Acte 3
Partie 6
Même si le soleil était sur le point de se coucher, une bouffée d’air brûlant enflammait ses joues.
Cette zone était la partie la plus profonde du palais, où seulement un petit nombre de membres du Clan du Loup étaient autorisés à y pénétré. Le corridor que Félicia et Yuuto empruntaient en ce moment était essentiellement un couloir droit. Dans un poste de garde situé devant eux se trouvaient dix gardes du palais qui en bloquaient l’entrée. Il y avait également deux autres gardes postés devant l’atelier au bout du hall. Le placement des gardes couvrait tous les angles possibles que même une souris ne pouvait espérer passer sans être vue.
En voyant le visage d’Yuuto, les gardes s’étaient immédiatement mis au garde-à-vous. « Oh, c’est bon de vous voir, Seigneur Patriarche ! S’il vous plaît, entrez ! »
Plusieurs gouttes de sueur coulaient sur le visage d’Yuuto. La zone autour de l’atelier était incroyablement chaude. L’air lui-même semblait être en train de brûler, ce qui faisait que la zone n’était pas bien différente d’un sauna.
« Bon travail, » avec ces mots sincères d’appréciation, Yuuto était entré dans l’atelier.
Deux hommes se tenaient au centre d’une sombre pièce de la taille d’une salle de classe, travaillant autour d’un four en argile, en forme de seau. Une lumière orange éblouissante jaillissait de la moitié supérieure du four.
« Très bien, continue maintenant. Oh, hein ? Yu-Yuuto !? » La jeune fille se tenant sur le côté et regardant fixement le four, remarqua Yuuto et ses yeux s’écarquillèrent. Ses yeux indomptables, et légèrement relevés ainsi que ses cheveux frisés et courts lui donnaient un air vif.
« Salut, cela fait longtemps depuis la dernière fois, Ingrid, » dit-il. « Tu ne devrais vraiment pas être surprise de me voir. »
« Oh, ç-ça fait longtemps. O-Oui, je suppose que c’est vrai, vu que j’ai entendu que tu reviendrais bientôt, mais bon..., » Ingrid avait répondu à la salutation d’Yuuto en se grattant la joue et en donnant une réponse indifférente.
Il avait eu l’impression qu’elle dissimulait comment elle se sentait vraiment. Comme c’était une réaction normale pour elle, Yuuto ne s’en offusqua pas et parla en haussant les épaules. « Qu’est-ce qui se passe ? Tu agis si froidement envers moi. Ne sommes-nous pas amis ? »
« Tais-toi ! Je suis ici en train de trimer sur le four depuis hier. D-Donc je n’ai pas le temps de m’inquiéter de tes goûts. Et, hé ! Personne n’a dit que vous pouviez faire une pause ! Continuez ! » Jetant un coup d’œil à la conversation se faisant à côté du four, Ingrid avait fait des remarques acerbes à ses deux travailleurs sans aucun soupçon de clémence.
Plus jeune que les hommes travaillant à côté du four, on aurait dit qu’elle avait été reléguée à des tâches subalternes, mais en réalité, cette fille de seize ans était en fait la huitième membre dans la hiérarchie du Clan du Loup, et le chef de l’atelier Mótsognir.
Comme Sigrun et Félicia, Ingrid était aussi une Einherjar, en possession de la rune d’Ívaldi, l’Enfanteuse de Lames, et le Clan du Loup en était venu à compter sur ses capacités supérieures de forgeronne.
À première vue, elle semblait de mauvaise humeur et brusque, mais...
« Arg, Agh, je t’ai dit de ne pas m’énerver, » avait-elle dit à l’un de ses subordonnés. « Fais ça, et tu te brûleras dans peu de temps. Commence déjà par te calmer, toi ! »
Yuuto savait bien qu’elle était en fait une fille très gentille. Elle était juste encline à agir de manière trompeuse contrairement à ses sentiments, ce qu’on pourrait appeler une diablesse tombée des cieux.
En repensant à quelque chose qui s’était produit deux ans plus tôt, le visage d’Yuuto avait spontanément éclaté en un sourire. Quand il n’était arrivé que récemment dans ce monde, elle l’avait réprimandé pendant plusieurs minutes, puis s’était inquiétée pour lui juste après ça.
Quand il pensait au moulin rotatif et au moulin à eau, si Ingrid n’avait pas prêté ses talents à Yuuto, il aurait été incapable de les construire seul. En raison de cela, elle était, comme l’adjointe d’Yuuto, Félicia, une assistante véritablement irremplaçable.
Tout en jetant un coup d’œil aux travailleurs qui mettaient tout ce qu’ils avaient dans ce qu’ils faisaient, Yuuto se mit à parler en se sentant un peu coupable. « Je suis désolé. Si tu es occupée, alors peut-être que je devrais revenir une autre fois ? »
« N-Ne t’en fais pas, » répondit-elle. « M-Même si je ne suis pas vraiment libre en ce moment, cela ira puisque tu es revenu après une si longue absence. Alors, prends tout le temps qu’il te faudra, » Ingrid avait fait un geste théâtral de son menton, indiquant une chaise à proximité.
Yuuto fit un pas en avant, puis il réalisa que cela ne serait pas bien de rester là, mais il remarqua le regard renfrogné sur le visage de Félicia.
Essayant de contrôler sa voix, Félicia offrit à Ingrid des conseils en toute franchise. « Lady Ingrid ! À propos de ce ton que vous utilisez toujours avec Grand Frère, il... »
Ingrid laissa échapper un gémissement et son visage semblait indiquer qu’elle était perturbée. « Ahh, je vois. Eh bien, dans le passé, ce gars... non, attendez, ce n’est pas ça, euh, P-P-P-Père ? Eh bien, il sait que c’est uniquement une habitude que je ne peux pas me défaire si facilement... J-Je-Je-Je-Je suis désolée, P-P-P-P, arg ! »
« Hahaha !! » Yuuto éclata de rire par inadvertance en raison de l’embarras d’Ingrid.
Jusqu’à ce point, elle avait agi avec une telle vigueur, et maintenant elle se mordait la langue tout en faisant la moue.
« Ahh ! N-Ne rie pas ! Non, je veux dire ! Ne vous moquez pas de moi, s’il vous plaît ! » supplia Ingrid, avec des yeux légèrement larmoyants.
Elle avait toujours été une personne plutôt timide, mais son embarras était maintenant pire que jamais auparavant. Son visage était plus rouge que l’intérieur du four.
Yuuto avait fait un geste de la main face à l’embarras d’Ingrid. « Je t’ai dit d’agir comme tu le fais normalement. Quand je t’entends me parler d’une manière si formelle, cela me semble si froid, Ingrid. »
« Je-je suppose que tu as raison. Faire les choses comme on l’a toujours faite, c’est mieux ! » L’expression d’Ingrid changea instantanément et elle hocha la tête de satisfaction, comme si la suggestion avait été la sienne.
« H-Hum ! » Félicia s’éclaircit la gorge. Elle l’avait apparemment fait exprès. Apparemment, elle n’était pas heureuse. « Grand Frère, Lady Ingrid. Je comprends que vous deux êtes proches, mais il est frustrant que vous n’arriviez pas à séparer les comportements publics et privés. »
« J-Je ne suis pas proche de lui ! » déclara Ingrid.
Son déni soudain avait un peu blessé les sentiments d’Yuuto. Mais il avait compris que c’était un réflexe, un déni qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de faire en raison de sa timidité.
Yuuto avait alors mis de côté ces paroles en disant. « Eh bien, tu vois, ce n’est pas ce que je veux, mais... »
« C’est un domaine où je ne peux pas te permettre de faire ce que tu veux, Grand Frère, » déclara Félicia tout en s’excusant. « Lady Ingrid se tient à un poste en haut de la hiérarchie, et il y a beaucoup de personnes autour de nous, donc c’est ainsi. »
Elle avait regardé par-dessus son épaule et elle avait rencontré les yeux des autres ouvriers. Il n’était pas possible de garantir que les ouvriers ne laisseraient pas se répandre la rumeur comme quoi Ingrid avait agi de façon si décontractée face à Yuuto. Être amical dans la parole et la manière était acceptable, mais la discipline et l’ordre étaient importants pour une organisation comme la leur. Ainsi, quelqu’un qui devrait être un exemple pour son groupe et qui enfreignait cet ordre représentait un grave problème surtout vis-à-vis de ceux qui suivraient soudainement son exemple. Rapidement, cela aurait très certainement un impact sur la capacité de l’organisation à se réguler.
« Tante Félicia a raison, » déclara Ingrid à contrecœur. « Je vais essayer de..., non, je ferai attention à partir de maintenant. S’il vous plaît, oubliez ce que j’ai eu l’outrecuidance de dire, Père. »
L’expression d’Ingrid s’était raidie et elle resserra sa posture, se tournant vers Yuuto et inclinant la tête.
Le fait de la voir comme ça avait fait prendre conscience à Yuuto de la distance qui les séparait. L’admonition de Félicia lui rappelait un autre conseil du Prince, quant à l’importance d’agir de manière digne pour un chef. Il comprenait que c’était la façon dont les choses devaient être, mais quand même, lui et Ingrid avaient un lien forgé par des heures d’essais et d’erreurs, et avait trempé par la sueur. Yuuto ne pouvait rien faire d’autre que se mordre la lèvre face à la solitude qui se frayait un chemin dans son cœur, le blessant cruellement.
« Oh ! Mais, quand vous êtes justes tous les deux, alors vous pouvez vous appeler par votre prénom et vous comporter comme bon vous semble, » déclara Félicia, choisissant soudainement ce moment pour le faire.
Instinctivement, Yuuto regarda vers Félicia et elle lui avait fait un clin d’œil malicieux. Félicia se retrouvait très souvent à agir de manière douce quand il s’agissait d’Yuuto.
« S’il vous plaît, assurez-vous juste de garder une distinction claire entre les maniérismes publics et privés, d’accord ? » rajouta-t-elle. Elle n’avait nullement oublié de faire remuer son index tout en affichant une expression sérieuse pour faire bonne mesure.
Le visage d’Yuuto s’illumina de joie alors qu’un sourire traversait son visage. « Tu as raison ! J’ai compris ! Je ferai désormais attention ! Ainsi, Ingrid, quand nous sommes seulement nous deux, nous ferons comme nous l’avons toujours fait ! »
« S-S-S-S-S-Seulement tous les deux !? Q-Q-Q-Q-Q-Q-Que dis-tu tout d’un coup !? » bégaya Ingrid, avec une telle consternation qu’il était embarrassant de la regarder.
Sa façon de parler était également revenue à son ancien état désinvolte.
« Hé, maintenant, ne le fais pas apparaître comme étant quelque chose de bizarre, » déclara Yuuto. « Ce que je voulais juste dire par là, c’était que quand nous nous réunirons la prochaine fois, construisons quelque chose à nouveau comme avant. Mon emploi du temps est très chargé actuellement, mais je devrais bientôt pouvoir avoir du temps libre. »
« Ah, Je-je suppose que c’est comme ça que ça se passe. Eh bien, d’accord. Oui. Hmm, ah ! » Même si Ingrid avait l’air abattue pendant un moment, ce regard fut rapidement remplacé par un large sourire alors qu’elle hocha vigoureusement la tête.
Ingrid suivit cela avec un autre, un lourd soupir. « C’est vraiment difficile pour moi de parler avec les personnes. Je suis beaucoup plus à l’aise quand il s’agit de travailler avec mes mains et de faire des choses. »
« Après tout, tu as le cœur d’un artisan sérieux, » acquiesça Yuuto.
Il y avait ceux qui étaient mauvais quand il s’agissait d’interagir avec les autres et qui dépensaient toute leur énergie à faire des choses. Par exemple, Yuuto avait entendu dire que beaucoup de romanciers, dont la profession était de construire des œuvres avec de mots, se trouvaient souvent incapables de converser face à face avec les autres.
D’un autre côté, il se sentait un peu désolé pour une fille de l’âge d’Ingrid. Il pensait que, peut-être, plutôt que de simplement toujours la rencontrer seule, il serait peut-être bon de la persuader d’interagir avec les autres.
Alors qu’il réfléchissait, Félicia pressa sa main sur ses lèvres, et un rire s’échappa alors qu’elle affichait un sourire amusé. « Grand Frère, tu es aussi vilain que jamais... »
« Agh ! Bon sang ! Pourquoi êtes-vous venus tous les deux ici ? Je suis occupée ! Arrêtez d’interrompre mon travail ! » cria Ingrid, énervée. Son visage était redevenu rouge comme une tomate.
« Quoi !? Eh bien ! Plus tôt, ne nous as-tu pas dit de prendre notre temps ? » protesta Yuuto.
« Tais-toi ! Je n’ai aucun souvenir d’avoir dit quelque chose comme ça ! Si vous n’avez rien à faire ici, alors partez ! » Ingrid avait commencé à pousser hâtivement le dos d’Yuuto, puis avait commencé à pousser la paire hors de l’atelier.
Oubliant les formalités, elle avait changé sa façon de parler pour retourner à celle désinvolte afin de leur aboyer dessus des ordres. Pourtant, Félicia, qui aurait dû être dérangée par ça, frappait le mur, avec son corps rongé par un fou rire.
« Comme toujours, merci pour votre travail acharné aujourd’hui, » déclara Félicia.
« Ouais, merci aussi à vous, Félicia, » répondit Ingrid
Après ça, ils étaient tous les deux retournés dans la chambre d’Yuuto.
« Eh bien, je serai de retour demain matin pour te réveiller une fois de plus. Bonne nuit, Grand Frère, » Puis, avec une élégante révérence, Félicia quitta la pièce.
Dès qu’Yuuto avait fermé la grande porte en bois, il avait reculé de plusieurs pas avant de s’effondrer sur son lit.
« Wôw, je suis épuisé, » murmura-t-il.
À la seconde où Yuuto avait atterri dans son lit, une vague de fatigue avait saisi son corps et il avait libéré toute l’air présente dans ses poumons en un long soupir.
La pièce était faiblement éclairée par la lueur orange d’une lampe solitaire. Ce monde manquait encore de bougies, mais ils avaient des lampes en terre cuite avec des mèches faites de brins de bois et de coton. Avec un tel faible éclairage, il pouvait à peine distinguer ce qui se trouvait dans sa chambre.
« Peut-être que ce sont ceux du Japon moderne qui sont étranges de vouloir travailler à travers les profondeurs de la nuit, » déclara-t-il pour lui-même.
Après avoir dit ça, Yuuto prit la pile solaire, qui avait été chargée sur le rebord de la fenêtre, et l’attacha à son smartphone.
Sur Yggdrasil, se lever avant le soleil et souper suivi du fait d’aller se coucher peu de temps après le coucher du soleil était la norme. Il était probablement prudent de dire que c’était ainsi que la plupart des humains avaient vécu jusqu’à l’ère moderne. En regardant dans une perspective historique, jusqu’à l’avènement de l’éclairage au 19e siècle, il était probable que tout le monde se soit conduit ainsi.
Même si les affaires officielles d’Yuuto étaient terminées pour la journée, il avait encore du travail à faire. Ou plutôt, c’était seulement quand personne d’autre n’était autour de lui qu’il pouvait se livrer aux avantages uniques d’un homme moderne.
« Je suppose que cela devrait suffire maintenant, » Yuuto avait allumé son smartphone, et le logo du fabricant du téléphone était apparu à l’écran après un certain temps.
Faire des recherches en ligne, acheter de temps à autre des livres électroniques, rechercher des connaissances qui pourraient être utiles dans ce monde..., tout cela faisait partie de la routine nocturne d’Yuuto.
Pour être juste, ce n’était pas comme si Yuuto n’avait pas de réserves à propos de l’introduction des connaissances du 21e siècle dans ce monde. Il était constamment tourmenté par des soucis comme : « Et si cette connaissance ne faisait que créer un plus grand désordre » ou « Était-il acceptable pour lui d’introduire de telles connaissances ? »
Mais si Yuuto n’avait pas mis ces connaissances à profit, l’existence même du Clan du Loup aurait pu être complètement gommée de la surface de Yggdrasil. En plus de cela, les images d’enfants qui pleuraient de faim et qui avaient accueilli Yuuto à son arrivée (quand il était encore vu comme l’envoyé des cieux), ainsi que les images des cadavres de ceux qui avaient veillé sur lui, resteraient pour toujours gravées dans ses souvenirs.
Il savait ce qu’il fallait faire, mais il avait du mal à se convaincre. Avoir la connaissance et la capacité de changer les choses, mais ne rien faire semblait pour lui infiniment plus coupable. Ainsi, Yuuto avait continué à aller contre ses instincts.
Il repensa à la façon froide dont il avait traité Mitsuki à l’école primaire, après n’avoir pas pu résister aux taquineries de ses amis. C’était une partie sombre et honteuse de son passé. Il ne voulait pas faire quelque chose qu’il passerait le restant de ses jours à regretter comme ça.
Et plus que toute autre chose, il ne voulait pas tomber dans le piège de devenir comme cet homme.
« Quoi qu’il en soit, je suppose que je devrais revenir à ce que je lisais avant le début de la bataille, » déclara-t-il à haute voix.
Au moment où son écran d’accueil était apparu, Yuuto avait tapé sur l’icône de « Bibliothèque », son lecteur de livre électronique, et à partir des couvertures alignées devant lui, il avait sélectionné un livre sur le thème de l’histoire de l’économie.
Sur Yggdrasil, le troc était le principal moyen de faire des affaires. Le commerce ou le troc se passait bien si les deux parties obtenaient quelque chose de valeur égale, mais si la transaction favorisait l’un par rapport à l’autre, il devenait difficile de continuer à faire des affaires. Et trouver quelqu’un qui voulait échanger pour ce que vous aviez était assez souvent très difficile. Il ne pouvait pas s’empêcher de pensée à cela comme très inefficace.
L’or et l’argent pourraient être utilisés comme substituts au commerce, mais ils arrivaient également avec leur propre acte d’équilibrage pénible. Ils ne pouvaient pas non plus empêcher les gens d’utiliser des astuces pour influencer frauduleusement la valeur.
À ce moment-là, Yuuto avait une idée : utiliser le papier-monnaie comme méthode commune d’échange financier. Après tout, ils avaient déjà fait du papier, et si cela améliorait la fluidité de leurs transactions commerciales, cela pourrait forcer le réveil de leur commerce global, renforçant ainsi les prouesses nationales globales du Clan du Loup.
Cependant, les choses n’étaient jamais aussi simples.
« Hmm, je ne pense pas vraiment que je serai capable de mettre ça en pratique, » murmura-t-il.
Alors qu’il continuait à lire, Yuuto réalisa sa propre superficialité. Faire circuler du papier-monnaie avec un montant écrit n’était pas aussi simple que cela semblait de prime abord. Tout d’abord, ils auraient besoin de la technologie d’impression pour reproduire la même chose encore et encore. La fonction du produit dépendra fortement de la possibilité ou non de préparer des métaux précieux de même valeur et de savoir s’ils peuvent ou non gagner la confiance des gouvernements.
Selon ce livre, la première apparition de papier-monnaie dans l’histoire était dans la Chine du XIe siècle, au cours de la Dynastie des Song. Le livre avait également dit que s’ils inondaient le marché avec trop de monnaies, la valeur baisserait rapidement, provoquant l’inflation, et la valeur des produits s’effondrerait aussi, signalant la fin d’une économie.
« Si la société en question n’a pas encore mûri suffisamment, cela pouvait causer plus de chaos, » murmura-t-il. Puis il poussa un soupir. « J’avais espéré que ce serait une bonne idée. »
Yuuto souleva son visage de l’écran, regardant le plafond, à perte.
C’est ça ! Une idée lui vint à l’esprit, mais il s’était rendu compte que cela aussi pourrait ne pas être réalisable une fois qu’il avait effectivement fait des recherches.
« Pourvu que cela ne nécessite pas trop de capital de démarrage, car cela pourrait peut être une bonne idée. Eh bien ! Mais..., nous pourrions probablement l’utiliser pour frapper des pièces de monnaie ? ... Oh, je vais devoir finir ça plus tard. »
La jauge de la batterie indiquée dans le coin supérieur gauche était devenue rouge et Yuuto avait appuyé sur un bouton pour retourner à l’écran d’accueil.
L’affichage à cristaux liquides utilisait le plus de courant de la batterie, surtout qu’il s’agissait d’un écran de cinq pouces assez grand présent sur le téléphone d’Yuuto. Avec la batterie fournie par la batterie solaire, il pouvait compter sur un maximum de 30-40 minutes de lecture continue.
« Eh bien ! Avant de me coucher, je suppose que je devrais au moins l’appeler, afin que je puisse entendre sa voix, » déclara-t-il.
Il avait alors activé l’accès aux réseaux (en gardant en tout temps l’accès activé, la batterie est consommée beaucoup plus rapidement, donc il le garde toujours éteint quand il ne fait que lire), et il avait appelé son amie d’enfance.
La chambre d’Yuuto était dans la partie nord-est du palais. La chambre du patriarche souverain précédent avait été au centre du palais, mais Yuuto avait protesté et avait fait déplacer sa chambre. Puisque cette pièce était la plus proche de la tour sacrée, son téléphone pouvait se connecter tant que la lune était au moins à moitié pleine.
« Allo ! » Une voix dynamique résonna du haut-parleur après que le téléphone ait sonné une seule fois.
Les lèvres d’Yuuto s’étaient fendues en un sourire à la réalisation qu’elle avait anticipé son appel. « Allo. Bonsoir Mitsuki. C’est moi. »
« Oui, bonsoir, Yuu-kun. Tu dois être fatigué après tout le travail que tu as dû faire, » déclara Mitsuki.
« Tout à fait, je suis assez fatigué, » répondit Yuuto.
Il n’avait presque plus de batterie. Il ne pourrait donc pas avoir beaucoup de conversation avec elle. Ce serait un rendez-vous galant secret qui ne durera que quelques minutes.
En considérant toutes les choses importantes pour lesquelles il avait utilisé son téléphone, peut-être qu’il devrait apprendre à être plus efficace lorsqu’il inspectait les livres électroniques pour y trouver plus d’informations. Mais c’était la seule période de la journée où Yuuto commençait vraiment à sentir son cœur se guérir.
« Bonne nuit, Mitsuki, » déclara-t-il.
Et ainsi, Yuuto avait réussi à passer un autre jour sain et sauf en tant que souverain.
Merci pour le chapitre.