Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 11 – Chapitre 1 – Partie 2

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Chapitre 1 : À la frontière

Partie 2

« Qu’a dit exactement Sa Majesté ? Qu’elle n’a pas l’intention de t’envoyer à l’offensive ? »

« Ouaip. C’est ce qu’elle a dit. N’est-ce pas, Luxon ? » J’avais jeté un coup d’œil à mon partenaire, qui flottait vers mon épaule droite comme d’habitude.

« C’est exact », dit-il. « Mylène a l’intention de poster le Maître à la frontière pour garder le Saint Royaume de Rachel sous contrôle. Elle a précisé qu’elle n’avait pas l’intention d’employer mon pouvoir au nom de leur anéantissement. »

Luxon ne rapporterait pas une conversation de cette importance de façon incorrecte. Sachant cela, Anjie pressa une main sur sa bouche, soudainement agitée. « La patrie de Sa Majesté est confrontée à d’incroyables difficultés depuis de nombreuses années à cause des agressions de Rachel. Je ne peux pas imaginer qu’elle laisserait passer l’occasion de les anéantir, si elle en avait la possibilité. Et pourtant, elle n’a pas l’intention d’utiliser Léon pour y parvenir ? »

« Eh bien, Léon est l’un des favoris de la reine, alors c’est peut-être pour ça », dit Noëlle, déstabilisée par les marmonnements d’Anjie. « Mais je ne suis toujours pas d’accord avec ça. » Elle me lança un regard perturbé, comme pour souligner son mécontentement à l’égard de ma relation intime avec la reine. « Léon n’a pas arrêté de se battre, alors elle doit savoir qu’il est sous le coup d’une lourde charge mentale, n’est-ce pas ? Je parie qu’elle ne veut pas qu’il se surmène. »

Ma main s’était posée sur ma bouche, mes yeux s’embrumant. « Mlle Mylène s’inquiète pour moi ! Oh, je… Je ne sais pas si je peux supporter ça. Je suis tellement touché ! »

Les trois filles m’avaient jeté un regard noir. Enfin, je dis ça, mais une colère palpable émanait d’elles. Noëlle avait été la première à sourire en étudiant mon visage.

« Tu as l’air tellement content. C’est drôle, puisque tu as déjà trois fiancées ici même qui s’inquiètent pour toi. »

Livia m’avait également fixé du regard, bien que toute la lumière ait disparu de ses yeux. « C’est tout simplement parce que Monsieur Léon aime beaucoup Sa Majesté. N’est-ce pas ? »

Anjie avait froncé un sourcil en me regardant, l’expression tendue. « Tu es vraiment un parfait idiot. »

« D-Désolé… », avais-je marmonné faiblement.

Lorsque j’avais détourné le regard, mes yeux s’étaient posés sur Luxon. Il avait l’air tout aussi exaspéré et agitait son œil d’un côté à l’autre. « Et moi qui pensais que tu avais mûri, Maître. Il semble que je me sois complètement trompé. Je suis vraiment abasourdi — comment se fait-il que tu réussisses à répéter les mêmes erreurs ? »

« C’est juste la nature humaine », avais-je dit avec amertume.

« Oh ? Je croyais que c’était dans la nature humaine d’apprendre de ses erreurs et ainsi de les surmonter. »

Oui, eh bien, nous allons devoir nous mettre d’accord sur notre désaccord.

 

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Erica Rapha Hohlfahrt arriva au palais royal juste au moment où Léon en sortait. Dans sa vie précédente, la première princesse du royaume de Hohlfahrt avait été la fille de Marie, ce qui faisait d’elle la nièce de Léon. Comme son ancienne mère, ses cheveux avaient un volume enviable, et ils rebondissaient lorsqu’elle marchait. Cependant, alors que les cheveux de Marie étaient d’un blond doré, ceux d’Erica étaient d’un noir de corbeau. Sa peau était comme de la soie fine, sans aucune égratignure ni ride, et elle brillait à la lumière.

D’habitude, Erica arborait un sourire agréable et accueillant, mais ses traits habituellement doux s’étaient durcis en quelque chose de beaucoup plus sévère. Devant elle se tenait l’impénétrable reine, qui était la définition même de la sérénité.

Erica avait répondu à la convocation de sa mère, et alors qu’elle se tenait là, elle répéta les mots qu’elle venait d’entendre sortir des propres lèvres de la reine. « Toi et moi allons voyager pour rendre visite à la famille d’Elijah chez eux ? »

Au fond d’elle-même, Erica priait pour avoir mal entendu. Mais ses espoirs avaient été anéantis par la réponse professionnelle de Mylène.

« Oui, c’est ce que j’ai dit. Prépare-toi à notre départ en toute hâte. Selon la façon dont les choses se déroulent, il se peut que nous te fassions rejoindre leur famille plus tôt que prévu. »

Par « rejoindre », Mylène entendait bien sûr qu’Erica se marierait avec la famille Frazer. Erica avait reçu l’éducation due à une princesse, et elle avait aussi à sa disposition les expériences de sa vie précédente. Elle était parfaitement consciente qu’à cette époque, la royauté n’avait pas la liberté de se marier. Cependant, cela restait soudain et difficile à digérer pour elle.

« Même si la guerre est sur le point d’éclater ? » demanda Erica avec incrédulité.

« Parce que la guerre est sur le point d’éclater », corrigea Mylène. « Nous devons montrer à la maison Frazer que nous ne les avons pas abandonnés et que nous ne les abandonnerons pas. »

La maison Frazer se trouvait à la frontière du Saint Royaume, donc en cas de guerre, ils étaient les premiers dans la ligne de mire de Rachel et ils subiraient probablement le plus grand nombre de pertes. Le Royaume de Hohlfahrt devrait s’assurer qu’ils soient bien soutenus, approvisionnés et qu’ils ne soient pas encombrés par d’autres préoccupations pendant qu’ils se battraient. Procéder au mariage d’Erica avec Elijah serait un geste de sincérité de la part de la famille royale.

Le stylo de Mylène dansait sur un document avant de s’arrêter brusquement et de pousser un soupir. Son regard s’était concentré sur sa paperasse pendant tout ce temps, sans jamais jeter un coup d’œil au visage de sa fille. Pour un observateur, Mylène aurait semblé être une piètre excuse pour un parent, mais Erica pouvait lire les émotions de la reine.

Elle se sent coupable de me faire porter le chapeau.

Mylène était encore une mère, après tout. Cela lui faisait mal d’envoyer sa fille à l’endroit où se dérouleraient les pires combats. Peut-être même détestait-elle utiliser sa fille comme un outil politique.

Quoi qu’il en soit, Mylène reporta son attention sur son travail. « Dépêche-toi de faire tes préparatifs. Le duc Bartfort va nous transporter sur les terres des Frazer, nous voyagerons via l’Einhorn et son vaisseau partenaire. »

« Il amène les deux navires ? » demande Erica. Et est-ce qu’elle vient de l’appeler « Duc Bartfort » ? Ne l’ai-je pas toujours entendue l’appeler Léon… ?

Le choix des mots de Mylène montrait clairement qu’elle essayait de tracer une ligne entre eux. Mais Erica était plus troublée par le fait que sa mère ait l’intention de voyager non seulement avec l’Einhorn, mais aussi avec la Licorne.

« Ne devrait-on pas laisser l’un des navires ici, dans la capitale ? » demanda Erica. « Ils représentent le royaume de — ! »

Le regard froid de sa mère lui coupa l’herbe sous le pied, elle ne voulait pas discuter.

« Vas-y », dit Mylène en réitérant son ordre précédent. « Prépare-toi. »

Erica ferma la bouche et sortit rapidement de la pièce. Elle était la fille de sa mère, et elle sentait à la fois l’impatience de sa mère et la panique qui la sous-tendait.

 

☆☆☆

 

« Tu prends les deux navires et tu pars pour la frontière ? Hé, qu’en est-il de ton évaluation de l’état de Mia !? »

Après l’école, j’avais appelé Finn dans une salle de classe vide et je l’avais mis au courant de mes projets pour les vacances d’été. J’avais promis de me pencher sur la mystérieuse maladie de Mia, mais il ne semblait pas que je puisse tenir ma parole, pas avec la guerre à l’horizon.

« En vérité, nous avons le même équipement sur le vaisseau principal de Luxon, mais… » J’avais jeté un coup d’œil à mon partenaire. Il était à mon épaule comme d’habitude, mais il était occupé à jeter un coup d’œil à Brave.

« En aucun cas je ne permettrai à une armure démoniaque et à son pilote de monter à bord de mon corps principal. D’ordinaire, je préférerais qu’ils ne mettent pas non plus les pieds sur l’Einhorn ou la Licorne. »

Luxon était une IA construite par les « anciens humains ». Il était donc plutôt aigri à l’égard des armures démoniaques que les nouveaux humains avaient créées. Non, il serait peut-être plus juste de dire qu’il les détestait avec une passion brûlante. Il en allait de même pour les noyaux des armures démoniaques des nouveaux humains.

Brave tendit l’un de ses petits bras et pointa un doigt vers Luxon. « Comme si je pouvais confier Mia, et encore plus mon précieux partenaire, à un tas de ferraille comme toi ! Partenaire, je te jure qu’il prépare quelque chose. »

Pendant qu’ils se lançaient des regards furieux, Finn et moi poussions de gros soupirs. Finn était particulièrement découragé par la tournure des événements.

« Je ne peux pas supporter la bêtise totale du royaume de Rachel. Si Mia perd cette chance d’être soignée pour sa maladie, ce sera sur leur tête. C’est ridicule ! »

Une partie de lui semblait résignée, sachant qu’il ne servait à rien de se plaindre si Hohlfahrt était au bord de la guerre, mais cela ne rendait pas la perte plus facile à supporter. Il était furieux. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Il adorait Mia. L’idée que nous pourrions peut-être la guérir lui avait donné tant d’espoir. Évidemment, il en voudrait au royaume de Rachel d’avoir compromis son traitement. C’est pourquoi j’avais une proposition en tête.

« Dans ce cas, si vous veniez avec nous ? C’est les vacances d’été, après tout », avais-je dit.

« Tu veux que je traîne Mia sur la ligne de front ? » Bien que Finn ait eu l’air incrédule, il avait aussi l’air contemplatif.

Comme Mia et lui étaient des étudiants étrangers, il était fort probable qu’on leur dise de rentrer chez eux si la bagarre devenait trop violente. Mais s’ils laissaient passer la chance d’utiliser ma technologie, il était impossible de savoir s’ils parviendraient à mieux comprendre la maladie de Mia. Même si je savais que je demandais l’impossible, je voulais l’aider si je le pouvais.

Finn laissa échapper un long et lourd soupir. « Très bien. Nous t’accompagnerons. »

« Désolé pour ça. Je ferai tout mon possible pour que vous ne vous retrouviez pas dans le pétrin. » Je ne voulais vraiment pas les déranger davantage.

« Ne t’inquiète pas pour nous. » Finn secoua la tête. « C’est toi qui nous fais une faveur. Plus important, nous avons un invité qui vient de loin, je demanderais à ce qu’on nous permette de l’emmener. Veux-tu bien ? »

« Un invité ? »

Finn fit une grimace. « Eh bien, c’est un peu l’oncle chéri de Mia. Mais en ce qui me concerne, c’est une excuse d’un être humain. »

« Une vraie ordure, hein ? »

J’avais fait une pause pour réfléchir. Si cette personne était une connaissance de Mia, cela signifiait qu’elle était également originaire de l’empire, n’est-ce pas ? Il devait avoir beaucoup d’initiative pour avoir fait tout ce chemin jusqu’à Hohlfahrt. Une initiative audacieuse aussi, compte tenu de toute la violence dont Hohlfahrt avait été le théâtre ces derniers temps.

« Pourquoi ce type est-il venu au royaume ? Est-ce qu’il s’inquiétait pour Mia ? » demandai-je.

« Eh bien, cela en fait partie. »

« Et l’autre partie ? »

« Ce n’est… pas à moi de le dire. Mais je pense qu’il est peu probable qu’il te cause des ennuis. Probablement improbable. »

« Probablement improbable !? » avais-je crié. « Qu’est-ce que tu veux dire par “probablement improbable” ? Qu’est-ce qui ne va pas avec un simple oui ou non !? »

« Tout ce que je peux dire, c’est que c’est la lie de l’humanité et une vraie plaie, mais tant que Mia est dans les parages, il se comportera bien. De cela, tu peux être assuré. »

Son explication n’avait rien fait pour dissiper mes doutes. Au contraire, j’étais maintenant carrément perturbé.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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