Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 1 – Chapitre 2 – Partie 2

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Acte 2

Partie 2

« Eh bien, quel genre de rêves as-tu eu ? » Elle s’était doucement assise à côté d’Yuuto et lui posa la question avec désinvolture.

Une odeur douce et typiquement féminine avait rempli le nez d’Yuuto. Sur les champs de bataille, on ne pouvait pas apporter quelque chose comme du parfum, ainsi, Yuuto était complètement mystifié quant à la façon dont une femme pouvait sentir si bon ici.

« Oh ! J’ai fait un rêve à propos de mon stupide père. Arg, ça me rend malade de simplement penser à lui, » déclara-t-il d’une voix la plus neutre possible alors qu’il essayait de calmer son cœur tremblant.

« Ton vrai père ? Je vois. Tu dois lui manquer et il doit te manquer, » déclara Félicia.

« Bah ! Qu’est-ce que tu racontes ? Je ne veux plus jamais voir un crétin comme ça tant que je vivrais ! » Yuuto cracha et regarda dans l’autre sens avec un Hmph.

Du coin de l’œil, il aperçut Félicia en train de faire des sursauts auditifs, comme lors de ses fous rires. Ou du moins, c’était ce qu’il pensait, mais à l’instant suivant, il remarqua qu’elle se mordait les lèvres, comme si elle endurait une impérissable douleur.

« Tu es celle qui s’inquiète trop des choses, tu sais, » Yuuto retourna les paroles de Félicia, alors qu’il se mit à tapoter le haut de la tête de Félicia.

Yuuto pouvait deviner quelles pensées occupaient l’esprit de Félicia. Elle était contrariée d’avoir ri plus tôt de sa réaction. Elle pensait maintenant qu’elle n’avait surtout pas le droit de rire de ça. Celle qui avait attiré Yuuto dans ce monde, qui l’avait séparé de sa famille et de ses proches, n’était autre que Félicia elle-même.

« Je te suis reconnaissante pour tes préoccupations, mais je suis après tout la seule responsable, » Félicia avait dit cela avec un rire d’autodérision.

Ces derniers temps, elle taquinait Yuuto et ne lui montrait que son sourire éclatant, mais si l’on revenait aux premiers jours de son arrivée, alors son visage aurait toujours été raide avec son expression qui était en tout temps sombre.

La rune qu’elle possédait, celle du Serviteur sans Expression, Skirnir, était une rune permettant d’être très polyvalente. Elle lui avait accordé un talent et un talent extraordinaires dans l’athlétisme et les arts, ainsi que la capacité de manier des pouvoirs mystérieux tels que le galldr.

Parmi les nombreux pouvoirs accordés par le Serviteur sans Expression, il y avait quelque chose appelé le « Gleipnir ». Il s’agissait du pouvoir de capturer et de lier des choses qui contenaient des qualités étrangères (dans le sens de, ne provenant pas de ce monde) ou aberrantes. À l’origine, il s’agissait d’une technique destinée à sceller les pouvoirs surhumains des autres Einherjars, mais c’était simplement son but principal. Il y avait de fortes chances que ce pouvoir ait accidentellement été activé d’une manière inattendue et involontaire.

Yuuto ne comprenait pas vraiment la magie, alors il faisait beaucoup de déductions. Cependant, cette possibilité était plutôt élevée...

« Ce n’était pas seulement de ta faute, » Yuuto avait déclaré ça d’un ton sec. « C’est avant tout de ma faute. J’ai eu tort de ne pas être plus prudent..., » un modeste sourire s’était formé sur ses lèvres.

Le fait de dire qu’il n’avait jamais ressenti de la colère contre ce que Félicia lui avait fait serait certainement un mensonge. Mais elle ne l’avait pas attiré intentionnellement dans ce monde. Il avait été transporté ici en raison d’une série de coïncidences.

Yuuto soupçonnait que le fait d’avoir regardé dans le miroir opposé au sanctuaire pourrait aussi être l’un des principaux facteurs qui l’avaient amené ici. Voilà pourquoi une partie d’Yuuto croyait que ses actions étaient tout autant à blâmer.

Pourtant, Félicia ressentait beaucoup de culpabilité à son égard et essayait de faire tout ce qu’elle pouvait pour lui. Et si elle n’avait pas été là, Yuuto était sûr qu’il serait tombé dans le désespoir et se serait suicidé, ou, sinon incapable de trouver de quoi se nourrir, il serait mort de faim. C’est pourquoi il n’avait que de la gratitude envers Félicia, et bien qu’il le lui disait souvent, elle semblait le considérer comme étant uniquement quelque chose tout à fait naturel. Il ne semblait pas que cela changerait prochainement.

« Euh, Grand Frère ? » Le visage de Félicia s’était mis à rougir en raison de l’embarras alors qu’elle regardait Yuuto.

Il avait pris une profonde inspiration. « Oh, désolé. Toujours ma sale habitude... »

Paniqué, Yuuto retira sa main de la tête de Félicia. Il avait commencé à caresser sa tête depuis un moment sans s’en rendre compte. Peut-être parce qu’il avait passé tellement de temps à interagir avec son amie d’enfance pleurnicharde, chaque fois qu’il voyait une fille au bord des larmes, il avait l’habitude de caresser la tête de la jeune fille afin de la réconforter.

Réticente à déjà se défaire de ce moment-là, Félicia lui lança un regard intense et lui tendit la main. « Oh, je ne me soucie pas vraiment de ça. »

Le pouls d’Yuuto avait réagi à son geste amoureux en s’accélérant.

« Oh non ! Eh bien ! Tu es plus vieille que moi, donc je ne devrais pas... oh ! » Il était trop tard pour regretter ou reprendre ses paroles.

Le regard amoureux disparut rapidement du visage de Félicia. C’était également comme quand Sigrun perdait sa douceur quand elle devait interagir avec d’autres personnes qu’Yuuto.

« Oui, c’est vrai, » déclara-t-elle. « En effet, je suis plus âgée que toi. Oui... et bien, dans une demi-année, j’atteindrai le passage de mon vingtième anniversaire alors que je suis encore célibataire. Eh oui, j’ai peut-être attendu trop longtemps ! Pourtant, cela ne signifie pas que je ne suis pas attirante. C’est simplement que je n’ai pas été prise comme épouse par le moindre homme parce qu’il n’y a personne qui en soit digne parmi le Clan du Loup. Cela veut dire que c’est moi qui ai refusé leurs avances. De plus, j’ai juré sur ma vie qu’en premier lieu, je te servirais pour toujours, Grand Frère, alors comment ces vieillards pourris osent-ils dire des choses comme ça... !? »

Les mots qui sortirent des lèvres de Félicia, des jurons trempés de dédain, provoquèrent un sourire raide et nerveux d’Yuuto.

Ne jamais parler à Félicia de l’âge et du mariage, pensa-t-il avec amusement. C’était, parmi les membres du Clan du Loup, un accord tacite bien connu.

La douce Félicia, dont le sourire éclatant était normalement imperturbable, changeait de comportement dès que ces sujets étaient abordés. Elle devenait instantanément sinistre... presque comme le noir le plus absolu !

Il s’agissait d’une norme à Yggdrasil que les filles adolescentes soient mariées dès que possible. Pour une personne du 21e siècle comme Yuuto, cela aurait pu sembler un peu trop tôt, mais du point de vue du comportement humain, la mentalité d’une personne japonaise moderne était peut-être plus artificielle.

En parlant globalement, jusqu’à la dernière moitié du 19e siècle, le mariage pendant leurs années d’adolescence était tout à fait normal. Le Japon était dans le même cas de figure. À l’époque, il était communément admis dans le monde entier qu’une fille qui ne s’était pas mariée pendant son adolescence devait avoir quelque chose qui n’allait pas chez elle.

Comme il lui restait peu de temps avant d’atteindre cette limite, Félicia ressentait une extrême pression de la part de tous ceux qui l’entouraient, alors son anxiété démesurée à l’égard du sujet était tout à fait normale.

« E-Eh bien ! Si tu utilisais la manière de mon monde de compter les années, tu n’aurais que 17 ans, » lui déclara-t-il.

« C’est exact ! » cria-t-elle. « C’est le calendrier qui est en faute dans le cas présent ! Et bien sûr, ton pays utilise un calendrier bien plus raisonnable, Grand Frère ! Pourquoi ma date de naissance n’a-t-elle pas été sept jours plus tard ? Et cette fille-chien, elle n’a que 18 ans cette année ! Tout cela est bien trop étrange ! » Félicia serra les poings en criant. Cela donnait l’impression de voir un loup d’or hurlant ses ennuis à la lune.

Peut-être que c’était la cause de ses sentiments plus durs envers Sigrun.

Ici, en Yggdrasil, ils n’utilisaient pas le chiffre zéro, donc dès qu’une personne naissait, leur âge commençait automatiquement à l’âge de « un » an. Et, en tant que culture utilisant le calendrier lunaire, une fois que la nouvelle année arrivait, tout le monde avait instantanément avancé son âge d’une année.

En d’autres termes, pour quelqu’un comme Félicia, qui était née à la fin d’une année, quelques jours après sa naissance, elle était déjà considérée comme ayant « deux ans », tandis qu’une personne née au début de l’année, comme Sigrun, avait douze mois avant d’être considérée comme ayant deux ans. Pour une fille qui s’inquiétait de son âge, une telle méthode de calcul devait paraître injuste.

« Oh, je suis désolée. J’ai perdu mon sang-froid pendant un moment, » déclara Félicia.

« Oh... eh bien, j’étais celui qui avait tort, » lui déclara Yuuto.

« En guise de pénitence, permets-moi de t’offrir une berceuse, » répliqua Félicia.

« Hé, je suis un peu trop vieux pour..., » répondit Yuuto.

« Vieux ? » demanda Félicia.

« Non, ça ne fait rien ! C’est bon, » déclara Yuuto.

Sentant que l’expression de Félicia allait se remettre à s’assombrir, Yuuto rétracta rapidement ses paroles. Même s’il était censé être le souverain, il avait pris par réflexe une posture formelle, debout, au garde-à-vous.

Félicia hocha froidement la tête et se dirigea vers la tente d’Yuuto.

« He maintenant ! Tu ne devrais vraiment pas être dans les quartiers d’un homme au milieu de la nuit..., » Yuuto avait commencé à protester.

« Oh ? Personnellement, cela ne me dérangerait pas de répondre à tes besoins pendant toute la nuit. Je pourrais être là afin de t’assister pour que tu sois de bonne humeur demain. On dit bien depuis l’antiquité que la peau d’une femme apaise les angoisses du champ de bataille, » les yeux plissés de Félicia étaient remplis de sensualité alors qu’elle lui jetait un coup d’œil par-dessus l’épaule.

Et pour couronner le tout, sa silhouette, éclairée par le clair de lune, la rendait magique, lui donnant une beauté plus envoûtante qu’à la lumière du soleil, faisant battre le cœur d’Yuuto de plus en plus fort.

Yuuto était, après tout, un adolescent. Alors le fait d’avoir une fille, et surtout une fille aussi belle que Félicia, qui lui parlait de « l’assister » pendant la nuit, n’était pas quelque chose dont il ne serait pas intéressé. Il avait instinctivement dégluti.

« Hehe, alors, que devrions-nous faire ? » demanda-t-elle.

« J’apprécie beaucoup ton offre, mais j’ai peur de devoir refuser. Je ne voudrais pas la trahir, » Yuuto déclara cela d’un ton neutre, évitant son regard.

Il l’avait dit à Félicia sans la regarder parce qu’il avait peur que s’il la regardait, son charme surmonte tout sens de la raison.

Mais même sans tenir compte de Mitsuki, cela ne signifiait pas nécessairement qu’il aurait ainsi cédé. Elle se sentait toujours profondément coupable envers lui. C’est pourquoi il pensait toujours qu’il profiterait de ces sentiments, et de son dévouement inconditionnel à son égard s’il allait de l’avant. Selon lui, ceci reviendrait à souiller la personne qui avait sauvé sa vie en raison de ses propres désirs primaires, et cela ressemblerait à l’acte d’une bête. La fierté d’Yuuto ne permettrait pas un tel acte tant que la situation n’évoluerait pas.

« Oh, c’est dommage ! » avec un sourire malicieux, Félicia avait disparu dans la tente.

Yuuto regarda instinctivement le ciel avant de murmurer. « Laissez-moi tranquille ! Même mon esprit rationnel à ses limites. »

Prenant une profonde inspiration afin d’essayer de se calmer, Yuuto suivit Félicia dans sa tente.

La flamme d’une lanterne allumée par Félicia remplissait sa tente d’un doux éclat orange. Elle était assise sur le lit en bois à l’extrémité de la tente. Elle lui avait fait un doux sourire, tapotant ses genoux.

« Je n’ai pas l’intention de partir jusqu’à ce que tu sois capable de te reposer, Grand Frère, » déclara-t-elle.

Ayant obtenu l’avantage sur lui, Félicia était assise là, souriante avec douceur et avec gentillesse.

Un homme qui ne répond pas aux avances d’une femme devrait avoir honte, ces paroles avaient traversé son esprit. Sa rationalité était réapparue, lui disant de ne pas tomber dans un tel piège.

« Selon ce que j’ai remarqué, tu as à peine dormi au cours du dernier mois, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle. « La bataille est finie, alors tu devrais te reposer. S’il te plaît, laisse-moi faire tout ce que je peux afin de t’aider. »

Ses yeux étaient remplis d’une telle inquiétude que c’était comme si elle pouvait pleurer à tout moment, et finalement, il ne pouvait pas le lui refuser. Elle avait parfaitement raison. Le mois dernier, il avait été si fermement angoissé alors qu’il se demandait tout le temps si l’ennemi allait les attaquer et quand cela pourrait se produire. Finalement, au cours de la plupart de ces jours, il avait à peine dormi, et il ne pouvait pas compter le nombre de nuits blanches qu’il avait passé...

Elle semblait toujours plaisanter, mais en réalité, elle était vraiment inquiète pour lui et sa santé. La vérité était qu’avec le fait qu’il était toujours en état d’alerte, il ne se sentait pas non plus capable de dormir profondément ce soir.

« ... D’accord, je vais te laisser faire, » déclara-t-il finalement. Yuuto se prépara afin de se recoucher, puis il se laissa tomber sur le lit et posa sa tête sur les genoux de Félicia. En tant qu’un petit acte de résistance, il s’étendait avec la tête face à l’abdomen de Félicia. Il ne voulait surtout pas qu’elle voie son visage en ce moment.

« Parfait. Bonne nuit, Grand Frère, » déclara-t-elle. Une douce mélodie apaisante put être alors entendue en provenance des lèvres de Félicia.

Il se souvint d’avoir entendu cette phrase musicale auparavant, parce que ce galldr, celui du « repos paisible », lui avait déjà été chanté de nombreuses fois.

Je suppose que je suis vraiment fatigué, pensa Yuuto. Et alors qu’il pensait à ça, ses paupières s’étaient alourdies, et sa conscience avait été absorbée par le galldr, lui permettant de tomber dans l’obscurité.

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2 commentaires :

  1. Julien Bonneau

    Merci pour le chapitre.

  2. Dominique Ringuet

    Merci pour le chapitre !

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