Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 10 – Chapitre 3 – Partie 2

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Chapitre 3 : Dévot

Partie 2

« Ils pourraient simplement protéger la couronne », avais-je dit.

« S’ils n’étaient pas aussi motivés par l’ambition. Vince et Gilbert cherchent à obtenir le droit de régner. »

« Je n’ai rien à voir avec cela. »

« Bien que leur véritable objectif soit probablement de s’emparer du trône, leur désir de réduire les pertes dues à la rébellion est sincère. Tu dois comprendre que tu es un véritable héros aux yeux des seigneurs régionaux, Maître. »

Je soupirais. « Pourquoi ? Parce que j’ai brisé les chaînes qui les maintenaient enchaînés à des mariages horribles ? »

« C’est en effet un facteur contributif. De plus, tu as forcé le royaume à changer là où il refusait de le faire. Cela fait de toi le champion qu’ils ont longtemps désiré. »

« Haha, un sacré champion. »

« Épouser Anjelica, c’est forcément s’allier aux Redgrave. Dans ce monde, les individus ne sont pas considérés comme des entités distinctes des familles dans lesquelles ils sont nés. »

J’avais entendu dire que, dans un passé lointain, lorsque les gens mouraient beaucoup plus facilement et fréquemment, on accordait plus d’importance à la famille qu’à n’importe quel individu. La mort étant un fantôme imminent et omniprésent, les gens donnaient la priorité à la préservation de leur maison et de leur lignée. Je m’étais rendu compte à quel point il était plus agréable de vivre dans un monde qui respectait les droits individuels. Je savais ce que c’était, j’avais goûté au bonheur que cela procurait. Anjie, quant à elle, n’avait jamais connu que les principes de cette société. Il était peut-être naturel que nous ne soyons pas du même avis.

« Quoi qu’il en soit, qu’en penses-tu ? » avais-je demandé.

« À propos de quoi ? »

« Sur l’unification du royaume sans pertes humaines. Pouvons-nous le faire en limitant au maximum la quantité de sang versé ? »

Quelle réponse une IA comme Luxon donnerait-elle à une telle question ? J’avais envie d’une solution étonnante, inédite, qui me permettrait de contenter tout le monde.

« La solution la plus rapide serait que tu prennes personnellement le contrôle de la capitale, ce qui convaincrait les seigneurs des territoires voisins de déposer leurs armes ainsi que leur soif de vengeance. Nous pourrions alors rassembler dans la capitale ceux qui, comme Dominic, te respectent profondément, et reconstruire la nation. Ce serait la voie la moins sanglante. »

Eh bien, je suppose que c’est plutôt moi qui suis bête d’avoir demandé.

« Donc, en gros, ce que tu dis, c’est que… »

« Que tu deviennes roi, Maître. »

« Espèce de crétin. Pas question de faire ça. »

Moi, un roi ? Peut-être que d’autres voulaient ce genre de pouvoir, mais ce n’était pas ma tasse de thé. En fait, l’idée de me réfugier à la campagne et de passer mes journées dans une paix oisive me plaisait toujours autant.

« Rejettes-tu ma proposition alors qu’elle ferait le moins de victimes possible ? » demanda Luxon.

« Si tu me proposes d’utiliser ton pouvoir pour gouverner le royaume, alors je ne vaudrais pas mieux que les Redgrave. » J’avais poussé un profond soupir. « C’était stupide de te le demander. »

J’étais en train de dire que la suggestion de Luxon ne valait rien, ce qui l’agaçait. Il se rapprocha de moi jusqu’à ce qu’il soit en face de moi. « Je me permets de te rappeler, Maître, que tu n’as pas réussi à trouver ta propre solution, et que c’est pour cela que tu m’as demandé mon avis. »

« Oui, et c’est la raison pour laquelle je reconnais avoir posé la question en premier lieu. »

 

 

D’ailleurs, Luxon se moquerait bien de voir Hohlfahrt mordre la poussière. Il serait probablement heureux de voir la fin d’un pays construit par les nouveaux humains. Chaque fois qu’un problème de ce genre se présentait, c’est lui qui disait : « Pourquoi ne pas tout brûler ? » Des choses comme ça.

« Je suppose que je devrais demander à quelqu’un d’autre. Mais Anjie est habituellement mon interlocutrice pour ce genre de choses, et c’est la seule personne sur laquelle je ne peux pas compter en ce moment. »

« En effet. Ta confiance en elle est à la fois incessante et excessive. »

« Oh, tais-toi. »

Tout en regardant le plafond, je me demandais qui je devais approcher. Plusieurs visages m’étaient venus à l’esprit, mais je m’étais concentré sur une personne en particulier, quelqu’un qui avait déjà vécu une situation similaire.

 

☆☆☆

 

Hering était dehors, en train d’arroser l’un des parterres de fleurs près du dortoir. Lorsque je lui avais confié ma situation, il ne s’était pas moqué de moi et n’avait pas ri de ma situation. Au contraire, son visage s’était figé en un froncement de sourcils.

« Une différence de valeurs ? C’est une situation délicate. Depuis ma réincarnation, j’ai été confronté à ce problème un nombre incalculable de fois. »

« Toi aussi, hein ? » avais-je demandé.

« Cela vient avec les souvenirs de nos vies antérieures. » Les ombres sur le visage de Hering étaient sombres et il soupira. Il pencha la tête en arrière et regarda le ciel. « Après être devenu chevalier, j’ai été forcé de participer à la guerre. »

« Je vois. »

L’air qu’il dégageait permettait d’imaginer ce qu’il avait enduré. Ni les chevaliers ni les nobles ne pouvaient fuir la bataille. Un déserteur perdrait son statut et sa réputation. Ils avaient été élevés dans l’idée que le combat lui-même était un honneur. Ceux qui massacraient leurs ennemis en masse sur le champ de bataille étaient salués comme des héros.

En tant que tel, ni moi ni Hering n’avions aimé être considéré comme tel. Être qualifié de « héros », c’était être qualifié de meurtrier de masse.

Hering se gratta l’arrière de la tête, sentant ce que je ressentais. « Nous avons tous les deux traversé beaucoup d’épreuves. Il serait peut-être préférable d’effacer nos vieux souvenirs, mais… Non, sans eux, je n’aurais pas réalisé dans quelle situation désastreuse se trouvait Mia. »

Il est vrai que nous ne serions probablement pas confrontés à de telles difficultés sans notre passé, mais c’est grâce à cette même connaissance que je me trouvais ici en ce moment, en vie et en bonne santé. Sans lui, Hering n’aurait jamais rencontré Mia.

« Oui, sans le mien, je serais probablement déjà sous terre depuis longtemps », avais-je dit.

Depuis le jour où Zola m’avait vendu, je serais mort, d’une manière ou d’une autre. J’étais heureux de m’être réincarné avec mes souvenirs intacts.

Hering força un sourire. « Tu dois vraiment avoir eu la vie dure. »

« Ta présence m’est d’une grande aide. Je ne peux pas aller voir la brigade des idiots avec de telles préoccupations. »

« Mais tu as Marie, n’est-ce pas ? »

Certes, Marie était en quelque sorte dans le même bateau que moi, mais il y avait une différence notable entre elle et Hering.

« Elle n’a jamais tué personne au combat », avais-je dit.

« Oui, c’est vrai. Je suppose que tu ne peux pas aller la voir à ce sujet. Il vaudrait mieux que ses mains ne soient pas tachées. » Il regarda au loin.

J’avais fait un petit signe de tête. Marie participant à la bataille ? Cela ne lui convenait pas du tout.

Hering posa la main sur son menton en réfléchissant. « Si seulement nous étions à Vordenoit, nous pourrions consulter Sa Majesté Impériale. »

Ma mâchoire s’était décrochée. « L’empereur, tu veux dire ? Tu dois être en très bons termes avec lui. » J’avais du mal à croire qu’il puisse suggérer une telle chose, et encore moins avec autant de désinvolture.

Les yeux de Hering s’écarquillèrent lorsqu’il comprit. « Oh, je ne te l’ai pas dit, n’est-ce pas ? Notre empereur — le père de Mia, je veux dire — s’est aussi réincarné ici. »

« Tu te moques de moi, non ? »

N’est-ce pas un peu ridicule ? Combien de personnes s’étaient réincarnées dans ce monde ? Alors que j’étais sidéré par cette nouvelle révélation, Hering continua.

« Il peut être un vieux bougre agaçant, mais il est fiable dans des moments comme celui-ci. Il n’a pas vécu toutes ces années pour rien. Non seulement il partage notre expérience, mais il a déjà vécu toute une vie. Si seulement il y avait quelqu’un comme lui que nous pourrions consulter. »

Ses paroles avaient déclenché une prise de conscience : il y avait une personne dans le royaume qui correspondait parfaitement à ce profil.

« Erica », avais-je murmuré.

 

☆☆☆

 

Je m’étais immédiatement dirigé vers Erica. Elle était entourée d’un grand nombre de personnes, étant donné qu’il s’agissait d’un jour de semaine, mais ils avaient dégagé un chemin à mon approche. J’avais réussi à l’inviter dans l’un des salons de thé, où nous nous étions installées pour discuter des problèmes qui me préoccupaient.

« Alors, mon oncle, pour m’assurer que je comprends bien le problème… Tu es profondément troublé par la différence entre tes valeurs et celles de Mlle Anjelica, n’est-ce pas ? »

« C’est bien cela. »

C’était un peu gênant, honnêtement, de consulter ma nièce sur ma propre vie amoureuse, mais à qui d’autre pouvais-je m’adresser ? Elle était ma meilleure chance.

Mais comme pour se moquer de ma honte, Luxon ajouta : « Tu es peut-être sa nièce, mais tu as bien plus d’expérience que lui. »

« As-tu déjà — je ne sais pas — envisagé l’idée de donner plus de respect à ton maître ? Je serais plus gentil avec toi si tu me montrais un peu plus de compassion, tu sais ? »

« Inutile. Je n’ai pas besoin de ta “gentillesse”. »

Erica ricana en nous regardant. « Vous avez une amitié si proche. »

Super, encore une personne qui prend notre hostilité constante pour une sorte de bienfait.

« Erica, tu ne vois pas à quel point cet abruti est grossier et irrespectueux ? » lui avais-je demandé.

« C’est important d’avoir des amis avec qui on peut parler librement, mon oncle. De même, je peux dire à quel point Mlle Anjelica est importante pour toi. » Erica sourit. Elle faisait preuve d’une telle tolérance qu’il était difficile de croire qu’elle était en fait plus jeune que moi — du moins physiquement.

J’avais détourné le regard. « Eh bien, nous avons traversé beaucoup de choses ensemble. »

« Tu devrais être honnête et lui dire que tu l’aimes. Mon oncle, tu n’es vraiment pas du genre à t’ouvrir, n’est-ce pas ? »

« À m’ouvrir ? Je suis toujours ouvert. Je suis honnête. Je dis ce que je pense dès que ça me passe par la tête — c’est pour ça que tout le monde garde ses distances », dis-je en riant.

Erica continua de sourire. Son regard s’était fixé sur moi et, pour une raison ou une autre, c’était comme si elle pouvait me fixer au plus profond de mon être. J’avais rapidement détourné le regard. Heureusement, elle ne m’avait pas réprimandé pour mes enfantillages. Au contraire, elle m’avait proposé une solution.

« Si tu souhaites vraiment être avec Mlle Anjelica, je pense que la traiter avec gentillesse ne portera pas les fruits que tu souhaites. »

« Hein ? » J’avais secoué la tête pour faire face à Erica. Elle n’avait plus de sourire, elle était tout à fait sérieuse maintenant.

« Mlle Anjelica souhaite te soutenir. Non, plus que cela, elle veut se tenir à tes côtés en tant qu’égale et accomplir ses propres exploits. »

« Vraiment ? C’est ce que veut Anjie ? »

« Mon oncle, as-tu oublié ? Autrefois, Mlle Anjelica devait être la reine de Hohlfahrt. »

C’est vrai. Sans l’intervention de Marie, ses fiançailles avec Julian lui auraient permis de devenir notre reine. Je le savais. Je ne l’avais pas oublié.

« Oui, je suis au courant », avais-je insisté.

« Tu ne dois donc pas comprendre ce que cela signifie vraiment. Mlle Anjelica a été élevée et éduquée pour posséder toutes les qualités nécessaires à une reine. Pour elle, être protégée et dorlotée est étouffant. »

Elle ne veut donc pas rester les bras croisés pendant que je la protège. Je suppose qu’elle a déjà dit quelque chose comme ça. Nous ne pensions même pas de la même façon, à l’époque, je me contentais de prendre la voie de la facilité en m’appuyant sur Luxon pour tout.

« Elle veut être à tes côtés, voir et sentir ce que tu fais, compter sur toi, oui, mais aussi que tu comptes sur elle. Le problème, c’est que tu arrives à tout faire tout seul. »

« Je ne dirais pas vraiment que c’est “tout seul” », avais-je marmonné.

Un sourire se dessina sur les lèvres d’Erica, qui pencha légèrement la tête. « Laisse-moi t’apprendre un truc — un truc qui te permettra de régler tes problèmes de couple en douceur. »

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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