Chapitre 18 : La fausse sainte
Tandis que Julian et ses amis étaient partis à la recherche de Léon, Marie en profita pour visiter un lieu familier de la capitale. La structure qui s’offrait à elle était solennelle et majestueuse, remplie de nombreux croyants dévoués qui s’affairaient à la prière.
Le Temple était l’institution religieuse soutenue par la majeure partie de la population de Hohlfahrt. Son principal lieu de culte se trouvait en haut d’un escalier incroyablement haut.
À l’approche de Marie, les chevaliers qui gardaient l’entrée levèrent leurs lances en signe d’avertissement. Ils avaient prêté serment d’allégeance au Temple, mais leur véritable maître était le Dieu qu’eux et le reste du Temple vénéraient, en plus de la Sainte. Les chevaliers détestaient Marie, et c’était compréhensible, après les événements survenus il y a deux ans, au cours desquels elle s’était fait passer pour la Sainte.
« Qu’est-ce qui t’amène ici, maudite sorcière !? »
« On t’a prévenue de ne plus jamais t’approcher de ce lieu sacré ! »
Lorsque les gardes pointèrent leurs lances sur elle, les civils qui s’étaient rendus sur place pour prier murmurèrent entre eux. Marie ignora les gardes et l’attention et avança, du moins jusqu’à ce que les gardes lèvent leurs lances pour lui barrer la route.
« On t’a dit de partir — wow ! »
Marie avait alors saisi leurs lances et, avec une force inouïe, elle fit voler les armes et leurs porteurs. Le mana ondula sur sa peau et une lumière blanche l’enveloppa tandis qu’elle s’avançait dans le temple proprement dit. Les doubles portes qui menaient à l’intérieur étaient déjà ouvertes pour accueillir les fidèles venus prier.
Au fond du temple se trouvait une belle statue en albâtre de la Sainte, dont le visage était si soigneusement poli qu’il semblait briller à la lumière. La statue était dotée d’accessoires en or, sa main droite tenait un bâton en or, et un bracelet en or ornait son poignet gauche. Un autre bibelot en or pendait au cou de la statue. Les yeux de Marie brillèrent tandis qu’elle fixait sa cible.
L’agitation à la porte fit venir des chevaliers du Temple qui s’étaient précipités pour enquêter, suivis par plusieurs prêtres. Un homme corpulent, au corps si gonflé qu’il lui était difficile de marcher, semblait être le prêtre principal. Plusieurs bagues scintillantes ornaient ses doigts épais. Marie trouvait qu’il avait l’air bien trop matérialiste pour un chef religieux, mais bon, le Temple ne pratiquait pas l’ascétisme.
« Je ne te permettrai pas de souiller ce sol consacré ! » beugla l’apparent chef des prêtres. « Chevaliers, je vous autorise à prendre sa tête ! »
Les prêtres avaient été visiblement surpris par son annonce.
« L’accord stipule que nous ne sommes pas censés la toucher ! », protesta l’un d’eux.
« C’était à la condition qu’elle ne remette plus jamais les pieds ici. C’est elle qui a violé l’accord ! Maintenant, vil interlope, tu vas devoir faire face à la justice de la Sainte ! »
Les chevaliers se dirigèrent vers Marie, armes au poing. Marie ne leur prêta pas la moindre attention. Elle se concentra sur les reliques de la Sainte, des objets clés du jeu.
« Ce dont j’ai besoin maintenant, c’est de pouvoir », murmura Marie, comme pour elle-même. « Tu m’as déjà reconnue comme la Sainte, et j’ai besoin que tu me prêtes à nouveau ta force. » Elle s’adressait en fait à la statue, mais la Sainte d’albâtre ne répondit pas, se contentant de lui sourire tendrement.
Le prêtre en chef renifla. « Qu’est-ce que tu racontes ? Crois-tu que la Sainte répondrait à un pécheur irrécupérable comme toi ? Assez ! Coupez-la en rubans ! »
Ayant également perdu patience, les chevaliers du Temple levèrent leurs épées, prêts à exécuter l’ordre du prêtre en chef.
Marie était restée ferme. Elle tendit sa main droite vers la statue. « J’ai besoin de ton pouvoir pour sauver mon frère. Alors… alors, donne-le-moi maintenant ! »
Bien que sa voix ait commencé doucement, elle était montée en crescendo et résonna dans la pièce.
La statue n’avait pas réagi, mais les reliques d’or, elles, l’avaient fait. Le bracelet brisa le poignet d’albâtre auquel il était accroché et se libéra. Il virevolta dans les airs et s’enroula autour du poignet de Marie. Le bâton brisa le bras droit de la statue en se détachant et en fonçant vers elle, se plantant dans le sol à ses pieds. Le collier fut le dernier à bouger, arrachant la tête de la statue pour se frayer un chemin vers elle.
Les trois pièces avaient répondu à l’appel de Marie, et lorsque les épées des chevaliers du Temple s’étaient abattues sur elle, elles furent accueillies par une onde de choc qui souffla les épéistes et les armes. Certains se heurtèrent à des murs, d’autres à des piliers proches, mais tous les chevaliers avaient gémi de douleur.
Marie tendit la main vers l’avant, saisissant le bâton devant elle. « Merci », dit-elle, non pas aux personnes présentes, mais aux reliques. « Merci de m’avoir permis de faire appel à ton pouvoir une fois de plus. Je jure que, cette fois, je ne ferai pas les mêmes erreurs. »
Cette situation était différente de celle où elle avait sciemment volé le rôle de Sainte à Livia. Marie ne faisait pas ça pour elle, elle le faisait pour Léon. Elle avait besoin du pouvoir de la Sainte pour l’aider.
Le prêtre en chef vibra de fureur. « Comment les saintes reliques ont-elles pu reconnaître une impostrice !? C’est inadmissible. Inacceptable ! » hurla-t-il, la salive volant dans les airs.
L’ignorant, Marie examina les chevaliers du Temple tombés au sol. Aucun ne semblait capable de se relever pour l’instant. Sa main se resserra autour de son bâton, et elle ferma les yeux, laissant le mana s’écouler d’elle. « Je suis désolée. Je vais soigner vos blessures. »
La lumière blanche enveloppa Marie, puis s’écoula vers l’extérieur, inondant le temple. Le temps qu’elle reflue et se dissipe, les chevaliers constatèrent que leur douleur s’était évaporée avec elle.
« Incroyable. Ça ne fait plus mal. »
« Je n’ai jamais vu de magie de guérison comme celle-là. »
« Je n’arrive pas à y croire. Cette femme est vraiment la sainte après tout ? »
L’hostilité qui régnait auparavant disparut et les chevaliers du temple la regardèrent à nouveau. Les prêtres restèrent bouche bée, incapables de trouver leur voix pour faire un commentaire.
De son côté, le prêtre en chef tomba à la renverse, s’effondrant sur le derrière en lançant un doigt accusateur dans sa direction. « Pouvez-vous… vraiment être la Sainte ? » Le sang avait disparu de son visage.
Marie le regarda en ricanant. Arrachant le bâton du sol, elle le reposa sur son épaule. « C’est vrai. Maintenant, où est mon grand accueil ? »
Elle parlait avec une telle assurance que les prêtres ne pouvaient qu’échanger des regards confus. Quelques instants plus tard, ils s’agenouillèrent avec hésitation et baissèrent la tête en signe de révérence. Les chevaliers du temple s’agenouillèrent également, la tête baissée.
Réalisant qu’il n’avait plus aucun moyen de contester ça, le prêtre en chef se prosterna sur le sol. « J’implore votre pitié, ma dame ! Nous étions certains, au vu du passé, que vous n’étiez rien d’autre qu’une impostrice ! Je me prépare immédiatement à ce que vous soyez accueillie avec le respect que vous méritez tant ! »
« Ce n’est pas la peine. » Marie lui fit signe de s’en aller. « Vous avez des dossiers sur la Sainte, n’est-ce pas ? Guidez-moi jusqu’à votre bibliothèque, et laissez-moi les voir immédiatement. »
La tête du prêtre principal se releva d’un coup, son visage rondouillard étant l’image de l’ahurissement. « Vous voulez parler de nos archives ? Bien sûr, en tant que sainte, vous avez tout à fait le droit de les visiter, mais — ! »
« Pas de mais. Emmenez-moi là-bas maintenant. »
« O-oui, tout de suite ! » Paniqué, le prêtre en chef cria vers quelques prêtresses, leur ordonnant d’escorter Marie jusqu’aux archives.
Une fois en route, elle était certaine que ce qu’elle désirait était enfin à portée de main. Au moins, lorsque les combats commenceront, je pourrai compter sur le pouvoir de la sainte.
Les dossiers auxquels elle avait fait référence devaient contenir des informations sur une magie spéciale accessible uniquement à une personne qualifiée pour être la sainte et commander les trois reliques. La légende disait qu’une telle personne avait utilisé ces pouvoirs une fois, et Marie était déterminée à apprendre tout ce qu’elle pouvait pour renforcer son arsenal.
Je ne perdrai plus jamais mon Grand Frère.
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