Chapitre 1 : Raisons pour se battre
Partie 2
Après que Zola ait quitté la pièce, il ne restait plus que mon père et moi.
« Cette femme nous a fait préparer un navire juste pour l’occasion. En plus, nous avons également dû prendre des dispositions pour son séjour, j’hésite à penser aux coûts. Père, pourquoi l’as-tu épousée ? » demandai-je.
Comme elle vivait normalement dans la capitale royale, nous devions faire les préparatifs nécessaires lorsqu’elle venait ici.
Il y avait les coûts du service du dirigeable, mais nous devions aussi nous occuper des préparatifs pour sa chambre et de ses repas. Nous devions aussi couvrir ses frais de déplacement.
Mon père est un lâche.
Mais il y a des raisons à cela.
« Ne sois pas en colère, » déclara mon père. « Ce mariage était absolument nécessaire. Mon mariage avec Zola nous permet d’être traités comme une véritable famille de barons. Il n’y a pas le choix. »
Père devait penser qu’il devrait être reconnaissant à sa femme de venir sur cette île isolée d’une région éloignée. Il semblerait que les filles de nobles de l’extérieur de la capitale aimaient trouver des partenaires dans les villes où elles aspiraient à vivre.
Il y avait quelques bizarreries parmi elles, mais ce genre de femmes devaient se faire concurrence les unes contre les autres.
Je crois que père s’était marié en raison de ce que cela signifiait d’être marié à Zola.
Rien que cela faisait d’elle une partenaire de mariage important. Si une maison de barons ne prenait pas une épouse appropriée, alors ils déclaraient ouvertement qu’ils n’étaient pas une maison de ce rang. Ils seraient ainsi pris à la légère par les autres nobles, et certains les attaqueraient ─, ce qui déclencherait une guerre contre la famille.
Quoi qu’il en soit, ils seraient incapables de s’entendre avec d’autres familles et ne seraient pas traités comme des barons.
Il s’agissait d’un cas d’ostracisme.
« Alors, comment vas-tu préparer l’argent ? » demandai-je.
J’avais demandé confirmation, mais je pouvais déjà le deviner en vue de l’expression amère de mon père.
« Pour être honnête, ce sera dur. Notre maison est déjà endettée. Si on va plus loin que ça, on ne pourra pas s’en remettre. Même ainsi, pourquoi a-t-elle parlé de ce sujet de conversation tout d’un coup ? »
Père était aussi curieux à ce sujet.
« ... Pourquoi n’en a-t-elle pas parlé à mon frère aîné ? » demandai-je.
Père avait penché la tête après avoir entendu ce que j’avais dit.
« Même pour Nicks, il y aurait encore un trop grand écart d’âge, mais... c’est certainement étrange. Il semble qu’elle ne veuille pas que tu entres dans une académie, » répondit mon père.
J’avais une conversation sur ça à la maison, mais je me demandais si tout allait bien de l’autre côté.
Cependant, la réponse était au-delà de mon imagination.
☆☆☆
Nous nous trouvions maintenant une semaine plus tard — je me tenais dans le hangar de la maison.
Je récupérais en ce moment des armes qui étaient entreposées.
Comme les armes étaient la propriété de mes parents, mon père se fâcherait si je les utilisais sans permission. Cependant, personne ici n’allait m’arrêter pour le moment.
Il y avait un fusil d’un modèle ancien, le type qui ne pouvait contenir que cinq balles.
Il s’agissait de l’objet le plus approprié, alors je le démontais pour effectuer l’entretien.
J’avais posé une épée lourdement décorée sur la table et j’avais vérifié si elle était utilisable ou non. J’avais aussi rassemblé d’autres outils importants.
Mon père me regardait faire ça avec un certain malaise.
« H-Hé, qu’est-ce que tu comptes faire ? » demanda-t-il.
Quand j’avais lu une lettre de mon frère il y a quelque temps, je m’étais résolu à le faire.
J’avais bien réfléchi à la façon d’utiliser mes connaissances de jeu pour gagner de l’argent, mais maintenant j’avais réalisé que c’était plus facile à dire qu’à faire.
« J’ai besoin de gagner de l’argent à tout prix avant d’être vendu à une vieille perverse ! Je ne veux pas du tout que ça arrive ! » répondis-je.
Ma mère avait les larmes aux yeux alors qu’elle se tenait derrière mon père.
Il semblerait que la maison à laquelle j’étais potentiellement vendu possédait une mauvaise réputation.
Il y a, je crois, quelque chose comme cette congrégation de dames ? Il s’agit d’un rassemblement tel un club qui comprend aussi en son sein des hommes qui sont esclaves. Cela permet aux femmes de ce rassemblement de traiter ces hommes d’une manière ou d’une autre, selon ce que ces vieilles femmes ont souhaité.
Il semblerait que le traitement des esclaves soit encore pire que celui des serviteurs d’une sous-race.
Il s’agissait d’une meute de femmes qui aimaient se servir de manière abusive des hommes et les écraser.
Ce sont les pires.
De plus, il y avait des rumeurs selon lesquelles de vieilles femmes de haut rang s’y rassemblaient, et même des hommes qui n’étaient pas utiles étaient envoyés sur les champs de bataille pour y mourir. Elles pensaient probablement qu’il valait mieux s’en débarrasser avec des morts au combat.
Ce qui est cruel... c’est que Zola est l’une des personnes impliquées.
Ce n’était peut-être pas l’une des personnes qui s’y rassemblaient, mais l’une des femmes qui pensaient à faire du profit en nous vendant les pièces de rechange de l’aîné des fils.
Il s’agissait d’un groupe avec lequel aucune personne décente ne voulait s’engager, et même d’autres collègues féminines s’en éloigneraient.
Il y avait une raison pour laquelle elle n’avait pas mentionné le frère aîné dans ses discussions et pourquoi elle avait essayé d’empêcher d’autres discussions sur mon passage à l’académie de la capitale royale. Elles rassemblaient de jeunes hommes comme moi qui ne savaient rien, et elles en feraient ce qu’elles en veulent. C’était comme ça que fonctionnait la congrégation des dames.
Elles allaient mutuellement faire des plans pour ceux qui n’étaient pas étudiants à l’académie, donc, dans tous les cas, il semblerait que l’entrée dans une académie fonctionnait contre elles. En raison de cela, Zola avait présenté une demande en mariage avant que je puisse entrer dans une académie.
« Pourquoi un “mob” comme moi doit-il s’impliquer avec des perverses comme elles ? Je préférerais avoir une vie plus calme, sans montagnes ni vallées ! » déclarai-je.
Ma mère s’inquiétait de ce que je disais.
« Je ne comprends pas ce que Léon dit, » déclara ma mère.
« Je ne comprends pas non plus, » répondit mon père. « Qu’est-ce qu’il a l’intention de faire ? Sortir avec cette arme ? Ne me dis pas qu’il a l’intention d’entrer dans la capitale royale ? N-Ne ne fait pas ça ! »
En me regardant entretenir l’arme, mon père avait fait une tête inquiète.
Je veux y marcher et faire des ravages, mais c’est impossible pour moi.
Même si j’y entrais, j’allais me faire appréhender, car les serviteurs demi-humains auprès des femmes nobles avaient été entraînés pour devenir forts, alors les approcher n’était pas une mince affaire.
« ... Être un aventurier est la meilleure option pour obtenir de l’argent, » leur déclarai-je.
Mes deux parents avaient échangé des regards en entendant mes paroles.
Dans ce monde, un aventurier était une profession reconnue. On pourrait dire qu’il s’agissait d’un métier qu’il nous fallait bien reconnaître en vue du monde.
Quoi qu’il en soit, les nobles étaient pour la plupart les descendants d’aventuriers.
Dans le scénario défini de ce jeu, les nobles étaient des individus qui avaient obtenu des terres en les découvrant alors qu’ils étaient des aventuriers. De plus, les aventuriers qui avaient été capables de gagner d’énormes fortunes au cours de leurs aventures étaient devenus de puissants nobles.
Ainsi, c’était la raison dans le jeu pourquoi les nobles avaient besoin d’être des aventuriers quand ils devaient aller à l’académie.
Cela permettait également aux donjons de donner à la protagoniste un moyen d’augmenter les jauges d’amour avec ces cibles de conquête, mais je pouvais les utiliser ici pour sauver ma propre peau.
Mon père secoua la tête.
« Arrête ça. Aller seul dans un donjon ne servira à rien, et il te faudra du temps avant d’avoir de l’argent, » déclara mon père.
Ma mère pensait la même chose. « C-C’est exact. En plus, c’est dur de trouver une île flottante maintenant. Tu ne pourras pas gagner d’argent, » déclara ma mère.
Lorsqu’on découvrait des îles flottantes où les individus pouvaient vivre ou des îles flottantes avec des ressources, elles devenaient la propriété d’aventuriers. Si l’on en avait envie, ils pouvaient potentiellement posséder ce territoire indépendant, mais... il n’y a plus d’îles convenables autour de ce continent.
Il ne devrait pas en rester, mais j’en connais une.
« Désolé, mais j’ai pris ma décision. Je m’en vais, » déclarai-je.
Si j’avais été seul, j’aurais pu m’enfuir, mais mon jeune frère Colin avait encore neuf ans.
Je ne voulais pas voir mon petit frère vendu à des perverses, alors je devais tout faire pour le sauver aussi.
Sympathisant avec ma détermination, mon père avait ouvert la bouche.
« As-tu besoin de quelque chose d’autre ? » demanda mon père.
Je n’avais pas hésité à dire à mon père ce que je devais rassembler. C’était un peu déraisonnable de lui imposer cela, mais il s’agissait d’un moment critique qui déterminait ma vie ou ma mort.
Si je ne faisais rien, je finirais en jouet pour une vieille femme perverse. Il y avait également une possibilité que je meure à cause de ce que j’allais faire, mais je voulais tenter ma chance.
« Il me faut quelque chose comme un navire en état de marche. Un dirigeable de petite taille. Après ça, j’ai besoin de balles. Un genre spécialement conçu, » déclarai-je.
Mon père avait incliné la tête.
« Qu’est-ce que tu as l’intention de faire ? » demanda mon père. « Vas-tu contester un donjon quelque part ? Dans ce cas, un navire de passagers devrait faire l’affaire. »
« Cela se trouve à un endroit où les navires de passagers ne vont pas, » répondis-je.
J’étais maintenant en train d’assembler le fusil.
Les fusils faisaient un peu étranges dans un monde d’épées et de magie, mais il s’agissait après tout d’un monde où les dirigeables échangeaient des tirs avec des canons lors de batailles aériennes. Ainsi, les fusils avaient tout à fait leur place dans un tel contexte.
Au moment où j’avais appuyé sur la détente, le fusil avait fonctionné, et un déclic métallique avait retenti.
J’avais pu continuer à vivre d’une manière ou d’une autre après m’être réincarné dans ce monde. Comme j’étais satisfait de ma vie jour après jour, je n’avais jusqu’à maintenant rien fait de spécial.
Cependant, comme on pouvait s’y attendre, même les individus lambda devaient abandonner quelque chose s’ils voulaient survivre ainsi.
Je devais tout faire si je voulais refuser d’être un jouet.
C’était pour ça que j’allais désormais me battre.
Je vais leur montrer toute la volonté d’un individu au sein de la populace.
« Je comprends. Je les préparerai dès que possible. Cependant, il faut absolument que tu reviennes. Si tu ne peux pas me le promettre, je ne le ferai pas, » déclara mon père.
J’avais l’intention de revenir, mais je savais que les choses allaient évoluer vers une situation de vie ou de mort.
Alors, j’avais tout simplement menti.
« ... Je reviendrai, c’est sûr, » déclarai-je.
Je veux protéger ma vie, sauver celle de mon frère, et pendant que j’y suis, déjouer Zola. Un jour, je me vengerai de cette femme qui a essayé de me vendre.
Alors que mon cœur me donnait l’impression d’être si fort, j’avais repris mes préparatifs de départ.
☆☆☆
« C’est la première fois que ça fonctionne si bien, » murmurai-je.
Bien qu’il s’agisse d’un monde de jeu vidéo Otome, cela restait toujours un monde de jeu.
Cela ne faisait pas seulement une ou deux fois que j’avais eu l’idée d’utiliser les connaissances du jeu pour être sans égal.
Cependant, ma motivation pour cela avait disparu avec l’épuisement subit par ma vie de tous les jours.
Je mangeais un repas simple. Mon père m’entraînerait le matin, puis j’allais travailler à la ferme après ça jusqu’au soir.
Il faisait nuit noire quand cela finissait et le temps des études m’attendait une fois de retour à la maison.
Dans ce monde, les barons d’une île éloignée et isolée restaient pauvres.
Pour le dire simplement, beaucoup étaient pauvres par rapport à d’autres individus dans les villes du continent, mais dans des cas comme le nôtre, qui n’étaient pas si rares, ils étaient encore plus appauvris à cause de femmes comme Zola.
L’ascension dans les rangs ─ il y avait beaucoup de pères qui s’étaient plaints de la façon dont ils avaient l’habitude d’être riches en tant que semi-barons avant d’être promus.
Il y avait aussi des barons qui étaient riches depuis plusieurs générations, mais aussi des maisons de barons riches qui avaient une richesse absurde par rapport à leur génération précédente.
En ce qui concerne notre maison, si nous demeurions à la portée des semi-barons, alors les contributions que nous devrions donner seraient convenablement basses, et nous n’aurions pas à traiter avec une femme de haut rang comme Zola, alors nos dépenses diminueraient.
... Les choses seraient vraiment paisibles si nous n’avions pas gravi les échelons.
En me dirigeant vers le bord de l’île flottante, j’avais préparé le fusil à verrou et j’avais pointé la mire sur un poisson volant très étrange que j’avais trouvé.
Les existences appelées monstres étaient des êtres maléfiques du monde dans ce décor de jeu frivole. Puisqu’ils étaient mauvais, je ne ressentais pas de répulsion à les tuer au point que cela soit vraiment rafraîchissant de le faire.
Je pense que le fait qu’ils disparaissent quand vous les tuez est l’une des raisons pour cela.
Il valait mieux tuer ces choses, car elles allaient se précipiter pour attaquer un humain si elles en trouvaient un à portée de vue.
Cependant, ce que l’on gagnait en les tuant n’était bien entendu pas visible à l’œil nu, les « points d’expérience. »
« Bon sang ! Il a esquivé ! » M’exclamai-je.
J’avais vite chargé la balle suivante dans le fusil, je l’avais mise en place et j’avais visé avec précaution.
Mon adversaire m’avait remarqué entre temps et il venait maintenant par ici.
Il mesurait à peu près un mètre.
Normalement, il valait mieux que la cible se rapproche pour tirer. Mais si elle esquivait et que la situation se transformait en combat au corps à corps, je pourrais mourir dans le pire des cas. Les monstres étaient trop dangereux comme adversaire quand ils étaient vivants.
Je pouvais me battre, car j’utilisais ce fusil, et non pas, car j’étais fort.
Cependant, les balles n’étaient pas quelques choses gratuites.
Cela coûterait très cher si je tirais à la chaîne sans vraiment viser.
Le monstre qui s’approchait avait ouvert sa grande bouche alors qu’il tentait de me mordre. Des dents pointues étaient présentes le long de sa bouche, et c’était vraiment effrayant à regarder.
« Si je fuis pour un si petit truc... alors ma vie sera finie ! » déclarai-je.
Jusqu’à présent, j’avais déjà pensé à essayer de gagner de l’expérience à plusieurs reprises. Je m’imaginais devenant un aventurier, avant de découvrir une île et de l’explorer. Je gagnerais ainsi de l’argent ─ d’accord, je le ferais « un jour ».
J’y avais pensé, mais je ne l’avais jamais fait jusqu’à maintenant.
Cependant, avec la situation actuelle où je manquais déjà de temps et où je ne pouvais pas non plus m’enfuir, cela m’avait finalement poussé à aller de l’avant.
Quand j’avais appuyé sur la détente, la balle était entrée dans la bouche du monstre et avait traversé jusqu’à l’arrière du corps.
Après avoir perdu toute sa vigueur, il s’était finalement effondré devant moi.
Alors que je regardais son état de santé, il avait été englouti par une fumée noire et il avait disparu avant que sa chute ne l’entraîne au fond de l’océan.
« ... Ai-je obtenu des points d’expérience grâce à cela ? » me demandai-je à voix haute.
J’avais regardé ma main gauche, mais je n’avais ressenti aucune sensation de ce genre. Peut-être que le jeu et la réalité sont vraiment différents ?
Cependant, ne pas gagner de points d’expérience n’était pas une raison pour s’arrêter. J’avais de toute façon besoin de perfectionner mes compétences de tir.
Même en mettant le fusil de côté, je ne pourrai pas atteindre ma destination sans avoir un navire, le genre qui était capable de voler dans les airs, et les connaissances pour l’utiliser efficacement.
Ce que j’avais pensé à faire un jour, c’était de récupérer un objet du genre tricherie, comme on l’appellerait en termes de jeu. Pour ce qui était du contenu payant, si j’acquérais cette chose, les négociations se dérouleraient rapidement.
J’avais aussi réfléchi à la possibilité qu’il n’y en ait pas.
À l’origine, c’était un objet spécial, un trésor que la protagoniste était censée obtenir, entre autres choses, mais ma vie était en jeu ici. C’était peut-être rendre un mauvais service à la protagoniste, mais j’avais besoin de cette chose par-dessus tout.
Je tenais maintenant le fusil dans mes deux mains alors que je pensais à la suite.
« Je devrai sacrifier la protagoniste pour mon bonheur. Tout se passera bien. D’après mes calculs, je serai dans la même classe que la protagoniste. Je te rendrai la pareille un jour pour me racheter, » murmurai-je.
J’avais en moi des sentiments de culpabilité, mais un désir encore plus fort de ne pas être vendu à une vieille femme perverse était présent et surpassait tout.
Il s’agissait clairement d’une crise quant à la préservation de ma chasteté qui se déroulait en ce moment.
« Est-ce comme ça qu’une femme envoyée chez un homme pervers d’âge mûr se sent ? Merde ! Qu’est-ce qui se passe dans ce monde ? Y a-t-il quelque chose de pourri dans ce royaume ? » demandai-je.
J’avais encore un peu de temps à disposition.
« Cela aurait dû le faire plus tôt, » murmurai-je.
J’avais alors cherché des monstres dans les environs tout en regrettant de ne pas avoir agi plus tôt.
Merci pour le chapitre!
Merci pour le chapitre !