Le manuel du prince génial pour sortir une nation de l’endettement – Tome 6 – Chapitre 4 – Partie 5

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Chapitre 4 : La perte des légendes

Partie 5

« Vous devriez considérer la réunion secrète avec les Kelils comme vos grands débuts. »

Felite avait incliné la tête. « Mes grands débuts ? »

« C’est vrai, » dit Wein. « Maintenant qu’Alois est parti, vous êtes le prochain sur la liste, mais vous avez été capturé avant de pouvoir officiellement lui succéder. À cause de cela, votre autorité vous a échappé et cela a réveillé les ambitions des Kelils. Franchement, ils vous regardent de haut. »

« … Je ne peux pas dire que je ne suis pas d’accord. »

Comme Legul, les Kelils voulaient contrôler Patura. Ils pensaient que Felite était déjà hors jeu, c’est pourquoi ils lui avaient manqué de respect si effrontément.

Wein poursuit. « Même si vous leur demandez de coopérer, il sera difficile de convaincre les Kelils de se ranger de votre côté. C’est pourquoi vous devrez réaffirmer votre position devant eux. »

« Je comprends… C’est pour ça qu’on a ça, non ? »

Felite avait regardé l’objet à proximité. C’était la Couronne Arc-en-ciel, recollée avec de la résine d’arbre. Elle avait des éclats et des fissures et avait perdu la plupart de sa gloire d’antan, mais avait réussi à conserver sa forme originale.

« Les Kelils finiront par découvrir l’existence de la Couronne Arc-en-ciel. Avant qu’ils ne le fassent, je la détruirai devant eux… Honnêtement, je ne peux pas dire que j’avais imaginé la voir brisée une seconde fois. »

Si ça marchait, les Kelils perdraient leur sang-froid. Rien ne pourrait causer plus d’impact.

« Quand ils verront ce symbole du pouvoir en miettes, ils seront possédés par la confusion, la rage, le désespoir, le choc… Nous allons utiliser cela à notre avantage et les persuader. C’est comme ça qu’on se bat. » Wein s’était arrêté un instant. « Pouvez-vous le faire, Felite ? »

Les yeux de Felite s’étaient agrandis de surprise.

Il avait souri au prince. « Allons-y, Wein. »

 

+++

 

« Qu-Qu’est-ce que vous faites !? » cria Emelance en premier.

« Agh ! Non… ! » Corvino se laissa tomber à genoux pour ramasser les morceaux à ses pieds.

« Est-ce que vous comprenez ce que vous avez fait !? » s’exclama Sandia en sautant de sa chaise.

Ça a marché, avait pensé Felite.

Ils avaient pris la peine d’ajuster les moindres détails pour empêcher le groupe de détecter tout dommage antérieur subi par la Couronne Arc-en-ciel : les positions de Felite et des Kelils, l’angle sous lequel ils regardaient le spectacle, la pénombre de la pièce, la faible visibilité. Pas une seule personne n’avait su qu’elle était déjà brisée avant qu’elle ne soit apportée dans la pièce.

Eh bien, sauf pour une personne qui garde sa bouche fermée…

Voras. Lui seul connaissait la vérité. S’il décidait de la dire aux autres, tout leur plan serait déjoué, c’est pourquoi ils l’avaient approché avant.

« Cela ne me dérange pas. C’est le rôle d’un chef d’aider les jeunes dans leurs moments d’épreuve. Néanmoins, je peux seulement promettre que je ne ferai rien. Si vous souhaitez que je réagisse d’une manière ou d’une autre, montrez-moi que vous pouvez fournir une occasion appropriée. »

Voras n’avait pas cherché à obtenir plus de détails sur leur plan.

La vraie bataille était sur le point de commencer. Wein n’avait aucune suggestion pour aider à ce qui allait suivre. Felite allait devoir utiliser son propre pouvoir pour convaincre Voras et les autres Kelils de suivre ses ordres.

La bataille commence — ! Felite avait pris une inspiration.

« Je comprends les implications de mes actions, Sandia. Cela réduira la quantité de sang versé dans notre futur. »

« Est-ce que vous vous entendez ? » L’expression de Sandia disait qu’il était prêt à attraper Felite par le cou à tout moment. « La Couronne Arc-en-ciel était un symbole ! Qui peut prédire le chaos qui va s’abattre sur Patura sans elle !? »

« Il ne se passera rien. » La voix de Felite crépitait comme du feu. « Il n’y aura pas de chaos. Patura a le Zarif. Même sans la couronne arc-en-ciel, nous ne laisserons jamais le chaos s’installer dans les îles. »

« … Une proclamation audacieuse, » avait contesté Emelance. « Les Zarifs ont perdu leur ancien Ladu, Maître Alois, sans parler de leurs soldats et de leurs richesses. Tout ce qui reste, c’est vous et votre petite suite. Comment pouvez-vous parler d’une manière si prétentieuse ? »

« En raison de ce que nous avons déjà réussi à accomplir. »

Ne cède pas. Ne te recroqueville pas. Laisse les vents souffler comme ils veulent. J’ai enduré cet interrogatoire éreintant. Je ne vais pas me plaindre pour quelque chose d’aussi facile que ça.

« Depuis Malaze, les Zarifs ont régné sur Patura. Chaque génération successive a relevé des défis et a guidé notre peuple. En retour, le peuple a accepté les Zarifs comme son Ladu. »

« M-Mais ! » Corvino avait essayé de l’interrompre, mais Felite ne l’avait pas laissé faire.

« Nous en avions besoin lorsque Patura essayait de s’unir en une seule nation. Mais maintenant, nous avons des années d’accomplissements accumulés ! Le succès sous les Zarifs ! Regardez notre histoire ! Même sans la Couronne Arc-en-ciel, nous ne serons pas réduits à néant ! »

Les Kelils ne savait pas quoi dire. Même ces hommes qui possédaient chacun plus de dix navires et les marins pour les commander étaient stupéfaits, à bout de souffle devant ce jeune homme qui avait tout perdu.

« À partir de cet instant, je vais poursuivre notre histoire ! Je vaincrai Legul et mènerai cette nation inexpérimentée dépendant de l’autorité divine de la Couronne Arc-en-ciel vers un avenir créé par des mains humaines ! Si vous choisissez toujours de poursuivre l’ombre d’un arc-en-ciel, vous pouvez partir maintenant ! »

La salle de conférence était silencieuse. Seule la respiration irrégulière de Felite était audible.

Une voix avait lentement appelé.

« … Maître Felite. » C’était Voras. Le vieux vétéran était resté silencieux jusque là, mais il regarda le jeune chef. « Le voyage d’un pionnier qui a perdu les conseils des dieux est sinistre. Si vous vous égarez sur le mauvais chemin, vous entraînez le peuple avec vous. Cette responsabilité sera placée sur vos épaules, et les dieux ne seront pas là pour vous sauver. »

« Toute personne qui ne peut pas assumer cette responsabilité n’est pas digne d’être un Ladu, » répondit Felite.

« Hehe... Je suppose que c’était stupide de ma part de vous interroger. » Voras s’était levé de sa chaise et s’était agenouillé devant Felite. « Moi, Voras, je vous offre mon épée et mon casque. »

Voras avait joué son rôle.

Emelance, Sandia, et Corvino le regardaient fixement. Une ombre était descendue, se mettant à genoux à côté de Voras.

« Moi, Edgar, je vous offre mon épée et mon casque. »

Voras avait esquissé un petit sourire. « Je suis surpris que quelqu’un d’aussi têtu que vous soit prêt à jouer les seconds rôles, Edgar. »

« Je pensais que je voudrais vivre ma vie finie à ma façon. »

De tous les Kelils, les deux vétérans avaient rejoint la cause de Felite. Il en restait trois.

« … Eh bien, c’était un rêve éphémère. »

Corvino avait pris la parole et s’était agenouillé devant Felite, voyant qu’il n’avait aucune chance de gagner contre Voras et Edgar. Il avait quitté le navire.

« C’était splendide, Maître Felite. Moi, Corvino, je vous offre mon épée et mon casque. »

Les membres restants, Emelance et Sandia, s’étaient regardés. Ils avaient leurs propres motivations, et ils le savaient tous les deux.

« Devrions-nous suivre l’arc-en-ciel… ? »

« Je ne suis pas assez sénile pour poursuivre des rêves aussi éphémères. »

« Alors, que faisons-nous ? »

« … L’arc-en-ciel a disparu, mais nous avons maintenant un nouveau chemin. Nous sommes sûrs d’y gagner quelque chose. »

Les deux hommes s’étaient fait un signe de tête et s’étaient agenouillés devant Felite.

 

 

« Moi, Emelance, je vous offre mon épée et mon casque. »

« Moi, Sandia, je vous offre mon épée et mon casque. »

Maintenant qu’il avait la loyauté des cinq Kelils, Felite leur avait parlé à tous.

« Le serment ici est scellé. Tout le monde, préparez-vous au combat. Nous allons abattre Legul, le meurtrier de mon père, et ramener la stabilité à Patura ! »

« «  — Compris ! » »

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