Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 13 – Chapitre 3 – Partie 1

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Chapitre 3 : La nourriture de l’âme

Partie 1

La Licorne était amarrée dans un port de la capitale.

« Anjie est-elle à bord avec les autres filles ? » demandai-je.

« Oui, elle ne veut pas être la seule à rester dans la capitale », répondit joyeusement Creare. C’est elle qui avait amené la Licorne ici. « Tu es vraiment aimé, Maître. »

Je soupirai : « Pour être honnête, je préférerais qu’elles restent toutes ici et pas uniquement Anjie. » Je ne voulais pas que les trois filles aillent sur le champ de bataille, mais les circonstances ne leur permettaient pas de rester à l’écart.

« Tu ne vas peut-être pas aimer ça, mais nous avons besoin des pouvoirs de Liv », dit Creare, désireuse d’énumérer les raisons pour lesquelles la participation des filles serait une aubaine. « Il en va de même pour Nelly. Nous avons l’Arbre sacré à bord et nous avons besoin d’elle pour le contrôler. »

« Sérieusement ? — Vous avez l’Arbre sacré à bord de la Licorne ? » demandai-je.

« Oui, il nous aidera énormément à résoudre nos problèmes d’énergie », poursuivit Creare, ajoutant que nos chances de victoire avaient augmenté grâce à l’arbre et aux filles. J’ai eu l’impression qu’il nous faisait comprendre indirectement que nos chances s’effondreraient sans Livia et Noëlle. Nous avions besoin d’elles.

« Est-ce qu’on peut au moins faire débarquer Anjie ? » demandai-je avec espoir.

« Elle ne fait peut-être pas partie intégrante de la bataille, mais elle ne souhaite pas débarquer. Si tu tiens tant à ce qu’elle ne vienne pas, il va falloir la convaincre », dit Creare.

J’avais abandonné et j’avais commencé à monter la rampe d’accès au vaisseau.

 

☆☆☆

 

En arrivant sur le pont de la Licorne, je l’avais trouvé transformé. Il avait été rénové pour faire de la place à l’Arbre sacré qui trônait à l’arrière, dans un grand parterre de fleurs rondes. Je ne savais pas exactement comment l’Arbre sacré était relié à la Licorne, mais il alimentait apparemment le navire en énergie.

« Notre jeune arbre sacré est maintenant la source d’énergie de la Licorne, hein ? » dis-je.

« Oui, » répondit Creare, « C’est une splendide batterie. »

C’était un peu triste de voir ce qui était un objet de culte dans la République d’Alzer, que notre ancien ennemi, Ideal, avait prétendu être l’espoir de l’humanité, réduit à une « batterie ».

Dès qu’Anjie réalisa que nous étions arrivés, elle se retourna. Ses yeux étaient humides, comme si elle allait éclater en sanglots, mais elle chassa les larmes en clignant des yeux et sourit :

« Enfin de retour, hein ? Beaucoup de gens ont fait des histoires parce que nous étions sur le point de partir et que tu n’étais nulle part. C’était la pagaille. »

Elle et les autres filles portaient de nouvelles tenues : des combinaisons de pilote conçues pour faciliter les mouvements. Le tissu épousait leurs corps, mettant en valeur chaque courbe et chaque contour. Le design était si suggestif que j’étais attiré partout où je regardais. La combinaison d’Anjie était noire et rouge, avec des bordures dorées; une cape rouge, dont le haut était doublé de fourrure blanche, était fixée à ses épaules.

Anjie ne semblait pas du tout gênée d’être vue dans sa nouvelle tenue, mais Livia avait réagi différemment.

« Euh ! — Monsieur Léon, tu ne peux pas être ici ! » Elle attrapa les bords de sa cape bleue, s’enfonçant dans le sol alors qu’elle l’enroulait autour d’elle. D’après ce que j’avais entrevu, sa combinaison était bleu et blanc.

Noëlle se moqua de Livia qui rougissait jusqu’aux oreilles. La combinaison de Noëlle était vert et blanc, avec une cape d’un bleu profond. Elle leva les yeux vers moi, puis tourna sur elle-même pour me montrer sa tenue. La cape se gonflait, ce qui permettait de tout voir.

« Creare a fait des pieds et des mains pour nous les confectionner, alors nous les portons tous », dit-elle.

Mes yeux s’étaient alors portés sur Creare.

« Qu’en penses-tu, maître ? » demanda-t-elle fièrement. « Du beau travail, n’est-ce pas ? Je les ai conçus pour qu’ils soient plus fonctionnels que n’importe quel vêtement ordinaire, alors ne pas les porter serait idiot. »

Elle avait peut-être raison sur ce point, mais les combinaisons, bien qu’elles couvrent entièrement le corps, étaient si serrées qu’elles en épousaient toutes les courbes. Il n’est pas étonnant que Livia soit gênée. Ce serait un régal pour quiconque d’entrevoir les filles, mais étant donné la situation, j’aurais souhaité que les vêtements ne soient pas aussi provocants.

« À qui comptes-tu les montrer ? » demandai-je.

« Toi, bien sûr », répondit Creare. « Je les ai conçus pour ton bien. Tu ne pourras pas les apprécier pendant la bataille, alors profite de ce moment pour ce qu’il vaut ! »

J’avais soupiré devant son « cadeau », mais si l’on en croit ses paroles, je ne pouvais pas vraiment me plaindre.

Luxon commença à scanner les filles. « Bien que je doive admettre que la conception des tenues présente quelques problèmes, je peux confirmer que Creare a raison en ce qui concerne leur qualité et leur fonctionnalité », rapporta-t-il. « Un équipement adéquat améliorera les chances de survie de celui qui le porte, c’est pourquoi je suggère fortement qu’elles restent dans ces combinaisons. »

J’avais appuyé une main sur le front, jetant un coup d’œil entre mes doigts pour mieux voir les filles. Si l’on fait abstraction du caractère suggestif des combinaisons, Luxon avait raison : il était inutile d’obliger les filles à les enlever. Nous n’avions pas non plus le temps de laisser à Creare le soin de réviser les modèles. Je devais les accepter tels quels.

« Je veux juste que personne d’autre ne les voie comme ça », avais-je dit.

Noëlle avait été la première à répondre, en s’enhardissant : « Est-ce que tu es possessif avec nous ? »

« Je suppose que oui », avais-je admis en haussant les épaules. « Mais pour être honnête, ce que je souhaite le plus, c’est que vous débarquiez toutes les trois et que vous restiez ici, dans la capitale. »

Oubliant sa gêne, Livia se leva d’un bond. Son expression s’était durcie et elle me regarda fixement : « Je n’ai pas l’intention de quitter ce navire. Je viens avec toi pour me battre à tes côtés, monsieur Léon. »

« Livia, » dis-je aussi doucement que possible, « il n’est pas nécessaire d’aller aussi loin. C’est la seule bataille où je serais surchargé, et je ne pourrai donc pas te protéger. C’est pourquoi je — »

— « Est-ce pour ça que tu veux que je reste ? » La voix de Livia s’était transformée en grognement.

— « Combien de temps vas-tu continuer à te moquer de moi comme ça, jusqu’à ce que tu aies eu ta dose ? »

J’avais tressailli. Wow, elle est vraiment en colère. Nous nous connaissions depuis suffisamment longtemps pour que je comprenne cela en un instant.

Puis, elle afficha un sourire :

« Je veux t’aider. Tu n’as pas besoin de me protéger. »

« Mais je — »

« Après être venus si loin, nous n’avons pas d’autre choix que d’attaquer l’ennemi avec tout ce que nous avons. Tu le sais bien », intervint Noëlle, les mains sur les hanches. « Je ne descendrai pas du navire non plus, Léon. D’ailleurs, tu as besoin de mon pouvoir, puisque je suis la prêtresse de l’Arbre sacré », dit-elle en tendant la main pour montrer l’endroit où l’écusson assombrissait la peau de son dos, puis en me faisant un clin d’œil. Elle tentait sans doute de me rassurer en me disant qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.

Mon regard se porta sur Anjie. Elle était la seule à ne pas avoir d’excuse valable pour se trouver à bord de la Licorne. Elle le savait aussi, mais ne semblait pas avoir l’intention de partir.

Anjie regarda par la fenêtre.

« J’envoie tous ces navires de guerre à une mort certaine. Je ne vais pas rester là, où c’est le plus sûr, à attendre. »

« Je ne pourrai peut-être rien faire pour aider, mais je peux au moins être là pour regarder comment se déroule la bataille. »

« Ce n’est pas nécessaire », insistai-je. « Personne ne se plaindrait si tu débarquais et restais derrière. Tu as déjà tant fait pour mettre tout cela en place. Sans toi, nous n’aurions pas autant de troupes. Tu en as fait assez. »

Mes paroles ne l’ébranlèrent pas du tout.

« Si nous perdons cette bataille, nous perdons tout », me rappela-t-elle.

« Je veux être là avec tout le monde. »

« Anjie… » J’avais essayé à nouveau, en la suppliant.

« Je sais que je suis égoïste, mais malgré tout, je… Je veux être là avec toi, Léon. » Tous les trois m’ont fixé avec de la détermination dans les yeux.

Toutes les trois m’avaient regardé avec détermination. Je m’étais résigné. Me disputer avec elles davantage aurait été vain.

« Assurez-vous d’écouter tout ce que Creare vous dira. Si vous devez battre en retraite, laissez-moi derrière vous et partez. Vous me le promettez ? Sinon, je ne vous laisserai pas venir, quoi que vous disiez. »

Les trois filles avaient échangé un regard, puis avaient hoché la tête.

« D’accord, » acquiesça Anjie, « nous suivrons tes ordres. »

« Mais peux-tu nous promettre quelque chose en échange, monsieur Léon ? » demanda Livia.

« Quoi ? » demandai-je.

« Promets-nous, ici et maintenant, que tu feras tout ce qu’il faut pour survivre et revenir nous voir. » Il y avait une profonde tristesse dans ses yeux lorsqu’elle me regardait.

J’avais répondu, en essayant d’avoir l’air aussi naturel et posé que possible : « Je ne peux pas dire avec certitude que je peux tenir une telle promesse, mais je jure de faire au moins de mon mieux. »

Ce n’étaient que des paroles en l’air. Mes chances de survie étaient minces.

Livia avait dû deviner ce que je pensais, car ses yeux s’étaient rétrécis. Toute émotion avait disparu de son visage.

« C’était un mensonge, tout à l’heure, monsieur Léon. »

« Hein ? » Ma mâchoire s’était décrochée. La panique m’avait envahi et des perles de sueur froide avaient coulé dans mon dos. Comment avait-elle pu me démasquer ?

« Tu es comme ça quand tu mens », expliqua-t-elle en me fixant durement.

Je n’en avais jamais pris conscience, et je ne pouvais pas croire qu’elle avait découvert mon indice, c’était encore plus terrifiant.

« Tu dois plaisanter », avais-je dit, toujours incrédule.

Son expression s’était adoucie.

« Oui, c’est vrai, » répondit-elle. « Tu n’as rien à dire. Mais tu as été surpris que je voie clair dans ton mensonge, n’est-ce pas ? »

Je m’étais raidi. Elle avait raison. J’étais tellement surpris que je n’ai même pas trouvé les mots pour répondre.

« Tu es devenue plus dure, Livia, » dit Anjie.

Noëlle fronça les sourcils. « Je ne suis pas sûre que “plus dur” soit le bon mot. Peut-être que “plus effrayante” serait plus juste. »

Même Luxon et Creare avaient chuchoté entre eux.

« Cela ne me surprend pas le moins du monde qu’elle ait vu clair dans sa fausseté », dit Luxon.

« Il a l’habitude de mentir souvent, n’est-ce pas ? » acquiesça Creare. « Ça facilite les choses. »

Livia avait ignoré les réactions de tous et s’était approchée, tendant les mains pour prendre mes joues. Elle appuya fort, ce qui fit plisser mes lèvres.

« W-Wibia ! » j’avais bafouillé.

« Tant de gens seraient dévastés si tu mourais », me déclara-t-elle. « Mais c’est moi qui aurais le cœur le plus brisé, parce que c’est toi que j’aime le plus. Plus qu’Anjie et Mlle Noëlle. Je peux te le promettre. » Elle relâcha mes joues, mais appuya son front sur ma poitrine. « Alors, s’il te plaît, fais tout ce qu’il faut pour rentrer à la maison avec nous. Je ne veux pas vivre dans un monde sans toi. Ce serait trop douloureux. »

Je savais qu’elle pleurait déjà, alors je l’avais prise dans mes bras. Au même moment, la porte du pont s’était ouverte sur une voix familière.

« Wôw. — Je n’arrive pas à croire que vous avez vraiment déplacé l’Arbre sacré sur le bateau, » s’exclama Carla.

Kyle s’arrêta derrière elle, portant leurs bagages. « Hum, bonjour », a-t-il dit maladroitement, réalisant le mauvais moment qu’il avait choisi lorsqu’il aperçut Livia dans mes bras. Il détourna les yeux, ne sachant pas où regarder.

Marie arriva derrière eux, équipée des reliques de la Sainte.

« Ne restez pas au milieu de la porte », aboya-t-elle à ses deux disciples.

« Allez-y, entrez. Je ne peux pas entrer tant que vous n’avez pas — ! »

Ses yeux s’étaient finalement posés sur Livia et moi.

« Oh, euh, ah ah ah… On dirait qu’on a interrompu quelque chose. » Elle tendit le bras vers l’avant et attrapa l’arrière des chemises de Carla et de Kyle, puis les entraîna dans le couloir en claquant la porte derrière eux.

À ce moment-là, l’ambiance était déjà gâchée.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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