Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 6 – Chapitre 6

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Chapitre 6 : Ideal, le navire de soutien

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Chapitre 6 : Ideal, le navire de soutien

Partie 1

Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis la fête du Nouvel An, et il était presque temps pour les fiancées de Léon de rentrer à Holfort.

Livia était assise en face d’Anjie. Une atmosphère gênante planait entre elles. Il n’y avait pas d’autres occupants dans la pièce, Cordelia s’assurait que personne ne s’immisçait.

Alors qu’elle s’agitait, Livia avait finalement trouvé le courage de dire, « Euh… hm ! »

« Livia, je… »

Elles avaient parlé en même temps, et un autre silence inconfortable s’était installé. Les filles avaient froncé les sourcils. Aucune des deux n’était douée pour s’exprimer. Heureusement, leurs expressions étaient si ridicules et elles avaient tellement envie de se réconcilier qu’elles s’étaient mises à sourire.

« Je t’ai causé tellement de stress, » déclara Anjie. « Tout ce que tu as dit à propos de Noëlle était correct. J’ai ignoré ses sentiments, et j’ai pris le temps d’y réfléchir. »

Livia avait secoué la tête. « C’est moi qui ai eu tort. Je n’ai pas réfléchi à ta position et à tes responsabilités, et j’ai dit des choses si insensibles. Je savais que tu prenais beaucoup de choses en considération quand tu disais tout ce que tu faisais. »

Il n’en fallait pas plus pour qu’elles se réconcilient enfin, mais cela ne signifiait pas qu’Anjie avait changé d’avis.

« Je suis désolée, mais même maintenant, je pense toujours que nous devrions prendre Noëlle avec nous. »

« Pour le bien du royaume ? » demanda Livia.

« C’est une partie du problème. »

« Et quelle est l’autre partie ? » Livia avait incliné la tête.

« Noëlle va passer le reste de sa vie comme une cible, » expliqua Anjie. « Elle est si précieuse. D’autres pays ne reculeront devant rien pour la réclamer s’ils le peuvent, tout cela à cause des avantages que son jeune arbre sacré leur apportera un jour. »

« Je comprends ça. »

« Non, je ne pense pas, » réplique Anjie, convaincue que Livia était trop naïve pour saisir la triste réalité. « Il n’y a pas de limite à l’impitoyabilité et à la cruauté des gens. Surtout lorsqu’un énorme profit est en jeu, assis juste devant eux, mûr pour la prise. Ils sont prêts à tout pour le prendre. »

« Anjie… ? » murmura Livia, confuse.

Anjie secoua la tête. « Je ne veux pas entrer dans les détails. Sache juste que si le pire devait arriver, tout ce qui attend Noëlle est un enfer. Peut-être que venir avec nous n’est pas ce qu’elle veut vraiment, mais, que crois-tu qu’il se passerait si un autre pays mettait la main sur elle et la rendait absolument misérable ? »

« Eh bien… » Livia n’avait pas vraiment envie d’y réfléchir, mais elle ne doutait pas que Noëlle serait malheureuse d’être forcée de vivre dans un pays inconnu. Cependant, ce n’était pas ce qui préoccupait Anjie.

« Si Noëlle est malheureuse, cela va peser sur Léon. C’est le genre d’individu qu’il est. Je ne veux pas le voir souffrir. »

Au moment où Livia avait réalisé que l’inquiétude d’Anjie était centrée sur Léon, ses joues avaient rougi d’embarras. « Je suis vraiment désolée. Je n’aurais jamais imaginé que tu pensais aussi loin. »

« Malheureusement, ce n’est que récemment que j’ai commencé à analyser les répercussions futures sous cet angle. Je n’y avais pas encore réfléchi autant, tu n’as donc aucune raison de t’excuser. »

Livia avait baissé son regard, mais Anjie avait placé ses bras autour de Livia. À son tour, Livia avait également enlacé Anjie.

 

 

Anjie lui chuchota à l’oreille : « Honnêtement, je ne veux pas vraiment d’autres femmes avec Léon, mais il a l’habitude de semer le trouble. Je ne veux pas non plus voir Noëlle malheureuse, et en tant que noble de Holfort, je ne peux pas ignorer la valeur qu’elle représente. »

« Je ressens la même chose, » dit Livia.

« J’espère que tu peux me pardonner. Je sais que ce n’est pas ce que tu veux non plus, mais notre seul choix est de la laisser avec Léon. Même si nous la ramenons à Holfort avec nous, nous ne pouvons pas la remettre au palais. »

Livia avait hoché la tête, et Anjie s’était penchée vers elle, pressant ses lèvres contre celles de Livia.

 

☆☆☆

 

Alors que Yumeria était occupée à nettoyer le foyer, elle s’arrêta et leva la tête. « Le temps est si beau aujourd’hui ! » Elle était d’humeur joyeuse, et les chauds rayons du soleil lui donnaient envie de se blottir pour faire une sieste. Heureusement, elle avait réussi à secouer la tête et à se concentrer sur le travail à accomplir. « Je ne peux pas me permettre de faire ça. Si je ne fais pas d’efforts, Kyle va encore s’énerver contre moi. Il est temps de mettre la main à la pâte ! »

À peine était-elle retournée à son nettoyage qu’une femme franchit la porte d’entrée, un robot de couleur bleue flottant à ses côtés.

« Hein ? Est-ce que c’est M. Luxon ? » murmura Yumeria, stupéfaite.

« Hé, » dit Lelia, sans prêter attention à son commentaire. « Léon et Marie sont-ils là ? »

Yumeria avait tressailli de surprise avant de hocher plusieurs fois la tête. « Oui… Je veux dire, oui, mademoiselle ! » Elle se corrigea, craignant que son ton ne soit trop désinvolte. « Ils sont actuellement ici. »

« Très bien, alors convoquez-les pour moi. Dites-leur que Lelia est ici pour les voir. »

« D’accord ! » Yumeria avait essayé de se précipiter dans le couloir, mais dès qu’elle avait tourné la tête, son pied avait glissé. « Eek ! »

« H-hey ! Allez-vous bien ? »

« M-Mes excuses. Je suis un peu empotée. »

« Vous vous appelez Yumeria, c’est ça ? Vous n’avez pas besoin d’être si pressée. Allez juste à votre rythme et allez me les chercher, d’accord ? »

« Oui ! » Yumeria se leva, épousseta sa jupe avant de se mettre à courir.

« H-hey ! Je vous avais dit de ne pas être si pressée ! » Lelia lui avait crié après. « Ideal ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Oh, ce n’est rien. Alors cette femme elfe s’appelle Yumeria, hm ? »

Yumeria avait déjà disparu à l’intérieur de la maison, elle n’avait donc pas pu entendre cette question.

 

☆☆☆

 

« J’ai l’impression d’avoir été dans le noir alors que tant de choses se passaient. » Noëlle était assise dans la cage d’escalier, les bras autour du jeune arbre, bien calé dans son étui de protection.

Marie s’était assise à côté de Noëlle. Les filles s’étaient rapprochées pendant le séjour de Marie à l’étranger, et comme elle connaissait la situation de Noëlle, elle faisait ce qu’elle pouvait pour la soutenir.

« Tu peux laisser tout ça à Léon. La grande question est : que vas-tu faire ? »

Noëlle continua de bercer le jeune arbre dans ses bras, incapable de se décider. « Je ne sais pas. J’ai l’impression que ce n’est pas bien de laisser Léon s’occuper de moi. Après tout, il est déjà fiancé deux fois. Crois-tu vraiment que ce serait acceptable que je m’impose à lui ? »

« Il a gâché ton mariage », lui avait rappelé Marie. « Tu devrais t’appuyer sur lui. Utilise-le pour ce qu’il vaut. »

« C’est un peu exagéré. » Noëlle ne pouvait pas se résoudre à aller jusqu’à de telles extrémités, elle avait encore des sentiments pour Léon.

« Eh bien, tu peux y réfléchir pendant un certain temps. Tu as tout ton temps. » Aussi détendue qu’elle paraisse, Marie paniquait intérieurement.

Nous ne pouvons pas laisser Noëlle seule, mais mon frère insiste pour la laisser prendre la décision. Qu’est-ce qu’on est censé faire ? Argh, je ne peux pas supporter ça. Rien ne se passe comme prévu !

Marie se creusait la tête, essayant de trouver un moyen de résoudre les choses à la satisfaction de toutes les parties concernées, mais elle n’était pas allée bien loin avant que Yumeria ne monte les escaliers en titubant.

« Ah, Lady Marie ! Nous avons une invitée ! »

« Pour moi ? »

« Eh bien, elle m’a demandé de convoquer ainsi que le Seigneur Léon, donc je prévois d’aller le chercher ensuite. Si vous voulez bien m’excuser — ah ! » Yumeria était tellement pressée qu’elle avait trébuché sur une marche et s’était cognée le genou.

Noëlle s’était précipitée vers Yumeria et l’avait aidée à se relever. « Allez-vous bien ? »

« O-Oui. Notre invitée m’a demandé de faire vite, alors j’essaie de me dépêcher. »

Marie ne voyait personnellement aucun problème à faire attendre leur invité. Si elle demandait aussi Léon, elle pouvait deviner exactement qui c’était. En regardant du deuxième étage, elle n’avait pas été surprise d’apercevoir Lelia qui entrait hardiment dans le foyer, les bras croisés sur sa poitrine. À ses côtés flottait Ideal, l’IA dont Léon avait parlé à Marie.

Pendant que Yumeria partait chercher Léon, Noëlle s’était rendue au premier étage.

« Lelia, pourquoi es-tu là ? Hein ? Pourquoi cette chose ronde et flottante ressemble-t-elle exactement à Luxon ? » demanda Noëlle, perplexe.

« C’est un plaisir de vous rencontrer, Lady Noëlle, » dit Ideal d’un ton amical. « Je m’appelle Ideal. Luxon et moi sommes… semblables, je suppose. J’espère que nous pourrons être amis. »

« Euh, oui. Bien sûr. » Noëlle était déconcertée. Comment Lelia avait-elle pu posséder quelque chose qui ressemblait presque exactement au familier de Léon ? Marie n’avait pas l’air d’en être gênée, mais Noëlle ne pouvait pas se défaire de sa confusion.

« Tu aimes vraiment te montrer à l’improviste », déclara Marie avec sarcasme.

Lelia avait fait passer ses cheveux par-dessus son épaule. « J’ai dit à Léon que je viendrais lui parler il y a quelques temps. Mais je suis plus préoccupée par ce qui se passe en ce moment. »

Comme ils ne pouvaient pas discuter devant Noëlle, Marie déclara : « Va t’asseoir dans le salon pour l’instant. Léon va bientôt arriver. »

« Très bien. Alors, je vais attendre. Oh, et en attendant, je vais avoir une discussion avec ma sœur. » Lelia avait pris la main de Noëlle et l’avait entraînée dans la salle.

Marie avait ricané. « Croit-elle que Noëlle n’est qu’une poupée qu’elle peut traîner quand ça l’arrange ? »

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Partie 2

Lorsque les deux sœurs avaient atteint le salon et que Lelia ait dit ce qu’elle voulait, Noëlle était restée exaspérée. « Me dis-tu de rester dans la république ? » Ce n’était pas une question, Lelia donnait un ordre.

« C’est vrai. Je ne pense pas que tu réussis à l’étranger de toute façon, et il sera plus sûr pour toi de rester. Je vais m’en assurer. »

Pour Noëlle, le ton de Lelia était le summum de la condescendance.

« Qu’est-ce que tu dis ? Ce n’est pas parce que tu es fiancée à Émile que tu pourras… »

« Émile ne te protégera pas. C’est moi qui le ferai. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? C’est Émile qui est toujours en train de nous chercher, non ? J’ai remarqué au moins ça. » Noëlle supposait que Lelia jouait les dures parce qu’elle profitait des avantages d’être fiancée à Émile.

Mais cette fois, Lelia n’avait montré aucune intention de s’appuyer sur lui. « Il est sans rapport à ce stade. »

« Qu’est-ce que tu veux dire par “sans rapport” ? » demanda Noëlle. « Vous vous êtes battus ? »

Étant la sœur de Lelia, Noëlle pouvait sentir le conflit qui avait probablement eu lieu. Elle avait plus raison qu’elle ne le pensait.

« Cela n’a rien à voir avec toi, » dit Lelia.

« Bien sûr que oui. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais j’ai du mal à croire qu’Émile ait pu faire quelque chose pour te contrarier. Qu’est-ce que tu as fait ? »

Le visage de Lelia s’était assombri et elle avait détourné son regard.

Les soupçons de Noëlle s’étaient intensifiés. « Je le savais. »

« Je te l’ai dit, ce ne sont pas tes affaires ! » cria Lelia. « Et de toute façon, je n’ai plus besoin de lui. »

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Surtout après tout ce que tu… »

Alors que les sœurs se chamaillent, un coup résonna dans la pièce. Les deux filles s’étaient tournées vers la porte, où se tenait Léon, Luxon flottant à côté de lui.

« Bon, ça suffit comme ça », avait-il dit. « Plus de chamailleries entre sœurs. »

Marie s’était moquée en se plaçant derrière lui : « Crois-tu que tu as le droit de dire ça ? Pas très convaincant quand tu te mets constamment dans le bain. »

« Je suis un pacifiste total. Je déteste me battre. »

« Oh, oui. Alors, je suis sûre que c’est une coïncidence totale que tu sois si bon à ça. »

Léon et Marie portaient des sourires même s’ils se lançaient des regards noirs. Leur vue avait dégrisé Noëlle et Lelia qui avaient réalisé l’inutilité de leurs querelles.

Lelia croisa les bras. « Je dois leur parler, alors sors d’ici. »

« Pourquoi ? » Noëlle demanda. « Pourquoi me laisses-tu toujours en dehors de tout ? »

« Tu n’as pas besoin de savoir. Maintenant, pars ! »

Avec ça, Lelia avait réussi à chasser Noëlle.

 

☆☆☆

 

« Tu as vraiment une attitude désagréable avec ta sœur », avais-je dit, exaspéré par la manière énergique dont elle avait mis Noëlle dehors. Lelia était devenue arrogante depuis qu’elle avait obtenu Ideal. « Tu ferais mieux d’arrêter de laisser ton pouvoir te monter à la tête avant que ça ne te retombe dessus. »

Je me serais attendu à ce qu’elle fasse la grimace, agacée par mes conseils non sollicités, mais c’est Luxon qui avait été choqué.

« Maître, combien de fois t’ai-je dit de te regarder dans le miroir quand tu dis ce genre de choses ? »

Marie était d’accord. « C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Tu as du culot, tu sais. Tu n’as pas le moins du monde honte ? En tant que sœur, j’ai vraiment honte. »

Excuse-moi ! Dois-je m’asseoir ici et accepter que Marie me dise ça ?

« Penses-tu vraiment que tu aies le droit de dire ça ? » avais-je répondu en aboyant. « Peu importe, laissons tomber. »

« Hé ! » Lelia avait craqué, essayant de me réprimander pour mon attitude. Je l’avais ignorée. Ce sujet particulier était une perte de temps. J’avais besoin d’aller droit au but.

« Lelia, dis-moi : Pourquoi Ideal fait-il installer des mesures défensives à l’intérieur du domaine des Rault ? »

Lelia avait incliné la tête. « De quoi parles-tu ? »

Marie avait posé une main sur sa hanche et avait pointé un doigt dans la direction de Lelia. « On ne peut pas sauver Louise à cause de ton coup d’éclat ! Assez de ces bêtises. Débarrasse-toi de ces défenses. »

Le visage de Lelia s’était déformé de colère. On commençait à croire qu’elle était vraiment désemparée. « Je n’ai aucune idée de ce dont vous parlez ! Arrêtez de me rendre responsable de tout. Je ne sais rien de ce qui se passe avec Louise, et si je suis venue, c’est pour discuter de ce qu’il faut faire. »

Ni Marie ni moi ne nous attendions à cette réponse.

« Dans ce cas, il est d’autant plus facile d’identifier le vrai coupable, » dit Luxon, sa lentille rouge se focalisant sur Ideal.

« M-Mes plus profondes excuses, » balbutia Ideal.

Lelia était restée bouche bée. « Quoi ? Explique-toi ! »

« Vous voyez, je n’ai mis ces mesures en place que parce que le Seigneur Serge me l’a ordonné. »

« Serge ? Hé, attends un peu. Je suis ton maître, n’est-ce pas !? »

Eh bien, Lelia était vraiment ignorante des circonstances.

Ideal, lui aussi, semblait confus. « Quoi ? N-Non. Au moment où vous m’avez trouvé, je vous ai enregistré tous les deux comme mes maîtres. Ainsi, les seules personnes qui peuvent m’ordonner d’agir sont vous et le Seigneur Serge. »

« Ce n’est pas possible. » La mâchoire de Lelia s’était décrochée. C’était la première fois qu’elle entendait parler de ça. Lorsqu’elle avait réclamé son objet de triche, elle n’avait probablement jamais imaginé que quelqu’un d’autre qu’elle pourrait le contrôler.

C’est un énorme problème. Je fronçais les sourcils. « De toutes les personnes, il fallait que ce soit Serge ? Tu n’aurais pas pu choisir une pire personne pour partager ce genre de pouvoir. »

Comme je l’avais expérimenté, Serge était du genre à frapper d’abord et à poser des questions ensuite. Je le détestais.

Contrairement à mon désespoir, Marie afficha un sourire triomphant. « Eh bien, c’est simple. On peut régler ça en un clin d’oeil. Lelia, ordonne à Ideal d’enlever les défenses. »

« D-D’accord, je vais le faire. Ideal, fais ce qu’ils ont demandé. »

Sans perdre un instant, il avait répondu : « Je ne peux pas. »

« Quoi ? » Lelia avait haleté.

« Malheureusement, vous et le Seigneur Serge avez le même statut à mes yeux. Je ne peux pas simplement annuler une commande antérieure de l’un de vous sans raison suffisante. »

J’avais jeté un coup d’œil à Luxon. « Alors ? »

« Les IA militaires ont un système d’entrée de commande complètement différent qui leur est propre. Cela mis à part, si on peut détruire ces mesures défensives, on peut sauver Louise. »

Compte tenu des circonstances, il semblerait que nous serions également en mesure d’éviter le face-à-face avec Ideal.

« Le problème, c’est Serge. J’ai entendu dire qu’il avait une relation assez compliquée avec sa famille, non ? » J’avais jeté un coup d’œil à Lelia, mais elle avait évité mon regard.

« Il a été adopté par la Maison Rault, mais il ne s’est jamais vraiment intégré, » expliqua-t-elle. « Il m’a dit à quel point il voulait une vraie famille. »

J’avais reniflé. « Ouais, c’est ça. Je tuerais pour avoir une famille comme la sienne. Ils sont incroyables. »

Il n’y avait pas vraiment d’intérêt à comparer les Rault avec ma propre famille, mais au moins sur le plan de la grande sœur, le modèle Rault battait le mien de loin.

Merde. La vie aurait été tellement mieux si Mlle Louise avait été ma sœur à la place.

Cependant, comme les Raults étaient le boss final du jeu original, Lelia ne partageait pas mes sentiments, elle ne voyait rien de bon en eux.

« Comment le sais-tu ? Serge m’a dit qu’il est la seule personne de leur foyer qui n’a pas été acceptée comme un membre de la famille. Je parie qu’ils ne l’ont pris que parce qu’ils voulaient un héritier. C’est assez égoïste de le déraciner comme ça juste parce que leur propre fils est mort. »

Au contraire, j’avais trouvé qu’ils étaient tous incroyablement gentils. Albergue était même prêt à faire la guerre si ça voulait dire sauver sa fille.

« Eh bien, ton opinion n’est pas très pertinente, » avais-je dit. « De toute façon, je peux supposer que tu vas t’opposer à Serge sur cette question ? Et Ideal, de quel côté vas-tu pencher ? »

Il était fort probable qu’on se fasse des ennemis de Serge, ce qui signifiait qu’Ideal pouvait être une vraie menace.

Ayant perçu la méfiance dans mon regard, Ideal secoua son œil d’un côté à l’autre comme s’il était exaspéré. Il me rappelait Luxon à cet égard. « J’aimerais éviter de donner la priorité à un maître plutôt qu’à un autre si possible, mais vu les circonstances, je ne fournirai pas de soutien militaire. Cependant, c’est dans la mesure où je suis capable de faire des compromis. Je ne priverai pas Serge de la puissance de combat qu’il possède déjà. »

« Si tu peux promettre autant, c’est suffisant. Nous pouvons nous occuper du reste, » avais-je dit.

C’était au moins un problème de réglé. Il ne restait plus qu’à trouver la meilleure façon d’extraire Mlle Louise.

Ayant jugé que ce sujet particulier était traité, Lelia changea de sujet. « Très bien, maintenant parlons de ma sœur. Je vais être aussi franche que possible. Puisque j’ai Ideal maintenant, je suis plus que capable de la protéger. Il n’y a plus besoin de compter sur vous. »

Marie se renfrogna. « Arrête de t’emporter, gros snob. Si mon frère le voulait vraiment, il pourrait te battre sans aucun problème. »

Euh, pourquoi est-ce qu’elle me place tant sur un piédestal ? Je n’ai aucune envie de me mesurer à Ideal.

Bien que j’aie remarqué que depuis qu’elle avait récupéré Ideal, Lelia s’était beaucoup plus affirmée.

« Oh ? Veux-tu vraiment te battre contre moi ? Ideal est un navire militaire. Ton Luxon n’est qu’un bateau de migrants. Crois-tu qu’il sera capable de tenir le coup ? »

Luxon, qui était resté silencieux jusqu’à ce moment, s’était immédiatement lancé dans la conversation, parlant à un rythme rapide. « Hm ? Je suis choqué, je ne pensais pas que tu étais capable d’analyser nos capacités de combat. Connait-tu au moins mes principales forces ? Si ce n’est pas le cas, alors c’est plutôt arrogant d’agir de manière aussi triomphante. Navire militaire ou non, Ideal est un navire de ravitaillement. Puisque tu ne sembles pas comprendre ce que cela implique, je vais te l’expliquer aussi simplement que possible : ce n’est pas le type de navire qui se bat en première ligne. Il utilise ses compétences uniques en restant à l’arrière. Il n’a pas été construit pour l’expertise sur le champ de bataille. N’étais-tu pas au courant de cela ? »

« Hein ? Euh… quoi ? » Lelia avait jeté un coup d’œil à Ideal, cherchant de l’aide.

« Luxon, s’il te plaît, ne t’en prends pas à Lady Lelia, » dit l’autre robot. « De plus, même si je n’en ai pas l’air, j’ai une grande expérience du combat. Il est impossible de savoir lequel d’entre nous gagnerait contre l’autre. Ou bien n’es-tu pas d’accord avec mon évaluation ? »

« Non, je n’en suis pas si sûr, » répondit Luxon. Même lui ne pouvait pas affirmer avec certitude qu’il serait le vainqueur.

Je suppose que ça veut dire que quelque chose lui donne des doutes.

« Je ne m’attendais pas à t’entendre dire ça », avais-je dit. « Ne vas-tu vraiment pas jurer que tu seras le meilleur ? »

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Partie 3

« Nous avons été créés pour lutter contre les nouveaux humains, pas pour nous engager dans une guerre contre notre propre peuple. Ainsi, il n’existe aucune donnée sur des cuirassés comme nous s’affrontant les uns les autres. »

Donc ils ne sauraient pas comment les choses se passeraient à moins qu’ils ne s’affrontent vraiment. Aha, maintenant je comprends. Luxon n’est pas sûr de pouvoir gagner. Je vais devoir le taquiner à ce sujet plus tard.

Mis à part les projets d’avenir, c’était une bonne chose que nous ayons pu en apprendre un peu plus sur Ideal.

« Donc tu dis que tu as vraiment combattu les nouveaux humains ? » lui avais-je demandé.

« Oui. C’était une guerre brutale. Je suis retourné à notre base afin de faire les préparatifs nécessaires, et c’est là que j’ai attendu l’arrivée de mes nouveaux maîtres. Hélas, une armure démoniaque est entrée dans la base et a presque tout détruit. J’ai eu la chance de survivre, uniquement parce que j’étais resté en veille et que je ne pouvais pas me battre. »

Les sourcils de Lelia étaient remontés à la racine de ses cheveux. « Attends, sérieusement ? Oh, tu parles de l’armure que nous avons vue là-dedans ? C’est ce que tu appelles une “armure démoniaque” ? »

« Correct. »

À l’improviste, Luxon s’était mis à lancer des jurons incompréhensibles, comme il le faisait toujours lorsqu’il était question de ces machins démoniaques. « Asdfghjkl ! »

Lelia s’était repliée contre le mur, gardant ses distances avec lui. « Qu’est-ce qui ne va pas chez toi !? »

« Désolé », avais-je dit. « Il a une véritable haine pour ces trucs d’armures démoniaques. »

Ideal avait fait bouger son objectif de haut en bas comme s’il acquiesçait. « Je comprends ce qu’il ressent. Je les déteste aussi. » Malgré cela, il semblait étrangement calme.

L’œil de Luxon brillait de façon menaçante. « Où est-elle ? Où est cette armure démoniaque ? Nous devons la détruire. Nous devons la décimer au-delà de toute réparation. Tout héritage des nouveaux humains doit être anéanti. »

« Ouais, j’ai vu cette réaction venir à un kilomètre à la ronde », avais-je marmonné.

« S’il te plaît, calme-toi, Luxon. Je me suis déjà occupé de l’armure démoniaque. Elle est partie maintenant », lui assura Ideal.

« Oh, alors très bien. »

Maintenant que Luxon n’était plus sur le point de péter les plombs, je reportai mon attention sur Lelia, toujours plaquée contre le mur du fond. « De toute façon, je pense que nous devrions laisser Noëlle décider de son propre avenir. »

« Pourquoi devrais-je faire ça, hein !? La république a besoin d’elle et de ce jeune arbre ! »

J’avais haussé les épaules. « Si les choses tournent mal et que nous devons repenser nos plans, nous pourrons traverser ce pont quand nous y serons. Mais je ne pense pas que l’Arbre Sacré actuel va devenir incontrôlable. »

« M-Mais… »

Vu comment Monsieur Albergue était maintenant, il ne semblait pas probable qu’il devienne le dernier boss. Mais s’il perdait Mlle Louise, que se passerait-il ? Le désespoir de sa mort pourrait le pousser à bout. La garder en sécurité était la clé pour empêcher le monde de s’écrouler.

Oups, je suppose que ça veut dire que je vais encore devoir sauver le monde. Mec, c’est vraiment dur d’être moi. Surtout depuis que je suis tout le temps en train de sauver l’humanité du désastre.

Blague à part…

« Noëlle a la tête sur les épaules. Mieux que ce que tu lui accordes. Donc… » J’avais laissé le reste en suspens.

Lelia avait baissé les yeux sur ses pieds avant de sortir par la porte.

« Ah, Lady Lelia ! » Ideal l’avait appelée. « Veuillez nous excuser, tout le monde. Lady Lelia ! »

Bientôt, ils étaient partis, laissant Luxon, Marie, et moi.

Marie avait froncé le nez. « Elle a laissé le pouvoir d’Ideal lui monter à la tête. Grand Frère, tu devrais la menacer comme tu le fais toujours. »

« Je ne veux pas. Et en plus, qu’est-ce que tu veux dire par “comme tu le fais toujours” ? »

Elle avait détourné son regard. « Lelia considère Noëlle comme un objet. Si nous lui laissons tout, elle rendra Noëlle malheureuse. »

Bien qu’elles soient jumelles, une chose séparait Lelia et Noëlle, à savoir que Lelia avait des souvenirs de sa vie antérieure au Japon. C’est peut-être pour cela qu’elle ne semblait pas avoir le genre d’affection fraternelle à laquelle on aurait pu s’attendre.

« Alors, que faire ? Luxon, as-tu une idée brillante ? »

« Chaque fois que tu te trouves dans une situation difficile, tu te tournes vers quelqu’un d’autre. Tu dois vraiment penser que ton cerveau n’est qu’une simple décoration, vu que tu ne l’utilises jamais pour trouver des solutions. »

« Je ne suis pas doué pour ce genre de choses. »

« Oh, oui. Tu es toujours mauvais quand c’est inopportun. Mais n’es-tu pas aussi celui qui a dit que tu t’efforçais normalement à être rusé et prudent ? »

J’avais haussé les épaules. « Les humains aiment dire et faire ce qui est le plus facile quand c’est le plus facile. Qu’est-ce que je peux dire ? Pour en venir au fait, qu’en penses-tu ? »

« Toute personne qui obtient un immense pouvoir, que ce soit toi ou un autre, devient arrogante en conséquence. C’est la nature humaine, et personnellement, j’aime bien ça. Je suis sûr que si Lelia était brûlée une fois, elle se raviserait, mais cela sera difficile à organiser compte tenu d’Ideal. Cela dit… »

« Oui ? »

Luxon avait fait une pause. « En fait, non. Ce n’est rien. »

« Maintenant, tu me rends curieux. Vas-y. »

« Cela ne fera que te troubler à ce stade. Une fois que j’aurai suffisamment de preuves, je ferai mon rapport. S’arranger pour sauver Louise est plus important pour le moment, si je ne me trompe pas. »

Oh, merde. Il a raison. J’avais donc concédé. « Ouais, tu as raison. Je suppose que je ferais mieux d’organiser les choses. Oh, et Marie, appelle la brigade des idiots. »

« Bien sûr, mais que comptes-tu leur faire faire cette fois-ci ? »

J’avais souri. « Quelque chose de vraiment amusant. »

Marie avait fait la grimace, consternée.

 

☆☆☆

 

Après avoir fui la propriété de Marie, Lelia avait sauté à l’arrière d’une voiture qu’Ideal avait préparée pour elle. Elle avait regardé ses genoux tandis que le véhicule démarrait en direction de sa maison. Ideal était à la place du conducteur, mais il l’avait appelée, essayant de la réconforter.

« Ma dame, s’il vous plaît, ne laissez pas cela vous peser trop lourdement. Je vois la réflexion et la considération que vous avez accordées à Lady Noëlle et à sa situation. »

Lelia avait hoché la tête. « Oui, tu as raison. Personne d’autre ne comprend jusqu’où je suis allée pour ma sœur. Tout ce que j’ai fait depuis ma renaissance… »

Des souvenirs de sa vie passée avaient défilé dans son esprit.

 

☆☆☆

 

Dans sa vie antérieure, Lelia avait aussi été une petite sœur. Sa grande sœur était bien plus douée qu’elle, ce qui aurait dû la rendre fière, mais au lieu de cela, tout le monde les comparait constamment.

« Pourquoi ne peux-tu pas être plus comme ta grande sœur ? »

« Tu es une telle ratée. Ta grande sœur était capable de faire ça à son âge. »

Ses parents l’avaient toujours mesurée à sa grande sœur, et l’école n’avait pas fait exception. Lorsqu’elle avait développé des sentiments pour un garçon et qu’elle avait essayé de les communiquer, il avait refusé en disant : « Oh ! Mais tu me rendrais un grand service si tu pouvais me brancher avec ta sœur. »

Lelia considérait sa sœur comme une nuisance. Quand elle avait été plus âgée, elle s’était fiancée à un homme dont la famille dirigeait une entreprise. Il était en lice pour être le prochain président de la société. Il n’était pas très sérieux dans son travail, mais il était beau et agréable à vivre. À l’époque, Lelia était fière de leur relation.

À l’époque, sa sœur sortait avec quelqu’un qui n’était clairement pas dans la même ligue que le partenaire de Lelia, ce qui l’avait poussée à penser, je peux enfin battre ma grande sœur. Non, je l’ai déjà fait !

Elle avait ramené son fiancé chez ses parents pour les présenter, pour montrer à quel point elle s’était améliorée. Au début, ses parents étaient ravis, ils lui avaient dit : « Nous espérons que vous l’accepterez, les défauts et tout le reste. »

Hélas, son triomphe fut de courte durée. Quelques mois plus tard, son fiancé avait commencé à sortir avec sa sœur. Lelia n’arrivait pas à comprendre ce qui s’était passé. Quand elle avait interrogé son fiancé à ce sujet, il n’avait même pas eu honte de son infidélité.

« Ouais, c’est ma faute. Mais on s’entend très bien tous les deux, tu vois. »

La réponse de sa sœur avait été encore plus écrasante.

« Je suis désolée. Mais tu sais, je pense que tu trouveras quelqu’un de bien mieux de toute façon. Alors ne peux-tu pas être heureuse pour nous ? »

Lelia se souvenait clairement du sourire sur le visage de sa sœur, même si elle s’était « excusée », Lelia détestait ça. Elle avait essayé de protester auprès du reste de sa famille, mais ils avaient tous dit la même chose :

« Tu n’étais pas assez bien pour lui de toute façon. »

« Ta sœur est un bien meilleur parti pour lui. Va trouver quelqu’un d’autre. »

Ils ne voulaient même pas lui donner raison. Et donc, elle avait coupé les ponts avec chacun d’entre eux.

Ses expériences lui avaient fait détester le concept même d’une grande sœur avec une passion.

 

☆☆☆

 

En pensant à son ancienne vie sur le siège arrière de la voiture, Lelia avait commencé à identifier les similitudes entre cette femme et Noëlle. Lelia détestait l’idée même d’être une petite sœur. Où qu’elle aille, dans son ancien monde ou dans celui-ci, elle était traitée comme une figurante inutile.

« J’ai tout abandonné pour toi. J’ai même choisi l’intérêt amoureux le plus ennuyeux et le moins attrayant. Alors pourquoi les choses ne se passent-elles pas comme je l’avais prévu ? »

Ça l’irritait que Noëlle ne suive pas le mouvement. Elle s’était tenue à l’écart de tous les autres intérêts amoureux, optant pour le moins désirable, mais Noëlle ne leur accordait pas un second regard. Pire encore, de toutes les personnes dont elle aurait pu tomber amoureuse, il fallait que ce soit Léon — qui, comme Lelia, n’était pas originaire de ce monde.

« Ma sœur dans ce monde n’est pas meilleure que celle que j’avais avant. Elles me prennent tout. En plus de cela, c’est elle qui a été choisie comme prêtresse. Je suis née dans la maison Lespinasse, tout comme elle, mais je n’étais même pas qualifiée. »

Lelia enviait le rôle de Noëlle dans l’histoire. Il fut un temps où elle avait naïvement pensé qu’elle pourrait être spéciale elle aussi, puisqu’elle était née en tant que sœur jumelle de la protagoniste, mais la réalité s’était vite effondrée sur elle. Leurs parents lui avaient dit que, contrairement à Noëlle, elle n’avait pas les qualités nécessaires pour être la prêtresse. Cela lui avait fait prendre conscience de quelque chose.

Où que j’aille, je suis juste le compagnon indésirable de ma grande sœur. C’est pourquoi j’ai décidé de vivre une vie humble. Pourquoi est-ce que tu dois te mettre en travers de ça ?

Autant cela l’énervait que Noëlle ne suive pas le script, autant elle était irritée par Léon et tous les autres qui continuaient à donner un coup de main à Noëlle. Bien qu’ils aient été réincarnés dans ce monde comme elle, ils avaient choisi d’aider Noëlle à la place.

« À la fin de la journée, tout le monde choisit toujours ma grande sœur. Je ne suis qu’un accessoire. Mais ça n’a pas d’importance, j’ai ma propre volonté. Mes propres ambitions. »

Alors que Lelia continuait à regarder ses genoux, Ideal avait regardé son reflet dans le miroir arrière, et sa lentille avait clignoté d’un rouge étrange.

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Claramiel

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