Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 8 – Acte 1 – Partie 4

***

Chapitre 1 : Acte 1

Partie 4

Yuuto n’avait pas de véritable statut ici, il avait effectivement été un fugueur et un délinquant pendant trois ans. Il était comblé par le fait que Miyo était prête à reconnaître quelqu’un comme lui comme un partenaire digne de sa fille unique.

Shigeru, par contre, ne l’avait pas fait. Ses cris indiquaient que les choses n’allaient pas se passer aussi facilement avec lui.

« Eh bien, ma femme pourrait être d’accord avec ça, mais pas moi ! Je ne le permettrai pas, tu entends !? »

Il était manifestement encore plus contrarié qu’avant, car il se sentait trahi par le fait que sa femme avait choisi l’autre camp.

« Si tu le rejettes d’emblée sans l’écouter, on ne peut pas vraiment discuter de ça, n’est-ce pas, mon chéri ? » demanda Miyo calmement.

« Discuter !? Nous n’avons pas besoin de discuter de quoi que ce soit ! Non veut dire non, et c’est tout ce qu’il y a à faire ! »

« Oh, voilà que tu t’entêtes. Je ne peux pas dire lequel d’entre vous est le véritable enfant ici. »

« Enfant… !? C’est aller trop loin, et tu le sais !!! »

« Oh, vraiment ? Mais c’est vrai. En ce moment, Yuu-kun agit de manière beaucoup plus calme et mature que toi. »

« Grrrrr… ! »

Voyant que les deux commençaient à s’énerver l’un contre l’autre, Yuuto s’était empressé d’intervenir. « E-Euh, s’il vous plaît ne vous battez pas. C’est ma faute, après tout. Je peux partir et nous pourrons réessayer un autre jour. »

Il était incroyablement reconnaissant à Miyo d’avoir pris son parti, mais il ne voulait pas que cela crée un fossé entre elle et son mari et que les choses empirent pour tout le monde.

Il essayait déjà de leur enlever leur fille unique, il ne voulait pas nuire à leur relation mutuelle. Aucune excuse ne compenserait ça si cela arrivait.

Cependant, Miyo avait ignoré l’inquiétude de Yuuto et avait pris encore plus d’assurance. « Regarde, tu vois ? C’est un adulte. »

« Rrrgh… ! Bien. Je vais au moins l’écouter. C’est tout ce que j’ai à faire, n’est-ce pas !? »

Abandonnant, Shigeru abattit son coude sur la table et reposa son menton contre sa main. « Hm-hm ! Ça ressemble plus à l’homme que j’ai épousé, » dit Miyo avec joie.

« Hmph ! » Shigeru s’était détourné d’un air maussade face au compliment de sa femme.

Miyo avait gloussé, puis elle avait fait un clin d’œil à Yuuto. Il semblait que leur petite dispute n’était qu’un stratagème de la part de Miyo pour que Shigeru accepte d’avoir une vraie discussion.

C’était une femme qui pouvait sembler insouciante et douce, mais elle savait exactement comment tirer la laisse, pour ainsi dire, de son mari quand il le fallait.

Yuuto frissonna à l’idée que, dans le futur, il pourrait bien se retrouver complètement enroulé autour du doigt de Mitsuki de la même manière.

Pourtant, en même temps, cela lui semblait aussi être un avenir heureux à envisager.

« Alors, Yuuto, c’est ça ? » demanda Shigeru d’un ton direct.

« O-Oui, monsieur ! » Par réflexe, Yuuto s’était assis parfaitement droit, au garde-à-vous.

L’expression de Shigeru était toujours aussi mauvaise, mais il n’y avait plus autant de colère brûlante dans ses yeux, il semblait un peu plus posé.

« Donc tu veux prendre ma fille unique, encore adolescente, et partir ensemble. Tu aurais dû savoir que nous serions farouchement opposés à ce que tu fasses ça, non ? »

« Oui. Je le savais, et je m’attendais à ce que ce soit un très long combat pour vous convaincre tous les deux. En fait, j’ai du mal à croire que tante Miyo ait pris si facilement notre parti dans cette affaire. »

« Oh, mon Dieu. Si tu veux mon avis, je trouve ça surprenant, » ajouta Miyo. « J’ai toujours pensé à toi comme à mon propre enfant, Yuu-kun. Et si tu épouses Mitsuki, je pourrai vraiment t’appeler mon fils. Bien sûr que j’approuverai cela. »

Miyo avait gonflé sa joue en signe d’agacement, un geste enfantin un peu indigne de son âge. Ce comportement mignon, légèrement enfantin, ressemblait tellement à Mitsuki. Les deux filles étaient vraiment similaires.

« Mettons cela de côté pour l’instant, » dit Shigeru, en faisant un signe dédaigneux de la main à sa femme.

« Eh bien ! » répondit Miyo avec indignation.

La façon dont ils étaient si ouverts et sans réserve l’un envers l’autre devait venir de leurs longues années de vie commune dans le mariage. Même lorsqu’ils se disputaient et se battaient, ils montraient une certaine compréhension l’un de l’autre, ce qui indique une bonne relation.

« Donc si tu savais déjà que j’allais être contre, pourquoi es-tu venu ici pour en discuter avec nous ? » demanda Shigeru.

« Désolé ? » Yuuto pencha la tête sur le côté, ne comprenant pas la question au début. « Eh bien, je ne pouvais pas partir sans vous le dire. Ce serait mal, n’est-ce pas ? »

« Oui, c’est exactement ça. » Shigeru avait acquiescé. « Mais tu aurais pu t’enfuir avec elle, et nous informer après coup. Cela aurait été plus rapide et plus facile. Et nous n’aurions pas été en mesure de t’arrêter, après tout. Mais maintenant que tu nous l’as dit, nous pouvons essayer de nous prémunir contre cela. Tu n’es pas stupide, je peux le dire rien qu’en te parlant ces derniers jours. Alors pourquoi as-tu fait l’effort de venir ici et de nous laisser nous mettre en travers de ton chemin ? Pourquoi as-tu choisi l’option qui te causerait le plus de problèmes ? »

Shigeru regardait directement dans les yeux de Yuuto en posant ces questions.

Yuuto avait eu le sentiment que son caractère d’homme était testé ici. On le mesurait, pour voir s’il était digne de se voir confier la fille de Shigeru.

Yuuto avait dégluti, puis avait lentement ouvert la bouche pour parler.

« Vous avez raison, monsieur. Si je voulais juste être ensemble avec Mitsuki, ce serait la méthode la plus sûre pour y parvenir. Cependant, si je faisais les choses de cette façon, cela ne ferait que vous effrayer et vous inquiéter pour votre fille, n’est-ce pas ? Vous ne seriez pas en mesure de croire qu’un homme aussi lâche puisse vraiment rendre Mitsuki heureuse. »

« Hmm. »

« J’ai appris beaucoup de leçons au cours des trois dernières années, et l’une d’entre elles est la suivante : choisir la solution de facilité sur le moment ne fera qu’empirer les choses par la suite. Il est vrai qu’il sera probablement très difficile pour moi d’obtenir votre plein consentement à vous deux, mais je crois que je dois faire tout ce que je peux pour vous prouver ma bonne foi et essayer de vous faire voir en moi une personne acceptable. En tant qu’homme qui vous enlève votre précieuse fille, j’ai pensé que c’était le minimum absolu que je vous devais. »

« … Je vois. Je comprends maintenant pourquoi ma femme a une bonne opinion de toi, » dit Shigeru à contrecœur. « Tu es plutôt bien mature pour ton âge. Je ne crois toujours pas à ces histoires de monde parallèle, mais quoi que tu aies fait ces trois dernières années, je vois bien que c’était bon pour toi. »

« Merci beaucoup. »

« Hmph. C’est trop tôt pour me remercier. Que je te remette ou non ma fille est une tout autre question. »

« Je comprends, monsieur. » Yuuto avait acquiescé. « Je ne m’attendais pas non plus à pouvoir gagner votre approbation en une seule journée. Si vous m’accordez du temps, j’aimerais venir en discuter avec vous autant de fois que nécessaire. »

« Eh bien, dans ce cas, prenons notre temps et ayons une vraie discussion. Après tout, je ne te connais pas comme ma femme te connaît. Chérie, apporte-moi un verre ! »

 

Zzz ! Zzz…

« Argh, bon sang, papa, tu es si embarrassant… » Mitsuki se tenait debout avec une expression déçue, regardant son père, qui était maintenant couché sur le canapé, le visage rouge et endormi, faisant du bruit avec son ronflement.

« Hee hee, je suis sûre que ton père a dû être excité à l’idée d’avoir un nouveau fils, » dit sa mère. « Il a après tout bu beaucoup plus vite que d’habitude. C’est peut-être aussi parce qu’il doit se séparer de sa fille. »

Miyo avait souri doucement et avait gloussé pour elle-même en mettant une couverture sur Shigeru.

« Tu dis ça, mais… crois-tu vraiment qu’il m’a accepté ? » demanda Yuuto un peu anxieux.

Miyo avait haussé les épaules. « Nous verrons bien. Il est un peu tsundere, tu sais — pas vraiment honnête avec ses sentiments. Il ne te dira jamais un mot gentil en face, Yuu-kun, mais malgré tout, je pense qu’il s’est pris d’affection pour toi. »

« Je ne peux qu’espérer… »

« Heehee ! Eh bien, je suis mariée à cet homme depuis près de vingt ans maintenant, alors tu peux me faire confiance sur ce point. »

« Très bien. C’est juste que, comment dire, tout est arrivé si vite que ça ne semble toujours pas réel… Je l’ai dit à votre mari tout à l’heure, mais j’étais préparée à une lutte de longue haleine. »

« Oh, ça veut dire que tu n’as pas une bonne opinion de toi-même. Je te l’ai déjà dit, Yuu-kun : tu es vraiment devenu un bon jeune homme ces trois dernières années. Je peux dire que tu as dû traverser beaucoup d’expériences, cette profondeur ressort rien qu’en parlant avec toi, comme nous le faisons maintenant. Et quant à cet homme ici, il est le chef du département des ressources humaines de son entreprise. Il est impossible qu’il n’ait pas remarqué la même chose. »

« Hum, je suis humble, madame. » Yuuto était un peu gêné d’être si directement complimenté en face.

Cependant, bien qu’il se sente gêné par les éloges, il reconnaît également qu’il avait effectivement grandi en tant que personne au cours des trois dernières années, grâce aux nombreuses luttes difficiles qu’il avait dû traverser.

Il était aussi honnêtement heureux que quelqu’un d’autre reconnaisse cela en lui.

Miyo l’avait regardé avec une gentillesse maternelle dans les yeux, et avait dit : « Comme tu es maintenant, je peux être à l’aise en te laissant Mitsuki. Je sais qu’elle est encore jeune et inexpérimentée, mais… s’il te plaît… prends soin… d’elle… d’accord ? »

Elle avait eu du mal à finir sa phrase alors qu’elle commençait à pleurer.

Elle essayait de laisser partir sa fille, une fille qui était encore à peine entrée au lycée. Bien sûr, elle serait triste. Bien sûr, elle se sentirait seule.

Elle n’arrêtait pas de dire qu’elle était à l’aise avec ça, mais bien sûr, elle devait aussi avoir une montagne d’inquiétudes et de craintes. Et elle ravalait ces émotions afin de reconnaître que Yuuto était digne d’être le partenaire de Mitsuki pour la vie.

Yuuto se tenait droit et correct, et s’adressait à elle de manière formelle. « Oui, madame. Je chérirai votre fille pour le reste de nos vies. »

Et dans son cœur, Yuuto avait juré qu’il honorerait ces mots par-dessus tout, quoi qu’il arrive.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire