Acte 2
Partie 5
Il se précipita à travers la cour entourée par de nombreux dattiers, tout en allumant son smartphone pendant qu’il parcourait le trajet. La force du signal de son téléphone était toujours affichée avec un X rouge dessus.
« Zut, je suppose que c’est normal que cela ne marche toujours pas ici, » Yuuto fit claquer sa langue, se reprochant involontairement d’avoir gaspillé la précieuse énergie de sa batterie.
Tout en serrant fermement son téléphone, Yuuto accéléra le rythme.
Hliðskjálf, la tour sacrée avait une hauteur qui éclipsait même le palais à côté duquel elle se trouvait accolée. La structure entière avait une apparence rougeâtre, et ce n’était pas seulement la faute du soleil couchant dans le ciel de l’ouest. C’était parce que la tour avait été construite avec des briques cuites à la main.
Le devant de la tour était relié aux étages supérieurs du palais par un long escalier. Il s’agissait d’une cible facile à attaquer, mais la structure n’était pas là pour la défense, mais plutôt pour les cérémonies religieuses.
Si Yuuto décrivait la forme de la tour en un mot, ce serait « kagami mochi [1] », la décoration empilée présentée pendant le Nouvel An japonais. Selon les recherches d’Yuuto, il avait beaucoup de choses en commun avec les anciennes ziggourats de Mésopotamie. Ces structures, à leur tour, étaient basées sur le modèle de la Tour de Babel de l’Ancien Testament. Des structures similaires pourraient être trouvées en Europe et en Amérique centrale et du Sud, érigées par des civilisations anciennes, dans un désir humain universel de les rapprocher du ciel... et par extension, Dieu, afin d’offrir leurs prières.
« Pfff... pfff... »
Il ressentait déjà de la douleur dans la poitrine, au niveau de ses côtes, alors qu’il était en train de monter dans ces longs escaliers, mais il se dirigea rapidement vers le sommet, vers l’autel appelé « Hörgr » qui y avait été érigé.
Deux ans plus tôt, c’est à cet endroit-là qu’Yuuto avait trouvé son chemin vers ce monde. Les offrandes de prières pour la victoire, ainsi que la Cérémonie du Calice et beaucoup d’autres rituels sacrés avaient été menés ici.
Sans qu’Yuuto s’en aperçoive, le soleil s’était couché et la lune avait commencé à montrer le bout de son nez dans le ciel de l’est.
Il n’y avait aucun signe d’une autre personne présente en ces lieux, et l’intérieur était rempli d’une atmosphère solennelle. Enchâssé à l’autel se trouvait toujours le miroir divin baigné dans la lumière de la lune et d’où émanait une étrange lumière qui lui était propre.
À première vue, il ne semblait rien de plus qu’un simple miroir, mais il était en réalité fait d’un métal rare contenant de la puissance sacrée, connu sous le nom de cuivre elfique. Le galldr et la puissance des Einherjars provenaient également tous deux de ce cuivre elfique.
Yuuto était certain que ce métal rare et mystérieux avait aussi quelque chose à voir avec la façon dont il avait été amené dans ce monde.
Yuuto partait avec la théorie qu’Yggdrasil était quelque part dans les profondeurs du passé, mais il n’y avait aucun métal avec de telles propriétés trouvables sur l’ensemble du monde au 21e siècle. Les mystères de ce monde semblaient seulement se multiplier chaque fois qu’il découvrait un peu plus de ce monde.
Cependant, à ce moment-là, peu lui importait.
À l’heure actuelle, ce qui était le plus important pour lui était...
« Salut ! Je suis si contennnnte de pouvoir te parler ! Yuu-kun, est-ce que ça va !? »
« Désolé de t’avoir fait t’inquiéter, » répondit Yuuto. « Mais je vais vraiment bien. »
« D’accord, d’accord. Je suis vraiment si soulagée. Bienvenue à la maison, Yuu-kun. »
« Oui, je suis de retour chez moi, Mitsuki. »
S’il était proche du miroir divin, il pouvait se connecter au monde d’où il était originaire.
Cette découverte n’avait pas été le fruit du hasard. Il s’était demandé dès le départ s’il pourrait peut-être rentrer à la maison en utilisant une fois de plus des miroirs opposés, et l’avait essayé en espérant qu’il pourrait refaire fonctionner le transfert. Malheureusement, alors qu’il avait été incapable de revenir au 21e siècle, quand il avait vérifié son smartphone afin de faire quelques tests, l’écran avait indiqué qu’il recevait un signal !
« Écoute ça, Yuu-kun ! Ruri-chan est si méchante, » déclara Mitsuki.
« Oh ? »
Yuuto s’était assis et avait écouté les histoires insignifiantes de Mitsuki, lui offrant une interjection de temps en temps. Le sujet abordé n’avait aucune importance, tant que c’était quelque chose de léger. Si chacun pouvait entendre la voix de l’autre et savoir qu’ils allaient bien, alors c’était parfait et c’était tout ce qui comptait.
Le point principal était que la guerre était un sujet tabou implicite. Il était évident qu’un tel thème ne permettrait pas une conversation agréable. Ce serait idiot s’ils gaspillaient leur précieux temps si limité sur des questions difficiles qui ne feraient que les rendre plus déprimés.
« Et puis, après ça, Ruri-chan..., » déclara Mitsuki.
Bip Bip, Bip Bip.
Tout à coup, le téléphone d’Yuuto retentit du cruel son de l’avertissement, coupant les paroles de Mitsuki. Il s’agissait d’un bruit l’informant qu’il était presque à court de batteries.
« Hmm..., » Mitsuki avait probablement aussi entendu le son. Sa voix indiquait clairement qu’elle était déçue et qu’elle se sentait seule.
Naturellement, Yuuto avait ressenti à ce moment-là la même chose. Il avait toujours apprécié ces instants, mais cela avait toujours fini trop tôt.
« Je suppose que nous n’avons plus beaucoup de temps pour cette fois, » déclara-t-il. « Je t’appellerai encore. »
« D’accord. J’attendrai. Oh, je n’ai pas eu une grosse somme d’argent avec le dernier travail que j’ai fait, mais j’ai quand même put recharger le compte de ton téléphone, » déclara-t-elle.
« Désolé de tous les problèmes que je te cause, » déclara Yuuto.
« Ho, tu m’avais promis de ne plus jamais dire ça, » Mitsuki avait déclaré cela sur un ton légèrement solennel, puis avait interrompu ça avec un gloussement la seconde suivante. C’était un échange de plaisanterie standard entre eux.
« Franchement, tu es comme toujours ma sauveuse ! Merci beaucoup ! » déclara Yuuto.
« Je t’en prie. Hehehe, » Mitsuki avait fait entendre un petit rire alors qu’elle était très embarrassée.
Les livres électroniques qu’Yuuto avait achetés afin de survivre dans ce monde n’étaient pas gratuits et bien sûr, il ne les avait pas eus avant de sa venue dans ce monde. L’argent utilisé afin d’acheter ces livres était ce que Mitsuki avait pu mettre de coté grâce à des petits boulots qu’elle trouvait dans les annonces des journaux.
Yuuto ne pourrait jamais la remercier assez pour ça.
« J’attendrai ton appel, » déclara-t-elle. « Aussi longtemps qu’il le faudra. Prends bien soin de toi, Yuu-kun ! »
« Oui, je sais ! À la prochaine, Mitsuki, » répondit-il.
Avec ces paroles d’au revoir, Yuuto se prépara à interrompre l’appel. Pendant un instant, son doigt avait plané piteusement sur le bouton, immobile, mais il avait rassemblé son courage et il avait mis fin à la communication. Il n’avait pas l’intention de paraître moins masculin en pleurant ou en agissant piteusement face à Mitsuki entre toutes les autres personnes.
Le fait d’avoir été jeté seul dans ce monde avait fait qu’Yuuto avait finalement réalisé un certain nombre de choses. Et parmi elles, il y avait la hauteur de son amour envers Mitsuki. C’était pourquoi il avait besoin de retourner au monde où elle l’attendait.
« Mais puis-je vraiment rentrer à la maison ? » soupira-t-il, perdu.
Si c’était par la puissance des Einherjars qu’il avait été amené ici, alors Yuuto pensait qu’il ne serait pas étrange qu’un tel pouvoir puisse un jour le renvoyer à la maison. Cependant, si un tel Einherjar existait, où serait-il ? Avec des moyens de communication et de transport limités ici sur Yggdrasil, en trouver un semblait être une tâche aussi désespérée que de saisir les nuages.
Une partie des raisons pour lesquelles il avait pris la poste de souverain était parce que cela lui donnait la chance de recevoir des informations et des rumeurs de partout. Il avait espéré que ce serait plus efficace que de braver des dangers infinis en essayant de visiter par lui-même et seul toutes les différentes régions. Mais pour le moment, cela n’avait pas apporté les résultats tant souhaités.
De plus, il ne pouvait pas attendre l’aide des habitants de son monde d’origine. La disparition d’Yuuto il y a deux ans avait causé un certain remue-ménage, et pourtant, personne ne croyait Yuuto ou Mitsuki.
Après tout, c’était quelque chose de tout à fait normal. En entendant une histoire absurde et n’ayant aucun sens scientifiquement parlant concernant des miroirs opposés qui auraient été utilisés afin d’envoyer quelqu’un dans un autre monde, la plupart des adultes l’avaient vu comme rien de plus qu’une plaisanterie.
Un détective avait bien accepté de venir jusqu’au sanctuaire, brandissant en plaisantant un miroir à l’opposé tout en regardant à travers le miroir divin, mais rien ne s’était produit.
En conséquence, puisqu’Yuuto pouvait toujours les joindre par téléphone, l’incident avait été vu comme rien de plus qu’une farce malicieuse, et en ce qui concernait la police à la Ville d’Hachio, il était considéré comme fugueur. Même si la police avait vraiment tout mis en œuvre et qu’elle aurait réussi à faire la lumière sur ce qui s’était passé, il doutait qu’ils soient en mesure de le faire partir de ce monde.
« Même si je pouvais retourner chez moi..., » Yuuto contempla ses propres mains. Ces mains avaient été souillées à maintes et maintes reprises par le sang des autres. Il n’avait plus le droit de la toucher avec des mains si sales. Il avait alors commencé à s’interroger.
« ... Non, je ne peux pas faire ça maintenant, » Yuuto secoua la tête, essayant de dissiper toutes les mauvaises pensées présentes dans sa tête en ce moment de déprime.
À quoi serais-je bon si je devenais trop sensible ? Je vais rentrer à la maison, peu importe comment ! Yuuto se le jura une fois de plus.
« Père, si tu restes ici toute la nuit, tu vas attraper un rhume. »
« ... ! »
Depuis derrière Yuuto, une voix familière lui parla, provoquant le gel instinctif de son dos. Il l’avait fait par culpabilité.
Quand il regarda derrière lui, Sigrun se tenait là, discrètement. Elle était probablement là, cachée tout en restant silencieuse et hors de vue, pendant tout le temps où il avait été au téléphone.
L’arrangement était que, en l’absence de Félicia, Sigrun avait le devoir de protéger Yuuto en tout temps. Même si elle était probablement épuisée par tout ce temps passé sur le champ de bataille, elle avait dû poursuivre Yuuto dans le long escalier après qu’il ait égoïstement fui ses responsabilités. Il se sentait coupable d’être le bénéficiaire d’une telle loyauté.
Soudain, les visages de tout le monde dans le Clan du Loup se mirent à lui traverser l’esprit. En effet, un jour, il devrait retourner au Japon.
En pensant non seulement à Sigrun, mais également à tous ceux qui dépendaient de lui, l’admiraient et le respectaient plus que quiconque, Yuuto renonça à son désir de rentrer chez lui.
Il pensait aux personnes qui lui avaient offert une grande hospitalité, et pour qui il avait désormais une grande affection.
Si cela avait été un an plus tôt, alors il aurait facilement pu les abandonner.
Mais maintenant, il n’était plus si sûr de ça.
***
Au crépuscule, l’homme s’est assis tout droit dans son lit.
À côté de lui dormait une femme totalement nue. Sa peau était humide en raison de la sueur et une odeur obscène flottait dans la pièce.
« Qu’est-ce que c’est ? » l’homme avait foudroyé du regard la porte et avait demandé ça d’une manière hautaine.
Il y avait une silhouette tremblante debout devant la porte. La personne ne s’attendait probablement pas à être remarquée ou reconnue avant même d’avoir parlé.
Mais pour cet homme, qui se comportait toujours comme s’il était sur le champ de bataille, ce n’était rien de bien spécial.
« P-Père, s’il vous plaît, pardonnez-moi pour mon intrusion à cette heure si tardive, » déclara le subalterne. « Nous avons reçu des informations de l’un de nos espions que Rasmas, le commandant en second du Clan de la Corne, est parti. C’est en relation avec le fait que le Clan du Loup établit un lien avec le Clan de la Corne à l’aide du Calice des Frères et Sœurs. »
« Ohh ? Le Calice des Frères et Sœurs, hmm ? ... Ahh, alors c’est parfait ça. En vérité, c’est le meilleur scénario possible. Rassemblez immédiatement les troupes, » déclara le Patriarche.
« Père ! Haha ! Mes bras crient une fois de plus pour pouvoir ressentir le frisson de la bataille, » le subordonné de l’homme avait dit cela avec un rire cruel.
« Mm, oui, nous pouvons enfin ouvrir la voie à notre Bifröst longtemps convoité, » acquiesça le Patriarche. « Maintenant, comment ce fameux petit morveux du Clan du Loup va-t-il gérer ça ? »
Alors qu’il déplaçait son grand corps, un large sourire diabolique s’étira sur son visage.
Notes
- 1 Kagami mochi : Kagami mochi (鏡餅), littéralement « gâteau miroir » est un mochi traditionnel du Nouvel An japonais. Il est habituellement fabriqué à partir de 2 mochi, le plus petit étant placé au-dessus du plus grand et d’un daidai (une orange amère japonaise), une feuille étant attachée sur le dessus.
Merci pour le chapitre. Je ne suis pas arrivé à me connecter a mon compte depuis mon PC mais j’y arrive depuis le téléphone portable.
Étrange. Un changement de mot de passe ?
Il arrive quelque fois qu’il y a un problème de cache sur certain navigateur qui empêche la connexion. Je n’ai pas encore trouvé de méthode pour fixé ça.
Du coté client (navigateur), cela passe normalement en vidant le cache ou en relançant le navigateur. Cela fait un moment depuis qu’on m’a rapporté ce problème, mais il survient de manière totalement aléatoire.
L’ordinateur ne me demande pas le mot de passe. Il y avait simplement une ligne de code au lieu de la fenêtre d’adresse email. Je tenterai de nouveau demain matin.
Ok, merci de l’info
j’ai mis à jour un plugin, et là, je constate qu’ils ont changé des trucs, c’est la raison du problème
Je vais aller corrigé le problème.
Voilà, cela devrait être fixé là… Mise à jour qui a mal passé sur le module…