Prologue
Avec sa rune, Skírnir, la Servante Sans Expression, Félicia était une Einherjar possédant à la fois sagesse et force.
Cela dit, en matière de combat, elle n’était pas à la hauteur de Sigrun ou de Skáviðr, et dans le domaine politique, elle était loin d’être aussi compétente que Jörgen ou Linéa. Même en ce qui concernait les magies telles que le galldr et le seiðr, elle ne pouvait pas égaler les capacités d’un Einherjar qui s’y était spécialisé.
Il y avait un certain nombre d’autres compétences qu’elle avait cultivées, mais aucune d’elles n’était au même niveau qu’un spécialiste.
Elle pouvait apprendre à faire presque n’importe quoi, mais elle ne pouvait jamais atteindre la pleine maîtrise de n’importe quoi.
Dans le passé, c’était quelque chose dont elle avait gardé un complexe d’infériorité, mais maintenant c’était quelque chose dont elle était très fière.
Il était vrai que toutes ses diverses connaissances et compétences n’étaient pas à la hauteur de celles des professionnels du métier. En termes plus négatifs, elle n’était rien de plus qu’une amatrice. Cependant, cela la distinguait aussi de ceux qui n’avaient vraiment aucune compréhension.
Elle pourrait avoir une conversation appropriée avec des spécialistes dans n’importe quel domaine. Elle avait ainsi été en mesure de comprendre et de prendre en considération leur situation et leurs besoins particuliers et, dans la plupart des cas, cela lui avait permis d’utiliser sa position pour trouver des points de convergence réalistes.
Son maître bien-aimé, Yuuto Suoh, avait puisé dans les connaissances qu’il appelait « triches » et qui couvraient de nombreuses disciplines différentes. D’autre part, il y avait aussi de nombreux cas où Yuuto lui-même manquait étonnamment de connaissances spécialisées ou même communes.
Et c’était ainsi qu’un soi-disant homme à tout faire et un maître sans pareil comme Félicia était la personne parfaite pour faciliter les relations entre Yuuto et les nombreux experts dans ces domaines.
« Très bien ! Je ferai de mon mieux aujourd’hui aussi ! » Félicia s’était préparée pour le travail de la journée en s’habillant.
Dernièrement, il faisait nettement plus froid, alors elle avait mis à jour sa tenue de prêtresse et l’avait complété avec une robe blanche plus épaisse.
Les vêtements plus chauds montraient moins de peau, et le fait qu’elle ne sentait plus le regard de son Grand Frère assermenté sur sa poitrine la rendait un peu triste (Yuuto faisait peut-être de son mieux pour le cacher, mais les femmes sont très sensibles aux regards des autres, surtout de ceux qui leur étaient chers). Cependant, si elle portait des vêtements plus révélateurs par ce temps et contractait un rhume, elle finissait par lui causer des problèmes, ce qui n’en valait pas du tout la peine.
« En plus, Grand Frère m’a dit que cette tenue me va bien, » se le rappela-t-elle de vive voix.
Alors qu’elle était souriante et gloussante d’un petit rire, elle avait pris une tablette d’argile dans l’énorme pile présente sur son bureau.
Yuuto avait accompli d’incroyables progrès rapides pour le Clan du Loup en tant que patriarche, et maintenant toutes sortes de correspondances arrivaient pour lui de l’intérieur et de l’extérieur des frontières de la nation. Cependant, bon nombre d’entre eux n’étaient pas non plus assez importants pour le déranger directement.
Une partie du travail quotidien de Félicia au petit matin consistait à les lire tous pendant que son frère dormait encore et à choisir ceux qu’elle devait lui transmettre.
« Oh, celle-ci m’est adressée ? Je me demande si c’est une autre demande en mariage, » déclara Félicia.
Félicia recevait fréquemment des demandes officielles de mariage, car c’était une fille aux manières douces et d’une beauté exceptionnelle.
Elle avait déjà quelqu’un à qui elle avait décidé de tout promettre. Donc elle n’avait pas d’autre choix que de refuser poliment et soigneusement chacun d’eux. Mais chaque fois qu’elle rencontrait des membres plus âgés du clan, ils disaient toujours des choses comme : « Je ne peux pas croire que vous soyez déjà si vielle et que n’ayez même pas été mariée. » En se plaignant directement face à elle.
Honnêtement, c’était incroyablement irritant pour elle. En raison de cela, de nos jours, le simple fait d’entendre parler de son âge suffisait à faire ressortir un côté plus inconvenant d’elle.
« ... Hein ? » Au fur et à mesure que Félicia lisait le message qui lui était adressé, son expression devenait de plus en plus tendue.
Son visage devint pâle et son corps commença à trembler.
« Argh !! » Avant de s’en rendre compte, elle avait projeté le message sur le sol de toutes ses forces, le brisant.
Ce n’était qu’une tablette fragile faite d’une fine couche d’argile cuite, donc elle s’était immédiatement brisée en morceaux qui s’étaient dispersés sur le sol.
« Hm ? Tout va bien, Félicia ? » La voix de Yuuto s’éleva depuis la pièce voisine.
Pour des raisons de sécurité, il fallait passer par la chambre de Félicia pour se rendre chez Yuuto. De plus, pour entrer dans la chambre de Félicia, il fallait passer par celle de Sigrun. C’était une défense en béton.
« O-Oui, je vais bien, » déclara-t-elle rapidement. « J’ai simplement laissé tomber l’un des messages. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. T’ai-je réveillé ? Je suis vraiment désolée, Grand Frère. »
« Non, ne t’inquiète pas, j’étais déjà debout, » répondit Yuuto.
« Je vois. C’est un soulagement. » Alors que Félicia expirait en soulagement, elle commença rapidement à nettoyer les fragments du message brisé.
Même si elle savait que Yuuto ne pouvait pas le lire, elle ne voulait pas que quelque chose comme ça reste quelque part où il pourrait le voir, pour un instant de plus.
Ses yeux s’étaient arrêtés une seconde sur l’un des plus gros fragments, et les mots écrits dessus.
« Informez ma sœur cadette bien-aimée, Félicia. Je suis ton frère aîné — . »
Merci pour le chapitre.
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