Chapitre 13 : Englouti par les flammes
« Prenez ça ! » Greg était à bout de souffle. Il cherchait désespérément de l’air en s’arc-boutant, lance en main, contre les ennemis qui continuaient à l’attaquer. « Haah… haah… C’est sans fin. »
Julian, qui se battait à ses côtés, était d’accord : « L’Empire est frénétique. » Sa voix était lourde de fatigue. « Pourtant, nous ne pouvons laisser aucun impérial nous dépasser. »
Greg pouvait deviner pourquoi Julian avait l’intention de leur couper la voie.
« Tu t’inquiètes pour Finn, n’est-ce pas ? Je préférerais que Léon n’ait pas non plus à se battre contre lui. »
D’autant plus que les deux avaient été amis à une époque.
Julian secoua la tête. Il n’avait plus l’intention d’arrêter cela. Il approuvait d’ailleurs la décision de Léon. « Il a décidé de le faire. Ce serait mal le connaître que de l’en empêcher. »
« Oui, je suppose que tu as raison. »
Les drones situés derrière Julian et Greg les aidèrent en récupérant de nouvelles armes dans les conteneurs qu’ils avaient sur le dos. Greg planta sa lance dentelée dans le sol et en attrapa une nouvelle.
« Très bien, apportez ce que vous avez de mieux — hm ? »
À peine avait-il repris sa position qu’un autre groupe apparut par l’entrée de la salle spacieuse. Les soldats réguliers qui faisaient face à Greg et Julian se mirent à célébrer avec enthousiasme. Ces nouveaux renforts étaient des chevaliers démoniaques et les soldats agissaient maintenant presque comme si leur victoire était assurée. Julian trouva cela étrange.
« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il. « Ils agissent bizarrement. »
Son regard était fixé sur un chevalier dont les flammes en forme d’ailes se répandaient derrière lui, et qui tenait une hallebarde à la main. Le reste des chevaliers le suivait dans son sillage. Son armure était légèrement plus grande que ceux des autres et quelque chose laissait penser qu’il était aussi beaucoup plus fort. Il dégageait une présence intimidante.
Des égratignures et des entailles couvraient les chevaliers démoniaques qu’il avait amenés avec lui, témoignant de la violence de leur combat pour regagner la forteresse. Pourtant, curieusement, il n’y avait pas la moindre marque sur le chevalier aux flammes.
« Nous avons un vrai problème ici », marmonna Greg.
L’homme en question, qui avait plané au-dessus du sol, finit par se poser. « Je salue votre ténacité à percer notre forteresse, mais votre voyage s’arrête ici », dit-il. Sa voix était grave et menaçante, celle d’un vétéran du champ de bataille.
Greg leva sa lance juste au moment où la hallebarde du chevalier démoniaque s’écrasa sur lui. L’impact a été si puissant que son armure a craqué sous la pression. Maintenant qu’il savait à quel point son adversaire était coriace, Greg transpirait à grosses gouttes, mais il était tout aussi excité.
« Ainsi, vous avez résisté à mon attaque », remarqua l’ennemi.
« Est-ce qu’il y a vraiment de quoi être surpris ? » siffla Greg en serrant les dents, tout en essayant de rester calme.
L’ennemi retira sa hallebarde. « Je suis Gunther », annonça-t-il. « Gunther Lua Sebald ! »
« Greg Fou Seberg. Tu ferais mieux de t’en souvenir. C’est le nom de l’homme qui va te faire tomber. »
Gunther ne semblait pas gêné par ces fanfaronnades.
« J’aime votre assurance. Malheureusement, il s’agit d’une guerre, pas d’un duel. »
Les hommes, vraisemblablement sous le commandement direct de Gunther, entourèrent Greg, le coupant de son adversaire. Greg fit claquer sa langue et la panique commença à s’installer. Il ne pouvait pas affronter Gunther et tous ses subordonnés en même temps.
Julian colla son dos à celui de Greg :
« Ces types ne sont pas comme les autres ennemis que nous avons combattus, Greg. Ce sont des pros. »
« Oui, je m’en doutais. Quoi qu’il en soit, Julian, j’ai un service à te demander. Ça te dérange de me laisser Gunther là-bas ? »
« Tu comptes le combattre tout seul ? » Il y avait du scepticisme dans la voix de Julian. Il avait sans doute réalisé à présent la puissance de Gunther. C’est pour cette raison qu’il était venu, avec l’intention de se battre aux côtés de Greg.
Le problème, c’est qu’aucun d’entre eux ne pouvait se battre à pleine capacité, entouré d’autant d’ennemis. Il était plus probable qu’improbable qu’ils perdent la bataille, et leur vie avec.
« Mon armure est plus adaptée au combat en un contre un », dit Greg. « Si ce type est le deuxième siège des Chevaliers démoniaques, alors il est le deuxième plus coriace, non ? Laisse-moi m’occuper de lui. »
N’importe qui aurait pu interpréter les paroles de Greg comme une humiliation, comme s’il pensait que Julian était trop faible pour faire le travail, mais Julian ne l’avait pas pris ainsi.
« Tu as raison. Je suis un combattant polyvalent, alors tu as plus de chances de le vaincre que moi », dit Julian. Pendant cet échange, les deux hommes repoussèrent les chevaliers démoniaques, puis Julian accepta finalement la proposition de Greg : « Je m’occupe du reste de ces gars. »
« Merci, Julian ! »
Lorsque Greg s’avança, les hommes de Gunther lui tombèrent dessus. Julian les repoussa en tirant sur eux avec ses canons.
« Je suis votre adversaire ! »
Grâce à Julian, Greg parvint à se jeter en avant et frapper Gunther avec sa lance qui la parât avec sa hallebarde.
« Vous pensez pouvoir m’arrêter tout seul ? Je suis au-dessus de votre niveau de compétence », dit Gunther avec exaspération. Sa façon de parler donnait l’impression qu’il sous-estimait Greg, mais il ne faisait qu’énoncer des faits. Il était plus habile et plus expérimenté.
Mais même s’il en avait conscience, cela ne l’empêchait pas de vouloir continuer.
« Ma plus grande qualité est mon refus d’abandonner, quelles que soient les chances. Si tu me dis que je n’ai aucune chance de gagner, je n’en serai que plus impatient de t’affronter ! » Il lança un nouveau coup de poing puissant à Gunther.
Le chevalier démoniaque avait enfin senti à quel point Greg pouvait être dangereux s’il ne le prenait pas au sérieux.
« Impressionnant. Vous avez un talent naturel, mais je vois que vous vous entraînez aussi. Vous avez de la chance d’avoir une armure puissante qui vous protège. Cependant… » La hallebarde de Gunther percuta Greg, le projetant dans les airs.
« Guh ! » s’écria-t-il, tout son souffle s’échappant de ses poumons. Il leva sa lance, espérant pouvoir bloquer les attaques suivantes.
Des flammes jaillirent derrière Gunther alors qu’il bondissait dans les airs pour s’approcher.
« Quand il s’agit de compétences de pilotage… »
« Gah ! » Greg réussit à parer l’attaque suivante, mais l’élan l’envoya à nouveau voler.
« … et le plein potentiel d’une armure… » L’air siffla entre les dents de Greg dans un souffle brutal. Son armure gémit et craqua alors qu’un autre coup lourd s’abattit sur sa lance déjà prête.
« Je vous surpasse ! »
La dernière attaque, qui portait toute la puissance de Gunther, le projeta contre un mur.
« Greg ! Reprends-toi ! » lui crie Julian. Il était occupé à affronter les autres chevaliers démoniaques et les armures.
Les coins de la bouche de Greg se retroussèrent : « Tu n’as pas à t’inquiéter, Julian. Je vais faire tomber ce type. S’il ne le fait pas, il finira dans le dos de Léon. » Si Gunther atteignait Léon, cela compromettrait encore plus leur mission.
Greg attrapa un levier dans son cockpit et le tira vers le bas. Un avertissement électronique retentit autour de lui : « Passage à l’état de surcharge obligatoire. Temps restant avant l’explosion : trois minutes. »
Le levier qu’il avait actionné était l’atout que Luxon avait donné à son armure. En l’améliorant, Luxon lui avait expliqué qu’il pouvait utiliser tout le potentiel de l’armure, mais au prix d’une surcharge de ses systèmes internes. Bien sûr, il ne pouvait pas utiliser ce potentiel très longtemps.
Quelques secondes après, du feu jaillit des articulations de son armure, rendant évident, même pour Gunther, que quelque chose se préparait.
« Qu’est-ce que vous avez fait ? » demanda-t-il.
Cette fois, c’est au tour de Greg de percuter Gunther avec une force si incroyable qu’il fit vaciller le chevalier démoniaque.
« Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai juste sorti mon atout, c’est tout ! » dit Greg.
« Quelque chose de peu conventionnel, à ce qu’il semble. Non, ce n’est pas possible… Est-ce que vous surchargez les systèmes internes de votre armure ? »
La température dans le cockpit de Greg montait en flèche. Il l’ignora, se concentrant sur son adversaire.
« Je préfère m’autodétruire pour t’arrêter plutôt que de te laisser atteindre Léon ! »
Gunther tenta de prendre de la distance, ce qui lui permit de gagner un peu de temps. C’était manifestement une tactique calculée pour contrer la sienne.
« Tu vas vraiment me fuir, espèce de bâtard du deuxième siège ? »
« À en juger par l’état de votre armure, je gagnerai si je m’écarte de vous jusqu’à ce que votre temps soit écoulé. C’est de votre faute si vous avez utilisé votre “atout” trop tôt. »
L’armure de Greg ne pouvait pas résister à l’énergie qui s’accumulait en elle. Elle se désagrégeait peu à peu. Des fissures en toile d’araignée se propageaient sur son blindage tandis que ses articulations fondaient lentement.
« Je te l’ai déjà dit, je ne sais pas quand il faut abandonner », dit Greg. Il se jeta en avant, percuta Gunther et tenta de l’embrocher. Mais la chaleur dégagée par son armure fit fondre sa lance. N’ayant pas d’autre choix, il saisit Gunther à mains nues.
Gunther se débattait dans son étreinte.
« Vous ne pouvez pas sérieusement vouloir faire exploser la bombe et nous tuer tous les deux ! Je devrais être le premier à m’— ! »
« Tout le monde s’en fiche, et je ne te laisserai pas passer. »
L’armure de Greg, rouge au départ, s’était mise à briller d’un cramoisi encore plus vif.
« Si vous pensez que cela signifie que vous m’avez battu, vous vous trompez ! » hurla Gunther. « Vous n’avez gagné que grâce à cette armure folle ! »
« Oui, je le sais. Personne ne sait mieux que moi à quel point je suis faible. Sinon, pourquoi penses-tu que j’ai fait fabriquer une armure aussi puissante pour moi ? »
Il y eut une brève pause, puis Gunther se moqua : « Je vous l’accorde, au moins vous êtes honnête, vous reconnaissez votre propre faiblesse. »
Alors que les flammes léchaient l’extérieur de son armure démoniaque, le dévorant lentement, il se mit à rire :
« Jeune homme — non, Greg, tu as dit que tu t’appelais — sois fier, car ce n’est pas rien de battre le deuxième siège des Chevaliers démoniaques ! Je suis heureux d’avoir pu combattre quelqu’un comme toi avant de — ! »
Avant que Gunther n’ait terminé, le compte à rebours sur l’écran de Greg était arrivé à zéro. L’explosion qui s’ensuivit les balaya tous les deux. Alors que les flammes ravageaient son écran et qu’une chaleur étouffante consume son cockpit, Greg parvint à esquisser un faible sourire. Il était à la fois fier d’avoir battu Gunther et vexé d’avoir dû recourir à cette méthode. Il n’avait pas voulu que cela se termine si vite. Il avait espéré pouvoir se battre aux côtés de Léon et des autres un peu plus longtemps.
« Ah. Merde. C’est donc la fin ? Léon, je compte sur toi pour terminer ce que nous avons tous commencé. »
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