Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 11 – Prologue – Partie 2

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Prologue

Partie 2

« À quoi pense mon stupide frère !? »

En ce moment même, Marie Fou Lafan était en train de pousser des cris d’orfraie dans le dortoir des filles. Elle était furieuse contre son grand frère — techniquement parlant, son ancien grand frère — qui ne s’était pas présenté à leur réunion. Au lieu de cela, Luxon, le partenaire de Léon, était venu la voir. Son petit corps rond et métallique flottait dans les airs, une seule lentille rouge nichée en son centre.

La voix robotique de Luxon semblait presque exaspérée lorsqu’il déclara : « On peut dire que le maître est moins paresseux ces jours-ci, ce qui, selon certains, est un signe de croissance, mais il prend de l’avance sur certaines choses. À l’heure où nous parlons, il est collé à Olivia comme du mucus, accroché à elle. »

Creare avait fait part de ce petit détail à Luxon, qui s’était empressé de le révéler à Marie. Cela n’avait fait qu’empirer l’humeur de cette dernière. Elle ne s’intéressait absolument pas à la vie amoureuse de son frère.

« Argh, dis au moins colle, pas mucus ! Ça a l’air complètement dégoûtant ! »

« Très bien. Permets-moi de modifier ma déclaration par souci d’exactitude : ils s’embrassent. »

Marie secoua vigoureusement la tête. « Ne me dis pas ce genre de choses ! » s’écria-t-elle.

Bien que ce soit difficile à discerner, Luxon semblait légèrement amusé. « Il est utile d’observer tes réactions à ce genre de choses », nota-t-il d’un ton détaché.

« Tu me prends pour qui, une expérience en cours ? De toute façon, est-ce qu’on va avoir cette discussion même si Grand Frère n’est pas là ? »

À l’origine, Léon et Marie avaient l’intention de discuter et d’exposer leurs plans pour l’avenir, Luxon étant là pour intervenir comme il le faisait toujours. Mais ce n’était manifestement pas le cas, et Marie s’inquiétait des derniers développements.

« Le saint royaume de Rachel a rassemblé un tas de ses voisins pour former une alliance et prévoit de nous envahir, c’est ça ? », lança Marie, qui n’était pas très au courant de tous les détails.

« D’un point de vue général, c’est exact, mais ils n’ont pas encore l’intention d’envahir, » corrigea Luxon.

« Mais ils finiront par le faire. »

« Tout dépend des pourparlers d’aujourd’hui. Le saint royaume de Rachel a envoyé un émissaire au royaume de Hohlfahrt et a demandé une audience avec le roi Roland. Le maître doit également y assister. »

Si un envoyé était ici, Marie comprenait pourquoi Roland avait convoqué Léon. Mais que dirait cet envoyé ? La curiosité avait poussé la noblesse du royaume à affluer vers la capitale sans invitation pour pouvoir l’écouter, impatiente de connaître la suite des événements.

« J’espérais pouvoir parler à Grand Frère avant que toute cette histoire n’arrive, mais ces derniers temps, il est devenu complètement fou de filles. Ce grand dadais. Il n’a pas le droit de critiquer le roi », grommela Marie.

Roland était un infâme coureur de jupons, et Léon le dénigrait presque quotidiennement. Il était donc ironique que Léon se concentre autant sur ses propres relations avec le beau sexe ces derniers temps. Plus précisément, ses trois fiancées.

« Les attentions du Maître ne sont prodiguées qu’aux femmes à qui il est promis — Anjelica, Olivia et Noëlle. Je ne vois aucun inconvénient à cela. »

Marie secoua la tête. « C’est comme s’il y avait mille problèmes à la fois ! Nous sommes à un moment critique, et il est occupé à aller à des rendez-vous, à prendre le thé, et à trouver toutes sortes d’excuses pour éviter de me rencontrer ! » Ses mains s’étaient envolées vers sa tête, serrant son crâne pendant qu’elle agonisait.

Luxon l’étudia, l’anneau central de sa lentille bougeant au fur et à mesure qu’il enregistrait sa réaction. « Te sens-tu peut-être seule ? Comme si ces femmes t’avaient volé ton frère ? »

« Non ! » Marie se redressa et attrapa un coussin qui se trouvait à proximité pour le lancer à Luxon. Il aurait pu facilement esquiver, mais jugeant qu’il ne s’agissait pas d’une menace réelle, Luxon laissa le coussin rebondir sur lui.

« Il est de la plus haute importance que le maître établisse de bonnes relations avec les femmes qu’il a juré d’épouser. En fait, il a été incroyablement négligent sur ce front jusqu’à récemment. »

« Je peux être d’accord avec ça, mais voyons. Ce qui est bizarre, c’est qu’il a trois fiancées. Je veux dire, vu sa personnalité, c’est un peu un miracle, mais quand même. »

Luxon lui lança un regard perçant. « Cela vient d’une femme qui a séduit cinq hommes ? »

« Argh ! » Marie poussa un cri étranglé — et quelque peu adorable — en s’agrippant à sa poitrine. Son visage se contorsionna sous l’effet de l’agonie, et ses genoux se dérobèrent. Elle tremblait là où elle s’effondrait, le sang s’écoulant de son visage. Les mots de Luxon étaient comme un poignard en plein cœur — un poignard qu’elle avait essayé d’utiliser sur Léon et qui s’était enfoncé dans sa poitrine à la place.

« Arrête, » gémit-elle. « Ne le dis pas. Je regrette mes actes, vraiment. Mais… mais… aucun d’entre eux n’essaie de partir ! Je veux plus que tout les libérer, mais aucun d’entre eux ne veut partir ! » Les larmes lui montèrent aux yeux.

Les hommes que Marie avait séduits étaient cinq (ex-) nobles scions et les intérêts amoureux du premier jeu vidéo otome. À un moment donné, elle avait essayé de les renvoyer chez eux. Pour une raison ou une autre, aucun d’entre eux n’avait jugé bon de la quitter.

« Bon, je pense que c’est assez de tes malheurs. Pourquoi ne pas revenir au sujet qui nous occupe ? » proposa Luxon. « Il est vrai que le maître a été distrait ces derniers temps. Il donne trop la priorité à ses fiancées et fait abstraction de tout le reste. » En d’autres termes, Léon était tellement bien placé en ce moment qu’il n’y avait guère de joie à le taquiner.

Marie releva la tête. « Mon frère est un énorme emmerdeur, n’est-ce pas ? Je pensais qu’il se reprenait enfin, mais au lieu de ça, il est devenu imbu de sa personne, et maintenant, il passe son temps à faire les yeux doux à ses filles. Crois-moi, un jour, l’une d’entre elles va le poignarder. En fait, c’est peut-être une bonne chose pour lui. Peut-être qu’alors, il ouvrira enfin les yeux. »

« C’est impossible. »

« Qu’est-ce qui te fait dire ça ? »

« Parce que je protégerai mon maître de tout danger de ce genre. »

Marie l’étudia et fit une grimace. « Tu sais, je commence à penser que tu es la plus grande douleur de toutes. »

« Moi, une douleur ? Cela n’a pas de sens. J’exige une explication en bonne et due forme. »

 

☆☆☆

 

La lumière du soleil pénétrait par l’énorme fenêtre de la salle du trône du palais royal. La température de la pièce était contrôlée par magie, mais tant d’aristocrates s’étaient entassés à l’intérieur pour assister à l’audience de l’émissaire avec le roi que l’air était oppressant. Un filet de sueur glissa le long de mon front, mais je l’avais à peine remarqué, trop concentré sur Roland et l’homme qui était venu lui parler.

L’envoyé avait une carrure délicate et était vêtu d’un costume. Sa voix insupportablement théâtrale résonnait dans la salle. Les participants étaient visiblement agacés.

« Son Éminence, le monarque divin du Saint Royaume de Rachel, déplore grandement les circonstances actuelles. Quand on pense que le chevalier-racaille détient un pouvoir aussi illimité, c’est une honte ! Il est la source de tous nos malheurs, il menace non seulement notre sécurité, mais aussi celle de toutes nos nations sœurs ! » Il jeta un coup d’œil vers le bord de la salle où j’écoutais tranquillement sur mon siège. Au même instant, l’attention de tout le monde s’était concentrée sur moi.

L’envoyé gesticula de façon spectaculaire en plaidant sa cause. « Votre Majesté, le roi de Hohlfahrt, je vous en conjure. Si vous êtes vraiment un champion de la paix, n’allez-vous pas confisquer les artefacts disparus du chevalier-racaille et les redistribuer à notre alliance ? »

Je ne savais pas exactement quand j’avais mérité cette épithète peu flatteuse, mais c’était assez agaçant d’apprendre que même les gens de Rachel l’utilisaient pour me désigner. Leur tentative de s’emparer de mes artefacts disparus était également exaspérante. Néanmoins, je m’étais dit qu’il valait mieux écouter ce type jusqu’au bout.

Roland me jeta un coup d’œil. Lorsqu’il comprit que j’allais garder le silence, il sourit d’une oreille à l’autre. Il aimait me voir me tortiller — il aimait voir la grimace amère sur mon visage.

« Oh ? » dit Roland. « En d’autres termes, vous exigez que nous cédions les artefacts disparus du duc à des puissances étrangères ? »

À côté de Roland était assise la reine Mylène. Elle étudiait en silence l’envoyé de Rachel, avec l’air digne que l’on peut attendre d’une femme de son rang. Son regard habituellement chaleureux était devenu d’une froideur arctique, lui donnant un air de reine des glaces. Honnêtement, je n’avais répondu à la maudite convocation de Roland au palais que pour pouvoir voir ce visage.

Ahh, elle est toujours aussi belle, avais-je pensé, avant de me réprimander rapidement. Ce n’était ni le moment ni l’endroit pour fantasmer.

L’envoyé me jeta un autre coup d’œil. Les commissures de ses lèvres se retroussèrent. « Non, je crains que cela ne soit pas suffisant. Nous insistons également pour que vous renonciez à l’Arbre sacré et à sa prêtresse, qu’il a tous deux saisis à la République d’Alzer. »

Des murmures éclatèrent. Les aristocrates s’étaient empressés d’exprimer leur soutien à mon égard.

« La prêtresse est l’une des fiancées du duc. »

« Trop audacieux ! Exiger d’un duc qu’il te remette sa propre future épouse ? »

« Ils ne peuvent même pas faire semblant de négocier ? »

L’un d’entre eux ne laissait transparaître aucune émotion sur son visage — le Duc Redgrave, le père d’Anjie. À ce stade, j’avais essentiellement coupé les ponts avec lui et sa maison. Même si cela ne faisait pas nécessairement de nous des ennemis, nos relations étaient devenues instables. Il semblait peu enclin à m’offrir son soutien, tout comme les autres.

Comme je ne faisais aucun geste pour commenter ces demandes, l’envoyé continua. « En fait, nous proposons que toutes ses fiancées soient réinstallées dans des nations étrangères pour être mises en sécurité. Le chevalier-ordure — oh, pardon, je devrais l’appeler le Seigneur Léon, n’est-ce pas ? — pourra leur rendre visite dans leurs nouvelles résidences. Nous le lui permettons, bien sûr. »

Quel culot ! J’étais resté sans voix, mais à l’intérieur, mon sang bouillonnait. Ils me demandaient de leur remettre absolument tout et de vivre une vie en leur faisant des courbettes dans une soumission abjecte.

Luxon flottait à mon épaule droite, son habituel dispositif d’occultation le gardant caché. Il m’avait parlé suffisamment doucement pour que personne ne puisse l’écouter. « Ils ne semblent pas du tout disposés à négocier. Leur confiance totale en leur victoire m’amène à me demander s’ils n’ont pas une sorte d’arme secrète à portée de main. »

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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