Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 7 – Souvenir  – Partie 1

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Souvenir : La promesse d’Ideal

Partie 1

J’étais une intelligence artificielle créée dans le but de gérer un vaisseau de ravitaillement militaire. La guerre avec les nouveaux humains s’intensifiait à un rythme alarmant : Elle avait laissé le sol si brûlé et ruiné que la planète n’était plus guère adaptée à la vie humaine.

Pour cette raison, seules trois personnes avaient été affectées à mon navire. La première était le capitaine, mon maître. Ensuite, il y avait le premier lieutenant, qui avait un penchant pour les blagues. Le dernier était le nouveau et second lieutenant, une femme officier.

Un jour fatidique, ils eurent une conversation.

« Capitaine, ça ne te fatigue pas d’appeler cette chose “IA” à chaque fois ? » dit le premier lieutenant, en proposant subtilement qu’on me donne un nom correct.

« Lui attribuer un numéro semble un peu fade. Un avis ? » demanda le capitaine en se tournant vers moi.

Jusqu’à présent, j’avais l’habitude que les gens se réfèrent à moi par un numéro ou par un simple « Hey » ou « Hey toi » pour attirer mon attention, alors je ne savais pas comment répondre. On ne m’avait jamais demandé mon nom auparavant.

« Un nom ? » avais-je dit, plus à moi-même qu’à eux. « Préférez-vous le genre de nom que l’on donne à un animal de compagnie ? »

Le second lieutenant s’esclaffa en riant. « Ça ne va pas marcher ! Tu es notre camarade. »

« Me considérez-vous comme un camarade ? » À l’époque, tout le monde me traitait comme un outil. Être appelé « camarade » était plutôt nouveau.

Le capitaine avait frappé de la main le terminal distant que j’utilisais, comme s’il me tapait sur l’épaule. « C’est vrai. Nous sommes tous des camarades qui se battent pour l’avenir de l’humanité ! Cependant, tu ferais mieux de ne pas te retourner contre nous comme ces IA dans les vieux films. »

Le premier lieutenant avait gloussé. « Oui, il y a de quoi s’inquiéter. Si notre petit copain ici présent se mettait en grève, tout le vaisseau s’arrêterait de bouger. »

« Je ne ferais pas une telle chose », leur avais-je assuré.

« Sérieux à l’excès, je vois. »

« En tant qu’IA, je pense que le manque de sérieux présente un défaut bien plus important. De plus, je suis incapable de snober les ordres ! »

« Je n’en doute pas ! »

Ils me taquinaient, je le voyais bien. Au milieu de notre sombre situation, cependant, je me sentais béni d’avoir des maîtres comme ces gens.

« Eh bien, réfléchis-y. Quand tu auras trouvé un bon nom, fais-le-nous savoir », avait dit le second lieutenant.

J’avais fait exactement ce qu’elle m’avait demandé — j’y avais réfléchi.

 

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Notre prochaine rencontre mémorable avait eu lieu à la base, lorsque nous y étions retournés après une mission. Nous nous étions arrêtés pour la maintenance et le réapprovisionnement et nous avions eu droit à une petite pause jusqu’à ce que les procédures soient terminées. Le second lieutenant m’avait invité à sortir de la base avec elle. Nous avions été accueillis par des dunes parsemées de rochers géants, s’étendant à perte de vue.

« L’essence démoniaque dans l’air rend tout rouge », avais-je commenté.

En effet, c’était comme si un brouillard cramoisi avait recouvert le monde. La seconde lieutenante portait une combinaison spatiale. Elle ne pouvait pas survivre ici sans elle. La terre était si différente maintenant que les gens ne pouvaient plus y vivre.

« Oof, nous y voilà. » Elle avait sorti un étui qui contenait un jeune arbre.

« Avez-vous l’intention de planter un arbre ? » lui avais-je demandé. « Je doute qu’il pousse dans cet environnement. »

« C’est pourquoi je vais commencer à faire des recherches pour voir quel genre de plante poussera dans cet environnement. Ce genre de chose est plus dans mes cordes que d’être un soldat. En fait, je faisais déjà des recherches sur une plante capable d’absorber l’essence démoniaque et de la digérer, mais j’ai rencontré un obstacle dans mes études. Toute mon énergie en ce moment est consacrée au développement d’une arche. »

« Une arche ? Vous voulez dire un bateau migrateur ? »

« Yep. Les hauts gradés ont pratiquement abandonné cette guerre. Tu l’as aussi réalisé, n’est-ce pas ? »

Je n’étais pas en mesure de lui répondre. Je pouvais le supposer à partir des informations que je possédais, mais je n’avais pas de preuves solides. Et c’était tant mieux, tout ce qui pouvait servir de preuve était une information militaire confidentielle dont je n’avais pas le droit de discuter avec elle.

« Non, » avais-je dit. « Je ne le savais pas. »

Elle me fixait. « La façon dont ton objectif vient de bouger… c’est une habitude que tu as quand tu mens ? »

« Une IA n’a pas d’habitudes, et nous ne mentons certainement pas. Cela doit être votre imagination. »

« Ah, oui ? »

Elle s’était efforcée de planter l’arbre dans le sol. Malheureusement, il s’était desséché quelques jours plus tard. Je n’oublierai jamais la façon dont elle avait souri et joué le jeu malgré la lueur de tristesse dans ses yeux.

 

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Après cela, j’accompagnais la seconde lieutenante pour planter ses arbres dès que le temps le permettait. Elle transportait du matériel de recherche à bord du vaisseau et l’utilisait pour développer un certain nombre de prototypes de jeunes arbres. Je n’avais pas les connaissances et la technologie nécessaires pour lui fournir une aide significative, ce que je trouvais très vexant. Mais j’aimais quand même faire ce que je pouvais pour apporter ma contribution.

« Argh, celui-là aussi est un échec ! » Elle s’était pris la tête dans les mains.

J’avais proposé : « Peut-être est-il nécessaire que quelqu’un s’en occupe ? Dois-je envoyer un robot pour remplir cette tâche ? »

« Non. Les choses sont serrées à la base comme elles le sont, et si nous laissions quelque chose comme ça dehors, les gens se mettraient en colère. “Notre situation est urgente ! Nous n’avons pas les moyens de nous lancer dans une telle aventure !” diront-ils. »

Les autres autour d’elle ne voyaient pas la valeur de son travail. C’est dommage.

« C’est dommage, vu l’importance de vos expériences pour l’avenir de l’humanité », avais-je dit.

« Oui, bien sûr, mais je comprends aussi où ils veulent en venir. Mon père est le capitaine d’un navire de guerre, tu sais, alors dès qu’il y a une bataille, il est toujours en première ligne. J’aimerais qu’on lui prête plus de ressources et de force, et je prie toujours pour qu’il survive à chaque combat. »

« Quoi ? Votre père est le capitaine d’un navire de guerre !? Il doit être un homme exceptionnel en effet. » J’essayais de le complimenter — et par extension, elle.

« Ouais. C’est pour ça qu’ils lui ont donné ce poste. »

« Eh bien, je suis sûr que vous pourriez devenir capitaine aussi un jour. Peut-être même capitaine de navire de guerre, » avais-je dit.

Elle sourit tristement. « J’ai visé cette même chose une fois. Maintenant, je préfère travailler ici, dans ce vaisseau de ravitaillement. Bien que… ça pourrait être amusant si tu étais mon partenaire. »

« Moi ? Je suis un simple vaisseau de ravitaillement. Je n’ai rien à voir avec l’impressionnant vaisseau de guerre que votre père doit commander. » Mes capacités étaient clairement insuffisantes comparées à celles d’un véritable vaisseau de guerre.

« Cette guerre sera peut-être terminée depuis longtemps avant que j’aie une chance d’être capitaine, » murmura le sous-lieutenant pour elle-même en fixant l’arbre fané devant elle.

 

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La fin de la guerre était en vue. Une fin qui signifiait la défaite.

Aussi désespérée que soit la situation, des guerriers étaient encore déployés sur la base. Ils avaient été spécialement conçus pour combattre l’ennemi.

« Qui est-ce ? » demande la sous-lieutenante en regardant une des filles.

La fille avait de longues et fines oreilles et une aptitude pour la magie. Elle était un échec, un produit défectueux. Elle ne pouvait pas exercer les pouvoirs qu’on attendait d’elle, c’est pourquoi on nous l’avait envoyée pour remplir des tâches diverses.

« On les appelle des “elfes”, des armes à forme humaine. Cette fille ne s’est pas montrée à la hauteur, alors elle a été affectée à mon poste pour faire des petits boulots. »

La fille avait incliné la tête vers nous.

Les yeux de la sous-lieutenante s’étaient remplis de tristesse en réalisant ce que je sous-entendais. « Oh… c’est donc ça. Ils sont… allés aussi loin, n’est-ce pas ? »

« En effet. Cependant, ces elfes produisent des résultats sur le champ de bataille. Ils contribuent grandement à nos victoires. »

« Je suis sûr qu’ils le font. » Elle n’avait pas l’air très satisfaite de la situation. Remarquant la façon craintive dont la fille elfe nous regardait, sa voix s’était adoucie. « Tout va bien. Faisons de notre mieux ensemble, d’accord ? »

« … Oui. »

Les elfes avaient été développés avec une aptitude pour la magie. Les personnes ressemblant à des bêtes avaient été conçues avec une force physique accrue et pouvaient s’adapter même aux environnements les plus impitoyables. Comme ils étaient tous deux les armes d’une guerre de longue haleine, on leur avait donné une durée de vie supérieure à celle des humains. Plus forts et plus résistants que les humains au combat, ils avaient été envoyés en masse sur les lignes de front. Et pourtant, malgré tous leurs attributs supérieurs, ils n’arrivaient pas à battre les nouveaux humains.

Les anciens humains avaient créé de plus en plus de ces armes pour les envoyer sur le champ de bataille, revendiquant des victoires temporaires. Mais en fin de compte, les pertes de l’humanité dépassaient de plus en plus ses gains.

 

☆☆☆

 

Même dans l’environnement extérieur difficile, un elfe pouvait s’en sortir avec un seul masque de protection sur le visage.

« Sous-lieutenante, ici. »

« Merci, Yume. »

La sous-lieutenante avait donné un nom à la jeune elfe — Yume, un mot pour « rêve » qu’elle avait tiré de la langue japonaise. On les voyait souvent travailler ensemble. Yume adorait la sous-lieutenante et l’aidait volontiers dans son travail.

Puis, un jour…

« Regardez !

J’avais perdu le compte du nombre de fois où nos expériences avaient échoué. Par pure coïncidence, l’une d’elles avait réussi à prendre racine dans cet environnement inhospitalier.

« On l’a fait, on l’a fait ! » acclamait la sous-lieutenante.

« Félicitations, » dit Yume, heureuse pour elle.

J’étais aussi content. « Nous devrions commencer à les produire en masse tout de suite. Ce petit sera notre lumière d’espoir pour l’avenir ! »

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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