Chapitre 3 : Étonnamment, il y a beaucoup d’individus gentils dans le monde, mais il y en a aussi beaucoup qui ne le sont pas
Partie 2
« Bienvenue à la maison, Maître Zagan. »
De retour à la salle du trône, Zagan trouva Néphy qui l’attendait. Il avait supposé qu’elle s’était retrouvée coincée en raison de la préparation du dîner, mais il semblerait qu’il avait tort.
Le fait qu’elle m’attende ici signifie qu’elle a quelque chose dont elle veut parler en privé, non ? Si ce n’était pas le cas, cette fille l’aurait sûrement attendu à l’entrée du château. Après avoir observé l’allure de Néphy une fois de plus, il avait l’impression qu’elle avait quelque chose dont elle voulait parler. Elle avait les mains jointes derrière le dos et regardait Zagan avec un regard d’appréhension bien visible sur son visage. Ses oreilles pointues frémissaient avec un sentiment d’impatience et de nervosité à son égard.
Euh… la façon dont elle réagit ici ne veut-elle pas dire qu’elle a découvert que j’étais en train de me préparer pour ce rendez-vous, non ? Zagan avait gardé le secret pour pouvoir la surprendre. Il serait dans le pétrin si elle l’apprenait soudainement.
« Qu-Qu’est-ce qui ne va pas Néphy ? Po-Pourquoi es-tu debout avec une telle solennité ? » Zagan avait crié à Néphy malgré ses nerfs piqués à vif.
« O-Oui, euh… en fait, il y a quelque chose que j’aimerais vous donner…, » Néphy avait sorti un petit paquet enveloppé dans du papier. Elle le tendit timidement à Zagan en disant cela. Cela avait été noué ensemble à l’aide d’un ruban rouge vif et cela avait semblé tout à fait charmant.
Est-ce… ce qu’on appelle un cadeau ? Zagan avait pensé à préparer quelque chose de son côté après avoir obtenu des conseils de Kuroka, mais il n’avait pas encore imaginé que Néphy pourrait lui en offrir. Il y avait aussi la question du pendentif d’Orias. Et pendant que Zagan était angoissé par toutes ces pensées, Néphy avait fini par le battre au poteau.
Attends. Que dois-je faire quand je reçois un cadeau de la fille que j’aime ? Était-ce quelque chose à mettre en décoration ? Ou attends, est-ce que c’était quelque chose qui pouvait être préservé en premier lieu ? Il avait reçu une couronne de fleurs de Néphy quand elle était devenue minuscule avant, mais à ce moment-là, il avait été capable de garder son sang-froid. Il avait utilisé la sorcellerie pour arrêter l’écoulement du temps pour l’empêcher de flétrir.
Cependant, cette fois-ci, c’était une autre histoire. Néphy était revenue à son âge habituel, et elle était avec son apparence quand Zagan était tombé amoureux au premier regard. Le fait qu’elle ait préparé un cadeau pour Zagan lui avait donné l’impression que cela avait un poids émotionnel différent. Et ainsi, tout ce que Zagan pouvait faire devant ce cadeau était de rester paralysé par la surprise.
Gaaah ! Ne sois pas si faible, Zagan ! Comment un puissant Archidémon peut-il s’agiter pour de telles choses chaque fois !? Gah ! Ceux qui ne s’agitent pas, ce sont les étranges ! Même la voix qui le réprimandait dans son propre esprit avait abandonné en un instant. Quoi qu’il en dise, c’était le premier cadeau qu’il recevait de la fille qu’il aimait. C’était vraiment impossible de garder son sang-froid. Et tandis qu’il était choqué, debout là, sans voix, il remarqua soudain que Néphy le regardait d’un air inquiet.
Oh… C’est vrai. Je dois regarder à l’intérieur ! pensa-t-il.
Zagan s’était raclé la gorge en toussant avant de parler. « Puis-je l’ouvrir ? »
« S’il vous plaît, faites-le, » déclara Néphy.
Veillant à ne pas abîmer l’emballage, car il voulait le garder en souvenir, il l’avait soigneusement défait pour trouver de la laine tricotée.
« C’est… un cache-nez ? » demanda Zagan.
Il était fait de laine rouge vif et avait une broderie complexe décorant ses bords avec du fil d’or. C’était la première fois que Zagan en tenait un en main, mais il en avait repéré ici et là en ville.
« Ce n’est peut-être pas nécessaire pour vous, puisque vous pouvez utiliser la sorcellerie, mais il commence à faire froid dehors. C’est pourquoi j’ai essayé de le faire… en pensant qu’il pourrait vous être utile, » répondit Néphy d’une voix feutrée.
« Qu-Quoi... ? C’est… fait à la main !? » s’exclama Zagan, ses yeux s’ouvrirent sous le choc en entendant cela.
« Oui, » répondit Néphy.
« Euh, cela n’a pas été fait par sorcellerie ou mysticisme, mais en tricotant… ? » demanda Zagan.
« Exact, » répondit Néphy.
Ce n’était pas quelque chose qui pouvait être fait en un ou deux jours par des moyens normaux, ce qui signifiait qu’elle tricotait depuis un certain temps. Cette prise de conscience stupéfiante avait profondément ému Zagan. Il s’inquiétait du froid qui s’annonçait, mais il ne pensait qu’à lui apprendre la sorcellerie pour qu’elle puisse y faire face. En tant que plus jeune Archidémon de l’histoire, c’était peut-être une pensée tout à fait naturelle, mais il avait vu beaucoup de vêtements d’hiver en ville. Et pourtant, pourquoi n’était-il pas parvenu à la même conclusion ?
Je suppose que je ne suis encore qu’un sorcier dans l’âme… Zagan se rendit compte que malgré son espoir de permettre à Néphy de vivre sous la lumière, il n’avait toujours aucune idée réelle de ce à quoi cela ressemblerait.
« Néphy. Comment… s’en sert-on ? » Zagan s’interrogea alors que ses pensées arrivaient à un problème majeur. Les gens de la ville les avaient enroulées autour de leur cou, mais peu importe ce qu’il essayait, il n’arrivait pas vraiment à le faire. Il avait l’impression qu’il s’étranglerait s’il mettait trop de force dans sa prise, ce qui le faisait se sentir mal pour l’écharpe. Cela dit, s’il était trop mou, il tomberait tout de suite. Il avait aussi l’impression que les extrémités du cache-nez étaient toujours trop courtes. Ainsi, avec ce qui ressemblait à un sourire enchanté, Néphy avait pris l’écharpe.
« Excusez-moi. Vous l’enroulez ainsi, » déclara Néphy en enveloppant doucement l’écharpe autour du cou de Zagan et en laissant tomber les extrémités restantes dans son dos.
« Hm… C’est assez chaud, » déclara Zagan.
« Cela vous semble-t-il utile ? » demanda Néphy.
« Oui. Je l’aime bien. Je t’en remercie. Je le traiterai avec soin, » déclara Zagan.
« … Je suis honorée, » Néphy avait baissé la tête. Elle était devenue rouge vif jusqu’au bout des oreilles quand elle avait dit cela. Et peut-être à cause du froid, ses mains, qu’elle avait tenues ensemble devant sa poitrine, étaient aussi rouges.
Néphy doit avoir froid dans ces vêtements, non ? Je me demande si elle serait contente si je lui achetais des gants…, Zagan était incapable de fabriquer des gants à la main, mais il pouvait jeter de la sorcellerie sur quelque chose qui avait déjà été fait pour la protéger du froid. Et avec cette pensée, il avait finalement eu l’impression d’avoir trouvé la réponse à ce qu’il voulait faire lors de leur rendez-vous.
Cependant, à ce moment précis, le tonnerre s’était abattu depuis le ciel noir.
« Oh non ! »
Cela s’était fait que toute la tension dans la pièce s’était dissipée. Cela avait surpris Néphy à ce moment-là. Après avoir poussé un petit cri, elle s’accrocha à Zagan, qui lui enroula son bras autour de la taille. Et malgré le fait que cela soit à travers le tablier, il pouvait sentir quelque chose de mou se pousser contre lui, le laissant secoué par ça.
Maintenant que j’y pense, le temps était plutôt mauvais aujourd’hui…, après que Zagan eut commencé à réfléchir à d’autres choses pour essayer de se calmer, il remarqua que Néphy tremblait dans ses bras. Plutôt que d’être surprise par la foudre, elle donnait l’impression de trembler à cause du froid.
« Hmm, Néphy, ne bouge pas, » déclara Zagan.
« D’accord ? Hm, euh ? » répondit Néphy.
Zagan porta doucement Néphy comme une princesse, puis s’était assis sur son trône. Par la suite, il avait défait l’écharpe autour de son cou à mi-chemin et l’avait également enroulé autour du cou de Néphy.
« Ne fait-il pas plus chaud comme ça ? » demanda Zagan.
« Oui… Hum, il fait très… chaud…, » Néphy murmura, redevenant rouge vif, tandis qu’elle tremblait d’une tout autre manière, amenant Zagan à douter soudainement de ses actions.
Attends… Portant le même écharpe pendant qu’elle s’assoit sur mes genoux… N’est-ce pas une situation où nous devons rester très proches l’un de l’autre… ? Zagan venait de faire quelque chose d’incroyablement audacieux sans même le savoir. Et alors qu’il était choqué par cette révélation, Néphy s’appuya contre lui. Son rythme cardiaque rapide fut transmis par sa poitrine, et Néphy appuya ses doigts minces contre la poitrine de Zagan pour tenter de partager le même sentiment.
« … Votre cœur bat très vite, Maître Zagan, » déclara Néphy.
« Le tien aussi, Néphy, » répliqua Zagan.
Réaffirmant qu’ils étaient, en fait, assez proches pour entendre le cœur de l’autre, les deux avaient commencé à rougir.
« Devrait-on… rester comme ça un moment ? » demanda Néphy.
« … Oui, » répondit Zagan.
Quand Zagan jeta un coup d’œil au visage de Néphy, il pouvait voir ses lèvres trembler comme si elle était coincée quelque part entre timidité et soulagement. Des larmes se formaient peu à peu dans ses yeux, mais ses mains s’agrippaient aux vêtements de Zagan comme si se séparer de lui n’était même pas une pensée présente dans son esprit.
Néphy est devenue un peu plus expressive dernièrement…, même quand elle était sans expression, il pouvait voir ce qu’elle pensait en regardant ses oreilles, mais cela avait vraiment un charme distinct lorsqu’elle montrait ses émotions ouvertement.
Cependant, Zagan remarqua une légère teinte de morosité dans l’expression de Néphy qui se mêlait à toute cette joie.
L’amour, toujours l’amour 😇
Merci pour le chapitre, tout mignon!