Chapitre 1 : Raisons pour se battre
Table des matières
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Chapitre 1 : Raisons pour se battre
Partie 1
Dix ans s’étaient déjà écoulés depuis que j’avais retrouvé la mémoire.
Quand ce jeu vidéo Otome, qui présentait une ambiance frivole et bourrée d’incohérences, était devenu réel, cela m’avait fait bouillir de colère contre ce monde inesthétique au fur et à mesure que les jours passaient.
Et bien, je ne peux m’empêcher d’être en colère.
Bien qu’il s’agisse d’un autre monde, d’un monde de jeu vidéo, il s’agissait de l’existence à laquelle je devais faire face.
Bien que je sois un noble, j’étais un noble pauvre de la campagne. Comme je faisais généralement du travail agricole chez moi, je pouvais toujours aider.
J’avais forgé mon corps en travaillant dans une ferme, ce qui rendait mon expression plus rude qu’avant dans mon monde précédent.
J’avais des yeux noirs, des iris noirs, et je venais d’avoir quinze ans.
Mon visage n’était pas considéré comme étant très beau, mais je ne pense pas non plus qu’il soit inesthétique.
Cependant, ce monde était le monde non conventionnel d’un jeu vidéo Otome.
Ainsi, des gars qui avaient l’air en forme et qui était vraiment beaux étaient quelque chose de banal.
Je suppose que je suis l’un des nombreux autres, un individu de la populace, un mob comme on dirait dans un jeu vidéo.
Mon frère, avec qui je croyais être en bons termes, était maintenant dans l’académie du royaume principale de ce continent, et il vivait dans leurs dortoirs.
Cette pièce exiguë que j’utilisais avec mon frère était maintenant occupée avec mon frère cadet qui avait six ans de moins que moi ─ Colin, il était le quatrième fils de la famille.
Je lisais en ce moment une lettre envoyée par mon frère.
Il avait écrit dans sa lettre que : « Trouver une partenaire de mariage est vraiment difficile ».
Dans ce monde de jeu vidéo Otome... c’était considéré comme un problème sérieux si un homme ne pouvait pas trouver une partenaire de mariage au moment où il quittait l’académie, et les hommes qui ne pouvaient pas en trouver une au moment où ils avaient vingt ans étaient considérés par tous comme des marchandises défectueuses.
Il s’agissait de quelque chose de particulièrement dur pour les garçons de familles nobles. Les roturiers pouvaient être pardonnés, mais les garçons nobles qui ne pouvaient pas trouver une partenaire avant l’âge de vingt ans avaient l’air d’avoir lamentablement échoué à honorer leur famille.
Ce monde était incroyablement hostile pour les hommes.
Je ne pouvais m’empêcher de prier pour que mon frère trouve une conjointe après avoir fini de lire cette lettre dans ma chambre exiguë.
Et pour couronner le tout, le fait de ne pas être marié aurait un effet majeur sur la recherche d’un emploi ou la réussite dans la vie.
Beaucoup d’entre eux seraient obligés d’être expulsés de leur famille à ce moment-là, et cela s’appliquait même pour le deuxième ou le troisième fils de nobles. Lorsque le fils aîné ne pouvait pas succéder à la lignée, il y aurait un remplaçant à sa place, et le fils aîné n’aurait ainsi plus besoin de donner naissance à un enfant qui serait le successeur.
Dans un tel cas de figure, nos professions seraient déjà prédéterminées. Il s’agirait principalement de celles de soldats ou de fonctionnaires du gouvernement. Plus il y en avait d’enfants, et plus ils pouvaient devenir des médecins ou d’autres métiers utiles. Quoi qu’il en soit, il était bon de viser une occupation qui profitait largement au pays et aux citoyens. S’il s’agissait de quelques choses jugées moins utiles, alors un accueil froid serait obtenu de la part des autres.
Après ça, les hommes qui ne pouvaient pas se marier étaient traités comme des serviteurs ou des employés de faibles rangs pour les armées ou les emplois gouvernementaux. Ils ne pouvaient pas espérer une carrière réussie et ne se verraient jamais confier d’importantes tâches.
Dans tous les cas, leur réputation sociale allait s’effondrer au plus bas niveau.
Il s’agissait d’un monde où le mariage était vital pour les hommes.
« Quoi qu’il en soit, c’est vraiment un monde difficile, » murmurai-je pour moi-même.
Guerres, escarmouches, pirates des cieux, monstres... il y avait beaucoup de conflits dans ce monde, ce qui augmentait le taux de mortalité des chevaliers et des soldats. Il y avait beaucoup d’enfants dans ma famille, mais la raison était que beaucoup d’entre eux allaient mourir d’une mort violente.
C’est le travail des hommes de se battre. Pour empirer les choses, la figure centrale de la famille n’allait pas changer de sitôt, alors je devrais travailler durement pour survivre. Malgré cela, il s’agissait des femmes qui détenaient toute l’autorité...
Les hommes se battraient avec leur vie en jeu et mourraient facilement, et en plus, la manière dont nous étions traités était extrêmement mauvaise.
« Ce monde est trop bon envers les femmes. »
Je sentais clairement que ce monde était distordu à cause du scénario présent dans ce jeu.
Cet endroit était tout simplement splendide pour les femmes et c’était encore plus le cas pour les nobles de rang de barons et supérieur.
« C’est peut-être parce que les cibles de conquête sont toutes issues de bonnes familles riches ? » murmurai-je.
J’avais envie de crier que si les femmes dominaient les hommes, c’était à cause du jeu qui l’avait voulu ainsi.
Pourquoi me suis-je réincarné dans ce monde ? Il ne se passait pas un jour sans que cette pensée ne me vienne à l’esprit. Non, attends, il y en a beaucoup où c’est ainsi. Il y en a vraiment un bon nombre même. Tout d’abord, comme ma vie est surchargée du matin jusqu’au soir, et cela chaque jour, j’oublie souvent cela.
Cela faisait dix ans depuis que j’avais retrouvé la mémoire... et maintenant, je m’y étais habitué.
À l’intérieur de la chambre où je résidais, Colin était allongé sur le lit et dormait.
Il affichait un visage empli d’innocence.
Pour dire les choses crûment, les gens comme nous qui n’étaient pas des successeurs n’étaient que des pièces de rechange, jetables à souhait, et nous étions utilisables pour un oui ou pour un non.
Quand nous entrions dans une académie qui ressemblait à celui d’un jeu, nous n’étions que des individus lambda se trouvant en arrière-plan de l’histoire.
Nous serions ainsi comme beaucoup d’autres qui n’étaient là qu’avec un rôle de soutien.
Au mieux, nous pourrions dire un mot ou deux au cours du jeu se déroulant dans l’école.
Individu A ou Individu B, voici notre position.
En premier lieu, je n’avais jamais entendu parler de la famille du baron Baltfault ou de quoi que ce soit du genre dans le jeu alors que je l’avais intégralement complété.
« Un individu lambda... c’est donc de quoi j’ai l’air, » murmurai-je.
Je ne voulais pas l’admettre, mais j’étais le genre de personne qui faisait toujours face à la réalité. Pour commencer, je n’étais pas le genre d’individu qui possédait l’ambition de faire quelque chose de grand et d’avancer dans la vie jusqu’au sommet de la société. Si j’étais de la populace, alors qu’il en soit ainsi.
Mis à part ça, j’allais entrer à l’académie à partir de l’année prochaine.
L’un des rares avantages de ce monde était que les nobles pouvaient s’inscrire dans une académie.
Je me sentais un peu dépassé quand je pensais à la façon dont tout cela était le résultat de la mise en scène du jeu, mais j’étais reconnaissant de pouvoir devenir un représentant du gouvernement ou membre du personnel militaire.
Cela serait une occasion précieuse pour ainsi quitter ce territoire.
En plus, je pourrais chercher une partenaire de mariage au cours de la période où je serais à l’académie.
Si je ne quittais pas ce territoire, ce qui m’attendait, c’était un mariage forcé après des discussions à propos de mariage.
Ce serait un peu mieux si c’était avec quelqu’un de la même génération que moi, ou même quelqu’un de vingt ans, mais cela ne serait vraiment pas une blague si je devenais le mari-reliquat d’une femme de trente ou quarante ans, voire même bien plus.
« Quand j’y pense comme ça, je suis vraiment reconnaissant d’avoir pu entrer dans une académie. »
En regardant mon petit frère Colin dormir paisiblement, j’avais poussé un énième soupir de soulagement.
☆☆☆
« ... E-Entretien de mariage ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demandai-je.
Cela se passait après le petit déjeuner.
J’avais perdu mon sang-froid alors qu’on m’avait appelé dans le bureau de mon père ─ ou plutôt dans son atelier.
La raison en était que l’épouse, Zola Fia Baltfault, était assise sur le canapé et avait parlé d’un entretien de mariage.
Mon père, assis sur la chaise qu’il utilisait habituellement, faisait un visage sinistre.
Comme j’avais reçu des documents d’information personnels montrant la photo d’une partenaire d’entretien de mariage et d’autres choses, je n’avais pas eu d’autre choix que d’être stupéfait.
Père faisait un visage troublé, mais après avoir regardé le visage de Zola, il s’était tourné vers moi.
« Zola a parlé d’une demande en mariage. Il semble que l’une de ses connaissances soit à la recherche d’un mari-reliquat, » déclara mon père.
Zola s’était plainte en buvant un thé particulièrement cher dans notre maison en disant. « Les articles bon marché ne conviennent pas à ma langue. »
J’avais soulevé mes objections en désapprobation de leur demande. « Non, ce n’est pas juste ! »
La raison de ma protestation était qu’il s’agissait d’un choix cruel pour une partenaire.
Cette partenaire semblait être la fille d’une famille de barons ─, mais il était écrit dans ces documents de référence qu’elle avait plus de cinquante ans, qu’elle était passée sept fois par le mariage.
Elle avait également des enfants, mais tous étaient plus âgés que moi.
Zola posa sa tasse d’une manière un peu violente, puis me regarda fixement.
Je pouvais dire qu’elle était irritée.
« Il s’agit de quelque chose pour laquelle tu devrais normalement m’être redevable. Il s’agit d’une fille de nobles de la cour royale, et leur famille possède une longue histoire au service de la famille royale. De quoi es-tu insatisfait ? » demanda Zola.
De quoi suis-je insatisfait ? Au contraire, ce serait stupide de penser qu’il y a quelque chose dont je suis satisfait. Non, attends ! Peut-être qu’elle est vraiment stupide. En premier lieu, quel genre de fille à cinquante ans irait se marier avec un enfant !?
« Pourquoi vous évoquez le mariage alors que je ne suis même pas encore entré dans une académie ? » demandai-je.
Il s’agissait d’une règle tacite que les nobles se mariaient toujours après l’obtention de leur diplôme. J’avais toujours supposé que c’était dû à l’histoire globale définie dans le jeu, mais dans tous les cas, c’était une règle fixe.
C’était probablement ainsi parce que sinon, la moitié des nobles ne seraient pas capable d’être diplômée d’une académie.
L’exception à cela était le mariage pour des raisons politiques. Ou peut-être qu’il y avait une autre raison de se marier plus tôt. Néanmoins, la plupart se limitaient à de simples engagements qui n’étaient validés qu’une fois avec le diplôme en poche.
Le fait de parler du mariage ne constituait en soit pas une exception.
On l’appelait la fille d’une famille de barons, mais elle n’en possédait pas l’héritage. Pour le dire plus précisément, elle était une nièce de la famille principale, ce qui faisait d’elle une parente.
De plus, ce mariage avec moi serait son huitième... il était évident que ce discours sur le mariage ne pouvait que représenter un danger.
Zola s’était mise en colère, et son ton de voix était devenu plus fort.
« Je peux encore autoriser le deuxième fils à entrer dans une académie, » déclara Zola. « Cependant, il n’y a aucune raison d’envoyer le troisième fils dans l’une d’elles. Même s’il n’y avait pas de frais d’entrée, il y aurait encore d’autres choses pour lesquelles il aurait besoin d’argent. »
J’avais jeté un regard furieux sur Zola alors que mon père s’excusait.
« Je suis désolé que ça t’arrive à toi, » déclara mon père. « Cependant, la réalité est que notre famille a peu d’argent. Il y a encore des moyens de gagner de l’argent, que tu sois entré ou non dans une académie. »
Père jetait de temps en temps un coup d’œil à Zola. Peu importe ce qu’ils disent, je ne vais certainement pas m’y conformer.
Zola s’était replacée sur le canapé.
« Même si tu es diplômé de l’académie, tu ne trouveras pas de travail, » déclara-t-elle. « Le bon choix est de te marier pour le bien de la famille. Sois reconnaissant de pouvoir vivre paisiblement ton mariage. J’ai aussi fait les préparatifs pour que tu travailles comme soldat. Tâche de faire de ton mieux. »
C’est là que je l’avais remarqué.
... Cette personne a l’intention de me faire mourir dans une bataille.
Les nobles. Il s’agissait de la même chose pour les soldats, mais lorsqu’ils mouraient dans un combat pour le bien du pays, leur famille recevrait une compensation.
Pour les soldats, les paiements se faisaient d’un coup, mais c’était un peu différent pour les nobles.
Ils seraient honorés pour avoir combattu au nom du pays, et pour couronner le tout, ils recevraient une compensation importante annuellement.
La seule chose que je pouvais entendre dans le discours de Zola sur le mariage, c’était l’argent qu’elle voulait obtenir de ma mort et l’honneur qu’elle en retirerait. Jusqu’à présent, tous les maris de cette partenaire avaient été inscrits sur ce document de base comme « honorés par une mort au combat ».
Loin d’essayer de le cacher, c’était comme si c’était indiqué comme une vantardise.
« Non. Je refuse, » déclarai-je.
Zola avait tapé sur la table et s’était levé en réponse à mon refus.
« Silence ! C’est mon point de vue sur les merdeux de troisièmes fils comme toi ! Si tu es un garçon, travaille pour la famille ! » déclara Zola.
Cette femme, Zola... vivait essentiellement dans la capitale du royaume, la « capitale royale ». Contrairement aux nobles seigneurs féodaux, elle vivait avec des nobles de la cour royale qui recevaient du travail du palais royal.
Comme elle ne voulait pas quitter la capitale royale, mon père devait prendre des dispositions pour sa résidence et lui envoyer de l’argent pour ses frais de subsistance.
Nous devions donc lui envoyer de l’argent même si le moindre revenu pour la famille était très difficile à obtenir, et pourtant il s’agissait de l’attitude qu’elle adoptait. Cependant, mon père obtiendrait une mauvaise réputation s’il coupait ses liens avec cette femme.
S’il rejetait Zola à ce stade, sa famille pourrait ne pas l’accepter si facilement ─ et notre statut en souffrirait énormément.
Il ne pouvait pas divorcer pour cette raison.
En ce moment, je me creusais la tête en essayant de trouver un moyen de résoudre ce dilemme.
Puis je m’étais souvenu de quelque chose.
Je possédais la connaissance de ce jeu — la connaissance de ce monde.
J’en avais assez de ce style de vie coutumier à quinze ans, et je n’avais rien essayé en particulier, mais... n’était-ce pas le moment d’utiliser mes connaissances de ce jeu au mieux de mes capacités !?
Il n’y avait pas de futur pour moi si je ne faisais pas dès maintenant de mon mieux !
« ... Il n’y a donc pas de problème si nous avons de l’argent ? » demandai-je.
Zola avait ri avec mépris de mes paroles.
« Oh ? C’est bien l’attitude d’un bon à rien qui ne peut pas gagner d’argent, » déclara Zola.
Si tu veux trouver l’une des rares personnes à qui le dire, alors regarde-toi dans un miroir.
Je ne voulais pas être traité de bon à rien par Zola, un parasite de la maison Baltfault qui se complaisait dans la capitale royale.
« C’est impoli de refuser de parler de rapprochements officiels. S’il te plaît, arrête cela si tu penses que gagner assez pour couvrir les frais d’entrée fonctionnera. »
Ne sachant pas de quoi je parlais, mon père s’était plaint de mes paroles.
Cependant, mon père n’avait pas une attitude forte.
« Tu es encore jeune, Léon. Faire quelque chose comme ça si vite, c’est ─, » déclara-t-il.
« Silence ! Les hommes de plus de vingt ans ne trouveront pas de partenaire quoiqu’il arrive ! Tu ne me remercies pas de t’avoir trouvé une partenaire si vite, et maintenant tu deviens difficile en te plaignant... c’est pourquoi je déteste les gosses de la campagne, » déclara Zola.
C’est absurde de cracher sur la campagne pour tout.
Alors que j’étais sur le point de me plaindre, mon père était quand même intervenu en ma faveur.
« Pensez un peu aux sentiments de cet enfant, » déclara mon père. « Il ne peut s’empêcher de refuser quand son mariage est avec une femme d’une cinquantaine d’années. La différence d’âge est de presque quarante ans. »
Je serais le mari-reliquat d’une femme qui avait des enfants plus âgés que moi.
C’était tout à fait naturel que je déteste ça. Même dans un monde où les femmes dominaient sur les hommes, ce discours sur le mariage, qu’elle avait décidé comme quelque chose de non refusable, était une situation qui marchait sur un bien curieux terrain.
Une famille où ma femme avait presque quarante ans de plus que moi et dans laquelle même ses enfants étaient plus âgés que moi... cela me donnait des frissons rien que d’y penser.
Mon père avait poussé un soupir.
« ... S’il peut préparer de l’argent, est-ce possible de révoquer ces discussions sur le mariage ? » demanda-t-il.
Zola s’était assise avec violence et avait croisé les jambes en nous regardant.
« Oh ? C’est la première fois que j’entends dire que tu as les ressources pour le faire. Je préférerais que tu l’utilises pour augmenter le montant d’argent que tu m’envoies, » déclara Zola.
Je n’allais pas faire de fausses suppositions en disant que toutes les femmes dans ce monde étaient comme cette personne. Cependant, regarder cette femme me dégoûtait.
Dans ce monde, la réputation des femmes, en particulier des femmes nobles, était vraiment horrible.
Mon père s’était tenu la tête avec une main.
Il déplaça alors ses yeux vers le bas et déclara quelque chose comme s’il le serrait contre lui. « Donnez-moi un peu de temps. Je trouverai un moyen d’arranger quelque chose. »
Le fait de voir mon père avoir l’air découragé tout en faisant quelque chose pour moi qui pouvait sembler déraisonnable m’avait donné un fort sentiment de culpabilité.
Il s’agit vraiment d’un monde cruel.
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Partie 2
Après que Zola ait quitté la pièce, il ne restait plus que mon père et moi.
« Cette femme nous a fait préparer un navire juste pour l’occasion. En plus, nous avons également dû prendre des dispositions pour son séjour, j’hésite à penser aux coûts. Père, pourquoi l’as-tu épousée ? » demandai-je.
Comme elle vivait normalement dans la capitale royale, nous devions faire les préparatifs nécessaires lorsqu’elle venait ici.
Il y avait les coûts du service du dirigeable, mais nous devions aussi nous occuper des préparatifs pour sa chambre et de ses repas. Nous devions aussi couvrir ses frais de déplacement.
Mon père est un lâche.
Mais il y a des raisons à cela.
« Ne sois pas en colère, » déclara mon père. « Ce mariage était absolument nécessaire. Mon mariage avec Zola nous permet d’être traités comme une véritable famille de barons. Il n’y a pas le choix. »
Père devait penser qu’il devrait être reconnaissant à sa femme de venir sur cette île isolée d’une région éloignée. Il semblerait que les filles de nobles de l’extérieur de la capitale aimaient trouver des partenaires dans les villes où elles aspiraient à vivre.
Il y avait quelques bizarreries parmi elles, mais ce genre de femmes devaient se faire concurrence les unes contre les autres.
Je crois que père s’était marié en raison de ce que cela signifiait d’être marié à Zola.
Rien que cela faisait d’elle une partenaire de mariage important. Si une maison de barons ne prenait pas une épouse appropriée, alors ils déclaraient ouvertement qu’ils n’étaient pas une maison de ce rang. Ils seraient ainsi pris à la légère par les autres nobles, et certains les attaqueraient ─, ce qui déclencherait une guerre contre la famille.
Quoi qu’il en soit, ils seraient incapables de s’entendre avec d’autres familles et ne seraient pas traités comme des barons.
Il s’agissait d’un cas d’ostracisme.
« Alors, comment vas-tu préparer l’argent ? » demandai-je.
J’avais demandé confirmation, mais je pouvais déjà le deviner en vue de l’expression amère de mon père.
« Pour être honnête, ce sera dur. Notre maison est déjà endettée. Si on va plus loin que ça, on ne pourra pas s’en remettre. Même ainsi, pourquoi a-t-elle parlé de ce sujet de conversation tout d’un coup ? »
Père était aussi curieux à ce sujet.
« ... Pourquoi n’en a-t-elle pas parlé à mon frère aîné ? » demandai-je.
Père avait penché la tête après avoir entendu ce que j’avais dit.
« Même pour Nicks, il y aurait encore un trop grand écart d’âge, mais... c’est certainement étrange. Il semble qu’elle ne veuille pas que tu entres dans une académie, » répondit mon père.
J’avais une conversation sur ça à la maison, mais je me demandais si tout allait bien de l’autre côté.
Cependant, la réponse était au-delà de mon imagination.
☆☆☆
Nous nous trouvions maintenant une semaine plus tard — je me tenais dans le hangar de la maison.
Je récupérais en ce moment des armes qui étaient entreposées.
Comme les armes étaient la propriété de mes parents, mon père se fâcherait si je les utilisais sans permission. Cependant, personne ici n’allait m’arrêter pour le moment.
Il y avait un fusil d’un modèle ancien, le type qui ne pouvait contenir que cinq balles.
Il s’agissait de l’objet le plus approprié, alors je le démontais pour effectuer l’entretien.
J’avais posé une épée lourdement décorée sur la table et j’avais vérifié si elle était utilisable ou non. J’avais aussi rassemblé d’autres outils importants.
Mon père me regardait faire ça avec un certain malaise.
« H-Hé, qu’est-ce que tu comptes faire ? » demanda-t-il.
Quand j’avais lu une lettre de mon frère il y a quelque temps, je m’étais résolu à le faire.
J’avais bien réfléchi à la façon d’utiliser mes connaissances de jeu pour gagner de l’argent, mais maintenant j’avais réalisé que c’était plus facile à dire qu’à faire.
« J’ai besoin de gagner de l’argent à tout prix avant d’être vendu à une vieille perverse ! Je ne veux pas du tout que ça arrive ! » répondis-je.
Ma mère avait les larmes aux yeux alors qu’elle se tenait derrière mon père.
Il semblerait que la maison à laquelle j’étais potentiellement vendu possédait une mauvaise réputation.
Il y a, je crois, quelque chose comme cette congrégation de dames ? Il s’agit d’un rassemblement tel un club qui comprend aussi en son sein des hommes qui sont esclaves. Cela permet aux femmes de ce rassemblement de traiter ces hommes d’une manière ou d’une autre, selon ce que ces vieilles femmes ont souhaité.
Il semblerait que le traitement des esclaves soit encore pire que celui des serviteurs d’une sous-race.
Il s’agissait d’une meute de femmes qui aimaient se servir de manière abusive des hommes et les écraser.
Ce sont les pires.
De plus, il y avait des rumeurs selon lesquelles de vieilles femmes de haut rang s’y rassemblaient, et même des hommes qui n’étaient pas utiles étaient envoyés sur les champs de bataille pour y mourir. Elles pensaient probablement qu’il valait mieux s’en débarrasser avec des morts au combat.
Ce qui est cruel... c’est que Zola est l’une des personnes impliquées.
Ce n’était peut-être pas l’une des personnes qui s’y rassemblaient, mais l’une des femmes qui pensaient à faire du profit en nous vendant les pièces de rechange de l’aîné des fils.
Il s’agissait d’un groupe avec lequel aucune personne décente ne voulait s’engager, et même d’autres collègues féminines s’en éloigneraient.
Il y avait une raison pour laquelle elle n’avait pas mentionné le frère aîné dans ses discussions et pourquoi elle avait essayé d’empêcher d’autres discussions sur mon passage à l’académie de la capitale royale. Elles rassemblaient de jeunes hommes comme moi qui ne savaient rien, et elles en feraient ce qu’elles en veulent. C’était comme ça que fonctionnait la congrégation des dames.
Elles allaient mutuellement faire des plans pour ceux qui n’étaient pas étudiants à l’académie, donc, dans tous les cas, il semblerait que l’entrée dans une académie fonctionnait contre elles. En raison de cela, Zola avait présenté une demande en mariage avant que je puisse entrer dans une académie.
« Pourquoi un “mob” comme moi doit-il s’impliquer avec des perverses comme elles ? Je préférerais avoir une vie plus calme, sans montagnes ni vallées ! » déclarai-je.
Ma mère s’inquiétait de ce que je disais.
« Je ne comprends pas ce que Léon dit, » déclara ma mère.
« Je ne comprends pas non plus, » répondit mon père. « Qu’est-ce qu’il a l’intention de faire ? Sortir avec cette arme ? Ne me dis pas qu’il a l’intention d’entrer dans la capitale royale ? N-Ne ne fait pas ça ! »
En me regardant entretenir l’arme, mon père avait fait une tête inquiète.
Je veux y marcher et faire des ravages, mais c’est impossible pour moi.
Même si j’y entrais, j’allais me faire appréhender, car les serviteurs demi-humains auprès des femmes nobles avaient été entraînés pour devenir forts, alors les approcher n’était pas une mince affaire.
« ... Être un aventurier est la meilleure option pour obtenir de l’argent, » leur déclarai-je.
Mes deux parents avaient échangé des regards en entendant mes paroles.
Dans ce monde, un aventurier était une profession reconnue. On pourrait dire qu’il s’agissait d’un métier qu’il nous fallait bien reconnaître en vue du monde.
Quoi qu’il en soit, les nobles étaient pour la plupart les descendants d’aventuriers.
Dans le scénario défini de ce jeu, les nobles étaient des individus qui avaient obtenu des terres en les découvrant alors qu’ils étaient des aventuriers. De plus, les aventuriers qui avaient été capables de gagner d’énormes fortunes au cours de leurs aventures étaient devenus de puissants nobles.
Ainsi, c’était la raison dans le jeu pourquoi les nobles avaient besoin d’être des aventuriers quand ils devaient aller à l’académie.
Cela permettait également aux donjons de donner à la protagoniste un moyen d’augmenter les jauges d’amour avec ces cibles de conquête, mais je pouvais les utiliser ici pour sauver ma propre peau.
Mon père secoua la tête.
« Arrête ça. Aller seul dans un donjon ne servira à rien, et il te faudra du temps avant d’avoir de l’argent, » déclara mon père.
Ma mère pensait la même chose. « C-C’est exact. En plus, c’est dur de trouver une île flottante maintenant. Tu ne pourras pas gagner d’argent, » déclara ma mère.
Lorsqu’on découvrait des îles flottantes où les individus pouvaient vivre ou des îles flottantes avec des ressources, elles devenaient la propriété d’aventuriers. Si l’on en avait envie, ils pouvaient potentiellement posséder ce territoire indépendant, mais... il n’y a plus d’îles convenables autour de ce continent.
Il ne devrait pas en rester, mais j’en connais une.
« Désolé, mais j’ai pris ma décision. Je m’en vais, » déclarai-je.
Si j’avais été seul, j’aurais pu m’enfuir, mais mon jeune frère Colin avait encore neuf ans.
Je ne voulais pas voir mon petit frère vendu à des perverses, alors je devais tout faire pour le sauver aussi.
Sympathisant avec ma détermination, mon père avait ouvert la bouche.
« As-tu besoin de quelque chose d’autre ? » demanda mon père.
Je n’avais pas hésité à dire à mon père ce que je devais rassembler. C’était un peu déraisonnable de lui imposer cela, mais il s’agissait d’un moment critique qui déterminait ma vie ou ma mort.
Si je ne faisais rien, je finirais en jouet pour une vieille femme perverse. Il y avait également une possibilité que je meure à cause de ce que j’allais faire, mais je voulais tenter ma chance.
« Il me faut quelque chose comme un navire en état de marche. Un dirigeable de petite taille. Après ça, j’ai besoin de balles. Un genre spécialement conçu, » déclarai-je.
Mon père avait incliné la tête.
« Qu’est-ce que tu as l’intention de faire ? » demanda mon père. « Vas-tu contester un donjon quelque part ? Dans ce cas, un navire de passagers devrait faire l’affaire. »
« Cela se trouve à un endroit où les navires de passagers ne vont pas, » répondis-je.
J’étais maintenant en train d’assembler le fusil.
Les fusils faisaient un peu étranges dans un monde d’épées et de magie, mais il s’agissait après tout d’un monde où les dirigeables échangeaient des tirs avec des canons lors de batailles aériennes. Ainsi, les fusils avaient tout à fait leur place dans un tel contexte.
Au moment où j’avais appuyé sur la détente, le fusil avait fonctionné, et un déclic métallique avait retenti.
J’avais pu continuer à vivre d’une manière ou d’une autre après m’être réincarné dans ce monde. Comme j’étais satisfait de ma vie jour après jour, je n’avais jusqu’à maintenant rien fait de spécial.
Cependant, comme on pouvait s’y attendre, même les individus lambda devaient abandonner quelque chose s’ils voulaient survivre ainsi.
Je devais tout faire si je voulais refuser d’être un jouet.
C’était pour ça que j’allais désormais me battre.
Je vais leur montrer toute la volonté d’un individu au sein de la populace.
« Je comprends. Je les préparerai dès que possible. Cependant, il faut absolument que tu reviennes. Si tu ne peux pas me le promettre, je ne le ferai pas, » déclara mon père.
J’avais l’intention de revenir, mais je savais que les choses allaient évoluer vers une situation de vie ou de mort.
Alors, j’avais tout simplement menti.
« ... Je reviendrai, c’est sûr, » déclarai-je.
Je veux protéger ma vie, sauver celle de mon frère, et pendant que j’y suis, déjouer Zola. Un jour, je me vengerai de cette femme qui a essayé de me vendre.
Alors que mon cœur me donnait l’impression d’être si fort, j’avais repris mes préparatifs de départ.
☆☆☆
« C’est la première fois que ça fonctionne si bien, » murmurai-je.
Bien qu’il s’agisse d’un monde de jeu vidéo Otome, cela restait toujours un monde de jeu.
Cela ne faisait pas seulement une ou deux fois que j’avais eu l’idée d’utiliser les connaissances du jeu pour être sans égal.
Cependant, ma motivation pour cela avait disparu avec l’épuisement subit par ma vie de tous les jours.
Je mangeais un repas simple. Mon père m’entraînerait le matin, puis j’allais travailler à la ferme après ça jusqu’au soir.
Il faisait nuit noire quand cela finissait et le temps des études m’attendait une fois de retour à la maison.
Dans ce monde, les barons d’une île éloignée et isolée restaient pauvres.
Pour le dire simplement, beaucoup étaient pauvres par rapport à d’autres individus dans les villes du continent, mais dans des cas comme le nôtre, qui n’étaient pas si rares, ils étaient encore plus appauvris à cause de femmes comme Zola.
L’ascension dans les rangs ─ il y avait beaucoup de pères qui s’étaient plaints de la façon dont ils avaient l’habitude d’être riches en tant que semi-barons avant d’être promus.
Il y avait aussi des barons qui étaient riches depuis plusieurs générations, mais aussi des maisons de barons riches qui avaient une richesse absurde par rapport à leur génération précédente.
En ce qui concerne notre maison, si nous demeurions à la portée des semi-barons, alors les contributions que nous devrions donner seraient convenablement basses, et nous n’aurions pas à traiter avec une femme de haut rang comme Zola, alors nos dépenses diminueraient.
... Les choses seraient vraiment paisibles si nous n’avions pas gravi les échelons.
En me dirigeant vers le bord de l’île flottante, j’avais préparé le fusil à verrou et j’avais pointé la mire sur un poisson volant très étrange que j’avais trouvé.
Les existences appelées monstres étaient des êtres maléfiques du monde dans ce décor de jeu frivole. Puisqu’ils étaient mauvais, je ne ressentais pas de répulsion à les tuer au point que cela soit vraiment rafraîchissant de le faire.
Je pense que le fait qu’ils disparaissent quand vous les tuez est l’une des raisons pour cela.
Il valait mieux tuer ces choses, car elles allaient se précipiter pour attaquer un humain si elles en trouvaient un à portée de vue.
Cependant, ce que l’on gagnait en les tuant n’était bien entendu pas visible à l’œil nu, les « points d’expérience. »
« Bon sang ! Il a esquivé ! » M’exclamai-je.
J’avais vite chargé la balle suivante dans le fusil, je l’avais mise en place et j’avais visé avec précaution.
Mon adversaire m’avait remarqué entre temps et il venait maintenant par ici.
Il mesurait à peu près un mètre.
Normalement, il valait mieux que la cible se rapproche pour tirer. Mais si elle esquivait et que la situation se transformait en combat au corps à corps, je pourrais mourir dans le pire des cas. Les monstres étaient trop dangereux comme adversaire quand ils étaient vivants.
Je pouvais me battre, car j’utilisais ce fusil, et non pas, car j’étais fort.
Cependant, les balles n’étaient pas quelques choses gratuites.
Cela coûterait très cher si je tirais à la chaîne sans vraiment viser.
Le monstre qui s’approchait avait ouvert sa grande bouche alors qu’il tentait de me mordre. Des dents pointues étaient présentes le long de sa bouche, et c’était vraiment effrayant à regarder.
« Si je fuis pour un si petit truc... alors ma vie sera finie ! » déclarai-je.
Jusqu’à présent, j’avais déjà pensé à essayer de gagner de l’expérience à plusieurs reprises. Je m’imaginais devenant un aventurier, avant de découvrir une île et de l’explorer. Je gagnerais ainsi de l’argent ─ d’accord, je le ferais « un jour ».
J’y avais pensé, mais je ne l’avais jamais fait jusqu’à maintenant.
Cependant, avec la situation actuelle où je manquais déjà de temps et où je ne pouvais pas non plus m’enfuir, cela m’avait finalement poussé à aller de l’avant.
Quand j’avais appuyé sur la détente, la balle était entrée dans la bouche du monstre et avait traversé jusqu’à l’arrière du corps.
Après avoir perdu toute sa vigueur, il s’était finalement effondré devant moi.
Alors que je regardais son état de santé, il avait été englouti par une fumée noire et il avait disparu avant que sa chute ne l’entraîne au fond de l’océan.
« ... Ai-je obtenu des points d’expérience grâce à cela ? » me demandai-je à voix haute.
J’avais regardé ma main gauche, mais je n’avais ressenti aucune sensation de ce genre. Peut-être que le jeu et la réalité sont vraiment différents ?
Cependant, ne pas gagner de points d’expérience n’était pas une raison pour s’arrêter. J’avais de toute façon besoin de perfectionner mes compétences de tir.
Même en mettant le fusil de côté, je ne pourrai pas atteindre ma destination sans avoir un navire, le genre qui était capable de voler dans les airs, et les connaissances pour l’utiliser efficacement.
Ce que j’avais pensé à faire un jour, c’était de récupérer un objet du genre tricherie, comme on l’appellerait en termes de jeu. Pour ce qui était du contenu payant, si j’acquérais cette chose, les négociations se dérouleraient rapidement.
J’avais aussi réfléchi à la possibilité qu’il n’y en ait pas.
À l’origine, c’était un objet spécial, un trésor que la protagoniste était censée obtenir, entre autres choses, mais ma vie était en jeu ici. C’était peut-être rendre un mauvais service à la protagoniste, mais j’avais besoin de cette chose par-dessus tout.
Je tenais maintenant le fusil dans mes deux mains alors que je pensais à la suite.
« Je devrai sacrifier la protagoniste pour mon bonheur. Tout se passera bien. D’après mes calculs, je serai dans la même classe que la protagoniste. Je te rendrai la pareille un jour pour me racheter, » murmurai-je.
J’avais en moi des sentiments de culpabilité, mais un désir encore plus fort de ne pas être vendu à une vieille femme perverse était présent et surpassait tout.
Il s’agissait clairement d’une crise quant à la préservation de ma chasteté qui se déroulait en ce moment.
« Est-ce comme ça qu’une femme envoyée chez un homme pervers d’âge mûr se sent ? Merde ! Qu’est-ce qui se passe dans ce monde ? Y a-t-il quelque chose de pourri dans ce royaume ? » demandai-je.
J’avais encore un peu de temps à disposition.
« Cela aurait dû le faire plus tôt, » murmurai-je.
J’avais alors cherché des monstres dans les environs tout en regrettant de ne pas avoir agi plus tôt.
+++
Partie 3
Retrouvons-nous un mois plus tard.
Selon moi, ce petit navire était étonnamment bien construit.
Il y avait une hélice attachée au moteur et le tout était vraiment facile à manœuvrer en étant seul.
Je me tenais en ce moment sur le dessus du navire.
Je portais une robe qui cachait bien mon corps du soleil, et j’avais mis le capuchon. De l’eau, de la nourriture et quelques armes avaient été chargées à bord.
Ce montant était largement suffisant pour qu’une personne seule puisse vivre un moment.
« Il semblerait que j’ai vraiment demandé à mon père quelque chose qui fut déraisonnable, » murmurai-je pour moi-même.
Il ne m’avait pas seulement préparé un navire volant, mais également une épée et un fusil. Il y avait aussi beaucoup d’autres choses qu’il avait rassemblées pour moi.
Cela ne suffirait pas de simplement remercier mes parents pour tout ce qu’ils avaient fait pour moi.
Je leur avais probablement imposé quelque chose de très déraisonnable en leur demandant de rassembler autant d’objets pour mon seul usage.
Le navire en lui-même était essentiellement tel un petit moteur à hélice attaché à ce que je transportais, une simple embarcation en bois. Malgré tout, la préparation d’une telle quantité était une lourde dépense pour de pauvres nobles telle que ma famille.
« Tout bien considéré, je me demande quel genre de monde fantastique possède le gaz et l’électricité, » me demandai-je à voix haute.
Assis tout en tenant le fusil près de moi, je tenais des jumelles dans ma main tout en regardant les environs avec.
Puis, j’avais sorti une carte et pris une boussole.
« Je suppose que ce sont des choses comme ça qui en font un monde fantastique. »
La boussole indiquait la direction du nord ainsi que la direction à prendre. En plus d’une aiguille qui pointe vers le nord, il y avait aussi une deuxième aiguille qui savait où se trouvait ma destination.
Les boussoles à deux aiguilles étaient un objet commun dans ce monde.
En configurant l’emplacement à l’aide d’un cadran, il s’agissait d’un outil pratique qui pointait vers la destination.
Depuis leur venue, il y a dix ans, mes souvenirs du jeu et d’autres choses du genre se diluaient peu à peu. Mais juste après avoir récupéré ces souvenirs, j’avais noté les coordonnées ainsi que d’autres données à toutes fins utiles. Bien joué, félicitez-moi !
À cette époque, quand j’avais retrouvé mes souvenirs, j’avais seulement eu l’illusion de pouvoir agir comme un tricheur, mais je n’étais pas capable de commencer quoi que ce soit à cause des affaires liées à ma vie quotidienne.
« Je me trouverais dans une meilleure situation si j’avais commencé à travailler dur il y a longtemps. »
C’est humain d’avoir de telles pensées sans bouger. On ne peut dire que c’est le genre de personne que je suis. Je m’étais souvent plaint de ce genre de choses, regrettant de ne pas avoir agi plus tôt.
J’avais continué à tourner au ralenti jour après jour jusqu’à ce que je sois pressé par le temps.
Tout d’abord, ma vie ici était bien plus dure que la précédente.
Je me levais tôt le matin, j’étudiais la nuit... et le travail agricole était très dur. C’était normal pour moi d’aller au lit juste après que tout soit fini et de dormir ainsi.
J’étais épuisé tous les jours, sans jamais avoir un jour de congé. Je n’avais pas assez d’énergie pour m’autoformer et je n’avais pas non plus de connaissances ou de compétences particulières.
Étais-je vraiment un tricheur avec des avantages de la réincarnation ? Non. Si j’avais de telles choses, je ne connaîtrais pas de telles difficultés.
Étais-je vraiment un tricheur avec les connaissances de son ancien monde ? Non. Je n’avais pas de telles connaissances, et je ne saurais même pas comment les appliquer à ce monde.
Il y avait occasionnellement une vue qui s’offrait à moi avec l’océan et des rochers flottants ici et là.
« Il y a la mer et le ciel bleu... et aussi les nuages blancs, mais j’en ai assez de tout ça. »
J’avais saisi fermement le fusil tout en me contrôlant pour ne pas devenir fou.
Moi, qui avais déjà vécu dans mon monde précédent, je pensais que peut-être si je me suicidais avec ce fusil, une vie meilleure m’attendrait dans la prochaine — mais j’avais vigoureusement secoué la tête de côté.
« Même si je meurs seul, ça ne résoudrait rien. Au lieu que cela soit moi, c’est Colin qui serait victime de ces sales perverses. »
J’avais abandonné cette idée et j’avais levé la tête.
Le soleil était radieux.
J’avais souvent réfléchi au fait que je pourrais peut-être tout abandonner et m’enfuir dans un coin du monde.
Cependant, ce monde était bien plus dangereux que le Japon de ma vie antérieure. En tenant compte des monstres et des bandits, ma vie était toujours en danger, peu importe où je serais.
Dans ma situation actuelle, je m’envolais seul, sans même avoir un moyen de sécuriser des fonds, sans soutien. Le Japon de mon monde précédent me manque.
J’en avais marre de cette situation où je ne trouvais pas de refuge approprié.
« Ce monde est dur pour les mobs, » murmurai-je.
Je me parlais beaucoup au cours de ce voyage, mais je m’en fichais totalement.
Je serais vraiment foutu si je rencontrais des pirates des cieux dans un moment pareil.
Avec une telle pensée en tête, j’étais redevenu une fois de plus prudent vis-à-vis de mon environnement. Et c’est alors qu’un soudain vent avait soufflé fortement. La carte faisait un bruit de battement alors qu’elle était frappée par le vent.
La boussole avait été placée sur le dessus de la carte pour éviter que le vent ne la balaye, mais l’aiguille pointant vers la destination avait tourné sur elle-même.
« Quoi ? »
Alors que je me levais, le vent avait soufflé encore plus fort et j’avais dû y résister, sinon mon corps allait basculer sur le pont du navire, ou pire encore, directement dans le vide. Je m’étais ainsi agrippé à la main courante voisine et j’avais balayé mon environnement, mais la mer était calme.
Le mouvement des nuages était également normal.
On dirait qu’il n’y avait pas d’orage en préparation ou d’autre condition météo extrême.
Au fur et à mesure que le navire avançait, le soleil avait été bloqué par une ombre.
« ─ Quelque chose se trouve en dessus d’ici ? » demandai-je.
J’avais jeté un coup d’œil vers le haut, et j’avais vu qu’il y avait un gros nuage blanc dans le ciel.
C’était vraiment un énorme nuage.
Je l’avais regardé fixement et j’avais serré mon poing gauche très fortement.
Il y avait quelque chose un peu plus bas que le niveau du navire.
En regardant la mer, j’avais vu qu’une partie était d’un vert éclatant.
Je m’étais effondré et je m’étais frappé sur le front en souriant.
« C’est ça ! C’est ce truc — j’ai déjà vu cela ! Est-ce peut-être là à cause des microtransactions ? Ou peut-être que c’était ici depuis le début ? Eh bien ! De toute façon, ça n’a pas d’importance... Je l’ai trouvé. J’ai touché le jackpot ! » criai-je.
Je m’étais relevé, j’avais étendu mes deux mains et j’avais levé les yeux vers le ciel en poussant un cri.
Je suis vraiment reconnaissant que cette chose existe.
J’avais pensé que ce serait bien si elle existait. J’étais venu ici sans trop d’attentes pour pouvoir le confirmer, mais ─ j’avais clairement touché le jackpot.
« Oups, je n’ai toujours pas mis la main dessus. »
Me ressaisissant, je m’étais déplacé à l’arrière du bateau et j’avais actionné le mécanisme de l’hélice.
J’avais fait déplacer le bateau plus près de la mer. Puis, en me dirigeant vers l’endroit où il y avait de la lumière, le bateau avait commencé à grincer tout en tremblant.
Je m’étais baissé et je m’étais accroché au bateau qui secouait fortement.
« S’il te plaît, tiens le coup ! »
Bien que je ne conduisais pas le navire dans cette direction, il avait commencé à s’élever vigoureusement. La force était trop importante pour que je puisse me lever. Je ne pouvais le supporter qu’en restant à genoux.
Le bateau s’envolant avait été entièrement projeté dans un nuage, et mon environnement était devenu d’un blanc pur.
Mon corps était gelé
Mes vêtements étaient mouillés.
J’avais protégé mon fusil en le glissant sous ma robe, et j’avais déplacé le bateau tout en ne pouvant rien voir dans le nuage.
Il y avait quelque chose qui me poussait vers l’extérieur du nuage, et j’avais déplacé le bateau dans la direction opposée.
Je m’étais déplacé pour m’opposer à la poussée sans rien voir, mais j’avais l’impression de me déplacer le long d’un ruisseau déchaîné. Eh bien, je n’avais jamais connu de courant d’eau enragé, mais de toute façon, un vent violent soufflait à l’intérieur du nuage.
Le moteur avait alors fait entendre un bruit fort alors qu’il était poussé à ses limites. Cependant, même ce son était noyé dans le grondement du vent bien que je sois juste à côté.
Les deux aiguilles de la boussole tournaient en rond, ne servant à rien, et j’étais dans un état où je ne savais même pas où j’étais.
Pourtant, je n’avais pas d’autre choix que de continuer à aller à contre-courant, et au moment où je m’en étais rendu compte, mon corps était trempé par de l’eau. Il faisait encore plus froid.
Mes vêtements, imbibés d’eau, étaient lourds.
Le bateau fonctionnait d’une façon ou d’une autre à contre-courant, mais j’étais mal à l’aise à l’idée que cela puisse fonctionner. J’affrontais une tempête tout seul, sans soutien.
« Je vous en supplie ! Je vous demande encore et encore de m’accorder cette chance ─ ! »
Cela fait plusieurs dizaines de minutes, ou peut-être plusieurs heures que cela avait commencé ?
Ma perception du temps n’était pas précise en ce moment, et c’est alors que le moteur surchargé avait commencé à cracher des flammes.
« Attends ! Attends un peu ! Si je me fais jeter comme ça, ce sera un désastre pour ─, » commençai-je à dire.
Le pire scénario m’était instantanément venu à l’esprit. À l’instant suivant, le moteur avait explosé et l’hélice s’était détachée pendant l’incendie.
Le feu s’était propagé sur le bateau en bois, et il s’était soudain mis à trembler pendant que je pensais que je devais éteindre les flammes.
Le bateau avait été violemment secoué. Il avait traversé le nuage avant d’être projeté à l’extérieur de — et alors, juste là, une île flottante couverte par le nuage était apparue.
Alors que j’étais éjecté avec force hors du nuage, je m’étais résigné à mon funeste destin, mais mes yeux s’étaient ouverts en voyant l’île flottante. Il s’agissait de quelque chose que j’avais vu plusieurs fois dans le jeu, mais lorsque je l’avais vu en réalité, c’était vraiment formidable.
L’île était enchevêtrée avec les racines de grands arbres partout et elle était verte après avoir été ainsi enveloppée dans cette nature resplendissante.
En regardant la surface de terre, des racines plus petites en sortaient également, et il y avait de la végétation qui poussait partout.
« ─ Comme c’est incroyable. »
Je m’approchai peu à peu de l’île. En vérité, je pensais que c’était mon navire qui se dirigeait vers elle en raison des vents.
J’avais essayé de le déplacer en pleine panique, mais comme le moteur du navire avait été brisé, je n’avais plus la possibilité de le faire fonctionner. Il était en feu et très dangereux.
« Est-ce une plaisanterie ? »
En m’approchant de la surface de l’île flottante, je m’étais accroché à mes bagages et j’avais calculé le temps nécessaire pour sauter du bateau et m’échapper. Puis j’avais sauté.
Tout en lâchant les bagages que je tenais, je m’étais retourné pour amortir le choc et je m’étais arrêté quand mon dos avait heurté une grosse racine d’arbre.
Le bateau s’était brisé en morceaux lorsqu’il heurta la surface, et mes bagages restants s’étaient dispersés sous le choc.
Je m’étais ensuite levé alors que des douleurs m’assaillaient partout, tout en essuyant mes sueurs froides.
« Ah, c’était dangereux. C’était vraiment risqué de venir ici en bateau. »
Les choses auraient été plus faciles si le dirigeable avait été plus grand, mais nous n’avions pas assez d’argent pour en acheter un. En parlant de ça, nous n’avions plus d’argent pour nos prêts.
« Mais, j’ai réussi à arriver d’une façon ou d’une autre. »
Ma vision vacillait encore en raison de ce que je venais de subir. Je m’étais alors dépêché de ramasser mes bagages importants tout en tenant ma tête douloureuse.
Une partie des bagages avait été brûlée, mais je pensais pouvoir me débrouiller avec ce qui restait.
J’avais rassemblé les bagages au même endroit et j’avais ramassé le bois utilisable venant du bateau partiellement brûlé.
Je suis arrivé à destination, mais j’ai perdu mon bateau.
Ainsi, je ne peux vraiment plus m’échapper de là.
Il n’y aura pas de problème si je peux récupérer « Ça », la chose qui sommeille sur l’île, mais je ne pourrai pas partir si « Ça » n’est pas là.
Alors que je m’étais assis pour faire une pause et laisser passer la douleur, il semblerait que beaucoup de temps s’était écoulé avant que je sorte de cet état.
Les environs avaient commencé à s’assombrir.
J’avais sorti de la nourriture et de l’eau de mes bagages pour pouvoir ainsi prendre un repas.
J’avais mangé de la nourriture qui ressemblait à des craquelins et j’avais ajouté à ça de l’eau.
Il s’agissait clairement d’un aliment qui ne servait qu’à remplir l’estomac plutôt qu’à satisfaire ses papilles gustatives.
« S’il n’y a rien ici après avoir fait tout ce chemin, je ne pourrais qu’en rire. »
Mes journées seraient certainement chargées à partir de demain.
J’avais alors commencé mon séjour ici en préparant un feu de camp en utilisant les morceaux de bois brisés du bateau. Ainsi, j’avais pu réchauffer mon corps froid et mouillé.
Après ça, j’avais vérifié l’état de mon fusil et j’avais aussi cherché toute anomalie dans mon autre équipement.
« Ça a l’air d’aller. Tout bien considéré, c’est un soulagement que cette chose aille bien, » murmurai-je.
À la lumière du feu de camp, j’avais compté mes balles et je les avais placées dans des chargeurs.
Il s’agissait des balles que j’avais fait spécialement charger. Une marque de foudre avait été gravée sur la surface, indiquant qu’il s’agit de balles différentes des balles ordinaires.
En comparaison avec le yen japonais, une balle typique coûtait entre 3 000 et 5 000 yens.
Il s’agissait d’une balle spéciale — une balle magique qui pouvait donner lieu à des effets magiques. Il s’agissait de balles fantastiques qui pouvaient faire surgir des flammes lors d’un coup direct, ou avoir un effet de gel, ou d’autres choses du genre.
En raison de cela, le prix d’une balle dépassait sans problème les 10 000 yens.
Je ne ressentais que de la gratitude envers mes parents qui avaient pu rassembler ces balles en un si grand nombre.
« Si je reviens vivant, je vais devoir rendre hommage à mes parents... Maintenant que j’y pense, je n’ai pas rendu hommage à mes parents de mon monde précédent. »
Quand je pense à la façon dont je suis mort avant mes parents dans mon monde précédent, j’aurais l’air de quelqu’un qui ne respecte pas ses parents.
« Je me demande ce qui est arrivé à ma sœur. Je serais même content si elle était là pour m’insulter encore une fois. »
Je me souvenais encore du jour où je m’étais réveillé dans ce monde, ou plutôt, du jour où j’avais retrouvé mes souvenirs. Ça ne me dérange pas d’avoir dû faire le jeu vidéo Otome pour ma sœur.
Grâce à cela, j’avais pu obtenir des connaissances de ce jeu, donc je suppose qu’il vaudrait peut-être mieux que je lui montre de la gratitude ?
Mais si elle ne m’avait pas imposé ce jeu, j’étais presque sûr que je ne serais pas mort.
Manque-t-il quelque chose ?
Une fois après avoir fini de vérifier le fusil et les balles, je les avais placés à côté de moi alors que j’appuyais mon dos contre la grande racine de l’arbre.
Comme je vivais sur un bateau depuis un certain temps, il s’agissait de la première fois que je m’allongeais sur la terre depuis longtemps.
« ... Pourquoi me suis-je réincarné dans un monde d’un jeu vidéo Otome ? Normalement, je me serais réincarné dans le monde fantastique typique avec des épées et de la magie. Non, attends, je préférerais que ce soit mon monde précédent. Oui, il aurait été préférable de se réincarner au Japon si cela avait été possible. »
En y repensant, j’avais eu beaucoup de chance d’avoir été au Japon, où les monstres n’existaient pas et où les pirates du ciel n’étaient pas vraiment la même chose.
En pensant ainsi, j’avais fermé les yeux.
« ... Je devrai... travailler dur demain... »
Le plus gros pari de ma vie m’attend.
Merci pour le chap ^^