Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 10 – Chapitre 10 – Partie 3

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Chapitre 10 : Le navire fantôme

Partie 3

L’intérieur du navire était aussi vieux et usé que l’extérieur. Sous notre poids, les planches grinçaient et menaçaient de se briser au moindre faux pas. Les portes s’écroulaient lorsque nous les testions. Oh, et aussi, l’endroit grouillait de monstres.

Nous avions trouvé des traces des personnes qui avaient occupé le navire avant qu’il ne devienne l’hôte de fantômes et de morts-vivants. Dans une pièce, un certain nombre de vieux livres étaient posés sur un bureau. La plupart étaient tellement usés et décolorés qu’il était impossible de les lire. Seul un livre avait un texte lisible, et encore, à peine.

« C’étaient les quartiers privés d’un marin », dit Anjie en lisant le livre. Je m’étais accroché à son dos, jetant un coup d’œil méfiant dans la pièce.

Si quelqu’un avait déjà vécu ici, il était tout à fait possible qu’une émotion ou un désir puissant s’y attache encore. J’étais terrifié à l’idée qu’il prenne la forme d’une goule ou d’une autre chose et qu’il se jette sur nous.

« Anjie, dépêchons-nous de finir pour que nous puissions rentrer », avais-je dit avec anxiété.

Elle fronça les sourcils et feuilleta les pages du livre. Certaines étaient lisibles, tandis que d’autres étaient si rigides et usées qu’elles s’effritaient à son contact. « Es-tu vraiment si mauvais dans tes rapports avec les morts-vivants ? Même après tout ce que tu as vécu ? »

« En quoi mon expérience me prépare-t-elle à faire face à tout cela ? N’as-tu même pas un peu peur, Anjie ? »

« Les humains vivants sont bien plus effrayants que les morts. »

« Oh, » j’avais murmuré. « Marie a dit la même chose une fois. »

« Qu’est-ce que c’est que ça ? Évoquer le nom d’une autre femme dans un moment pareil ? Je suppose que tu dois vouloir que je te laisse derrière moi. »

Craignant de l’avoir mise en colère, j’avais jeté mes bras autour d’Anjie, m’accrochant désespérément.

Les joues d’Anjie s’échauffèrent et elle balbutia : « L-Léon, je plaisantais. Ne m’étouffe pas. Hé, où est-ce que tu mets tes mains ? »

« Pardonne-moi ! Je ne peux pas faire des choses effrayantes ! »

Je n’aurais pas été dans un tel état si cet abruti ne m’avait pas abandonné. Si Luxon était là, il aurait trouvé un moyen de me sortir de Terrorville. Pouvoir plaisanter sur le manque de science des fantômes, ou même échanger des coups de gueule aurait détendu l’atmosphère. L’absence de cette option avait exacerbé ma peur.

Le donjon que j’avais dû traverser pour l’obtenir était assez terrifiant en soi. Il y avait des ossements humains partout. Je n’aurais jamais pris l’initiative de traverser cet endroit si ma vie n’avait pas été en jeu.

Anjie tourna une autre page. « J’en ai appris davantage sur ce navire. Il tentait de transporter des aventuriers vers le continent où Hohlfahrt a été fondé. »

« Aventuriers, hein ? »

« Il semblerait que de nombreux jeunes gens qui rêvaient du nouveau monde soient montés à bord. Le propriétaire de ce journal a écrit un certain nombre de plaintes, agacé par leur comportement “primitif”. »

« D’accord, » ai-je dit, « mais quel est le rapport avec la façon dont ce vaisseau a fini ? »

« Il est possible qu’il ait été abandonné. Cependant, d’après ce journal, ils ont trouvé un trésor. De plus, l’auteur semble avoir été une femme. Les dernières pages sont remplies de remarques pleines de nostalgie sur le désir de quelqu’un — sans indiquer qui. »

Un amant peut-être ?

Anjie avait examiné la couverture du livre et l’avait effleurée de la main. « Même en parcourant toutes les pages, je n’ai pas trouvé le nom de l’auteur. Il n’y ait rien non plus sur le nom du navire. Si le journal était en meilleur état, j’aurais probablement pu trouver quelque chose. »

« Finissons-en et partons d’ici. Je demanderai à Luxon et Creare de s’occuper du vaisseau plus tard. »

« Tu n’es vraiment pas douée avec les fantômes, n’est-ce pas ? » Anjie secoua la tête. « Tu es censé être le héros de Hohlfahrt. Que penseraient les gens s’ils voyaient à quel point tu es terrifié ? Tes admirateurs seraient dévastés. »

« On s’en fiche ! Les fantômes font peur. »

Anjie mit le journal de côté et sortit de la pièce. La plupart des autres pièces étaient partiellement effondrées, ce qui les rendait impossibles à pénétrer. Nous nous étions dirigés vers le couloir principal, qui était tout aussi en ruine que le reste du vaisseau, et nous nous étions enfoncés à l’intérieur.

Soudain, Anjie s’arrêta. « C’est ici, Léon. » Elle m’avait tendu la main avec impatience. Je lui avais donné un des explosifs à l’eau bénite. Pour l’instant, j’étais plus ou moins sa mule d’équipement.

Une fois qu’Anjie eut ce dont elle avait besoin, je m’étais reculé et j’avais tenu mon fusil de chasse prêt à l’emploi. Mes mains tremblaient si violemment que je n’étais pas sûr de pouvoir espérer toucher quoi que ce soit.

Anjie frappa du pied la porte devant nous, l’enfonçant. À l’intérieur se trouvait le monstre visqueux qui avait possédé le navire. Le problème le plus important, cependant, était les nombreux fantômes et spectres qui l’entouraient.

« Je le savais, encore des fantômes ! » J’avais hurlé à pleins poumons.

Anjie lança la grenade. L’explosion répandit des gouttelettes d’eau bénite partout. Un groupe de fantômes se tordit d’angoisse avant de disparaître dans une bouffée de fumée. Ceux qui restaient chargèrent.

La terreur m’envahissait. J’avais essayé de tirer, mais bien sûr, mes balles avaient traversé nos ennemis. Pendant ce temps, Anjie déchargeait sa mitrailleuse sur la bête visqueuse.

« Dès que j’aurai fini ce truc, je viendrai t’aider, Léon. Attends-moi. »

J’avais tendu ma main droite, avec l’intention de lancer un sort, mais ma peur avait pris le dessus. Je n’arrivais pas à concentrer le mana nécessaire à l’invocation de la magie.

« Anjie, sauve-moi ! »

« Je te l’ai dit, attends une seconde ! »

Les fantômes esquivaient mes faibles attaques, se rapprochant de plus en plus jusqu’à ce qu’ils soient presque sur moi. Leurs voix inhumaines s’insinuaient dans mes oreilles, murmurant des mots que je ne parvenais pas à déchiffrer. Ce qu’ils disaient n’avait pas d’importance, j’étais déjà mort de peur.

J’avais la chair de poule. Des perles de sueur froide coulaient dans mon dos. « Luxon, sauve-moi ! » J’avais crié, désespéré de m’échapper. Je n’aurais jamais imaginé qu’au moment où j’en avais besoin, je ferais appel à cet abruti détestable, mais au moins, c’était mieux que d’appeler ma mère.

Anjie réussit à achever la bête visqueuse avant de tourner ses flammes vers les monstres qui m’entouraient. Elle les élimina jusqu’au dernier. « C’est pour ça que je t’avais dit d’attendre ! »

Un mince filet de fumée s’élevait du canon de sa mitrailleuse alors qu’elle s’approchait, les flammes dans le dos. Elle n’avait jamais eu l’air aussi… fiable.

Anjie me prit dans ses bras, presque comme une princesse. « Les flammes se sont propagées plus vite que je ne le pensais. Accroche-toi bien. Nous allons sortir d’ici. »

« D’accord. »

Alors qu’Anjie me berçait contre elle, j’avais passé mes bras autour de son cou pour plus de sécurité.

Anjie tapa du pied dans le mur, créant ainsi une sortie pour nous. D’ici, je pouvais déjà apercevoir le pont de l’Einhorn.

« C’était un peu trop bien organisé. Dès que j’aurai un moment, je vais arracher quelques réponses à Luxon », marmonna Anjie dans son souffle en sautant dehors, retournant agilement vers l’Einhorn avec moi toujours dans ses bras.

 

 

Les flammes avaient commencé à engloutir le vaisseau fantôme derrière nous. Une fois que nous étions revenus à bon port, l’Einhorn s’était éloigné du vaisseau. Anjie me tenait toujours dans ses bras et jeta un coup d’œil en arrière.

« Je ne veux plus jamais voir de vaisseau fantôme de ma vie », avais-je dit. Logiquement, je comprenais que les fantômes et les morts-vivants n’étaient que des monstres comme les autres, mais l’ambiance qu’ils dégageaient était trop forte pour moi.

« Je suis tout à fait d’accord, » dit Anjie, « je n’aurais jamais imaginé que tu sois aussi inutile. Si ça doit être si pénible, je ne veux pas non plus revoir un autre vaisseau fantôme. »

« Désolé », avais-je murmuré, dépité.

Livia s’était précipitée sur nous dès qu’elle nous avait vus. Luxon — cet imbécile — l’avait suivie de près.

« Monsieur Léon ! Anjie ! Hum… quelle étrange position ! » Livia avait jeté un coup d’œil entre nous, perplexe.

« Je peux facilement imaginer comment cela s’est produit », dit Luxon, sans montrer d’émotion.

Je lui lançais un regard noir, toujours accroché au cou d’Anjie. Elle était distraite par le vaisseau fantôme qui s’éloignait peu à peu. Au fur et à mesure que les flammes le dévoraient, des débris se détachaient.

« J’aurais seulement aimé pouvoir regarder un peu plus autour de moi », dit Anjie avec nostalgie.

 

☆☆☆

 

De retour dans ma chambre, je me perchai sur mon lit, les jambes ramenées sur la poitrine, et je tremblais violemment. Luxon et Creare m’observaient avec amusement.

« Tu sembles avoir eu terriblement peur. »

« Maître, tu es trop mignon ! »

Je leur lançais un regard noir. « Taisez-vous, bande de traîtres ! Comment avez-vous pu laisser un vaisseau fantôme s’approcher aussi près de l’Einhorn ? N’as-tu pas l’habitude d’ouvrir le feu sur quelque chose comme ça, même sans ma permission ? À moins que tu ne l’aies fait exprès, hein !? »

Plus j’y réfléchissais, plus cette histoire sentait le moisi. À première vue, j’avais cru que c’était le vaisseau fantôme qui s’était approché de nous. Mais connaissant Luxon et Creare, ils auraient eu toutes les chances de l’empêcher de s’approcher aussi près. Les bizarreries ne s’arrêtaient pas là : il était également étrange que Luxon nous ait demandé, à Anjie et à moi, de prendre d’assaut le vaisseau par nous-mêmes. Pourquoi n’aurions-nous pas pu attendre de rejoindre les autres avant d’embarquer ? En fait, Luxon aurait pu s’en charger tout seul. Il n’y avait aucune raison pour que nous fassions cavalier seul comme nous l’avions fait. Anjie s’en était aussi rendu compte elle, c’est pourquoi elle avait marmonné l’idée d’interroger Luxon.

Bref, j’étais convaincu que les robots avaient manigancé.

« Viens-tu juste de t’en rendre compte ? » demanda Luxon. « C’était notre plan pour que toi et Anjelica soyez seuls. »

« Qu’est-ce que c’est que cette connerie de “plan”, hein !? Tu sais très bien à quel point je déteste les fantômes ! »

Creare oscilla de haut en bas. « C’est pourquoi nous étions sûrs que c’était un stratagème efficace ! »

« C’est ça, je vais vous donner à tous les deux une bonne leçon. »

Les IA avaient immédiatement fait demi-tour et s’étaient dirigées vers la sortie. Elles avaient créé un trou parfaitement rond par lequel elles pouvaient manœuvrer et s’échapper à volonté.

« H-hey, h-attendez une seconde ! » les avais-je interpellés.

Creare se retourna. « Juste pour que tu saches, tu devrais renoncer à demander à qui que ce soit de venir te tenir compagnie. Je ne sais pas comment ça a commencé, mais le reste du groupe est dans la salle principale à raconter des histoires de fantômes. Il vaut mieux que tu n’y ailles pas. Tu n’aurais qu’à entendre toutes ces histoires glauques que tu détestes tant. »

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Claramiel

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