Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 10 – Chapitre 4 – Partie 7

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Chapitre 4 : Acte 4

Partie 7

« Nnn… mmm… » Félicia avait été réveillée par la lumière du soleil matinal qui entrait par la fenêtre de la chambre.

Elle ouvrit lentement les yeux. Yuuto et Mitsuki étaient couchés juste à côté d’elle. Ils semblaient tous deux dormir confortablement.

Félicia avait alors ressenti une douleur aiguë dans son bas-ventre. Elle prit une profonde inspiration et la laissa sortir dans un long soupir de soulagement.

« Ce n’était pas un rêve… » Elle se murmura les mots à elle-même, comme si elle essayait de s’en convaincre. Elle tendit le bras pour toucher Yuuto, caressant doucement ses cheveux.

Bien sûr, elle pouvait se souvenir clairement de tout ce qui s’était passé la nuit dernière.

C’est juste que c’était si merveilleux, trop merveilleux. C’était, en effet, ce dont elle avait toujours rêvé. Il était difficile de penser que cela pouvait être réel.

« Grand frère… Je t’aime de tout mon cœur. » Elle rapprocha lentement sa tête de la sienne et, en fermant les yeux, posa doucement ses lèvres sur sa joue.

Désormais, elle n’aurait plus besoin de se retenir. Elle pourrait être ouverte dans son amour pour lui.

Cette connaissance l’avait remplie de joie.

Elle sentit soudainement les yeux de quelqu’un qui la regardait. Elle regarda et elle vit que les yeux de Mitsuki étaient ouverts.

Félicia fut immédiatement prise de panique. « G-Grande Soeur !? Tu étais réveillée ? ! »

« Oui, bien que je me sois réveillée il y a seulement une seconde. Bonjour. »

« B-Bonjour ah-argh ! » Félicia était si troublée qu’elle n’avait même pas pu finir de répondre à la salutation sans se mordre la langue. Elle porta une main à sa bouche, grimaçant de douleur alors que des larmes se formaient dans ses yeux.

« Vas-tu bien !? » demanda Mitsuki.

« O-Oui, je vais bien ! » répondit Félicia. « Mais plus important encore, est-ce que tout va bien pour toi, Grande Sœur !? »

Mitsuki avait eu l’air confuse. « Moi ? Je me sens très bien. Pourquoi ? »

« Non, ce que je veux dire c’est… » Félicia lutta pour trouver les bons mots. « La nuit dernière, mon plus grand souhait a été exaucé. C’était merveilleux pour moi, mais, hum… Je m’inquiétais que ça n’ait pas été le cas pour toi. »

Hier soir, Félicia avait agi avec audace, poussée par ses émotions sur le moment. Mais maintenant que c’était un nouveau jour et que son esprit s’était un peu calmé, l’anxiété de ce qu’elle avait fait revenait.

Il y avait peut-être encore des conséquences qui l’attendent. Son cœur battait la chamade alors qu’elle attendait la réponse de Mitsuki, se sentant comme un prisonnier attendant sa sentence finale.

« U-Um, eh bien, » dit Mitsuki, hésitant au début. « Eh bien, oui, il y a une partie de moi qui ne se sentait pas vraiment bien à ce sujet. Mais je t’aime, Félicia, et je voulais que tu sois heureuse. Et je savais que Yuu-kun est celui qui te rendra heureuse. Donc, je me suis dit, c’est comme ça que ça doit être, tu vois ? Ahaha. »

Félicia avait senti un serrement dans sa poitrine. Elle avait laissé sa jalousie mesquine la ronger de l’intérieur, alors que Mitsuki avait été prête à se soucier autant d’elle malgré cela.

Ce n’était pas étonnant qu’elle ne puisse jamais vaincre une femme comme ça.

Félicia était remplie d’admiration pour la bienveillance de Mitsuki, sa grandeur d’âme. Elle se leva du lit et s’agenouilla sur place, posa ses mains sur le sol devant elle et se prosterna.

Elle avait déjà juré corps, cœur et âme à Yuuto, lorsqu’elle avait prêté le serment du Calice avec lui.

Mais elle avait fait un autre serment ferme dans son cœur en ce moment : elle se dévouerait entièrement à Mitsuki, la servant avec amour et loyauté.

« Merci beaucoup », avait-elle juré. « Grande sœur Mitsuki, je t’aime aussi ! »

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Le messager du Clan de la Foudre était arrivé. « Monsieur, nous avons reçu des rapports indiquant que le Fort Tamanos à l’est et le Fort Limös à l’ouest sont tombés aux mains du Clan de la Flamme ! On estime que l’ennemi a attaqué les deux sites avec dix mille hommes chacun ! »

« C’est impossible ! » Le second adjoint du Clan de la Foudre, Þjálfi, avait répliqué en criant. « Ils sont déjà trente mille à nous encercler ici, à Fort Waganea ! Même ça, c’est absurde, et maintenant vous dites qu’ils en ont vingt mille de plus ? ! » Il passa ses doigts sauvagement dans ses cheveux. « Comment est-il possible qu’il mobilise un nombre aussi ridicule de troupes ? ! »

En tant que bras droit des Steinþórr, Þjálfi était celui qui devait toujours s’occuper personnellement de l’attitude désinvolte de son patriarche et des difficultés sans fin qu’elle causait. Ce travail constant l’avait amené à ne pas sourciller face à ce que les gens normaux auraient trouvé stressant. Mais maintenant, il crachait ses mots, incapable de cacher sa panique et son irritation.

Bien sûr, c’était naturel. La politique de Steinþórr était toujours : « Qui se soucie des détails ? » Et donc, Þjálfi était celui qui établissait les règles et maintenait l’ordre dans l’armée du Clan de la Foudre, développait ses plans et stratégies militaires, et donnait des instructions détaillées aux généraux. Bien que Steinþórr ait mené la charge, c’est Þjálfi qui dirigeait l’armée.

De ce fait, il savait à quel point il serait extrêmement difficile de mobiliser et de transporter une armée de cinquante mille hommes.

« Où trouvent-ils la nourriture dont ils ont besoin pour autant de personnes ? », avait-il crié.

La rivière Körmt bordait le Clan de la Foudre au nord, et ils bénéficiaient donc de certains de ses avantages. Mais même dans ce cas, ils ne pouvaient produire assez pour soutenir une armée de huit mille personnes.

Le clan de l’Acier avait absorbé le Clan de la Panthère et la vaste étendue du territoire occidental qu’il contrôlait, mais même eux ne devraient pas être en mesure de fournir vingt mille hommes.

En plus de cela, la plupart des terres entre le Clan de la Foudre et le Clan de la Flamme étaient des terres désolées et arides. Il ne devrait pas être possible de rassembler des provisions sur le terrain.

« Et puis il y a les soldats eux-mêmes », poursuit Þjálfi. « Ce ne sont pas des paysans pressés de servir, ce sont tous des soldats de carrière bien entraînés. Cela n’a aucun sens… »

Deux batailles contre le Clan de la Flamme avaient suffi à Þjálfi pour jauger leurs compétences, et franchement, cela l’avait laissé pantois.

Lors d’une précédente guerre avec le Clan du Loup, il avait été impressionné par la discipline et le contrôle des forces de Yuuto. Mais cette armée les surpassait même.

Bien sûr, le Clan de la Foudre avait réussi à repousser deux attaques de ces soldats, mais c’était entièrement grâce à leur invincible guerrier et héros, Steinþórr.

« Je… Honnêtement, je ne sais pas ce que nous devons faire ! » Frustré, Þjálfi s’était mordu la lèvre inférieure.

Il y avait trois armées ennemies maintenant : Centre, Est, et Ouest. Et chacune d’entre elles était trop puissante pour être affrontée à moins que Steinþórr ne soit en tête sur le terrain.

Pendant ce temps, il n’y avait qu’un seul Steinþórr. Quelle que soit l’armée ennemie qu’ils choisiraient d’envoyer à sa poursuite, les deux autres se déplaceraient plus loin et ravageraient les terres du Clan de la Foudre.

Et puis il y avait le fait qu’ils venaient à peine d’apprendre que le Clan de l’Acier était en mouvement. Honnêtement, il avait l’impression qu’il n’y avait plus rien à faire.

« A-Assistant en Second ! » Un autre messager était entré en courant dans la pièce. « Un envoyé du Clan de la Flamme est arrivé ! »

Le sourcil de Þjálfi s’était froncé. « … Faites-le entrer, » grogna-t-il à voix basse.

Après un moment, l’envoyé était apparu. C’était un vieil homme frêle, aux cheveux blancs et au dos courbé, qui semblait avoir au moins soixante ans.

Les premiers mots qui sortirent de la bouche du vieil homme furent : « Je suis venu avec une offre pour les termes de votre reddition. »

« Tch. » Þjálfi avait claqué sa langue avec amertume.

C’était un acte d’irrespect si effronté. C’était humiliant, et il ressentait l’envie de courir et de couper la tête de l’envoyé sur le champ, mais il se retint, déterminé à laisser au moins le vieil homme finir sa déclaration avant d’agir.

Selon les conditions proposées, il était potentiellement prêt à les accepter. C’est à ce point que le Clan de la Foudre était acculé dans un coin en ce moment.

Au minimum, ils ne pouvaient pas éviter de donner une bonne quantité de terres à ce stade. Prêter le serment du Calice de Frère serait également sur la table.

Steinþórr s’opposerait sûrement à devenir le jeune frère juré de quelqu’un, mais Þjálfi pensait que si on en arrivait là, la meilleure chose pour le clan serait de le convaincre d’accepter pour le moment, et de se concentrer ensuite sur la reconstruction de leur force nationale.

« Mon maître et patriarche a été profondément ému par la force et la valeur du Seigneur Steinþórr, et souhaite l’avoir comme enfant juré, » dit l’envoyé.

« Comme son enfant ? ! » Þjálfi sentait les veines sortir de sa tempe.

Faire le vœu de devenir l’enfant subordonné d’un autre n’était pas différent d’accepter de devenir son esclave.

Dans Yggdrasil, la parole d’un parent assermenté était absolue. Un enfant devait obéir à tout ordre de son parent assermenté, quel qu’il soit.

Si votre parent assermenté vous ordonnait de mourir, on attendait de vous que vous mettiez fin à vos jours.

Accepter de devenir un jeune frère ou une jeune sœur sous serment était une chose, mais prêter le serment d’un enfant sous serment était une condition absolument inacceptable.

Le vieil homme hocha la tête. « Oui, comme son enfant juré. Et si vous acceptez, mon seigneur patriarche promet que le Seigneur Steinþórr aura l’honneur de devenir un des hauts officiers du Clan de la Flamme, et… »

Avant que l’envoyé ne puisse en dire plus, il avait été interrompu par un éclat de rire sauvage.

« Heh ! Heh heh ! AHAHAHAHA !!! » Le rire se répercutait dans l’air, remplissant la pièce.

Il provenait d’un jeune homme aux cheveux roux, allongé paresseusement sur le trône au centre de la pièce. Lorsqu’il avait fini de rire, il s’était lentement relevé. « Je dois dire que c’est une première dans ma vie. Personne ne m’a jamais traité comme ça avant. »

Steinþórr s’était approché de l’envoyé du Clan de la Flamme, s’était arrêté, puis il avait levé un pied.

BAM ! Avec un bruit semblable à un coup de tonnerre, le pied de Steinþórr s’écrasa sur le sol en briques dures avec une telle force qu’une toile de fissures en sortit en cercles concentriques.

Le vieil homme avait été chargé de venir jusqu’au cœur de la terre ennemie pour délivrer son message, il devait donc nécessairement avoir la tête froide. Mais cette frayeur soudaine était trop forte pour lui, il s’était laissé tomber au sol comme une pierre, atterrissant sur son derrière.

« Ha ! Est-ce qu’il pense que c’est tout ce qu’il faut pour s’occuper de moi ? » Steinþórr hurla. « Pense-t-il qu’il m’a capturé ? Il peut aller de l’avant et laisser ses soldats faire ce qu’ils veulent sur mes terres. Mais peu importe les dégâts qu’ils font, et peu importe le temps que cela prendra, je vais les traquer jusqu’au dernier et leur arracher cette satanée gorge ! »

L’air autour de lui s’était gonflé alors que son esprit de combat avait jailli de lui, une énergie qui avait submergé tout le monde dans la pièce.

C’était une déclaration appropriée de la part de l’homme connu sous le nom de Tigre assoiffé de combats.

Le vieil envoyé leva les yeux vers Steinþórr, tremblant de peur, ses dents claquant. Steinþórr le regarda de haut en bas avec un visage de bête affamée et sauvage. Il se pencha vers lui et continua.

« Retourne voir le patriarche du Clan de la Flamme et dis-lui ceci : Je me fiche du nombre de chiens que tu as à tes trousses. Je suis le Tigre de Vanaheimr, et tu ne me dompteras jamais ! »

Et avec ça, les négociations étaient terminées.

Lorsque l’envoyé était revenu au Clan de la Flamme, et qu’un messager ait relayé ces événements au patriarche, celui-ci avait répondu ainsi :

« Est-ce ainsi ? Alors, on ne peut rien y faire. Il en est ainsi. »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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