Chapitre 8 : Drapeau des pirates du ciel
Partie 1
Quand Louise était montée à bord de l’énorme dirigeable, Serge était là pour l’accueillir. Il la fixait, l’étudiait. « Ce sont des vêtements de luxe pour quelqu’un qui va mourir. »
Une robe blanche avait été préparée pour l’occasion, puisqu’elle devait être une offrande à leur Arbre Sacré divin. D’une certaine manière, cela ressemblait à une robe de mariée.
« Et pourquoi es-tu ici ? » demanda Louise, choquée. Ce n’était pas tant de voir Serge qui la dérangeait que sa présence sur le navire. Si les choses tournaient mal, il pourrait y laisser sa vie. Il était l’héritier des Rault, c’était même étrange qu’il soit autorisé à participer à une mission aussi potentiellement dangereuse.
Serge portait une lance et était habillé comme s’il était prêt à partir au combat. « Je suis juste ici pour garder un œil ouvert. Pour m’assurer que tu ne t’enfuis pas. »
« Tu es vraiment méprisable », avait-elle craché. « Penses-tu vraiment que je ferais tout ce chemin seulement pour m’échapper ? »
« Tu as hâte de voir ton petit frère, hein ? »
Les moqueries de Serge lui tapaient sur les nerfs. Louise leva une main pour le gifler, mais Fernand la rattrapa par le poignet.
« Ça suffit, vous deux. Serge, tu dépasses les bornes. »
Louise avait libéré sa main avant de s’en aller, ignorant complètement Serge. Quelques gardes du corps l’avaient suivie.
Fernand soupira de soulagement. « Je surveillerai à l’arrière. S’il se passe quelque chose, je viendrai t’aider. »
Alors qu’il s’éloignait, Serge l’appela : « Prépare-toi à te battre, Fernand. Le royaume va certainement se montrer. »
Fernand fit une pause et jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. « Hm, alors tu penses aussi qu’il va se montrer ? »
« Je le pense. Il n’y a aucun doute dans mon esprit. » Après avoir dit ce qu’il avait à dire, Serge était parti en marmonnant : « Maintenant, vas-y, montre-toi. Je sais exactement quelle est ta faiblesse. »
☆☆☆
Lorsque le grand dirigeable décolla, il fut suivi par un certain nombre de cuirassés militaires servant d’escorte. Fernand, à la tête de la flotte, avait pris l’arrière. Ils se dirigeaient vers le sommet de l’Arbre Sacré.
Les représentants des Six Grandes Maisons, Serge inclus, logeaient dans une pièce proche de celle de Louise. Serge était installé dans un fauteuil, examinant les armes qu’Ideal lui avait fournies.
Hughes jeta un coup d’œil, curieux. « Ce sont des armes inhabituelles que tu as là. Les as-tu trouvées lors d’une aventure ? »
Tout le monde connaissait le penchant de Serge pour l’aventure. Naturellement, ils avaient supposé que ces armes étaient des artefacts perdus qu’il avait trouvés en chemin.
Narcisse s’était approché. Après avoir reçu la permission de Serge, il prit une lance dans ses mains pour l’examiner. « Incroyable, c’est si léger ! Comment un objet aussi grand peut-il peser si peu ? »
« Il est léger, mais il est aussi très solide. »
La lance était équipée d’une lame qui permettait à son détenteur de trancher aussi bien que de poignarder. Ideal avait également fourni à Serge un pistolet de forme inhabituelle.
« J’en ai aussi assez pour vous, » dit Serge. « N’hésitez pas à vous en servir. »
Hughes avait récupéré une arme pour lui-même, mais sa peur de Léon et de son équipe ne s’était pas complètement estompée. « Penses-tu vraiment qu’on peut l’abattre avec ça ? Bon sang ! Toute personne de bon sens garderait ses distances. Pourquoi ne le fait-il pas ? » En tant que noble, il avait du mal à comprendre pourquoi Léon se serait donné tant de mal pour sauver Louise.
Narcisse avait refusé de garder l’une des armes sur lui. « Je suis entré dans un donjon avec ces garçons, et je connais les profondeurs de leur folie. C’était terrifiant de ne pas savoir ce qu’ils pourraient faire ensuite. Ce sont vraiment des barbares. » Alors que les souvenirs de ses aventures avec Léon et les autres élèves d’Holfort affluaient dans son esprit, Narcisse frissonna. Il n’avait pas envie de les affronter. « Ils sont très compétents. À la fois comme aventuriers et comme guerriers. »
Hughes tremblait alors qu’il soufflait. « Oui, mais face à la protection divine de l’Arbre Sacré, ils sont impuissants. Le seul dont nous devons nous méfier est le Comte Bartfort. Je suis sûr que tu es d’accord avec cela, Loïc ? Tu connais le danger qu’il représente mieux que quiconque ici. » Tout en se moquant de son ancien ami, Hughes avait rangé son arme.
Loïc avait déjà une arme qu’il avait ramenée de chez lui et n’avait pas pris la peine de prendre l’une de celles que Serge lui avait fournies. « Ouais, je suppose que oui. »
« N’oubliez pas que le Comte Bartfort porte l’écusson du Gardien, » les avait prévenus Émile. « Il serait imprudent de le sous-estimer, lui ou l’un de ses compagnons. Nous devons être sur nos gardes face à n’importe quel adversaire. »
« Tu as raison, » dit Narcisse en hochant la tête. « Quoi qu’il en soit, je doute que lui ou ses compagnons prennent la peine de venir. Il n’y a rien à gagner à sauver Louise. »
Les garçons le regardaient fixement.
Serge, qui était adossé à sa chaise, grogna. « Il va certainement venir. Et quand il le fera, je serai là pour l’accueillir. » Il parlait avec une telle confiance de l’intervention de Léon que l’anxiété de Hugues continuait à monter.
« Je préférerais qu’il ne vienne pas. Pourquoi doit-il aller s’exposer, de toute façon ? Louise n’a aucun lien avec lui. »
« Tu ne dois pas avoir l’air si terrifié, tu sais. Il est seulement fort parce qu’il a ce vaisseau et cette armure. Attrape-le sans arme et il ne sera pas plus menaçant qu’une personne normale. En plus, je suis plus fort que n’importe qui d’autre. Vous le savez, les gars. Pas vrai, Loïc ? »
Loïc avait perdu contre Léon, mais Serge était convaincu qu’il ne connaîtrait pas le même sort. Son entraînement quotidien avait contribué à une partie de son assurance, mais Serge avait aussi beaucoup de fierté au départ. Il avait tellement détesté être comparé au défunt Léon par le passé qu’il s’était efforcé d’exceller partout où il le pouvait. Personne ne lui avait donné la reconnaissance appropriée pour ses succès, c’est pourquoi il s’était obstiné à partir à l’aventure malgré toute opposition. Il s’était entraîné jusqu’à ce qu’il crache du sang, et il n’avait jamais arrêté de plonger dans des donjons, même s’il était au bord de la mort. En ce qui le concernait, peu importait que Holfort soit le berceau supposé des aventuriers, il n’avait pas l’intention de perdre contre qui que ce soit.
Il n’y a pas de fenêtre dans la chambre de Louise. S’il ne trouve pas un moyen de la localiser à distance, il devra monter à bord du vaisseau et la chercher personnellement, n’est-ce pas ? Parfait. Je suis prêt pour toi, Bartfort.
Ideal avait également préparé des mesures défensives pour contrer Luxon, créant des interférences afin qu’il ne puisse pas scanner Louise pour la localiser. Cela signifiait que le seul moyen pour Léon et ses compagnons de la faire sortir du vaisseau serait de s’y infiltrer eux-mêmes. Dans ces quartiers fermés, ils ne pourraient pas utiliser d’armures. Ils devraient se battre avec leurs propres poings.
Même nom et même visage, ce qui signifie que ce Léon et le mort sont pratiquement une seule et même personne. Ce sera d’autant plus satisfaisant de le tuer.
Serge avait affiché un sourire sinistre, ce qui avait incité Hughes à le regarder avec crainte.
« Tu sembles penser que tu pourras le vaincre s’il n’est pas dans une armure ou un vaisseau, mais je pense que tu le sous-estimes, » dit Émile.
« Qu’est-ce que tu as dit ? »
« Je dis que Pierre et Loïc ont fait l’erreur de le prendre trop à la légère. Peux-tu vraiment être sûr d’être l’exception ? »
« Ne fais pas le malin avec moi, espèce de mauviette ! » Serge s’était levé d’un bond de sa chaise et avait asséné un coup de poing à Émile, qui s’était écroulé au sol.
Narcisse s’était mis entre les deux. « Serge, arrête ! »
« Regarder ta tête me fait chier », déclara Serge à Émile, ignorant Narcisse. « Tu es si maigre et pathétique. Tu ne pourras jamais rendre Lelia heureuse. Tu lui rendrais un grand service en rompant avec elle. »
Émile serra les dents et garda les yeux rivés sur le sol. Serge ouvrit la bouche pour l’inciter à continuer, mais une sirène hurlante les interrompit.
« A-Attaque ennemie ! Il y a une attaque ennemie ! Un navire pirate descend d’en haut ! Tout le monde à son poste ! » Une voix paniquée avait retenti dans les intercoms, mais à peine avait-elle fini de parler que leur propre vaisseau commençait à trembler.
Narcisse et Hugues avaient fait une chute, tandis que Serge s’était accroupi pour se maintenir debout. Loïc avait réussi à trébucher jusqu’à une fenêtre.
« Qu’est-ce qui se passe ? » murmura Loïc. « Des pirates de l’air, vraiment ? Pourquoi des pirates de l’air viendraient-ils si près de l’Arbre Sacré ? »
Normalement, les navires militaires étaient stationnés si près de l’arbre que les pirates de l’air ne pouvaient s’en approcher. C’était étrange de les voir ici.
« Salut, les alzériens. Je suis venu pour jouer ! » La voix de Léon avait résonné autour d’eux, commençant par être légère et joyeuse avant de prendre un ton menaçant.
Les lèvres de Hughes avaient tremblé. « Il est là ! Bartfort est là ! »
Il n’était pas le seul à être secoué par la brusque apparition de Léon. Les chevaliers et les soldats à bord portaient également des regards terrifiés.
« Je parie que vous vous demandez ce que nous faisons ici », avait poursuivi Léon. « Je parie que vous pensez que tout ceci n’a absolument rien à voir avec nous, n’est-ce pas ? Eh bien, laissez-moi vous dire pourquoi vous avez tort. Pour commencer, Serge m’a frappé il y a quelques jours. Je n’ai pas pu me venger à cause de toute cette histoire de sacrifice de Mlle Louise, mais cela continue de me peser. C’est pourquoi j’ai décidé de venir chercher mon dû. »
Des perles de sueur froide coulèrent sur le visage de Narcisse. « C’est de la folie. Est-ce pour ça que vous êtes venu !? »
Comme s’il entendait ces mots, Léon avait poursuivi : « Je suis sûr que vous devez vous demander : “Est-il vraiment venu ici pour quelque chose d’aussi insignifiant ?” Oui, je suis sûr qu’une tonne de gens vont me rabaisser pour ça. Mais vous voyez, je ne pourrai pas dormir la nuit tant que je n’aurai pas mis une bonne raclée à ce salaud. Maintenant, il est temps de s’amuser ! »
Avec cela, la diffusion de l’ennemi avait pris fin.
merci pour le chapitre