Chapitre 9 : Le héros de Marie
Partie 1
« Maman, est-ce que c’est vrai que mon oncle a arrêté d’aller à l’école sans donner de raison à personne ? »
Les sourcils de Marie se haussèrent. « Quoi, il ne t’a rien dit non plus ? »
Elle rendait visite à Erica à l’infirmerie de la Licorne. Naturellement, le sujet de l’absence de Léon avait été rapidement abordé.
« Tu ne savais pas, même si tu étais à bord de la Licorne pendant tout ce temps, hein ? » Marie fronça les sourcils.
« Je n’en savais rien jusqu’à ce que maman m’envoie une lettre », dit Erica, en parlant de Mylène. « Honnêtement, ça me semble assez bizarre d’avoir dû apprendre une telle chose de cette façon. »
Apparemment, même Mylène était préoccupée par l’absence non excusée de Léon. Elle avait droit à ses émotions, bien sûr, mais Marie était irritée d’apprendre qu’elle avait inclus quelque chose d’aussi peu pertinent dans la correspondance avec Erica.
Qu’est-ce que Grand Frère faisait, séduisait-il la reine ? Et qu’est-ce qui ne va pas chez elle ? Est-elle en état de mort cérébrale ? Pourquoi en parler à Erica ? Mylène a pratiquement expliqué ses sentiments pour Léon à sa propre fille, pour l’amour du ciel !
Erica était visiblement émaciée. Rien qu’en s’asseyant dans le lit, son visage avait l’air tendu. Marie voyait bien que son état s’aggravait et se jurait que Léon se ferait engueuler pour avoir donné à Erica des raisons de s’inquiéter dans cet état lamentable.
« Il était parti depuis la fin de cette longue vacance », expliqua Marie. « Puis, aujourd’hui, il est sorti de nulle part. Il n’avait dit à personne qu’il partait, alors ses fiancées m’ont passé un savon en me demandant si je savais quelque chose. » Elle frissonna en repensant à l’animosité qui se lisait dans les yeux fixes d’Anjie et de Livia.
Erica força un petit rire, mais son visage s’était vite assombri. « C’est peut-être de ma faute », dit-elle à voix basse.
« Pourquoi dis-tu cela ? »
« Mon oncle est passé nous rendre visite avant de disparaître. Il était visiblement très contrarié, mais il se forçait quand même à sourire. »
« Grand Frère est venu ici ? Ne me dis pas que c’est à cause de ta maladie. »
Marie ne pouvait s’empêcher de craindre instantanément le pire scénario. Et si Léon n’avait plus de traitement pour l’état d’Érica et que c’était pour cela qu’il était si mal en point ? Cela signifiait-il qu’Érica allait mourir ? Qu’il n’y avait plus d’espoir ? S’il pensait ne pas pouvoir l’aider, cela expliquerait son angoisse. Marie comprendrait qu’il disparaisse dans cette situation, surtout s’il était toujours à la recherche d’un autre remède.
L’anxiété dans sa poitrine gonfla de plus en plus, jusqu’à ce que ses pensées soient interrompues lorsque la porte fut ouverte.
« Tu n’as pas à t’inquiéter pour Erica », dit Léon en entrant, ayant entendu leur conversation depuis le couloir.
« Grand Frère !? », grinça Marie, surprise, en jetant un coup d’œil par-dessus son épaule.
Léon lui adressa un faux sourire. Elle eut l’estomac noué.
« Mon oncle, qu’est-ce qui s’est passé ? » Erica serra sa couverture en l’examinant attentivement. Elle avait sans doute senti que quelque chose ne tournait pas rond. « Tu as perdu un peu de poids, n’est-ce pas ? »
Léon avait alors fléchi son bras, montrant son biceps. « Je suis en parfaite santé », lui répondit-il afin de la rassurer. « Je me débarrasse juste d’un peu de graisse et je me muscle davantage. » Il secoua la tête. « Franchement, vous ne croiriez pas à quel point les suppléments spéciaux de Luxon fonctionnent bien. Cela ne fait que quelques jours, et j’ai déjà réduit mon pourcentage de graisse corporelle. Regardez-moi, je suis de plus en plus tonique. »
S’il s’agissait de la jubilation habituelle de Léon, Marie serait intervenue pour exiger qu’il partage le secret du médicament amaigrissant de Luxon. Mais aujourd’hui, elle ne pouvait même pas plaisanter.
« Tu as plus de blessures. » Les yeux d’Erica s’étaient rétrécis. Elle soupçonnait toujours qu’il mentait. « Es-tu sûr que tu ne te pousses pas ? Est-ce à cause de ce que j’ai dit ? »
Léon se gratta l’arrière de la tête. « Je crois que la partie est jouée là. Je ne peux pas vous tromper, les filles. »
Marie se redressa sur sa chaise. « Cela devrait être une évidence ! Qu’est-ce que tu as fait, tu as séché l’école pendant tout ce temps ? Tu vas tout nous dire. »
Léon les regarda pendant un long moment. Avec un petit soupir, il passa la main derrière sa taille.
Qu’est-ce qu’il cherche ? se demanda Marie. Elle n’avait pas eu à attendre longtemps pour le savoir.
Léon sortit un pistolet.
« Qu… ? », s’exclama-t-elle avec incrédulité, les yeux écarquillés.
Sans perdre de temps, Léon pointa le canon vers Erica et appuya sur la gâchette. Un son résonna, plus doux qu’un coup de feu ordinaire. Le temps que Marie se retourne pour voir ce qui s’était passé, quelque chose de mince sortait d’Erica.
« Tonton, » Erica réussit à haleter de surprise avant que ses yeux ne se ferment. Elle s’effondra contre le matelas.
Marie sauta de sa chaise. « Qu’est-ce que tu fais ! », s’écria-t-elle. « Pourquoi as-tu tiré sur Erica !? »
Léon soupira à nouveau. « C’est pour son bien. »
« Pourquoi serait-ce le cas ? »
Luxon prit enfin la parole. « C’était un tranquillisant. Erica est juste en train de dormir. »
Marie se figea et regarda Erica. La montée et la descente lentes et rythmées de la poitrine de la jeune fille la calmèrent. « Dieu merci ! » Mais elle s’empressa de serrer à nouveau les poings et de se retourner vers Léon. « Mais à quoi pensais-tu en utilisant un tranquillisant sur elle ? »
Léon s’était alors assis sur une chaise à proximité. « Tu as dû t’en rendre compte maintenant, n’est-ce pas ? Que son état ne s’améliore pas. »
Le visage de Marie se décomposa. « Oui. »
« Honnêtement, nous aurions déjà dû la plonger dans un sommeil cryogénique. Mais elle a refusé — elle a insisté pour passer plus de temps de qualité avec toi. »
« Vraiment ? Erica a dit ça ? »
Le sommeil cryogénique mettait le corps en mode hibernation pour le préserver. Dans cet état, Erica ne pouvait rien faire avec personne jusqu’à ce qu’elle se réveille. Marie avait été choquée d’apprendre qu’Erica avait donné la priorité à sa mère plutôt qu’à son propre bien-être.
« Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? » demanda-t-elle.
« Erica ne voulait pas que tu le saches. Mais elle est à bout, c’est pourquoi je l’ai tranquillisée », dit Léon. « Et puis, il ne faut pas qu’elle soit consciente de ce qui va se passer. »
« Hein ? »
« Je pars en guerre contre l’empire », dit-il d’une voix étrangement joyeuse.
« Quoi !? » hurla Marie, les poings serrés. « Pourquoi as-tu fait ça !? »
« Si je le sais, c’est pas grave ! » s’était-il emporté, le ton n’étant plus aussi enjoué. « Ils ont en gros une arme de triche de leur côté — comme Luxon — et je suppose que ce sale type est prêt à tout pour détruire le royaume. »
Marie fronça le nez. « Argh. Quelle douleur ! » Ses yeux se tournèrent vers Luxon. À sa grande surprise, il se détourna. « Alors, tout va bien se passer ? Je veux dire, Mia vient juste de retourner dans l’empire, non ? »
« Tu me connais. Je me débrouillerai d’une manière ou d’une autre. » Léon haussa les épaules. « Le fait est que je ne veux pas stresser davantage Erica, surtout dans son état. Il est temps pour elle d’entrer dans un sommeil cryogénique. Une fois que tout cela sera terminé, je chercherai à nouveau un remède. »
Marie comprenait maintenant pourquoi Léon avait été si secret pendant tout ce temps. Son explication chassa tous ses doutes. Comme il l’avait dit, garder Erica dans l’ignorance était le meilleur moyen de la protéger.
« Pourtant, tu aurais dû me le dire. Tu m’as vraiment inquiétée ! »
« Oui, oui, c’est ma faute. »
Marie croisa les bras. « L’état d’Erica va s’améliorer, n’est-ce pas ? »
« Bien sûr ! »
« Et cette guerre… Mia va s’en sortir, n’est-ce pas ? Après tout, tu es ami avec Finn, alors ce n’est pas comme si tu allais les tuer, n’est-ce pas ? »
« Il est hors de question que je fasse ça ! »
Si Léon insistait sur le fait que tout irait bien, alors cela suffisait à Marie. Elle croyait en son frère. Elle l’avait toujours fait — dans leur vie précédente et dans celle-ci.
« D’accord, » dit finalement Marie. « Si tu dis qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, alors il n’y a pas lieu de s’inquiéter ! »
C’est ainsi que les choses se sont toujours passées. Je lui fais confiance pour tenir sa parole. Il s’occupe toujours de moi, après tout. C’est ce qui fait de lui mon grand frère ! Elle lui sourit.
« C’est vrai, » dit Léon, mais pendant une seconde, son visage s’était assombri.
Marie pencha la tête, confuse.
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