Acte 6
Partie 5
Un jeune homme qui s’était dit à lui même : il doit y avoir un moyen, et il avait désespérément rejeté l’idée d’abandonner.
Piégé dans une obscurité totale, sans aucune issue en vue, il erra encore et encore à la recherche d’une solution, jusqu’à ce que — .
— enfin, dans les profondeurs de l’esprit de Yuuto, un unique rayon de lumière perça l’obscurité.
« C’est ça ! Il y a un moyen ! » cria-t-il subitement.
Il leva la tête et se rapprocha de Fárbauti avec une expression frénétique.
« Père ! Tout ce dont nous avons besoin, n’est-ce pas qu’un miracle se produise !? » demanda Yuuto.
C’est ainsi que Yuuto avait commencé à révéler le plan qui lui était venu à l’esprit en un éclair d’inspiration.
Il était excité et pensait à voix haute, alors ses paroles étaient maladroites et hésitantes, et l’idée elle-même était étrange, voire saugrenue, si bien que la salle d’audience s’était rapidement mise à s’agiter avec des murmures et des mouvements de malaises.
Toutes les personnes présentes avaient réagi avec scepticisme. Leurs yeux semblaient tous dire : « C’est impossible de faire quelque chose comme ça ! »
« Es-tu vraiment en train de dire que tu peux provoquer un miracle comme celui-là, Yuuto ? » lui demanda Loptr alors que sa voix tremblait.
Le regard de Loptr aurait pu être de l’excitation, ou peut-être même de la peur devant quelque chose d’inconnu.
« Je ne prétends pas seulement que cela va se produire. » Yuuto avait regardé dans les yeux de son frère assermenté et l’avait fermement rassuré. « Je sais que ça arrivera. »
Il avait une confiance absolue en cela. Car si Yggdrasil était bien la Terre dans le passé, alors ce miracle se produirait très certainement comme il l’avait estimé.
« Si nous en faisons usage, nous aurons plus qu’assez de chances de..., » commença Yuuto.
« Ne dis pas de telles bêtises ! » Un cri échauffé tel un rugissement avait coupé les paroles de Yuuto.
Il s’agissait de Bruno.
Il fixa Yuuto avec une expression de rage pure, pratiquement mortelle. « Quelque chose comme ça ne peut pas être créé ou provoqué par de simples mortels ! C’est au-delà de nos connaissances ! Veux-tu insinuer que tu es vraiment plus qu’un simple homme, et que tu es l’Enfant de la Victoire, le Gleipsieg ? »
« C’est bien ça, » Yuuto répondit à la colère de Bruno en le regardant droit dans les yeux. « Si cela veut dire que je peux protéger tout le monde, alors je deviendrai votre maudit Gleipsieg. Je deviendrai ce qu’il faudra pour arriver à mon but. »
Bruno affichait un visage sévère et grimaçant, alors que sa voix était grave et grinçante. Plus que tout, une imposante présence née de la confiance qu’il avait acquise dans sa lutte pour atteindre sa position actuelle émanait de lui en ce moment. C’était ce genre de chose qui avait forcé les autres à se soumettre à sa volonté en cours de sa longue ascension au pouvoir.
Le genre de « professeur démoniaque » sévère et dur à cuire dont tous les enfants de l’école avaient peur n’était rien de plus qu’un chaton par rapport à cet homme se plaçant devant lui.
Un tel homme libérait maintenant toute la puissance de son animosité, ou plutôt de sa haine, directement en plein sur Yuuto. Et pourtant, en ce moment et pour une raison étrange, Yuuto n’avait pas hésité le moins du monde, comme si Bruno n’existait pas pour lui.
Un brasier dans les profondeurs de son cœur brûlait intensément, et cette chaleur incandescente faisait avancer Yuuto toujours plus loin dans sa détermination.
« Si c’est ce qu’il faut pour renverser la situation, alors je ferai même un miracle, » déclara Yuuto avec conviction et d’une voix absolument calme.
« Garde tes absurdités pour toi ! » cria Bruno. « C’est parce que tu as créé le fer que nous nous sommes retrouvés dans une telle situation. Nous avons été trompés dans l’illusion de la victoire, nous avons foncé droit dans les griffes du Clan de la Griffe, et regarde où nous en sommes en ce moment ! Tu n’es pas l’Enfant de la Victoire, morveux. En vérité, tu es l’enfant du démon. Même maintenant, tu as l’intention de nous entraîner dans une autre bataille imprudente que nous ne pouvons pas gagner et de nous voler encore plus de nos vies. Tu crois que je vais me faire avoir encore une fois ? Grand Frère ! Tout le monde ! Vous ne devez pas écouter les illusions de ce gosse inutile ! »
Plusieurs personnes avaient commencé à exprimer leur accord avec les revendications de Bruno.
« O-Oui, c’est bien vrai. C’est vraiment comme Oncle Bruno l’a dit. »
« Je ne pourrais jamais croire qu’un tel miracle puisse se produire. »
Le pouvoir divin du Gleipsieg qui aurait dû apporter la victoire avait déjà été complètement réfuté par la dernière bataille. À ce stade, aucun de ces individus n’avait pu se résoudre à croire les absurdités si évidentes que disait ce jeune homme.
À ce moment-là, ils avaient tous complètement abandonné, se résignant à l’idée que la reddition était leur seul choix. Leurs cœurs avaient été écrasés et ils avaient complètement abandonné la volonté de se battre, prêts à subir les conséquences d’une défaite totale.
« Ces satanés idiots..., » en voyant tout ça se dérouler devant lui, lui rappelant de la scène sur l’agriculture, quelque chose à l’intérieur de Yuuto s’était finalement brisé.
On disait que le nom d’une personne représentait son caractère, et pour le jeune homme nommé Yuuto Suoh, son véritable caractère brillait quand il avait besoin de protéger les êtres chers présents autour de lui.
Il protégerait sans faute ceux qui étaient précieux pour lui, sa famille et cela, quelles que soient les difficultés qu’il devrait surmonter. Il s’agissait de quelque chose qu’il s’était juré de faire au moment où sa mère était décédée après avoir été abandonnée par son père.
S’il laissait le Clan du Loup se rendre, alors il perdrait à nouveau sa famille. Il était déterminé à ne plus jamais laisser cela se reproduire.
Les flammes qui brûlaient dans les profondeurs de son cœur avaient alors surgi de là comme le magma d’un volcan en pleine éruption, bondissant hors de lui.
Alors que sa précieuse famille était placée dans une situation désespérée...
« Si tu ne veux pas gagner, alors tu n’as juste qu’à foutre le camp, la queue entre les jambes ! » déclara Yuuto d’une voix d’une intensité moyenne, inapproprié à l’état d’esprit d’une personne en colère.
— Le Lion, roi de tous les animaux, avait, en ce jour funeste, déchaîné son premier rugissement dans le monde impitoyable d’Yggdrasil.
L’air se trouvant autour du jeune homme avait complètement changé en un instant, se propageant en un instant à toute la pièce.
Tout autour de lui, cela donnait l’impression que l’air était vraiment glacial, acéré et pesant !
Pointant timidement un doigt vers Yuuto, Bruno avait alors tenté de protester d’une voix balbutiante et gémissante. « Que... Qu-Qu-Qu’est-ce que tu-tu-tu crois que tu-tu-tu fais, à me-me-me pa-pa-parler comme —, »
« OH ? » déclara Yuuto, d’une voix toujours calme. « Comme QUOI ? »
« Oek ! » cria Bruno.
Le puissant regard en provenance de Yuuto provoqua alors l’étouffement des mots dans la gorge de Bruno. À l’instant d’après, Bruno tomba sur ses fesses directement là où il se trouvait, comme si ses jambes et son dos avaient été brisés d’un coup.
Son visage était quasi instantanément recouvert d’une riche teinte de pourpre, comme s’il était devenu incapable de respirer correctement, alors qu’il commençait à transpirer de grosses gouttes de sueur. Ses dents claquaient entre elles bruyamment alors que son corps tremblait comme s’il avait été intégralement plongé dans une eau glaciale. Pour couronner le tout, une zone sombre était apparue dans une zone bien spécifique de son pantalon avant qu’un liquide d’origine douteuse ne se répande peu à peu sur le sol. Cependant, aucune des personnes présentes dans la pièce ne s’était moquée de lui pour avoir commis un acte si honteux en cet instant.
Pour tous les autres, Bruno était complètement en dehors de leur champ de vision et il n’existait même plus dans leur esprit.
Chaque paire d’yeux était actuellement fixée, sur le jeune homme dont l’aura intimidante n’était rien de moins qu’écrasante au-delà de l’imaginable, alors que tous étaient véritablement incapables de se détourner de là.
« Y-Yuuto, qu-qu’est-ce que tu es... ? » demanda Loptr d’une voix tremblante alors qu’il était étonné et effrayé par ce qu’il voyait.
Après avoir jeté un coup d’œil dans la direction de son frère assermenté, Yuuto avait serré ses poings avant de parler à nouveau à la foule.
« Je m’assurerai que vous gagnerez. Ceux d’entre vous qui ont quelque chose à protéger peuvent me suivre ! » déclara Yuuto.
Ce qui se faisait entendre n’était pas une voix particulièrement forte. Pour le dire vraiment, elle était plutôt faible et discrète. Mais en elle, tout le monde pouvait clairement sentir un puissant pouvoir, presque comme s’il s’agissait d’une magie, qui semblait exiger que tous ceux qui l’écoutaient obéissent à ce qu’elle disait sans poser de questions.
C’est à peine plus qu’un enfant ! Mais qui est ce garçon ? Tandis que ces pensées traversaient les pensées des différents membres du clan et qu’ils se tenaient figés, une silhouette aux cheveux d’or s’avança devant le jeune homme.
« C’est donc comme je l’ai toujours crue. Après tout, mon intuition ne s’est jamais trompée, » déclara Félicia avec respect. « Tu es l’Enfant de la Victoire, Gleipsieg. Mon corps et mon cœur t’ont déjà été donnés, ainsi que mon Serment du Calice. S’il te plaît, utilise-les comme bon te semble. »
Félicia s’agenouilla devant Yuuto et inclina la tête amplement face à lui. Ses joues étaient légèrement rouges et de petites larmes coulaient de ses yeux sur le sol.
« M-Moi aussi, moi aussi ! »
Poussant les gens se trouvant devant elle, une jeune fille aux cheveux roux leva la main et courut se mettre elle aussi debout devant Yuuto.
« Tu es le genre de gars qui, quand il dit qu’il va faire quelque chose, va toujours jusqu’au bout, et je le sais mieux que quiconque, » déclara Ingrid.
Alors que les coins de sa bouche se redressaient en un sourire, Ingrid avait suivi l’exemple de Félicia et s’était agenouillée devant Yuuto.
« L’Enfant... de la Victoire..., » ces mots, un simple murmure s’échappèrent des lèvres de quelqu’un dans la foule.
En un clin d’œil, l’effet de ces mots s’était répandu dans toute la salle d’audience, jusqu’à ce que tout le monde soit émerveillé, enivré par l’enthousiasme.
« C’est vrai, il doit être celui qui nous a été envoyé par le grand Angrboða, le Gleipsieg ! »
« Quelle présence dominante ! J’avais du mal à croire qu’il n’est encore qu’un enfant ! »
« Renverser une telle épreuve ne sera sûrement rien avec le Gleipsieg de notre côté ! »
« Je serai à vos côtés. »
« Moi aussi ! Je le serai aussi ! »
Dans une harmonie presque parfaite, chacun d’eux chantait des louanges à Yuuto, et tous s’agenouillaient devant lui.
Au milieu d’un sombre désespoir, la simple présence d’une petite lueur d’espoir avait suffi à leur donner envie de s’y accrocher furieusement. Cela faisait clairement partie de la nature humaine.
En ce moment, c’était en effet Yuuto qui était devenu le pilier qui soutenait leurs cœurs.
« Q-Quelle force incroyable ! » murmura Sigrun. « Je n’arrive pas à croire que je l’ai si mal jugé jusqu’à maintenant ! »
Elle était remplie d’un grand mélange d’émotions, et elle serrait les poings fermement, alors que son corps tremblait encore.
La vision qui se déroulait devant elle était incroyable.
Jusqu’à il y a quelques instants à peine, tout le monde dans cette salle d’audience regardait le sol avec un regard de mort en sursis. Mais maintenant, tous les yeux qui levaient les yeux vers Yuuto étaient remplis de l’étincelle de la vie.
Une seule personne, à elle seule, avait remplacé le désespoir écrasant de cet endroit par l’espoir. Ce n’était pas quelque chose qu’une personne ordinaire pouvait tout simplement faire.
« S’il te plaît, laisse-moi aussi te servir. » La guerrière aux cheveux argentés s’avança pour s’agenouiller devant Yuuto. « J’étais totalement aveugle quant à ma façon dont je te jugeais. Si par chance, tu pouvais m’accorder le pardon pour mes nombreux exemples de grossièreté, Grand Frère, j’espère que tu me permettras de me voir offrir ton Serment du Calice, et mon épée. Je crois maintenant fermement que c’est pour te servir que je suis née dans ce monde, et c’est pour cette raison que l’épée a pour la première fois trouvé la main pour la manier. Alors s’il te plaît, utilise ma vie comme tu le souhaiteras. »
Sigrun avait pris son épée se trouvant à sa taille, et toujours dans son fourreau, elle l’avait brandi à ses deux mains, la présentant à Yuuto.
À ce moment précis, les nuages dans le ciel se séparèrent un peu, et un unique rayon de lumière pénétra par la fenêtre.
« Ohhhhhhhh ! » Fárbauti frissonnait, car il était émotionnellement ému comme il ne l’avait jamais été au cours de sa longue vie.
C’était un spectacle divin. Ces trois jeunes filles, elles-mêmes consacrées et choisies par les dieux, s’étaient toutes alignées de leur propre gré pour jurer fidélité à ce jeune homme.
C’était quelque chose qu’il n’aurait jamais pu imaginer quand ils s’étaient rencontrés pour la première fois.
Il avait eu le pressentiment qu’il y avait de l’espoir en lui, mais bien sûr, ce n’était rien de tel à ce qu’il voyait en ce moment.
Il était presque certain que ce jeune homme avait tout simplement manqué d’une grande variété d’expériences et d’épreuves. C’est pourquoi il était tellement facile de mal évaluer son potentiel de croissance.
Des expériences répétées de privations et d’échecs avaient rapidement tempéré et affiné ses qualités étonnantes qui avaient été cachées en lui, et cette crise sans précédent avait finalement forcé leurs réveils.
Les émotions et convictions de Fárbauti s’étaient consolidées en une ferme détermination. Il avait alors pris sa décision.
Il se leva, agitant une main pour attirer l’attention pendant qu’il faisait sa déclaration. « Très bien. C’est donc décidé. Yuuto, je te laisse te charger de tout. Je te confie l’avenir du Clan du Loup, mon fils ! »
Merci pour le chapitre.
Whouuuuuah!!!!?
Trop trop bien ce chapitre !!!!! ??
Merci pour la traduction !
Hmm… Je ne sais pas… La bêtise mentionnée plutôt m’inquiète toujours… En tout cas, merci pour le chap ^^
S’agit il ici de »magie » ou Yuuto était il un Tribun qui s’ignorait ?
Non, aucune magie présente. Il s’agit de quelque chose qu’il aurait même pu faire dans son ancien monde si il avait subit les mêmes difficultés.
Entendu. Il aurait donc fait un bon politicien ou syndicaliste dans notre monde avec sa manière de faire de faire des discours 😉
Merci pour le chapitre !