Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 13 – Chapitre 9

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Chapitre 9 : Une attaque sur trois fronts

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Chapitre 9 : Une attaque sur trois fronts

Partie 1

L’Arcadia avait réussi à contrer l’attaque de Luxon, mais n’en était pas complètement indemne. Une violente secousse traversa la forteresse, déclenchant des sirènes d’alerte dans les couloirs et alertant les personnes présentes dans la salle de commandement. Une quantité importante d’énergie avait été consommée pour se défendre contre l’explosion.

Moritz regarda sur les écrans : Luxon s’enfonçait sous les vagues. Ses poings tremblaient sur les accoudoirs de son fauteuil. Pris de panique, il ordonna : « Tirez une autre salve sur lui ! Assurez-vous qu’il soit détruit ! »

Peu importait que l’explosion initiale ait suffi à le trouer ou qu’il ait été englouti par l’océan. Cela n’avait pas suffi à le détendre.

« C’est ce que j’aimerais faire », dit Arcadia, non moins inquiet de leur situation. « Malheureusement, nous avons déjà utilisé trop d’énergie stockée. Il serait dangereux de vider davantage nos réserves alors qu’il reste des ennemis IA sur le champ de bataille. »

« Khh… », Moritz fit siffler l’air entre ses dents serrées.

Arcadia avait déjà canalisé toute l’énergie dont elle disposait pour abattre Luxon, ce qui s’était révélé être une sage décision. Ils avaient au moins chassé Luxon du terrain.

Pourtant, Moritz n’avait pas le droit de se reposer sur ses lauriers.

« Est-ce vraiment la fin ? Cette bataille va-t-elle se terminer aussi simplement ? »

C’était une déception — bien trop décevant, compte tenu de la façon dont Finn avait placé Léon sur un piédestal.

L’œil de l’Arcadia se déplaça d’un côté à l’autre :

« Vous avez surestimé la puissance de l’armement de la vieille humanité. Luxon est un adversaire redoutable, mais un vaisseau migrateur ne pourra jamais battre une forteresse telle que moi. »

Moritz s’enfonça dans son siège. Il aspira une grande bouffée d’air.

« Peut-être. Je suppose qu’il ne nous reste plus qu’à les achever. »

Avec Léon hors jeu, le reste de l’armée royale perdrait rapidement le moral et se disperserait. Luxon ne représentait plus non plus une menace, ce qui signifiait qu’il ne resterait plus personne pour entraver l’armée impériale.

« S’il vous plaît, laissez-moi m’occuper de l’extermination des civils. Je vous promets de les exterminer tous, où qu’ils essaient de se cacher », dit Arcadia.

À ses yeux, tous les Hohlfahrtiens étaient les descendants de la vieille humanité. L’idée d’anéantir la dernière descendance de ses ennemis mortels le réjouissait visiblement.

Un frisson parcourut l’échine de Moritz, mais même s’il trouvait cette partie de leur mission répréhensible, il savait qu’il devait la mener à bien pour assurer l’avenir de son peuple.

« Voilà qui est fait. La victoire est à nous », dit Moritz, certain que l’armée royale leur tomberait dessus rapidement.

Plusieurs des créatures démoniaques présentes dans la salle pour assister Arcadia firent le point sur la situation.

« Cette attaque a mis notre bouclier à rude épreuve. »

« La barrière de la forteresse s’est affaiblie. »

« Cela a également affecté l’intérieur du vaisseau. Il faudra du temps pour s’en remettre. »

Les dégâts causés par l’attaque de Luxon étaient plus importants qu’ils ne l’avaient prévu. Même Arcadia ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi grave; sa bouche se tordit de mécontentement.

« Son petit coup a eu autant d’impact ? »

Cela aurait été impossible si l’Arcadia était en pleine forme, mais comme il venait juste de se réveiller, l’attaque de Luxon s’était avérée dévastatrice.

Moritz secoua la tête pour se recentrer. « Nous ne pouvons pas baisser notre garde avant d’avoir achevé l’ennemi », décida-t-il.

L’écran devant lui affichait la totalité de la flotte ennemie. Il serait trop dangereux pour l’Arcadia de tirer à nouveau avec son canon principal; Moritz avait donc décidé que son armée se chargerait du reste.

« Envoyez tous les chevaliers démoniaques qui étaient en attente. Dites-leur de détruire l’ennemi qui se trouve devant nous et de mettre fin à cette bataille cauchemardesque. »

L’un de ses généraux acquiesça : « Dans leur état actuel, l’armée royale ne fera pas le poids face à nos chevaliers démoniaques les plus gradés. »

« Attendez », interrompit Moritz. « Demandez à Finn de rester en attente ici. »

Une ride se forma sur le front du général.

« Vous n’envoyez pas le premier siège ? »

Moritz jeta un coup d’œil à l’Arcadia, qui répondit en son nom : « Finn est le favori de Son Altesse impériale. Il n’est pas nécessaire de l’inquiéter en l’envoyant. »

Ne pas déployer leur meilleur soldat parce que la princesse impériale Miliaris n’apprécierait pas était un raisonnement absurde. Leur expression s’assombrit, mais personne n’argumenta, car ils étaient persuadés que la victoire leur appartenait déjà.

« Il nous servira d’assurance, au cas où le pire se produirait », marmonna Moritz en un murmure.

 

☆☆☆

À bord de l’Arcadia se trouvait une pièce spéciale où les chevaliers démoniaques attendaient l’action. Finn et Brave se trouvaient à l’intérieur, laissés derrière par leurs camarades qui avaient reçu l’ordre de se déployer. Finn était assis, les bras croisés sur la poitrine. Il ne disait pas un mot.

Aussi inquiet qu’il soit pour son partenaire, Brave s’efforcait de faire bonne figure, mais il était à bout de nerfs alors qu’il parla : « Les hauts gradés doivent être des idiots s’ils ne t’ordonnent pas d’aller sur le terrain », avant de continuer : « Avec toi sur le terrain, toute cette histoire serait terminée instantanément. »

« Oui », répondit Finn, l’air désintéressé.

« Eh bien, quand même, je pense que c’est bien que tu n’aies pas à y aller », poursuivit Brave. « Comme ça, tu n’auras pas à te battre contre Léon et les autres. » Il s’efforçait de réconforter Finn, même s’il n’était visiblement pas très doué pour cela.

« Désolé de t’avoir inquiété, Kurosuke. »

« Ce n’est pas grave, nous sommes partenaires, après tout ! Et je vois que tu t’obstines à m’appeler ainsi. Tu es vraiment têtu, partenaire. »

Finn sourit et Brave rit.

Mia fit alors irruption dans la pièce, suivie de ses servantes et de plusieurs créatures démoniaques. Elle était sous haute surveillance pour assurer sa sécurité. Dès qu’elle aperçut Finn, son expression inquiète se transforma en sourire : « Monsieur le Chevalier ! »

« Princesse Miliaris ? Que faites-vous ici ? » demanda Finn en s’inclinant devant elle.

Elle le dévisagea avec surprise, les yeux ronds. Il ne fallut qu’un instant pour que son expression se fasse plus triste. Finn comprit instantanément ce qu’elle attendait de lui.

« Excusez-moi, mais j’aimerais parler seul à seul avec Son Altesse Impériale », dit-il au groupe de servantes et de créatures démoniaques qui l’avaient suivie dans la pièce.

Les servantes s’étaient échangé un regard et avaient secoué la tête : « Nous ne pouvons pas partir. Nous avons reçu l’ordre de rester aux côtés de Son Altesse impériale à tout moment. Même si ce n’était pas notre devoir, nous ne pourrions pas la laisser seule avec un homme. Ce serait inapproprié. »

Si quelque chose d’inapproprié se produisait, ce seraient elles qui seraient punies, et aucune d’entre elles ne voulait prendre ce risque à la place de l’autre.

« Inacceptable », déclara l’une des créatures démoniaques.

Un autre montra son accord : « Nous ne pouvons pas le permettre. »

« Il n’y a aucune raison pour que nous ne restions pas avec Son Altesse impériale. »

Contrairement aux servantes, leur insistance n’était pas due à leur devoir, mais à leur volonté obstinée d’être avec Mia. Après tout, elles étaient prêtes à sacrifier leur vie pour la garder en sécurité, ce qui les rendait d’autant plus difficiles à convaincre.

Finn fronça les sourcils, ne sachant pas trop comment procéder.

« Oh, taisez-vous tous ! » leur cria Brave. « Sortez vite d’ici, ou je vais me fâcher ! »

Les dégâts seraient considérables si un noyau démoniaque pleinement fonctionnel comme Brave devenait furieux. À contrecœur, mais pour des raisons différentes, les servantes et les créatures démoniaques sortirent de la pièce. Bientôt, il ne resta plus que Finn et Mia — et Brave, bien sûr.

Finn guida Mia vers un canapé proche et s’assit à côté d’elle.

« Pourquoi es-tu venue ici ? »

Il s’était exprimé de façon plus décontractée, comme il le faisait d’habitude.

Mia semblait soulagée, mais son expression s’assombrit rapidement.

« Monsieur le Chevalier, je ne veux pas que tu te battes, » dit-elle.

« Toute cette guerre est une erreur. C’est trop cruel que nous devions nous détruire les uns les autres pour que les combats cessent enfin. »

Son argument était enfantin et idéaliste.

Finn esquissa un mince sourire. Combien de fois lui avait-il déjà expliqué cela ? « Nous n’avons pas d’autre choix. » Il faillit laisser échapper ces mots, mais il parvint à les ravaler à la dernière seconde. La gentillesse et l’innocence de Mia lui rappelaient trop sa petite sœur de sa vie précédente.

Au lieu de cela, il déclara : « Tu n’as pas besoin de laisser cela te peser. Sa Majesté et moi — ainsi que les autres personnes impliquées — porterons ce péché jusqu’à notre mort. »

« Monsieur le Chevalier ? » Mia prononça son titre d’un air interrogatif, un pli nerveux sur le front. Elle saisit une poignée de ses vêtements, s’accrochant à lui.

« Pourquoi donnes-tu l’impression que tu as l’intention de m’abandonner ? N’as-tu pas promis de me protéger pour toujours ? Il n’y a aucune raison que tu prennes part aux combats. »

Il lui sourit doucement, dégagea ses doigts de ses vêtements et prit ses deux mains dans les siennes.

« Je ne peux pas être le seul à fuir mes responsabilités. D’ailleurs, mon devoir est de te garder en sécurité. Je dois faire en sorte que ce monde reste un endroit où tu peux courir dehors autant que tu le souhaites. »

Quoi qu’il arrive, je te protégerai. Je ne suis plus le faible que j’étais. Dans sa vie antérieure, il avait regretté de ne pouvoir faire qu’assister à la mort de sa petite sœur. Son désir — son besoin d’avoir le contrôle, de faire quelque chose — le poussait.

« Monsieur le chevalier, » dit Mia, « je… — Je… »

« Rien de tout cela n’est de ta faute », l’interrompit Finn. Il ne pouvait pas la laisser finir. Cela aurait ébranlé sa détermination à aller jusqu’au bout.

« Nous autres — Sa Majesté, les autres chevaliers et moi — allons en finir. »

« Mais — ! »

« Tout ira bien. Je te protégerai. »

Elle lui serra les mains. Lorsqu’elle releva le menton, ses yeux étaient rosés par des larmes non versées.

« Promets-moi au moins que tu reviendras vers moi quoi qu’il arrive. Il faut que tu me le promettes. »

« Oui, je te le pro… »

Avant qu’il n’ait pu terminer, Brave s’interposa : « Partenaire, au-dessus de nous ! » Son regard était dirigé vers le plafond et il y avait de la panique dans sa voix; il avait dû sentir quelque chose.

 

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La salle de commandement était plongée dans le chaos. Quelque chose plongeait vers eux depuis l’extérieur de l’atmosphère de la planète, à très grande distance et à très haute altitude.

« De l’extérieur de l’atmosphère ? » s’écria Moritz en entendant le rapport, sautant de son siège.

Arcadia, qui s’était fait rouler, se renfrogna : « C’est donc ça, ton plan ? »

Le moniteur de la salle de commandement montrait un objet flou non identifiable qui se dirigeait droit sur eux. D’après ce qu’ils pouvaient en dire, il correspondait à leurs données sur le navire nommé Partenaire.

« C’est le navire de l’archiduc Bartfort ! » réalisa Moritz. Il était manifestement paniqué par le vaisseau qui s’approchait. Les généraux et le personnel militaire présents dans la pièce étaient tout aussi troublés. Aucun d’entre eux n’avait prévu une telle attaque aérienne.

« Trajectoire identifiée », dit l’une des créatures démoniaques à proximité. « Il est sur une trajectoire de collision avec la forteresse de l’Arcadia. »

L’Œil d’Arcadia se rétracta avec fureur :

« J’imagine que vous, les machines, avez recours à vos attaques spéciales de type kamikaze. Vous êtes toujours aussi rustres. »

Le vaisseau mesurait plus de sept cents mètres de long. Sa chute dans l’atmosphère lui conférerait une puissance destructrice incroyable, alors que sa masse foncerait droit sur eux. Même l’Arcadia n’en sortirait pas indemne.

« Tu t’es donné la peine de quitter l’atmosphère pour y revenir et attaquer, hm ? Malheureusement pour toi, les tactiques ne sont pas aussi efficaces une fois que je les ai déjà expérimentées. »

Tout le mécontentement de l’Arcadia disparut tandis qu’un sourire courbait ses lèvres, son œil se rétrécissant en une fente.

Moritz transpirait à grosses gouttes.

« Déplace la forteresse, vite ! »

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Partie 2

« C’est inutile », dit Arcadia. « S’il nous voit bouger, il ajustera simplement sa trajectoire. Je sais d’où il vient, je dois donc simplement m’assurer que le point le plus épais du bouclier se trouve directement au-dessus de moi. »

Tout en parlant, il commença à concentrer son énergie de façon à ce que le point le plus épais du bouclier se trouve directement au-dessus de lui. Cela affaiblirait le reste de son bouclier, mais tel était le prix à payer pour se défendre. Pour une protection supplémentaire, il décida d’utiliser son canon principal. « La meilleure façon de gérer cette situation serait de l’abattre avant qu’il ne puisse m’atteindre. »

L’Arcadia puisa dans ses réserves d’énergie et une boule rougeâtre apparut dans les airs au-dessus de lui. Une fois tous les préparatifs terminés, il ordonna : « Feu. »

L’explosion se propagea vers le haut. Le navire Partenaire tenta de s’en éloigner, mais il ne réagit pas assez vite. L’explosion traversa la coque et en arracha un morceau. Si les prévisions de l’Arcadia étaient exactes, le vaisseau était probablement rempli de poudre explosive. Ce serait le meilleur moyen d’infliger le maximum de dégâts à l’Arcadia, à condition que Partenaire atteigne sa cible. S’il transportait autant de poudre, il devrait exploser sous l’effet des dégâts subis.

Cela n’avait pas d’importance, car avec la moitié de son corps en moins, le Partenaire avait considérablement ralenti. Il ne semblait même pas en mesure de provoquer un impact.

« Oh ? Alors, tu n’as pas de poudre explosive à bord, comme je l’avais prévu », remarqua l’Arcadia. « Tu n’as pas eu assez de temps pour la préparer ? »

En voyant le navire Partenaire, Moritz avait d’abord été soulagé, mais il avait rapidement froncé les sourcils.

« L’armée royale et les vaisseaux spatiaux qui l’accompagnent étaient donc une diversion. L’archiduc Bartfort avait certainement tout prévu. »

Le navire Partenaire s’approcha d’eux en accélérant, des flammes jaillissant de son corps. L’Arcadia commença alors à déplacer la forteresse pour éviter d’être touché directement. Cependant, l’IA de Partenaire corrigea immédiatement sa trajectoire pour garder Arcadia en ligne de mire.

« C’est pitoyable », dit Arcadia. « Même si tu parviens à frapper la forteresse, cela ne suffira pas à m’abattre. » Il montra ses dents blanches, souriant de plaisir d’avoir surpassé les machines. « Tu auras beau te débattre, tu ne pourras pas repousser notre inévitable victoire. »

Le navire Partenaire percuta la barrière d’Arcadia; le corps du vaisseau s’était écrasé et termina sa course dans une explosion de feu. Des éclats d’obus et ce qu’il restait du navire dégringolèrent lentement dans la mer.

Un léger tremblement s’était fait sentir à l’intérieur de la forteresse, mais cela semblait être le seul impact de l’attaque. Toutes les personnes présentes dans la salle de commandement poussèrent un soupir de soulagement.

« Faites-moi un rapport sur la situation ! » aboya Moritz, redirigeant son attention sur l’effort de guerre.

Ses subordonnés se précipitèrent vers leurs postes.

« D’accord ! — Hum, il n’y a pas de dégâts à l’Arcadia. »

« La barrière magique a résisté entièrement à l’attaque. »

« M-Mais à cause de toute l’énergie que cela a nécessité, nous n’avons plus de barrière du tout. »

Arcadia les ignora, sa bouche s’ouvrant en un rire maniaque : « Hya ha ha ha ! La rouille vous a-t-elle finalement eu après toutes ces années, sales machines ? Si vous vouliez vraiment me faire tomber, vous auriez dû lancer une attaque collective depuis l’extérieur de l’atmosphère de la planète. Mais vous n’en étiez pas capables, n’est-ce pas ? C’est pourquoi vous vous êtes contentés de cette pitoyable excuse pour un plan de bataille en dernier recours. »

Même si l’Arcadia se moquait de leurs efforts, il savait qu’ils n’auraient rien pu faire de différent. Même si Fact les avait incités à lancer une attaque collective, leurs chances de réussite auraient été bien trop faibles. Le désavantage du royaume dans cette bataille était stupéfiant.

« Vous n’avez jamais eu la moindre chance de gagner », leur cracha l’Arcadia avec suffisance.

« Cette attaque m’a vraiment mis sur les nerfs », murmura Moritz en essuyant la sueur de son front. Au moins, nous avons coulé les deux navires de l’archiduc Bartfort. Il se figea. Hm ? Non, attends. Où est le troisième navire ?

Le Partenaire n’était plus qu’un amas de ferraille après l’explosion survenue lorsqu’il avait heurté les boucliers de l’Arcadia, et le Luxon avait disparu sous les flots. Tous avaient supposé qu’avec le navire principal de Luxon hors service, aucun autre vaisseau ne pourrait tenir tête à l’Arcadia. Mais un vaisseau manquait à l’appel et n’avait pas encore été repéré sur le champ de bataille.

« Attention à l’Einhorn ! » ordonna Moritz, la voix stridente sous l’effet d’une nouvelle panique.

Avec le Luxon et le Partenaire partis, il ne restait plus que l’Einhorn.

L’Arcadia cessa de rire et se retourna, faisant face à l’arrière de leur armée.

« Qu’est-ce que c’est que cette chose qui s’approche de nous à toute vitesse ! »

Il y avait un tremblement dans sa voix.

L’objet en question, qui fonçait droit sur eux, n’était autre que l’Einhorn.

 

☆☆☆

Les turbulences intenses et la gravité à l’intérieur du cockpit d’Arroganz rendaient le voyage insupportablement inconfortable. Je restais collé à mon siège, tandis que les coussins s’aplatissaient sous moi. Mais quelque chose d’autre m’inquiétait bien davantage.

« Pour l’amour du ciel, ne laisse pas ce plan se solder par un échec. J’aurais vraiment l’air d’un idiot », dis-je.

L’Einhorn avait décollé avant le reste de l’armée, optant pour un long détour autour du champ de bataille afin de surprendre l’ennemi par l’arrière. Une fois en position, les boosters que Luxon avait fixés au vaisseau pour lui donner plus de vitesse s’étaient mis à fonctionner à plein régime, nous propulsant tout droit vers notre destination. À partir de ce moment-là, j’avais souffert d’une intense gravité.

« Ravale tes plaintes, s’il te plaît. J’ai considérablement réduit l’impact gravitationnel. Ça pourrait être pire », me répondit Luxon en me taquinant comme il le faisait toujours.

« Sérieusement ? Est-ce une gravité réduite ? »

Je n’avais réussi à parler qu’au prix d’un grand effort, mais Luxon avait parlé sans heurt, comme si cela n’avait aucun effet sur lui. C’était peut-être une évidence, puisqu’il était une machine, mais cela m’énervait tout de même.

« J’ai trié les informations que Creare et Fact nous ont envoyées. D’après eux, l’Arcadia n’a plus assez d’énergie pour ses boucliers. »

C’était l’objectif de notre stratégie : épuiser Arcadia.

« On dirait que ça valait la peine de sacrifier le Partenaire, alors », avais-je dit en souriant malgré l’agonie.

Luxon déplaça son regard de haut en bas en acquiesçant : « Oui. Le Partenaire a accompli sa dernière mission avec succès. Il est bientôt temps, Maître. Bientôt, c’est nous qui remplirons notre devoir. »

« Assure-toi de nous y emmener en toute sécurité et en douceur, autant que possible », ajoutai-je. Je savais que ce que je demandais était impossible, mais je devais essayer.

« Je ferai de mon mieux », dit Luxon sans vraiment y croire.

Mes dents s’étaient enfoncées dans l’embout qu’il m’avait préparé. Il devait m’empêcher de me mordre la langue.

« Trente secondes avant l’impact », annonça Luxon en commençant le compte à rebours.

De violentes secousses, probablement causées par des tirs nous frappant, secouèrent le navire.

« Dix secondes avant l’impact. » Puis, après quelques secondes supplémentaires, « cinq, quatre, trois… »

 

☆☆☆

Les navires de l’armée impériale avaient alors ouvert le feu sur l’Einhorn. Les monstres avaient changé de position et se regroupaient à l’arrière de l’Arcadia pour servir de boucliers contre le vaisseau ennemi. Ils espéraient toutefois abattre l’Einhorn avant d’avoir à le bloquer physiquement.

« Comment oses-tu ? » hurla Arcadia. « Et avec cette triste excuse comme navire ! »

Quoi qu’ils tentent, l’Einhorn ne ralentissait pas. Il ignorait leurs attaques, fonçait et passait à côté du mur de monstres comme s’ils n’existaient pas.

Les sourcils de Moritz se froncèrent à la vue de la panique de l’Arcadia. Il tourna à nouveau les yeux vers le moniteur, où il observa l’Einhorn.

« Une attaque sur trois fronts », marmonna-t-il pour lui-même.

Le navire principal de Luxon et le Partenaire n’étaient que des diversions destinées à affaiblir l’Arcadia pour que l’Einhorn puisse agir.

Le nom « Einhorn » correspondait parfaitement au navire, puisqu’il avait une seule corne sur sa proue. Depuis ses conteneurs, il lançait plusieurs centaines de missiles qui pilonnaient les monstres en l’air autour de lui. Leurs tentatives pour l’abattre se révélèrent vaines, et pire encore, les tirs de riposte coulèrent un certain nombre de leurs navires.

« Nous ne pouvons pas l’arrêter », déclara Moritz, les bras croisés sur la poitrine. Il cria à ses hommes : « Préparez-vous à l’impact ! »

Aucune des secousses qu’ils avaient vécues n’était comparable à la violence de celle qui suivit.

L’Arcadia était en proie à une fureur intense et ses yeux étaient injectés de sang. « Vous êtes des tas de ferraille dégoûtants et couverts d’huile ! » hurla-t-il d’une voix aiguë.

Jusqu’à présent, la victoire de l’Empire était pratiquement assurée, mais cette attaque-surprise avait fait pencher la balance. Qui allait gagner ? La question ne se posait plus.

« C’est très bien », se félicita Moritz de cette évolution. C’est mieux ainsi, vraiment. Venez à nous avec tout ce que vous avez. Celui qui survivra jusqu’à la fin dominera cette planète. Ne retenez rien !

Il se sentait rongé par la culpabilité à l’idée d’assassiner des civils innocents qui ne pouvaient même pas se défendre, mais il se sentirait mieux après une bataille à mort où les deux camps se seraient battus jusqu’à la mort.

La salle de commandement était plongée dans le chaos.

« Que l’armée continue à combattre les forces ennemies », ordonna Moritz en reprenant tout le monde en main. « Dites-leur qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter des attaques contre l’Arcadia. Rappelez les chevaliers démoniaques ! »

L’attaque multiforme contre l’Arcadia avait déjà ébranlé leur armée. Leur ordonner de poursuivre l’assaut leur éviterait d’hésiter devant l’ennemi et de se demander s’ils devaient faire marche arrière pour protéger leur empereur et l’Arcadia. Moritz convoqua à nouveau les Chevaliers démoniaques, car ils seraient nécessaires pour s’occuper de l’Einhorn. Sa corne avait en effet profondément perforé l’Arcadia, offrant un point d’infiltration dont un certain nombre d’intrus profitaient déjà.

L’œil d’Arcadia tressaillit d’irritation. Le moniteur se tourna vers les intrus et leur jeta un regard noir : « Vous avez du culot de vous introduire dans ma forteresse. »

Ces intrus, qui pilotaient des armures, étaient montés à bord de l’Arcadia. L’une d’entre elles avait un design particulièrement unique, ainsi qu’un conteneur gargantuesque sur le dos.

Moritz et ses hommes firent la grimace.

« C’est Arroganz. »

« L’archiduc en personne est venu nous attaquer. »

« Il doit avoir perdu la tête. »

Cinq autres armures l’accompagnent, suivies par une véritable armée de drones dont les objectifs de caméra brillent sinistrement.

Arroganz s’arrêta et tourna son fusil vers l’une des caméras. Une voix filtra du microphone de son cockpit : « Salut à tous, du Saint Empire magique de Vordenoit », Léon avait salué ceux qui le regardaient dans la salle de commandement. Il tira ensuite sur la caméra, le moniteur devenant noir, mais même sans image, ils l’avaient entendu : « Et un bonjour spécial à l’homme responsable de toute cette guerre — Sa Majesté Impériale, le triste sac à merde qui se fait appeler votre nouvel empereur. »

L’entourage de Moritz s’enflamma devant l’impudence de l’archiduc, mais l’empereur lui-même trouvait le salut candide de Léon plutôt agréable.

De légères secousses parcourent le navire, indiquant que Léon et ses camarades avaient commencé leur assaut sur la forteresse.

Moritz éclata de rire : « Il est aussi grossier que Finn l’a dit. Il n’y en a pas beaucoup au monde qui oseraient m’insulter comme ça. »

Tout le monde dans la pièce se figea, déconcerté par sa réaction.

Moritz se ressaisit, l’émotion disparaissant de son visage.

« Donnons à nos nouveaux invités un peu de distraction », ordonna-t-il.

« Comme vous l’ordonnez, Votre Majesté Impériale ! » Ses hommes se précipitèrent pour exécuter ses ordres.

Pendant ce temps, l’Arcadia tremblait de rage et d’indignation : « Jamais, dans toutes mes batailles contre la vieille humanité, mes murs intérieurs n’avaient été franchis. Tu vas payer pour cela. Tu vas souffrir avant que tout cela ne soit terminé ! »

Des veines se dessinèrent sur tout son corps, mais sa fureur incandescente s’apaisa rapidement, se transformant en panique.

« Où est Son Altesse Impériale ? Envoyez des gardes pour la protéger, rapidement ! »

Exaspéré, Moritz soupira devant les intenses sautes d’humeur de la créature. Son regard se posa sur la canne qu’il tenait dans ses mains. Père, l’homme à qui tu as voulu tout donner est monté à bord de notre forteresse. Mais nous gagnerons si nous parvenons à le faire tomber. Je porterai tout le blâme lorsque tout sera terminé, en renonçant à ma propre vie. J’attends alors de toi que tu m’expliques pourquoi tu nous as trahis en premier lieu.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

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