Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 12 – Chapitre 15 – Partie 1

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Chapitre 15 : Un contre cinq

Partie 1

Au moment où Anjie arriva au palais royal, une voix de femme retentit derrière elle. Il s’agissait de Clarisse Fia Atlee, la fille du comte Atlee. Pendant un certain temps, Anjie et elle avaient été assez proches. Elles avaient fréquenté l’académie ensemble, mais Clarisse avait depuis obtenu son diplôme.

Clarisse s’engagea à grandes enjambées dans le couloir pour réduire la distance qui les séparait. « Cela fait un moment, Anjelica, » dit-elle chaleureusement. « On dirait que tu as rassemblé pas mal d’alliés. Ai-je raison de supposer que tu as fait tout ce chemin pour initier un coup d’État ? »

C’était évidemment une suggestion qu’elle trahissait, mais Anjie ne l’avait pas laissée l’atteindre. Elle jeta un coup d’œil à Clarisse, puis elle reprit sa marche vers sa destination initiale.

« J’ai une réunion avec Sa Majesté. Si tu n’as rien à faire ici, je te conseille de rentrer chez toi », dit sèchement Anjie. « La situation ici, au palais, ne peut que devenir chaotique. »

« Hélas, je travaille ici ces jours-ci. Je donne un coup de main à mon père. »

Anjie fronça les sourcils. « À un moment pareil ? As-tu les idées claires ? »

« Qui peut le dire ? Mais oublions tout cela. Léon va-t-il bien ? » demanda Clarisse, ses mots étant empreints d’un sens caché.

Suspicieuse, Anjie plissa les yeux. « Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« N’y vois rien de spécial. De toute façon, la reine doit t’attendre. » Sur ce, Clarisse prit congé.

Lorsqu’Anjie arriva au bureau de la reine, les gardes qui se tenaient à l’extérieur s’inclinèrent poliment, puis ouvrirent les portes pour lui permettre d’entrer. Comme Clarisse l’avait dit, la reine l’attendait vraiment.

« Pardonnez l’intrusion », déclara Anjie en entrant.

Mylène était assise à son bureau et parcourait des piles de documents. Sa main se figea à l’entrée d’Anjie, et elle laissa échapper un souffle avant de sourire. Ses gardes fermèrent après ça la porte pour leur donner de l’intimité.

« Tu as été terriblement occupée », dit la reine. « As-tu finalement décidé que tu souhaitais après tout prendre le pays ? » Elle ne tournait pas autour du pot.

« Oui », répondit Anjie en toute honnêteté. « C’est pour cela que je suis venue. »

« Tu as des nerfs d’acier pour venir ici sans être protégée. » Mylène gloussa, mais son rire s’estompa rapidement, remplacé par une expression plus sobre. « Je suppose que tu as entendu les demandes de l’empire. »

« Ils veulent la tête de Léon. »

« Ils veulent aussi que Hohlfahrt devienne un État vassal. Ils ont tellement d’exigences détaillées, c’est plutôt ennuyeux. »

« Alors avez-vous l’intention de résister ? »

« Nous ne pouvons pas », répondit Mylène avec calme. « Hohlfahrt a épuisé ses armées et ses ressources. Si nous allions au combat maintenant, nous tomberions bien trop vite. Certains sont même partisans de sacrifier Léon à l’empire pour sauver leur peau. »

« Je demanderai une liste de ces individus à une date ultérieure. »

Mylène regarda Anjie d’un air pensif. « Tu te comportes déjà comme la consort du roi. Non, pas une consort — une reine qui gouverne de son propre chef. As-tu l’intention de monter sur le trône ? De régner à la place de Léon, étant donné qu’il n’est pas le chef le plus fiable ? »

Anjie afficha un sourire contrariant. « Si c’est ce que Léon souhaite que je fasse, je le ferai. Aussi indépendante et têtue que je puisse paraître, je préfère un rôle de soutien. Et je ne voudrais pas faire quelque chose qui rendrait Léon malheureux. »

Mylène ouvrit la bouche, comme pour dire quelque chose, mais elle se ravisa et secoua la tête. « Je suis en train de dresser une liste de ceux qui prônent le sacrifice de Léon en ce moment même. Je veillerai à ce que tu l’obtiennes plus tard. »

« Je vous remercie. » Cette question réglée, Anjie poursuit : « Nous allons demander au roi Roland d’abdiquer. »

« Alors c’est ça ton plan ? » demanda Mylène sans sourciller. « Vas-tu exécuter toute la famille royale, pour faire de nous un exemple ? »

« Ne plaisantez pas avec ça. Nous prévoyons une transition pacifique du pouvoir. Nous garantirons à la fois la sécurité du roi Roland et celle du reste de la famille royale. »

Mylène rétrécit les yeux, mécontente. « Alors tu n’es pas assez impitoyable. Si tu épargnes la famille du roi, tu ne demandes qu’à avoir des ennuis plus tard. Certains aristocrates se rallieront à nous en tant qu’étendard, revendiquant l’indépendance vis-à-vis d’Hohlfahrt. »

Anjie l’avait anticipé, mais cette perspective ne la dérangeait pas. « S’ils pensent qu’ils peuvent se battre contre Léon et survivre, alors ils sont les bienvenus pour essayer. »

Mylène lui lança un regard à la fois envieux et fier — la fierté d’un parent dont la fille s’était imposée. Après tout, c’est Mylène qui s’était occupée d’Anjie lorsque la jeune fille était venue au palais pour apprendre les bonnes manières et le décorum.

« Je suis heureuse de voir que tu as mûri et que tu es devenue une jeune femme forte. Il semble que j’ai eu raison de te choisir comme mon successeur. D’accord, les choses n’ont pas tout à fait fonctionné comme je l’avais prévu. »

Anjie était destinée à être la future reine du royaume suite à ses fiançailles avec Julian. C’est pourquoi Mylène s’était donné tant de mal pour l’élever. Mylène n’avait pas prévu que Julian gâcherait tout. C’est une chose qu’elle regrettait.

« Si j’ai autant grandi, c’est grâce à Léon », dit Anjie. « Malgré tout, je vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour moi, Votre Majesté. » Elle baissa la tête.

« Il est trop tôt pour que tu me remercies. Tu as un adversaire bien plus redoutable à affronter. Sa Majesté t’attend dans la salle du trône. »

« Il m’attend ? » demanda Anjie, incrédule.

On commençait à croire que lui et Mylène avaient anticipé son arrivée — et ce que cela impliquerait.

 

☆☆☆

Lorsque j’avais quitté la grotte, Daniel et Raymond se précipitèrent vers moi.

« Léon, qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi n’es-tu pas allé à l’école ? »

« C’est vrai, ça ne te ressemble pas de disparaître sans rien dire. Et maintenant, l’empire nous souffle dans le cou, prêt à la guerre. Nous sommes perdus sans toi. »

Je les avais longuement regardés. « Est-ce vous qui avez amené ces crétins ? »

Daniel refusa de croiser mon regard. « Eh bien, oui. Ils ont demandé à emprunter un dirigeable. Quand ils ont dit qu’ils allaient te trouver, nous avons accepté. » Il fit un geste de la main dans l’air, écartant ma question comme une réponse essentielle. « De toute façon, tu vas vraiment les affronter en duel ! »

Je jetai un coup d’œil vers la grotte, d’où venaient d’émerger les cinq types en question. « Ta supposition est aussi bonne que la mienne », avais-je sifflé. « Vous devriez tous les deux vous dépêcher de rentrer, ou vous serez pris dans les tirs croisés. »

Mes amis, inquiets, avaient fait ce que je leur avais conseillé, disparaissant dans les arbres voisins.

Une fois qu’ils furent partis, je m’étais retourné pour faire face à Luxon. « Il n’a toujours pas cessé de pleuvoir. Tes petites prévisions météorologiques étaient de vraies conneries. »

« Il ne s’est pratiquement pas écoulé de temps depuis cette prévision. Le taux de précipitations actuel correspond bien à mes calculs. »

Il avait toujours une excuse.

Debout sous la pluie battante, la brigade des idiots s’aligna devant moi.

« Vous n’avez rien appris depuis que nous nous sommes affrontés en première année », m’étais-je moqué. « Je n’arrive pas à croire que vous vouliez vous battre contre moi en armure. Vous êtes en état de mort cérébrale ou quoi ? »

À leur demande, les conditions de notre duel étaient les mêmes que la première fois, lorsque j’avais proposé de les combattre en l’honneur d’Anjie.

« Si nous gagnons, nous te ramenons à la capitale », dit Julian, une pointe de tristesse dans les yeux.

Il était hors de question que je perde.

« Et si je gagne », avais-je dit, « vous retournez tous à la capitale et à vos habituelles pitreries ridicules avec Marie. Vous n’avez pas à vous inquiéter. Je veillerai à ce que vous ayez beaucoup d’argent. Pour l’instant, vous pouvez vous amuser à votre guise. »

Julian rit. « Ça me paraît bien. Qu’on gagne ou qu’on perde, on y gagne quand même. » Il avait une sorte de ton de diable en disant cela. Malgré la pluie qui s’abattait sur nous, il avait l’air d’un beau prince.

Si j’avais été quelqu’un d’autre, j’aurais été vert de jalousie. Mais comme Julian et moi étions — enfin, pas vraiment des amis, mais quelque chose de plus que des connaissances, je suppose — ma jalousie était moins intense. Et c’était en fait une partie de ce qui nous unissait.

« Je vais frapper ton visage dégoûtant pour qu’il devienne méconnaissable et tuméfié. » lui avais-je dit en ricanant. « Luxon, fais sortir Arroganz. »

Même si je n’en voulais pas vraiment à Julian, mes paroles ressemblaient exactement aux répliques d’un méchant chétif et insignifiant.

« Très bien, » dit Luxon.

L’Arroganz était lentement descendu du ciel et il s’était posé derrière moi. Il avait atterri dans la boue, sa forme plus massive que jamais. Luxon n’avait cessé d’améliorer sa conception, en pensant à notre bataille imminente contre l’Arcadia.

J’avais lancé mon poing en arrière, en faisant passer mon pouce par-dessus mon épaule. « Ce n’est pas l’Arroganz que vous vous souvenez. Je vous ai pulvérisés en première année, n’est-ce pas ? J’espère que vous ne vous attendez pas à un combat aussi facile. » J’avais choisi mes mots avec soin, versant du sel dans de vieilles blessures.

« Non. Nous t’avons vu te battre de nombreuses fois », dit Chris en retirant ses lunettes. « C’est bien que tu aies continué à développer ta force. »

Sa bravade m’avait énervé. Les choses seraient tellement plus faciles s’ils abandonnaient.

« Eh bien, où sont vos armures ? J’espère bien que vous ne m’avez pas provoqué en duel sans les avoir préparées. » Connaissant la brigade des idiots, ce ne serait pas le moins du monde surprenant.

Puis, à mon grand choc, des armures avaient atterri derrière eux — toutes étrangement familières.

Éberlué, je m’étais retourné pour faire face à Luxon. « As-tu amené leurs armures ici ? »

« Je leur ai également apporté des ajustements. »

« Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? »

« C’est toi qui as accepté leur défi », me rappela consciencieusement Luxon. « Ils ne possèdent pas d’armures à eux, alors j’ai fourni des armures pour que les choses soient équitables. »

Quel était le but de tout cela ? Ils n’avaient toujours aucune chance de me battre. Luxon avait amélioré les performances d’Arroganz jusqu’à la limite de ses possibilités, en mettant tout en œuvre. Nous nous attendions à affronter des chevaliers démoniaques compétents, alors Arroganz devait être aussi puissant que possible. Les améliorations avaient rendu son pilotage encore plus difficile, mais grâce à mon entraînement supplémentaire et aux stimulants de performance, je me débrouillais. Il aurait cependant été impossible de voler sans eux.

Mes yeux avaient suivi Julian et le reste de la brigade d’idiots alors qu’ils grimpaient dans leurs armures. Il s’agissait des armures que Luxon avait préparées pour eux il y a quelque temps. Les gars avaient l’habitude de les piloter et l’avaient fait à de nombreuses reprises pour me soutenir au combat.

« Nous apprécions que tu nous les prêtes », dit Jilk en me souriant. Il ferma l’écoutille du cockpit, et son armure verte agenouillée se hissa sur ses pieds.

Le reste de la brigade des idiots avait suivi le mouvement, attendant que je fasse de même.

« Ne vas-tu pas te mettre en tenue ? » demanda Julian avec impatience.

Je serrais les poings. Mon agacement grandissait. « Je ferai en sorte que tu le regrettes. »

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

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