Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 12 – Chapitre 19

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Chapitre 19 : Rassemblement

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Chapitre 19 : Rassemblement

Partie 1

Une armée de navires de guerre s’était rassemblée aux abords de la capitale de Hohlfahrt. Un cuirassé royal vola à la rencontre de la flotte, ses canons prêts à faire feu si le besoin s’en faisait sentir. Les armures s’étaient rassemblées sur le pont du cuirassé royal, prêtes à sortir. Leur préparation au combat était naturelle, étant donné la loyauté de la flotte qui arrivait.

« L’écusson de vos drapeaux n’est-il pas celui de la maison Fanoss !? » aboya le capitaine du cuirassé royal à la radio. La colère dans sa voix n’avait d’égale que la panique. « Qu’est-ce qui vous amène ici ? Comment êtes-vous arrivés si près de la capitale ? »

Sur le pont du navire qui menait l’armada, Hertrude fronça le nez. « Combien de fois avons-nous subi ce même interrogatoire ? » grommela-t-elle en jetant un coup d’œil à Livia, assise non loin de là.

Un soldat de Fanoss tendit un micro à Livia. « Ici Livia, la fiancée de l’archiduc Bartfort », dit-elle, sa voix résonnant à l’extérieur du vaisseau. « Nous avons l’autorisation de nous rendre à la capitale, veuillez nous laisser passer. »

« La fiancée de l’archiduc Bartfort !? », grinça le capitaine, surpris. Il avait dû oublier d’éteindre son micro, car les murmures du capitaine et de l’équipage filtrèrent.

« Bizarre », dit un membre de l’équipage. « Nous n’avons pas reçu de nouvelles concernant le retour de Lady Livia. » Cela confirmait ce que Livia et Hertrude soupçonnaient — que les communications venant d’ailleurs n’étaient pas parvenues à la capitale.

Lorsqu’elle entendit la discussion, Livia ne se contenta pas de garder le silence. « Que vous ayez reçu un avis ou non, je vous le redemande : laissez-nous passer, s’il vous plaît. »

« N-Nous allons juste vérifier avec nos supérieurs très rapidement ! »

Pour l’instant, l’obstination du cuirassé faisait que Livia et Hertrude restèrent bloquées dans le ciel à la périphérie de la capitale.

Hertrude soupira. Elle perdait sans doute patience, ils étaient déjà passés par là plusieurs fois. Le scepticisme de l’armée royale n’était cependant pas injustifié. Il y a deux ans, Hohlfahrt avait fait la guerre à l’ancienne principauté de Fanoss. Cette expérience éprouvante les avait rendus méfiants à l’égard d’Hertrude et de ses sujets.

« Il semblerait que le chaos règne dans les rangs, » dit-elle pensivement. « Je parie que nous pourrions en fait prendre la capitale par nous-mêmes — si nous le voulions. »

C’était une suggestion dangereuse. Livia lui adressa un sourire — un sourire superficiellement doux et aimable, mais qu’Hertrude savait être antagoniste. « Ce serait tout à fait impossible, avec la Licorne ici. »

« J’ai pris la situation à la légère », rétorqua Hertrude d’un ton péremptoire. À sa grande contrariété, Livia disait la vérité. « Oh. Il semblerait que nous ne soyons pas les seuls invités. »

Livia suivit le regard d’Hertrude. Au loin, une flotte inconnue se profilait. À en juger par la construction des navires, ils étaient étrangers. Livia loucha sur l’écusson de leur drapeau, puis sursauta de surprise. « C’est la République d’Alzer. »

Après un moment pour digérer cette information, Hertrude dit : « Je suis surprise qu’ils aient envoyé une flotte, surtout quand ils doivent être si occupés avec leurs propres défenses. »

« C’est en raison de Noëlle. » Livia leva une main sur sa poitrine. « Elle les a convaincus. » Malgré les difficultés rencontrées par la République dans son pays, ils lui avaient offert tout le soutien possible, ce dont Livia était immensément reconnaissante.

Hertrude sourit d’un air ironique. « Je ne pense pas que ce soit la seule raison. »

« Hein ? » Livia cligna des yeux.

Hertrude ne donna pas plus d’explications — peut-être en représailles au fait que Livia ait ruiné sa bonne humeur un instant plus tôt.

 

☆☆☆

Lorsque la nouvelle arriva quant au fait qu’un représentant de la République d’Alzer était venu au palais pour la voir, Noëlle fila vers la pièce où ils attendaient. Elle ouvrit la porte et trouva sa jumelle, Lelia Zel Lespinasse, à l’intérieur.

Les cheveux de Lelia diffèrent de ceux de sa sœur en ce sens qu’ils étaient d’un rose soutenu, tirés sur le côté gauche en queue de cheval, avec quelques mèches détachées près de ses yeux émeraude. Son visage s’était considérablement émoussé depuis la dernière fois que Noëlle l’avait vue, ce qui suggérait qu’elle avait été incroyablement occupée ces derniers temps en tant que prêtresse de l’Arbre Sacré.

Noëlle fit une pause pour reprendre son souffle. « Lelia ! », souffla-t-elle.

Lelia se leva du canapé où elle était assise, forçant un sourire sur son visage. « Ça fait un moment, grande sœur. »

Noëlle se jeta sur Lelia, enveloppant l’autre fille dans ses bras. « Merci beaucoup d’être venue », lui dit Noëlle en sanglotant sur son épaule. « Vraiment, merci. »

Lelia enroula délicatement ses bras autour de sa grande sœur. Des larmes perlèrent dans ses yeux. « Si nous perdions, ce serait la fin de tout ce que nous connaissons, n’est-ce pas ? C’est tout à fait normal que nous t’aidions. »

 

 

« Mais je n’ai jamais rêvé que tu viennes avec nous. »

« Si je ne le faisais pas, il n’y aurait personne pour contrôler Émile. »

Noëlle tressaillit. « Quoi ? »

Un homme était assis sur le canapé, attendant en étant mal à l’aise pendant que les sœurs partageaient des retrouvailles sincères. Il s’éclaircit la gorge en disant rapidement : « Hem. »

Ce grand monsieur élancé, vêtu d’un costume rayé, était Albergue Sara Rault. Il avait des yeux vifs et sa moustache parfaitement entretenue le rendait d’autant plus intimidant. Mais il s’était empressé d’expliquer : « Émile est le nom de l’arbre sacré d’Alzer. Il est bien installé à bord de notre vaisseau amiral. »

Ils avaient apporté leur arbre sacré, tout comme Noëlle.

« Nos navires de guerre ont été construits par Ideal », poursuit Albergue. « Nous n’en avons que quelques-uns, mais je peux attester de leur qualité supérieure. Non pas que je soupçonne que vous ayez besoin de moi, je suis sûr que vous et les vôtres êtes déjà parfaitement au courant des capacités d’Ideal. »

En tout cas, Albergue avait assuré à Noëlle qu’ils avaient amené leur meilleure flotte pour cette opération. Même s’ils ne pouvaient pas amener un grand nombre de navires, ils étaient manifestement déterminés à apporter toute l’aide possible.

« Je ne vous remercierai jamais assez », déclara Noëlle. « C’est réconfortant de savoir que vous êtes tous les deux là avec nous. » Enfin, elle se montrait une alliée compétente pour Léon. Son visage s’adoucit de soulagement.

Mais ce fut de courte durée. Albergue et Lelia échangèrent des sourires troublés, lorsque Noëlle pencha la tête en signe de confusion, Lelia admit : « En fait, nous ne sommes pas les seuls à être venus. »

 

☆☆☆

« Milaaaaady ! »

Dans une pièce séparée, Marie fut accueillie par Loïc Leta Barielle. Il était vêtu d’un costume blanc et d’une cape, et ses cheveux roux étaient coupés court. Il fondit en larmes dès qu’il la vit.

« Ah, alors tu es là aussi, Loïc ? » dit doucement Marie en l’entourant de ses bras et en lui caressant tendrement le dos.

Loïc essuya ses larmes. « Bien sûr que je suis venu ! Comment pourrais-je ne pas bondir au secours de ma dame quand elle en a besoin ? Ce salaud d’Hugues s’est opposé à la démarche, mais je lui ai donné une bonne baffe pour le faire taire ! »

Il n’était pas surprenant d’apprendre qu’il y avait eu un désaccord sur la mobilisation de la flotte d’Alzer.

« C’était une façon assez extrême de régler ton différend », déclara Marie avec un sourire d’outrecuidance. « Mais j’apprécie. Le fait de t’avoir ici sera d’une grande aide. »

« Pour vous, milady, ce n’est rien ! » Loïc s’était arrêté un instant, les sourcils froncés. « Mais en fait, milady, je remarque que vous êtes plus — ! »

« Plus éblouissante que jamais ? » répondit Marie en se levant. « C’est tout à fait naturel. Je suis toujours en pleine croissance. » Elle lui fit un clin d’œil.

Le sang monta aux joues de Loïc. « Oui ! Vous étiez absolument époustouflante avant, mais vous êtes encore plus belle maintenant ! Je ne sais pas trop comment l’exprimer, mais… c’est comme si vous aviez une sorte d’aura divine. Ça m’a surpris ! »

Il était si sérieux que, pendant un instant, une ombre apparut sur le visage de Marie. Elle la fit disparaître rapidement, affichant un sourire radieux une seconde plus tard. « Merci. J’ai de grands espoirs pour toi. »

« Je jure de faire tout mon possible. J’ai acquis plus d’expérience sur le champ de bataille en votre absence, milady. »

Alors que la République d’Alzer se reconstruisait, des pirates de l’air et même d’autres pays avaient cherché à exploiter leur vulnérabilité. Loïc et ses camarades avaient déjoué ces incursions, et les batailles régulières avaient effectivement affiné ses compétences.

Loïc jeta un coup d’œil autour de la pièce vide. « Hm ? Où sont ces cinq gêneurs qui viennent toujours perturber nos moments de solitude ? Et qu’en est-il de l’archiduc ? J’espérais lui dire bonjour. J’ai un message urgent pour lui. »

Marie hésita. Elle ne savait pas trop comment répondre, mais elle n’en avait pas eu l’occasion.

« Oh, on dirait qu’il vient de rentrer », dit Loïc en jetant un coup d’œil par une fenêtre voisine. « Ça fait un moment que je n’ai pas posé les yeux sur l’Einhorn. »

En tournant la tête, Marie fut choquée de voir ledit bateau au loin. Les garçons ont vraiment réussi. Ils ont ramené Léon. Dieu merci !

 

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Lorsque j’étais arrivé au palais royal, j’avais été surpris de trouver Loïc, parmi toutes les personnes, là pour m’accueillir.

« Ça fait longtemps », dit-il en souriant et en nous faisant signe de la main. Il s’était considérablement assagi depuis l’époque où il était le harceleur de Noëlle.

Julian et les autres s’étaient alors moqués de lui. Sa présence avait instantanément ruiné leur humeur.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? » grogna Julian.

Loïc lui lança un regard. « Est-ce une façon de s’adresser à un allié étranger qui est venu avec toute une armada pour vous soutenir ? Je ne suis passé que pour présenter mes respects à l’archiduc après avoir rencontré ma dame. »

Si la brigade des idiots n’était pas encore livide, elle était devenue meurtrière depuis qu’il avait parlé d’être allé voir Marie.

Greg s’avança en piétinant, poussant son corps musclé dans l’espace personnel de Loïc. « Tu ne lui as rien fait de bizarre, n’est-ce pas ! »

« Je ne manquerais jamais de respect à ma dame de cette façon », s’emporta Loïc. Il se redressa et se retourna vers moi, l’expression un peu paniquée. « Mais je m’éloigne du sujet. Il y a quelque chose d’urgent que je dois vous transmettre, archiduc. »

Ce n’était pas des mots auxquels je m’attendais de la part de quelqu’un qui ne faisait que dire bonjour. « Quelque chose d’urgent ? Pour moi ? » J’avais plissé les sourcils, attendant qu’il me l’explique.

Le visage de Loïc se crispa. Ses yeux erraient dans tous les sens, regardant tout sauf moi, comme s’il cherchait les bons mots. « Voyez-vous… Louise est venue avec nous. »

« Elle est venue ? »

Mlle Louise était une femme que j’avais appris à connaître lorsque j’étais étudiant en échange dans la République d’Alzer. Le simple fait d’entendre son nom me rappelait des souvenirs.

Loïc se lécha les lèvres et poursuivit : « Elle est dans une pièce à vous attendre. Mais, hum, comment dire… ? »

« Nous n’avons pas de temps à perdre avec ça », interrompit Jilk avec irritation. « Si tu as quelque chose à dire, crache le morceau. Ou bien hésites-tu parce que tu contournes un problème sur la pointe des pieds ? »

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Partie 2

Le visage de Loïc s’était assombri, mais il garda son attention sur moi. « Dans cette pièce où elle a été escortée… plusieurs femmes attendaient déjà », dit-il enfin. Pour une raison que j’ignore, de la sueur coulait sur son visage.

« Euh… ils l’ont emmenée dans la mauvaise salle ou un truc dans le genre ? »

« Non, ce n’est pas le problème. » Loïc fit une pause et soupira, puis continua : « En fait, on m’a dit d’envoyer toutes les femmes qui voulaient vous rencontrer dans cette même pièce. »

Où voulait-il en venir ? Incapable de déchiffrer ce qu’il voulait dire, j’avais regardé Julian et les autres garçons. Ce que j’avais manqué, ils ne l’avaient apparemment pas manqué, parce qu’ils transpiraient eux aussi à grosses gouttes.

Julian jeta un coup d’œil à Greg. « Hé, qu’est-ce que tu en penses ? »

« Je ne sais même pas comment… » Greg secoua la tête, désemparé.

Chris et Brad s’étaient regroupés pour avoir leur propre petite discussion.

« Cela me donne un mauvais pressentiment », déclara Chris.

Brad acquiesça. « De même, mais c’est le problème de Léon. Je ne pense pas vraiment que nous devrions mettre notre nez là-dedans. »

« Votre Altesse, » interrompit Jilk, « Pourquoi ne pas nous séparer de Léon pour le moment ? Il a déjà des invitées qui attendent de le rencontrer, et il serait tout simplement impoli de faire irruption. Plus franchement, je n’ai pas envie d’être entraîné dans le désordre qui l’attend sans aucun doute. C’est plus que probable que Clarisse est là-dedans aussi. » Le visage de Jilk se décomposa au seul nom de Clarisse. Elle avait été sa fiancée jusqu’à ce qu’il annule leurs fiançailles.

Euh. Je suppose qu’ils se sentent peut-être épuisés, pensai-je, toujours inconscient de leurs vraies raisons. « Très bien, allez-y et reposez-vous », avais-je soupiré. « Loïc, montre-moi cette salle. »

Loïc détourna le regard. « J’ai bien peur de ne pas pouvoir. J’ai d’autres affaires à régler. »

Mais bon… J’ai Luxon ici.

« Eh bien, tu l’as entendu. » J’avais regardé mon partenaire. « Peux-tu me montrer le chemin ? »

« Je peux certainement être ton guide. Cependant… » Luxon me jeta un regard acéré. « Veux-tu absolument rencontrer Louise et ces autres femmes ? Tu pourrais remettre ça à un autre moment. »

Je n’aurais pas aimé faire attendre Mlle Louise plus longtemps que nécessaire, surtout quand elle était venue de la République d’Alzer. De plus, je voulais la voir.

« C’est bon », avais-je dit. « Allez, on y va. »

« Très bien, Maître. »

 

☆☆☆

Léon et Luxon étaient partis dans la salle où attendaient Louise et les autres femmes dont ils n’avaient pas les noms. La brigade des idiots s’était attardée en arrière avec Loïc, tous touchés par le courage de Léon.

« Désolé, Léon, » dit Greg en secouant tristement la tête. « Je ne peux pas t’aider avec ça ! »

« Nous sommes tous impuissants face à ce genre de choses », lui assura Jilk. Il était rare que quelqu’un d’aussi épouvantable que Jilk réconforte quelqu’un d’autre, mais c’était peut-être la seule situation dans laquelle il avait de l’empathie pour Léon. « Prions tous pour qu’il s’en sorte indemne. »

Julian suit Léon du regard alors qu’il s’éloignait dans le couloir. « Parfois, son inconscience me tape vraiment sur les nerfs, mais dans des moments comme celui-ci, c’est en fait un atout. »

Les garçons avaient un étrange respect pour Léon qui s’était lancé dans ce qui serait sans aucun doute une situation explosive — et avec plus d’une femme. Ils étaient sûrs que ce serait aussi mortel que n’importe quel champ de bataille. Comme Jilk l’avait suggéré, ils firent une prière silencieuse pour Léon.

 

☆☆☆

Nous nous étions dirigés vers la salle où Mlle Louise attendait.

« J’ai su dès que j’ai vu ces vaisseaux que la République d’Alzer se joignait à nous », avais-je dit à Luxon. « Mais je ne m’attendais pas à trouver Loïc ici avec eux. »

« Ils ont même envoyé les navires de guerre d’Ideal, » fit remarquer Luxon. « On peut supposer qu’Albergue et Louise ont tiré quelques ficelles. »

« Oui, et je te remercie. »

J’avais pensé que je n’avais besoin de l’aide de personne, mais je réalisais maintenant à quel point il était réconfortant d’avoir des gens à mes côtés, prêts à m’apporter leur soutien.

« J’ai vu la flotte de Fanoss là-bas aussi, » avais-je ajouté.

« L’aristocratie de Hohlfahrt a également envoyé des unités. J’ai déjà confirmé la présence du navire de guerre des Bartfort. J’espère que tu es prêt à affronter la colère de ta famille d’ici peu. »

Vraisemblablement, c’était mon père ou Nicks qui dirigeait ce navire — peut-être même les deux. Vu à quel point j’avais été dans une politique d’autodestruction, refusant de compter sur qui que ce soit, je ne pouvais pas leur en vouloir s’ils me mettaient en colère.

J’avais haussé les épaules. « S’ils me donnent un coup de poing dans la figure, je ne me plaindrai pas. De toute façon, qui est avec Mlle Louise ? Anjie et les filles ? »

« Non, en fait… » Luxon hésita, ne répondant pas tout à fait à ma question.

Avant que je puisse lui demander plus de détails, je m’étais retrouvé devant la pièce en question. J’avais frappé à la porte. Il y avait eu une réponse étouffée de l’autre côté, que j’avais pris comme une invitation et j’étais entré.

« Mon Dieu, oh mon Dieu ! Je vois que tu as mis ton corps à rude épreuve depuis la dernière fois que je t’ai vue », déclara Miss Clarisse au moment où j’avais franchi le seuil de la porte. « Est-ce moi, ou tu as perdu du poids ? »

Mlle Deirdre était là elle aussi. « J’ai entendu dire que tu avais disparu pendant un certain temps », dit-elle en portant délicatement un éventail pliant à sa bouche. « Quel immense soulagement de te voir ici sain et sauf. »

D’une certaine manière, je m’attendais presque à les voir toutes les deux. Elles étaient les filles de la noblesse Hohlfahrtienne, il n’était donc pas surprenant que les affaires les amènent au palais. Ce sont les deux autres qui semblaient le plus déplacées.

« Cela te ressemble bien, Léon, de t’enliser dans encore plus d’ennuis. »

« Cela fait trop longtemps, Mlle Louise », avais-je dit. « Ou devrais-je t’appeler grande sœur ? »

Le nom complet de cette femme était Louise Sara Rault. Elle avait des cheveux blonds qui descendaient jusqu’aux épaules et des yeux violets, ainsi qu’une silhouette voluptueuse et incroyablement galbée. Mlle Louise avait fait beaucoup pour me soutenir pendant que j’étais à Alzer.

Toute cette histoire de « grande sœur » était plus ou moins une blague, mais cela l’avait fait rougir.

Mademoiselle Louise s’approcha de moi à grands pas, levant une main pour me caresser la joue. « Si tu te sens assez bien pour te moquer, tu dois aller bien. Je ne peux pas te dire à quel point c’est un soulagement de te voir si vivant. »

« Bien sûr. J’ai tellement d’énergie que je pourrais la mettre en bouteille et la vendre et il en resterait encore beaucoup », avais-je dit.

« Je ne te crois pas du tout. Tu es toujours aussi menteur. »

Notre badinage affectueux avait été interrompu par Mlle Hertrude. « Vous avez fini tous les deux ? » demanda-t-elle. « J’ai quelque chose à discuter avec Léon. »

 

 

Je lui avais jeté un regard inquisiteur.

Miss Clarisse affichait un sourire qui avait l’air significatif, mais secret — bien que ce ne soit peut-être que mon imagination. « Quelle coïncidence, » dit-elle. « J’ai aussi quelque chose d’assez important à discuter avec Léon. Mais je me demande, » ajouta-t-elle en scrutant les visages des autres femmes, « pourquoi ces trois parasites sont-ils ici, à me mettre des bâtons dans les roues ? »

Deirdre fit claquer son éventail pliant. « En voyant ces autres femmes ici, j’aurais dû m’en rendre compte plus tôt. Cette salle d’attente a sans doute été aménagée sur les ordres d’Anjelica — non, de la reine Mylène. Quelle cruauté de sa part. »

Qu’est-ce qu’Anjie — ou Mlle Mylène, d’ailleurs — avait à voir là-dedans ? J’étais perplexe.

Mademoiselle Louise avait interrompu mes pensées. « Léon, ta grande sœur a quelque chose d’important à te dire. Pourrais-tu m’accorder un peu de temps ? »

« Hm ? » J’avais jeté un regard interrogateur à Luxon, qui avait hoché la tête de haut en bas, confirmant que j’avais du temps avant mon prochain rendez-vous. J’avais fait un signe de tête à mademoiselle Louise, lui permettant de continuer.

Elle pressa doucement ses paumes l’une contre l’autre. « Nous avons pu envoyer des forces à Hohlfahrt, mais comme tu peux l’imaginer, la République d’Alzer est en proie à la discorde. Si nous ne revenons pas avec quelque chose de substantiel à montrer pour nos efforts ici, nous ne pourrons tout simplement pas convaincre le parti d’opposition de Hugues que nos actions étaient justifiées. Tu es certainement prêt à t’assurer que nous sommes équitablement dédommagés ? » Elle jeta un coup d’œil vers le bas avant de me regarder à nouveau avec des yeux humides et suppliants.

Dans le peu de temps qui s’était écoulé depuis que je l’avais vue pour la dernière fois, Mlle Louise avait beaucoup mûri. Je n’avais pas été surpris d’apprendre qu’Alzer avait fait un sacrifice important pour être ici. En tant que défenseur de son pays et de son peuple, il était naturel qu’elle veuille tirer quelque chose de cet arrangement. Cela dit, il y avait quelque chose d’étrange dans la façon dont elle disait tout cela, que je n’arrivais pas à mettre en évidence.

« La maison Fanoss se met en quatre pour contribuer elle aussi », déclara Mlle Hertrude. « Revenir sans rien montrer pour notre soutien me mettrait dans une situation très désavantageuse. »

Ce qu’elle et Louise disaient avait du sens. J’avais jeté un coup d’œil à Luxon, espérant qu’il pourrait prendre la relève.

« Pour l’instant, nous pouvons tous vous rembourser avec des pièces de platine, » les informa-t-il. « S’il y a d’autres marchandises que vous souhaitez demander, alors — »

« Attendez, » interrompit Miss Clarisse, dès qu’elle s’était aperçue que nous proposions de les dédommager de notre poche. « Vous ne pouvez pas mener des négociations comme ça. Ne s’agit-il pas d’une discussion entre nations ? Ce n’est tout simplement pas juste d’attendre de Léon qu’il décide seul de l’indemnisation — sans parler de payer la facture. »

Mlle Deirdre acquiesça. « Exactement. D’ailleurs, si quelqu’un a droit à une rémunération, c’est bien nous. La noblesse d’Hohlfahrt s’est également mobilisée pour participer à l’effort de guerre. Et bien sûr, la maison Roseblade fera tout son possible pour te soutenir, Léon. »

Étant donné que leurs maisons contribuaient également, elles avaient semblé indignées que je donne la priorité à Mlle Louise et Mlle Hertrude. Je m’étais caressé le menton, en réfléchissant bien à la question.

« Maître, » me chuchota Luxon à l’oreille, « n’y a-t-il pas quelque chose qui te semble étrange chez ces femmes ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Regarde-les. »

À sa demande, j’avais étudié les filles. Elles se faisaient toutes face et parlaient en souriant.

« N’est-ce pas une affaire domestique ? C’est curieux que tu t’attendes à être dédommagée », déclara Mlle Louise.

« D’après ce que je vois, vous avez une relation personnelle avec Léon, princesse étrangère », rétorqua Miss Clarisse. « Même si vous comptez insister sur le contraire, je vous remercierai de ne pas mettre votre nez dans mes affaires. »

« Espérez-vous faire revivre la Principauté ? » demande Miss Deirdre à Hertrude. « Si c’est ce que vous cherchez, vous pouvez attendre patiemment que le nouveau roi vous accorde l’amnistie après la fin de la guerre. Je serai même gentille et je glisserai un mot en votre faveur. »

« Vous et vos semblables êtes trop peu fiables pour que Léon et Hohlfahrt puissent vraiment compter sur eux, et c’est pourquoi la maison Fanoss est ici », rétorqua Mlle Hertrude. « Le royaume doit nous montrer une sincérité proportionnelle. »

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Partie 3

J’avais abattu mon poing sur ma paume quand cela m’était enfin venu. « C’est une manœuvre politique. Aucune d’entre elles ne veut que quelqu’un d’autre reçoive plus d’indemnités. »

En tant que membre de la haute société, je savais que leurs sourires n’étaient pas sincères. Elles faisaient toutes de leur mieux pour m’attirer dans leur coin et obtenir la meilleure récompense possible pour leur contribution. C’est pourquoi elles étaient si promptes à se chamailler.

J’ai compris cela assez rapidement. Je crois que je me suis vraiment habitué à être un aristocrate.

Luxon me jeta un regard inquiet. « Penses-tu vraiment que c’est tout ce que c’est ? »

« De toute façon, ne trouves-tu pas qu’il fait un peu froid dans cette pièce ? »

« Oui, c’est certainement le cas. »

Il faisait nettement plus froid que dans le couloir.

« Cela prend beaucoup plus de temps que je ne l’avais prévu », déclara Luxon. « Si nous continuons à ne pas réussir à résoudre ce problème, nous serons en retard à ton prochain rendez-vous. »

« J’ai compris. » Me retournant vers les femmes qui se chamaillaient, j’avais applaudi pour attirer leur attention. Les quatre s’étaient tournées vers moi. « Je comprends ce que vous voulez dire. Je veillerai personnellement à ce que vous soyez toutes dûment indemnisées. »

Mademoiselle Hertrude avait alors souri d’un air radieux. D’un point de vue objectif, sa taille et sa silhouette n’avaient pas vraiment changé depuis la dernière fois que je l’avais vue, mais elle avait un air plus mûr. C’était probablement un sous-produit de la maturation rapide qu’elle avait dû faire, en expérimentant les difficultés de la haute société en tant que représentante intérimaire de sa maison et de sa région. Elle n’avait pas eu d’autre choix que de grandir, et je compatissais avec elle.

« Sur ton nom, tu jures d’assumer la responsabilité de notre dédommagement ? » demanda Mlle Hertrude. « Pouvons-nous avoir cela par écrit ? »

« Si cela te satisfait, bien sûr. »

J’aurais adoré évoquer nos souvenirs ensemble pendant un moment, si nous avions eu le luxe d’avoir du temps, mais j’avais un emploi du temps serré. Aussi douces-amères qu’aient été ces brèves retrouvailles, je devais signer ce qu’ils voulaient et repartir.

Miss Clarisse fronça les sourcils. « Je suppose qu’il faudra s’en contenter. »

« Je m’excuse de te faire subir cela », dit Miss Deirdre en cachant à nouveau ses lèvres avec son éventail. « Mais je ne peux pas renoncer à une telle opportunité. »

Mlle Louise me regarda dans les yeux et sourit. « Grâce à toi, j’aurai un rapport des plus agréables à annoncer à mon père. »

Heureux d’avoir pu te rendre service.

Mlle Hertrude s’était rapidement attelée à la rédaction d’un contrat, en donnant des ordres aux trois autres femmes. Une fois qu’elles furent satisfaites des petits caractères, elle en résuma le contenu. « 'Moi, Léon, je jure par la présente de dédommager ces femmes avec tout ce qu’elles désirent'. »

La formulation du contrat lui-même était plus complexe, mais c’était là l’essentiel.

Satisfaite, mademoiselle Hertrude acquiesça. « C’est au moins mieux qu’un simple accord verbal. J’espère seulement que tu ne reviendras pas sur ta promesse plus tard. »

J’avais griffonné ma signature et lui avais adressé un sourire crispé. « Si peu de foi en moi. Voilà, l’acte est accompli. »

« Tout à fait. Alors je te verrai plus tard. »

Sur ce, notre petite discussion se termina.

 

☆☆☆

Lorsque nous étions arrivés dans l’antichambre, juste à l’extérieur de la salle d’audience, personne n’était là pour nous accueillir. Je m’étais assis sur un siège.

« Je crois qu’il était imprudent de signer un accord aussi vague », prévint Luxon, toujours aussi acariâtre. « Bien que je reconnaisse que les chances que ces femmes causent des problèmes importants à cause de ce contrat sont plutôt faibles. » Même s’il n’avait pas apprécié la façon dont j’avais résolu la situation, il n’était pas intervenu, il leur faisait suffisamment confiance pour supposer que les choses se passeraient bien.

« S’il semble que ça va finir par poser un problème, tu n’as qu’à t’en remettre à Creare », avais-je dit. « Elle s’en occupera. »

« Ne me dis pas que tu n’as pas l’intention d’honorer ce contrat. »

Fais confiance à Luxon pour lire dans mes pensées.

Oh, ne te méprends pas. Je me sentais coupable, mais j’avais eu une bonne raison de signer malhonnêtement. « Mes chances de revenir vivant de cette expérience sont minces, n’est-ce pas ? Je me sens mal de les induire en erreur, mais je pouvais difficilement gâcher le moment et dire : “Désolé, les filles, je risque de casser ma pipe sur ce champ de bataille”. »

La survie n’était en aucun cas garantie, et je n’avais tout simplement pas envie de transformer ces retrouvailles en un adieu doux-amer.

« Est-ce pour cela que tu as accepté leur demande si facilement ? »

J’avais haussé les épaules. « Je ne voulais pas qu’elles s’inquiètent. »

Même si je me sentais mal d’avoir manqué de transparence, le fait est que je ne reviendrais peut-être jamais à la maison. Si je ne le faisais pas, elles pourraient me maudire et me traiter de menteur autant qu’elles le voudraient. Au moins, je m’assurerais que Luxon leur donne de l’argent avant de partir. Avec un peu de chance, cela leur permettrait de me pardonner.

Alors que notre conversation s’essoufflait, la porte de l’antichambre s’ouvrit et Anjie fit irruption. « Léon ! »

Je m’étais levé de ma chaise. « Anjie. »

Elle portait ce qui ressemblait à une robe de mariée, bien qu’elle soit cramoisie. Ses cheveux étaient ramenés en arrière dans une jolie composition et une légère couche de maquillage mettait ses traits en valeur.

Anjie me regarda et ses yeux s’embuèrent. Elle se précipita vers moi, pressant son front contre ma poitrine. « J’étais convaincue que tu ne nous reviendrais pas », murmura-t-elle. « J’étais terrifiée à l’idée de ne plus jamais te revoir. »

« Je suis désolé. »

« Tu joues toujours avec mon cœur comme ça, encore et encore. Tu es vraiment la lie de l’humanité. »

« Tu as tout à fait le droit de me quitter, si tu veux », avais-je dit.

Elle leva les yeux vers moi, des larmes coulant sur ses joues alors même que ses lèvres se retroussaient en un sourire. « Même si tu détestes ça, je ne t’abandonnerai pas. Alors… ne m’abandonne pas non plus. »

La chaleur s’était accumulée derrière mes yeux. Ne voulant pas qu’Anjie me voie pleurer, j’avais jeté mes bras autour d’elle, l’attirant plus près. Je n’avais rien dit à voix haute, mais mes gestes traduisaient assez bien ce que je voulais dire.

« Je t’ai rassemblé autant d’alliés que possible, » dit-elle. « Des nobles, des chevaliers et des soldats Hohlfahrtiens. Ils sont tous dans la salle d’audience, attendant de t’entendre parler. »

« Je parie qu’ils n’attendent que de se plaindre. »

 

 

« Je n’en serais pas si sûre. Quoi qu’il en soit, j’ai fait des efforts plutôt extrêmes pour les faire venir ici. Ce sera un véritable fardeau pour toi, mais si tu le souhaites, il est encore temps de tout reprendre. »

Je ne pouvais pas faire ça. Je ne pouvais pas refuser et gâcher son travail acharné. Il n’y avait pas de retour en arrière possible. Quel que soit le poids du fardeau, c’était à moi de l’assumer. Je risquais de râler et de me plaindre tout le temps, mais — en supposant que je m’en sorte vivant — je l’accepterais.

« C’est très bien », avais-je répondu.

« Es-tu sûr ? Je sais que tu — ! »

« C’est bon », avais-je insisté. Je n’avais vraiment aucune réserve à l’idée de m’attaquer à ce projet, quel qu’il soit. Anjie était celle qui avait mis son sang, sa sueur et ses larmes dans l’organisation de cet événement. « Merci, Anjie. J’apprécie vraiment cela. »

« Si tu dois commencer à remercier les gens, n’oublie pas d’inclure Livia et Noëlle. Elles ont fait en sorte que la maison Fanoss et la République d’Alzer soient de notre côté. »

« Je ne manquerai pas de leur exprimer ma gratitude aussi », avais-je promis.

Nous étions restés enlacés jusqu’à ce que quelqu’un frappe à la porte. Anjie s’était éloignée. « C’est l’heure. Sors de là et fais ce que tu as à faire, Léon. »

J’avais commencé à me diriger vers la porte pour qu’elle ne voie pas les larmes dans mes yeux. « Je n’ai jamais aimé être devant une foule. Et j’ai du mal avec les mots, alors parler en public n’est pas vraiment mon fort », avais-je plaisanté, en essayant de me distraire de mes émotions. « Alors, ne ris pas, même si je me plante royalement, d’accord ? »

Elle s’esclaffa. « Si tu sais faire des blagues, je n’ai aucun doute sur le fait que tu t’en sortiras. »

« Dois-je te préparer un discours ? », proposa Luxon, qui n’avait jamais cessé d’être l’épine dans mon pied.

Je lui avais fait une grimace. « Aussi tenté que je sois, tu ferais mieux de ne pas le faire. »

« Pourquoi pas ? »

« Je veux que ce discours vienne de moi. »

Les hommes qui m’attendaient allaient se battre à mes côtés. Le moins que je puisse faire, c’est de répondre à leur loyauté avec sincérité.

 

☆☆☆

Lorsque j’étais arrivé dans la salle d’audience, elle était pleine à craquer. Le personnel du palais m’avait guidé jusqu’au trône, où je devais faire mon discours. Avant mon entrée, des voix avaient résonné à travers les portes, mais maintenant, le silence était tel qu’on aurait pu entendre une épingle tomber. C’était déconcertant.

Ce qui est encore plus étrange, c’est que ni Roland ni Mlle Mylène n’étaient sur leur trône. Au lieu de cela, ils se tenaient sur le côté. J’aperçus mon maître à leurs côtés, ce qui me rassura un peu. En observant la foule, j’avais vu la brigade des idiots, Loïc se tenant à proximité. Lelia et Monsieur Albergue étaient également présents. Les aristocrates Hohlfahrtiens avaient formé des rangs bien ordonnés en attendant que je prenne la parole.

Toute l’atmosphère était bizarre.

Mes yeux s’étaient alors posés sur le comte Mottley, dont les yeux étincelaient d’admiration en me regardant. Mon père était également présent, accroché à l’arrière et se tordant avec agitation, comme s’il était terrifié à l’idée que je puisse tout gâcher. Quelques garçons étaient venus en uniforme d’écolier. Daniel, Raymond et, à ma grande surprise, le reste de notre groupe — tous de pauvres barons de l’arrière-pays — étaient aussi dans la foule.

Je scrutais les visages des personnes présentes. « Quand j’ai entendu parler de cette petite réunion inaugurale, j’ai à moitié pensé que je me présenterais et qu’il n’y aurait personne. Pour être honnête, c’est un grand soulagement de voir que ce n’est pas le cas. »

C’était une plaisanterie légère, mais elle avait été accueillie par un silence. Pendant une seconde, je m’étais demandé si je ne m’étais pas déjà ridiculisé, mais les expressions de leur public étaient restées sérieuses. Ils étaient apparemment prêts à me laisser continuer, même après cette blague stupide de ma part.

« Je suppose que vous savez déjà tous ce qui nous amène ici », avais-je poursuivi. « Le Saint Empire magique de Vordenoit a déclaré la guerre au royaume de Hohlfahrt. Si nous restons silencieux, et ne faisons rien, je peux vous dire avec certitude qu’ils nous tueront tous. »

Il y avait certaines informations que je ne pouvais pas évoquer, mais la déclaration de guerre était de notoriété publique à ce stade. L’empire avait demandé notre reddition, mais il l’avait conditionnée avec un certain nombre de conditions humiliantes, ce qui, je m’en doute, avait laissé mes collègues nobles très indignés.

« L’empire est un ennemi puissant. Ils ont un atout dans leur manche, et ils sont prêts à l’utiliser pour nous anéantir. C’est pourquoi j’ai décidé de me dresser contre eux pour me battre. » J’avais fait une pause, fronçant les sourcils. « Pour être tout à fait honnête, je me serais bien fichu que tout ce royaume tombe en ruine. »

Des murmures avaient parcouru la salle d’audience, mais je les avais ignorés.

« Hohlfahrt m’a déçu à maintes reprises. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Si vous regardez dehors, vous pouvez voir une énorme flotte de navires de guerre. Et cette pièce est remplie de gens. Pour la première fois, je me surprends à penser que j’étais prêt trop tôt à abandonner ce pays. »

Je ne comptais plus le nombre de fois où j’avais pensé que Hohlfahrt était une cause perdue, et notre situation cette fois-ci était plus grave que jamais. C’était un miracle que tant de gens se soient rassemblés pour cela, cela n’aurait pas été possible sans Anjie, Livia et Noëlle. J’avais regardé ces filles, je voulais qu’elles sachent que je les avais remarquées. Marie se tenait près d’elles, vêtue d’une robe blanche et des reliques de la Sainte. Plusieurs membres du clergé du Temple l’entouraient. J’avais entendu dire que Marie les faisait tourner en bourrique, mais j’en doutais jusqu’à ce que je le voie moi-même.

« D’ordinaire, je m’occupe des choses en mettant un adversaire en pièces verbalement tout en le remettant à sa place par le biais d’une force écrasante. Mais, malheureusement, ce n’est pas possible cette fois-ci. Je suis sincère quand je dis que l’empire est fort. Il n’y a aucune chance que je puisse les combattre tout seul. Alors… » J’avais pris une grande inspiration et j’avais penché la tête en arrière, regardant le plafond avant de retourner mon regard vers les gens qui étaient suspendus à chacun de mes mots. « Je vous demande de m’apporter votre soutien. »

J’avais baissé la tête. Les nobles dans la foule avaient haleté d’incrédulité, des chuchotements avaient éclaté.

En gardant la tête basse, j’avais continué : « Je n’ai pas besoin que vous fassiez cela pour moi. Faites-le pour vous-mêmes — pour les gens que vous aimez et que vous souhaitez protéger. Mais, je vous en supplie, battez-vous à mes côtés. »

Ce n’était un secret pour personne que j’avais été arrogant dans le passé. Je doute qu’aucun des spectateurs n’ait jamais imaginé que je ferais une demande aussi humble, la tête baissée.

Le murmure se poursuit jusqu’à ce que la voix du comte Mottley retentisse dans la salle d’audience. « S’il vous plaît, levez la tête. Par la présente, je vous jure ma vie, mon seigneur. Je vous demande de l’utiliser comme bon vous semble ! »

Lorsque j’avais levé la tête comme il me le demandait, le comte s’était avancé et s’était agenouillé devant moi, la tête penchée.

« Ceux d’entre nous qui sont réunis ici sont prêts à faire ce qui est nécessaire », déclara Vince. « Ne prenez pas cette loyauté et ce dévouement à la légère. »

Après ces deux preuves de fidélité, le reste des nobles exprimèrent ouvertement les mêmes sentiments.

« Bon sang ! Eh bien, je dois dire que je ne m’attendais pas à ce que vienne le jour où Lord Bartfort daignerait baisser la tête devant nous ! »

« C’est vraiment un événement unique dans une vie — si l’on a même la chance d’en être témoin une fois ! »

« Voir ça valait la peine de venir ici, c’est sûr ! »

Des blagues et des rires avaient retenti, j’avais regardé tout cela avec la bouche ouverte.

Mon maître avait dû trouver cela inconvenant, car il prit la parole. « Il semblerait que vous nous ayez mal compris, monsieur Léon, alors laissez-moi mettre les choses au clair. Nous devrions vous supplier de nous aider. »

« Maître ? » avais-je dit avec incrédulité.

Comme pour confirmer, la foule commença à s’agenouiller et à baisser la tête. Même ce salaud de Roland s’était avancé pour montrer son respect, posant un genou à terre et s’inclinant — chose impensable pour un monarque.

« Archiduc Léon Fou Bartfort, je parle au nom de toutes les personnes présentes en disant que nous serions humbles et honorés d’avoir votre soutien dans la bataille à venir. »

Il était difficile d’imaginer Roland parlant avec une telle sincérité, sans y injecter quelques plaisanteries ou insultes, mais ses paroles sonnaient juste. Chaque âme dans la pièce était à genoux, la tête penchée. Roland ne m’avait pas traité de sale gosse et n’avait pas exigé ma loyauté, ce qu’il avait déjà fait par le passé. Il avait même formulé ses paroles comme une demande, implorant mon aide, bien que j’aie été le premier à le faire. Roland exprimait le désir sincère de se battre à mes côtés, comme tous les autres hommes présents.

« Merci à vous tous. Je serais ravi de m’envoler sur le champ de bataille à vos côtés. »

C’était une guerre que nous devions gagner à tout prix.

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Claramiel

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