Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 12 – Chapitre 1 – Partie 6

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Chapitre 1 : Acte 1

Partie 6

Elle était encore jeune, et son apparence juvénile combinée à sa façon de réagir la faisait paraître à première vue moins que fiable pour un officier de clan, mais la réalité était qu’elle était un général compétent et une combattante puissante. Comme Bára, Erna faisait partie des Demoiselles des Vagues, une unité d’élite de neuf Einherjars qui servait directement sous les ordres de Fagrahvél, à la fois comme garde personnelle et comme unité de forces spéciales, et la rumeur disait que l’habileté d’Erna à l’épée la plaçait comme peut-être la plus forte parmi ses membres.

« Bien, en mettant cela de côté, qu’allez-vous faire, mon seigneur ? » Bára avait demandé à Fagrahvél, ignorant complètement la colère d’Erna.

Erna semblait avoir encore beaucoup de choses à dire, mais elle était consciente de l’endroit où ils se trouvaient, alors elle s’était mordu la lèvre et était restée silencieuse.

Bien sûr, c’était exactement comme ça que Bára voulait que les choses se passent. Bára parlait d’une manière douce et détendue, mais elle avait en fait un côté assez sadique.

« Eh bien, plus que tout, nous devons capturer le château de Dauwe avant que les renforts de l’ennemi n’arrivent, » dit Fagrahvél.

« Mais nous n’avons plus beaucoup de temps pour faire ça. »

Bára avait dit une chose importante.

Les messages avertissant de leur attaque étaient sûrement déjà en route vers la capitale du Clan de l’Acier, Gimlé.

La distance entre Dauwe et Gimlé était d’environ deux cents lieues (environ quatre cents kilomètres), et la marche moyenne de l’armée couvrait environ dix lieues en un jour.

Le gros de l’armée du Clan de l’Acier se trouvait actuellement en dehors de ses frontières, sur le territoire du Clan de la Foudre. En considérant cela, il faudrait environ trente jours, à peu près, pour que leur force arrive dans cette zone.

Le château de Dauwe était réputé pour être une forteresse imprenable, et même avec une armée forte de trente mille hommes, le capturer en moins d’un mois n’allait pas être facile, loin de là.

« Il est peut-être tôt, mais je vais utiliser mon atout maintenant. »

« … À en juger par ces yeux, je ne peux pas vous persuader du contraire, n’est-ce pas ? »

« En effet. J’ai pris ma décision. »

« Mais, si vous utilisez ça avec trente mille soldats, vous pourriez mourir, vous savez ? »

Il y avait de l’inquiétude dans la voix de Bára. Mais Fagrahvél avait simplement gloussé et haussé les épaules sans se soucier de rien.

« Héhé. J’ai renoncé à ma vie il y a longtemps lorsque je l’ai consacrée au service de Sa Majesté. De plus, mon ennemi dans cette guerre est censé être la réincarnation d’un dieu de la guerre, n’est-ce pas ? Dans ce cas, je ne peux pas me permettre de ne pas utiliser tout ce que j’ai. »

« Père ! L’ennemi attaque ! On dirait qu’ils vont essayer de nous prendre par la force brute ! »

« Oh, vraiment ? »

Les yeux du vieil homme s’étaient ouverts. Il s’était assoupi sur sa chaise.

Son corps était maigre et dépenaillé, ses cheveux étaient complètement blancs, et son visage et ses mains étaient couverts de rides.

« Je n’arrive même pas à faire une sieste », grommela-t-il pour lui-même. Il s’était servi d’une canne pour se hisser sur ses pieds.

Après avoir atteint 70 ans, les muscles de ses jambes et de son dos avaient commencé à s’affaiblir, et il avait maintenant besoin de sa canne pour marcher régulièrement.

Il était sûr que lorsque les gens le regardaient pour la première fois, leur impression était probablement quelque chose du genre « Il est plus petit que je ne le pensais ». « Il était déjà petit au départ, et maintenant que son dos était souvent voûté, il semblait encore plus petit. »

Cependant, ce vieil homme à l’air faible était en fait le général qui avait semé la terreur dans le cœur des patriarches des Clans des Nuages et des Crocs, sa renommée étant telle que tous les habitants de la région de Bifröst connaissaient son nom : Hrymr.

« Je suis étonné que vous puissiez même dormir à un moment pareil, Père. Je n’arrive même pas à garder ma nourriture en moi. »

« Hmm ? Comment peux-tu dire quelque chose d’aussi pathétique ? Tu es celui qui prendra ma place un jour, et ce sera ton travail de protéger cette forteresse. J’ai peur pour l’avenir si tu parles comme ça. »

« Pardonnez-moi, Père. Mais aussi honteux que cela puisse être, après avoir vu leur énorme armée… »

« Hoh hoh hoh ! » Le vieil homme gloussa. « Peu importe qu’ils aient trente mille hommes ou cinquante mille. Ils ne prendront pas le château de Dauwe. »

Depuis l’âge de trente ans, Hrymr protégeait cet endroit depuis quarante ans maintenant, repoussant ceux qui le menacent un nombre incalculable de fois.

Le château de Dauwe était situé entre plusieurs barrières naturelles. Les invasions venant du sud étaient contrariées par des rivières aux courants puissants et violents, et au nord s’élevaient les montagnes Himinbjörg, dont les sommets étaient si hauts qu’ils étaient connus sous le nom de « toit d’Yggdrasil ».

Puisque la zone à l’ouest était le territoire du Clan du Frêne, attaquer par l’est était la seule avenue restante pour les envahisseurs — et cette restriction signifiait qu’une armée massive ne pouvait pas tirer parti de sa taille.

Pendant ce temps, le Clan du Frêne pouvait concentrer toutes ses forces pour défendre son côté est.

Peu importe la force de cette armée ennemie, Hrymr ne voyait pas la nécessité de la craindre.

« Envoie un message aux archers. Dis-leur de faire pleuvoir une grêle de flèches sur nos ennemis, chacun d’entre eux ! Il n’y a pas de meilleure occasion que maintenant pour tester la puissance de ces “arcs composites” que le Clan de l’Acier nous a fournis », ajouta-t-il avec un sourire satisfait.

On savait depuis longtemps que le château de Dauwe deviendrait un champ de bataille lorsque l’Alliance du Clan Anti-Acier attaquerait, ils avaient donc pu faire tous les préparatifs nécessaires.

« Maintenant, je suppose que je vais aller voir par moi-même. » S’appuyant sur sa canne, Hrymr se dirigea vers les remparts à pas lents et délibérés.

À son âge, monter des escaliers était une tâche plutôt ardue en soi.

Il avait tout de même réussi à se frayer un chemin jusqu’en haut, et alors qu’il se tenait sur les remparts et balayait du regard les soldats ennemis qui avançaient, un souffle impressionné s’était échappé de ses lèvres.

« Eh bien, regardez ça ! Ils tirent beaucoup plus loin ! » Il s’exclama, la voix étourdie, d’une manière qui ne correspondait pas à ce que l’on attendrait d’un homme de son âge.

Comme expliqué précédemment, il avait passé quarante ans de sa vie à protéger cette forteresse. La distance que parcouraient les flèches tirées du haut de ces remparts était depuis longtemps gravée dans sa mémoire.

Les flèches lancées par ces nouveaux modèles d’arcs volaient facilement bien au-delà de cette portée.

« Nous avons mis la main sur quelque chose de vraiment bien, ici. » Hrymr se caressa la barbe, hochant la tête et souriant de satisfaction. « Au cas où ce ne serait qu’un prêt, nous ferions mieux d’en mettre de côté un, afin de le démonter et d’apprendre à le fabriquer nous-mêmes. »

Cela améliorerait de façon permanente les armes des soldats ici, rendant le château de Dauwe encore plus imperméable aux attaques.

Pendant que Hrymr réfléchissait à ces plans, les archers du château de Dauwe continuaient à tirer des volées de flèches dans la masse de l’infanterie ennemie qui arrivait.

Cependant, alors que les soldats étaient frappés par les flèches et tombaient, les uns après les autres, ceux qui étaient encore debout piétinaient simplement les cadavres frais de leurs alliés et continuaient leur charge sans relâche.

« Qu’est-ce que c’est ? J’avais supposé que cette attaque n’était rien de plus qu’un simple coup d’ouverture pour tâter le terrain avec nous… Se pourrait-il qu’ils essaient vraiment de s’introduire pour de bon, dès le début ? »

Dauwe se trouvait dans une région entourée de portions du Toit d’Yggdrasil, les trois plus hautes chaînes de montagnes du royaume. La géographie de cette région était rude et complexe, pleine de montagnes et de vallées. Actuellement, si l’on voulait pénétrer dans la région occidentale de Bifröst depuis Ásgarðr ou Miðgarðr, on ne pouvait le faire qu’en passant par le passage gardé par cette forteresse.

En d’autres termes, il n’y avait aucun moyen pour l’armée ennemie de contourner et d’atteindre le côté ouest du château de Dauwe, et donc aucun moyen de l’encercler et de la couper. Dauwe pouvait compter sur le fait d’être libre de recevoir des fournitures en provenance du territoire allié.

L’endroit était difficile à attaquer, facile à défendre, et les stratégies de siège à long terme établies n’étaient pas efficaces ici.

C’est ce qui en faisait une forteresse imprenable. En effet, si l’on se demandait pourquoi une petite nation comme le Clan du Frêne avait jusqu’à ce jour toujours échappé à la destruction par ses puissants voisins, les Clans de l’Épée, des Crocs et des Nuages, c’était bien sûr en partie grâce au leadership et aux efforts inlassables de Hrymr, mais la majeure partie de sa survie était due aux incroyables avantages offerts par sa situation géographique.

« Eh bien, je suis sûr que, de leur point de vue, ils veulent absolument prendre le contrôle de cet endroit avant que les renforts du Clan de l’Acier n’arrivent. Donc, ils n’ont plus beaucoup de temps à perdre. Néanmoins, cela montre qu’ils m’ont vraiment sous-estimé. »

Les yeux de Hrymr s’étaient ouverts en grand, et son visage était soudainement différent. Il avait le regard d’un général au cœur féroce, vétéran d’innombrables batailles.

La lumière qui brillait dans ses yeux ne montrait aucun signe d’affaiblissement avec l’âge. En fait, c’était la lumière d’une intelligence rusée, du genre de celle qui ne s’accumule qu’avec les années d’expérience.

Le vieil homme au caractère bien trempé d’il y a quelques instants n’était plus là.

« Seigneur Hrymr ! » L’un des archers avait crié à tue-tête. » Ils ont amené un bélier ! »

Dans Yggdrasil, le bélier était une arme de siège très largement utilisée.

Bien sûr, l’appeler une « arme de siège » était peut-être un peu exagéré pour quelque chose d’extrêmement primitif — en vérité, ce n’était rien de plus qu’un gros rondin coupé dans un tronc d’arbre.

Une équipe de personnes transportait le bélier jusqu’à la porte d’une fortification et l’ouvrait en l’enfonçant avec le plus d’élan possible.

Naturellement, dans une telle situation, le côté défensif ne resterait jamais assis et ne laisserait pas une telle chose se produire, et cela signifiait que les personnes portant le bélier recevraient un barrage d’attaques concentrées directement sur eux. Ce n’était pas une mince affaire que d’essayer de porter un objet aussi lourd tout en résistant à de telles attaques.

« Ne les laissez pas s’approcher de nous ! » cria Hrymr.

Un par un, les soldats ennemis portant le bélier avaient été transpercés par les flèches et s’étaient effondrés.

« Ne vous inquiétez pas du nombre de flèches qu’il vous reste, continuez à tirer ! Continuez de tirer ! » La voix d’Hrymr s’élevait avec un volume que l’on n’aurait jamais imaginé venant d’un vieil homme.

Le but de son camp dans cette bataille n’était pas de vaincre complètement les forces adverses ni de pousser leur armée à se retirer. Le véritable objectif de Hrymr était de garder le contrôle du château de Dauwe jusqu’à ce que les renforts de l’armée principale du Clan de l’Acier arrivent.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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