Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 10 – Chapitre 5

+++

Chapitre 5 : Forteresse des mains d’or

+++

Chapitre 5 : Forteresse des mains d’or

Partie 1

Pendant ce temps, au palais royal de Hohlfahrt, Roland avait été choqué d’apprendre que sa fille bien-aimée avait rejoint Léon et son entourage pour s’aventurer dans un donjon.

« Qui a dit qu’Erica pouvait partir ? », demanda-t-il.

Bien que les deux fils de Roland soient également partis, il ne s’intéressait qu’à elle. Il y avait une différence évidente entre le traitement qu’il réservait à ses enfants. Cela prouvait que l’amour qu’il portait à Erica était profond.

Mylène soupira, complètement dégoûtée par son mari. C’est elle qui lui avait annoncé cette nouvelle. « Erica a demandé à les rejoindre, » expliqua-t-elle, les mains sur les hanches, « Afin d’approfondir ses relations avec le duc Bartfort. Elle met tout en œuvre pour le bien de notre nation, et pourtant tu es là, à déplorer sa participation proactive. N’as-tu pas honte ? »

« Elle est fragile ! » aboya Roland.

Mylène s’inquiétait aussi pour sa fille, sachant à quel point elle avait été malade. Mais elle était avec Léon.

« J’ai déjà parlé de son état avec le duc Bartfort. Il a dit qu’il se chargerait de trouver un remède à sa maladie. » Mylène avait accepté le départ d’Erica en partie parce qu’elle espérait que Léon tiendrait sa promesse — qu’ils trouveraient un moyen d’améliorer la santé d’Erica.

Pendant une fraction de seconde, les lèvres de Roland s’étaient fendues d’un sourire. Il était lui aussi emporté par la vision de l’amélioration de l’état d’Erica. Mais dès qu’il se souvint que Léon était avec elle, son expression s’altéra. « Je ne peux pas supporter que ce morveux lui tourne autour ! Rien que d’y penser, j’en ai des frissons ! » Il s’agita comme un enfant qui piquait une colère.

Mylène quitta le roi en lui jetant un regard froid et sévère.

 

☆☆☆

 

Les murs extérieurs n’étaient pas la seule partie de la Forteresse des Mains d’Or à être tombée en ruine. Ce qui avait dû être autrefois de magnifiques tapis s’était effiloché jusqu’à devenir méconnaissable. Les armures qui bordaient les couloirs avaient rouillé et s’étaient effondrées. Les peintures sur les murs étaient décolorées et recouvertes d’une épaisse couche de poussière.

Les trous le long des murs avaient probablement accueilli des fenêtres à un moment donné, mais les cadres s’étaient effrités et avaient cédé, laissant des éclats de verre éparpillés sous eux. En jetant un coup d’œil par l’un de ces trous, on découvrait la cour intérieure, avec ses dizaines d’arbres envahis par la végétation. Ces mêmes trous offraient au moins une ouverture par laquelle la lumière du soleil pénétrait dans les couloirs autrement sombres.

J’avais poussé un profond soupir en marchant dans un de ces couloirs. « Pourquoi me suivez-vous ? » Je m’arrêtai soudainement et jetai un coup d’œil par-dessus mon épaule, où je trouvai Julian et le reste de la brigade des idiots qui marchaient derrière moi.

« Parce que Marie ne veut pas dépendre de nous », dit Julian avec frustration, les poings tremblants le long du corps. « Nous pensons que nous ne pourrons regagner sa confiance que si nous trouvons le trésor et que nous le lui offrons. »

« Et c’est pour ça que vous me suivez ? Pourquoi ne regardez-vous pas par vous-mêmes ? »

« Tu es peut-être sournois, mais tu es exceptionnellement compétent. En plus, comme tu as Luxon, tu es notre raccourci, tu vois ? » Julian se gonfla le torse, confiant dans sa déduction.

« Je ne fournirai que le strict minimum de soutien », déclara froidement Luxon.

« Qu’est-ce que tu dis ? »

« Ce n’est certainement pas une surprise. Il s’agit d’une compétition entre le Maître et Anjelica. J’ai conseillé à Creare de faire de même pour que les conditions soient aussi équitables que possible. »

Jilk secoua la tête. « Je ne peux pas croire ce que j’entends. Refuser d’utiliser toute la puissance dont on dispose, c’est de l’arrogance pure et simple. Il est clairement préférable de poursuivre son but avec tout ce que l’on a. »

Ils essayaient certainement de me faire monter à bord pour pouvoir m’utiliser. J’avais fait demi-tour et j’étais parti. « Non, merci. Anjie est plus importante pour moi que vous. »

Deux voix résonnèrent derrière moi.

« Pour quelqu’un qui prétend qu’elle est si importante, il passe énormément de temps avec d’autres femmes, n’est-ce pas ? Ou est-ce que c’est mon imagination ? » demanda Chris.

« C’est comme ça que ça se passe », déclara Greg. « Léon est un homme. »

« De plus, il ne peut espérer être convaincant alors qu’il est fiancé à plusieurs autres femmes. »

« Tout à fait d’accord. »

Ces types commençaient vraiment à me taper sur les nerfs.

Je m’étais arrêté et j’avais fait volte-face, levant mon fusil pour viser. Mon doigt plana sur la gâchette. Chris et Greg supposèrent que je voulais leur tirer dessus et s’éloignèrent d’un bond.

« Tout le monde à terre ! » avais-je crié.

Chris et Greg s’étaient baissés et avaient jeté un coup d’œil par-dessus leurs épaules.

Ce qui surgissait des profondeurs obscures du couloir : un squelette vêtu d’une armure rouillée.

En réalité, c’était l’une des principales raisons pour lesquelles j’avais évité la forteresse. La majorité de ses monstres étaient des morts-vivants.

J’avais appuyé sur la gâchette, tirant une balle qui transperça l’armure de la créature. Elle ne montrait aucun signe d’arrêt, même après ce coup direct. Ce n’était pas une surprise, elle n’était pas vraiment vivante. Les morts-vivants étaient également assez résistants aux attaques physiques. Et comme ces choses se régénéraient à moins d’être totalement pulvérisées, les armes à feu n’étaient pas les armes idéales pour les affronter.

Malgré cela, le squelette que j’avais attaqué avait commencé à se décomposer, en commençant par l’endroit de sa blessure par balle. Dans un violent tremblement, son corps s’effondra.

« Ces balles sacrées font des merveilles. »

La créature et son armure disparurent bientôt, ne laissant dans leur sillage qu’un pilier de sable de plus en plus petit.

« Tu as réussi à subjuguer l’ennemi, Maître. » Luxon étudia les restes. « Il semblerait que mon évaluation initiale était correcte, rien dans ce donjon ne représente un danger significatif. »

Il était assez sûr de lui pour prendre cette décision après une seule bataille.

Brad essuya la sueur froide sur son front. « J’étais sûr que tu voulais menacer Chris et Greg. »

« Penses-tu sérieusement que je pointerais une arme sur eux pour ça ? » Même moi, je n’étais pas si con que ça.

Julian fixa l’endroit où la créature s’était tenue, contemplant tranquillement. « Tu nous as dit que cet endroit était infesté de morts-vivants. Cela signifie-t-il que cette forteresse est maudite ? »

J’avais plissé les sourcils. « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »

« N’as-tu pas entendu parler de ça ? Les endroits saturés d’émotions fortes comme la haine et le ressentiment ont tendance à produire plus de monstres morts-vivants. »

Eh bien, merde. Maintenant, je vais être encore plus nerveux.

« Ne parle pas de ce genre de choses », avais-je grogné avant de me retourner et d’accélérer le pas.

« Holala » Jilk fredonna sous son souffle. « Se pourrait-il que tu n’aies pas le courage de raconter des histoires effrayantes, Léon ? Si c’est le cas, j’ai une histoire spéciale pour toi. J’espère que tu m’écouteras. Vois-tu, tout a commencé quand — . »

« Tais-toi et surveille bien la zone, espèce de fouine ! »

L’escouade d’imbéciles avait éclaté de rire.

Allez vous faire voir ! Je n’ai qu’un peu peur de ce genre de choses. Seulement un peu !

 

☆☆☆

 

« Par ici ! » Marie défonça une porte en bois délabrée et fit irruption dans la pièce pour y trouver un certain nombre de morts-vivants. Leurs silhouettes étaient proches de celles des humains, mais leur peau et leur viande étaient en train de pourrir. Il s’agissait essentiellement de zombies.

Dès que les zombies avaient repéré Marie et ses camarades, ils avaient chargé, gémissant en poussant leurs bras devant eux sans réfléchir.

Marie leva sa main droite, libérant la magie de sa paume. « Dégagez ! » Sa magie sacrée désintégra les zombies en un instant. L’attaque était si efficace que Kyle resta bouche bée.

« Ma dame, tu es devenue encore plus puissante. »

« Il se trouve que ma magie est parfaite pour éliminer les monstres de ce donjon », dit Marie. « Peu importe ce qui nous arrivera, je te protégerai, alors, ne t’inquiète pas. »

Tout en parlant, Carla fouilla dans la pièce. « Lady Marie ! » s’exclama-t-elle. Elle avait trouvé une vieille pochette en lambeaux avec dix pièces à l’intérieur. « Ces pièces d’argent semblent assez anciennes, mais elles atteindront un prix respectable sur le marché. »

Marie secoua la tête. « Ce n’est pas bon. C’est loin d’être suffisant. Allez, vous deux, allons plus loin. Il doit y avoir un bien meilleur trésor caché quelque part dans cette forteresse. »

Elle avait prononcé ces mots avec une telle certitude que, même en acquiesçant, Kyle et Carla avaient été un peu déconcertés.

Pour en avoir le cœur net, Marie fouilla la pièce dans l’espoir d’y découvrir un autre trésor. Pendant ce temps, elle fouilla dans les souvenirs de sa vie passée à la recherche d’informations sur cet endroit.

Lorsque je jouais, je sais que je suis venue ici un certain nombre de fois. Mais cela fait si longtemps que je m’en souviens à peine. Allez, cerveau, reprends-toi ! Je dois le faire pour montrer à Erica que je peux être une mère digne de ce nom — et pour me libérer enfin de ma dépendance financière à l’égard de Grand Frère !

+++

Partie 2

« Prends ça ! » Oscar brandit une hache de guerre à deux mains qu’il abattit sur l’un des squelettes en armure. La créature fut coupée en deux grâce à l’immense force de son corps lourdement musclé.

Cependant…

« Monsieur Oscar, recule s’il te plaît ! » Paniquée, Erin réussit à le tirer en arrière à temps, l’envoyant trébucher au sol.

Les os brisés du squelette se ressoudèrent. Il se remit presque aussitôt à les frapper de son épée.

La mâchoire d’Oscar se décrocha. « Quelle incroyable capacité de régénération ! »

Jake donna à son frère adoptif une tape rapide sur l’arrière de la tête. « Combien de fois dois-je te le répéter ? N’utilise pas d’attaques physiques contre les monstres morts-vivants, ça ne marche pas ! »

Bien que la créature se soit en effet régénérée, Erin le vainquit avec son épée courte. C’était une lame d’argent bénite, une inscription gravée dans le métal lui conférait un pouvoir sacré. Chaque fois qu’elle tranchait l’un des squelettes, la blessure de la créature se décomposait rapidement, jusqu’à ce que tous ses os tombent en poussière.

Ayant terminé son travail, Erin glissa doucement sa lame dans son fourreau. Elle se tourna ensuite vers ses compagnons. « Espèce d’imbécile ! Combien de fois faut-il faire la même erreur avant d’être satisfait ? Hein !? » rugit-elle à l’adresse d’Oscar. Une ride se creusa sur son front, et sa voix tremblait d’une fureur débridée. Ses mains s’élancèrent, saisissant Oscar par le col de sa chemise. Elle le souleva et approcha son visage. « Ta tête n’est-elle qu’une décoration ? Sert-elle à quelque chose, ou n’y a-t-il rien d’autre que des moutons de poussière entre ces oreilles ? »

« N-Non, ça sert à quelque chose ! »

« Si c’est vrai, alors prouve-le, espèce de crétin sans cervelle ! Ta hache n’a aucun effet sur ces morts-vivants. Je t’ai dit d’utiliser des balles spéciales, imprégnées de magie, n’est-ce pas ? Ou bien as-tu oublié que le duc a fait des pieds et des mains pour en acheter un nombre ridicule, aussi cher soit-il ? » Erin lui asséna plusieurs gifles.

Oscar était absolument terrifié.

« Eri, » l’interrompit Jake.

Erin blanchit, ayant complètement oublié sa présence. Elle balbutia : « Votre Altesse, je… » Elle se recroquevilla sur elle-même, honteuse. « Désolée. »

Jake s’était approché et avait pris sa main dans la sienne. « Je m’excuse pour mon frère adoptif. C’est un crétin, alors peu importe le nombre de fois que tu lui dis quelque chose, il ne semble toujours pas comprendre. »

« N -non. C’est moi qui devrais m’excuser de m’être comporté de manière aussi disgracieuse. »

« C’était inattendu », avait-il admis, « mais maintenant je sais que tu as aussi un côté audacieux. Je suis heureux d’avoir eu l’occasion de mieux te connaître. »

« Oh, Votre Altesse… »

« Assez d’absurdités du type “Votre Altesse”. Combien de fois vas-tu répéter cette erreur ? »

« Ah, tu es un grand méchant. » Erin lui serra les mains.

Ils se sourirent béatement, comme s’ils n’avaient pas d’autre souci au monde.

Oscar regarda sans rien dire et marmonna : « C’est exactement ce dont Miss Finley m’avait prévenu. L’amour est vraiment aveugle. »

 

☆☆☆

 

À peu près au même moment, Anjie, Livia et Noëlle, guidées par Creare, trouvèrent l’entrée de la section souterraine de la forteresse. Une porte en bois verrouillée leur barrait la route, mais la serrure était rouillée et usée.

Anjie leva son fusil. « Vous deux, restez en arrière. » Elle tira sur le trou de la serrure et la porte s’ouvrit, leur donnant accès à la zone située au-delà. D’une main exercée, elle éjecta la douille vide avant d’attraper la lanterne qu’elle portait à la hanche. Elle la leva haut pour éclairer leur chemin. Comme elle était alimentée par une pierre magique, elle brillait plus fort qu’une lampe de poche ordinaire.

Guidée par sa lanterne, Anjie s’élança sans crainte, mais Noëlle lui saisit le bras. « Attends un peu. N’es-tu pas un peu trop pressée ? Soyons un peu plus prudentes. »

Anjie jeta un coup d’œil en arrière et soupira. « Si nous perdons du temps à lambiner, Léon trouvera le trésor avant nous — ou même quelqu’un d’autre. »

« D’accord, mais il y a des monstres partout. Nous devons nous assurer qu’il n’y a pas de danger. »

« Un problème qui n’en est pas un. Creare scrute la zone à la recherche d’ennemis. »

À la mention de son nom, la lentille bleue de Creare s’illumina, éclairant pleinement le couloir sombre. Elle semblait connaître tout le plan du donjon.

« Je dirais simplement qu’aucun des monstres présents ici ne représente une réelle menace », dit Creare. « Mais il ne semble pas que tous les chemins souterrains soient reliés entre eux. »

Le donjon tentaculaire situé sous la forteresse n’était pas une structure unifiée, les zones divisées le rendaient encore plus complexe.

« Si nous choisissons une mauvaise entrée, nous perdrons du temps. Cependant, nous n’avons pas le luxe de chercher d’autres entrées », dit Anjie d’un ton pensif. Elle semblait étrangement impatiente.

« Pourquoi cette précipitation ? » demanda Noëlle.

Les yeux d’Anjie s’étaient rétrécis. « Il semblerait que tu ne comprennes pas vraiment. Notre adversaire est Léon. »

« Non, je comprends. » Noëlle connaissait bien les prouesses de Léon, quand il le fallait. Pourtant, la perception qu’elle avait de lui était à mille lieues de celle d’Anjie.

« Alors qu’il n’avait que quinze ans, il s’est lancé tout seul dans une aventure incroyable et a revendiqué un artefact perdu », déclara Anjie. « Il serait déjà choquant qu’il ait réussi cet exploit à un si jeune âge, mais il l’est encore plus qu’il l’ait fait sans aide. C’est un héros. »

« Oui, j’en ai entendu parler. Il a trouvé Luxon, n’est-ce pas ? »

« Non, tu ne comprends vraiment pas ! Tu ne réalises pas à quel point il est impressionnant ! Permets-moi de t’éclairer. » Anjie se mit à marcher en énumérant les exploits héroïques de Léon.

Les lèvres de Noëlle se retroussèrent presque imperceptiblement tandis qu’elle étudiait le dos d’Anjie et l’écoutait. J’avais donc tort. Elle ne le déteste pas, n’est-ce pas ? Je suppose que ce n’est pas une honte, n’est-ce pas ?

 

 

Elle fut soulagée de voir Anjie s’amuser à parler de Léon. Non pas que Noëlle ait été particulièrement inquiète d’une séparation, même après leur dispute — mais elle avait craint un changement de dynamique. Heureusement, cela confirmait que le point de vue d’Anjie n’avait pas vraiment changé.

« Les gens prétendent qu’il n’a réussi cette première aventure que par une chance miraculeuse, mais ils ne pourraient pas se tromper davantage », déclara Anjie. « Lorsque nous étions en première année, nous l’avons accompagné au village des elfes. Là, il a trouvé un passage secret dans leurs ruines et a même mis la main sur d’autres trésors. »

« Ouah ! » La réponse sans enthousiasme de Noëlle n’avait pas découragé Anjie, qui avait continué à vanter avec fierté les réalisations de Léon.

« Il a aussi découvert la pousse de l’Arbre Sacré dans la république, n’est-ce pas ? Le hasard fait-il vraiment des siennes trois fois ? Même en tant qu’aventurier, il se démarque des autres, c’est un héros puissant. »

« Tu l’estimes beaucoup. »

« Bien sûr. Il a gravé son nom à jamais dans l’histoire du royaume ! C’est pourquoi j’ai travaillé si dur pour être digne de lui. Mais malheureusement… » La voix d’Anjie s’affaiblit peu à peu, la vivacité de l’instant d’avant s’évanouissant.

Se rendant compte qu’Anjie glissait sur la pente de l’autodépréciation, Noëlle se tourna vers Livia, qui les suivait. Elle était restée silencieuse pendant tout ce temps.

« Oh, allez, Liv, dis quelque chose », insista Noëlle dans un murmure bas.

Livia était occupée à examiner une décoration qu’elle avait ramassée quelque part au cours de leur voyage. Ses yeux brillaient presque en étudiant l’écusson qui y était gravé. « Mlle Noëlle, regarde ça ! Ceci, juste ici, cet emblème ! Il a été utilisé par une civilisation prétendument anéantie. La pièce est tellement usée qu’il est difficile d’en identifier la forme avec précision, mais je pense qu’il s’agit d’une découverte sans précédent. » Elle parla avec nostalgie en soulevant le fragment de je-ne-sais-quoi dans les airs.

Noëlle grimaça. « Euh, Liv, tu n’es pas du tout préoccupée par la présence de Mlle Anjelica ? » Traduction : n’oublies-tu pas la raison pour laquelle nous sommes ici ?

À sa grande surprise, la réponse de Livia fut un rapide : « Tout ira bien. »

Qu’est-ce qui était « bien » dans tout cela ?

Livia sourit, jetant un coup d’œil dans le dos d’Anjie. « Ces deux-là avaient besoin de s’affronter. »

« Sérieusement ? »

Est-ce que ça va vraiment marcher ? L’angoisse monta chez Noëlle.

« Ne t’inquiète pas », dit Livia avec insistance.

Devant elle, Anjie heurta accidentellement l’une des décorations accrochées au mur, qui tomba et se brisa.

« Anjie ! » hurla Livia en fonçant sur elle. « Est-ce que je t’ai dit, oui ou non, de faire tout ton possible pour ne rien casser ici ? » Elle se rapprocha d’Anjie et la fit reculer contre le mur.

« Tu te trompes ! J’étais simplement perdue dans mes pensées. » Anjie avait l’air troublée.

« Tu m’as promis de ne rien détruire. N’est-ce pas ? Je t’ai dit que chaque objet que nous trouvons ici est un précieux souvenir historique et que nous devons tout faire pour le préserver. Et tu as accepté ! N’est-ce pas ? »

« Livia, pardonne-moi ! »

Noëlle se passa une main sur le front en regardant. « Liv est une vraie terreur quand on l’énerve, hein… »

+++

Partie 3

« Que veux-tu dire par “pas de problème” ? Il n’y a que des problèmes ici ! »

Après avoir trouvé l’entrée du donjon souterrain et y avoir naïvement pénétré, nous avions souffert. Horriblement. Je me cachais derrière le coin d’un couloir, chargeant de nouvelles balles dans mon fusil tout en maudissant Luxon de haut en bas.

« Connais-tu ta pire habitude ? Me faire défaut au pire moment ! Certaines IA le sont. N’as-tu pas honte ? » hurlai-je à l’adresse de mon partenaire. Je n’avais pas d’autre choix que d’élever la voix, tout autour de nous, Julian et compagnie tiraient eux aussi sur l’ennemi.

« Il semble que je doive revoir mon évaluation de tes capacités, Maître. Je ne m’attendais pas à ce que tu luttes si durement contre des monstres aussi insignifiants. Je te croyais vraiment plus capable. Je me rends compte que je t’ai surestimé. » Il bougea son corps d’avant en arrière, comme s’il me secouait la tête.

Même Jilk était furieux. « Bien qu’il soit flatteur d’être considéré de la sorte, nous apprécierions une évaluation plus précise des capacités de nos ennemis ! » répliqua-t-il en levant son fusil, regardant à travers la lunette avant d’appuyer sur la gâchette.

Sa balle transperça le crâne d’un squelette à l’autre bout du couloir. Contrairement aux morts-vivants que nous avions rencontrés à l’étage, celui-ci portait une robe et un bâton en os, ce qui indiquait qu’il s’agissait d’une sorte de lanceur de sorts.

Ces morts-vivants magiques nous avaient chargés en nombre écrasant. Le pire ? Un certain nombre de guerriers squelettiques jouaient le rôle d’avant-garde, vêtus d’armures bien plus épaisses que celle qui se trouvait à l’étage. Ils portaient d’énormes boucliers ainsi que des haches de combat et, à mon grand dam, ces boucliers déviaient les balles ordinaires.

Jilk avait visé et trouvé une ouverture dans leur ligne de front pour abattre un lanceur de sorts à l’arrière. Ce type avait une personnalité épouvantable, il était fourbe et sournois, mais c’était un tireur d’élite hors pair.

Hélas, les lanceurs de sorts restants levèrent leurs bâtons.

« Tout le monde à terre ! » hurla Greg.

Nous nous étions laissés tomber, nous mettant à l’abri du mieux que nous pouvions. Ils lancèrent une volée de magie en succession rapide qui déclencha plusieurs explosions juste sur nos têtes. Des éclairs de lumière traversèrent le labyrinthe obscur et des particules de poussière dansèrent dans l’air à la suite de l’assaut.

Dès que l’offensive magique de l’ennemi fut terminée, je criai des ordres. « Julian, avance ! Tu es notre bouclier de viande. »

« Excuse-toi. Je suis encore un prince, vous vous rendez compte. »

« Calme-toi et fais ce qu’on te dit. Prends un bouclier, utilise ce truc de barrière dont tu es si fier, et fais de ton mieux pour bloquer leurs attaques. Brad ! »

Brad ricana. « Tu ne veux certainement pas me dire de les écraser ? »

« Pas du tout. Je n’ai aucun espoir que tu puisses accomplir quoi que ce soit en combat rapproché. »

« Tu n’as pas besoin d’être aussi dur ! »

J’avais secoué la tête. « Peu importe, prépare-toi à faire exploser leur ligne de front. Je m’attends à ce que tu lances tes sorts les plus puissants. » Dès que Brad avait hoché la tête, je m’étais tourné vers Jilk. « Continue à les canarder comme tu l’as fait. Mais pas de tirs amis. »

Jilk roula des yeux. « Comme si j’allais faire une telle erreur d’amateur. »

« Plutôt, je ne peux pas supposer que tu ne mets pas intentionnellement une balle dans le dos d’un allié. »

« Pour quel genre d’homme me prends-tu ? » Jilk s’emporta froidement, son calme habituel n’étant plus de mise. Malgré son indignation, il se concentra et rechargea son fusil.

Enfin, je m’étais tourné vers Chris et Greg. « Vous allez charger la horde une fois que Brad les aura frappés avec sa magie. »

« Nous ne te laisserons pas tomber. » Chris ajusta sa prise sur son épée. « Et que feras-tu ? »

J’avais haussé les épaules. « Je suis le chef, non ? Je vais traîner et observer de l’arrière, donner des ordres pendant que vous ferez tout le travail. »

Dégoûté, Greg me réprimanda. « Il n’y a que deux sortes de personnes qui disent une chose pareille à un moment pareil : les gros bonnets et les idiots. »

« Je crains de devoir te corriger », dit Luxon. « Il n’est ni un gros bonnet ni un idiot. C’est un incroyable idiot. »

« J’en ai assez de la tribune des gens du peuple », ai-je dit. « Vous allez être mes larbins, que vous le vouliez ou non. »

« Ne penses-tu pas que c’est un problème qu’un tel langage démoralise tes subordonnés ? » demanda Luxon.

« Non, c’est comme tu le vois. Ces gars-là peuvent s’en occuper. »

Je savais que ces cinq-là n’auraient aucun mal à écraser l’ennemi — non seulement parce que j’avais joué au jeu et que je connaissais leurs caractéristiques, mais aussi parce que, malgré tous mes efforts, j’avais vu de mes propres yeux à quel point ils avaient progressé.

Julian m’avait regardé et avait souri. Même si cela m’agaçait, je m’étais surpris à demander : « Quoi ? »

« Rien. J’étais seulement surpris d’entendre que tu avais une si haute opinion de nous. Tu n’es pas du tout honnête avec tes sentiments, Léon. »

Maintenant, je regrette d’avoir ouvert la bouche. Et parce que je l’avais fait, Julian souriait comme un imbécile triomphant, ce qui ne faisait que m’énerver davantage. J’avais fait claquer mon pied dans son dos.

« Dépêche-toi et sors d’ici ! »

« I-Idiot ! Ne me pousse pas comme ça ! »

Une fois que j’eus forcé Julian à se mettre à découvert, les lanceurs de sorts préparèrent leur prochaine salve d’attaques magiques. Julian se précipita pour ramasser un bouclier et se mettre en position.

« Tch, je m’en souviendrai, Léon ! », hurla-t-il. « Bulle impériale ! » La lumière avait jailli de son bouclier, emplissant le couloir pour créer une énorme barrière semi-transparente.

Grâce au sort de Julian, qui nous protégeait efficacement des dégâts, aucune des attaques magiques de l’ennemi n’avait porté ses fruits.

Brad s’élança et leva les deux mains, se préparant à lancer son propre sort destructeur sur l’armée de squelettes. Un certain nombre de cercles magiques se manifestèrent dans l’air derrière lui et commencèrent lentement à tourner. « Hellfire Inferno ! » Il ramena lentement ses bras, rapprochant de plus en plus ses mains l’une de l’autre, jusqu’à ce qu’enfin, il les joigne l’une à l’autre.

Sentant que le moment était venu, Julian baissa sa garde, permettant à la barrière de se disperser. À ce moment précis, des flammes tourbillonnantes jaillirent des cercles magiques entourant Brad et se dirigèrent vers l’armée de squelettes. À peine le brasier eut-il englouti les morts-vivants qu’il explosa. La sueur coula sur le visage de Brad qui tomba à genoux.

« Je les ai eus ? » râla-t-il, espérant que sa magie ait réussi à éradiquer nos ennemis.

Hélas, à travers les braises encore brûlantes qui jonchaient le couloir intérieur, une nouvelle vague de squelettes arriva. Jilk se mit à les viser avec son fusil, mais leur nombre ne faisait que croître.

« Il semble que nous ayons fait du tapage et attiré encore plus d’ennemis », dit Luxon.

Pour moi, c’était un succès.

« Allez-y. On va les nettoyer d’un coup. Chris, Greg, c’est parti. » Je plaçai mon fusil de côté au profit d’une épée.

Chris me regarda avec confusion. « Je croyais que tu avais dit que tu resterais en retrait et que tu regarderais ? »

« J’ai changé d’avis. On dirait qu’on a de bonnes chances de gagner, alors j’y vais avec toi. »

Greg prit position avec sa lance, les yeux fixés sur l’ennemi. Il sourit. « Tu es vraiment tordu. »

« La boîte de conserve. Il est temps de sortir les poubelles. »

Chris et Greg avaient été les premiers à entrer en contact avec l’ennemi. En temps normal, ils étaient de parfaits abrutis, mais lorsqu’il s’agissait de combat rapproché, ils n’avaient pas leur pareil. Il ne fallut pas longtemps à Chris pour abattre deux morts-vivants.

« Hah ! »

Ses coups d’épée étaient si souples et élégants que sa lame semblait danser dans l’air tandis qu’il transformait les monstres les uns après les autres en cendres et en fumée.

Greg était tout le contraire, comme un berserker écrasant l’ennemi avec une force brute.

« Graaah ! »

Leurs armes étaient efficaces contre les morts-vivants grâce à la couche d’argent que Luxon leur avait appliquée. Mais même en ignorant cet avantage, leur force était impressionnante. Greg embrochait ses ennemis, transperçant les guerriers squelettiques, bouclier et tout. Dès qu’il en avait éliminé un, il passait au suivant. Son style de combat barbare contrastait fortement avec celui de Chris, mais même s’ils se battaient dos à dos, ils ne se gênaient jamais l’un l’autre.

Luxon et moi avions plongé dans les ouvertures qu’ils avaient créées, en prenant soin de ne pas perturber leur flux, et nous avions foncé dans l’essaim. Devant nous, j’avais repéré un squelette armé d’un arc et de flèches qui visait Greg.

« Ce type est le premier, hein ? » Je fis pivoter ma lame dans un mouvement ascendant. La pointe racla le sol, projetant des étincelles avant de trouver sa cible et de couper le mort-vivant en deux au niveau de la taille.

Dès que je l’avais éliminé, j’avais scanné la zone à la recherche de ma prochaine cible. Luxon projeta une lumière rouge sur un autre ennemi. « Maître, celui-là les vise aussi. »

Un autre squelette armé d’un arc était caché dans l’ombre.

« Bon travail de l’avoir repéré ! » J’avais jeté mon épée de côté et j’avais pris un pistolet dans l’étui que j’avais à la hanche. Il était chargé de balles enduites d’argent, chacune d’entre elles ayant été achetée à un prix follement élevé. Normalement, j’aurais été plus prudent en décidant quand et combien en utiliser, mais comme Luxon m’avait fourni les munitions en grande quantité, il n’y avait pas lieu d’être avare.

« Du sur-mesure », m’étais-je dit. « Je serai heureux d’en faire bon usage. »

Je tirai deux fois, chaque balle atteignant le monstre. Théoriquement, j’aurais pu utiliser autant de balles que je le souhaitais, mais je n’avais pu en transporter qu’un nombre limité dans la forteresse. Ce n’était pas un problème d’espace, les balles étaient minuscules. Cependant, les morceaux de métal deviennent un peu, vous savez, lourds en grande quantité.

Je continuais à déverser mes balles d’argent sur l’ennemi, l’abattant l’un après l’autre. Au milieu de tout ça, Julian avait réussi à me rattraper. « Les gars, laissez-m’en un peu pour moi ! »

« Votre Altesse, s’il te plaît, reste en arrière, là où il n’y a pas de danger », avais-je dit d’un ton monocorde et fatigué. Je savais qu’il essaierait de se frayer un chemin vers le danger — comme toujours.

Le sang monta au visage de Julian, non pas à cause de l’embarras, mais de la colère. Son épée transperça l’un des squelettes qui s’élançait vers lui. « Tu m’as poussé devant l’ennemi ! »

« Oh, ouais, tu t’es rendu utile ! Maintenant, tu peux te vanter auprès de Marie. » Je m’étais moqué.

Luxon nous avait regardés et avait marmonné : « Vous êtes devenus terriblement proches tous les deux. »

+++

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Laisser un commentaire