Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 9 – Chapitre 1 – Partie 9

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Chapitre 1 : Par miracle, nous avons passé un peu de temps seuls, et nous avons fini par partir en lune de miel

Partie 9

« Veuillez vous asseoir et vous détendre, » déclara Néphy.

« Merci, je serai à vos soins, » déclara Kuroka.

Après son arrivée dans la salle du trône, Néphy commença à examiner les yeux de Kuroka. Cela dit, elle ne bougeait pas du tout et se contentait de toucher les joues de Kuroka en regardant droit dans ses pupilles. Contrairement à la sorcellerie, qui était une accumulation de connaissances et de techniques précises, le mysticisme se manifestait par la prière vers « quelque chose » comme des esprits et des fées qu’on ne pouvait pas voir.

Et Néphy croyait que ce « quelque chose » était un flux d’une puissance similaire au mana ou à la force vitale qui coulait à travers la terre. Zagan pensait que c’était une manifestation de pouvoir destinée à détruire quelque chose à l’extérieur, mais il se demandait si ceux qui se trouvaient dans le flux n’étaient pas des êtres ayant une volonté avec laquelle on pouvait converser. Bref, Néphy cherchait un pouvoir qu’elle pourrait emprunter pour pouvoir soigner les yeux de Kuroka.

Hmm… Néphy a une expression si grave sur le visage, c’est à la fois inhabituel et mignon ! Zagan contemplait Néphy avec audace et sans hésitation, ce qui faisait que Néphy le regarda avec malaise.

« Euh, Maître Zagan, c’est gênant si tu me fixes autant, » se plaignit Néphy.

« Hein ? Oh ! Désolé…, » déclara Zagan.

Il en faisait vraiment trop. En fait, Néphy savait probablement que c’était exactement ce qui allait se passer, c’est pourquoi elle avait prévu d’utiliser sa chambre. Tel était son plan, mais il était inévitable qu’elle doive passer par la salle du trône pour l’atteindre. Et ce faisant, Zagan l’avait appelée pour qu’elle s’y arrête.

Même moi, je n’ai pas été dans la chambre de Néphy. Kuroka serait à la limite de l’acceptable, mais elle avait demandé à Shax de l’accompagner. C’était au-delà de ce qui était permis, alors il avait fini à la place par leur prêter la salle du trône. Soit dit en passant, Kuroka et Shax semblaient l’avoir senti et avaient simplement hoché la tête lorsqu’il leur avait dit de rester.

Zagan avait commencé à regarder autour de lui avec impatience pour mesurer comment les choses se passaient, car le simple fait de regarder Néphy lui causait des ennuis. Il leur avait préparé une table, de sorte que Néphy et Kuroka étaient assises en face l’une de l’autre. Quant à Shax, il était assis à côté de Kuroka et lui tenait la main.

Argh… ! Qu’il soit maudit ! Ils ne se sont rencontrés que récemment et se tiennent déjà naturellement la main !? Combien de temps avait-il fallu à Zagan pour atteindre ce stade ? Il lui arrivait de tenir la main de Néphy sans en avoir l’intention, mais il lui fallait un mois en entier pour pouvoir le faire de son plein gré. Il ne pouvait vraiment pas prendre cet homme à la légère bien qu’il soit le subordonné de Zagan.

Oh, mais, Shax va probablement se faire tuer si je ne donne pas d’avertissement à Raphaël… C’était un subordonné plutôt gênant, mais Zagan ne pouvait pas se résoudre à le haïr. Par ailleurs, Zagan souhaitait également le bonheur de Kuroka.

Il continua à les regarder de son trône pendant un certain temps lorsqu’il remarqua que l’expression de Néphy se raidissait soudainement.

Est-ce que l’état de ses yeux est si mauvais… ? Zagan avait entendu dire que le problème dépassait largement les capacités de Shax et qu’il ne pouvait pas être résolu par la sorcellerie. C’est pourquoi ils avaient essayé de s’appuyer sur le mysticisme de Néphy, mais il semblait qu’il était peut-être aussi hors de sa portée.

Les autres avaient également remarqué les subtilités de l’expression de Néphy, et Shax l’avait interrogée sur un ton hésitant.

« Est-ce que ça vous semble trop dur pour vous aussi ? » demanda Shax.

« Oh, non, je crois qu’il est possible de les guérir. Mais…, » répondit Néphy.

Néphy s’était arrêtée comme si elle ne voulait pas le dire devant Kuroka. Cependant, Shax l’avait compris et avait quand même hoché la tête.

« Je vois. Il y a donc toujours un risque, même si nous utilisons le mysticisme. Est-ce quelque chose comme ça ? » demanda Shax.

« … Oui, » répondit Néphy.

« Ce n’est pas grave. Dites-moi, s’il vous plaît, Lady Néphy. Je suis venue ici après m’être bien résolue à ça, » déclara Kuroka.

C’est pourquoi Shax était avec elle. Néphy avait levé les yeux vers Zagan avec un regard troublé.

Ah… Qu’elle compte sur moi comme ça me rend un peu heureux… C’était peut-être impudent de sa part, mais le fait qu’on lui ait fait confiance alors qu’elle était perplexe ne lui avait pas fait de mal du tout. Alors Zagan se leva de son trône et marcha vers Néphy.

« Dis-leur Néphy. Kuroka et Shax sont forts. Ils peuvent accepter la vérité, » déclara Zagan.

Néphy avait saisi la main de Zagan en la pressant, puis elle prit une grande inspiration avant de parler.

« Il est possible de guérir vos yeux. Cependant, cette blessure est très profonde. Il y a un risque que la guérison ait des effets secondaires, » déclara Néphy.

Le corps de Kuroka se raidit légèrement, mais elle acquiesça immédiatement.

« Quels types d’effets secondaires en particulier ? » demanda Kuroka.

« Je ne peux pas en dire autant…, » Néphy répondit et secoua la tête.

« S’il y a un effet secondaire, ce sera probablement à ta mémoire, » dit Shax à sa place.

« Ma mémoire…, » Kuroka avait mis sa main sur sa poitrine.

« Oui. Même maintenant, la structure du cerveau n’a pas été complètement clarifiée par la sorcellerie. Mais nous savons que les nerfs optiques du cerveau sont adjacents à l’endroit où les souvenirs sont stockés. C’est pourquoi il est possible de reproduire des visions de souvenirs… Mais je suppose que tout cela n’est pas vraiment pertinent en ce moment, » répondit Shax.

L’explication de Shax était hors du champ d’expertise de Zagan, mais il avait compris qu’il sous-entendait qu’il y avait d’autres façons d’aborder le problème.

Même si c’était temporaire, il a réussi à rendre la vue à Kuroka. Si cette sorcellerie était menée à bien, Kuroka pourrait voir même si ses yeux n’étaient pas guéris. Kuroka l’avait probablement aussi compris, et elle était la seule à pouvoir décider de ce qu’il fallait faire. Tous les regards convergeaient vers elle alors qu’elle déglutissait.

Et incapable de regarder cela continuer, Shax se grattait la joue et marmonnait comme s’il se parlait à lui-même. « Ah… Il n’y a pas vraiment besoin de se décider tout de suite… »

« Non. J’ai décidé de me faire soigner les yeux, » avait répondu Kuroka avec résolution.

Shax lui avait mis la main sur la tête comme pour louer sa détermination.

« D’accord. Même si quelque chose arrive, je le gérerai d’une manière ou d’une autre. Alors, détends-toi et soigne-toi, » déclara Shax.

« … Oui ! » répondit Kuroka.

Même Zagan s’était senti soulagé de les voir tous les deux comme ça.

On dirait que Kuroka va vraiment bien maintenant. Kuroka avait appartenu à une équipe d’assassins de l’Église destinée à la chasse aux sorciers. Ainsi, même s’ils lui avaient donné une place dans le monde, elle n’avait jamais compté sur Zagan ou Chastille. Et maintenant, elle pouvait compter sur quelqu’un de façon si évidente.

Qu’il s’agisse de son caractère malheureux, de son passé turbulent ou de sa cécité, cette fille n’était qu’un faisceau d’anxiété pour les autres. Et il pouvait enfin ressentir un certain soulagement à son sujet. Tous deux pouvaient certainement surmonter tout ce que Kuroka ne pouvait pas gérer par ses propres moyens. C’est précisément ce que Néphy était pour Zagan, il avait donc estimé que c’était vrai pour eux aussi.

Le problème est-il vraiment Néphy ? Elle avait fondamentalement essayé de garder ses distances avec le mysticisme, et la blessure de Kuroka était plus profonde qu’on ne l’imaginait. Zagan avait pu voir que cela avait ébranlé sa confiance.

Néanmoins, Néphy était une fille forte. Elle avait pris une petite inspiration, puis avait répondu d’un ton clair.

« Donnez-moi un peu plus de temps, s’il vous plaît. Je trouverai un moyen plus définitif de guérir vos yeux. »

« Compris. Je serai sous votre garde, » Kuroka s’inclina et répondit à Néphy sans montrer le moindre signe de peur.

◇◇◇

Shax avait mené Kuroka par la main et les deux individus avaient quitté la salle du trône. Après les avoir vus partir, Zagan s’était tourné vers Néphy.

« Ça va Néphy ? » demanda Zagan.

« Oui. Je vais leur montrer que je peux la guérir, » déclara Néphy.

« Ce n’est pas ce dont je parle…, » déclara Zagan.

Je suis plus inquiet du fait que Néphy se sente mal à l’aise à ce sujet. Et alors qu’il s’inquiétait de la façon de lui faire comprendre cela, Néphy sourit un tout petit peu.

« Ce n’est pas grave. Je comprends parfaitement ton inquiétude à mon égard, Maître Zagan, » déclara Néphy.

« Est-ce que c’est si… ? » demanda Zagan.

« Oui. Mais je ne veux pas céder, » déclara Néphy.

« … J’ai compris. Alors je ne dirai rien, » déclara Zagan.

Néphy avait rarement fait preuve d’une telle affirmation de soi, alors Zagan n’avait rien voulu dire pour l’arrêter. Au bout d’un moment, Néphy s’était calmée et avait secoué sa tête.

« Ensuite, je reprendrai le travail. Je ne peux pas laisser la cuisine et le linge à tout le monde, » déclara Néphy.

« Hmm… »

Zagan avait regardé Néphy quitter la salle du trône à grands pas, puis il avait plissé ses yeux.

Mais ce n’est pas comme si je pouvais rester sans rien faire… La détresse d’essayer de guérir quelqu’un était la même que celle d’avoir sa vie entre vos mains, ce qui signifiait que Néphy était sous une énorme pression en ce moment. C’est pourquoi, dans son esprit, il était hors de question de choisir de ne rien faire. Et donc, après y avoir réfléchi un peu, Zagan s’était rendu au jardin.

Elle devrait être par ici… Après avoir quitté le château et être sorti dans le jardin, Zagan avait trouvé ses subordonnés en train de courir partout. En effet, il leur avait ordonné de poursuivre leurs activités habituelles tout en recueillant des informations sur Shere Khan. Après être passé par les sorciers occupés, il avait trouvé une grand-mère à l’air suspect, toute seule, respirant difficilement tout en se cachant dans un fourré.

« Keeheehee, quel pouvoir d’amour aigre-doux ! Voyons voir combien de temps ce Shax pourra tenir en faisant désespérément semblant de ne pas remarquer la bravoure de Lady Kuroka ! Il possède une innocence différente de celle de mon suzerain que personne ne peut arrêter. »

Son regard était fixé sur le dos de Kuroka et de Shax alors qu’ils retournaient à l’église main dans la main. À en juger par la pâleur de Shax, il espérait sans doute revenir rapidement avant de provoquer la colère de Raphaël.

Et ainsi, Zagan appela la vieille voyeuse. « Gremory, désolé de te déranger pendant que tu es occupée, mais j’ai du travail pour toi. »

« Ah, attendez encore un peu ! Lady Kuroka vient de trébucher et elle s’accroche à son bras ! » répondit Gremory.

« Quoi !? Hmm, il la soutient par la taille, je vois… Pas mal, » déclara Zagan.

« Keeheehee, il semble que Lady Kuroka ne puisse pas le supporter. La façon dont elle est complètement secouée et résiste en le frappant avec ses poings ne semble pas avoir une once de force en elle ! » déclara Gremory.

« Ce n’est pas différent de simples ébats. Bien que je suppose que c’est exactement cela, » déclara Zagan.

« Oh mon Dieu ! Maintenant qu’elle est finalement tombée à genoux, ce maudit Shax la porte dans ses bras ! » déclara Gremory.

« … Cet idiot. Il se fera tuer par Raphaël s’il est vu comme ça, » déclara Zagan.

« Ne vous inquiétez pas, mon seigneur. Cela sera bientôt terminé, » déclara Gremory.

Après que Zagan ait rejoint la grand-mère dans le fourré contre son gré, un majordome les avait dépassés de plein fouet avec la douce expression d’un père affectueux.

« Ah… Attends. Je comprends tes sentiments, mais attends. Je t’en supplie, ne le tue pas, » déclara Zagan.

Zagan avait saisi l’arrière du cou de Raphaël alors qu’il passait, et sentant la soif de sang dans la région, Shax commença à s’enfuir aussi vite qu’il le pouvait.

 

 

« Mon seigneur ! Accorde-moi ta bienveillance ! Je dois abattre ce salaud ! » s’écria le majordome.

Donc même Raphaël finit comme ça… Zagan avait également une fille, Foll. Il ne pouvait pas considérer cela comme le problème de quelqu’un d’autre. Et, laissant de côté son majordome, qui continuait à donner de violents coups de pied, Zagan se tourna vers Gremory.

« Alors, as-tu fini maintenant Gremory ? » demanda Zagan.

« Keehee ! Que désirez-vous donc, mon seigneur ? » demanda Gremory.

Les doigts de Gremory s’agitaient comme s’ils s’attendaient à ce qu’un nouveau jouet soit à sa portée, et Zagan s’était lancé sur le prochain sujet sans émotion.

« Je vais voir Orias. Guide-moi vers —, » déclara Zagan.

« — Argh ! Je ne veux pas encore mourir ! » Gremory commença à utiliser sa sorcellerie pour s’échapper avant même que Zagan n’ait pu finir de parler.

Eh bien, je suppose que c’est à peu près ce à quoi on devait s’attendre. Environ un mois s’était écoulé depuis, mais Gremory s’était enfuie de chez son professeur Orias malgré sa colère. Il était assez facile d’imaginer le genre de réprimande qu’elle allait recevoir si elles se réunissaient. C’est pourquoi on peut dire que sa réaction de tout à l’heure était assez naturelle.

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