Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 11 – Chapitre 11 – Partie 2

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Chapitre 11 : La stratégie secrète de Roland

Partie 2

Comme à l’improviste, un homme franchit les portes de la salle de réunion. Finn le suivit d’un pas, se tenant avec la grâce et le décorum que l’on attend d’un chevalier. Quant à Monsieur Carl, il souleva son chapeau de sa tête et le pressa contre sa poitrine.

« Vous êtes terriblement audacieux », dit-il au saint roi. « Et toujours aussi astucieux de brandir le nom d’un autre pays au cours d’une négociation. »

Le saint roi ricana. « Qui est ce vieillard disgracieux ? Éloignez de moi ce roturier indiscipliné. Il n’est pas digne de ma présence. »

Bien que son attitude nous ait fait rire quelques instants plus tôt, nous avions vite dégrisé. Le saint roi était-il sérieux ? Monsieur Carl m’avait dit qu’ils s’étaient rencontrés en personne à plusieurs reprises.

Finn se pencha vers l’empereur. « Votre Majesté impériale, pourrais-je vous recommander de modifier votre apparence ? Son éminence semble avoir du mal à vous reconnaître. Je crains que si vous ne faites rien, il reste ignorant de votre véritable statut. »

« C’est ce qu’il semblerait. » Monsieur Carl posa son chapeau sur la table et enleva les lunettes qu’il avait utilisées pour mieux se déguiser. « Je suppose que nous devrions être plus consciencieux quant à notre apparence. »

Il tapa sa canne sur le sol et la lumière tourbillonna autour de lui — une séquence de transformation honnêtement très magical girl. Je ne peux qu’être reconnaissante de ne pas avoir eu droit à du fan service. Je n’avais vraiment pas besoin que cette image soit gravée dans mon esprit.

Lorsque la lumière s’était dissipée, l’empereur se tenait debout, vêtu d’une radieuse tenue impériale ornée de pierres précieuses et de parures d’or et d’argent. C’était tellement opulent et luxueux que je ne pouvais m’empêcher de penser au prix que cela devait coûter. Pour couronner le tout, il portait une cape rouge garnie de fourrure blanche.

« Hmph. Est-ce le moment où nous demandons : “Avez-vous oublié mon visage impérial ?” » demanda Monsieur Carl — euh, euh, Sa Majesté Impériale en se caressant le menton. Il faisait référence à une réplique d’un vieux feuilleton historique diffusé dans les années soixante-dix et quatre-vingt au Japon, que seuls Finn et moi avions compris.

Maintenant que l’empereur avait changé d’apparence, le saint roi et le Premier ministre restèrent bouche bée.

« Empereur Carl ? » balbutia le saint roi, incrédule, un tremblement parcourant sa voix. « Qu’est-ce que vous faites ici ? »

Sa Majesté Impériale plissa ses sourcils, jetant un regard noir. « Nous sommes venus pour déterminer par nous-même quel genre d’homme est vraiment ce “chevalier ordure”. Grâce à cela, nous avons pu mieux comprendre votre comportement. Il semblerait que vous fassiez étalage du nom de notre empire à votre convenance. »

Finn plissa les yeux et jeta un regard mécontent à l’empereur. Bien qu’il n’ait rien dit, je pouvais lire dans ses pensées : Menteur. Tu es seulement venu ici pour voir comment allait Mia. Ce n’était qu’un travail d’appoint.

J’avais accepté.

« Votre Éminence, nous n’avons aucun moyen de garantir que cet homme est vraiment Sa Majesté Impériale, » dit le Premier ministre qui, malgré sa démonstration de bravade, tremblait encore.

« Tu as tout à fait raison ! »

Malheureusement pour eux, l’empereur s’était préparé à une telle réponse. Il se mit à rire. « Si vous en êtes si sûrs, envoyez un appel de détresse à l’Empire. Ce sera notre test : qu’ils répondent à votre détresse ou non. Accordé… » Il se rapprocha du saint roi, le fixant d’un regard glacial. « Si vous le faites, nous vous ferons punir comme il se doit pour avoir détourné notre nom. »

L’empereur poursuit. « Soit dit en passant, il y a aussi la question de l’armure démoniaque que nous vous avons envoyée comme symbole de notre bonne volonté, et qui vient d’être détruite. Nous espérons que vous comprenez ce que nous pourrions ressentir en vous voyant ne pas la traiter avec le respect et le soin qui s’imposent. »

Le saint roi et le Premier ministre tremblaient sur leur siège, leur fanfaronnade s’était presque évanouie. Cet homme était-il vraiment l’empereur ? Ou n’en était-il pas un ? Ils avaient du mal à se décider.

« On dirait qu’ils sont là », fit remarquer l’empereur en jetant un coup d’œil par la fenêtre. Un dirigeable arborant l’emblème impérial s’approchait de la Licorne. À mon insu, il semblerait que monsieur Carl ait contacté son pays d’origine.

Le saint roi et le Premier ministre s’étaient transformés en gelée, glissant directement de leurs sièges et sur le sol. Finn m’avait fait un clin d’œil. Il était probablement en train d’applaudir notre victoire intérieurement. J’avais levé la main pour lui faire un signe de la main, en guise de remerciement pour le rôle qu’il avait joué.

L’empereur tourna son regard vers moi. « C’était un peu — non, c’était extrêmement désordonné, mais nous vous accordons la note de passage. »

« Je vous suis profondément reconnaissant pour votre magnanimité », avais-je dit, me levant pour pouvoir lui faire une révérence digne de ce nom.

De sa place sur le sol, le saint roi nous regarda tous les deux. Il secoua la tête, incrédule. « Ce n’est pas possible… Vous avez pris contact avec l’empereur et vous avez organisé tout ça sans que nous le sachions !? »

En vérité, cet arrangement m’était tombé dessus comme par hasard. Je n’avais pas vraiment le temps de fréquenter secrètement une puissance étrangère. J’avais tout de même pris le temps de jubiler, en affichant un sourire à l’intention de Son Éminence. Oh, et j’ai veillé à ce que ce soit un sourire malicieux — le genre de sourire que l’on trouve généralement sur le visage d’un super-vilain.

« Si vous voulez gagner, n’est-il pas naturel d’y aller à fond ? » Je ne l’avais pas dit à haute voix, mais le message implicite était clair : c’est de ta faute si tu es trop arrogant pour faire de même.

« Sale gosse… » Cette fois, le saint roi tremblait d’une fureur tranquille. « Tu es exactement comme cet excentrique de Roland ! Attends… »

Mon visage s’était déformé à la mention de ce porc.

Son Éminence m’étudia de près. Son regard scrutateur était si inconfortable que je m’étais renfrogné, mais il s’était contenté de hocher la tête. « Les actions malveillantes, les remarques désobligeantes… Je le vois maintenant ! Tu es le bâtard de Roland ! »

« Qu’est-ce que tu dis ? »

Au début, les mots n’avaient pas vraiment été compris. Le bâtard de Roland ? Comme son enfant ? Moi ? Comme dans un monde où cette racaille de seigneur serait mon père ? Oh, non. Absolument pas.

Hélas, son éminence s’en était déjà convaincue. « J’ai toujours trouvé cela étrange. Aussi impressionnantes qu’aient pu être tes réalisations, la façon dont tu as gravi les échelons était si inhabituelle — et jusqu’à un duché ! Sans compter que la famille royale t’a confié une autorité totale, encore et encore. Mais si on remet les choses dans leur contexte, à savoir que tu es son fils illégitime, tout s’explique. Je n’aurais jamais imaginé perdre face à l’enfant de ce fou… »

Mes mains étaient crispées, tremblant d’une rage incontrôlée. « Si tu essaies de m’énerver, tu — ! »

« Je n’arrive pas à y croire. Tu es mon grand frère, Léon !? » Julian s’était levé de sa chaise et s’était tourné vers moi, l’air bien trop sérieux pour plaisanter.

Est-ce que cet idiot entend ce qu’il dit ?

« Vas-tu prendre sa parole pour parole d’évangile ? » J’avais craqué en piétinant vers lui et en lui enfonçant un doigt dans la poitrine. « Qu’est-ce qui peut bien te faire croire que je suis vraiment ton frère, et encore plus l’aîné ? As-tu quelque chose qui vaut la peine d’être gardé entre ces deux oreilles ? »

Julian n’en revint toujours pas. Il recula de quelques pas en balbutiant : « Je n’ai pas… Je veux dire, connaissant mon père, c’est parfaitement possible. »

« Quel enfer ! »

« Mais réfléchis un peu. Si tu étais mon frère aîné, tu serais un prince. N’est-ce pas ? Alors en gros… tu pourrais être le prochain roi. En fait, ne serait-il pas préférable pour tout le royaume que nous suivions l’histoire, même si nous ne sommes pas réellement liés par le sang ? »

« Non ! C’est une idée terrible ! Pourquoi ces mots sortent-ils même de ta foutue bouche princière ! »

« Mais c’est une bonne idée. »

Malgré ma dénégation véhémente de l’accusation du saint roi, le reste de la salle s’était mis à réfléchir en considérant la plausibilité de l’accusation.

Monsieur Carl et Finn avaient échangé un regard en chuchotant.

« Qu’en penses-tu ? » demanda Monsieur Carl. « D’après ce que je sais de Roland, ce n’est pas exagéré. »

« Avec tout le respect que je dois à Léon, le roi de Hohlfahrt est un sacré coureur de jupons », répondit Finn, suggérant qu’il le trouvait également crédible.

Je m’étais retourné pour faire face à Anjie, espérant qu’au moins elle serait une voix de la raison. « Anjie, tu dois… A- Anjie ? »

La main d’Anjie avait pris son menton en coupe tandis qu’elle retournait cette pensée dans son esprit, en marmonnant pour elle-même. « C’est certainement possible. Étant donné la facilité avec laquelle Sa Majesté fait monter Léon en grade, il semble insensé de rejeter l’idée du revers de la main. Essayait-il peut-être d’accorder à Léon un statut convenable dans la haute société ? »

Oh, merde. Elle aussi a perdu les pédales.

« Ouvre les yeux, Anjie ! Mon père est Balcus, un baron ordinaire de l’arrière-pays ! Il est impossible que je sois l’enfant illégitime du roi. Tu le sais très bien. En plus, ce connard est le dernier homme au monde que je voudrais avoir comme père ! »

Hypothétiquement parlant — et à supposer que ce soit vrai — je ne reconnaîtrais jamais Roland comme mon père.

Je m’étais ensuite tourné vers Mylène pour constater qu’elle s’était passé les mains sur le visage et qu’elle sanglotait ouvertement. « Oh, Léon, jamais dans mes rêves les plus fous je n’aurais imaginé que tu étais le fils d’une telle limace inutile. »

« Mylène ! » avais-je crié, désespéré. « S’il te plaît, reprends tes esprits. Ma mère n’est pas du genre à tromper son mari ! » Il fallait au moins que ce soit clair — pour l’honneur de ma mère.

Pendant ce temps, Luxon et Creare se comportaient comme d’habitude.

« Toute cette situation pourrait être facilement rectifiée par un test ADN », déclara Luxon.

« Oui, d’accord, mais imagine la tête de Roland quand il entendra ça. » Creare frissonna d’impatience. « Ça, c’est un spectacle à voir ! »

Vous êtes totalement inutiles ! Vous devriez m’aider activement à laver mon nom ! Ou le nom de ma mère, en tout cas.

« Roland, tu es un méchant crétin. Tes manigances n’ont-elles pas de limites ? Je n’aurais jamais pu prévoir que tu utiliserais ton propre fils illégitime comme une arme », marmonna Son Éminence, pleinement convaincue de sa propre théorie, quelles que soient mes protestations.

Alors, le visage dénué de toute émotion, j’avais marché vers le roi… et j’avais brandi mon poing.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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