Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 13 – Chapitre 22 – Partie 3

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Chapitre 22 : Au revoir

Partie 3

Une unité mobile sphérique semblable à Luxon entra dans la pièce. Son corps était d’un noir beaucoup plus foncé que celui de Luxon et comportait une lentille rouge en son centre.

« Je ne sais pas comment cela s’est passé, mais il a subi une réinitialisation d’usine. Nous n’avons pas réussi à récupérer ses données. Il est revenu à l’état dans lequel il se trouvait lorsqu’il a reçu l’ordre de mise en veille. Il est comme un nouveau-né, en fait », expliqua Creare. « Je t’ai déjà enregistré comme son maître, mais c’est quand même très frustrant que cela soit arrivé. En plus, » ajouta-t-elle, « il ne m’écoute pas ! »

La nouvelle apparence de l’unité mobile, combinée à l’explication de Creare, me disait tout ce que j’avais besoin de savoir. Il l’a vraiment fait. Il s’est sacrifié pour me sauver. Mais il a laissé son corps principal derrière lui pour continuer à me servir.

J’avais levé la main vers le nouveau… Luxon, faute de mieux pour le moment.

Il se rapprocha de moi avec empressement : « C’est un plaisir de faire votre connaissance, Maître ! Je suis un vaisseau migrateur conçu pour aider l’humanité à évacuer vers les étoiles. Je m’appelle Lux — ! »

 

 

Je ne pouvais pas le laisser s’appeler ainsi. Le vrai Luxon se trouvait de l’autre côté, attendant mon éventuel retour. Ce serait une confusion de les appeler par le même nom. Je devais donc appeler ce Luxon différemment, par respect pour l’original et pour la nouvelle IA qui serait mon partenaire à partir de maintenant.

« Désolé, » l’ai-je interrompu, « mais je change ton nom. »

« Très bien. Quel sera donc mon nouveau nom ? — Oh, je suis un peu nerveux à ce sujet, même si je suis une machine ! »

Il était beaucoup plus joyeux et extraverti que Luxon, mais tout aussi sérieux et engagé. Pourtant, les plaisanteries et les coups de gueule de Luxon me manquaient.

« Voyons… Élysium ? — Oui, tu seras Élysium. C’est un joli nom, n’est-ce pas ? »

Il rebondit dans les airs, fou de joie : « C’est donc Élysium. Je l’ai enregistré ! Même si je ne suis pas sûr d’être mignon. En tant qu’IA, je n’ai aucune notion de genre. Voulez-vous que je vous serve en tant qu’IA féminine ? Si c’est le cas, je vais devoir effectuer d’importantes modifications sur mon unité mobile ! »

Je l’avais attrapé pour mettre fin à son bavardage.

« Ce n’est pas la peine. Tu es très bien comme tu es. »

Creare me regardait.

« Maître, tu étais déjà au courant ? »

Je n’avais rien dit, mais cela avait suffi pour qu’elle fasse le rapprochement.

« C’est donc le cas. »

Toujours pris dans mon étreinte, Élysium leva les yeux vers moi.

« Maître, vous semblez pleurer. Est-ce que vous souffrez ? »

J’avais essuyé les larmes. « C’est juste parce que j’étais immergé dans ce liquide jusqu’à présent. C’est tout. Quoi qu’il en soit, viens. Il faut qu’on aille dire à tout le monde que je suis debout. »

Mon corps se semblait incroyablement lourd après trois mois d’inactivité. Endurant la douleur, je parvins à me lever pendant que Creare me tendit une blouse d’hôpital. J’avais passé les manches sur mes bras et j’avais attaché la blouse autour de moi.

Désormais libre, Élysium vint se poser sur mon épaule droite, à l’endroit même qu’occupait Luxon.

« Pas là », lui avais-je dit. « Ta place est ici. » Je l’avais attrapé et je l’avais déplacé vers mon épaule gauche.

« Pourquoi ? » demanda-t-il, curieux.

Je ne pouvais pas lui dire la vérité — que l’autre place appartenait à quelqu’un d’autre, à mon ancien partenaire. Au lieu de cela, j’avais répondu : « Mon épaule gauche est un siège VIP spécial, juste pour toi. »

« D’accord ! Je garderai cela à l’esprit à l’avenir. Votre épaule gauche est ma place. » Il avait l’air ravi, ce qui m’amena à me demander si Luxon avait lui aussi été aussi innocent et enfantin lors de sa création. Je savais qu’il valait mieux ne jamais lui poser la question, car il ne m’aurait jamais donné de réponse claire. Néanmoins, c’était assez divertissant, même si le sarcasme de Luxon me manquait cruellement.

Alors que j’avançais en titubant, la porte s’était ouverte avec force et Anjie, Livia et Noëlle avaient fait irruption dans la pièce. Elles avaient toutes l’air d’avoir perdu beaucoup de poids depuis la dernière fois que je les avais vues.

Chacune fondit en larmes dès qu’elle me vit. Elles sautèrent dans mes bras et me serrèrent fort.

« Désolé », avais-je dit. « Je ne me suis pas réveillé. »

Anjie leva les yeux vers moi : « Ne nous inquiète plus jamais comme ça. Je suis… Je suis sans espoir sans toi. J’ai attendu… J’ai attendu tout ce temps que tu reviennes ! »

Livia avait enfoui son visage dans mon épaule, mais elle releva lentement les yeux pour me regarder. Des larmes coulaient sur ses joues.

« Je l’ai tellement regretté après que tu nous aies poussées à travers le portail, monsieur Léon, » dit-elle. « Je n’arrêtais pas de penser que tout aurait été différent si je n’avais pas lâché ta main. Pendant tout ce temps, pendant tout le temps où tu dormais, je m’en suis voulu. » Sa voix était chargée de colère, de tristesse et d’un mélange complexe d’autres émotions.

« Je suis désolé. Je ne te laisserai plus jamais partir comme ça. »

« C’est une promesse, et tu ferais mieux de la tenir cette fois-ci », dit-elle.

Ouf. Elle n’a vraiment pas confiance en moi, n’est-ce pas ?

Noëlle me regarda avec des yeux rouges et gonflés : « Imbécile. Espèce de gros nigaud, Léon ! Tu es le plus grand crétin du monde. »

« Je sais. Je sais, crois-moi », répondis-je.

Alors que les trois m’agrippaient en pleurant, Marie et Julian entrèrent dans la pièce.

« Grand frère ! »

« Beau-frère ! »

« Mais qu’est-ce qui se passe ? » En m’appelant ainsi, Julian gâcha ce qui aurait dû être un moment sentimental.

« Tu ne pourrais pas être un peu plus prévenant ? » grommelai-je en poussant un soupir dramatique.

Marie serra ses petits poings : « C’est de ta faute si tu as causé tant d’ennuis à tout le monde ! » répliqua-t-elle. « As-tu la moindre idée de la façon dont je… Espèce de crétin ! » Une fois qu’elle eut fini de me hurler dessus, elle s’effondra en sanglots.

Tu ne peux pas décider si tu es en colère ou triste ?

Julian se mit à pleurer lui aussi.

« Pourquoi pleures-tu ? Les larmes d’un mec ne me font rien », répondis-je.

« Voilà le Léon que nous connaissons tous. Je suis soulagé. » Il me fit un grand sourire. Je ne comprenais pas pourquoi il avait l’air si heureux.

« Très bien, très bien. » La voix de Creare retentit suffisamment fort pour attirer l’attention de tous. « Laissez le maître se reposer un peu. Les autres, préparez-vous pour la cérémonie. Nos plans ont été sérieusement retardés, nous devons donc nous remettre sur les rails. »

Mon absence avait apparemment mis le feu aux poudres.

« Désolé », dis-je. « C’est quoi cette cérémonie ? »

« C’est le couronnement », dit Creare, comme si je devais déjà le savoir. « Ton maître bien-aimé t’attend. »

« Le couronnement ? » demandai-je, confus.

« Oui. Roland s’est retiré, le nouveau roi doit donc monter sur le trône. »

Ah, c’est vrai. Je suis presque sûr d’avoir entendu parler de cela avant le début de la guerre avec l’Empire. Ou peut-être pas. Quoi qu’il en soit, peu importe. Le maître devait probablement devenir le nouveau roi, puisqu’il faisait partie de la famille royale. Sinon, pourquoi Creare aurait-elle tenu à le mentionner ? Personne d’autre ne pouvait faire le travail. Julian et Jake étaient hors de question, et les autres princes étaient trop jeunes. Elijah était apparenté à la famille royale, mais je ne l’imaginais pas sur le trône. Tout le monde soutiendrait sûrement la revendication du maître, c’est donc logique.

La seule chose que je n’aimais pas dans la situation, c’est que son couronnement nous empêcherait de prendre le thé tous les deux. Mais c’est mon seul vrai reproche.

Anjie essuya les larmes de ses yeux gonflés et me sourit : « C’est vrai. Repose-toi, Léon. Nous allons tout préparer. »

« Oui, ça a l’air super. C’est quand même difficile de se déplacer. » J’avais mis mon corps à rude épreuve pendant la guerre. Toutes mes blessures extérieures avaient guéri, mais je n’avais aucune idée de l’ampleur des dégâts subis par mes organes.

Livia leva les yeux vers moi : « Nous ferons de notre mieux pour continuer à te soutenir, monsieur Léon. »

« Hein ? — Oh, euh, merci, » dis-je maladroitement, un peu gêné. Je ferai tout mon possible pour soutenir mon maître. Un roi digne de ce nom serait une amélioration par rapport à Roland; j’aurais beaucoup plus de plaisir à servir le Maître.

Noëlle essuya ses larmes avec sa manche et m’adressa un regard pétillant :

« Tu sais, je ne m’attendais pas à ce que tu acceptes ça si facilement. Tu es vraiment, vraiment déterminé. »

« Déterminé ? À quoi ? »

 

☆☆☆

Attends. Personne ne m’en a parlé.

La salle d’audience du palais avait été décorée dans un style simple et élégant pour l’occasion. L’atmosphère qui s’en dégage était bien différente de celle qui régnait auparavant. La guerre avec l’Empire venait à peine de se terminer et les caisses royales n’étaient pas encore suffisamment remplies pour permettre une telle opulence.

Ce n’est cependant pas ce qui me chiffonnait.

Les dirigeants des nations étrangères du monde entier étaient réunis pour assister à ce couronnement. Vordenoit avait même envoyé un émissaire. Il s’était passé beaucoup de choses pendant que j’étais inconscient.

Mais ce n’était ni l’un ni l’autre. Nous devions mettre un terme à tout cela. Il y a beaucoup trop de monde ici, n’est-ce pas ? Il y avait des participants de Vordenoit, d’Alzer et d’autres pays que je ne reconnaissais pas. Attends, non. Le nombre de participants n’a pas d’importance non plus !

Pourquoi m’a-t-on couronné roi ?

J’avais repéré Roland dans la foule. Il avait grimpé les marches pour remettre sa couronne, puis il avait rapidement battu en retraite. J’avais eu envie d’arracher la couronne de ma tête pour la lui jeter à la figure. C’était ma cérémonie de couronnement !

« Cela n’a aucun sens », dis-je, tout mon corps tremblant. « Personne ne m’a rien dit à ce sujet. »

Tout le monde m’avait accepté comme le nouveau roi, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Est-ce que je rêvais ? Tout cela n’était-il qu’une hallucination, imaginée alors que j’étais encore dans le coma, dans cette capsule ? J’avais envisagé cette possibilité un moment, mais j’avais dû m’en défaire. Il est inutile d’essayer d’échapper à la réalité. Je devais garder la tête froide pour clarifier la situation.

« La plupart du temps, tout ce que vous avez à faire, c’est de rester calme et d’observer », me chuchota une voix à l’oreille.

Je m’étais retourné et j’avais vu le Maître debout. Il avait l’air bien plus apte à jouer ce rôle que moi.

« Ce n’est pas à moi de faire ça, mais à vous », lui avais-je murmuré.

Son sourire s’était affaibli.

« Vous avez un étrange sens de l’humour, Votre Majesté. Quel intérêt y aurait-il pour un vieillard comme moi de monter sur le trône ? Vous avez la force, la lignée et une liste de réalisations que tout le monde respecte. Il est bien plus logique qu’un jeune comme vous nous conduise vers une nouvelle ère. »

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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