Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 3 – Chapitre 5 – Partie 1

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Acte 5

Partie 1

« Je suis désolé de vous avoir fait attendre. » Une voix grave et gutturale résonnait solennellement dans toute la salle de rituel. « J’annonce par la présente à tous ceux qui se sont réunis en cette occasion propice que j’aurai maintenant l’honneur de diriger la cérémonie qui lie parent et enfant par le calice sacré de l’allégeance. »

Le propriétaire de la voix était un homme qui avait l’air d’être dans la quarantaine. Il avait un visage féroce, avec des cicatrices sur le front et les joues.

Il ne portait pas de rune, mais apparemment il avait fait preuve d’un courage au combat égal à n’importe quel Einherjar, et sa disposition honnête et inébranlable lui avait valu un profond respect parmi ses pairs. Ce grand homme s’était vu confier le poste d’assistant du commandant en second, faisant de lui le deuxième officier le plus haut gradé du Clan du Loup.

Yuuto scruta la salle du rituel, remplie de tous les officiers éminents du clan. Chacun d’eux portait une certaine sévérité en eux, ce à quoi on pouvait s’attendre de ceux qui avaient dû gagner leur place dans leur poste actuel seulement par leur travail acharné et les résultats obtenus.

L’ambiance dans la salle était sérieuse et tendue.

« Je suis l’assistant du commandant en second Jörgen, et je jouerai le rôle de médiateur pour ce rite. Sur l’ordre de mon père, le septième patriarche du Clan du Loup, Fárbauti, bien que je puisse manquer de la dignité qui convient à un homme pour une si grande tâche, je m’engage ici à bien faire mon devoir et je m’acquitterai sur ma vie même en lui rendant de si grands services. »

Il n’y en avait aucune personne présente ici qui ne le connaissait pas déjà, mais ce genre d’introduction faisait partie de l’étiquette appropriée.

Le médiateur — une sorte d’« intermédiaire » qui était la personne qui s’occupait du calice pour les deux personnes présentes à la cérémonie — était un rôle qui, à Yggdrasil, était habituellement rempli par le goði, les prêtres impériaux et les représentants directs du divin empereur, dans les cas où les deux parties étaient patriarches du clan. Cependant, comme ce rite était une affaire interne à un seul clan, Jörgen pouvait servir dans ce rôle.

« Yuuto, par ici, » l’homme l’avait fait venir vers lui.

« Oui, Sire, » Yuuto se leva lorsque Jörgen l’appela et se dirigea vers la zone devant un autel où se trouvait un feu ardent, et où le patriarche était déjà assis. Yuuto s’assit en face de lui.

Conquis par l’atmosphère intense et oppressante de la salle du rituel, le cœur de Yuuto battait avec force. Il était trop tard pour s’en inquiéter maintenant, mais il craignait toujours de faire erreur ou de faire une gaffe au cours de la cérémonie.

Jörgen se pencha vers le vieux patriarche aux cheveux blancs. « Je vous le demande humblement, mon père, Fárbauti. Votre désir de faire de l’honorable Yuuto votre enfant assermenté reste-t-il inchangé ? »

Fárbauti tourna son regard vers Yuuto, il le déplaça vers Jörgen et hocha la tête.

« Oui, il est inchangé. Je ferai de Yuuto mon enfant assermenté, et je m’occuperai bien de lui, » déclara Jörgen.

« Alors je vous le demande humblement, Fárbauti, mon père. Montrez au jeune homme, qui deviendra votre enfant Jörgen, le vin sacré qu’il boira. S’il vous plaît ! » déclara Jörgen.

Tandis que Jörgen faisait un geste de la main, Fárbauti avait saisi les deux extrémités du calice de ses mains, le soulevant doucement dans les airs. Suivant la coutume, il l’avait ensuite placée sur ses lèvres et en avait pris trois gorgées précises et profondes d’elle, avant de la remettre à sa place sur l’autel.

« Je vais maintenant recevoir le calice de votre part. » Jörgen s’avança et, après un salut, prit le Calice du Parent dans ses mains et versa une partie du vin sacré qu’il contenait dans le Calice de l’Enfant qui avait été préparé à proximité.

Une fois que Jörgen eut fini de verser, il rendit le Calice du Parent, puis sortit un petit poignard gainé et le tendit avec respect à Fárbauti.

« Je demanderai encore une fois à vous Fárbauti, mon père, » dit Jörgen. « Ce calice, bien qu’il puisse être donné dans des circonstances inhabituelles, sera celui de votre enfant assermenté. Je vous demande humblement de donner à l’honorable Yuuto le fier sang de notre clan, afin qu’il hérite de la volonté et de l’histoire des luttes et des souffrances de nos ancêtres, afin que vous le guidiez pour devenir un membre exemplaire de notre clan. »

« Je vais le faire, » Fárbauti avait pris le poignard et l’avait sorti de sa gaine dans un mouvement exagéré. Son éclat argenté terne le marquait comme étant fait de fer, le métal qui, à Yggdrasil, était lui-même un cadeau des cieux.

Sans changer d’expression, le vieux patriarche plaça la lame du poignard sur son propre index. Il tendit le doigt et laissa tomber les gouttes de sang pourpre dans le Calice de l’Enfant.

Un enfant portait le sang de ses parents. Ainsi, en faisant mélanger le sang du parent assermenté avec le vin sacré, puis en l’absorbant, on devenait un enfant en nom et en corps.

« Je vous remercie humblement. » Jörgen fit un autre salut. Avec des mouvements précis, il déplaça le plateau sur lequel était placée la coupe jusqu’à Yuuto, puis il se redressa et parla. « Je vous demande humblement, Yuuto, qui deviendra un enfant assermenté. S’il vous plaît, prenez le calice dans vos mains. »

« Oui, Sire, » déclara Yuuto.

C’était enfin le tour de Yuuto. Les erreurs ne seraient pas pardonnées. Yuuto avait saisi les deux extrémités du calice et le souleva soigneusement jusqu’à ce qu’il soit au niveau de ses épaules. Puis il avait attendu.

« Une fois que vous aurez amplement bu dans ce calice, vous deviendrez l’enfant assermenté de mon père, Fárbauti. Bien que vous deviez certainement vous y préparer pleinement, je vous rappelle qu’une fois que vous l’avez déclaré comme votre parent, ces mots seront absolus et contraignants. Il peut y avoir des moments où, par exemple, quelque chose est blanc, et pourtant votre parent déclare qu’il est noir. Dans de tels cas, vous devez faire disparaître toutes les autres pensées et aussi accepter qu’elles soient noires. »

Dans le monde d’Yggdrasil, un parent par le Serment du Calice était une existence d’autorité absolue pour ses enfants assermentés.

On ne pouvait pas choisir le parent ou les frères et sœurs lorsqu’on naissait, mais on pouvait librement choisir le parent de son clan par le Serment du Calice. Une fois ce choix fait librement, on était tenu de consacrer une loyauté absolue de cœur et d’âme, à son parent assermenté. C’était la coutume dans ce monde.

« Si, malgré cela, vous avez toujours la résolution de vous engager pour ce clan, et envers notre père, buvez trois fois dans ce calice, asséchez-le, et prenez le vin sacré en vous. S’il vous plaît ! » déclara Jörgen.

Tout en agissant comme le disaient les paroles de Jörgen, Yuuto avait suivi les mouvements habituels, buvant le vin du Calice.

Yuuto avait ainsi directement échangé le Serment du Calice avec Fárbauti, et était passé du statut d’invité du Clan du Loup à celui de membre à part entière, et d’enfant subordonné de son patriarche.

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5 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. Merci pour le chap ^^

  3. Merci pour le chapitre !

  4. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour le chapitre.

  5. Merci pour le chapitre !!

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