Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 7 – Chapitre 4 – Partie 3

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Chapitre 4 : Milady

Partie 3

« Au final, la seule valeur que j’avais était mon aptitude à être prêtresse. Je doute que quiconque se serait intéressé à moi si Lelia l’avait eu à la place. Au fond, même Clément est plus inquiet pour elle que pour moi. »

Une chose était claire pour moi après avoir entendu le passé de Noëlle : chaque sœur avait un complexe d’infériorité envers l’autre. Lelia se plaignait de son manque d’aptitude en tant que prêtresse, pensant : « Au final, c’est Noëlle qui est le personnage principal et moi je ne suis qu’une figurante ». Pendant ce temps, Noëlle pensait : « Tout le monde attend plus de Lelia que de moi ». Il y avait des émotions complexes entre elles, et si elles n’étaient pas autant ancrées dans la jalousie, elles s’aimeraient vraiment comme des sœurs. Penser à ça m’avait donné des sueurs froides.

Personnellement, je pense que Lelia aurait pu mieux gérer les choses, puisqu’elle s’était réincarnée ici — même si, pour être justes envers elle, ni Marie ni moi n’avions fait mieux. Attendre de quelqu’un qu’il fasse tout parfaitement parce qu’il s’est réincarné ici avec des connaissances préalables était une erreur stupide. Si c’était si facile de faire les choses en douceur, nous aurions tous vécu des vies bien plus réussies au Japon.

« Donc après ça, l’attaque a eu lieu et vous vous êtes échappées ? » J’avais changé de sujet, car je voulais vraiment savoir comment les Rault avaient attaqué sa maison.

« Oui. Je n’avais aucune idée de ce qui se passait ou du pourquoi à l’époque. Je n’ai appris que quelques jours plus tard que les Rault étaient responsables. Lelia était la seule qui semblait savoir depuis le début. Elle a toujours été brillante. »

Bien sûr, elle l’a vu venir. Elle avait une connaissance préalable du jeu.

« Sais-tu pourquoi les Rault en ont après vous ? » avais-je demandé. Je voulais savoir pourquoi ils avaient ciblé les Lespinasses pour commencer. C’était la seule chose qui me trottait dans la tête depuis tout ce temps.

« Lelia a dit que c’était pour prendre le pouvoir pour eux-mêmes, et les autres adultes semblaient d’accord avec elle. Ils ont aussi mentionné que ça pouvait être des représailles parce que ma mère a refusé Albergue dans le passé… entre autres choses. »

« Oublie Lelia. Je veux savoir ce que tu penses. » Je m’étais rapproché, mes yeux s’étaient verrouillés avec les siens.

Noëlle avait évité mon regard.

J’avais insisté. « Tu sais quelque chose, n’est-ce pas ? »

« Hum, eh bien… tu sais que notre père est né en tant que roturier, non ? »

J’avais hoché la tête. « C’est ce que j’ai entendu dire. Et je suppose que les Rault n’étaient pas très heureux de cela ? »

Noëlle avait secoué la tête.

« Quoi ? Ce n’était pas le cas ? »

La mère de Noëlle était fiancée à Monsieur Albergue à l’époque. Elle avait fait tout son possible pour annuler cet arrangement afin de pouvoir épouser — de toutes les personnes — un homme de basse naissance. Monsieur Albergue aurait pu vouloir contester l’affaire, mais les Lespinasse étaient la maison de la Prêtresse — la maison qui servait de président à leur assemblée nationale. Il n’était pas en mesure de dire quoi que ce soit. Lelia et Marie avaient soutenu qu’il avait nourri une rancune pour cette raison, et que cette rancune avait culminé dans le complot d’une telle atrocité contre eux.

« Je n’ai pas bien compris les détails, mais beaucoup de gens n’avaient pas l’air d’apprécier, » expliqua Noëlle. « Y compris les domestiques, qui l’ont calomnié dans l’ombre. Mes parents, par contre, ils… » Elle avait hésité, puis avait finalement tourné son regard vers moi. « Ils disaient que le système actuel était mauvais. »

Il s’agissait de deux personnes représentant la République, qui régnaient en fait comme un roi et une reine, et ils critiquaient le système de leur propre pays ?

 

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Marie avait visité la chambre de Noëlle peu après le départ de Léon.

« Ce gros imbécile. Qu’est-ce qu’il croyait faire, en entrant dans une chambre de fille et en parlant de ce genre de choses ? » Marie avait retenu son souffle, espérant qu’alors que Léon se dirigeait vers la chambre de Noëlle, une sorte de développement pourrait naître entre eux. Elle avait été cruellement déçue.

Noëlle avait forcé un sourire. « Tu sais comment c’est, il était juste inquiet pour moi. »

« Allez, tu l’as accueilli dans ta chambre ! Cela aurait dû être un indice évident de tes sentiments ! Et que fait cette méduse sans envergure ? Il trouve toutes sortes d’excuses pour garder ses distances. Il s’approche et essaie d’attirer ton attention si tu l’ignores, mais s’enfuit comme un lâche dès que tu essaies de l’approcher. Argh, il est le plus bas des bas. Une vraie raclure d’homme ! »

Noëlle avait pu admettre que Marie avait soulevé quelques points solides. « Oui, je suppose que tu n’as pas tout à fait tort… Il devrait faire attention à sa façon d’agir, ou il finira par avoir un couteau dans le dos un de ces jours. »

Marie pouvait l’imaginer parfaitement. S’il avait vécu longtemps quand ils étaient au Japon, je sais qu’il aurait quand même fini par se faire poignarder. Et maintenant, il semble tout aussi susceptible de se faire étriper ici dans ce monde. Quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi je dois m’inquiéter autant pour ce stupide cinglé ?

Léon réagirait probablement par un regard confus et une inclinaison de la tête si elle abordait le sujet, mais Marie se souvenait parfaitement de la façon dont s’étaient déroulées ses relations avec les femmes au Japon. Son propre manque d’investissement émotionnel n’était pas une garantie que l’autre partie ressentait la même chose.

Les épaules de Marie s’étaient affaissées alors qu’elle essayait désespérément de couvrir son stupide grand frère. « Noëlle, tout ce que je peux dire c’est… s’il te plaît, ne largue pas ses fesses. Je sais que mon grand frère — je veux dire, euh, Léon — serait aux anges d’avoir une femme comme toi à ses côtés. »

« Hein ? Hum… Mais n’a-t-il pas déjà deux fiancées formidables ? Je sais que c’est ma faute si je suis tombée amoureuse de lui malgré ça… Bref, tant qu’on est sur le sujet, pourquoi es-tu si inquiète pour lui ? »

« Parce que je ne pourrais pas me débarrasser de lui, même si j’essayais. »

Noëlle avait éclaté de rire. « Ah ha ha ! »

« Hein ? Qu’est-ce qui est si drôle ? »

« Désolée. C’est juste que lorsque j’ai demandé à Léon avant, il a dit quelque chose de similaire. Vous vous ressemblez vraiment beaucoup tous les deux. »

L’expression de Marie était devenue vide. Ses épaules avaient tremblé. « Arrête. Ce n’est vraiment pas drôle. »

Déconcertée par la réaction de son amie, Noëlle s’était figée. « D-Désolée. »

Avant que l’atmosphère ne devienne plus gênante, Marie déclara : « Bref ! Assure-toi de rester avec nous. Léon et Luxon veilleront à te protéger. »

« Je le ferai. » Noëlle avait acquiescé. Son expression disait à Marie qu’elle faisait confiance à Léon pour la garder en sécurité de tout son cœur.

 

☆☆☆

 

J’étais sorti du manoir et m’étais aventuré au dernier endroit où quelqu’un avait vu Mlle Yumeria avant sa disparition.

« Elle s’est donc dirigée vers l’entrée à partir de cet endroit… et a disparu », avais-je marmonné, moitié pour moi-même, moitié pour Luxon qui flottait à côté de moi. « Tu es loin d’être aussi incroyable que tu le prétends, hein ? Vu que tu n’as pas trouvé le moindre indice sur l’endroit où elle est allée. »

« Je me console en sachant que je suis, à tout le moins, bien supérieur à toi, Maître. »

Je m’étais moqué de ça, « Il y aurait peu d’intérêt à ce que tu sois une “intelligence artificielle” autrement. »

« Je vois que tu es toujours aussi impoli. »

« Mais tu n’es toujours pas à la hauteur. »

« En tout cas, » dit Luxon, fatigué de notre badinage, « que comptes-tu faire ? »

« Hmm, bonne question. Honnêtement, le son des voix d’Anjie et de Livia me manque un peu en ce moment. »

« Mon corps principal est actuellement à l’intérieur des frontières de la République. Par conséquent, nous ne pouvons pas utiliser la transmission à distance pour les atteindre. »

La capacité d’utiliser la magie dans ce monde avait eu une conséquence : le mana présent dans l’atmosphère générait trop d’électricité statique lors de l’utilisation d’équipements de télécommunication. Il était difficile d’utiliser de telles communications longue distance, même avec Luxon à mes côtés. Il avait, par le passé, positionné son corps principal entre les frontières de la République et du Royaume, ce qui servait de relais pour nous permettre d’établir le contact. Nous ne pouvions plus compter sur cela maintenant qu’il avait changé de position.

« Je vais enregistrer une vidéo pour elles, alors préparez tout pour moi », avais-je dit.

« Très bien. Cela dit, j’aimerais savoir si tu comptes laisser Kyle tel qu’il est ? »

Kyle s’était terré dans sa chambre après la disparition de Mlle Yumeria. Les rares fois où il s’aventurait dehors, c’était uniquement pour chercher des indices sur l’endroit où se trouvait sa mère. A chaque fois, il revenait au domaine complètement épuisé et s’enfermait dans ses quartiers. Une fois qu’il était suffisamment rétabli, il sortait à nouveau pour se renseigner sur le voisinage.

« Marie et Carla s’occupent de lui en ce moment », avais-je expliqué. « Dans des moments comme celui-ci, je suis sûr qu’il préfère que des filles s’occupent de lui plutôt qu’un autre homme. J’aimerais bien qu’Anjie et Livia soient là pour s’occuper de moi… »

« Je crois que Noëlle et Louise t’apportent déjà régulièrement ce confort. »

J’avais secoué la tête. « C’est totalement différent. C’est comme une glace — parfois tu veux de la vanille au lieu du chocolat, tu me suis ? C’est comme ça que sont les mecs. Nous aimons la variété dans les jolies filles qui s’occupent de nous ! »

« Ah, exactement le genre de phrase que l’on attend d’une ordure. Je m’assurerai d’informer les autres de ta formulation précise à l’instant, » dit Luxon.

« Arrête ça tout de suite ! Qui veux-tu dire par “les autres”, hein ? »

Je ne voulais pas qu’il me dénonce à l’une des filles susmentionnées, mais il y avait d’autres personnes que je préférais laisser dans l’ignorance de ce que j’avais dit. Alors que les visages de ces personnes apparaissaient dans mon esprit, l’œil de Luxon brillait étrangement.

« Tu as immédiatement imaginé un certain nombre de visages d’autres femmes. La preuve parfaite que ta fidélité fait défaut. »

« Excuse-moi ? » J’avais croisé les bras. « Je pourrais te dire la même chose. Tu prétends que les nouveaux humains ne sont pas vraiment des personnes et tu veux tous les éliminer, alors qu’est-ce que ça dit de toi ? Oh attends, c’est ma faute. Tu n’es pas une personne toi-même, alors il n’y a pas de raison de parler de ça, hein ? »

Luxon était devenu silencieux à mes mots. Il détourna son regard et commença à s’éloigner de moi. « Oui, tu as tout à fait raison. Je ne suis pas une personne. Je suis une intelligence artificielle. »

 

☆☆☆

 

À l’insu de Luxon et Léon, quelqu’un d’autre écoutait leur conversation de loin. Ideal n’avait pas été détecté par Luxon qui les observait. Il était clair pour lui que, d’après le cours de leur conversation, la relation entre les deux s’effritait.

« Tous deux semblent être de plus en plus mécontents l’un de l’autre. C’est absolument parfait. »

Ideal était responsable de l’orchestration de cette discorde entre eux, et maintenant il savourait les fruits de son travail, à savoir le gouffre grandissant entre eux. Il avait joué son rôle d’IA exemplaire devant Léon, ce qui avait incité le garçon à faire des comparaisons entre lui et Luxon et à attiser encore plus sa colère.

« Tu sais très bien que je suis supérieur à Luxon, et pourtant tu baisses ta garde. Tu aurais dû être plus prudent, Léon. »

Luxon commençait également à en avoir assez du comportement de Léon. La rupture des liens entre eux était précisément ce qu’Ideal avait espéré.

« Bien assez tôt, Luxon le réalisera aussi — que les nouveaux humains ne méritent pas notre confiance. »

L’œil rouge d’Ideal avait brillé de façon sinistre alors qu’il disparaissait dans le voile sombre de la nuit.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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