Acte 4
Partie 2
« Tch, lâches. » Váli, l’un des généraux du Clan de la Panthère, se plaignait grossièrement en regardant les murs de la ville de Sylgr. « Les salauds ne mettront pas un seul orteil derrière le mur. »
Comme le voulaient les ordres du Patriarche Hveðrungr, celui qui dirigerait l’unité d’avant-garde était Váli qui avait également saccagé la ville de Myrkviðr. Il avait poursuivi sa route vers l’est par la suite et tentait maintenant de capturer Sylgr.
« Ces gars sont une proie plus dure, » murmura-t-il.
Le Clan de la Panthère utilisait la même stratégie pour combattre le Clan de la Corne qu’à Myrkviðr.
La stratégie était simple. Tout d’abord, leurs soldats avaient eu carte blanche pour piller la zone autour d’une ville, pour mettre en colère l’ennemi au point de lui faire quitter les murs et lancer une offensive sur un terrain découvert. Les forces du Clan de la Panthère mettaient en déroute l’infanterie ennemie sur le terrain et s’emparaient ensuite de leur forteresse.
Le Clan du Sabot avait commencé par être divertissant, tombant facilement dans le piège, mais maintenant le Clan du Sabot était apparemment une bande de lâches, s’enfermant dans les murs de la ville et refusant d’en sortir.
« Je ne peux pas prendre trop de temps ici, sinon Père va se montrer. » Váli grogna, son visage se tordant d’un profond mécontentement.
C’était peut-être parce qu’ils vivaient dans un environnement naturel si rude, mais l’idéologie méritocratique d’Yggdrasil était encore plus profondément ancrée dans la culture du Clan de la Panthère. Ils croyaient en la loi du « bien fait » et accueillaient chaleureusement toute personne dans leurs rangs, quelle que soit son origine, à condition qu’elle fasse preuve de force et de talents.
De l’autre côté de la médaille, si quelqu’un était perçu comme manquant de capacités, il pouvait s’attendre à être rejeté et à ce qu’un rang ou son statut lui soit retiré.
Malgré les souhaits de Váli, les événements de la réunion du conseil de guerre il y a quelques jours lui étaient revenus à l’esprit. Il avait déjà gagné la colère de son patriarche une fois. Il devait éviter de se déshonorer à nouveau ici, à tout prix.
« On dirait que tu as des problèmes. » Une voix soudaine était venue de juste derrière Váli.
« Gah ! » Tout le corps de Váli frissonna de terreur pendant un instant. Mais quand il avait réalisé le véritable propriétaire de la voix, il avait poussé un long soupir de soulagement.
« C’est quoi ce bordel, Narfi !? Ne me fais pas peur comme ça. »
« Hm hmm, est-ce que je lui ressemblais ? »
Váli lui avait fait un regard glacial. « Ouais, et ça m’a terrifié ! »
« Je te présente mes excuses pour cela. » Le jeune homme à l’allure gentleman appelé Narfi avait souri malicieusement.
« Alors, qu’est-ce que tu veux ? Es-tu venu ici pour te marrer avec le type qui a fait une énorme gaffe et qui n’a même pas pu renverser une ville comme celle-là ? » Peut-être parce qu’il était encore agité, les paroles de Váli étaient plus cyniques et tachées d’insécurité que d’habitude.
Narfi haussa les épaules et sourit ironiquement. « Rassure-toi, je sais aussi bien que toi que cet ennemi ne nous laisse pas faire les choses comme nous le ferions normalement. Apparemment, le patriarche Yuuto du Clan du Loup est un expert en guerre. »
« Oui, et à vrai dire, les voir rester derrière ces murs sans bouger d’un poil me rend fou. J’ai l’impression qu’il voit à travers ce qu’on essaie de faire. » Même avec Myrkviðr, il avait fallu beaucoup de temps pour attirer les troupes de garnisons sur le terrain.
Le Clan de la Panthère utilisait clairement un petit nombre de troupes. Malgré cela, leurs ennemis avaient insisté pour se défendre derrière les murs. C’était bizarre.
C’était dû aux ordres qu’ils avaient reçus d’en haut, c’était la seule façon pour que ça ait du sens.
« Ça me fait flipper d’y penser. » Váli frissonna une fois, grinçant des dents.
Il n’y avait même pas un mois que le Clan de la Panthère avait envahi le territoire du Clan du Sabot près de la rivière Örmt. Et Myrkviðr avait été la première fois qu’ils combattaient le Clan de la Corne.
Alors, comment est-ce arrivé ? Non seulement l’ennemi semblait avoir appris les méthodes du Clan de la Panthère, mais il avait déjà réussi à mettre en place une contre-stratégie ! Cela n’avait absolument aucun sens pour Váli.
Au moins pendant la bataille de Myrkviðr, le général du Clan de la Corne et ses soldats n’avaient pas vraiment compris la puissance terrifiante du Clan de la Panthère, ce qui les avait finalement fait perdre patience et attaquer. Mais la chute de Myrkviðr avait aussi servi à accroître la prudence du commandant ici à Sylgr.
Váli avait l’impression que, même si lui et ses hommes essayaient de les provoquer, les habitants de la ville resteraient enfermés comme une tortue cachée dans sa carapace.
Le tir à l’arc à cheval des combattants du Clan de la Panthère était d’une puissance imbattable contre l’infanterie, mais contre des murs solidement construit, c’était une tout autre histoire. S’ils attaquaient directement, ils seraient simplement repoussés.
« Au moins, ils devraient avoir presque fini de monter ce truc qu’on a utilisé à Nóatún. »
« Ah, donc tu utilises ça. » Narfi hocha la tête avec un air de compréhension.
Quant le Clan de la Panthère avait avancé sur Nóatún, le Clan du Sabot avait fait exactement comme Sylgr le faisait maintenant, verrouillant fermement les portes de la ville et se préparant pour une défense de siège. Peut-être qu’à travers les batailles jusque-là, le Clan du Sabot en était venu à saisir pleinement la terrifiante puissance stratégique de la cavalerie, et la peur s’était enfoncée profondément en eux.
Comme on pouvait s’y attendre de la capitale construite par le souverain suprême d’Álfheimr, Nóatún avait des murs beaucoup plus hauts et encore plus solides qu’une ville comme Sylgr.
Mais, même ces fortifications insurmontables n’avaient pas tenu plus de dix jours contre le patriarche du Clan de la Panthère, Hveðrungr.
« Oui, c’est une bonne chose que nous ayons pu capturer Myrkviðr, » dit Váli. « Grâce à cela, nous avons obtenu tout le matériel dont nous avions besoin. Heh heh heh heh heh, j’aurai cette ville chétive dans la journée. »
***
« La ville de Sylgr est tombée !? » Yuuto haussa sa voix sans réfléchir en recevant la nouvelle de Kristina.
À ce moment précis, les forces du Clan du Loup étaient en train d’avancer vers Sylgr pour la sauver. Le choc pour Yuuto était d’autant plus grand qu’il pensait arriver à temps.
Tandis que Yuuto réfléchissait en silence, digérant douloureusement la nouvelle, Félicia parla à sa place. « Les soldats sont-ils tombés sous les provocations de l’ennemi et ont-ils lancé une attaque, comme ce fut le cas pour Myrkviðr ? »
C’était la seule chose plausible qui me venait à l’esprit.
La force du Clan de la Panthère attaquant Sylgr était une petite avant-garde, seulement quelques centaines. Même si, par hasard, le corps principal de l’armée du Clan de la Panthère s’était joint à eux, il était difficile d’imaginer qu’ils seraient capables de capturer la ville en quelques jours à peine.
Kristina secoua la tête. « Non, il semble que le commandant de Sylgr et ses hommes soient restés en défense à l’intérieur des murs de la ville comme tu l’as ordonné, Père. »
« Franchement... ? » Yuuto ne pouvait pas le croire. « Alors comment Sylgr a-t-elle été capturée ? Je me fiche de la folie de la puissante cavalerie armée, cela ne devrait pas s’appliquer aux remparts fortifiés de la ville... »
« Il semble... que les murs de la ville ont été détruits. Ils ont été bombardés par de grosses pierres venant du ciel. C’est la même méthode que celle que tu as utilisée auparavant, Père..., » répondit Kristina.
« Ce n’est pas possible... ils ont des trébuchets !? » cria Yuuto, incrédule, puis il regarda le ciel lointain en serrant les dents.
Le trébuchet était une arme de siège fixe, un dispositif de catapultage à contrepoids qui utilisait une simple mécanique à levier — « l’effet bascule » — pour lancer un objet lourd comme munition.
Yuuto les avait introduits pour la première fois pendant le siège d’Iárnviðr. À l’époque, Loptr avait été le commandant en second du Clan du Loup.
C’était une arme plus de 2500 ans plus avancée que les standards technologiques actuels de ce monde, et la simple construction en pierre des murs des villes d’Yggdrasil était une défense insignifiante contre sa puissance destructrice écrasante.
« De penser qu’il ait si facilement surmonté la stratégie défensive de Li Mu comme ça..., » Yuuto avait placé une main dans ses cheveux, puis s’était arrêté et avait soupiré.
Du haut des murs solides et hauts, les troupes en défense pouvaient échapper aux assauts rapides et au tir à l’arc mobile de la cavalerie, tout en tirant leurs propres flèches pour menacer et repousser les attaques sur le mur.
Cela avait été la base de la stratégie anti-cavalerie pendant plus d’un millénaire de l’histoire chinoise, mais ici, elle avait été facilement maîtrisée par la technologie du futur, une tricherie insérée dans cette ère.
Merci pour le chapitre.