Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 13 – Chapitre 5 – Partie 2

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Chapitre 5 : Le départ

Partie 2

Alors que je me dirigeais vers le port royal, Luxon m’alerta : « Maître, Hertrude est devant nous. Il semblerait qu’elle t’ait attendu. »

Mlle Hertrude était vêtue d’une robe noire et semblait suffisamment décontractée pour que je doute qu’elle soit venue ici dans l’intention de m’attendre, comme l’avait suggéré Luxon. Un petit groupe de chevaliers se tenait à distance. J’avais supposé qu’il s’agissait de ses gardes du corps, les chevaliers de la maison Fanoss. Bien qu’ils nous aient regardés avec inquiétude, ils étaient restés en retrait.

Mlle Hertrude se passa une main dans les cheveux, faisant s’envoler derrière elle ses longues mèches noires et soyeuses comme une cape. Elle n’avait pas grandi depuis notre dernière rencontre, du moins pas à ma connaissance, mais elle semblait plus mûre.

« Tu ne m’attendais pas spécialement, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé.

Elle renifla, détournant les yeux de moi. « J’aimerais pouvoir dire que tu es trop égocentrique, mais c’est exactement ça. »

Pourquoi m’attendrait-elle ? Nous n’étions pas particulièrement proches. Je devais supposer qu’il s’agissait d’une question de rémunération. « Si tu veux te renseigner sur la rémunération en cas de succès de cette entreprise, tu devras en parler à Creare et — ! »

« C’est une question importante, c’est certain, » interrompit-elle, « mais j’ai quelque chose de plus important à discuter avec toi. »

« Oh. D’accord. »

Elle inspira profondément :

« Assure-toi de revenir parmi nous. Il serait gênant pour moi et pour mon duché que tu deviennes un héros mort plutôt qu’un héros vivant. »

« Alors, tu ne t’inquiètes pas pour moi, mais pour toi et pour ta maison, hein ? » avais-je gloussé. C’était tout à fait son genre de présenter les choses de cette façon.

Mlle Hertrude se moqua de moi : « C’est une évidence. J’ai tout à gagner à ce que tu reviennes en vie. Tu dois revenir et tenir la promesse que tu m’as faite. »

Promesse ? Ah oui, c’est vrai. J’avais juré de lui donner tout ce qu’elle voulait. Je n’étais pas tout à fait sûr de pouvoir tenir ma promesse, mais je m’étais lancé et j’ai quand même acquiescé.

« Et tu me demandes ça alors que tu as l’intention d’aller toi-même sur le champ de bataille ? »

Le général de la maison Fanoss donnerait les ordres à la flotte, mais j’avais entendu dire que Mlle Hertrude l’accompagnerait en tant que représentante de sa maison. Je ne pensais pas qu’elle avait besoin de risquer sa vie en allant au combat, mais elle avait apparemment refusé de changer d’avis.

« Contrairement à toi, je sais quand me retirer », dit-elle. « C’est de toi que je m’inquiète. »

« Tu m’as bien compris. »

Mlle Hertrude se retourna, me tournant le dos, et se mit à marcher. Sa voix était calme lorsqu’elle ajouta par-dessus son épaule : « Essaie de ne pas briser le cœur des gens qui t’aiment. N’oublie pas que c’est aussi difficile pour ceux qui restent. »

Ses mots m’avaient profondément blessé. J’avais ouvert la bouche pour répondre, mais aucun son n’était sorti. Bientôt, elle ne fut plus à portée de voix. Je me grattai l’arrière de la tête et je finis par dire : « Je suppose qu’elle a vu clair dans mon jeu, hein ? »

« Elle essayait probablement de te mettre en garde contre un comportement dangereux. Elle sait que tu as tendance à dépasser tes limites », déclara Luxon.

« C’est logique. »

C’était étrange qu’un ancien ennemi s’inquiète ainsi pour moi. J’avais l’impression de sortir tout droit d’un manga shonen.

 

☆☆☆

En m’approchant du port, j’avais trouvé des représentants du gouvernement alignés le long du chemin, de chaque côté. Le ministre Bernard était parmi eux, le visage blême et décharné.

« Ce sont des fonctionnaires civils », me déclara Luxon.

« C’est assez évident, mais merci. »

L’encre de tous les documents auxquels ils s’étaient attaqués tachait leurs mains et leurs manches. L’épuisement se lisait sur leurs visages, mais ils s’étaient redressés en me voyant arriver. Il serait exagéré de dire qu’ils avaient l’air parfaitement soignés, mais leur soutien m’avait fait chaud au cœur.

« C’est un peu gênant », avais-je dit au ministre Bernard en m’approchant de lui.

Ses joues devinrent rouges. « J’avoue que je ne suis pas non plus habitué à ce genre de gestes, mais c’est tout ce que nous pouvons faire, puisque nous ne sommes pas des combattants. »

Lui et ses hommes s’étaient noyés dans la paperasse pour se préparer à la bataille qui les attendait et ils auraient encore du travail à faire sur le terrain. Pire encore, s’ils revenaient sains et saufs, ils auraient encore plus de travail. Ils avaient l’air de vouloir (et d’avoir désespérément besoin) de se plonger dans leur lit et de dormir, mais ils avaient fait tout ce qu’ils pouvaient pour venir me voir partir.

Après avoir échangé quelques banalités, Miss Clarisse et Miss Deirdre s’étaient approchées de nous. Elles devaient être fatiguées, elles aussi, mais elles s’étaient habillées et maquillées pour l’occasion afin de cacher les cernes sous leurs yeux.

Miss Clarisse repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille : « S’il te plaît, reviens-nous en vie. » Elle inclina la tête poliment. Elle n’avait pas parlé sur le ton que j’attendais d’une ancienne élève de l’académie s’adressant à une seconde.

Miss Deirdre referma son éventail pliant et suivit l’exemple de Miss Clarisse en baissant le menton : « Je te souhaite bonne chance sur le terrain. »

J’avais été surpris de ne voir aucun homme présent me jeter un regard d’envie, alors que deux superbes femmes étaient venues me raccompagner. Les visages des officiels étaient tout en lignes dures et en arêtes, pas un sourire en vue. Honnêtement, je n’étais pas habitué à ce que personne ne se moque de moi ou ne me dénigre. Cela me mettait mal à l’aise.

Le ministre Bernard me donna gentiment une tape dans le dos : « Eh bien, vous pouvez y aller. Il est bientôt temps pour vous tous de partir, n’est-ce pas ? »

« Oui, je pense que c’est le cas. » J’avais hésité, puis j’avais demandé : « Euh, avez-vous vu quelqu’un d’autre partir ? Comme ces cinq crétins ? »

À leur simple évocation, lui et les autres fonctionnaires avaient éclaté d’un rire exagéré, mais il s’était rapidement calmé. Les regards vides qui s’étaient ensuite posés sur leurs visages étaient déconcertants.

« Je ne me soumettrais pas à cela, même si quelqu’un me le demandait », déclara le ministre Bernard.

Pour appuyer cette idée, certains fonctionnaires avaient commencé à grommeler de façon venimeuse à propos de la brigade des idiots.

« Tout ce que ces nigauds font, c’est nous donner plus de travail. »

« Je n’oublierai pas de sitôt le ressentiment que j’ai éprouvé à l’égard de la façon dont ils ont gâché tout le travail acharné accompli pour organiser et officialiser leurs fiançailles. Pas avant le jour de ma mort. »

« Jilk est un salaud pour avoir trahi Lady Clarisse. C’est le seul individu que j’espère qu’il ne reviendra pas vivant après tout ça. »

Cela recommençait. Ces gars-là détestent ces individus. Honnêtement, je ne peux pas leur en vouloir.

« Oh, euh, d’accord », avais-je répondu, incapable de trouver autre chose.

Après avoir atteint le port, la brigade des idiots m’attendait avec un invité supplémentaire. C’est une véritable fête de la saucisse ici. Merveilleux. « Milaaady ! » hurla Loïc en se jetant sur Marie, mais Julian l’en empêcha aussitôt. Il avait même fait plus que ça. Il lui donna un coup de poing. Plusieurs fois, même.

« Ne t’approche pas d’elle ! » hurla Julian.

Loïc s’agrippa à Julian, le saisit par le col et lui asséna un coup de poing en réponse : « Je suis ici en tant que représentant pour la saluer au nom de la République d’Alzer ! »

Honnêtement, ils se comportaient comme des enfants. Je jetai un coup d’œil à Marie. Son visage tordu en un sourire amer suggérait qu’elle partageait mon opinion.

En tant que sainte, Marie était vêtue d’une tenue blanche et portait les saintes reliques. Un prêtre de haut rang et un groupe de chevaliers du Temple se tenaient juste derrière elle.

« Je suppose que tu as dit vrai quand tu as affirmé qu’ils t’avaient enfin reconnue comme sainte », avais-je fait remarquer.

Elle rougit et détourna le regard.

« Eh bien, j’ai juste cette aura que je ne peux pas cacher. C’était une évidence qu’ils m’appelleraient Sainte. » Elle s’emportait manifestement et exagérait, mais c’était sa personnalité. J’étais soulagé qu’elle soit comme d’habitude.

« Essaie juste de ne pas commettre d’erreur et de ne pas les énerver à nouveau », lui dis-je.

Elle gonfla ses joues et me regarda fixement : « Je ne ferai pas d’erreur. » Elle avait l’air beaucoup plus posée que les cinq idiots et l’idiot en prime qui se chicanaient avec eux.

« D’accord. Je vous laisse la Licorne. » Je leur avais fait un signe de la main.

Un peu troublée, elle fit de même. « Hum, Grand Frère… »

J’avais fait une pause pour lui jeter un coup d’œil en arrière. Je ne perdrais pas de temps à la gronder pour m’avoir appelé ainsi en public. Pas cette fois-ci.

Marie sourit : « Assure-toi de finir avec ça proprement. »

C’était probablement sa façon de me souhaiter bonne chance. Mener à bien cette bataille serait plus facile à dire qu’à faire, mais j’avais compris le message.

« Allez. — Tu n’as pas besoin de me dire ça, » répondis-je d’un ton taquin.

J’avais alors remonté la passerelle de l’Einhorn, m’arrêtant à mi-chemin pour jeter un coup d’œil en arrière sur la brigade des idiots. « Si vous ne montez pas, je vous laisse derrière ! » leur avais-je crié.

Ils s’étaient empressés d’attraper leurs bagages et de se hisser sur la rampe derrière moi.

☆☆☆

Alors que Julian et les autres se dirigeaient vers le bateau, Marie leur cria : « Veillez sur mon grand frère, les gars ! » Des larmes perlaient dans ses yeux et elle serra un poing dans les plis de sa jupe.

Ils s’étaient tous retournés pour la regarder, affichant des sourires rassurants.

Julian hocha la tête : « Nous le ferons. »

« Nous le ramènerons sain et sauf à la maison », promit Jilk en se passant une main dans les cheveux.

Greg fléchit les bras pour lui montrer ses muscles : « Pas besoin de s’inquiéter avec nous au travail, Marie ! »

« En effet, il n’y a pas lieu de s’inquiéter tant que nous sommes avec lui », convint Chris en faisant glisser un doigt sur l’arête de son nez pour ajuster ses lunettes.

Brad, le dernier des idiots, lui fit un clin d’œil : « Pour toi, on va donner tout ce qu’on a. »

Léon s’était posté à l’entrée du navire, attendant qu’ils le rejoignent. Marie le regarda fixement, essuyant une larme perdue. Loïc, qui se tenait à côté d’elle, lui tendit un mouchoir.

« Tenez », dit-il.

« Merci », répondit-elle en prenant le mouchoir et en se tamponnant les joues. Elle refusa de bouger de sa place jusqu’à ce qu’ils disparaissent à l’intérieur du vaisseau et que la porte se referme derrière eux.

Loïc resta avec elle, regardant l’Einhorn s’enflammer et décoller. « Les voilà partis », dit-il.

« Il est temps pour nous aussi de nous mettre en route. — Fais attention à ne pas trop en faire, Loïc, » répondit Marie.

Cette inquiétude le ravit, mais il força ses lèvres à former une ligne droite, bien décidé à prendre la chose au sérieux.

« Bien sûr. Je n’ai pas l’intention de mourir de sitôt. Faites attention à vous aussi, milady. »

Marie lui sourit simplement tristement sans répondre.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

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