Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 10 – Chapitre 2 – Partie 3

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Chapitre 2 : Rendez-vous

Partie 3

Nous avions repris notre marche, en direction du café que j’avais choisi. L’extérieur était accueillant, et l’atmosphère tout aussi détendue à l’intérieur permettait de s’y installer facilement. Le mobilier était bien entretenu et une odeur alléchante flottait dans l’air. La carte proposait une sélection de cafés et de repas légers.

En entrant, nous nous étions dirigés vers le comptoir, où le propriétaire nous avait rapidement guidés vers une table en vitrine et nous avait proposé des menus. Anjie et moi n’avions échangé que quelques mots avant de décider de nos commandes. Le patron avait tout noté avant de retourner au comptoir.

J’étais soulagé que cet établissement ait été épargné par les destructions.

« Quel bel endroit », dit Anjie, ses mots faisant presque parfaitement écho à mes pensées.

« C’est vraiment le cas. Je ne suis jamais venu ici auparavant, mais je crois que j’aime bien. »

« Il semble que cela te plairait. »

Je suppose qu’elle avait raison. « Tu n’aimes pas ça ? »

« Je ne le déteste pas, même si je suis un peu ennuyée de voir qu’ils ne servent pas mon thé préféré. Je suppose que cela ne plaît pas au propriétaire. »

« Oh. »

Ce n’est qu’après qu’Anjie ait dit cela que j’avais jeté un coup d’œil au menu et que j’avais réalisé qu’elle avait raison — son thé bien-aimé ne figurait pas sur la liste. Il n’y avait pas non plus les snacks qu’elle préférait. J’avais encore merdé. Je m’étais pris la tête dans les mains. « Je suis désolé. J’aurais dû regarder le menu de plus près. »

« Cela ne me dérange pas. »

« Oui, mais le rendez-vous d’aujourd’hui est censé être pour toi, alors… »

« Je te l’ai déjà dit, cela ne me dérange pas. Tu es un duc maintenant. Tu ne devrais pas t’excuser pour quelque chose d’aussi insignifiant. »

« Mais je me sens toujours mal. »

Alors que j’essayais de m’excuser à nouveau, Anjie tapa du poing sur la table. « Je te l’ai dit, ça ne me dérange pas ! »

Mes yeux s’étaient arrondis sous le choc. « Anjie… ? »

Les autres clients s’étaient tournés vers nous. Même le propriétaire du café avait regardé notre table. J’avais rapidement fait un geste pour leur assurer que ce n’était rien, et c’est alors qu’Anjie avait semblé réaliser ce qu’elle avait fait.

« Je suis désolée », balbutia-t-elle, les joues rougies. Pendant un moment, elle baissa le regard sur ses genoux. Puis, incapable de supporter la honte, elle se leva d’un bond et s’envola vers la porte, disparaissant à l’extérieur.

« Anjie ! » criai-je en me levant de mon siège pour la suivre. Je ne m’étais arrêté que lorsque je m’étais souvenu que nous avions déjà commandé et que nous nous étions arrêtées au comptoir pour y déposer de l’argent. »Oubliez la monnaie. Gardez tout. »

Lorsque j’avais franchi la porte du café, la sonnette d’entrée avait retenti bruyamment dans mon sillage. J’avais scruté la rue, mais je n’avais vu aucun signe d’Anjie.

« Merde ! Où est-elle passée ? »

« N’aie crainte, » dit Luxon. « Je suis en train de suivre sa position. Dois-je commencer la navigation ? »

« S’il te plaît. »

J’avais sprinté à travers la ville pendant que Luxon me guidait.

« D’accord, comment ai-je fait pour me tromper ? » avais-je demandé.

Pour une fois, Luxon ne semblait pas avoir de réponse claire. « Bien qu’il soit possible qu’elle en veuille à ta timidité répétée, cela semble être une explication peu probable. Après tout, tu as déjà démontré ta nature pathétique et insouciante un nombre incalculable de fois. »

« Bon sang, désolé d’être une telle mauviette ! »

« Peut-être est-elle mentalement fatiguée. Mais je pense qu’il est plus probable qu’elle soit irritée par ta misérable incapacité à vivre selon ses idéaux. »

« Elle semble être du genre à avoir des exigences élevées. »

« Elle a tout de même accepté tes fiançailles », m’avait rappelé Luxon. « Elle est sûrement consciente de l’écart entre la réalité et ses projections idéales. »

Alors que j’écoutais, j’avais dérapé jusqu’à ce que je m’arrête. « Tu veux dire… qu’elle en a marre de moi ? »

Je me doutais bien que cela arriverait un jour. C’était inévitable. Peut-être que le moment était enfin venu.

Luxon se secoua d’avant en arrière, comme s’il me regardait d’un air narquois. « Si elle était si facilement irritable, elle n’aurait jamais accepté tes fiançailles. Maître, tu doutes de l’amour d’Anjelica pour toi. »

« Même les feux de l’amour peuvent se refroidir jusqu’à devenir des braises. »

« Certainement. Cela arrive. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Anjelica attendait ce rendez-vous avec impatience. »

J’avais recommencé à marcher. En me dirigeant vers l’endroit où se trouvait Anjie, j’avais repéré un point de vue. Anjie s’était agrippée à la clôture à barreaux du bord, contemplant la capitale en contrebas. Lorsque je m’étais approché, elle s’était tournée vers moi. Ses yeux étaient rouges et gonflés. Elle avait pleuré.

« Anjie, euh, je — . »

« Ne t’excuse pas. Je me sentirai encore plus mal si tu le fais. »

« Hein ? »

« Te demander de t’excuser comme ça… me fait me détester », avoua Anjie en sanglotant.

 

☆☆☆

 

Nous nous étions assis sur un banc à proximité. Alors que j’attendais qu’Anjie se calme, le soleil commença à descendre. De temps en temps, des gens s’approchaient du belvédère, mais ils sentaient l’atmosphère gênante. Un seul coup d’œil et ils supposaient que nous étions en pleine rupture, ce qui les poussait à battre en retraite.

Quant à moi, j’étais plutôt inepte lorsqu’il s’agissait de faire pleurer les femmes.

Une fois qu’Anjie s’était enfin ressaisie, elle dit : « Je m’excuse pour mon comportement antérieur. »

« Non, ne t’inquiète pas pour ça. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de se détester ? »

« C’est exactement ce que l’on croit. »

« Euh… »

Sentant que notre échange ne menait nulle part, Luxon intervint en mon nom. « Anjelica, pourquoi te sens-tu personnellement responsable des excuses de mon maître ? Sa nature pathétique et sans intérêt est de sa propre faute. »

Oof. Avec un pistolet sur la tempe, je pouvais admettre que ce n’était pas une évaluation inexacte de ma personnalité, mais l’entendre le dire si brutalement m’avait un peu énervé. Je ravalai mes plaintes. Ce n’était pas le moment de se chamailler.

Les larmes aux yeux, Anjie regarda Luxon et pencha la tête comme si elle était confuse. « Léon est un duc. C’est d’ailleurs un héros qui a sauvé ce royaume à plusieurs reprises. »

« En d’autres termes, aux yeux de la société, le rang de mon maître l’incite à s’excuser avec parcimonie. C’est ce que tu essaies de faire comprendre ? »

« Oui. Et pourtant, tout ce que je fais, c’est lui demander de s’excuser — constamment ! Je suis censée être sa femme un jour, mais je ne peux même pas le soutenir correctement. » Anjie se passa les mains sur le visage en pleurant.

« Cela n’a pas d’importance pour moi », avais-je dit.

J’essayais seulement d’exprimer mes sentiments sincères, mais Anjie n’avait pas semblé comprendre ce que je voulais dire.

« Ça n’a pas d’importance ? Es-tu en train de dire que je ne suis pas digne de toi ? Que je ne suis d’aucune utilité ? Bien que je suppose que tu as raison. Après tout, tu as Luxon. » Anjie releva la tête, les larmes coulant sur ses joues alors qu’elle se mettait à rire.

« Allons, ce n’est pas ce que je veux dire ! Le fait d’être “utile” et toutes ces conneries ne… »

Alors que j’essayais désespérément de clarifier la situation, Luxon me coupa la parole. « Maître, je demande un temps mort. Retournons au dortoir. »

« Ce n’est pas ce que — . »

« Ce n’est pas ce qui compte pour l’instant, je suppose ? Cependant, je crois qu’à ce stade, vous avez tous les deux besoin de distance. »

Anjie s’était remise à sangloter. Même moi, je voyais bien que je n’allais pas la convaincre de quoi que ce soit pour l’instant.

« Retournons-y », avais-je accepté. « Mais avant cela, laisse-moi te dire une chose : jamais je n’ai refusé que tu fasses partie de ma vie, Anjie. »

Hélas, mes paroles avaient semblé tomber dans l’oreille d’un sourd.

« Il semble qu’aucun de nous ne connaisse vraiment l’autre », déclara Anjie.

 

☆☆☆

 

Après avoir raccompagné Anjie au dortoir des filles, j’étais retourné dans ma chambre, où je m’étais effondré sur mon lit et j’avais regardé le plafond.

« J’ai un rapport de Creare », annonça Luxon. « Livia a réconforté Anjelica après son retour, et elle s’est maintenant endormie. Après avoir entendu le récit d’Anjelica, Livia semble être très en colère contre toi. »

« Et qu’aurait-elle voulu que je fasse différemment ? »

Sérieusement, où me suis-je trompé ? Je comprenais qu’Anjie faisait de son mieux pour moi. Tout ce que je voulais lui dire aujourd’hui, c’est qu’elle n’avait pas à se surpasser comme ça. Elle n’avait pas à s’opposer à sa famille juste pour moi. Non seulement nous n’avions pas réussi à nous réconcilier après ce désaccord — si tant est qu’on puisse l’appeler ainsi — mais elle m’avait laissé ce coup de tête déchirant.

« “Aucun de nous ne connaît vraiment l’autre”, hein ? Je suppose qu’elle n’a pas tort. Nous ne sommes arrivés ici que grâce à notre élan. Il est normal qu’elle soit déçue de voir à quel point je suis superficiel. »

« Bien que je sois impressionné par le fait que tu aies enfin réussi à t’évaluer avec précision, il y a un autre problème en jeu », déclara Luxon.

« Quel est le problème ? »

« Une différence de valeurs. Maître, Marie, vous vous accrochez un peu trop aux valeurs qui vous ont été inculquées dans votre vie précédente. Si je peux me permettre de spéculer sur la base des informations que Creare a obtenues, il est probable qu’Anjelica souhaite être une présence de soutien dans ta vie. »

« Mais elle a toujours été d’un grand soutien. »

Anjie était tellement géniale qu’elle était gaspillée pour un gars comme moi. Je le savais douloureusement, c’est pourquoi je ne voulais pas qu’elle se surpasse pour moi.

« En effet, Anjelica a une trop haute opinion de toi. Cependant, tu as réussi à atteindre le rang de duc en une seule génération, et tu es de plus encensé comme un héros par le peuple. Cela a sans doute exercé une pression énorme sur elle en tant que ta partenaire. Elle a travaillé sans relâche pour être sur un pied d’égalité avec toi, et de son point de vue, c’est comme si tu rejetais ses efforts comme étant futiles. N’est-il pas tout à fait raisonnable qu’elle soit irritée ? »

« Je ne comprends pas. »

« Anjelica a empêché sa famille, la maison Redgrave, de te manipuler à ses propres fins. Aucune personne de son âge ne devrait avoir à supporter une telle épreuve. »

« Je me fiche éperdument des Redgrave et de leur soutien — ou de leur absence de soutien. Tant que j’ai Anjie, tout va bien. »

« Crois-tu vraiment que si tu disais cela à Anjelica, elle serait satisfaite ? » me demanda Luxon.

J’avais gardé le silence.

« Maître, ce monde n’est pas celui qui t’a élevé. Il fonctionne selon ses propres règles. C’est de l’arrogance que de rejeter avec désinvolture des actions basées sur des normes autres que les tiennes. »

Peut-être bien. En raison de mes souvenirs passés, j’étais redevable d’un ensemble de valeurs qui entraient souvent en conflit avec celles défendues par ce monde. À cause de ces valeurs, je ne pouvais pas m’intégrer à la société noble. Je trouvais toutes ces formalités ennuyeuses et j’essayais de m’en éloigner et de les ignorer. Mais je m’étais trop élevé pour continuer à me comporter de la sorte. Le problème, c’est que je ne pouvais rien faire contre ce genre de schisme, car je me souvenais que plus d’un couple marié avait divorcé pour cette même raison.

« Une différence de valeurs peut être fatale. Je devrais peut-être annuler nos fiançailles pour qu’Anjie puisse être libre et — . »

Je m’étais interrompu en me souvenant de l’avertissement de Julian.

C’est vrai. Il a dit que si je trahissais sa confiance, elle ne se remettrait pas.

« Je suppose que… tout ira bien tant que je ferai les choses à la manière d’Anjie, n’est-ce pas ? »

« Maître, es-tu vraiment capable de t’acclimater à la société noble de ce monde ? » demanda Luxon, peu convaincu.

« Non, il n’en est pas question. Mais à défaut d’autre chose, je peux faire bonne figure. J’irai bientôt faire un tour chez les Redgrave. »

Même si je ne pouvais pas me fondre dans la masse, je pouvais toujours jouer le rôle. C’est certain. Cela m’avait déjà réussi plus d’une fois.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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