Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 13 – Chapitre 16

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Chapitre 16 : La vengeance

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Chapitre 16 : La vengeance

Partie 1

Tout le monde dans la salle de commande regardait sur le moniteur la dissolution de Brave. Mia avait les yeux écarquillés et sa respiration était irrégulière.

« Monsieur… le Chevalier ? » croassa-t-elle d’une voix creuse.

Elle ne comprenait pas ce qu’elle venait de voir. Cela ressemblait à un horrible cauchemar.

Elle se couvrit la tête de ses mains, ses cheveux s’emmêlant autour de ses doigts.

« Ce n’est pas possible », dit-elle, de grosses larmes coulant rapidement sur ses joues.

« Ce n’est pas possible. Ce n’est pas possible ! »

Finn avait toujours été si gentil avec elle, il l’avait toujours protégée. Mais Arroganz l’avait tué, un fait qu’elle avait du mal à accepter.

Moritz la regarda tristement, sans prononcer un mot, puis se tourna vers le moniteur : « Notre chevalier le plus fort est tombé. »

Les autres personnes présentes dans la salle de commandement avaient l’air dévastées. Ils avaient compté sur Finn pour vaincre le chevalier-ordure, mais il avait été vaincu. Les autres chevaliers démoniaques de haut rang avaient également perdu la vie dans la bataille. Pire encore, le réacteur d’Arcadia avait été détruit. Il n’y avait pratiquement aucun moyen de s’en remettre.

Arcadia jeta un coup d’œil à Mia, puis tourna son œil injecté de sang vers Moritz :

« Ça ne peut pas se terminer comme ça. Je ne l’accepterai pas. »

Même avec toutes leurs pertes et toutes les chances contre eux, il ne reculerait pas.

Moritz secoua la tête, l’air hanté.

« C’est fini. Nous avons perdu. Il est inutile de les combattre maintenant. »

« Nous n’avons pas perdu ! » lui cria Arcadia. « Sous les vagues, pendant toutes ces années, je n’ai rêvé que de détruire ces machines immondes et d’anéantir l’humanité en même temps qu’elles ! Tu ne peux pas imaginer le temps que j’ai passé là-dessous — assez longtemps pour que n’importe qui perde la tête ! Quoi qu’il en soit, il nous reste encore un peu d’espoir. »

Son regard se tourna à nouveau vers Mia, qui s’était effondrée en larmes sur le sol.

Moritz étouffa un rire moqueur à l’égard d’Arcadia : leur défaite était inévitable.

« Ta forteresse est en train de sombrer. Je doute qu’elle revoie un jour le monde au-dessus des vagues. »

« Alors, je n’aurai qu’à absorber toute l’essence démoniaque qui s’échappe et à détruire complètement l’endroit que ces minables appellent leur maison ! Tant que j’aurai la princesse avec moi, nous serons victorieux. Il est impossible que nous tombions face à eux. »

Toutes les personnes présentes dans la salle retenaient leur souffle, choquées par le plan d’Arcadia. Le fait qu’il veuille à tout prix faire triompher la nouvelle humanité avait éveillé les soupçons de Moritz.

« Si tu ruines la planète, il n’y aura plus d’avenir pour l’Empire », lui rappela-t-il.

« L’empire ? » La bouche d’Arcadia se rétrécit en un sourire en forme de croissant. « Je ne me suis jamais intéressé à ton empire ou à son peuple. »

« Quoi !? Tu nous as dit que tu nous aiderais à gagner cette guerre ! Que nous devions nous battre pour protéger nos citoyens ! »

Arcadia le regarda sans intérêt :

« Vous n’êtes que des spécimens impurs. Le seul véritable membre de la nouvelle humanité parmi vous est la princesse. Quoi qu’il en soit, je ne vous ai jamais menti. Ce que j’ai dit sur le fait que le monde serait en sécurité pour vous si l’Empire gagnait était vrai. Mais maintenant qu’on en est arrivé là… »

Moritz resta bouche bée. Il avait du mal à croire ce qu’il entendait. L’empire était insignifiant aux yeux de l’Arcadia.

« Es-tu en train de dire que tu m’as trompé ? Que tu m’as poussé à tuer mon propre père ? »

« Oui, on peut dire ça. Malheureusement, tu as été bien moins utile que je ne l’espérais », répondit Arcadia.

Moritz grinça des dents et fronça les sourcils. Il arracha son épée et se jeta sur Arcadia : « Espèce de monstre ! »

« C’est donc ce que tu ressens vraiment. Je suis content que nous ayons clarifié la situation. »

La lame de Moritz n’avait pas atteint sa cible. La magie d’Arcadia le repoussa en arrière et il s’écroula contre un mur. Il s’effondra peu de temps après.

La salle de commandement était plongée dans le chaos. Les soldats se précipitèrent au secours de leur empereur, puis tournèrent leurs armes vers Arcadia : « Protégez Sa Majesté impériale ! »

La magie d’Arcadia les repoussa facilement. Une fois qu’ils furent suffisamment neutralisés, il se dirigea vers Mia, qui sanglotait toujours sur le sol.

« Princesse, je suis vraiment désolé. J’aurais dû pouvoir empêcher cela, mais au lieu de cela, l’armée royale nous a envahis. Quoi qu’il en soit, nous devons vous mettre en sécurité. »

Alors qu’il s’était montré froid et insensible avec Moritz et les autres soldats impériaux, Arcadia était incroyablement gentil et attentionné avec Mia. Il la considérait comme sa maîtresse, digne de recevoir la priorité sur tout le reste, depuis qu’elle s’était réveillée en tant que membre à part entière de la nouvelle humanité.

Les autres créatures démoniaques présentes dans la pièce l’encerclèrent, partageant le désir d’Arcadia de l’emmener loin du champ de bataille dangereux.

Mia, les larmes aux yeux, se leva d’un bond. Son regard se posa sur l’écran verrouillé sur Arroganz. Elle le vit arracher l’épée longue de Finn du pont de la forteresse.

Ses yeux se sont assombris, toute lumière s’est éteinte.

« Arcadia », dit-elle.

« Oui, Votre Altesse Impériale ? »

Mia le regarda droit dans les yeux. Elle laissa la haine qui grandissait en elle prendre le dessus, écrasant toutes les autres pensées et sentiments.

« Aide-moi à venger Monsieur le Chevalier. »

« Quoi ? — Mais il faut qu’on vous emmène loin d’ici. »

« Non ! Ce n’est pas ce que je veux ! » hurla Mia, déclenchant une onde de choc qui déchira la salle de commandement et laissa une grande fissure dans le moniteur fixé au mur. Seuls les vrais membres de la Nouvelle Humanité pouvaient exercer un tel pouvoir.

Sentant que Mia avait libéré tout son potentiel, Arcadia inclina la tête avec soumission : « Comme vous le souhaitez. Mais je dois vous demander si vous êtes certaine de ce que vous faites. »

« Oui. Tant que je peux le venger, je me fiche de ce qui va m’arriver. »

« Ne fais pas ça ! » s’écrie Moritz, qui avait repris connaissance pendant qu’Arcadia et Mia parlaient. « La guerre est déjà finie ! — Si tu continues — ! »

« Ce n’est pas fini ! » répliqua Mia, les larmes coulant à nouveau. Elle lança un regard à Moritz, le visage empli par la colère.

« Pas encore. Ce n’est pas fini tant que je n’ai pas pris ma revanche. Je vais faire souffrir ce meurtrier de la même façon que j’ai souffert. » Elle se serra la poitrine comme si la douleur était trop forte.

« Faites-moi confiance, je vais m’occuper de tout. »

La mâchoire d’Arcadia s’ouvrit en grand et il avala Mia tout entière. Elle ne se débattit même pas.

Moritz secoua la tête, incrédule.

« Qu’est-ce que tu fais ? »

Après avoir absorbé Mia, Arcadia engloutit également les autres créatures démoniaques. Son corps se gonfla, se dilatant si rapidement qu’il se fissura. Le haut du corps nu de Mia apparut à travers une fissure, s’élevant du nombril vers le haut; il était entièrement recouvert d’un revêtement argenté.

Elle ouvrit grand les bras. Une substance noire, semblable à du goudron, s’éleva dans l’air et pénétra dans le corps d’Arcadia, qui continua de grandir.

Mia n’a pas parlé. Au lieu de cela, la voix joyeuse d’Arcadia résonna dans l’air : « Princesse, ensemble, nous détruirons les descendants de la vieille humanité ! »

La silhouette de Mia ressemblait à une sculpture d’argent. Quand elle ouvrit les yeux, ils brillèrent d’un éclat rouge rubis. Arcadia et elle traversèrent le plafond. Incapable d’intervenir, Moritz les regarda s’éloigner, impuissant.

« Je n’arrive pas à y croire. Qu’est-ce que j’ai fait ? » murmura-t-il.

 

 

Alors qu’il luttait contre son propre regret, sa canne roula sur le sol et vint heurter ses pieds. C’était la même canne que Carl avait tant aimé utiliser pendant son règne.

 

☆☆☆

Lorsque la destruction du réacteur d’Arcadia avait été annoncée, l’équipage de la Licorne avait célébré la victoire. Mais leur joie s’était vite estompée. Ils étaient tous abasourdis par ce qui se passait devant eux.

Noëlle avait été la première à se lever : « Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle en regardant par la fenêtre. Au début, sa voix était calme, mais elle s’était rapidement amplifiée.

La destruction du réacteur aurait dû mettre fin à la guerre, mais le combat se poursuivait. Aucun des deux camps n’avait reculé. Les Impériaux refusaient d’accepter la défaite et l’armée royale n’avait d’autre choix que de tenir bon sur le terrain. Ce n’est pas la seule chose qui avait alarmé les passagers de la Licorne. Un objet noir, barbelé et inquiétant s’était échappé de la forteresse. Sa forme était presque étoilée et sa taille ne cessait de s’agrandir; à ce stade, il mesurait plus de dix mètres.

Creare avait agrandi l’image sur leur moniteur.

« C’est le noyau d’Arcadia ! » Sa voix claqua dans la pièce comme un fouet.

« Il a absorbé Mia en lui ! »

Sa description était exacte. Le haut du corps de Mia dépassait du monstre en forme d’étoile, recouvert d’une couche d’argent et aux yeux rouges brillants.

Marie serra son bâton contre sa poitrine :

« Pourquoi absorberait-il Mia ? »

« Je n’ai pas les données nécessaires pour offrir une réponse, » déclara Creare.

« Mais c’est très mauvais. Nous avons peut-être détruit son réacteur, mais cela a provoqué un déversement d’essence démoniaque qui a multiplié les monstres de leur côté. »

De l’essence démoniaque continuait à s’échapper de l’endroit où se trouvait vraisemblablement le réacteur d’Arcadia. Elle se concentrait en amas, donnant forme aux monstres. La seule présence d’essence démoniaque en suspension dans l’air semblait attirer une foule de monstres supplémentaires, augmentant ainsi leur nombre total.

« Merde ! » s’exclama Creare en analysant les données reçues. « La situation est pire que je ne le pensais. Le noyau d’Arcadia — ou ce qu’il en reste — est ridiculement puissant. Il a absorbé une quantité folle d’essence démoniaque. Et vous n’allez pas le croire, il continue de grandir en absorbant des créatures et des fragments démoniaques. »

« Donne-nous des détails », demande Anjie. « Quelle est la force de cette chose ? »

« Je dirais plutôt qu’il est aussi puissant que le canon principal de l’Arcadia, qui tire en continu. »

Anjie resta bouche bée, les yeux écarquillés.

« Mais nous avons coulé sa forteresse ! Comment peut-il encore être aussi puissant ? »

« Il ne peut se battre que pendant un temps limité sous cette forme, contrairement à ce qui se passait lorsque sa forteresse fonctionnait », expliqua Creare. « Le problème, c’est qu’il peut se déchaîner jusqu’à utiliser la moindre parcelle de l’essence démoniaque qu’il a absorbée. »

Le réacteur avait été créé en solidifiant une énorme quantité d’essence démoniaque. Lorsqu’il avait été détruit, il avait commencé à laisser s’échapper toute cette essence dans l’air. Le noyau d’Arcadia en avait absorbé la plus grande partie. Cela lui conférait une puissance ridicule, qui, si l’analyse de Creare était correcte, se rapprochait de celle du canon principal de la forteresse, doté d’un potentiel de tir illimité. Ce serait cependant de courte durée; c’était comme une bougie qui s’enflamme avant de s’éteindre. L’Arcadia finira par manquer de carburant.

Pour couronner le tout, l’essence démoniaque qu’Arcadia n’avait pas absorbée continuait de générer des monstres sans fin. À ses côtés, ils pouvaient causer une destruction et une dévastation incalculables à l’armée royale.

Marie renifla, son regard se posant sur le sol. « Je croyais que c’était enfin terminé. »

Il semblait injuste que le noyau d’Arcadia ait en quelque sorte plus de pouvoir que la forteresse elle-même. Leur camp avait déjà perdu tous ses vaisseaux-boucliers, la plupart de ses vaisseaux spatiaux et plus de la moitié de son armée.

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Partie 2

Le noyau d’Arcadia continuait d’absorber tout ce qu’il pouvait, s’alimentant de plus en plus.

« Malheureusement, je ne sais pas si nous pouvons battre Arcadia avec les forces qui nous restent », déclara Creare en effectuant elle-même les calculs.

Des monstres encerclaient déjà la Licorne. Leurs alliés ripostèrent désespérément autant qu’ils le purent, mais les ennemis étaient trop nombreux. Les forces royales ne pouvaient pas les vaincre.

Anjie serra les dents.

« Est-ce qu’il n’y a vraiment rien d’autre que nous puissions faire ? Il doit bien y avoir quelque chose ! »

« Tout le monde, s’il vous plaît, aidez-moi du mieux que vous pouvez », déclara soudainement Livia en se redressant et en regardant droit devant elle.

Sa demande soudaine avait stupéfait tout le monde. Qu’est-ce qu’elle peut bien vouloir faire ?

Anjie était aussi surprise que les autres, mais elle avait entièrement confiance en Livia.

« Qu’est-ce que tu vas faire ? » demanda-t-elle.

Livia serra les mains tendues d’Anjie dans les siennes : « Mon pouvoir peut vaincre les monstres. »

Pendant leur première année à l’académie, alors qu’ils se trouvaient à bord du navire de la famille royale, les étranges pouvoirs de Livia avaient causé d’importants dégâts sur une énorme bête. Tout le monde comprit immédiatement à quoi elle faisait référence.

« Ah, tu veux faire ce que tu as fait contre la Principauté à l’époque ? » Anjie hocha la tête d’un air pensif. Elle jeta un regard interrogateur à Creare. « Si tu peux répéter ça, ça devrait marcher. »

« C’est possible », confirma Creare. « Nous avons l’appareil nécessaire à bord de la Licorne. Le plus gros problème, c’est la pression que cela va représenter pour toi, Liv. Tu ne pourras pas le faire seule, Anjie devra aussi donner un coup de main. Et bien sûr, Rie, j’attends de toi que tu assures leurs arrières. »

« Ne me traitez pas comme un pis-aller ! » gronda Marie. « Mais bien sûr, je vais vous aider. »

Anjie acquiesça : « Ça ne me dérange pas non plus de t’aider. » Elle regarda Noëlle.

« Oui, je me suis beaucoup reposée, » dit Noëlle avec assurance. « Je participerai aussi. »

« Merci à vous toutes », dit Livia. « Cleary, si tu veux bien, s’il te plaît ? »

Plusieurs images apparurent autour de Creare.

« Liv, tout repose sur toi. Nelly, tu vas réguler l’énergie de l’arbre sacré. Et Rie… fais de ton mieux avec les pouvoirs de la Sainte que tu as. »

Ce n’était pas une façon particulièrement agréable de le formuler, mais tout le monde l’avait laissée continuer.

« Anjie, tu soutiendras Liv. Assure-toi que cela ne la brise pas. »

« Bien sûr », répondit Anjie. « C’est tout ce que je peux faire. »

« Je t’ai dit que cela allait peser lourd sur Liv, n’est-ce pas ? Juste pour être clair, ton rôle est important. »

Anjie hocha la tête : « Je le sais. Quoi qu’il arrive, je la soutiendrais. »

« Cet ennemi est supérieur à tout ce que nous avons affronté lors de notre guerre contre la Principauté », leur rappela Creare. « Mais la Licorne est un vaisseau bien plus puissant, et nous avons l’Arbre Sacré qui nous fournit de l’énergie supplémentaire. J’attends de vous tous que vous apportiez votre contribution dans la mesure du possible. »

Tout le monde sur le vaisseau — y compris Yumeria, Kyle et Carla — avait hoché la tête.

« Bien. Alors, mettons ce truc en route. »

Lorsque l’opération commença, une faible lumière avait enveloppé le vaisseau. L’Arbre sacré s’était également mis à briller, alimentant le vaisseau en énergie.

Livia avait joint les mains comme pour prier, le regard fixé devant elle. « Merci à tous », déclara-t-elle encore, alors que son corps dégageait un rayonnement subtil.

Anjie l’entoura de ses bras.

« Je t’aiderai aussi », répéta-t-elle.

« Fais-le, Creare. »

« Laissez-moi juste cinq minutes », répondit Creare. « Je vous promets de vous apporter tout le soutien possible, mais j’ai besoin de ce temps pour tout préparer. Ce qui m’inquiète le plus, c’est que l’ennemi a déjà jeté son dévolu sur nous. »

Les monstres à l’extérieur avaient dû sentir que la Licorne se préparait à quelque chose, car une masse énorme d’entre eux avait foncé vers le vaisseau.

 

☆☆☆

Un immense objet en forme d’étoile avait transpercé le pont de l’Arcadia et était apparu au-dessus. Un œil grotesque trônait en son centre, identique à celui de toutes les créatures démoniaques. De son front — si l’on peut parler de front pour un tel être — dépassait la forme d’une jeune femme.

« Maître, la situation est encore plus dangereuse qu’avant », dit Luxon.

Respirer était un supplice absolu, mais j’avais réussi à tendre le cou pour observer le corps de Mia intégré à la forme grotesque d’Arcadia. Elle était recouverte d’une pellicule argentée, ses yeux étaient comme des rubis et elle était entièrement nue.

« Waouh, Mia. Tu montres beaucoup de peau », dis-je en rassemblant toute ma volonté pour plaisanter. « Finn aurait le cœur brisé. » J’avais eu une quinte de toux et du sang avait coulé de ma bouche à nouveau.

« Comment oses-tu tuer Monsieur le Chevalier ! » hurla Mia, ses yeux rubis braqués sur moi. Elle n’était pas du tout comme je me souvenais.

Les pointes acérées à la base de son corps s’étaient déployées et avaient tenté de me saisir.

Luxon pilotait Arroganz à ma place; il glissa sur le sol, esquivant l’attaque de Mia.

« Maître, je ne peux pas te soutenir de manière adéquate. En raison de tous les dégâts subis par Arroganz, il est incapable d’utiliser tout son potentiel. Je te recommande de battre en retraite. »

« Elle ne nous laissera jamais battre en retraite », dis-je en tendant mes mains tremblantes vers les commandes. Je n’avais pas trouvé la force de les saisir correctement.

La prise de deux doses de l’améliorateur de performance avait causé des dommages presque fatals à mon corps. J’étais complètement inutile. Il n’y avait qu’une seule solution.

« Eh bien, je pense que c’était une planification intelligente de ma part. Je suis content d’avoir gardé mon dernier atout pour la fin », dis-je.

« Non — c’est trop dangereux ! » me lança Luxon avec colère. « Veux-tu vraiment te tuer ? »

Je ne voulais pas mourir, mais je savais que j’aurais regretté de ne pas utiliser le dernier coup qui me restait.

« C’est le seul moyen », avais-je dit.

Je ne savais pas si Mia avait été absorbée de son plein gré ou si Arcadia l’avait fait sans son consentement, mais cela n’avait finalement aucune importance.

Les mouvements de Mia étaient maladroits et guindés. En dessous d’elle, Arcadia lui dit d’un ton apaisant : « Princesse, essayez de vous calmer pour pouvoir vous venger. » Brave avait dit que l’Arcadia détestait tout le monde, mais pour Mia au moins, il parlait avec une adorable révérence.

Mia continua à tirer des pointes de son corps jusqu’à ce qu’elles recouvrent absolument le pont. Arroganz continua à s’éloigner à toute vitesse en essayant de les éviter, mais elle finit par nous coincer. Des épines s’étaient enfoncées dans le bras droit d’Arroganz, le clouant sur le pont.

« Purge du bras droit », dit Luxon.

Dès qu’il s’en était débarrassé, nous nous étions remis en route.

« Arroganz est lui aussi en train de tomber en morceaux. » Ma vision s’était embrouillée. Avant de perdre connaissance, j’avais donné un ordre à Luxon. Je savais qu’il s’y opposerait, mais c’était la seule option qui nous restait.

« Luxon, l’améliorateur de performance. »

Il hésita, refusant même d’admettre ce que j’avais dit.

« Pour ta propre sécurité, je ne peux pas le permettre. »

Je savais qu’il trouverait n’importe quelle raison pour me refuser cela.

« Tu vas vraiment gâcher notre chance de victoire alors que nous sommes allés si loin ? »

« Quoi que tu dises — »

Avant qu’il ne finisse de parler, nous avions tous les deux remarqué un changement soudain chez l’ennemi. Arcadia avait détourné son regard de nous pour se concentrer sur quelque chose au loin : « Ce vaisseau blanc là-bas est en train d’essayer quelque chose. — Princesse, c’est une menace ! »

Mia tourna son attention vers le vaisseau dont il parlait.

La Licorne — Ils regardaient la Licorne. Je savais que Mia la reconnaîtrait et comprendrait qui se trouvait à bord. Mes tripes se tordirent d’anxiété.

« La Licorne », murmura-t-elle, maintenant concentrée sur elle.

« Ne fais pas ça ! » avais-je crié.

Elle m’avait souri froidement, pensant sans doute que c’était la vengeance parfaite après que je lui avais pris Finn.

« Les personnes que tu aimes le plus sont à bord de la Licorne, n’est-ce pas ? C’est bien. Alors, je vais te faire goûter à ma douleur ! » Elle commença instantanément à tirer sur le vaisseau.

« Attends, s’il te plaît ! » l’avais-je appelée en vain. J’aurais voulu l’arrêter, mais mon corps ne voulait pas bouger.

Elle me regardait fixement.

« Non. Reste là. Tu pourras regarder les gens que tu aimes mourir. Tu sauras alors exactement ce que j’ai ressenti quand tu m’as enlevé mon chevalier. »

 

☆☆☆

Compte tenu de tous les monstres qui l’entourent, la Licorne se trouvait dans une position précaire.

Noëlle s’arc-bouta et leva la main droite en l’air : « Vous n’irez pas plus loin ! » Son écusson de prêtresse s’illumina.

Une image miroir de celle-ci apparut dans le ciel au-dessus de la Licorne, générant un certain nombre de cercles magiques émeraude scintillants. Ensemble, ils formèrent une barrière qui dévia les attaques des monstres. Ceux qui se heurtaient à la barrière se désintégraient en bouffées de fumée noire qui disparaissaient rapidement.

Yumeria entoura la jeune pousse de l’arbre sacré de ses bras et lui murmura : « S’il te plaît, offre-nous la force dont nous avons besoin. »

À sa supplication, les feuilles de l’arbre bruissèrent, bien qu’il n’y ait pas de brise à l’intérieur du vaisseau. L’arbre brilla davantage et éclaira à son tour l’emblème de Noëlle.

« La puissance augmente ! » annonça Creare. « Tenez encore trois minutes ! »

Noëlle serra les dents sous l’effet de la douleur. Elle avait empêché les monstres de les déborder, mais ils étaient trop nombreux pour que son bouclier seul puisse tous les détruire.

« Ça risque d’être difficile. »

Un vaisseau de la République s’arrêta à côté d’eux. Noëlle réalisa instantanément qu’il ne pouvait s’agir que de sa sœur : « Lelia ! »

Un écusson de prêtresse, semblable à celui de Noëlle, éclairait le ciel au-dessus de leur vaisseau. Le visage de Lelia apparut sur l’écran de la Licorne.

« Si vous tentez quelque chose, vous auriez au moins pu avoir la décence de me contacter. Je vous aiderai. Mettons dès maintenant fin à cette guerre stupide. »

Son visage était d’une pâleur mortelle, ce qui indiquait qu’elle dépassait ses limites, tout comme Noëlle.

Le vaisseau de la République d’Alzer déploya une armure rouge qui commença à trancher les monstres proches.

« Je jure de vous protéger, milady ! » La voix de Loïc résonna dans les cieux. En accédant à son propre blason, il exploitait une partie de la puissance de l’Arbre sacré.

La tête de Marie tressaillit lorsqu’un autre vaisseau s’arrêta à proximité.

« Pas possible. Hertrude ! »

Les réseaux de communication des vaisseaux se connectèrent et Hertrude apparut sur l’écran : « Je suis venue t’aider, Sainte, mais n’oublie pas que j’attends de toi que tu me rembourses avec des intérêts. » Malgré ses manières hautaines, son navire était une épave. Elle se mettait en quatre pour les aider.

« Merci, » dit Marie. « Merci beaucoup ! »

« Tu me déstabilises toujours », grommela Hertrude, les joues enflammées. Elle coupa la communication.

« Encore deux minutes ! » annonça Creare.

Ils parvenaient à tenir grâce à Lelia et Loïc, mais l’attention d’Arcadia se tournait maintenant vers eux. Il avait combattu Arroganz sur le pont de la forteresse, mais la Licorne était devenue sa nouvelle cible.

« Super. Il a compris que nous représentons un danger pour lui ! » maugréa Creare dans un murmure.

Une masse de lumière rouge et noire se rassembla autour d’Arcadia, puis il la déchaîna sur eux — une attaque de la même puissance que le canon principal de sa forteresse. Mais avant qu’elle ne les atteigne, Fact et les autres vaisseaux IA s’interposèrent.

« C’est vous », souffla Marie.

La puissance de l’attaque de l’Arcadia avait rapidement détruit les vaisseaux IA à l’avant de la formation et ils avaient tous coulé. L’unité distante de Fact s’était connectée à leur réseau de communication et était apparue sur leur écran.

« Nous vous avons tous évalués de façon injuste. J’ai ajusté mon évaluation pour qu’elle reflète vos véritables capacités. »

Typique. Même dans les derniers instants avant sa propre destruction, Fact divaguait sur les évaluations et autres inepties.

« Ce n’est pas le moment ! » lui lança Creare.

« Il n’y a pas de meilleur moment pour cela », avait-il soutenu. « Tous nos efforts avaient un but. Nous le savons maintenant. Non, je devrais reformuler : vous nous l’avez montré. »

Fact était la dernière IA restante. Après avoir été exposées à la force combinée des attaques des monstres et aux tirs de l’Arcadia, des explosions avaient éclaté dans tout son vaisseau porteur.

Des parasites crépitaient sur le moniteur. Avant de s’éteindre complètement, Fact ajouta : « Ce doit être le destin… que nous nous soyons réveillés au moment où nous l’avons fait. »

Puis la connexion fut rompue. Une explosion bien plus importante enveloppa le vaisseau porteur, abattant au passage un certain nombre de monstres. Le porte-aéronefs perdit rapidement de l’altitude et s’écrasa dans la mer, des flammes dansant autour de ses restes carbonisés.

« Ils ont rempli leur devoir jusqu’au bout », dit Creare à voix basse. « Liv, je suis prête à tout moment. »

Le temps que tout le monde avait pu arracher à ce combat pour la Licorne leur avait donné une chance.

Livia se mit à briller, ses cheveux voltigeant dans l’air malgré l’absence de vent à bord du navire. Elle ouvrit lentement les yeux, qui brillaient eux aussi.

« Très bien. »

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

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