Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes
Partie 1
« Je vois. Il faut une sirène pour te guider à travers l’océan, » murmura Zagan en admirant ce qui était devant lui. Cela faisait deux jours qu’il avait décidé de se rendre à la conférence.
La capitale océanique, Atlastia, était une métropole au fond de l’océan, loin du continent où se tenait la Conférence continentale interraciale des aînés. En fait, c’était quand même assez loin pour qu’un bateau de Kianoides mette plus d’une semaine pour s’y rendre, mais heureusement, les sirènes pouvaient manipuler les courants d’eau. Grâce à ce pouvoir, il était possible d’y arriver en une seule journée.
Je n’ai que quatre jours avant mon rendez-vous… Finalement, Zagan n’avait jamais eu l’occasion d’acheter de nouveaux vêtements. Et tout au plus, il avait deux jours libres pour se préparer. Il devait se dépêcher. C’est pourquoi il avait regardé autour de lui, paniqué. Puisqu’ils étaient censés être au fond de l’océan, il y avait d’innombrables poissons qui nageaient au-dessus d’eux. Cependant, son champ de vision était médiocre, de sorte que tout ce qui se trouvait à plus de dix pas semblait flou. Il était apparemment à une profondeur où la lumière du soleil ne pouvait pas les atteindre, mais mystérieusement, il faisait clair comme le jour autour de lui. C’était différent de la façon dont les sorciers utilisaient la sorcellerie pour voir dans le noir. Cela dit, ce n’était pas comme s’il y avait une source de lumière claire. C’était comme l’air… ou plutôt, l’eau elle-même brillait.
Ce n’était pas de l’herbe qui poussait sous ses pieds, mais des algues et du corail. Il n’y avait pas du tout d’air autour d’eux, juste de l’eau de mer. La raison pour laquelle il pouvait respirer malgré cela semblait être la puissance des sirènes. C’était apparemment l’entrée d’une ville ou d’un pays, de sorte qu’il pouvait apercevoir au loin quelque chose de semblable à un temple construit par l’homme. Les pierres qui dépassaient de là semblaient avoir des lumières à l’intérieur, et un examen plus attentif avait révélé des fenêtres et des entrées. Je pensais que, pour l’instant, Zagan ne pouvait repérer personne d’autre que les poissons.
« C’est un endroit assez mystérieux, n’est-ce pas ? » demanda Néphy d’une voix envoûtante alors que sa main serrait celle de Zagan comme un étau. À part elle, seule Foll, qui avait également dû faire enlever la malédiction, et Selphy, qui avait servi de guide, accompagnaient Zagan. Et puisqu’ils se rendaient à la conférence, Néphy portait une robe de soirée au lieu de son uniforme de bonne habituel.
Dans tous les cas, Zagan et Foll portaient leurs vêtements habituels lorsqu’ils seraient retournés à leurs formes originales. Mais ce n’était pas comme s’ils les portaient sous leurs vêtements actuels ou quoi que ce soit d’autre. Au lieu de cela, ils utilisaient la sorcellerie pour plier l’espace lui-même et le dissimuler autour d’eux, ce qui donnait presque l’impression qu’ils portaient des vêtements invisibles.
Raphaël et Kimaris étaient restés pour surveiller le château. Je ne peux en aucun cas laisser mes subordonnés s’informer sur cette forme, alors ils feraient mieux de les garder occupés…
Ce n’était pas comme s’il y en avait parmi eux qui se révolteraient pour une telle chose, mais être traité comme un enfant était beaucoup trop douloureux. Bien sûr, ils n’avaient pas de mauvaise volonté, mais c’était quand même assez ennuyeux.
« C’est comme être au-dessus de l’eau et en même temps à l’intérieur. C’est bizarre, » déclara Foll en lui faisant un petit signe de tête. Ils se promenaient normalement et n’avaient pas du tout l’impression que leurs vêtements étaient mouillés. C’est du moins ce qu’ils pensaient, mais Selphy nageait dans les airs. D’une certaine façon, c’était comme s’ils marchaient dans un épais brouillard persistant, ce qui signifiait probablement qu’il y avait une barrière dans la région. Cependant, s’il y en avait, c’était vraiment énorme.
« Ce n’est pas de la sorcellerie, mais c’est aussi différent du pouvoir des dragons… Si je devais le comparer à quelque chose, le mysticisme elfique me semble le mieux adapté, » déclara Zagan.
Est-ce l’un des pouvoirs perdus qui résident à Liucaon ? Cette conférence était plus proche de Liucaon que du continent. On disait qu’une puissance différente de la sorcellerie demeurait dans cette nation insulaire, ce qui remplissait d’espoir Zagan.
« Ça se ressemble, n’est-ce pas ? Je sens ici quelque chose comme le pouvoir des esprits qui ne devrait pas être dans l’eau. Peut-être qu’ils empruntent du pouvoir à de tels êtres ? » murmura Néphy en observant ce qui l’entourait.
« Il semble que c’est comme le pouvoir d’un trésor sacré qui a été transmis par la famille royale, » répondit Selphy d’un ton plutôt indifférent.
« … Est-ce que c’est bien pour toi de le révéler à des gens de l’extérieur ? » demanda Zagan.
« Ne sommes-nous pas tous de la même famille ? » demanda Selphy.
« J’ai entendu dire que les serviteurs sont comme la famille, alors tu l’es, » Foll hocha la tête et elle répondit à la place de Zagan, car il était trop embarrassé pour répondre à Selphy.
« Wôw ! Tu dis qu’on est très proches, non ? » s’exclama Selphy semblant clairement très heureuse. Zagan ne comprenait pas pourquoi elle serait heureuse de la déclaration de Foll, mais il n’avait pas pris la peine de le mentionner parce qu’il ne s’en souciait pas vraiment.
« Bref, c’est mon royaume. Mais il n’y a que quelques centaines de personnes qui vivent ici, donc c’est plus un petit village, » déclara Selphy.
Comme les elfes et les dragons, les sirènes étaient une espèce en voie de disparition. Et comme seulement plusieurs centaines d’habitants vivaient dans ce royaume, il était difficile d’imaginer qu’ils survivraient les cent prochaines années. Heureusement, son existence était un secret bien gardé. Si les sorciers réussissaient un jour à le flairer, les sirènes s’éteindraient du jour au lendemain.
« Est-ce que cette conférence ou quoi que ce soit d’autre a toujours lieu ici ? » demanda Zagan.
« Je ne sais pas. Mais, c’est la première fois que je la vois moi-même, alors ils la déplacent probablement, non ? » demanda Selphy.
« Je suis surpris que tu puisses t’appeler un membre de la royauté alors que tu en sais si peu, » déclara Zagan.
« Haha… C’est dur de se souvenir de choses qui ne t’intéressent pas, non ? » déclara Selphy.
« Maintenant que j’y pense, quelles races s’en viennent ? » Néphy se tourna vers Selphy et lui posa cette question. Cependant, Selphy avait simplement baissé la tête sur le côté comme si elle n’avait jamais réfléchi à la question, ce qui était tout à fait logique.
« Voyons voir. Je ne sais pas combien de races se réunissent pour cette conférence, mais les plus rares sont les dragons comme Foll, ainsi que les elfes comme Néphy ou Nephteros, » Zagan avait répondu à la question de Néphy. Puis, il avait tendu les doigts en commençant à les compter en disant. « À part ça, il y a des fomoriens comme Gremory, des léonins comme Kimaris, des tabaxis comme Kuroka… Oh, et j’ai entendu dire qu’il y a aussi des fées. Cependant, le terme fée englobe beaucoup de choses. Les elfes et les cait siths sont inclus dans cette catégorie. »
« Les tabaxis et les cait siths sont-ils de races différentes ? » Néphy pencha la tête sur le côté quand elle posa cette question.
« On peut le dire. Cela dit, il s’agit seulement de savoir si les parties humaines ou félines sont plus importantes, alors ils sont largement considérés comme étant la même race. Cependant, la qualité de leur mana est clairement différente, donc les sorciers notent certainement la différence, » déclara Zagan.
« Ouaip ! De plus, j’ai entendu dire que les cait siths possèdent la même quantité de mana que les sirènes et les succubes ! Ils sont tous les trois très spéciaux au Liucaon ! » s’exclama Selphy en poussant sa main droite en l’air.
« Je vois. Vous êtes bien informée, n’est-ce pas ? » répondit Néphy.
« Hehehehe. Je suis aussi une sirène. Ces vieux bonhommes m’auraient crié dessus si je n’avais pas autant appris, » expliqua Selphy. Malheureusement, il avait probablement fallu tous les efforts que les bonhommes avaient pu rassembler pour lui forcer la tête avec ce peu d’information.
« Ce sont toutes des espèces plus rares. Les Avians comme Manuela, les lycans, les canus et les nains peuvent être trouvés partout où vous regardez. À part ça…, » Zagan avait traîné derrière eux en pensant aux autres races. Puis, un certain nom lui était soudain venu à l’esprit, alors il l’avait dit. « Hm… Je ne sais pas s’ils feraient partie des races du continent, mais… le Clan de la nuit. Il y en a plus beaucoup qui portent ce nom. »
C’était probablement la première fois que Néphy entendait ce nom, car ses oreilles tremblaient, ce qui montrait son intérêt pour la question.
« Comment sont-ils ? » demanda Néphy.
« Pour dire les choses simplement, se sont des morts-vivants. Cependant, ils sont fondamentalement différents des zombies et des squelettes que les sorciers créent. Ils peuvent survivre sans être approvisionnés en mana, et ils ne peuvent pas être tués. Cependant, vous pouvez apparemment les briser en morceaux assez petits pour les empêcher de faire quoi que ce soit, » répondit Zagan. Il n’était pas sûr si même le Phosphore du Ciel était assez puissant pour les achever, puisque leur constitution était plutôt unique. Cela dit, Zagan n’en avait jamais rencontré.
« Wôw, il y a quelqu’un d’aussi effrayant ici, hein !? Je me demande s’ils m’écouteront chanter, » Selphy s’était mise à rire sans réfléchir en disant cela, ne voyant apparemment pas Néphy pâlir à côté d’elle.
« Qui sait ? Eh bien, l’Église a leurs yeux pointés sur eux, donc tu ne les verrais jamais sur le continent. De toute façon, ils sont forts, ce qui les résume bien, » déclara Zagan.
D’après la façon dont Selphy parlait, il semblait que le Clan de la Nuit n’avait rien à voir avec la conférence.
Et, comme ils parlaient de ces choses, ils arrivèrent au temple. Il s’agissait d’un vieil édifice fait d’un matériau étrange qui n’était ni du métal ni de la pierre. Il ne savait pas ce qu’était l’usure sous la mer, mais, vu l’épaisse couche d’algues et de sédiments qui s’y accumulaient, il avait deviné que cela existait depuis au moins deux cents ans. Il y avait plusieurs lumières autour de lui, et on aurait dit qu’il y avait quelque chose, mais…