Acte 6
Partie 11
Les portes de la ville, où se rassemblaient normalement les habitants et les marchands avec leurs charrettes tirées par des chevaux, étaient actuellement inondées de soldats endiablés, brandissant leurs armes et poussant des cris de guerre.
Le Clan du Loup n’était pas resté les bras croisés. Ils essayaient de faire tout ce qu’ils pouvaient pour repousser l’ennemi, afin de pouvoir refermer les portes une fois de plus.
La zone sous la porte elle-même était devenue une zone de chaos où il était difficile de distinguer l’ami de l’ennemi.
Levant l’épée en l’air, le commandant en second du Clan du Loup appela ses hommes. « Repoussez-les hors de la ville ! Si nous tenons encore un peu plus longtemps, le Gleipsieg fera un miracle pour nous ! »
Les cheveux normalement bien entretenus de Loptr étaient effilochés et emmêlés. Son visage normalement beau était taché, avec des poches épaisses sous les yeux, qui étaient eux-mêmes injectés de sang et d’apparences diaboliques.
« Commandant en second Loptr ! » cria un soldat ennemi. « Je vais prendre ta tête ! »
« Comme si je te laisserais l’avoir ! » Loptr avait déplacé l’épée de son ennemi avec une frappe vers le bas, puis avait décapité l’homme avec le coup suivant.
Les combats avançaient et le Clan du Loup avait l’avantage.
La route qui passait par la porte n’était assez large que pour tout au plus dix hommes, de sorte que le nombre d’ennemis qui pouvait passer était limité.
Dans un combat à force et nombre égaux, le Clan du Loup et son équipement de fer pourraient submerger leurs adversaires.
Cependant...
« Merde, c’est sans fin avec eux, » grogna Loptr.
Bien qu’ils aient abattu ennemi après ennemi, il y en avait encore plus qui étaient derrière, poussant pour les remplacer sans fin. Après tout, il n’avait pas été si facile de surmonter la différence entre les nombres.
Et pour empirer les choses, les soldats du Clan du Loup étaient plus usés. S’il ne s’agissait que d’une courte bataille, ils pourraient stimuler leur corps fatigué un peu plus longtemps, mais au fur et à mesure que les combats avançaient, ils ne seraient pas capables de tenir le coup.
Alors qu’il regardait un combattant du Clan du Loup succomber à ses blessures et tomber, Loptr ne pouvait que grincer des dents avec frustration. « Merde ! À ce rythme-là... »
Clang !
« Quoi —, » tout à l’heure, son adversaire avait bloqué son attaque à l’épée.
Même après de multiples affrontements, l’épée de l’homme ne montrait aucun signe de rupture.
Mais c’était tout à fait naturel. Son ennemi tenait après tout aussi une épée de fer.
« Espèce de salauds ! » Loptr avait déclenché une série d’attaques qui avaient coincé son adversaire, culminant avec une frappe qui l’avait finalement fait tomber.
Loptr était l’un des meilleurs combattants du Clan du Loup. Son adversaire n’avait en aucun cas été faible, mais même avec une arme de fer, un tel homme n’était toujours pas à la hauteur de Loptr.
Mais malheureusement, il n’était pas le seul soldat à avoir une épée de fer. De plus en plus de soldats armés d’épées de fer commencèrent à se déverser à travers la porte.
« Espèces de monstres ! » Loptr avait craché des mots avec haine. « Vous ne pouviez pas vous contenter de tuer mes frères du Clan du Loup, vous deviez aussi souiller leurs cadavres ! »
Les épées actuellement entre les mains de ses ennemis appartenaient à l’origine au Clan du Loup. Loptr pouvait les reconnaître par leur forme et leur design.
Il n’y avait qu’une seule possibilité. L’ennemi avait volé les cadavres des combattants du Clan du Loup après la bataille précédente.
« Urraaagghhh! »
C’était impardonnable pour lui d’un point de vue émotionnel, mais plus important encore, en tant que commandant sur le terrain, il avait vu que la menace était claire et mortelle.
Avec la différence dans leur équipement égalisé, un combat entre les troupes ennemies bien reposées et nourries et ses propres combattants blessés et fatigués n’était guère égalé.
Et la situation était sur le point de s’aggraver.
« Loptr ! Je te ferais remboursé pour mon œil gauche, ici et maintenant ! » rugit une voix familière, et une hache de fer bien connu s’élança vers lui.
Loptr sauta à reculons par réflexe, et fit claquer sa langue en raison de la frustration. « Tch ! Mundilfäri ! C’est mauvais, ça. »
Avec l’arrivée du plus grand guerrier du Clan de la Griffe, la situation était vraiment trop difficile pour lui.
« Et si on reprenait là où on s’était arrêtés l’autre jour — ! » s’exclama Mundilfäri.
« Kh ! Ngah ! »
Contre les puissantes attaques de la hache de fer de Mundilfäri, c’était tout ce que Loptr pouvait faire pour se défendre, et il fut poussé vers l’arrière.
Son corps semblait pesant, et il n’arrivait pas à suivre les attaques à venir. Il s’était trop fatigué à force de se battre pendant si longtemps. Il rassemblait tout ce qui était en lui pour se maintenir debout.
« Hé, hé, qu’est-ce qui ne va pas !? » cria Mundilfäri. « Tu n’es pas aussi agile que la dernière fois ! »
Non seulement c’était vrai, mais les attaques de Mundilfäri étaient encore plus fortes que la dernière fois qu’ils s’étaient battus.
Loptr se souvint un peu de ce que Skáviðr lui avait dit sur Mundilfäri.
Sa rune Alsviðr, le Cheval qui Répond à son Cavalier, permettait d’augmenter sa force physique lorsqu’il allait affronter un ennemi avec lequel il avait des relations personnelles ou profondes.
La raison pour laquelle il continuait à pouvoir se battre avec autant de force et de succès en tant que le grand héros du Clan de la Griffe était que ses adversaires étaient haïs en tant que membres du Clan du Loup, ceux qui avaient tué ses frères, et cette connexion alimentait son pouvoir.
Et maintenant, son adversaire était Loptr, l’homme maudit qui l’avait battu une fois et lui avait enlevé l’œil gauche.
L’augmentation de la force de cette connexion avait été plus que suffisante pour compenser la perte de son œil.
D’un autre côté, si Loptr pouvait trouver un moyen de le frapper de cet angle mort, il pourrait tomber facilement. Mais il serait impossible pour l’instant de trouver une ouverture dans la succession furieuse d’attaques.
« Rrraagh ! » rugit Mundilfäri.
Et enfin, l’une des attaques de Mundilfäri avait entaillé le bras gauche de Loptr d’une coupure peu profonde.
« Gwah ! » cria Loptr.
Une autre attaque horizontale s’était produite juste après elle.
Loptr l’avait bloquée avec son épée et avait essayé de tenir le terrain, mais c’est alors qu’un jet de sang frais avait jailli de sa blessure au bras, et la force l’avait soudainement quitté.
C’était suffisant pour faire pencher la balance, et Loptr avait été déséquilibré.
« Je te tiens !! » Mundilfäri n’avait pas manqué l’ouverture. Il avait mis toute sa force dans une attaque vers son adversaire.
Loptr avait fait un coup de pied au sol au dernier moment, et avait réussi à sauter en arrière, mais...
« Gahh... ! » Avec un cri d’agonie, le sang était sorti d’une blessure sur le visage de Loptr.
Voyant cela, un sourire sinistre se répandit sur le visage de Mundilfäri — .
L’instant d’après, une entaille était présente sur la joue de Mundilfäri.
« Haah... haaah... Je... Je ne mourrai pas ici. Pas sans avoir d’abord réalisé mon rêve... ! » Respirant difficilement, Loptr prépara à nouveau son épée.
Une ligne cramoisie brillante parcourait de son front jusqu’à sa joue. La dernière attaque de Mundilfäri l’avait gravée en lui.
« Hmph, je n’ai pas coupé assez profondément. » En léchant le sang de la coupure sur sa propre joue, Mundilfäri avait laissé échapper un rire sauvage. « Mais tu ne peux pas me battre maintenant ! »
Avec ce cri, il déclencha une autre charge rapide.
L’épée de Loptr s’était affaissée. La douleur de son bras gauche l’affaiblissant, il avait été incapable de tenir son épée avec seulement sa main droite.
« C’est le moment. » Mundilfäri leva sa hache et la descendit vers le cou de Loptr — .
« Je ne te laisserai pas faire ! » cria une voix féminine un peu lointaine.
— mais à la dernière seconde, quelque chose de noir s’était enroulé autour de ses bras, les retenant en arrière.
Mundilfäri se tourna vers une jeune fille aux cheveux d’or, tirant désespérément avec toute sa force sur le fouet dans sa main. Son visage ressemblait beaucoup à celui du commandant en second qu’il avait combattu. Il semblait qu’ils étaient de la même famille.
La frénésie de la bataille avait fait ressortir la nature sombre et bestiale de son cœur. Il serait peut-être bon de tuer cette jeune fille devant son ennemi détesté, aussi cruellement que possible.
Alors qu’il pensait cela, il entendit les cris de ses camarades soldats, l’un après l’autre.
« Guaaah! »
« Gyaaah! »
« El-Elle est quoi !? »
Une tornade de couleur argentée déchirait les hommes de Mundilfäri en se dirigeant vers l’endroit où il se tenait.
En plus de recevoir les armes de fer volées, ces hommes étaient les soldats d’élite du Clan de la Griffe. Pourtant, ils n’étaient pas de taille face à elle.
« Mundilfäri ! Moi, Sigrun, je réclamerai ta tête pourrie ! » hurla la tornade argentée.
« Hmph, une petite fille à peine sortit des couches, » ricana Mundilfäri. « Comme c’est impudent ! »
Alors que la jeune fille aux cheveux argentés fonçait droit sur lui, Mundilfäri releva sa hache et se prépara à affronter son attaque.
C’était la première fois qu’il la voyait sur le champ de bataille, mais il avait entendu parler d’elle. C’était une fille à l’apparence belle et délicate, une louve dangereuse qui avait dévoré la vie de plusieurs de ses camarades guerriers du Clan de la Griffe.
Malgré cela, elle était censée être encore beaucoup plus faible que le Mánagarmr. Si elle avait été la plus forte, elle lui aurait après tout déjà pris le titre.
Mundilfäri en conclut qu’elle n’était pas de taille face à lui, car il était lui-même un rival à égalité avec le Mánagarmr.
« N-Non, Sigrun, reste en arrière ! Tu n’es pas prête à l’affronter... »
Les cris douloureux de Loptr étaient une douce musique pour les oreilles de Mundilfäri. Mais il était déjà trop tard. Mundilfäri avait déjà décidé que cette fille serait sa proie.
Il versa chaque once de sa force et de son esprit dans une grande frappe, et faisait descendre sa hache.
Son adversaire avait également déplacé son épée pour faire face à son attaque, mais bien qu’elle puisse être Einherjar, elle n’était encore qu’une fille aux bras minces. Elle avait été projetée vers l’arrière par la force derrière la frappe de Mundilfäri.
Après l’affrontement, la jeune fille aux cheveux argentés avait planté ses pieds dans le sol et avait fait claquer sa langue en s’irritant. « Tch, donc une unique frappe ne va pas marcher sur une grosse hache comme ça... »
Son expression était beaucoup trop calme et composée pour quelqu’un qui venait d’être soufflé à l’arrière par une seule attaque.
C’est alors que Mundilfäri regarda son arme et cria de surprise. « Quoi — ? »
Une énorme entaille avait été pratiquée dans la lame de la hache, et un certain nombre de petites fissures s’en étaient détachées.
« C-C’est quoi, cette arme ? » demanda Mundilfäri.
Même si l’arme de Mundilfäri avait été gravement endommagée, l’épée de la jeune fille ne présentait pas une seule égratignure.
Un motif de lignes blanches comme des vagues parcourait le côté de sa lame sans tache, et elle continuait à scintiller d’un étrange reflet, presque comme si elle venait d’un autre monde.
En regardant de plus près ses camarades tombés face à elle, chacune de leurs épées de fer avait été brisée.
Le fer était censé être un métal divin, un don qui tombait du ciel. Quel genre d’arme pourrait être plus puissante ?
« Hehe. Mon Grand Frère, l’Enfant de la Victoire Gleipsieg, me l’a gracieusement prêtée. Peut-être que l’Épée de la Victoire serait un bon nom pour elle ! » déclara Sigrun.
Sigrun avait positionné son épée puis elle avait chargé vers lui à la vitesse d’un coup de vent.
Sigrun s’était toujours considérée comme une épée. Elle avait passé toute sa vie à se dévouer à aiguiser ses compétences, son tranchant. Et enfin, elle avait rencontré un maître qu’elle estimait digne de la manier.
Ce Grand Frère assermenté qu’elle respectait tant lui avait dit de retenir l’ennemi à tout prix. Par conséquent, il ne lui restait rien d’autre à faire que de se dépêcher d’exécuter cet ordre.
« Khh ! » cria Mundilfäri.
Tandis que Sigrun brandissait l’épée en effectuant un coup d’épée aussi rapide qu’un éclair de lumière, Mundilfäri l’affronta avec sa hache. Mais elle était déjà fissurée et endommagée. Les fissures avaient parcouru le haut de la hache et, incapable de résister aux contraintes de l’impact, elle s’était brisée en deux et s’était effondrée sur le sol.
Et avec le coup de grâce suivant, l’épée de Sigrun avait entaillé Mundilfäri, de son épaule à son abdomen.
« Guah... ! » cria-t-il.
Son corps de la taille d’un ours n’était pas assez solide pour résister à une telle attaque. Du sang s’était répandu de la blessure alors qu’il tombait vers l’arrière, s’écrasant sur le sol.
À cet instant, dans le pays lointain d’Yggdrasil, le nihontou avait fait ses débuts remarqués.
Les soldats du Clan du Loup, tout près, criaient de joie et la couleur de la vie commençait à revenir sur leurs visages.
« Elle l’a fait ! Elle l’a bien fait !! Lady Sigrun a vaincu le plus grand guerrier du Clan de la Griffe ! »
« On peut gagner ce combat ! »
« Très bien, tout le monde, rassemblez-vous derrière Lady Sigrun ! »
« L’“Épée de la Victoire”... quelle arme incroyable. » Loptr serra le poing fermement. « Dire qu’il a même fait quelque chose comme ça... ! »
La chose la plus importante dans une bataille était le moral.
Pendant de nombreuses années, Mundilfäri avait été une menace pour le Clan du Loup dans son rôle de guerrier le plus puissant du Clan de la Griffe. Même le Mánagarmr n’avait pas réussi à le vaincre.
Et maintenant, cette belle jeune guerrière, âgée de moins de vingt ans, l’avait battu d’une manière stupéfiante. Les revers et les défaites allaient doubler ou tripler la fatigue d’un soldat, mais la victoire la faisait disparaître.
Sa victoire écrasante avait fait une telle impression que tous les soldats du Clan du Loup présents pensaient maintenant à quelque chose dans le genre : Avec ce monstre hors du chemin, et avec elle de notre côté, nous pouvons les repousser !
Sigrun semblait encore avoir beaucoup d’endurance. Pour les soldats qui l’entouraient, elle ressemblait presque à une déesse de la bataille. Si elle se tenait devant et les menait au combat, ils pourraient être capables de repousser les forces ennemies malgré leur nombre et de fermer les portes.
Soudain, de la porte Est, d’autres cris de guerre retentirent.
« Uooooooohhhhhhhhhhhh !! »
C’était clairement différent des cris qu’ils avaient entendus jusqu’à la nuit précédente, alors que l’ennemi ne faisait que les tester. Ils étaient plus bruyants et plus chaotiques.
« C-C’est impossible ! La porte Est s’est-elle ouverte ? » Loptr frémit à l’idée de ce scénario catastrophe.
Avec la victoire de Sigrun, les soldats avaient retrouvé un peu de leur moral, mais ce n’était encore qu’une faible quantité. Le Clan du Loup n’avait pas les effectifs restants ni la force de défendre à la fois la porte principale et la porte est.
Le soulagement des soldats du Clan du Loup à vaincre un ennemi puissant n’avait duré qu’un bref instant, puis Iárnviðr avait connu sa crise la plus désespérée.
Merci pour le chapitre.
He ben ! C’est de pire en pire ! Merci pour le chap en tout cas ^^
Premier test du katana réussi 🙂
Merci pour le chapitre !
Merci pour le chapitre !