Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 6 – Acte 1 – Partie 3

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Acte 1

Partie 3

« Voici Lady Rífa, qui vient d’Ásgarðr, » dit Yuuto. « C’est une dame de la Maison de Jarl, l’une des Trois Maisons. »

« Jarl… ! » La femme aux cheveux dorés étouffa, puis se hâta de saisir l’ourlet de sa jupe et fit une révérence. « Bien que mon impolitesse soit due à l’ignorance, pardonnez-moi, s’il vous plaît. Je m’appelle Félicia, je suis la jeune sœur jurée du Patriarche Yuuto Suoh du Clan du Loup, et je suis à la tête de ses frères et sœurs subordonnés. »

« Et je suis Rífa, si vous voulez bien m’excuser pour l’introduction répétée. C’est un plaisir. Puissions-nous bien nous entendre, » déclara Rífa.

« Oui, ma dame. »

Les présentations de base étant terminées, Yuuto avait fait comme s’il s’en souvenait tout à coup. « Ah, c’est vrai. Félicia, prépare une chambre pour Lady Rífa. »

« Oui, Grand Frère. Alors, Lady Rífa, si vous voulez bien venir par ici » déclara Félicia.

« Hm. » Rífa hocha la tête et commença à suivre Félicia, qui fit un geste en direction d’un chemin qu’elles devaient suivre.

Félicia commença à montrer la voie avec des pas lents et gracieux. Chacun de ses mouvements semblait s’enchaîner avec grâce vers le suivant, indiquant son niveau d’habileté et de pratique. C’était suffisant pour que Rífa la veuille comme sa dame d’honneur personnelle.

Ensuite, peut-être à cause de la fatigue de tout ce qui s’était passé, une fois Rífa conduite dans sa chambre d’amis, elle s’était rapidement endormie.

Pendant ce temps, son cœur tremblait encore en raison des pensées sur le monde extérieur passionnant.

Après avoir vu Yuuto, Félicia et Rífa entrer dans le parc du palais, Kristina s’était retrouvée seule devant la porte principale. Elle avait ensuite levé les deux mains en l’air, comme dans un geste de reddition.

« Merci pour ton travail acharné comme toujours, Grande Sœur Sigrun, » dit-elle, se tournant vers l’obscurité derrière elle.

« Quoi, alors tu savais que j’étais là ? »

De cette obscurité impénétrable émergea tranquillement la figure d’une jeune femme seule. Elle portait un manteau de fourrure fait à partir de la fourrure d’un grand loup connu sous le nom de garmr, et dans l’obscurité de la nuit, cela lui donnait l’impression qu’elle pouvait être la mère vengeuse du chiot loup bercé dans les bras de Kristina, venus reprendre son enfant.

C’était Sigrun, une fille belle et élancée qui portait néanmoins le titre de Mánagarmr, le Loup d’argent le plus fort, qui ne fut transmis qu’au plus grand guerrier du clan du loup.

« Eh bien, oui. Je suis techniquement une spécialiste de ce genre de choses. » Kristina haussa les épaules avec ironie en réponse.

Bien que Kristina et sa sœur soient toutes deux des Einherjars, le combat n’était pas la spécialité de Kristina. Afin de combler cette lacune lorsque Yuuto emmena Kristina faire ses promenades en ville, Sigrun avait pris le rôle de veiller sur eux et de les protéger depuis l’ombre.

D’ailleurs, la sœur de Kristina, Albertina, était plus douée avec un couteau, mais sujette aux distractions. Elle était tellement absorbée par d’autres choses pendant une sortie qu’elle oubliait complètement de se concentrer sur son travail, et elle avait donc déjà été jugée comme un échec en tant que candidate pour être la garde du corps.

« Tu pourrais être plus comme tante Félicia, tu sais », dit Kristina. « Si tu veux nous accompagner, ce serait bien de le faire ouvertement. »

« Je ne suis pas capable de faire une conversation intéressante comme tu le fais, » répondit Sigrun. « Je ne veux pas empêcher Père de s’amuser. »

« Je doute fort que Père te considère comme un obstacle, Grande Sœur Sigrun. »

« Tu as raison. Père est bon, après tout. Cependant, je suis la plus consciente du fait que je suis une femme ennuyeuse. Le surveiller de l’ombre est le mieux adapté à mes talents. »

Sigrun l’avait dit sans hésitation et sans ménagement. De toute évidence, elle ne disait pas cela non plus par humilité ou par autodérision, ce qui rendait difficile de rejeter ça. Elle parlait de ce qu’elle croyait être la vérité.

Sigrun s’était consacrée à devenir l’épée de Yuuto. Elle était probablement contente de pouvoir le protéger, peu importe comment.

« Mais tu sais que Père ne s’en est pas rendu compte ? » Kristina avait posé cette question pointue à Sigrun.

En d’autres termes, ce que faisait Sigrun ne se verrait en aucune façon récompenser, ni par le mérite et la promotion, ni par des faveurs de son père bien-aimé et assermenté.

Sigrun, cependant, répondit joyeusement à cela. « C’est très bien. Si Père savait qu’on le surveillait, il ne serait sûrement pas capable de se détendre comme il le souhaite. »

Kristina, malgré toute sa perspicacité qui lui avait valu le surnom de « Petit Renard », ne pouvait déceler aucune trace de malhonnêteté dans les paroles de Sigrun. Son cœur ne semblait contenir aucun motif égoïste, seulement de la sympathie et de la considération pour son maître.

Yuuto et Félicia faisaient parfois référence à elle en la comparant à un chien, et maintenant Kristina sentait qu’elle comprenait pourquoi. Cette fille était vraiment une chienne fidèle et loyale.

Cependant, Kristina avait pensé avec un petit rire, je ne déteste pas du tout cela à son sujet.

« Alors, pourquoi avais-tu besoin de moi ? » demanda Sigrun. « Ce n’est pas la première fois que je vous garde tous les deux. Le fait que tu m’aies appelée après tout ce temps signifie qu’il y a un problème, non ? »

« C’est à propos de Lady Rífa. Que penses-tu d’elle ? » demanda Kristina.

« Elle est douée. Après l’avoir observée, je peux dire qu’elle est au moins aussi forte que Félicia, si ce n’est plus. » Sigrun parlait avec nonchalance, comme si elle racontait ce qu’elle avait pris au petit déjeuner, mais ses paroles étaient loin d’être légères dans leur implication.

Félicia n’était pas une combattante aussi forte que Sigrun, bien sûr, mais elle était au moins considérée comme faisant partie des cinq guerriers les plus forts du clan. Si quelqu’un était plus fort qu’elle, ça voulait dire quelque chose.

« Donc j’avais alors raison, » Kristina plaça une main sur sa bouche, et réfléchie doucement pendant un moment, fronçant les sourcils.

Rífa avait été entourée de cinq grands hommes adultes, mais n’avait montré aucun signe de peur, seulement une colère indignée.

Et après, pendant la marche jusqu’aux portes du palais, Kristina avait observé attentivement les mouvements de la jeune fille. Elle s’était déplacée d’une manière qui semblait pleine d’occasions d’attaque, mais qui n’en permettait en fait aucune.

Si Kristina essayait de frapper avec un couteau ou autre dans un moment d’inattention, ses calculs ne la conduiraient qu’à une seule image dans son esprit : L’attaque de Kristina aurait été facilement évitée et contrée, et cela se serait terminée par son effondrement au sol.

« Mais il semble aussi qu’elle n’ait pas encore cultivé son talent, » poursuit Sigrun. « Elle est comme un gros morceau de minerai brut en ce moment. »

« Hm, je vois. » Kristina hocha la tête, ces mots la touchèrent de la tête.

Ça explique tout. Je sentais que je ne pourrais pas la vaincre, mais j’avais aussi l’impression qu’elle était en quelque sorte vulnérable.

À cause de ces impressions contradictoires, Kristina n’avait pas été capable de juger correctement le niveau de force de la fille. Il semblerait que demander l’avis d’un expert sur la question ait été précisément la bonne décision.

Cette fille n’était clairement pas qu’une noble dame. Et il y avait aussi quelques autres points qui concernaient Kristina.

« Alors, je suppose que je vais creuser un peu plus, » déclara Kristina.

Avec cette petite remarque, la silhouette de Kristina se fondit lentement dans l’obscurité.

***

« Hein !? Il y a une fille qui me ressemble !? » Mitsuki avait poussé un cri de surprise en entendant la nouvelle.

Ses cheveux égaux, longs jusqu’aux épaules, étaient un peu ébouriffés par endroits. Il était déjà minuit passé, et elle venait d’être réveillée de son sommeil par un appel soudain, donc avoir une telle tête ne pouvait pas être empêché.

Elle était seule dans sa propre chambre, de sorte que certains des boutons sur le devant de son pyjama à motifs de chien étaient défaits, exposant son décolleté doux d’une manière plutôt audacieuse.

Cette fille, Mitsuki Shimoya, était une élève parfaitement ordinaire, en troisième année au collège municipal de la cité d’Hachio. Ordinaire. Mais c’était à une exception près : son ami d’enfance avait été mystérieusement transporté dans un autre monde.

« Oui, c’est vrai, » dit Yuuto. « Et, comme, exactement comme toi. Ça m’a vraiment fait flipper. »

La voix excitée de son ami d’enfance était venue à l’oreille de Mitsuki par le haut-parleur de son smartphone. Ce ton excité montrait à quel point cette autre fille devait lui ressembler.

« C’est un choc pour moi aussi, » dit Mitsuki. « Surtout parce que tu m’as appelée au milieu de la nuit comme ça. »

« Urk ! Euh, désolé. Désolé. Je suppose que tu dormais ? » demanda Yuuto.

« Bien sûr que je le faisais, » répondit Mitsuki d’un air maussade. « Et après tout, le manque de sommeil est le plus grand ennemi de la beauté. »

Normalement, Yuuto l’appelait entre huit et dix heures du soir, et ils avaient déjà terminé leur appel nocturne quelques heures plus tôt. Malgré cela, il l’avait soudainement contactée au milieu de la nuit, et elle avait failli paniquer en pensant que quelque chose de terrible était arrivé.

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