Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 13 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Ceux qui sont déployés

De retour à la capitale, je m’étais dirigé directement vers le palais, qui fourmillait déjà d’activité. Tout le monde s’affairait à s’assurer que nous disposions de toutes les fournitures dont notre flotte avait besoin. Pour les représentants du gouvernement, ce moment était le point culminant de leur combat. Je savais qu’ils seraient tout aussi débordés une fois la guerre terminée, mais ils devraient traverser ce pont quand ils y arriveraient.

Je discutais avec Luxon alors que nous avancions dans un couloir.

« Nous aurions peut-être dû envoyer quelques IA pour les aider », avais-je dit. « Cela aurait réduit la charge de travail des fonctionnaires ici. »

« Nous n’avons pas de ressources supplémentaires à consacrer à cela », répondit froidement Luxon. « Ils doivent simplement faire avec ce qu’ils peuvent. Leurs efforts nous ont donné un surplus de 80 % de main-d’œuvre à dépenser ailleurs. »

« On dirait que tu veux juste faire travailler les humains jusqu’à l’os. »

« Un sacrifice nécessaire pour notre victoire », me rappela Luxon. « De plus, c’est leur travail. Ils doivent apprendre à gérer autant de choses par eux-mêmes. »

Luxon avait l’habitude de plaisanter, mais prenait cela au sérieux. C’était donc agréable de sa part, car je n’avais pas besoin de marcher sur des œufs. C’était presque comme si nous étions de vieux amis qui se connaissaient depuis des décennies. Je n’avais pas pu m’empêcher de sourire à cette idée.

Alors que nous marchions, quelqu’un nous remarqua et se précipita vers moi. C’était Mlle Louise, de la République d’Alzer.

« Tu es enfin de retour », déclara-t-elle en plantant ses mains sur ses hanches, un peu fâchée. Elle se calma aussitôt, son sourire se dessinant sur ses lèvres alors qu’elle observait mon visage.

« Ça fait bizarre que tu sois là pour me souhaiter la bienvenue », lui répondis-je. Après tout, Mlle Louise était une princesse étrangère. Cependant, le fait que quelqu’un que je connaissais m’accueille ici était rassurant.

Mlle Louise haussa les épaules : « Eh bien, malheureusement, je n’ai rien de mieux à faire. Je ne peux pas aider aux basses besognes, alors je me suis installée dans une position d’otage de Hohlfahrt. »

« Otage ? » m’écriai-je.

« Pas du tout. »

Nous avions demandé à la République d’Alzer de nous aider dans cette guerre. Il était inconcevable que nous prenions ensuite un otage contre eux.

Elle me fit un sourire :

« C’est une question d’optique pour votre aristocratie. Beaucoup d’entre eux ont du mal à accepter l’aide de soldats étrangers. C’était la suggestion de Dame Mylène, et j’ai accepté avec joie. »

« Vraiment ? Est-ce Mlle Mylène qui a fait cette suggestion ? »

Les bords de ma bouche se rétractèrent en un sourire à la mention de son nom.

Mlle Louise n’était pas très contente.

« J’ai entendu dire que tu avais le béguin pour elle. Est-ce vrai ? »

« Pas question », dis-je en riant étrangement, en essayant de jouer la comédie. « Il y a un mur infranchissable entre nous deux. »

Mlle Louise me jeta un regard dur qui indiquait qu’elle ne me croyait pas du tout.

« Eh bien, ce n’est pas grave. Tes fiancées sont en train de préparer la Licorne pour la bataille à venir. Je pense qu’elles reviendront probablement dans quelques heures. »

J’avais jeté un coup d’œil à Luxon. Sa lentille bougea de haut en bas, indiquant que Mlle Louise avait raison.

« Dans ce cas, je suppose que nous avons du temps devant nous. Peut-être devrions-nous nous concentrer sur la conclusion d’autres travaux d’abord. »

« Dans ce cas, » interrompit Louise, « pourquoi ne pas aller saluer le duc d’abord ? »

« Le duc ? Ah oui, c’est vrai. »

 

☆☆☆

Mlle Louise m’avait persuadé de me rendre directement au bureau du maître. Quand j’y étais entré, j’avais vu des piles de paperasse à l’intérieur. Le maître était visiblement épuisé, mais n’en était pas moins élégant. Nous étions tous les deux assis l’un en face de l’autre, profitant de l’odeur du thé fraîchement infusé. Il était difficile d’en profiter pleinement en raison de l’odeur épaisse de papier et d’encre qui imprégnait l’air, mais c’était assez agréable.

« J’ai été surpris d’apprendre que vous étiez en fait un duc et l’oncle de ce bâtard de Roland », lui dis-je.

Le maître me sourit en s’excusant et redressa sa posture : « J’ai abandonné mon statut et mon deuxième prénom pour devenir professeur à l’académie, afin de pouvoir veiller sur le royaume. Ce n’était pas une histoire que j’estimais devoir répandre. Mais maintenant, vu la façon dont tout s’est déroulé, je ne peux que m’excuser auprès de vous pour toute cette histoire. » Il inclina la tête.

« S’il vous plaît, ne vous inquiétez pas pour ça ! » lui dis-je rapidement. « Je comprends tout à fait. Vous aviez vos propres raisons de faire ça. De toute façon, vous nous aidez maintenant. »

Je lui adressai un sourire, ce qui le laissa perplexe un instant. Puis il commença à sourire à son tour.

« Si c’est dans mes cordes, je suis heureux d’aider la jeune génération autant que je le peux. Je regrette d’avoir fui mes devoirs auparavant, et je ne le ferai plus. »

Le Maître parla avec autodérision, mais son expression était plutôt joyeuse.

« Maître… »

Un silence confortable s’installa entre nous deux.

Incapable de supporter ce silence longtemps, Mylène commença à se racler la gorge : « Hum ! Hmm ! Pourriez-vous tous les deux ne pas ignorer ma présence ? C’est un peu — vraiment un tout petit peu — isolant. » Ses yeux brillaient de larmes.

Devant ses protestations, nous lui avions adressé des sourires gênés et tourné notre attention vers elle.

« Mlle Mylène, vous vous êtes vraiment surpassée pour nous soutenir une fois de plus. Anjie m’a dit que vous étiez restée à ses côtés pour l’aider tout ce temps. Je ne saurais trop vous remercier. »

Ses joues s’étaient colorées et elle avait souri : « Oh, c’est bon. Après tout, Anjie est toujours mon élève. J’ai pensé que c’était une bonne occasion de conclure son éducation. »

« Oui ? »

Cela me sembla étrange qu’elle parle de terminer les études d’Anjie. Mais avant que je n’aie le temps de lui demander ce qu’elle entendait par là, mon regard fut attiré par l’apparence de Mylène. Elle avait manifestement été occupée, car des taches d’encre délavées collaient encore à ses doigts. J’avais également remarqué de légers cernes sous ses yeux, à peine dissimulés par son maquillage. Mon cœur se serra en voyant à quel point elle s’était surmenée.

Quelques minutes plus tôt, Luxon avait insisté sur le fait que tout le monde au palais devait se débrouiller et j’étais d’accord avec lui. Ce n’est qu’en voyant Mylène, visiblement poussée dans ses derniers retranchements, que je réalisais à quel point j’avais manqué de perspicacité. Le plus pathétique, c’est que je ne pouvais même pas lui dire quelque chose d’intelligent à ce sujet.

Mlle Mylène me regarda fixement dans les yeux : « Laissez-moi vous dire ceci à propos de la bataille à venir : si nous ne gagnons pas, il n’y aura pas de seconde chance. »

« Sa Majesté,… je veux dire Lady Mylène, a tout à fait raison », déclara le maître. Il s’arrêta brièvement pour se corriger, je ne savais pas trop pourquoi.

« Nous allons utiliser toutes nos réserves et nos provisions pour cette bataille. Il en restera peut-être un peu, mais pas assez pour que nous puissions nous permettre une revanche contre l’Empire. J’espère que vous garderez cela à l’esprit. »

Notre pays était déjà épuisé par des guerres incessantes. Mlle Mylène avait raison de dire qu’il n’y aurait pas de seconde chance. En effet, comme l’a souligné le Maître, nous n’aurions pas assez de provisions pour tenter une telle chose, même si nous le voulions. Si nous perdions, ce serait la fin. L’Empire nous écraserait.

« C’est très bien », avais-je dit en buvant une gorgée du thé que le Maître m’avait préparé. « J’avais prévu que ce serait notre dernière bataille de toute façon. Il ne m’est même pas venu à l’esprit que nous aurions une autre chance. »

Mlle Mylène et le Maître échangèrent des regards inquiets.

Je devinais déjà ce qu’ils allaient me demander et je m’étais levé de mon siège :

« Votre thé est absolument incroyable, Maître. Merci de me laisser en déguster une tasse avant que nous ne partions. »

Le maître baissa les yeux.

« J’ai seulement honte que ce soit le mieux que je puisse offrir à un ami qui s’apprête à marcher vers une mort probable. »

J’étais heureux qu’il ait assez d’estime pour moi pour m’appeler un ami.

« Non. » J’avais secoué la tête. « C’est le meilleur départ que vous pouviez me donner. »

Mlle Mylène se leva de sa chaise, serrant fortement ses mains en me faisant face : « Je prie pour que vous ayez de la chance sur le champ de bataille. »

Mon cœur se hérissa de culpabilité devant la sincérité avec laquelle elle prononça ces mots. Pour cacher mes émotions, j’avais débité le même genre de bêtises légères que je faisais toujours dans ce genre de situation : « Si vous priez pour moi, le ciel pourrait bien me bénir sur le terrain. »

« Je vois que vous êtes toujours le même, à faire des blagues. » Elle fronça les sourcils, comme si elle souhaitait que je prenne cela plus au sérieux, ce qui la rendit d’autant plus adorable.

« C’est tout simplement ce que je suis. Aussi… » Les mots suivants quittèrent ma bouche avant que je n’aie eu le temps d’y réfléchir : « Je vous aime, Mlle Mylène. »

« Qu… » Le sang lui monta aux joues.

Je me félicitai d’avoir pris le dessus sur elle.

« Monsieur Léon ! » s’exclama le maître, les yeux écarquillés. « Vous êtes vraiment — »

« Oh, bien sûr que je vous aime aussi, Maître. Je ne vous remercierai jamais assez de m’avoir montré à quel point le thé est incroyable. »

Rester ici devenait gênant; ma petite plaisanterie les avait probablement ennuyés tous les deux. Je m’étais précipité hors de la pièce, impatient d’aller ailleurs. Avant de partir complètement, je leur jetai un coup d’œil par-dessus mon épaule et leur déclara : « Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. Je vous suis très reconnaissant, tous les deux. »

Le maître m’avait aidé à développer une véritable appréciation de l’art du thé. Et puis il y avait Mylène, qui, bien qu’elle soit une adulte mûre, avait encore un petit côté enfantin adorable. Ces deux-là avaient fait tellement pour moi que je voulais qu’ils sachent à quel point cela avait été important pour moi avant que je ne prenne la route.

Luxon, qui était resté silencieux jusqu’alors, m’avait suivi de près en me prenant par l’épaule lorsque je fit un pas dans le couloir.

 

 

« “Je t’aime” était une déclaration assez forte à faire, » a-t-il observé.

« L’amour se présente sous toutes les formes », avais-je expliqué. « L’amour respectueux, l’amour platonique… »

« Si tu dois passer du temps à discuter d’amour, pourquoi ne pas le faire en priorité avec tes trois fiancées ? »

J’avais reniflé à sa suggestion :

« Tu ne crois pas que “Je t’aime” ressemblerait à une blague venant de moi ? »

« Tu as donc l’intention de ne pas leur exprimer tes sentiments simplement parce que tu penses qu’ils pourraient mal te comprendre ? Il me semble que tu devrais leur professer ton amour plus régulièrement. Tu ne te retrouverais pas dans une telle situation », déclara-t-il.

« J’ai l’impression que les mots perdent leur sens si tu les répètes sans cesse. »

Quoi ? Tu veux que je me transforme en Roland ?

J’imaginais notre roi, coureur de jupons, toujours en train de murmurer des mots doux à la fille qui lui plaisait. Par chance, je l’ai croisé dans le couloir. Il était distrait par l’une des femmes qui travaillaient au palais. Ils parlaient et souriaient tous les deux.

Il était en train de la draguer.

« Notre roi est-il vraiment dehors en train de flirter alors que tout le monde est plongé dans le travail jusqu’au cou ? » avais-je grommelé bruyamment.

La femme qui l’accompagnait s’arrêta et se tourna vers moi. Pendant un moment, elle sembla déconcertée.

Y a-t-il quelque chose sur mon visage ? J’avais tapoté mes joues pour m’en assurer, mais je n’avais rien trouvé.

Roland se pencha, murmura quelque chose à l’oreille de la femme, puis la renvoya chez elle. Je m’attendais à ce qu’il me lance ses insultes habituelles, mais à ma grande surprise, il déclara : « Ah, le héros de notre royaume. Quel soulagement de te voir enfin de retour. Mylène s’est terriblement inquiétée pour toi. »

« Tu me donnes la chair de poule. » J’avais reculé d’un pas, grimaçant devant la politesse dont il faisait preuve.

Il fronça les sourcils, comme s’il était offensé.

« J’essayais seulement d’être prévenant. Quelle que soit l’opinion que tu puisses avoir de moi, même moi je me sens mal à l’aise devant l’ampleur du fardeau que je t’ai imposé cette fois-ci. »

« Si tu te sens mal, travaille plus dur. Tout le monde se débrouille pour faire avancer les choses, et toi, tu passes ton temps à essayer d’attraper des femmes. C’est dégoûtant », avais-je dit.

Luxon frémit et fit un bruit comme s’il soupirait après moi. Puis, comme si cela ne suffisait pas, il bougea son œil d’un côté à l’autre, comme s’il secouait la tête : « Après la façon dont tu as agi tout à l’heure avec Mylène, tu n’as rien pour ta défense. »

« Pourquoi ? » J’avais penché la tête, véritablement confus.

Roland me fixait solennellement, ce qui était rare de sa part. Il n’avait jamais affiché cette expression dans la salle d’audience lors de nos interactions officielles. On aurait presque dit qu’il s’inquiétait pour moi.

« Je n’ai plus aucune sagesse à donner à ce stade », déclara-t-il. « Mais en tant que ton prédécesseur, permets-moi de te donner un petit conseil : tu as l’habitude d’assumer plus de responsabilités que nécessaire. »

J’avais froncé un sourcil.

« Tu me donnes des conseils ? As-tu perdu la tête ? »

« Arrête d’être mesquin. Je suis sérieux », s’emporta Roland.

J’avais fermé la bouche.

« Tu dois te détendre un peu plus », poursuivit-il. « S’appuyer sur Anjelica comme je me suis appuyé sur Mylène serait un bon début. Sinon, toutes les choses que tu essaies d’endosser deviendront si lourdes qu’elles t’écraseront sous leur poids. »

Son inquiétude me laissa pantois, mais je ne pouvais pas laisser son « conseil » sans réagir : « Je dirais que tu dois être beaucoup plus responsable. »

« Tu es toujours le même. Tu n’es pas content si tu ne peux pas mettre un barbillon, hein, sale gosse ? »

Je n’allais pas prendre la peine d’appeler Roland « Votre Majesté » à ce stade, ni de m’adresser à lui avec un langage fleuri et poli. Je le traitais comme n’importe qui d’autre. Il n’avait pas pris la peine de me faire de reproches, du moins sur ce point. On aurait dit qu’à sa manière, il essayait de prendre soin de moi.

« Je te laisse le reste. Ne meurs pas là-bas morveux. »

Roland se retourna et s’éloigna, me laissant avec ces derniers mots.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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