitons les salutations inutiles. »

J’avais regardé leur première rencontre depuis une diffusion dans une autre pièce, blotti à côté de Luxon. Anjie, Livia, et même Noëlle — qui était assise dans son fauteuil roulant — étaient avec nous. Nous étions assis en groupe de cinq devant une projection sur le mur qui retransmettait l’événement au fur et à mesure qu’il se déroulait.

Nicks semblait extrêmement nerveux. Je ne pouvais m’empêcher de me sentir mal pour lui, mais je savais qu’il en fallait plus pour briser un homme, les hommes de notre académie n’auraient jamais réussi à s’en sortir autrement. Pourtant, Mlle Dorothea et son attitude pourrie ne lui rendaient pas la tâche facile. Ses bras étaient restés croisés sur sa poitrine alors qu’elle le scrutait. Après avoir terminé son évaluation, elle avait détourné les yeux et n’avait pas pris la peine de le regarder à nouveau.

« Alors, euh… quels sont vos hobbies ? »

Après une longue pause, elle soupira. « Vous êtes vraiment ennuyeux. »

« Je suis désolé. »

Nicks essayait d’utiliser les moyens habituels pour briser la glace, mais Mlle Dorothea ne semblait pas vouloir l’accepter.

Les questions de ce genre étaient essentielles pour de telles réunions, mais lorsque Nicks les avait utilisées, Mlle Dorothea avait montré qu’elle ne voulait même pas s’engager. Je compatissais à la douleur que mon frère devait ressentir.

À peine capable de supporter ne serait-ce que de regarder tout cela, Noëlle secoua la tête et déclara : « Quelle terrible première rencontre ! Cette fille ne semble pas du tout intéressée à lui parler. J’ai l’impression que tout cela va tomber à l’eau même si tu n’interviens pas, Léon. »

Je devais être d’accord avec elle.

« Non, » dit Anjie sans ambages, « ça ne sera pas le cas. Le but de ces arrangements — et la priorité numéro un — est le lien qui sera établi entre les deux familles. Tout sentiment réel de la part des deux personnes concernées est considéré comme non pertinent. »

Attristée par cette situation, Livia déplaça son regard vers le sol. « Sachant cela, je ne peux m’empêcher de compatir. Aucun des deux n’est intéressé par l’autre, mais ils n’ont pas d’autre choix que d’aller de l’avant pour le bien de leurs familles. »

Bien qu’Anjie semblait observer la situation d’un point de vue plus philosophique que personnel, elle lança un regard furieux à Mlle Dorothea en regardant la scène qui se déroulait dans la projection. Elle se comportait comme s’il était normal que les choses soient difficiles lors de leur première rencontre, mais elle semblait tout aussi ennuyée par l’attitude de Mlle Dorothea.

« Normalement, quelqu’un dans cette position devrait être un peu plus accommodant. Les rumeurs selon lesquelles elle était très capricieuse n’étaient pas exagérées », avait déclaré Anjie.

Intéressant. Anjie en savait plus sur elle que moi, apparemment. J’avais décidé de la presser pour obtenir des réponses, en partie parce que je voulais plus d’informations sur Mlle Dorothea, mais aussi parce que rester assis sans rien faire pendant que Nicks souffrait devant nous était une pure torture.

« Quelles rumeurs ? »

« Vous voyez comme elle est belle. Pendant qu’elle était à l’académie, et même après avoir été diplômée, les hommes ne manquaient pas pour demander sa main. Chaque rendez-vous que sa famille lui organisait se terminait par un échec. Les gens ont commencé à spéculer que le problème venait de Dorothea. »

Elle était vraiment attirante. Je pouvais voir comment des dizaines d’hommes étaient venus dans l’espoir de la courtiser. Alors quel était ce problème insoluble qui l’empêchait d’épouser quelqu’un d’autre ?

« Est-ce qu’elle déteste les hommes ou quelque chose comme ça ? Ou bien est-ce qu’elle a déjà un autre gars en tête ? » m’étais-je demandé.

« Non, il n’y avait pas le moindre soupçon qu’elle ait eu une relation avec quelqu’un des deux sexes. »

Ce n’était donc pas qu’elle s’intéressait aux femmes ni que son cœur était déjà fixé sur quelqu’un d’autre. Les obstacles les plus probables étaient hors course, mais chaque engagement potentiel avait échoué de toute façon.

« Ah, Mlle Dorothea s’est retournée vers lui », avait soufflé Livia en reportant son attention sur la projection.

Quelques instants plus tôt, Dorothée avait refusé de jeter un regard dans sa direction, mais maintenant elle le fixait solennellement dans les yeux. « Quelle serait votre réponse, si je vous commandais d’être mon fidèle chien de salon ? » demanda-t-elle.

« Hein !? Votre quoi ? » Nicks avait couiné.

Anjie laissa échapper un petit soupir, tandis que le visage de Livia se vidait de toute émotion. La question abrupte et inhabituelle avait fait sursauter Noëlle sur sa chaise, faisant résonner dans la pièce le crissement de ses pieds. Je n’avais pas été le moins du monde surpris. J’en avais déjà vu beaucoup de la part des filles de l’académie lors de ma première année.

D’un doigt tremblant, Noëlle désigna la projection. « Qu’est-ce que cette fille folle est en train de dire ? » Elle espérait probablement qu’elle avait mal entendu.

Malheureusement, Luxon lui déclara, « la future épouse de Nicks vient de lui faire comprendre qu’elle aimerait qu’il devienne son animal de compagnie. Des inclinaisons aussi inhabituelles sont rares parmi les familles conjugales et celles de statut supérieur, mais Deirdre a dit quelque chose de similaire dans le passé. Elle voulait faire du Maître son animal de compagnie, et ainsi de suite. Peut-être les deux se ressemblent-elles plus que nous ne le pensons et ont-elles un penchant pour faire des autres leurs serviteurs. »

« Non, elle ne peut pas ! » protesta Noëlle. Je comprenais parfaitement son dégoût de la situation.

Le visage de Livia s’était assombri. « Normalement, ce serait vrai, mais la situation à l’académie du royaume est un peu… unique. »

Anjie avait tenté de rassurer Noëlle. « Les choses vont mieux maintenant qu’avant. »

Personnellement, je n’avais plus vraiment besoin de m’en soucier. Je m’étais déjà libéré de la chasse à la mariée. Ce qui m’intéressait, c’était de voir à quel point l’académie avait changé pendant l’année où j’étais parti étudier à l’étranger. Si ce que j’avais vu de Jenna ici à la maison était une indication, je n’avais pas beaucoup d’espoir pour les générations futures.

De l’autre côté de la projection, le cerveau de Nicks s’était pratiquement éteint, le rendant incapable de répondre. Dorothée, fatiguée de ce silence, s’était levée. Sans dire un mot, elle s’était dirigée vers la porte pour partir. Le flux vidéo que nous regardions s’était finalement interrompu, nous laissant tous pousser un soupir collectif.

« Alors ces rumeurs négatives étaient vraies », déclara Anjie.

Y avait-il d’autres rumeurs qu’elle n’avait pas mentionnées ? Ma curiosité était piquée. « De quel genre de rumeurs parlons-nous ? »

« On dit que Dorothea a l’habitude de poser des questions terribles et de forcer l’autre partie à répondre, mais, quelle que soit la réponse de la personne, elle fait mine d’être mécontente et quitte son siège. Prenons la question qu’elle vient de poser, par exemple. S’il avait répondu qu’il voulait être son animal de compagnie, elle l’aurait regardé avec dégoût. Mais s’il avait refusé, elle l’aurait regardé fixement, comme si elle le trouvait ennuyeux. Elle ne serait apaisée par aucune réponse qu’il lui donnerait. »

Nicks n’avait dit ni l’un ni l’autre, donc elle était exaspérée par lui. C’est ce que j’ai supposé, en tout cas. Elle mettait vraiment tous ceux qu’elle rencontrait entre le marteau et l’enclume, aucune réponse ne la satisfaisait, pas même une non-réponse. Quelle question terrible !

Luxon contempla la situation, puis proposa sa propre conjecture. « Peut-être y a-t-il une troisième réponse, moins apparente, à cette question. Il se pourrait aussi qu’en posant cette question, elle indique son désintérêt pour l’autre partie. »

« Je suppose qu’il s’agit de la seconde catégorie, » dit Anjie.

En d’autres termes, ce n’est pas la façon dont la personne répond qui déclenche son agacement, en premier lieu, elle posait une telle question parce qu’elle n’aimait pas l’autre partie. Ça faisait d’elle un cauchemar à gérer, c’est sûr, mais vu qu’on voulait que tout ça échoue… Je me sentais plutôt bien à propos de nos chances.

« Peut-être qu’il n’aura même pas besoin de mon aide », avais-je dit.

Mlle Dorothea semblait ne pas aimer mon frère, ce qui signifie qu’elle était susceptible d’annuler les choses bien à l’avance. Ce serait un énorme soulagement pour moi. Je n’aurais pas à lever le petit doigt pour que tout soit résolu.

Luxon changea l’écran de projection pour une autre pièce et dit : « Tu baisses ta garde si facilement. C’est précisément ce qui te conduit à te planter habituellement aux moments les plus précaires. »

« Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? » J’étais sur le point de commencer à le piquer — littéralement, avec mon doigt — mais j’avais alors repéré Miss Deirdre et Miss Dorothea sur le projecteur.

Miss Deirdre s’était approchée de sa sœur et demanda : « Mais à quoi penses-tu ? Je te l’ai dit, c’est la seule fois que notre père ne te laissera pas te défiler. »

Les serviteurs des Roseblades se trouvaient dans la même pièce et avaient fait cercle autour de Miss Dorothea comme pour tenter de fermer toute issue de secours. Pour sa part, Mlle Dorothea semblait résignée aux faits.

« Je le sais. Je ne faisais que parier sur ma dernière chance pour voir si elle tournerait en ma faveur. »

Miss Deirdre secoua la tête. « Je m’en fiche, même si tu ne fais que t’amuser — arrête ça. »

Leur discussion laissait entendre qu’il serait difficile de mettre fin à cet arrangement, quels que soient les sentiments de Dorothea. J’avais pressé une main contre ma tête, essayant de changer de vitesse. Je n’allais pas me laisser faire si facilement.

« Ils sont plus sérieux que je ne le pensais. »

Je ne comprenais pas pourquoi une maison noble aussi importante que les Roseblades s’intéressait à une petite et faible baronnie comme la nôtre. Cela avait-il quelque chose à voir avec moi ? Mais j’avais gagné ma propre maison indépendance et j’avais gagné le titre de marquis maintenant. Je n’irais pas jusqu’à dire que j’avais déjà rejoint une autre faction, mais je bénéficiais du soutien du Duc Redgrave et de sa maison, puisque c’était la famille d’Anjie. Cela rendait inutile toute tentative de me solliciter comme allié.

Alors que j’étais perdu dans mes pensées à ce sujet, j’avais remarqué qu’Anjie m’étudiait, la main sur le menton. Elle semblait moins s’inquiéter de ce que je ressentais que de la façon dont j’allais réagir.

« Tant qu’on est sur le sujet, que penses-tu du mariage potentiel de mon frère ? Ta famille t’a-t-elle dit quelque chose à ce sujet ? »

Elle avait haussé les épaules et secoua la tête. « Rien du tout. Je pense que vous êtes libre de faire ce que vous voulez. »

Même si j’appréciais qu’ils ne mettent pas leur nez ici, cela signifiait-il que les Redgraves ne s’intéressaient pas à la maison de ma famille ?

Livia m’avait regardé d’un air inquiet. « Monsieur Léon, vas-tu vraiment faire ça ? Je pense que tu devrais arrêter ce que tu as en tête. »

« Je ne peux pas vraiment faire marche arrière maintenant que j’ai fait tout ce chemin, non ? Ça va bien se passer. Je suis en fait assez doué pour gâcher des engagements potentiels comme celui-ci », avais-je dit en gloussant.

Noëlle, qui n’avait pas encore été briefée sur tout ça, avait tourné son regard vers moi. « Attends un peu. Qu’est-ce que tu manigances ? Personne ne m’a rien dit de tout ça. »

Normalement, j’aurais déjà dû l’informer des détails, mais compte tenu de la manière dont je comptais m’y prendre pour faire fuir Mlle Dorothea, je m’étais retenu.

« Eh bien, tu vois, j’avais, euh… un peu envie de prendre une page du livre de Loïc, » avais-je dit.

« Excuse-moi !? » Elle couina de surprise, ne sachant pas comment réagir.

À côté d’elle, Anjie croisa les bras. Avec un regard pointé vers moi, elle marmonna dans son souffle : « Tu mérites pour une fois que quelque chose t’explose à la figure. »

+++

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire