Chapitre 7 : Sang d’aventurier
Partie 2
Anjie avait compris mon excuse, et elle s’était élancée en avant, souriante. « Dis ce que tu veux, la victoire est à moi. »
Marie s’agitait sauvagement dans ma main. « Hé ! Pose-moi ! Ils vont me laisser dans la poussière ! »
J’avais soupiré et j’avais fait ce qu’elle m’avait demandé, mais je m’étais penché pour lui murmurer un avertissement à l’oreille. « Si tu veux montrer à Erica que tu peux être une bonne mère, joue franc jeu. Tu ne peux pas te vanter si tu as triché pour remporter la victoire. »
Marie m’avait mis à l’écart. « L’idéalisme, c’est pour les gens qui gagnent toujours. Moi, j’ai toujours dû me frayer un chemin depuis le bas de l’échelle, alors je n’ai d’autre choix que de revendiquer la victoire par tous les moyens ! » Elle jeta un coup d’œil vers Kyle et Carla. « Allez, vous deux ! On y va ! »
Ils s’étaient précipités pour la rattraper alors qu’elle s’envolait.
« Veuillez patienter ! »
« Dame Marie, ne nous quittez pas ! »
Sur ce, tous les autres étaient partis en avant.
Luxon s’était approché de moi. « Si tu continues à traîner, tu vas perdre cette compétition. »
« Es-tu sûr de ça ? » J’avais souri.
Bien sûr, pour l’observateur extérieur, j’avais l’air d’être sérieusement désavantagé. Ils étaient loin de se douter que j’avais une bonne raison de rester en retrait.
« Oui, j’ai oublié beaucoup de choses, mais il y en a encore beaucoup dont je me souviens. »
« Je suppose que tu fais référence à tes connaissances du jeu ? »
« Yep. J’ai oublié beaucoup de choses sur cet endroit, mais je me souviens de ce chemin. »
Luxon oscilla de haut en bas, pensif. « En d’autres termes, tu te souviens exactement de l’endroit où se trouve le trésor. »
« Bingo. »
« Pendant un instant, j’ai été impressionné par le fait que tu essayais de faire en sorte que les choses soient équitables, mais j’aurais dû me douter qu’il y avait plus que cela. Tu ne manques jamais de répondre à mes attentes — c’est l’une de tes qualités les plus négatives. »
« Aie, c’est vrai, je me sentirais mal si je trahissais tes attentes. » J’avais appuyé une main sur ma poitrine, en gardant la tête haute. « En fait, à partir de maintenant, j’ai l’intention de faire tout mon possible pour être à la hauteur des grandes attentes de tout le monde ! »
« Quelle louable ordure tu es, Maître. »
Les gens peuvent me traiter d’ordure autant qu’ils le souhaitent. Au bout du compte, c’est toujours moi qui sors vainqueur !
☆☆☆
L’entrée dans la dernière section du donjon m’avait donné des flashbacks de mes propres passages.
« Cet endroit était particulièrement mémorable. »
Des carreaux carrés recouvraient le sol, tandis que les murs étaient faits de briques. Luxon flottait près de mon épaule, éclairant le chemin. « Y avait-il quelque chose de particulier qui rendait ce souvenir si durable ? »
« Je me suis attaqué à ce donjon à la nuit tombée, dans le monde réel. Affronter des morts-vivants dans cette atmosphère était assez terrifiant. »
« Je vois. Tu as donc peur d’eux. »
« Ce n’est pas ce que je veux dire. C’était effrayant parce qu’il faisait nuit, c’est tout. »
J’avançais dans le couloir, guidé par mes souvenirs. Au loin, j’entendis la clameur d’une bataille. Quelqu’un était tombé sur des monstres. Rien ne me ralentissait puisque tout le monde m’avait ouvert la voie. Enfin, j’arrivai à ce qui semblait être un cul-de-sac.
« Il semble que nous ne puissions pas aller plus loin », dit Luxon. « Non… Est-ce un passage secret ? »
« Bingo. »
Cette porte très secrète m’avait donné beaucoup de fil à retordre lorsque j’avais essayé de vaincre le donjon. La Forteresse des mains d’or comportait plusieurs niveaux souterrains, bien plus labyrinthiques que les autres donjons du jeu. Je tournais en rond, du moins jusqu’à ce que j’en aie assez et que je consulte un guide. C’est là que j’avais découvert le véritable secret de cette forteresse : le trésor était caché derrière une porte secrète près de l’entrée. À l’époque, j’avais été tellement furieux de cette révélation que j’avais jeté ma manette à travers la pièce.
J’avais actionné l’interrupteur secret et le mur s’était ouvert, révélant un chemin caché.
« Je comprends maintenant pourquoi tu n’avais pas besoin de te dépêcher », déclara Luxon.
« On dirait que Marie n’avait aucune idée. Je suppose qu’elle ne connaissait pas l’astuce pour entrer ici. »
Marie avait joué à une partie du premier jeu, mais elle avait abandonné à mi-parcours. Il y avait de fortes chances qu’elle ne connaisse pas du tout ce donjon particulier, étant donné le peu d’intérêt qu’elle portait au combat dans le jeu. Son comportement suggérait qu’elle pensait avoir simplement oublié cet endroit, mais j’étais prêt à parier qu’elle n’en avait jamais entendu parler.
« Cela me fait pitié, » dit Luxon. « Elle a eu beau essayer pendant ce voyage, ta victoire était assurée. »
« J’allais lui montrer comment entrer si elle m’avait écouté. »
Stupide petite sœur.
J’avais pénétré dans le couloir caché. Un bruit de pas résonna derrière moi. Déconcerté, j’avais jeté un coup d’œil en arrière pour voir Julian et sa stupide petite compagnie qui se tenaient là.
« Nous t’avons trouvé, Léon ! »
J’étais vraiment choqué que ces crétins aient eu l’idée de s’en prendre à moi.
« Qu’est-ce que vous faites ici ? » avais-je demandé.
Chris appuya son index sur l’arête de ses lunettes, les remontant sur son nez tandis que ses lèvres se retroussaient en un sourire narquois. « Après nous être précipités à l’intérieur, nous nous sommes demandés pourquoi tu ne semblais pas pressés de nous battre jusqu’ici. »
« Oui. » Greg reposa sa lance sur son épaule. « Après tout, c’est toi qui as trouvé cet endroit. C’est logique que tu aies gardé quelques secrets pour toi, non ? »
Brad ricana, se passant une main sur la tête. « Tu es vraiment un lâche sournois. Tu n’as fait qu’affirmer que ce combat était censé être équitable parce que tu connaissais l’existence de cette entrée secrète. Ou bien as-tu l’intention de protester ? »
Je reculai d’un pas, ce qui fit sourire Jilk qui s’avança vers moi. « C’est vrai, nous avons failli être dupés par ton numéro. Hélas, tu es trop prévisible. Il était terriblement étrange de te voir participer à une compétition où les chances ne penchaient pas en ta faveur. C’était manifestement suspect. »
Vous vous moquez de moi ? Ces types ont vraiment vu clair dans mon jeu !? J’étais tellement persuadé que, comme ils étaient idiots, je n’aurais aucun mal à les tromper. Il semblerait que je me sois trompé. J’avais tiré le tapis sous les pieds de ces crétins une fois de trop, et maintenant ils savaient qu’ils devaient s’y attendre.
J’avais fait claquer ma langue et j’avais fait un tour sur moi-même pour m’élancer. La ligue des idiots me suivait de près.
« Ne le laissez pas s’échapper ! »
« Il semble que le prince et son entourage te comprennent bien mieux que tes propres fiancées », dit Luxon, un peu trop excité par ce nouveau rebondissement.
Ce malade s’amuse, n’est-ce pas ?
« Je n’essayais pas de tromper les filles ! »
« Une affirmation audacieuse, compte tenu de la situation. Je dois ajouter que, compte tenu du caractère déloyal de cet avantage, j’ai déjà informé Creare. Tes chères bien-aimées se dirigent vers nous. »
« Quoi ? » J’avais crié, des perles de sueur froide coulant sur mon front. Oh, c’est grave. C’est vraiment grave.
« En outre, Creare m’a transmis un message d’Anjelica. Elle dit : “Tu as du culot de nous piéger comme ça”. Oh, j’ai tellement hâte de voir ce qui va se passer une fois que tout cela sera terminé. »
« Ouais, eh bien, je suis sûr que ce n’est pas le cas ! »
Je poussais mes jambes aussi vite qu’elles le pouvaient, cherchant désespérément à semer la bande de crétins, lorsque des monstres apparurent sur le chemin. J’avais remplacé mon fusil par mon pistolet et j’avais rapidement abattu les morts-vivants qui se profilaient à l’horizon. Ils disparurent dans des bouffées de fumée. Malheureusement, j’avais perdu de la vitesse et je m’étais retrouvé au coude à coude avec Julian et compagnie.
« Nous t’avons attrapé, Léon ! »
« Sales tricheurs, vous me tendez une embuscade de sang-froid ! »
« Tu n’as pas le droit de dire cela ! »
J’avais eu beau essayer, je n’avais pas réussi à les semer. De plus, j’avais repéré un piège familier juste devant moi. Il s’agissait d’un piège simple, déclenché en marchant sur la mauvaise dalle. Une vague de pression et des lances jaillissaient du mur. Dans un jeu, cela ne prenait que quelques points de vie, mais dans la vraie vie, cela pouvait tuer. Et, bien sûr, Julian était trop occupé à me crier dessus pour garder un œil sur son environnement — alors oui, évidemment, il avait marché sur la mauvaise dalle.
« Espèce de crétin ! »
Paniqué, j’avais attrapé Julian par le col et l’avais fait tomber au sol avec moi. Plusieurs lances s’étaient détachées du mur juste au-dessus de nous. J’avais regardé Julian, effondré sur le sol. Il transpirait à grosses gouttes, ayant réalisé qu’il avait échappé de peu à l’embrochage.
« Désolé… Merci de m’avoir sauvé », réussit-il à dire.
« Oublie cela et mets-toi debout ! Ces dingues que tu appelles amis nous ont déjà dépassés ! » Je l’avais tiré vers le haut et l’avais forcé à regarder devant lui, où son frère adoptif — l’homme avec qui Julian avait été élevé, en qui il avait placé sa plus grande confiance — filait à toute allure sans nous.
« Nous continuerons à ta place, Votre Altesse ! » appela Jilk par-dessus son épaule.
« Jilk ! Tu es censé être mon frère ! »
« Je le suis ! Mais quand il s’agit de trésor, tous les hommes sont rivaux ! »
« J’ai failli perdre la vie ! » s’écria Julian. « Et tu m’as abandonné au moment où j’étais en danger !? »
« J’ai cru que tu pouvais le supporter ! »
Nous avions fait des pieds et des mains pour rattraper le club des clowns. Cela s’est avéré assez facile, car des monstres s’étaient mis en travers de leur chemin pour les ralentir. Bientôt, nous courions tous les six ensemble, les flèches nous dépassant par derrière.
Luxon jeta un coup d’œil en arrière. « Il y a un certain nombre d’archers squelettiques à notre poursuite. Il serait déconseillé de les laisser sans contrôle. Je recommande de s’en débarrasser. »
Je n’aimais pas l’idée d’être constamment pilonné par l’arrière, mais si nous choisissions de nous battre, nous perdrions du temps, et il s’agissait d’une compétition. De plus, l’un d’entre eux pourrait bien poignarder le reste d’entre nous et s’enfuir vers le trésor. Je ne pouvais pas prendre ce risque.
J’avais serré les dents. « Désolé. Pardonne-moi, Julian. »
« Hein !? »
Je l’avais fait trébucher.
Julian était resté en arrière tandis que les autres continuaient à courir. Il s’était mis debout, mais les monstres étaient déjà sur lui. Il n’aurait pas pu s’échapper même s’il l’avait voulu. Au lieu de cela, il avait été contraint de lever son bouclier et de nous hurler dessus.
merci pour le chapitre