Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 11 – Chapitre 5 – Partie 5

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Chapitre 5 : Acte 5

Partie 5

Tout à l’heure, il avait vraiment le sentiment que son offre avait déséquilibré son adversaire, et il devait pousser plus fort ici.

En tant que dirigeant de sa nation, Yuuto avait le devoir de conserver et de protéger le territoire qu’il contrôlait. Il en était pleinement conscient.

Et en plus, c’était une terre fertile le long de la rivière Körmt.

S’il appliquait le système de rotation des cultures de Norfolk, les engrais et les autres techniques agricoles avancées détenues par le Clan de l’Acier, alors en trois ans, cette région produirait sans aucun doute plus du double de ses récoltes, ce qui ferait croître encore plus le Clan de l’Acier.

Bien sûr, cela ne serait vrai que s’il avait trois ans devant lui.

On ne savait pas si Yggdrasil existerait encore dans trois ans.

Au minimum, Yuuto prévoyait d’avoir déjà achevé le déplacement de son peuple vers un autre continent d’ici là.

En ce sens, Gashina était une terre qu’il comptait abandonner de toute façon.

Bien sûr, il n’était pas prêt à offrir un territoire qu’il détenait depuis longtemps à l’intérieur des anciennes frontières du Clan de l’Acier, car il serait trop difficile de gérer les questions d’honneur national et de devoir envers son peuple. Mais les terres qu’il avait récemment acquises du Clan de la Foudre étaient de bonne guerre, et il serait en mesure de le justifier auprès de son clan.

De plus, en cédant un territoire qui allait bientôt ne plus avoir de valeur pour lui de toute façon, il pouvait éliminer la menace d’une invasion par le sud, ce qui lui donnait l’assise nécessaire pour se préparer à marcher vers le centre de l’empire sans se soucier d’une attaque par-derrière.

Si cela signifiait que cette négociation réussissait, alors il ne pouvait demander mieux. Une partie de lui avait l’impression de tromper Nobunaga, étant donné que la terre serait bientôt perdue dans les mers, mais dans cette situation, il ne pouvait pas laisser cette frustration l’arrêter.

« Hm. Il est vrai que cette offre rendrait aussi cette alliance avantageuse pour nous. Cependant, je sais aussi que toute offre qui semble trop belle pour être vraie a une face cachée, » dit Nobunaga, et fixa Yuuto avec des yeux qui semblaient le chercher.

C’était une réaction parfaitement naturelle.

En fait, comme indiqué ci-dessus, il y avait un piège caché dans l’offre de Yuuto. Bien sûr, il ne pouvait pas exactement l’expliquer.

Sans montrer aucun changement dans son expression, Yuuto avait continué, récitant le discours qu’il avait mémorisé.

« Notre succès durant cette campagne n’aurait pas été possible sans le Clan de la Flamme. Votre guerre avec le Clan de la Foudre a attiré leurs armées vers le sud, et vous avez tué leur ancien patriarche Steinþórr. On peut dire que nous avons récolté les bénéfices de votre combat contre eux. Comme j’ai l’intention de devenir votre frère juré, garder avidement ces avantages pour notre clan maintenant ne ferait que conduire à un sentiment persistant d’injustice entre nous dans le futur. J’en ai simplement conclu que si je voulais forger une amitié plus solide et durable avec votre clan, il serait préférable que je sois plus généreux avec ce butin. »

« Est-ce pour ça ? Vous voulez forger une amitié solide et durable avec nous, n’est-ce pas ? Eh bien, je n’ai aucune raison de douter de ces paroles. Et mettre la main sur une grande quantité de terres fertiles sans avoir à se battre pour les obtenir n’est pas non plus une mauvaise proposition. »

« Alors, cela signifie-t-il… ? »

Yuuto s’était inconsciemment penché vers l’avant, pensant qu’il avait peut-être enfin trouvé sa voie.

Mais Nobunaga avait levé une main, lui coupant la parole.

« Ce n’est pas une mauvaise proposition… mais ce n’est qu’en vivant dans une lutte constante et désespérée que la vie brille de la plus grande lumière. Et l’homme connu sous le nom de Nobunaga n’est pas quelqu’un qui se contente d’accepter ce que les autres lui donnent. »

« Qu… !? »

« Si je peux obtenir quelque chose d’aussi précieux sans le moindre effort, alors je n’épargnerai aucun effort et j’obtiendrai encore plus par la force de mon ambition ! Voilà ce que je suis ! »

La main que Nobunaga avait levée pour faire taire Yuuto était maintenant serrée en un poing.

Yuuto pouvait voir que le bras de l’homme était traversé par de nombreuses cicatrices d’épée.

C’était une preuve visuelle qui confirmait ses paroles. C’était un homme qui avait vécu sa vie en prenant ce qu’il voulait par la force.

« L’invitation à vous attaquer est arrivée à ma porte, comme elle l’a sûrement fait pour tous les autres clans. Vous serez obligé pendant un bon moment de vous occuper de ça. Je n’aurais qu’à profiter de cette situation, et je pourrais m’emparer de toutes les terres adjacentes à la rivière Körmt sans trop de problèmes, non ? Si je devais me contenter de Gashina et laisser le reste partir, ce serait gâcher une opportunité pour mon clan, vous ne pensez pas ? Hm ? »

Utilisant sa compréhension complète de la situation de Yuuto à son avantage, il visait maintenant à arracher tout ce qu’il pouvait et à obtenir le maximum de bénéfices pour sa propre nation.

C’était exactement ce à quoi on pouvait s’attendre de la part de l’homme qui avait passé sa vie à essayer de conquérir tout le Japon. Ça n’allait pas être facile du tout.

« Dans ce cas, en plus de Gashina, je vous donnerai Cozzene. Alors… »

« Pas assez ! » Nobunaga s’était écrié, rejetant l’offre de Yuuto avant même qu’il ait pu finir de parler.

« N’est-ce pas assez ? Cozzene est une région très abondante, vous savez. »

« Oh, c’est loin d’être suffisant ! Je ne veux pas de morceaux, je veux tout. »

« … Ça ne mène nulle part. » Yuuto soupira et secoua la tête.

En d’autres termes, Nobunaga exigeait tout le territoire de Yuuto — exigeant que Yuuto et sa nation se soumettent et deviennent une filiale du Clan de la Flamme.

Dans une négociation, il est normal de ne pas mettre toutes ses cartes sur la table dès le départ. C’est quelque chose que l’autre partie comprendra naturellement aussi, comme un accord tacite entre les deux parties.

Ainsi, lorsque Yuuto avait offert Gashina en premier lieu, il était dans la portée de ses calculs que Nobunaga pourrait ensuite exiger davantage. Au pire, Yuuto était même prêt à renoncer à tout le territoire qu’il avait capturé du Clan de la Foudre au cours de cette campagne.

Cette demande, cependant, il ne pouvait pas l’accepter.

« Alors vous préférez faire de nous vos ennemis ? Je n’aurais aucun problème avec ça. » Nobunaga affichait un sourire cruel et mettait encore plus de pression.

Ce type me pousse dans ses retranchements dès qu’il en a l’occasion, se dit Yuuto.

C’était comme si tout était transparent pour cet homme — pas seulement le dilemme actuel de Yuuto, mais le résultat qu’il essayait le plus d’éviter. Il allait rester coincé dans ce désavantage s’il ne pouvait pas faire quelque chose à ce sujet.

Il avait décidé qu’il n’avait pas d’autre choix, et avait attrapé l’objet attaché à sa taille.

« Je me pose la question, » dit-il en le sortant de son étui. « Je pense que vous devriez éviter de faire du Clan de l’Acier votre ennemi. »

Avec un sourire intrépide, Yuuto avait saisi l’objet à deux mains, tourna brusquement son corps à quatre-vingt-dix degrés sur le côté, et tira légèrement en arrière avec son index.

Il y avait eu un grand BANG ! Mais pas seulement un. Il y en eut un deuxième, un troisième, un quatrième, alors que Yuuto appuyait sur la gâchette en une succession rapide.

Le son explosif des tirs résonnait dans tout le hörgr, et dans la direction où il avait tiré, il y avait quatre nouveaux trous aussi larges que le petit doigt d’une personne, traversant tout le mur.

« Quoi ? Un tanegashima ! ? Vous en avez aussi ! ? Et il peut tirer à plusieurs reprises !? »

Même Nobunaga avait été ouvertement choqué par cela.

À l’époque de Nobunaga, le pistolet à mèche était l’arme à feu la plus avancée disponible, et sa faiblesse la plus fatale était son incapacité à tirer en succession.

Plus que quiconque, Nobunaga aurait passé de nombreuses heures à se débattre avec le dilemme posé par cette faiblesse, et il aurait donc certainement compris à quel point une arme qui surmonte cette faiblesse serait effrayante.

« C’est vrai, et je peux toujours continuer à tirer. Je vous l’ai dit, vous vous souvenez ? Je viens d’un monde situé 400 ans dans votre futur. »

Avec cela, Yuuto avait fait un spectacle pour souffler la fumée du canon de son arme, et l’avait remis dans l’étui à sa taille.

Ses mains et son épaule étaient douloureuses à cause du recul, mais c’était un moment critique, et il s’était donc assuré de ne rien laisser paraître.

« Tout comme votre clan a ses tanegashimas, nous avons ceux-ci. Si vous avez l’intention de faire un geste contre nous, nous ne vous laisserons pas partir facilement. Je vous fais confiance, vous comprenez ? »

Yuuto avait dit cela avec une confiance dramatique, mais en réalité, c’était totalement un bluff.

Il était vrai que le pistolet de Yuuto était incroyablement avancé par rapport aux normes des armes de ce monde. Cependant, il n’avait ramené avec lui que celui-ci de l’ère moderne.

De plus, les balles modernes étaient également limitées, et il ne pouvait pas en fabriquer davantage.

Il parlait comme s’il en avait une grande quantité, afin de menacer le patriarche du Clan de la Flamme et de le faire reculer. C’était sa carte maîtresse.

Après tout, Yuuto en savait beaucoup sur cet homme.

Il savait que Nobunaga était audacieux et intrépide, et qu’il se déplaçait aussi vite que l’éclair une fois qu’il avait décidé d’agir… mais qu’il était aussi prudent, prêt à prendre son temps et à poser les bases de son succès avant de passer à l’action.

Nobunaga était un homme qui créait les conditions de ses victoires avant de partir au combat, et qui n’entamait pas une bataille qu’il ne pouvait pas gagner.

C’est ce sur quoi Yuuto misait avec cette provocation.

« Oho… » L’expression de Nobunaga avait changé.

Jusqu’à il y a un instant, on aurait dit qu’il testait Yuuto, mais aussi qu’il le taquinait. Comme si tout ça n’était qu’un jeu pour lui. Maintenant, cette couche avait été enlevée.

Le Roi-Démon de l’ère Sengoku regardait Yuuto sérieusement maintenant, et Yuuto se sentit dégoûté par la véritable aura de l’homme qui semblait rayonner de lui.

La présence intimidante de l’homme était absolument accablante, et Yuuto lui faisait face, non pas avec une réelle puissance, mais une menace vide. Cela demandait une quantité incroyable de courage.

Yuuto se montrait fort et confiant à l’extérieur, mais son cœur battait la chamade, et rien qu’en affrontant le regard de Nobunaga, il pouvait sentir sa force mentale s’épuiser.

Le silence s’était étiré pendant quelques instants apparemment sans fin, et chaque seconde qui passait semblait être une heure.

« Hm, il semble que vous affronter tous nous causerait un peu plus de peine que ça n’en vaut la peine. »

Nobunaga avait hoché la tête une fois, acceptant l’argument de Yuuto.

Enfin, Yuuto négociait sur un pied d’égalité.

Il savait que la glace était encore mince et qu’elle pouvait craquer à tout moment.

« Tout d’abord, je n’ai de toute façon pas le temps de perdre à me battre pour ces terres de l’ouest, » continua Nobunaga, parlant soudainement d’une manière très franche. « D’autant plus si mon ennemi me cause de réels problèmes. Je suis déjà vieux, après tout. J’ai toujours ce rêve que je n’ai pas pu réaliser à Nippon : conquérir le pays et l’unir sous ma domination. Si je souhaite que ce rêve devienne réalité ici, alors une fois que j’aurai fini de mettre le Clan de la Foudre sous ma coupe, je préférerais honnêtement éliminer toute menace d’attaque par-derrière, afin de pouvoir me dépêcher de marcher sur la capitale impériale Glaðsheimr. »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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