Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 11 – Chapitre 5 – Partie 4

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Chapitre 5 : Acte 5

Partie 4

« On se serre la main par-dessus la table, tout en se donnant des coups de pied en dessous. »

« Tendez la main pour serrer la main avec votre droite, tout en tenant une massue dans votre gauche. »

Comme l’illustrent ces dictons, les réunions diplomatiques, en particulier entre les hauts dirigeants des nations respectives, n’étaient jamais une simple conversation amicale. Aussi paisibles que les choses puissent paraître en apparence, la diplomatie internationale met en jeu des intérêts divergents et des gains et pertes potentiels à grande échelle.

Nobunaga avait commencé à faire pression afin d’obtenir des conditions qui lui étaient encore plus favorables.

Yuuto ne pouvait pas se permettre de le laisser gagner. Il redressa sa posture et prit le visage du réginarque, seigneur d’une nation puissante. Il ouvrit son cœur et laissa l’aura du conquérant en lui se déverser.

« En tant que patriarche du Clan de l’Acier, je vais une fois de plus vous faire cette proposition, à vous, le patriarche du Clan de la Flamme. Je veux que vous échangiez avec moi le serment du calice de la fratrie, avec un partage égal de l’autorité, cinquante-cinquante. »

Les deux individus s’étaient regardés, et l’air entre eux avait semblé crépiter et faire des étincelles.

Cette fois, les soldats du Clan de la Flamme avaient poussé des cris de surprise.

« Donc, vous avez aussi une bonne dose de combativité en vous. Tant mieux, ce serait plutôt inintéressant sinon. »

Un sourire vicieux se dessina sur le visage de Nobunaga, et l’aura qui l’entourait semblait devenir encore plus intense, l’air encore plus lourd.

Le Roi Démon de la période Sengoku avait reconnu Yuuto et était enfin devenu sérieux.

Le temps des échanges de plaisanteries était terminé. C’était la vraie bataille.

Uugh, qu’est-ce qui se passe là ?

Les yeux pleins de larmes, Hildegard ne peut s’empêcher de pleurnicher, ne serait-ce que dans ses pensées.

Il y a quelques instants, les deux patriarches du clan évoquaient joyeusement la patrie commune dont ils étaient originaires.

Elle les avait même entendus éclater de rire de temps en temps. Tout semblait se passer très bien, quand tout à coup, c’était comme si l’air avait changé dans toute la pièce, et maintenant tout le monde était pressé par le poids écrasant de leurs auras menaçantes.

La source de cette force était, bien sûr, les deux personnes au milieu de la pièce qui se regardaient en souriant.

Tout le corps d’Hildegard tremblait, jusqu’au plus profond de son être, et elle ne pouvait pas l’arrêter.

Tous les poils de son corps se hérissaient, et l’air lourd était si oppressant qu’elle avait même du mal à respirer.

En regardant sur le côté, les membres vétérans de l’unité Múspell étaient figés et tout aussi pâles qu’elle, si ce n’est plus.

Félicia et les autres membres de haut rang du Clan de l’Acier étaient assis en face d’elle, elle ne pouvait donc pas voir leurs visages, mais elle pouvait voir les perles de sueur qui s’étaient formées sur leurs joues et leurs bras.

S’il n’y avait pas eu ce dur entraînement que Mère m’a fait subir, j’aurais pu me mouiller à nouveau ici…

À cet instant, Hildegard était peut-être plus reconnaissante envers Sigrún qu’elle ne l’avait jamais été depuis qu’elle avait rejoint la faction de son clan.

La pression qu’elle ressentait en ce moment était si forte qu’elle faisait passer l’aura d’intention meurtrière de Sigrún pour une simple brise en comparaison, mais l’entraînement qu’elle avait reçu de sa mère jurée lui avait au moins donné un certain niveau de résistance à cette pression.

Grâce à cela, jusqu’à présent, elle s’en était tirée sans avoir à se mouiller un tout petit peu, pendant une fraction de seconde.

À la décharge d’Hildegard, elle n’était pas une fille manquant de courage ou de nerfs.

Comme le prouvait la façon dont elle avait repoussé l’aura menaçante de Sigrún pendant leur match d’entraînement, elle était en effet tout à fait adaptée à ce genre de situation.

Cependant, il se trouvait que les deux personnes en face d’elle étaient tout simplement d’un autre ordre de grandeur en termes de puissance.

Uungh, je n’aurais jamais dû venir sur cette mission !

 

 

Elle avait l’impression que les minutes s’effaçaient de sa vie, à un rythme de plus en plus rapide.

C’était trop dur à supporter pour son cœur.

Honnêtement, elle avait envie de se lever et de s’enfuir en courant, sans se soucier des apparences ou de la honte. Mais elle ne pouvait pas bouger un muscle, c’était comme si elle était paralysée.

C’était comme une torture. Elle ne le comprenait pas.

Il ne faut pas qu’il y ait une bataille entre les dieux ici sur le sol !

Alors qu’Hildegard continuait à se plaindre intérieurement, tout ce qu’elle pouvait faire pour l’instant était de rester assise et de regarder les événements se dérouler devant elle.

Oho ! Si jeune, et pourtant il peut manier autant de volonté !

Intérieurement, Nobunaga était réellement impressionné que ce jeune homme ait réussi à repousser la pression intimidante de Nobunaga avec la sienne.

C’était un homme qui aimait ceux qui avaient de la force.

Si ses subordonnés ne pouvaient pas produire de résultats, il les écartait sans ménagement, comme il l’avait fait avec Hayashi Hidesada et Sakuma Nobumori, d’importants serviteurs du clan Oda qui avaient servi depuis l’époque de son père. À l’inverse, tant que quelqu’un pouvait lui démontrer sa force et son utilité, il acceptait les personnes issues de milieux modestes, comme ce fut le cas pour Hashiba Hideyoshi. Il pouvait même pardonner la trahison, comme il l’avait fait avec Matsunaga Hisahide.

Ce jeune homme assis en face de lui avait pris le contrôle du minuscule et faible Clan du Loup et l’avait transformé en une nation qui contrôlait la majorité de la région d’Álfheimr en seulement deux ans.

L’état de la civilisation à Yggdrasil était très en retard sur l’époque dont il était originaire. Il était facile d’imaginer que, comme lui, ce jeune homme avait dû utiliser un assortiment de connaissances venues du futur et nouvelles pour les gens d’ici, afin de favoriser son ascension au pouvoir.

Mais même ainsi, cela n’avait pas changé l’incroyable accomplissement que c’était.

Nobunaga avait décidé qu’il aimait Yuuto. Cependant, il était aussi le type d’homme tordu qui aimait brutaliser les personnes qu’il appréciait le plus.

« Maintenant, comment allons-nous aborder cela ? Je soupçonne que je sais pourquoi vous voulez cette alliance avec moi. C’est à cause de l’ordre d’asservissement émis par cette soi-disante þjóðann, oui ? »

« Alors, vous étiez déjà au courant…, » dit Yuuto, avec une expression amère.

Nobunaga avait répondu avec un sourire malicieux. « Bien sûr que je le sais, vu que j’ai également reçu un message demandant ma participation à la campagne contre vous. »

Nobunaga n’avait aucune connaissance du fonctionnement des dieux ou des esprits, et il n’était certainement pas né et n’avait pas été élevé dans la culture religieuse d’Yggdrasil. Il était également le genre d’homme qui, bien que ne croyant pas aux enseignements du bouddhisme, se désignait publiquement comme le Roi-Démon du Sixième Ciel, volant un titre au panthéon bouddhiste.

Nobunaga n’avait pas une once de révérence ou de crainte pour l’autorité ou le pouvoir symbolique de la Divine Impératrice, ni l’intention d’obéir un jour à son autorité impériale.

En fait, c’était le genre de personne qui, si vous lui disiez : « Fais ça ! » il serait tenté de refuser, même si c’était quelque chose qu’il avait prévu à l’origine de faire.

Ainsi, il avait complètement écarté l’ordre d’asservissement et l’avait oublié jusqu’à ce jour. Mais dans le but de tester le caractère de ce jeune homme, c’était l’arme parfaite.

« Je peux voir que, pour vous et le Clan de l’Acier, mon Calice deviendrait une clé pour vous sauver de cette situation dans laquelle vous êtes entourés d’ennemis de tous les côtés, et ainsi vous sauver de votre perte. Cependant, pourquoi ne vois-je rien de particulièrement appétissant dans cet arrangement pour nous, le Clan de la Flamme ? Et je vous conseille de ne pas répondre en me disant que je ne serai pas menacé par une grande puissance du nord, ou quelque chose d’aussi ennuyeux. Après tout, même sans partager une alliance avec vous, je connais très bien votre situation, et je sais que vous n’êtes pas en mesure de monter une réelle menace contre nous — ou de préparer une défense contre nous. »

D’un seul coup, Nobunaga avait exposé la situation du Clan de l’Acier et ses objectifs pour l’alliance, puis abattu d’avance l’argument que Yuuto pourrait avancer.

Si Yuuto ne pouvait pas répondre efficacement ici, alors c’était bien, Nobunaga pourrait prétendre que cette alliance était une faveur de son clan pour le leur, et utiliser cela pour obtenir plus d’avantages et de bénéfices de l’arrangement. Et si Yuuto parvenait à dépasser ses attentes avec une réponse intelligente, alors ce serait amusant.

Peu importe la tournure de la situation, Nobunaga pouvait en apprécier les résultats.

Nobunaga avait examiné le visage de Yuuto, à la recherche de sa réaction. Le jeune homme ne semblait pas particulièrement perturbé.

« Si vous comprenez si bien notre situation, alors il n’y a pas de raison de passer sous silence certaines choses. Dans ce cas… Que pensez-vous de ceci ? Au cours de notre invasion du Clan de la Foudre jusqu’à présent, nous avons capturé et pris le contrôle de la région de Gashina. Si vous acceptez de prêter le serment du Calice avec moi, nous remettrons l’intégralité de ce territoire au Clan de la Flamme. »

« Quoi !? » Même Nobunaga n’avait pas pu s’empêcher d’être interloqué.

Le dirigeant d’une nation avait la responsabilité première de protéger le territoire qu’il contrôlait.

Et qui plus est, Gashina n’était pas n’importe quelle vieille étendue de terre.

Il était situé à côté de la rivière Körmt, et le sol du bassin fluvial était riche et parfait pour l’agriculture. L’esprit de Nobunaga s’emballait en pensant au nombre de soldats qui pourraient être nourris avec le blé cultivé ici.

Ce territoire avait une importance stratégique extrêmement élevée. Accepter si facilement de l’abandonner était quelque chose que seul un imbécile ferait.

Leurs négociations venaient juste de commencer, ils devaient donc encore en être aux premiers coups de ce jeu. Si ce jeune homme mettait une carte aussi précieuse sur la table si tôt, cela pourrait le laisser ouvert à des demandes encore plus importantes à la fin.

Nobunaga lui avait-il accordé trop de crédit par erreur ? L’avait-il mal jugé ?

En regardant Yuuto d’un air soupçonneux, il avait vite compris que ce n’était pas vrai.

Il n’y avait pas une trace d’hésitation ou de doute dans les yeux de Yuuto. Il n’avait pas non plus montré le moindre regret pour ce qu’il allait abandonner.

Ce n’était pas du tout le visage de l’homme faible qui faisait des offres généreuses pour s’attirer les faveurs de l’autre partie. C’était le visage de quelqu’un qui avait discrètement fait ses propres calculs astucieux, puis avait décidé de s’engager contre le grand Oda Nobunaga, avec la ferme intention d’en sortir vainqueur. C’était le visage d’un vrai homme.

Qu’est-ce qui se passe ici ?

Nobunaga fronça les sourcils, incapable de comprendre le véritable but du geste de Yuuto.

Y avait-il peut-être un problème avec Gashina ? Il n’avait pas reçu d’informations à ce sujet. D’après ses recherches antérieures, la région avait connu une augmentation importante et régulière de sa productivité au cours des dernières années.

Il ne pouvait pas du tout deviner ce que ce jeune homme essayait de faire. Et ce mystère était merveilleux.

Heh heh, vous êtes un adversaire amusant !

Contrairement à son âge, le cœur de Nobunaga dansait avec une excitation enfantine.

« Qu’est-ce que vous en pensez ? » demanda Yuuto, en mettant plus de puissance dans son ton. « Je dirais que cet arrangement est plus qu’appétissant pour le Clan de la Flamme, n’est-ce pas ? »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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