Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 4 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Aimez la demoiselle très sincèrement, et elle vous aimera en retour !

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Chapitre 2 : Aimez la demoiselle très sincèrement, et elle vous aimera en retour !

Partie 1

« A-Attendez un peu. Je tombe... Je suis en train de tomber ! » cria Gremory d’une voix rauque. Depuis ce matin, elle avait pris la forme d’une vieille femme.

Zagan et les autres étaient en train de monter sur le dos d’un dragon, planant dans le ciel. Le paysage en dessous d’eux avait changé avec l’écoulement des nuages. En ce moment même, ils apercevaient une forêt qui s’étendait en contrebas. Et en un instant, un désert apparaissait, et ensuite, un magnifique canal.

« Allez-vous bien, Mademoiselle Gremory ? » Néphy cria vers la vieille d’une voix inquiète.  

« Keeheeheehee, vous, les elfes, vous êtes des créatures si gentilles ! Hmmm, comme c’est réconfortant. Je vais bien... Ah, désolée, non, peut-être que non, » répondit Gremory.

Zagan poussa un soupir, se résignant à son sort, alors qu’il attrapait par la nuque la vieille femme qui semblait sur le point de s’évanouir et la releva.

La belle dragonne verte tourna la tête et dirigea ses yeux ambrés vers ceux qui se trouvaient sur son dos.

« Dois-je... un peu ralentir ? » La voix de Foll avait retenti. Cette dragonne verte aux plumes semblables à celles d’un oiseau était la forme originale de Foll. Elle avait encore un petit corps sous forme de dragon, mais même ainsi, son corps était beaucoup plus grand qu’un carrosse, et quand elle déployait ses ailes, elle était à peu près aussi grande qu’une cabane.

Un lion courant dans le ciel s’approcha du bout du nez de Foll. C’était Kimaris.

« Non, ce n’est pas grave. Mlle Gremory a le vertige, c’est tout. Même si tu changes de vitesse, elle dira la même chose, » dit-il.

« Vraiment ? » demanda Foll, puis elle regarda vers l’avant comme si elle avait perdu toute préoccupation pour la vieille femme. Après cela, elle avait accéléré son rythme.

« Eeeeeeeeeeeeeeek! » cria Gremory.

« Si tu voulais faire des histoires, tu aurais dû monter sur le dos de Kimaris en faisant preuve d’obéissance, » déclara Zagan en faisant la grimace à la vieille femme qui criait à côté de son oreille.

Zagan était au centre du dos de Foll, Néphy était à sa gauche et Gremory à sa droite. Cependant, comme Gremory avait renoncé à rester stable avec ses propres forces, Zagan la tenait par la nuque. Ajoutez Foll et Kimaris, et ils étaient cinq pour ce voyage.

Zagan avait imaginé que c’était un voyage en famille avec sa femme et sa fille, mais Gremory avait grogné jusqu’à ce qu’il soit forcé de l’emmener. À cause d’elle, Kimaris avait fini par les rejoindre.

« C’est déraisonnable, Sire Zagan. Bien sûr, j’ai confiance en ma vitesse, mais seulement quand je suis seul. La capacité de Lady Foll à transporter des passagers dépasse de loin la mienne, » répondit Kimaris.

La vitesse de vol de Foll était stupéfiante. Ce qui prendrait normalement trois jours en carrosse avec des chevaux ne lui avait pris qu’une soirée. Il semblait que la seule race qui pouvait voler à une telle vitesse tout en transportant des individus était les dragons.

« Et bien, je comprends ça, mais ne serait-il pas mieux qu’elle prenne une forme plus jeune ? » demanda Zagan.

Il semblait qu’elle tremblait comme une feuille dans le vent sous sa forme de vieille. Même si les sorciers pouvaient manipuler les capacités physiques, un corps vieillissant avait quand même fait des ravages. Il était évident qu’un corps plus jeune contenait plus de puissance.

« Cette forme est la plus légère, vous m’entendez !? Une vieille femme a plus de pouvoir qu’une jeune fille, vous entendez !? Si j’étais plus lourde, ce serait plus dur de voler ! » Gremory regarda Zagan, apparemment au bord des larmes quand elle déclara ça.

« Je vais voler... un peu plus lentement, » déclara Foll.

Eh bien, si l’on mettait de côté le fait qu’une vieille femme ait plus de pouvoir qu’une jeune fille, Gremory semblait essayer d’alléger le fardeau de Foll à sa façon. Une fois que cela était devenu apparent, Foll avait consciemment ralenti.

« Pourquoi es-tu si désireuse de venir avec nous... ? » demanda Zagan d’un ton confus.

« Keehee, pourquoi croyez-vous que je vous suis et que je vous serve ? N’est-ce pas évidemment parce que tant que je suis à votre service, je peux observer les dragons et les elfes autant que je le veux ? Si ces deux-là s’en vont, alors il n’y a pas de sens à attendre derrière — Eeeeeeeek !? » répondit Gremory.

Gremory était une sorcière qui recherchait la nature simple, mais difficile à comprendre de l’immortalité, il était donc naturel qu’elle ait les yeux fixés sur des races comme les elfes et les dragons, qui possédaient une jeunesse perpétuelle. Et il semblait qu’elle était venue observer Néphy et Foll.

Eh bien, je suis comme elle, d’une certaine façon. J’ai besoin de vivre une longue vie.

La durée de vie d’un être humain normal était beaucoup trop courte. Si Zagan voulait vieillir avec Néphy et Foll, il devait l’allonger considérablement. De cette façon, les recherches de Gremory avaient été une énorme aubaine pour lui. Ainsi, Zagan n’avait pas l’intention de maltraiter Gremory. Cependant...

« Quand il s’agit de les aimer, j’admets que vous êtes très doué. Mais, de mon point de vue, vous avez encore un long chemin à parcourir. Contrairement à la grande puissance des elfes et des dragons, les humains sont des êtres délicats, donc —, » déclara Gremory.

Qu’est-ce qu’elle veut dire par « doué », exactement... ? Zagan dirigea un regard exaspéré vers elle pendant qu’elle parlait. Peut-être, l’ayant remarqué, Gremory lui répondit en le regardant d’un air exaspéré.

« Qu’est-ce que c’est ? On dirait que vous avez quelque chose à dire, mon cher Archidémon, » déclara Gremory.

« Qui sait... ? » Zagan haussa les épaules en réponse, et contre toute attente, Gremory lui renvoya une expression sérieuse.

« Écoutez-moi, mon seigneur, car ce sont les paroles de mon mentor. Si vous désirez l’immortalité, alors vous perdrez le “pouvoir de l’amour”, vous savez ? » déclara Gremory.

« A-Amour... quoi ? » Zagan n’avait jamais entendu les mots assemblés comme ça, alors il doutait de ses oreilles.

« J’ai dit le pouvoir de l’amour. Nous, les sorciers, possédons déjà une jeunesse perpétuelle. Si nous visons au-delà de cela, et cherchons la véritable immortalité, alors peu importe à quel point nous sommes dévoués à notre recherche, nous serons éventuellement tourmentés par l’ennui. Et quand cela arrivera, l’utopie que nous cherchions se transformera en prison éternelle, » expliqua Gremory.

Zagan ne pouvait pas simplement rire de ces paroles, car ils semblaient être vrais. Et, après une courte pause, Gremory avait poursuivi son discours.

« La seule chose qui peut guérir la solitude d’une personne quand cela arrive, c’est d’être capable d’aimer autre chose qu’elle-même. Regardez les Archidémons que nous avons maintenant. C’est parce qu’ils ne possèdent aucun pouvoir de l’amour qu’ils se précipitent dans des actes insensés comme Bifrons. Et à cause de cela, son elfe est d’une impuissance pitoyable, » déclara Gremory.

Même si cela semblait vague, Zagan n’avait pas pu nier ce qu’elle disait.

« ... Il semble que la plupart des gens ne mourront pas parce qu’ils sont seuls, mais ils sont aussi incapables de vivre heureux, » déclara Zagan.

C’est ce qu’il lui avait dit lorsqu’il avait égoïstement essayé de tenir Néphy à distance. Tandis qu’il les répétait à Gremory, les oreilles de Néphy tremblaient timidement.

« Vous vous souvenez de ça, Maître Zagan, » demanda Néphy.

« Bien sûr que oui. Tu crois que j’oserais oublier les mots qu’on échange ? » demanda Zagan.

Néphy avait dit qu’elle voulait être à ses côtés même après son abandon. Et à l’époque, il croyait vraiment avoir été sauvé de sa solitude éternelle par ses paroles. Grâce à cela, même Zagan comprenait que les individus ne pouvaient pas vivre seuls. Bien sûr, une personne pouvait survivre, mais elle était incapable de mener une vie épanouissante toute seule.

« C’est embarrassant... ! » Néphy voulait enterrer son visage dans ses mains, mais elles étaient sur le dos d’un dragon. Puisqu’elle devait s’accrocher à Foll avec force, elle avait à la place enfoui son visage dans le manteau de Zagan.

« Hmm, le beau pouvoir de l’amour ! » remarqua Gremory, hochant la tête comme si elle louait Zagan en le faisant.

... J’aurais vraiment aimé qu’on y aille tous les trois en famille.

La vieille femme était bruyante et ennuyeuse, mais il n’arrivait toujours pas à se résoudre à l’éjecter en plein vol.

Et c’est ainsi que le groupe voyagea jusqu’à ce que la nuit commence à tomber et qu’une chaîne de montagnes enneigée s’éleva à l’horizon.

« On y est presque. Une fois que nous aurons franchi ces montagnes, nous serons à Norden, » déclara Zagan.

C’était un endroit rempli de souvenirs misérables de l’enfance de Néphy. Et pourtant, ils continuèrent leur chemin jusqu’à l’endroit où elle avait grandi.

***

Partie 2

Une forêt sombre s’étendait devant le groupe après avoir traversé les montagnes enneigées. Elle n’était pas aussi étrange que celle qui entourait le château de Zagan, mais l’obscurité était due au fait que la forêt était composée de conifères aux feuilles sombres qui étaient serrées les unes contre les autres. Peut-être à cause de la haute altitude, la montagne était couverte de neige, mais les arbres avaient encore des feuilles.

On disait que le village elfique caché était dissimulé dans cette forêt. On ne pouvait pas l’approcher par le ciel, alors Zagan et les autres marcheraient le reste du chemin. Foll avait également repris sa forme de petite fille... et c’était maintenant au tour de Zagan de la transporter.

« ... Je suis fatiguée, » déclara Foll.

« Tu as bien tenu le coup. Dors un peu, c’est tout, » déclara Zagan.

« Ok..., » Foll s’était endormie en quelques secondes.

C’était normal qu’elle soit aussi fatiguée.

Ils avaient décidé de se rendre dans la ville natale de Néphy hier midi. Et après avoir mis de l’ordre dans leurs préparatifs, ils étaient partis tôt le matin aujourd’hui, et maintenant c’était le soir.

Ils avaient pris quelques pauses en cours de route, mais c’était presque une journée entière de vol continu.

« Foll a fait de son mieux aujourd’hui, n’est-ce pas ? » demanda Néphy en se blottissant à côté de lui.

« Elle l’a fait. Il vaudrait peut-être mieux lui préparer un lit maintenant. Trouver ton village natal peut attendre, » déclara Zagan.

« Toutes mes excuses. Si je connaissais son emplacement, nous n’aurions pas à passer tout ce temps à le chercher..., » les oreilles de Néphy se baissèrent alors qu’elle s’excusait.

En raison de son statut d’enfant maudit, Néphy n’avait même pas le droit de quitter le village, alors elle ne connaissait pas vraiment les environs de son village. C’est pourquoi ils avaient dû fouiller soigneusement la zone à partir de maintenant.

« Néphy, n’as-tu même pas pu quitter le village, non ? Alors, considère ça comme une visite touristique. En fait, je m’intéresse beaucoup à la région, donc une promenade me semble une bonne idée, » déclara Zagan en secouant la tête comme si ce n’était pas grave.

J’aimerais vraiment jeter un coup d’œil aux alentours...

Heureusement, cette fois, il avait réussi à le formuler d’une manière qui ne soit pas trompeuse. Néphy le regarda avec surprise, mais le bout de ses oreilles pointues tremblait d’un frémissement d’une manière un peu heureuse tout en marchant à côté de lui.

Et à ce moment-là, une grande ombre s’était soudain jetée sur eux. C’était Kimaris. Il était revenu à sa forme humanoïde.

« Sire Zagan, je crois pouvoir localiser le village de Lady Néphy, » déclara Kimaris.

« Quoi, vraiment ? » demanda Zagan.

« Oui. Il semble qu’il n’y ait pas de sorcellerie en place pour nous retarder, ou peut-être qu’elle a déjà perdu sa fonction. Quoi qu’il en soit, nous devrions pouvoir y arriver en suivant l’odeur de Lady Néphy, » déclara Kimaris.

Zagan hocha la tête et s’enfonça dans la pensée. Le ciel était déjà teint en rouge, donc si une heure s’écoulait, cela deviendrait noir. S’ils passaient trop de temps à se déplacer, Néphy rejoindrait Foll dans les profondeurs du sommeil. En plus, Gremory était déjà sur le dos de Kimaris.

« ... Cela semble être la meilleure façon de procéder. Je compte sur toi, Kimaris, » déclara Zagan.

Zagan voulait essayer de se promener un peu, mais se rendre plus tôt au village caché était la meilleure option. Même s’il était abandonné, le fait d’avoir des bâtiments pour s’abriter de la pluie et du vent serait d’une grande aide.

« S’il vous plaît, laissez-moi faire, » répondit Kimaris, avec un sourire rampant sur son visage. Il avait alors fait un petit signe de tête et commença à marcher devant eux, dégageant un sentiment de fiabilité qui fit penser à Raphaël selon Zagan.

Néphy serra étroitement les ourlets de la robe de Zagan pendant qu’ils marchaient. Il jeta un coup d’œil fugace vers elle, et vit que le bout de ses oreilles pointues s’affaissait.

« Es-tu anxieuse ? » demanda Zagan.

« Oui. En vérité, j’ai juste un peu... peur. Je parle du fait de voir le village tel qu’il est maintenant, » répondit Néphy, son corps tremblant tout le temps.

À sa manière, Néphy s’était réconciliée avec son passé. Cependant, c’était encore un village où elle avait laissé des personnes mourir.

Si Zagan était à sa place, il aurait ri en voyant son état de délabrement, mais il ne pensait pas que Néphy serait capable d’imiter ça... et franchement, il ne voulait pas qu’elle le fasse.

Après y avoir réfléchi un peu, Zagan ajusta la position de Foll sur son dos pour qu’il la porte avec un bras. Puis, il déplaça sa main libre, et il prit celle de Néphy et la serra contre lui.

« Ah... ! » L’expression de Néphy n’avait pas changé, mais le bout de ses oreilles pointues s’était relevé.

Maintenant, j’ai juste besoin de dire quelque chose pour la rassurer..., malheureusement, c’était la tâche la plus difficile pour lui. Zagan n’avait même pas encore dit « Je t’aime » à Néphy, donc il n’y avait aucune chance qu’il dise quelque chose de réconfortant dans cette situation.

Néanmoins, le silence était inacceptable dans l’esprit de Zagan. Peut-être qu’il était guidé par le « pouvoir de l’amour », comme l’avait dit Gremory.

« Tu peux compter sur moi jusqu’au bout. Je trouve cela assez amusant, » proclama Zagan.

Attends, amusant ? N’est-ce pas comme si j’étais ravi de la souffrance de Néphy ?

« Je le ferai ! » répondit Néphy, hochant la tête comme si elle le comprenait complètement. Elle venait peut-être d’avoir agi avec force, mais Néphy au moins semblait un peu plus énergique quand elle parlait.

« ... Sire Zagan, il semble que nous arrivons bientôt à destination, » déclara Kimaris d’une voix pleine de tension.

En regardant vers l’avant, Zagan avait aperçu la lumière rouge du coucher du soleil se déversant à travers une brèche dans la forêt dense. Quand ils regardaient du haut des airs, ils ne voyaient rien comme un trou dans les arbres, mais il y avait toujours d’une certaine façon un espace dégagé devant eux.

Malgré leur découverte fortuite, la voix de Kimaris ne contenait ni soulagement ni joie. Au lieu de cela, elle avait été remplie à ras bord d’appréhension. Après un moment d’hésitation, Gremory grimpa sur le dos de Kimaris et avait saisi sa grande faux à la main.

« Il y a quelque chose ? » demanda Néphy.

« On dirait bien, » répondit Zagan. Il pouvait dire que Néphy avait mis toute sa force à lui serrer la main. Le village caché était autrefois la cible de l’Archidémon Marchosias, qui portait le surnom L’Aîné, et il avait également été attaqué par l’Archidémon Bifrons dans une tentative de capture de Néphy. En d’autres termes, la ville natale de Néphy était déjà impliquée avec deux Archidémons différents.

Pire encore, personne dans le groupe de Zagan ne savait ce qui s’était réellement passé. Ils n’avaient aucune idée des choses cruelles et répugnantes que les deux Archidémons avaient faites. Maintenant qu’ils étaient arrivés jusque-là, ils savaient que les choses ne se passeraient plus comme prévu. Après tout, l’influence des Archidémons aurait pu perdurer...

« Allons-y, » déclara Zagan afin d’encourager ses subordonnés. Puis, il s’avança vers la lumière. La vision qu’il avait eue une fois ses yeux ajustés à la luminosité était plutôt choquante...

« Oh, eh bien, si ce n’est pas Zagan. T’es en retard, mec. On en a eu marre d’attendre et on a déjà vidé une bouteille, mon pote. »

Pour une raison inconnue, son ami indésirable buvait effrontément de l’alcool aux côtés de deux femmes.

***

Partie 3

« Qu’est-ce que vous foutez ici ? » Zagan fut stupéfait par la vue qu’il avait devant lui.

Il y avait trois personnes autour d’un feu de camp dans la ville natale de Néphy. Le groupe de Zagan ne pouvait pas dire qu’il était là à cause de la lumière du soleil qui déclinait, car il y avait même de la soupe qui bouillait dessus.

Cependant, le seul de bonne humeur était Barbatos. Les deux autres semblaient au bord des larmes. C’était une atmosphère terrible.

Zagan avait jeté un coup d’œil au village. Contrairement à Kianoides, il n’y avait que quelques douzaines de maisons qui semblaient être construites dans des formations rocheuses naturelles. Les toits étaient tous faits de paille. Au centre du village, il y avait une place dégagée et un puits délabré.

Zagan avait entendu dire que Bifrons avait fait attaquer cet endroit, mais contrairement a ses attentes, les bâtiments avaient été laissés dans un état correct. Il y en avait quelques-uns qui avaient été brûlés, mais l’endroit ne semblait pas avoir été touché.

Il pensait que l’atmosphère serait plus sacrée, mais en fait, c’était comme dans un village normal.

Je me demande où vivait Néphy. Zagan savait que c’était probablement quelque chose dont Néphy ne voulait pas se souvenir, mais il continuait à regarder autour de lui avec impatience.

« Eh bien, tu sais, tu m’as encore abandonné, alors j’ai pensé que je pourrais peut-être t’offrir une bonne surprise. Heeheeheeheehee ! » Barbatos avait pris une gorgée de son verre et avait ri, clairement de bonne humeur.

« ... Comment êtes-vous arrivé avant nous ? » demanda Zagan.

« Franchement, as-tu oublié mon surnom ? Le purgatoire peut atteindre n’importe où, donc tout ce que j’avais à faire était de plonger un tout petit peu et de regarder autour de moi. Gahahahahahaha ! » répondit Barbatos.

J’ai vraiment envie de cogner ce satané ivrogne..., Zagan s’était préparé à se battre contre un autre Archidémon, mais Barbatos ne faisait que s’amuser sans se soucier de rien.

Incapable de résister à la tentation, Zagan avait commencé à le frapper avec son poing. Cependant, Néphy s’était précipitée pour l’arrêter dans la panique.

« Reprenez-vous, Maître Zagan ! Si vous n’arrêtez pas, Sire Barbatos va mourir ! » déclara Néphy.

« ... Ah, désolé, je l’ai frappé par pur réflexe, » répondit Zagan.

L’expression « mon corps a bougé avant même que je m’en rende compte » faisait certainement référence à de telles situations. Zagan avait saisi Barbatos par le col et lui avait enfoncé son poing dans le visage inconsciemment. D’après les blessures qu’il pouvait voir, il semblait avoir frappé Barbatos une bonne dizaine de fois. Les yeux de Barbatos étaient complètement rabattus alors que sa tête tournait en rond.

 

 

Zagan avait mis de côté son ami stupide comme un sac d’ordures quand une fille était arrivée en courant vers eux.

« Néphy, ça va ? J’ai entendu dire que tu traversais quelque chose de terrible dans ta ville natale, euh... Hein ? Attends, tu viens d’arriver ? » demanda la fille.

La fille portait une Armure Sacrée. Elle avait ses beaux cheveux roux, qui ressemblaient à du cuivre poli, attaché sur le côté, et ses yeux écarlates étaient remplis de larmes. Son corps galbé et tonique était agréable à l’œil et son apparence était en ordre, mais tout était ruiné par la façon dont elle se décomposait rapidement en larmes chaque fois qu’ils se rencontraient.

C’était la seule femme parmi les archanges qui portait une Épée Sacrée, la chevalière Bébé Lala Chastille.

Ce n’est pas une mauvaise personne, mais..., en tout cas, c’était une fille dont les traits décevants avaient toujours été les plus remarquables.

« Je vais bien, Chastille, » déclara Néphy.

« Impossible... Ai-je encore mal compris la situation ? » Chastille avait placé sa main sur sa poitrine bombée en vérifiant la sécurité de Néphy, mais avait immédiatement formé une expression de gène sur son visage.

« Ce n’est pas le cas. Te rencontrer ici me soulage un peu, » déclara Néphy.

C’est logique. Voir quelqu’un de plus secoué que vous ne peut que vous aider à vous sentir mieux..., Néphy ne regardait sûrement pas Chastille de la même manière que Zagan, mais il y avait quelque chose qui suintait d’elle et qui stimulait les tendances sadiques de chacun.

« Hmm... ? » Foll avait ouvert les yeux quand elle avait fait ce bruit. Son regard errant s’arrêta sur Néphy et Chastille se tenant la main, ce qui la fit parler d’une voix emplie d’étonnement.

« Je vois Tête de Poneys... Est-ce que... je suis morte ? » demanda Foll.

« Pourquoi serais-tu morte parce que je suis là !? Juste pour que tu le saches, je suis toujours en vie ! » s’écria Chastille.

« Quoi... ? Alors tout ça n’est qu’un rêve ? » Foll s’était endormie une fois de plus, apparemment soulagée par la révélation.

Zagan pencha la tête sur le côté en voyant Chastille au bord des larmes à cause de son humiliation, puis l’interrogea. « Dis-moi, pourquoi es-tu venue ici ? »

« C’est, euh... Cet homme faisait des histoires, disant que Néphy était en détresse, et que cette fille était avec lui, alors j’ai supposé que c’était quelque chose d’important..., » Chastille marmonna en réponse.

Les mots « cette fille » avaient fait que Zagan avait porté son attention sur la fille qui se serrait les genoux contre elle alors qu’elle se réchauffait près du feu.

« Eh bien, c’est un comportement assez standard pour Chastille, mais —, » murmura Zagan.

« Attends ! Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire !? Ah ! Mais ça fait un moment que tu ne m’as pas appelée par mon nom..., » Chastille avait eu la larme à l’œil en disant cela, mais Zagan avait fait semblant de ne pas le remarquer et avait continué à l’interroger.

« Je comprends pourquoi tu es là, mais qu’en est-il de la subordonnée de Bifrons ? » demanda Zagan.

« S’il vous plaît, laissez-moi tranquille. Cette fois-ci, je n’avais vraiment pas l’intention de me frotter à vous tous, » déclara Nephteros d’une voix pleine de haine de soi.

Où était passée l’attitude autoritaire qu’elle avait la dernière fois qu’ils s’étaient rencontrés ? En ce moment, elle berçait ses genoux comme une orpheline affamée et ses yeux semblaient vacants. Elle n’avait pas l’air d’avoir peur, mais Zagan pouvait dire qu’elle était déprimée.

« Elle est comme ça depuis qu’ils sont venus chez moi. Il semble qu’elle ait traversé quelque chose de douloureux... Au moins, elle n’a pas l’air hostile, alors pouvez-vous essayer de lui remonter le moral ? » Chastille chuchota à Zagan et Néphy.

« Que veux-tu que je fasse exactement ? » Zagan était incompétent quand il fallait parler aux gens, et Néphy était dans le même cas. Il n’y avait aucune chance que l’un d’eux puisse lui remonter le moral.

« Mlle Nephteros..., » Néphy avait essayé de l’appeler en premier, mais Gremory l’avait arrêtée.

« Attendez un peu. Je vais vous montrer l’essence du pouvoir de l’amour, ici et maintenant, » proclama Gremory en s’asseyant à côté de Nephteros.

« Keeheeheehee, avez-vous eu une expérience désagréable récemment... ? Je suppose que c’est bien si vous ne voulez pas en parler. Plus important, que diriez-vous d’essayer des sucreries ? Si vous mangez quelque chose de sucré, vous vous sentirez mieux ! » déclara Gremory alors qu’elle avait sorti un sac de bonbons de nulle part. Il y avait beaucoup de boules de chocolat emballées ensemble à l’intérieur.

Il s’agissait très probablement de restes des bonbons qu’elle avait faits la veille.

« Maintenant que j’y pense, n’y avait-il pas une histoire à propos d’une vieille femme qui a poussé une fille à manger une pomme empoisonnée ? » demanda Chastille, alors qu’un sentiment de malaise l’emplissait.

« Je crois que ce dont tu parles est “Blanche-Neige et les sept nains”. Il y a longtemps, je l’ai vu dans un livre d’images que quelqu’un a laissé dans le coin. Mais on m’a pris pour un voleur peu de temps après, » déclara Zagan en se remémorant de ça.

« Je vois. Nous sommes enfin de retour dans ton village natal, Néphy. Il peut être amusant de ressusciter les idiots qui ont osé faire de telles choses et de les forcer à expier, tu ne trouves pas ? » Zagan acquiesça de la tête à son idée.

« Faire venir quelqu’un hors de sa tombe pour quelque chose d’aussi insignifiant, c’est un peu trop... Mis à part cela, Maître Zagan, je suis surprise que vous soyez au courant d’une telle histoire, » déclara Néphy, alors ses oreilles frémissaient pour souligner son point de vue.

« Bien sûr, la pomme était empoisonnée, mais l’histoire d’une fille qui se remplissait le ventre, puis qui s’enrichissait en dormant était quelque chose que j’enviais à l’époque, » déclara Zagan.

« C’est vrai. Même si cela a été empoisonné, il est naturel de manger tout ce qu’on vous donne à manger, » déclara Néphy.

« Arrêtez d’être si bruyants ! Toutes ces histoires tristes me font mal au cœur ! » Gremory leur avait crié dessus d’un ton qui était un mélange de colère et de sympathie.

Malgré la conversation plutôt étrange, Nephteros était leur véritable centre d’intérêt, et ils pouvaient clairement voir le bout de ses longues oreilles frémir quand elle regardait le chocolat. Elle regardait encore le feu d’un regard creux, mais il était évident qu’elle était intéressée par les sucreries.

Est-ce que les oreilles de tous les elfes bougent en fonction de leurs émotions ? Si c’était vraiment le cas, alors Zagan était content qu’ils soient si faciles à comprendre.

Gremory avait avancé son sac de chocolat avec le sourire aux lèvres. Nephteros avait sûrement entendu ce dont Zagan et les autres parlaient il y a quelques instants, mais elle tendait encore sa main pour prendre un morceau de chocolat. Peut-être que son état mental était sur le point de s’effondrer.

C’est exactement comme une fille qui se fait piéger par une vieille femme louche..., Gremory elle-même était très certainement une sorcière suspecte, donc il n’y avait pas d’autre façon d’interpréter la situation.

« ... N’ai-je pas dit de me laisser tranquille ? » Nephteros ne regarda même pas la vieille femme en murmurant ces mots.

« Keeheeheehee, je ne peux pas faire une telle chose quand une jeune femme fait une expression si peinée devant moi. Qu’en dis-tu ? Il n’y a pas de poison ici, je le jure ! » Gremory s’était donnée en spectacle en lui jetant un chocolat dans la bouche.

Voyant que la vieille femme ne bougeait pas d’un pouce, Nephteros leva la tête pour parler.

« ... Après avoir mangé ça, tu me laisseras tranquille, hein ? » déclara Nephteros en mettant à contrecœur une boule de chocolat dans sa bouche.

« C’est doux..., » déclara Nephteros, ses yeux dorés clignotants de surprise.

« Bien sûr que si ! Que dirais-tu d’un autre ? » demanda Gremory.

« Hmm..., » Nephteros avait enfoncé le chocolat dans sa joue avec un visage complètement découragé.

... Elle va vraiment bien ? Le fait de voir son état dépressif avait même stimulé l’instinct protecteur de Zagan. De plus, Néphy et Chastille avaient toutes deux revêtu des expressions tendues.

« A-Attends ! Ne t’ai-je pas dit de me laisser tranquille !? » cria Nephteros. Elle semblait enfin revenue à la raison après avoir avalé des chocolats de Gremory.

« On dirait bien que tu es pleine d’énergie maintenant, » déclara Gremory en acquiesçant d’un signe de tête satisfait quand elle tendit à Nephteros tout le sachet de chocolats.

« Bon sang... ! » Nephteros avait gémi d’irritation, mais elle ne jeta pas le paquet.

Ça ne veut-il pas dire qu’elle s’est rétablie à sa façon ?

L’elfe sombre continua à grommeler ses plaintes alors qu’elle corrigeait sa posture devant le feu de camp. Le fait qu’elle voulait être laissée seule n’avait pas changé, et elle ne regardait toujours pas dans la direction du groupe de Zagan, mais contrairement à avant, elle n’était pas blottie avec des yeux vides.

« Alors, qu’en pensez-vous ? » demanda Gremory alors qu’elle retournait aux côtés de Zagan.

« Comment veux-tu que je réponde à cette question ? » Oui, elle avait réussi à remonter le moral de Nephteros, mais Zagan n’avait aucune idée de l’influence de l’amour sur ses actions.

« Zagan m’a aussi... appâté avec de la nourriture une fois. La soupe de Néphy... était vraiment délicieuse, » murmura Foll, puis commença à se tortiller sur le dos de Zagan.

Es-tu vraiment obligé d’en parler ? Lorsque Foll entra pour la première fois dans son château, Zagan lui donna de la soupe, ce qui la poussa à rester avec lui. Dire qu’elle avait été appâtée avec de la nourriture était tout à fait exact, mais il ne voulait pas vraiment l’admettre.

Zagan regarda avec désinvolture Nephteros pour tenter de se distraire, puis remarqua que les oreilles de la fille commençaient à trembler.

Je suppose qu’elle est irritée qu’on pense qu’elle a été tentée par la nourriture. Elle ne peut pas vraiment se fâcher, puisque ce serait la même chose que de l’admettre..., Zagan avait découvert qu’elle avait un côté charmant et inattendu en elle alors qu’il continuait à la regarder.

« Keeheeheehee, comme je m’y attendais de l’Archidémon en qui j’ai placé mes espoirs ! Je vois que des techniques de ce calibre sont tout simplement naturelles pour vous, » déclara Gremory avec un rire satisfait.

« Qu’est-ce que le fait d’appâter les gens avec de la nourriture a à voir avec le fait de les aimer ? » demanda Zagan.

Les oreilles de Nephteros avaient recommencé à trembler, mais Zagan n’y avait pas prêté attention. Il savait qu’il pourrait lui offrir de la soupe de Néphy plus tard pour se racheter.

« N’ai-je pas dit que je vous montrerais l’essence du pouvoir de l’amour ? » déclara Gremory. Puis elle montra du doigt Nephteros et continua, « Si quelqu’un mange à satiété, alors il pourra mettre son cœur en paix. C’est ce que j’ai fait, mais même sans le pouvoir de l’amour, n’importe qui pourrait accomplir cela. »

« Eh bien, c’est vrai..., » Zagan avait après tout fait la même chose pour Foll. Finalement, il avait fait un signe de tête, ce qui avait fait que Gremory avait poussé son doigt vers lui à plusieurs reprises.

« Alors, répondez à ceci. Quand vous avez vu une petite fille si grincheuse me prendre des sucreries, qu’est-ce que vous avez ressenti ? » demanda Gremory, puis se glissa lentement à côté de Zagan et lui murmura à l’oreille comme une diablesse, « Vous vous sentiez charmés, n’est-ce pas ? »

« Argh..., » le corps de Zagan s’était raffermi quand il avait réalisé que Gremory avait vu à travers lui.

« Qu’avez-vous pensé quand ses yeux se sont ouverts à cause de la douceur du chocolat ? Et quand elle murmura timidement : “C’est doux...” Et puis, à la fin, qu’en est-il de la façon dont elle a essayé de cacher son embarras avec un “Bon sang... ?”, » demanda Gremory.

Elle avait accentué sa voix sur chaque mot comme si elle essayait de poignarder Zagan. Et le feu qui s’en échappait s’abattit sur Nephteros, l’amenant à se mordre les lèvres et à pousser des gémissements amers. En la voyant réagir comme ça, les lèvres de Gremory s’étaient courbées en un grand sourire.

« “Elle a un côté inattendu et mignon...” Je suis sûre que cette pensée vous est venue à l’esprit, » déclara Gremory.

« Argh, je n’ai pas vraiment ressenti —, » commença Zagan.

« C’est bon, » dit Gremory, en le coupant et en continuant, « C’est justement ça, mon Archidémon. Quand vous voyez quelque chose d’adorable, vous vous sentez détendu, n’est-ce pas ? Quelqu’un serait-il offensé d’aimer la vision d’un lapin qui se gratte la tête ? Est-il étrange d’être fasciné par la vue d’une belle fleur ? Cependant, vouloir aimer de telles choses pour toute sa vie est une tout autre histoire. »

Après quelques secondes, Gremory se remit à parler.

« Écoutez-moi, Archidémon, aimez toute la création. Si vous le faites, le monde lui-même deviendra le vôtre ! » Gremory étendit les bras et cria.

Il y avait quelque chose dans ses paroles que Zagan ne pouvait pas rire comme une idiotie.

« Écoutez-moi, Archidémon. Si vous ressentez de l’amour, une fleur sur le bord de la route deviendra un trésor qui surpassera même une montagne d’or. La capacité d’accumuler de tels trésors... c’est le pouvoir de l’amour ! » proclama Gremory avec un sourire suspect bien visible sur son visage.

Zagan ne comprenait pas une seule chose qu’elle disait, mais elle parlait avec une telle ferveur qu’elle avait l’impression de démêler une vérité fondamentale du monde.

« Alors, Mademoiselle Gremory, par hasard... Est-ce la même chose que les palpitations que je ressens dans ma poitrine quand je vois Maître Zagan se faire tant de soucis pour dire une seule phrase correctement ? » demanda Néphy, clairement déconcertée par l’explication de Gremory.

C’est beaucoup trop précis ! Comment me connaît-elle si bien ? Zagan s’était couvert le visage, réussissant à peine à ne pas s’évanouir.

D’un autre côté, Gremory l’avait regardée avec émerveillement avant de répondre.

« Incroyable ! Dire que l’Archidémon est aimé... Non, bien sûr qu’il l’est ! Vous êtes apte à être à ses côtés parce que vous l’aimez. Alors j’ose dire... Voilà le joli pouvoir de l’amour ! » déclara Gremory.

Ensuite, alors qu’elle se tortillait sur le dos de Zagan, Foll leva la main.

« Dans ce cas, la sensation apaisante que j’éprouve quand je vois Zagan mettre Néphy sur ses genoux et la serrer avec force est la même ou non ? » demanda Foll.

« En effet ! C’est comme la façon, dont ce majordome refuse de vous le montrer et vous couvre le visage, qui est aussi un splendide pouvoir de l’amour, » déclara Gremory.

Néphy s’était couvert le visage et s’était accroupie après avoir été frappée par une contre-attaque inattendue.

« Le comprenez-vous maintenant ? L’acte de réconforter une jeune fille pitoyable n’est pas le pouvoir de l’amour, mais le fait de puiser son charme et de percevoir le fait qu’elle soit adorable l’est. Vous avez à la fois le talent et le pouvoir pour cela. Un jour, vous grimperez sûrement vers les hauteurs, même au-delà de moi, » chuchota Gremory à Zagan avec un regard satisfait sur son visage.

Zagan ne pouvait que gémir en se voyant félicité pour quelque chose dont il ne voulait rien avoir à faire.

Si elle était devenue Archidémon à ma place, le monde n’aurait-il pas été dans le chaos ? 

Il avait commencé à regretter qu’un tel sorcier soit sous ses ordres, mais en même temps, il savait que cela aurait été pire si elle avait été laissée en liberté.

À ce moment-là, Nephteros semblait finalement manquer de patience lorsqu’elle s’était levée.

« Vous, la fomorienne là-bas, j’écoute tranquillement depuis un moment, mais vous avez du culot. Arrêtez ça déjà — Eeek ? » Nephteros essayait de faire pression pour qu’elle arrête, mais elle avait soudain poussé un cri à la place. Zagan leva les yeux pour voir ce qui se passait, et avant qu’il ne s’en rende compte, Gremory était passée d’une vieille femme à une jeune et belle femme. Puis, sous cette forme, elle avait commencé à caresser doucement Nephteros.

Elles avaient l’air bizarres ensemble. Nephteros semblait être tombée en arrière, et Gremory l’enlaçait par-derrière et avait fait parcourir son doigt le long du menton de Nephteros.

« Keehee, votre visage en colère est aussi très beau, n’est-ce pas ? Ne me faites pas plaisir de cette façon. Je vais perdre mon calme ! » déclara Gremory.

« Eeek, que faites-vous... ? » s’écria Nephteros.

« Oh, mon Dieu, votre peau est magnifique. Vos yeux dorés et vos cheveux blancs sont aussi splendides. Keehee, allez, est-ce vraiment suffisant pour vous faire rougir ? » demanda Gremory.

« A-Arrêtez-ça... Laissez-moi... Oh..., » supplia Nephteros.

Lorsqu’il s’agissait de la simple puissance d’un sorcier, Nephteros aurait dû être de loin supérieure, mais le fait d’avoir reçu de telles paroles de louanges de sa part l’avait rendue sans force. Sa peau sombre était teintée d’un rouge vif, et la façon dont sa main tremblait d’anxiété sur sa poitrine lui donnait l’air d’une petite fille nerveuse.

« Laissez-moi partir... Je... vous dis... de... me laisser... partir..., » supplia Nephteros.

« Keeheeheehee, vous êtes vraiment innocente, n’est-ce pas ? Si vous voulez me taquiner, je vous guiderai. Allez-y, appelez-moi “ma sœur chérie”, » déclara Gremory.

 

 

À ce moment-là, Zagan se souvient que Gremory détenait le surnom de l’Enchanteresse.

Nephteros se plaignait de l’humiliation de tout cela, mais son attitude de déplaisir s’était finalement transformée en tremblements de défaite. Et puis, juste au moment où elle ouvrait la bouche pour signaler qu’elle avait succombé...

« Aïe ! » Kimaris frappa impitoyablement la tête de Gremory.

« Mademoiselle Gremory, retiens-toi, s’il te plaît, » déclara Kimaris.

« Espèce de... Ne te mets pas sur mon chemin, Kimaris ! Juste un peu plus et cette fille n’aurait pas pu vivre sans moi ! » déclara Gremory.

Pourquoi ai-je encore amené quelqu’un comme elle... ? Oh, c’est vrai, elle s’est invitée d’elle-même.

Après avoir vu une telle conduite trompeuse, Zagan s’était vu rappeler une fois de plus à quel point Raphaël était loyal et capable.

L’attention de Gremory étant détournée, Nephteros fut libérée de ses bras. Cependant, comme elle avait complètement perdu toute force dans ses jambes, il ne semblait pas qu’elle pouvait se tenir debout.

« Je dois m’excuser auprès de vous aussi, Mademoiselle Nephteros. Une fois qu’elle devient comme ça, c’est difficile de la contrôler..., » Kimaris s’était excusé au nom de Gremory quand il l’avait attrapée avec son bras duveteux. Après l’avoir stabilisée, Kimaris avait fait s’asseoir Nephteros. Puis il avait saisi Gremory par la nuque et la souleva.

Nephteros avait utilisé cette ouverture pour s’éloigner de Gremory et se cacher derrière Zagan. Elle avait même traversé le sol à quatre pattes pour s’enfuir le plus vite possible. Franchement, le spectacle était pitoyable. Se sentant mal à ce sujet, Zagan avait ouvert la bouche pour lui parler.

« Ah... Désolé que la vieille sorcière t’ait embêté, » déclara Zagan.

« Non... Il semble que vous ayez aussi traversé beaucoup de choses, Archidémon Zagan, » répondit Nephteros.

« Ce n’est pas comme ça d’habitude, je le jure..., » Néphy répondit à Nephteros d’une voix lasse. C’est à ce moment-là qu’un étrange sens de camaraderie était né entre eux trois.

D’un autre côté, Gremory et Kimaris s’engueulaient toujours.

« Lâche-moi ! Laisse-moi partir ! » cria Gremory.

« Je le ferai, alors aide-moi à préparer le dîner. Le soleil est déjà couché, et il fera nuit noire d’ici peu, » déclara Kimaris.

Le soleil s’était couché pendant que Gremory déconnait. En entendant ses mots, tout le monde en arriva à la conclusion qu’il était temps de commencer à placer des tentes et à préparer le dîner, mais Chastille fit entendre une voix agitée pour les arrêter.

« Attendez, Barbatos ne bouge plus du tout ! » déclara Chastille.

Zagan pensait qu’ils étaient tous les deux étrangement silencieux, donc c’était logique. Chastille s’occupait de Barbatos, qui ne s’était toujours pas réveillé. La vue fit soudain rappeler à Zagan un certain doute qu’il avait en tête.

« Je me fiche de Barbatos, mais est-ce bien de ne pas lui montrer de l’amour ? » demanda Zagan à Gremory.

« Où est le plaisir de montrer de l’amour à une pleurnicharde qui est favorisé par tout le monde avec peu d’efforts ? En plus, croyez-vous vraiment que j’aimerais un jour une Chevalière Angélique ? » demanda Gremory.

Chastille était restée sans voix à cause de ces mots durs.

***

Partie 4

Le groupe de Zagan avait choisi de dormir dans une maison particulièrement grande qui était encore debout. L’ameublement en argent avait fait apparaître clairement qu’une sorte de noble y vivait autrefois. Cela dit, la manière dont la maison avait été construite était la même que celle des autres maisons, et bien que le plancher soit composé de planches de bois, les murs étaient simplement faits de pierres empilées les unes sur les autres. La mousse poussait le long d’eux, donnant l’impression qu’ils restaient dans une grotte. Malgré tout, y compris le sous-sol, il y avait assez de place pour plus de dix personnes, ce qui était suffisant pour eux.

Zagan avait tenu sa main contre un chandelier d’argent sur le mur, puis avait rassemblé son mana et l’avait allumée. C’était un pouvoir fondamental qu’on ne pouvait même pas vraiment appeler de la sorcellerie.

« Alors c’est... c’est la maison du chef de ces elfes... est-ce bien ça ? » murmura Zagan en regardant le couloir maintenant coloré.

« Oui. C’est le manoir des anciens. Bien que... c’est la première fois que je vienne ici..., » Néphy acquiesça d’un signe de tête quand elle répondit à la question de Zagan.

C’est donc le meilleur endroit pour chercher des indices sur le mysticisme céleste ou les hauts elfes, malheureusement, ils avaient gaspillé toute leur lumière du soleil à cause de Gremory, alors ils avaient dû attendre pour chercher à l’extérieur. Sans autre choix, Zagan, Néphy, Chastille et Nephteros errèrent lentement dans la maison.

« Pourquoi suis-je ici... ? » Nephteros avait prononcé des mots d’insatisfaction. Elle avait été entraînée là-dedans et n’avait aucun moyen de rentrer chez elle toute seule. À cause de cela, elle coopérait à contrecœur avec Zagan.

« Tu peux attendre dans la cuisine avec Foll si tu préfères, » déclara Zagan.

Gremory et Kimaris avaient accepté de s’occuper du souper afin d’assumer la responsabilité du tumulte qui s’était produit plus tôt. Foll faisait une pause dans la cuisine, en mangeant quelques douceurs en attendant. Et comme Barbatos ne se réveillait pas, ils l’avaient jeté dans la première pièce qu’ils avaient pu trouver et l’avaient laissé pourrir.

« Non, ce n’est pas comme si tout ça était mauvais. D’ailleurs, ce serait ennuyeux de rester assise et de ne rien faire, » répondit Nephteros, tremblant en réponse à la question de Zagan. Il semblait que la terreur de Gremory qui se jouait d’elle n’était pas si facile à oublier. Honnêtement, Zagan avait l’impression qu’elle disait « pour l’amour de Dieu, n’importe où sauf dans la cuisine ».

« Eh bien, détends-toi. Bien sûr, Bifrons me tape sur les nerfs, mais je ne t’en tiendrai pas rigueur. Je m’occuperai de toi jusqu’à notre retour, » déclara Zagan en haussant les épaules.

Barbatos était fautif pour sa situation difficile actuelle, mais en tant qu’Archidémon, Zagan avait pensé qu’il valait mieux être au moins un peu généreux.

« À propos de Maître Bifrons... Euh..., » les oreilles sombres de Nephteros frémissaient pendant qu’elle pendait sa tête.

Zagan n’avait pas été en mesure de saisir ce qu’elle avait dit au-delà de ses paroles initiales. Il pencha la tête sur le côté dans la confusion, dans l’intention de lui demander de parler plus fort, mais Chastille parla en premier.

« Quel bâtiment étrange ! J’ai l’impression que l’aura de mon Épée Sacrée est en train de s’amplifier rien qu’en étant ici..., » déclara Chastille en touchant les murs autour d’elle.

« Es-tu sûre de ça ? » Les yeux de Zagan s’étaient élargis en entendant quelque chose de si inattendu.

« On dirait que Norden est une terre sacrée. Même les cathédrales de l’église sont loin d’être aussi propres spirituellement..., » proclama Chastille, la poitrine pleine de fierté. Il semblait que l’énergie que possédaient les Épées Sacrées, semblable au mana, s’appelait « aura ».

« Je suis sûre que je pourrai puiser le vrai pouvoir de mon Épée Sacrée dans cet endroit. Et cette fois-ci, je porte mon Armure Sacrée, donc je n’aurai peur d’aucun ennemi ! » proclama Chastille, hochant la tête à plusieurs reprises tout en admirant l’endroit pendant tout ce temps.

« Les ennemis les plus probables ici ne seraient-ils pas les fantômes des elfes dont nous utilisons les lits ? » demanda Nephteros.

« Eeek, les fantômes !? » Chastille hurla, devenant complètement pâle en un éclair.

« J’espère vraiment que ce n’est pas vrai... mais... as-tu peur des fantômes ? » demanda Zagan d’une voix exaspérée.

« Ce sont des morts qui sortent de nulle part ! » s’écria Chastille.

« Faire face aux fantômes et aux morts-vivants ne fait-il pas partie de ton travail en tant que Chevalier Angélique ? » demanda Zagan.

L’Église ne s’était pas seulement battue contre des sorciers. C’était aussi leur travail de répondre aux préoccupations et aux griefs de leurs fidèles. Et comme les sorciers asservissaient souvent les fantômes et les morts-vivants, les Chevaliers Angéliques devaient aller les combattre.

Pour un Archange entre toutes autres personnes, d’avoir peur des fantômes... Comme c’est pathétique. Chastille n’avait pas pu cacher ses mains tremblantes pendant qu’elle répondait à sa question.

« Un travail est un travail, mais les choses effrayantes font peur. Qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ? » demanda Chastille.

Même Nephteros avait été déçue par cette réponse.

« ... N’as-tu même pas une notion de respect de soi ou d’orgueil ? » demanda Zagan.

« Je crois qu’être trop fière est la recette du désastre, » répliqua Chastille.

Eh bien, ça lui allait bien, pour elle, la petite pleurnicheuse et docile. En vérité, Zagan était vraiment curieux de savoir comment une telle personne était devenue Chevalier Angélique.

Oh, c’est vrai, elle a été choisie par son Épée Sacrée. Son sens des responsabilités était fort et elle était probablement incapable de se libérer de son fardeau en dépit d’un meilleur jugement. Peut-être Gremory avait-elle dit qu’il n’y avait « pas besoin de lui montrer de l’amour » en raison de ses fortes convictions.

« Est-ce que c’est si... ? » Nephteros hésita dans sa réponse. Il semblait que la réponse plutôt digne de Chastille l’avait laissée perplexe. Son ton montrait qu’elle n’était pas sûre de comprendre son point de vue ou de le mépriser.

Cette fille... On dirait qu’elle est mauvaise pour faire face aux réponses inattendues, hein ? En y repensant, elle avait été assez secouée quand Zagan n’avait pas été du tout trompé par ses agissements envers Néphy. Après avoir pris cela en considération, Zagan était certain que son attitude arrogante n’était qu’un acte. Et avec cela à l’esprit, il était clair que Nephteros était tout à fait adorable.

C’est mauvais, ça. J’ai trop pensé à l’amour à cause de Gremory. Elle était vraiment terrifiante. Gremory avait même réussi à infecter le Zagan toujours aussi apathique...

« Maintenant que j’y pense, il me semble que tu ne peux pas vraiment gérer Foll, n’est-ce pas ? » Zagan marmonna à Chastille alors qu’elle se ressaisissait.

« Ce n’est pas comme si je la détestais ou quoi que ce soit, ok ? C’est juste que chaque fois que je la rencontre, elle me fait une farce..., » répondit Chastille.

« Mais son surnom est Apparition..., » déclara Zagan.

« Eeek ! »

Quand Foll se faisait passer pour Valefor, elle portait une armure digne d’un géant. En raison de sa petite taille, l’intérieur était en grande partie vacant, ce qui l’avait aidée à gagner son surnom.

« Je vois... C’est pourquoi elle est si douée pour cibler mes faiblesses..., » déclara Chastille alors qu’elle avait pâli et s’était mise à trembler.

Peut-être qu’il aurait mieux valu ne pas en parler..., pour le moment, Zagan décida de surveiller Chastille attentivement pendant qu’il continuait à vérifier l’état de la maison.

« On dirait qu’il n’y a pas de pièges faits de sorcellerie ici, » annonça Zagan.

Les elfes évitaient les conflits quand c’était possible, mais chacun d’eux possédait une quantité extraordinaire de mana. C’est pourquoi Zagan avait supposé qu’ils avaient installé des pièges pour se protéger et protéger leurs secrets. Cependant, curieusement, il n’avait pas réussi à trouver quoi que ce soit de ce genre.

« Je n’ai jamais vu les habitants de mon village utiliser la sorcellerie. Peut-être que j’ai tort, et qu’ils me le cachaient, mais je ne pense pas que quelqu’un savait comment le faire, » déclara Néphy avec des yeux baissés.

Outre la sorcellerie, il y avait aussi le pouvoir du mysticisme, mais seuls de hauts elfes comme Néphy et Nephteros pouvaient l’exercer.

« Vraiment ? Mais comment se sont-ils défendus ? Ce n’est pas comme s’ils avaient pu éviter tous les monstres ici, » déclara Zagan.

Les monstres étaient des créatures vivantes qui possédaient du mana et différaient grandement en apparence des humains et des animaux. Parmi eux, il y en avait qui pouvaient même comprendre la parole humaine, et on disait que ceux-là étaient étroitement liés aux démons. Cependant, tout ce qu’ils possédaient, c’était une envie de destruction et de faim, de sorte qu’il n’y avait aucun moyen de les réfréner.

Leur population s’était amincie autour de la ville de Kianoides, mais les monstres attaquaient naturellement tout autour d’eux, et les elfes ne faisaient pas exception. Il avait été dit que de tels êtres peuplaient même les zones que les humains du nord ne pouvaient pas atteindre.

Au lieu de répondre à cette question, Néphy avait simplement ouvert une porte à proximité. Il semblait qu’il menait à un salon avec une grande table entourée de sièges en pierre. Malheureusement, tous les sièges étaient maintenant recouverts de mousse. Ce n’était évidemment pas un entrepôt, mais ça puait encore la boue. Et à y regarder de plus près, l’odeur n’était pas si surprenante, car les sièges en pierre sortaient du sol. Il semblait que les pierres avaient été enterrées directement dans le sol.

Il s’agissait d’une sorte de barrière... Ou bien, c’était peut-être un moyen de créer l’aura spirituelle que Chastille avait mentionnée.

Les fissures rampaient entre les planches. Même Zagan, dont le château était jadis rempli d’appareils de torture et de squelettes, avait du mal à croire que des gens y aient réellement vécu. Et sur un mur dans cette pièce... il y avait un seul arc.

« Tout le monde utilisait un arc comme ça quand il était temps de chasser, » déclara Néphy en levant l’arc.

Zagan avait laissé échapper un « Hm » d’admiration comme il l’avait déjà fait plusieurs fois au cours de la journée. Le corps principal de l’arc était en bois, mais il y avait des ornements en argent. Il semblait très utile, mais...

« Ces symboles sont en Célestian, n’est-ce pas ? » Zagan avait repéré des symboles similaires à ceux d’une Épée Sacrée sur le manche.

« Oui. Je ne comprends pas très bien ce que cela signifie, mais il est écrit Exousiai..., » répondit Néphy d’un signe de tête.

« Ça veut dire “Le fléau du mal”. C’est un charme qui éloigne les mauvais esprits, » déclara Nephteros en rentrant dans leur discussion.

« ... Vas-tu nous aider ? » demanda Zagan, clairement confus.

« Êtes-vous sûre que c’est bon que vous nous le disiez ? » demanda Néphy.

« ... Ce n’est pas comme si Maître Bifrons m’avait donné l’ordre de me taire. Et vous repartirez dès que vous aurez fini d’enquêter sur cet endroit, n’est-ce pas ? Dans ce cas, je rentrerai plus vite à la maison si je vous aide, » affirma Nephteros avec arrogance. Cependant, ses oreilles qui se tortillent et se balançaient lui avaient révélé ses vraies intentions.

Cette fille est très facile à comprendre...

« Y a-t-il un problème ? » Nephteros fixa Zagan en réponse à son regard observateur.

« On dirait que je suis le seul que tu traites froidement. N’en as-tu pas marre de ça ? » demanda Zagan.

« Hein ? Est-ce vraiment le cas ? » Nephteros semblait ignorer son propre comportement.

« On aurait dit que tu agissais d’une manière beaucoup plus décontractée avec Néphy et Gremory..., » déclara Zagan.

« Vous avez peut-être raison. Mais je n’en avais pas vraiment conscience. C’est juste que..., » déclara Nephteros.

« Quoi ? » demanda Zagan.

« Vous êtes... un Archidémon, » déclara Nephteros.

Est-ce que ça voulait dire qu’elle devait lui rendre hommage ? Ou peut-être qu’elle le craignait ? Pour une raison ou une autre, cette pensée le dérangeait.

« Je ne suis pas ton maître. Je ne dis pas de corriger ton ton, mais tu es une invitée. Il n’y a pas besoin de se fatiguer en traitant ainsi avec moi... pour l’instant, » remarqua Zagan en haussant les épaules vers elle pendant qu’il parlait. C’était une tout autre histoire quand elle était la servante de Bifrons, mais pour le moment, elle n’était qu’une invitée qui avait été entraînée dans les affaires de Zagan. Vu les circonstances, c’était sa responsabilité de bien la traiter. Et après l’avoir informée de ses réflexions sur le sujet, Nephteros se détendit un peu.

« Je comprends... Alors, je vais parler d’une manière un peu plus décontractée, » déclara Nephteros.

« Ça m’a l’air bien, » déclara Zagan.

Les oreilles de Néphy frémirent joyeusement lorsqu’elle entendit leur échange. Voyant cela, Nephteros lui répondit en aboyant ses prochains mots.

« Quoi ? As-tu des plaintes à formuler ? » demanda Nephteros.

« Pas du tout ! Merci beaucoup, Mademoiselle Nephteros. Avoir quelqu’un qui comprend le Celestian est d’une grande aide. Je compte sur vous, » déclara Néphy.

« Ça ne me rend pas heureuse du tout ! » Nephteros nia tout sentiment de joie, mais ses oreilles tremblantes lui donnèrent une fois de plus l’impression de ne pas dire ses vrais sentiments.

C’est comme une rivalité entre frères et sœurs ou quelque chose du genre..., Nephteros avait déjà essayé de faire du mal à Néphy, mais Néphy avait mis cela de côté et essayait de l’accepter. Se battre et se réconcilier par la suite, c’était de la rivalité entre frères et sœurs. Cette vue avait soudain fait que Zagan s’était souvenu de quelque chose.

« Je veux la sauver. Et puis, je veux lui apprendre en tant qu’aînée... » Quand Nephteros chantait son mysticisme céleste, ses souvenirs affluaient dans Zagan. C’est pourquoi il savait qu’elle ne détestait pas du tout Néphy. En fait, elle avait même voulu sauver Néphy après avoir vu comment les habitants de son village la traitaient. Ses réactions actuelles lui avaient fait croire que ces sentiments étaient encore en elle. Non, c’était peut-être mieux de dire que ces sentiments avaient été ravivés après tout le temps qu’elles avaient passé ensemble.

« Il s’agit probablement d’une arme construite sur les mêmes concepts qu’une Épée Sacrée... Bien qu’en comparaison, cela fonctionne beaucoup plus comme un jouet. Le simple fait de tirer la ficelle permettra à n’importe qui de tirer une flèche en mana. Eh bien, s’ils peuvent vraiment utiliser le mana, de toute façon. »

« Je vois. L’arc lui-même doit être très ancien, alors..., » commente Zagan.

« Je pense que tu as raison. Cela n’a probablement pas été fait par les habitants de ce village. Je dirais que c’est d’un âge où les hauts elfes comme moi et... cette fille ici présente étaient encore communs, » déclara Nephteros.

« Est-ce quelque chose de valeur ? » Néphy pencha la tête sur le côté quand elle posa cette question.

« Je dirais que les mots “arme légendaire” correspondent le mieux. Si l’Église mettait la main dessus, ils l’inscriraient probablement comme un nouveau trésor sacré ou quelque chose comme ça, » répondit Zagan.

« Euh, ça ne le mettrait pas au même niveau que les Épées Sacrées ? » demanda Chastille. Leur découverte semblait l’avoir étonné.

« Ce n’est pas tout à fait à ce niveau, mais ce n’est probablement qu’un pas en dessous. Au moins, c’est beaucoup plus puissant que ton Armure Sacrée, » déclara Zagan.

Les épaules de Chastille se baissèrent.

« Argh, je suis enfin arrivée complètement équipée et ça arrive..., » déclara Chastille.

Il était logique qu’un village elfique caché ait des artefacts si puissants qui traîneraient dans la zone. Quoi qu’il en soit, Nephteros semblait très fière d’avoir élucidé le mystère. Même l’hostilité qu’elle pointait habituellement vers Néphy s’était calmée.

Peut-être que je m’inquiète trop... C’était peut-être déraisonnable à l’heure actuelle, mais peut-être qu’un jour viendra où elles pourront passer du temps ensemble avec bonheur.

Après avoir regardé fixement le corps de l’arc pendant un moment, Chastille fit un signe de tête admiratif et prit la parole. « Si je me souviens bien, les légendes disent que les elfes sont les maîtres de l’arc. C’est une race qui a une grande quantité de mana innée, alors peut-être que ce type d’arme leur convient mieux. »

« ... Merci pour l’explication. Crois-tu que tu puisses t’éloigner un peu plus de moi ? » demanda Nephteros. En un rien de temps, Chastille avait commencé à s’accrocher à l’ourlet de son manteau.

« Mais la pièce là-bas est si sombre ! Je n’arrête pas de penser que quelque chose va sortir de là soudainement, alors j’ai juste..., » répondit Chastille.

« Es-tu vraiment une Archange ? Tu dis que l’Église te place au même niveau que ce majordome ? » Nephteros semblait vraiment étonnée par ce fait. Cependant, elle ne s’était pas débarrassée de la main de Chastille malgré son dédain plutôt évident. Au lieu de cela, elle avait simplement rendu l’arc à Néphy, puis elle était partie.

« Dites-moi, combien de temps comptez-vous rester là ? On doit finir de regarder dans toutes les pièces avant que les autres finissent de préparer le dîner. Vous en souvenez-vous ? » demanda Nephteros.

« A-A-A-A-A-A-Attendez moi ! » cria Chastille.

Nephteros marchait devant le groupe avec Chastille toujours accrochée à elle.

Zagan et Néphy avaient échangé des regards confus avant de les suivre avec des sourires légèrement amers bien visibles sur leur visage.

***

Partie 5

« Même un endroit aussi délabré contient de l’alcool, hein ? » Zagan poussa un soupir d’admiration en buvant du vin d’une bouteille qu’il avait trouvée dans la cave. Cela semblait être un vin assez bien vieilli, et sa maturité raffinée emplissait toute sa langue.

Il était actuellement dans l’une des chambres du manoir des anciens du village. Elle était assez vide, avec seulement une table d’appoint simple à côté d’un cadre de lit en bois et une petite étagère avec plusieurs livres écrits à la main doublant chaque rangée. Après les avoir parcourues, il s’était vite rendu compte qu’il s’agissait de journaux écrits dans la langue des elfes.

Le lit était rempli de paille au lieu de coton. Zagan avait essayé de s’y asseoir, et il avait trouvé ça très agréable. Habituellement, il dormait sur son trône, donc dormir sur le dos était un bon changement de rythme. De plus, c’était la première fois que la chambre de Néphy était complètement séparée de la sienne, ce qui lui permettait de se détendre davantage. Quand on regarde au château, la chambre de Néphy était directement au-dessus de la salle du trône. Cela signifiait qu’elle devait traverser la salle du trône pour se rendre dans n’importe lequel des espaces communs, de sorte qu’il devait être prêt à la rencontrer à tout moment.

Zagan se souvient de ce qui s’était passé pendant le dîner alors qu’il s’asseyait là et s’adonnait au vin. En fin de compte, il n’y avait pas de pièges dans le manoir qui utilisaient la sorcellerie ou le mysticisme. Après être retournés se réunir de nouveau avec le reste de leur groupe, les membres de l’équipe de recherche avaient trouvé le dîner qui leur avait été servi dans l’une des grandes pièces du manoir. L’équipe de cuisine avait réussi à préparer un bon dîner avec les ingrédients qui restaient dans la cuisine. Mais comme Foll avait décidé d’« aider » aux préparatifs, il restait à peine assez de nourriture pour remplir les ventres de tout le monde.

Gremory avait encore joué avec Nephteros pendant qu’ils mangeaient. Zagan ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle l’avait fait exprès pour soulager l’esprit de Néphy.

« Néphy... avait l’air assez perplexe, » déclara Zagan en soupirant tout en regardant le liquide rouge vif dans son verre.

Son visage... ou plutôt, ses oreilles lui avaient dit qu’elle ne savait pas vraiment comment réagir, et cela l’inquiétait beaucoup plus que l’état de sa ville natale. Il semblerait que Gremory et Kimaris aient également compris sa situation difficile. C’était assez surprenant, car ils ne la connaissaient que depuis peu.

Zagan était, bien sûr, inquiet pour elle, mais il savait que c’était irritant de demander à quelqu’un s’il allait bien alors qu’il ne l’était manifestement pas. À cause de tout cela, leur repas s’était terminé sans que Zagan ait eu un mot à dire. Et après ça, ils s’étaient tous séparés et étaient allés se reposer dans leurs chambres. Pour le meilleur ou pour le pire, l’endroit avait plus de huit chambres à coucher, alors chacun avait la sienne.

Chastille, étonnamment, avait fini par prendre le dîner pour Barbatos. Cet ami indésirable de Zagan ne s’était pas encore réveillé au moment du dîner. Peut-être l’avait-il frappé un peu trop fort.

« Cet homme est peut-être une vraie ordure, mais il a aussi un bon côté qu’il montre de temps en temps. Bien sûr, je suis coincée ici à cause de ses bouffonneries, mais j’ai pu vous rencontrer toi et Néphy grâce à ça, » avait dit Chastille. Barbatos avait protégé Chastille sous les ordres de Zagan, donc il avait lui aussi sa part de responsabilité. Mais il était surpris que Chastille ait cessé de le haïr.

Barbatos n’a plus non plus l’air si dérangé par ça..., eh bien, tout bien considéré, c’était probablement un bon signe.

« Plus important encore, Néphy..., » Zagan avait enfin sa propre chambre, mais tout ce qu’il voulait, c’était parler à Néphy. Malheureusement, il ne savait pas quoi dire quand Néphy était si clairement bouleversée. De plus, il y avait aussi le fait qu’elle voulait probablement qu’on la laisse seule, mais à quoi bon l’inviter, dans ce cas-là ?

« ... Comme c’est ridicule. Je n’ai aucune raison de m’inquiéter, n’est-ce pas ? » Zagan secoua la tête en essayant de se vider l’esprit après s’être inquiété de ces pensées pendant plus d’une demi-heure. Puis, il avait pris la bouteille de vin à la main et se leva.

Si je ne trouve rien à dire, je resterai à ses côtés ! Zagan et Néphy étaient tous deux terribles pour exprimer leurs sentiments par des mots. C’est pourquoi ils se blottissaient habituellement l’un contre l’autre lorsqu’ils étaient troublés. Pourquoi avait-il hésité alors que la réponse était si évidente ?

Oh, il y a quelqu’un ici..., il ne s’en rendait pas compte parce qu’il était perdu dans ses pensées, mais il y avait quelqu’un qui faisait les cent pas devant sa porte. Après avoir fait plusieurs pas vers la droite, il avait fait demi-tour et avait marché vers la gauche. Zagan pouvait dire qu’il répétait ce cycle depuis un certain temps déjà.

Néphy... Non, ce ne sont pas ses pas..., Néphy prenait toujours grand soin de marcher en silence, alors Zagan l’aurait su tout de suite si c’était elle. Pourtant, de tels pas si légers n’appartenaient certainement pas non plus à Kimaris ou à Barbatos, ce qui signifiait qu’il s’agissait probablement d’une femme. Cela dit, ils n’étaient pas assez légers pour être ceux de Foll ou assez fort pour être ceux de Chastille. Peut-être, Gremory pouvait correspondre, car elle pouvait transformer son corps comme elle le voulait, mais elle n’était pas non plus très docile. Dans cette affaire, la seule suspecte restant était...

« Que fais-tu ici... ? Nephteros !? » demanda Zagan.

« Ahh !? » Nephteros s’était complètement raidie, avec un regard de surprise présente sur son visage, quand Zagan ouvrit sa porte.

Voir cette expression sur quelqu’un qui a le même visage que Néphy est plutôt rafraîchissant..., quoi qu’il arrive, Néphy ne ferait jamais ce genre de tête. La bouche de Nephteros s’était ouverte et fermée pendant un certain temps, car elle était incapable de dire quoi que ce soit, mais finalement, elle avait brossé ses cheveux argentés en arrière dans une tentative de maintenir les apparences.

« Je passais juste par hasard, » répondit Nephteros.

« Oh, c’est gentil..., » Zagan avait décidé d’épargner sa dignité et de la laisser mentir. Et bien que Nephteros ait détourné son visage, il pouvait dire qu’elle avait quelques affaires avec lui de la façon dont elle lui jetait des regards fugaces.

Je veux aller à Néphy tout de suite..., Zagan voulait se débarrasser de Nephteros, mais il avait décidé de la traiter comme une invitée plus tôt, et une invitée méritait un peu de courtoisie. Sans autre choix, Zagan avait essayé d’aller droit au but.

« Veux-tu quelque chose ? » demanda Zagan.

« Euh, eh bien..., » Nephteros grimaça et se mit à marmonner. La question semblait l’avoir mise dans tous ses états.

Quelle fille gênante... ! comme l’exhorter n’avait rien fait pour améliorer sa situation, Zagan fixa simplement Nephteros du regard et attendit qu’elle réponde. Finalement, elle avait semblé réaliser qu’il attendait qu’elle agisse. Et puis, elle avait tendu ce qu’elle portait dans ses bras, avec un regard contradictoire sur son visage.

« Je suis venu te rendre ton manteau, » déclara Nephteros.

« Mon manteau ? » Zagan se souvenait de ce qu’elle disait quand les mots sortaient de sa bouche.

Maintenant que j’y pense, je lui ai donné ça quand elle a perdu ses vêtements sur le bateau, non ? Zagan avait sauvé Nephteros quand elle avait été transformée en monstre par les pensées résiduelles du Seigneur Démon. Et à cette époque, il lui avait prêté le manteau en question.

« C’est bizarre. Es-tu venue jusqu’ici juste pour le rendre ? » demanda Zagan.

« N’est-ce pas toi qui m’as dit que je devais le rendre moi-même ? » demanda Nephteros.

« L’ai-je fait ? » Zagan se concentrait à l’époque sur la préparation de son « cadeau » à Bifrons, donc il ne se souvenait pas vraiment de ce qu’il disait. En tout cas, elle l’avait amené jusqu’à lui. Il se devait de l’accepter gracieusement.

« Hm ? C’était toujours aussi... joli ? » Néphy l’avait réparée plusieurs fois, mais le tissu était assez vieux. De plus, il se souvenait qu’il avait été lourdement endommagé lors de sa bataille contre le Seigneur Démon de la Boue. Et, comme Zagan inclinait la tête sur le côté en raison de la confusion, Nephteros détourna son regard de lui. Le bout de ses oreilles commençait à rougir.

« Le fait de réparer des vêtements en lambeaux, c’est le moins que je puisse faire, » déclara Nephteros.

« L’as-tu réparé pour moi ? Bon travail, » dit Zagan en essayant le manteau, avec un sourire tendu sur son visage.

« Wôw, pas mal. Si tu en as assez de Bifrons, viens dans mon château. Il y a toute une montagne de travail qui attend, » déclara Zagan.

« ... Me prends-tu pour une blanchisseuse ? » demanda Nephteros.

« Non, tu en sais aussi beaucoup sur le mysticisme céleste, donc tu serais bien plus que ça, » déclara Zagan.

« Eh bien, j’y réfléchirai, » répondit Nephteros, comme si elle ne détestait pas entièrement l’idée. Dans tous les cas, Zagan ne pouvait sentir aucun enthousiasme ou mépris dans ses paroles.

« Je suppose que les choses vont bien avec Bifrons ? » demanda Zagan.

« Je me le demande..., » Nephteros avait sorti un morceau de papier du manteau en disant ça. À première vue, il semble que ce soit l’invitation que Bifrons eût envoyée à Zagan, mais il y avait un mécanisme unique qui y était intégré. C’était quelque chose qui faisait surgir un poing de mana sur Bifrons chaque fois qu’ils mettaient Nephteros en colère.

« Oh, ouais. Permets-moi de te remercier pour cette petite babiole. Cela a enseigné à Maître Bifrons l’importance d’un espace personnel, » déclara Nephteros.

« Ça, c’est inattendu. Es-tu sûre qu’il a retenu la leçon ? Ce n’est pas vraiment le genre d’apprentissage..., » déclara Zagan.

« La tête de Maître Bifrons a déjà été explosée plusieurs fois. C’est comme on dit : la peur est un puissant facteur de motivation, » affirma Nephteros en secouant la tête, exaspérée.

« Hmmmm..., » Zagan ne s’attendait pas à cette réponse.

Bifrons ne pouvait toujours pas se défendre ? Bifrons était un Archidémon. Bien sûr, Zagan avait mis en place un piège assez complexe, mais quelqu’un d’aussi puissant aurait déjà dû le surmonter. En plus, il aurait pu confisquer la lettre si c’était vraiment le cas. Le fait que Bifrons ne l’avait pas déjà fait signifiait qu’il voulait qu’il soit en place. Peut-être que Bifrons avait-il réellement appris « l’importance de l’espace personnel », comme le disait Nephteros.

... Bien qu’il soit aussi possible que Bifrons ait eu un fétiche bizarre.

« Eh bien, c’est une chance, n’est-ce pas ? La prochaine fois, je prendrai des mesures pour t’empêcher d’être utilisée comme cobaye, » déclara Zagan, avec un sourire fugace sur son visage.

Nephteros s’était raidie puis elle le fixa avec émerveillement. Elle était rapidement devenue rouge vif et s’était cachée dans l’embarras.

« Ce ne sont pas tes affaires. Vraiment, je suis surprise que tu sois si... je veux dire, je suis surprise que tu sois si hospitalier. C’est moi qui ai essayé de faire du mal à Néphy, tu t’en souviens ? » demanda Nephteros.

« Néphy et moi n’avons pas le temps de nous attarder sur une gosse qui fait une crise de colère, » déclara Zagan. Il avait l’air prêt à éclater de rire.

« Une gosse ? Je ne sais pas quel âge tu as, mais je suis plus vielle que Néphélia, compris ? » demanda Nephteros.

« Je vois, » marmonna Zagan d’un signe de tête, puis il continua, « Maintenant que j’y pense, quel âge as-tu ? » Zagan savait que c’était impoli de demander son âge à une dame, mais il n’était pas du genre à être lié par les normes sociales.

« J’ai... j’ai... Hein ? Je... ai... ? » Nephteros avait été intimidée par sa question plutôt directe. Elle avait commencé à bercer sa tête, clairement confuse et incapable de trouver une réponse.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Zagan.

« Non... Ce n’est... rien, » affirmait Nephteros avant de se retourner contre Zagan.

« Plus important encore, même si tu es un Archidémon, tu devrais savoir qu’il est impoli de demander son âge à une dame, » déclara Nephteros.

« C’est toi qui as abordé le sujet. Je ne m’intéresse pas à ton âge..., » répondit Zagan en levant les deux mains pour se rendre.

« Hmph..., » les cheveux d’argent de Nephteros se balançaient pendant qu’elle se moquait de lui et marchait dans le couloir.

« Ce n’est pas possible... Ne connaît-elle pas son âge ? » Zagan se le murmura à lui-même. C’était mauvais signe.

Zagan était resté figé sur place, craignant le pire, pendant un bon moment après cet échange.

***

Partie 6

« ... Je n’arrive... pas à dormir, » marmonna Néphy d’un ton perplexe pour la millionième fois cette nuit-là. Elle avait obtenu sa propre chambre, mais n’arrivait pas à dormir à cause de toutes les pensées qui lui traversaient l’esprit.

« ... Maître Zagan, » Néphy l’appela désespérément. Cependant, ce n’était pas son château. Il avait son propre lit pour une fois, donc il dormait probablement profondément.

Est-ce hors de question de dormir dans le même lit que lui ? Cela le dérangerait-il ? Il lui avait permis de s’asseoir sur ses genoux à plusieurs reprises, mais ils n’avaient dormi que deux fois dans les bras l’un de l’autre. Il y avait eu la soirée où Zagan avait acheté Néphy, et la nuit où Zagan lui avait révélé son passé.

De temps en temps, Néphy découvrait que son lit était froid. Et chaque fois que cela arrivait, elle priait pour dormir sous les mêmes couvertures que lui afin de se coller contre son corps chaud et réconfortant. Malheureusement, Zagan dormait toujours sur son trône, ce qui les séparait.

J’ai l’air bien trop gâté..., Néphy secoua la tête d’un air agité alors que ses pensées commençaient à se déchaîner. Elle était plutôt inquiète de ce que Zagan penserait d’elle si elle agissait selon ses désirs. Elle avait choisi de croire qu’il ressentait exactement la même chose, mais cela ne voulait pas dire qu’il allait lui rendre la pareille.

Bien sûr, quoi qu’elle fasse, Zagan l’accepterait. Elle le savait bien. Cependant, il était encore difficile d’aller de l’avant.

Les oreilles de Néphy devinrent complètement rouges quand elle commença à se tordre dans son lit. Elle pouvait difficilement contenir son imagination.

« Je n’arrive vraiment pas à dormir..., » Néphy avait abandonné après s’être tordue et retournée quelques fois de plus et s’était levée de son lit. Après avoir tendu la main vers la table de chevet, elle avait claqué ses doigts fins, allumant la bougie dessus. C’était de la sorcellerie de base que Zagan lui avait apprise.

Ensuite, Néphy avait essayé d’ouvrir la fenêtre. Bien qu’il s’agisse d’une fenêtre, elle était faite de simples planches de bois, et il n’y avait rien comme du verre serti dedans. En utilisant le poteau fixé à chaque planche, vous pouvez les tirer sur le côté pour les ouvrir.

Le clair de lune pénétrait dans la pièce tandis que Néphy regardait fixement l’une des maisons du village en ruines. Il se trouvait que c’est là qu’elle avait grandie.

« ... Bizarre. Je ne ressens rien particulièrement, » déclara Néphy en tenant sa main sur sa poitrine. Son pouls était le même que d’habitude, sa respiration était normale et elle ne se sentait pas du tout nerveuse.

Je pensais que ça ferait plus mal..., même Zagan semblait assez inquiet pour elle, c’est pourquoi il l’avait suivie. Et pourtant, elle était si calme que son retour était inattendu. Si des cadavres d’elfes étaient éparpillés, elle aurait au moins ressenti de la douleur dans son cœur, mais il n’y avait même pas de traces de sang, et les bâtiments étaient en grande partie intacts. C’était comme si les résidents venaient de disparaître.

La tranquillité de tout cela lui avait fait douter qu’elle y ait réellement vécu il y a seulement quelques mois. Non, c’était un peu plus important. C’était plus comme si elle était redevenue comme avant de rencontrer Zagan.

« Oh, je vois. Je me sentais comme ça tout le temps, » déclara Néphy.

Elle avait été élevée dans un environnement où de grandes attentes avaient entraîné de grandes souffrances. Personne ne voulait même la regarder, et sa simple présence était considérée comme une influence maléfique.

C’est pourquoi Néphy s’était isolée du monde. Si elle arrêtait de penser, la douleur diminuerait un peu. Si elle s’arrêtait de bouger, la douleur devenait plus facile à gérer. En échange de ne pas ressentir de douleur, elle n’était plus capable de ressentir de la joie. Tout ce qu’elle avait fait, c’est de rester assise et de prier pour que sa vie insignifiante s’achève rapidement.

Son cœur s’était arrêté. Elle était redevenue une coquille vide. Cependant, ce n’était pas bon. Elle se devait d’accepter son passé. Sinon, retourner dans sa ville natale était inutile. Si elle continuait à céder à ses horribles souvenirs, elle ne ressentirait plus jamais la chaleur de l’amour de Zagan et du reste de sa famille.

« Je ne veux pas que..., » Néphy ne voulait plus mourir. En fait, il n’était pas exagéré de dire que sa vie n’avait commencé qu’au moment où elle avait rencontré Zagan. Elle voulait vivre pour lui. Elle voulait continuer sa vie avec Zagan, Foll, Chastille, Manuela, Raphaël, Gremory, Kimaris, et même Barbatos. C’est pour cela qu’elle devait tout simplement se débarrasser de son passé.

Et, alors qu’elle continuait à fixer la maison où elle vivait pour affirmer sa détermination...

« Hein... ? » Néphy avait aperçu une faible lumière dans son ancienne maison.

Quelqu’un... est toujours là ? Les fenêtres étaient les mêmes que celle à travers laquelle Néphy regardait, donc une petite quantité de lumière s’était infiltrée à travers les espaces dans les planches de bois. Il se passait quelque chose.

Pour elle, ça aurait pu être un voyageur ou un bandit, mais ce n’était pas un phénomène naturel.

« Je dois immédiatement prévenir Maître Zagan..., » Néphy avait commencé à se diriger vers la chambre de Zagan quand ses pieds s’étaient soudainement arrêtés.

Est-ce que c’est vraiment bien, je me demande... ? Zagan avait-il vraiment besoin de savoir ? S’il l’écoutait et enquêtait sur son ancienne maison, ne ferait-il pas tout le travail pendant qu’elle s’asseyait et se détendrait ? Comment exactement surmontait-elle son ancien moi faible si elle le laissait la protéger encore et encore ?

« ... Mes excuses, Maître Zagan. Pardonnez-moi d’agir de mon plein gré, » déclara Néphy en secouant la tête.

Et à ce moment-là, pour la toute première fois, Néphy s’était avancée sur ses deux pieds, sans personne pour la soutenir.

***

Partie 7

Néphy s’était glissée dans ses bottes, puis elle avait pris une plume et avait commencé à griffonner ce qui s’était passé et ce qu’elle allait faire. Elle était fermement décidée à suivre son plan, mais elle n’était pas certaine de ce qu’il allait se passer à la fin. Disparaître sans un mot aurait été de mauvais goût, alors elle avait fini d’écrire une note avant de sauter par la fenêtre.

Il fait vraiment froid..., Néphy portait sa tenue de femme de chambre habituelle près des montagnes enneigées, ce qui la laissait manifestement tremblante.

« Il y a six mois, je n’aurais même pas pu sentir le froid..., » murmura Néphy.

Ça voulait-il dire qu’elle s’était affaiblie ? Eh bien, je peux accepter ce genre de faiblesse.

Honnêtement, elle voulait que Zagan développe le même type de faiblesses qu’elle. Cet homme était beaucoup trop fort. Il avait un peu appris à compter sur les autres récemment, mais il y avait encore des parties de lui qui voulaient s’occuper de tout par lui-même. Et Néphy croyait qu’être capable de tout faire entraînait plus de soucis. Elle souhaitait qu’il soit plus faible pour qu’il soit forcé d’accepter l’aide de toutes sortes d’individus. Sinon, la gratitude de tout le monde ne lui parviendra jamais.

« Je veux devenir assez forte pour que Maître Zagan compte sur moi..., » marmonna Néphy alors qu’elle faisait les premiers pas vers l’atteinte de cet objectif. Après avoir traversé l’espace dégagé, elle s’était précipitée vers son ancienne maison. Mais elle n’y avait jamais vraiment été chez elle. En fait, elle ne pouvait rester que dans un coin de l’entrepôt. La seule fois où elle avait le droit d’entrer dans d’autres pièces, c’était pour aider à faire le ménage ou à accomplir d’autres tâches ménagères.

Elle ne savait absolument rien des autres résidents. Et la famille, les gens avec qui elle avait vécu pendant les seize premières années de sa vie n’étaient même pas ses connaissances.

La main de Néphy s’était mise à trembler légèrement lorsqu’elle s’était déplacée pour ouvrir la porte, mais cette fois-ci, ce n’était pas à cause du froid. Elle avait peur. Cependant, assez curieusement, elle avait été soulagée par la vue.

Ce n’est pas grave. Je ne suis plus la même personne..., ses émotions fonctionnaient correctement, ce qui signifiait qu’elle était prête à faire face à tout ce qui se trouvait au-delà de cette porte. Tenant sa poitrine de la main gauche, Néphy avait pris une grande inspiration et avait tourné la poignée de la porte.

« ... Hein ? » s’exclama Néphy.

De l’air chaud s’était échappé de l’autre côté de la porte. En y regardant de plus près, Néphy avait remarqué que la cheminée était allumée. Il semblait que c’était la source de lumière qu’elle avait vue de sa chambre.

Souhaitez-moi bonne chance, Maître Zagan..., pensa Néphy en regardant le manoir de l’aîné.

Elle savait que Zagan serait furieux quand il l’apprendrait, mais c’était un problème que Néphy devait affronter toute seule. Néphy avait donc fait un pas dans la maison où elle vivait avant.

L’endroit ressemblait en grande partie au manoir de l’aîné. Le sol était fait de planches de bois, mais les murs n’étaient que des pierres recouvertes de mousse empilées les unes sur les autres. Étonnamment, malgré les fenêtres simplistes, il n’y avait même pas de courant d’air. La pièce était très chaude, ce qui avait probablement servi à repousser l’air froid, mais Néphy savait que cela changerait rapidement si la cheminée s’éteignait.

L’intérieur de la pièce n’avait pas changé du tout. Il y avait plusieurs peintures accrochées sur chaque mur, et un petit autel avait été installé près de l’entrée à laquelle ils avaient l’habitude d’offrir des prières à l’heure du repas. À part cela, il y avait une seule table délabrée autour de laquelle se trouvaient quatre chaises en bois. On dirait que l’endroit appartenait à une famille de quatre personnes.

Elle n’avait pas fait le tour de la maison assez souvent pour s’en rendre compte, mais rien ne semblait déplacé. En fait, elle ressemblait exactement à celle où les humains avaient attaqué le village, alors que Néphy interrogeait sa mémoire.

Les résidents de cette maison sont probablement tous morts..., Néphy trouvait cela malheureux, même si elle savait que ces individus la maudissaient de leur dernier souffle. Elle ne les connaissait peut-être pas assez pour les pleurer, mais elle avait pitié d’eux.

Après avoir réfléchi à ses pensées pendant un moment, Néphy inspecta le reste de la maison. Et malgré le fait que la cheminée était allumée, il n’y avait même pas de traces de pas découvert.

Elle regardait autour d’elle avec agitation, faisant de son mieux pour trouver une piste, quand l’un des tableaux sur le mur avait soudain attiré son attention. Il n’y avait qu’un seul artiste dans tout le village, et il donnait toujours aux familles un tableau pour accompagner chaque nouveau bébé. C’est pourquoi il aurait dû y avoir autant de tableaux que d’enfants dans cette maison, mais...

« Ma peinture... n’est pas là ? » Néphy n’avait jamais eu l’occasion d’y jeter un coup d’œil de près, ce qui lui avait échappé. Peut-être ne voulaient-ils pas accrocher le tableau d’un enfant maudit, ou peut-être l’artiste lui-même refusait-il d’en faire un. Cependant...

« Où suis-je née exactement ? » se demanda Néphy.

Cela devait être sa ville natale, mais elle n’avait pas trouvé de preuve définitive qu’elle était née et avait grandi ici. Jusqu’à présent, elle avait cru que les habitants de cette maison étaient ses parents de sang, mais était-ce vraiment le cas ? Sa propre famille l’aurait-elle détestée sans raison ?

À quoi je pense ? Mes liens parentaux sont un mythe..., même Zagan avait toujours été seul, forcé de se débrouiller seul dès son plus jeune âge. Et en plus de ne pas savoir les visages de ses parents, il ne connaissait même pas leurs noms. S’ils étaient encore en vie, ils n’auraient aucun lien avec lui.

Certes, de tels liens inconstants n’étaient rien d’autre qu’une illusion. Ou du moins, c’est ce que Néphy croyait.

Être avec tous ces gens qui ne sont pas liés à moi par le sang... c’est bien mieux.

Zagan, qui était un parfait inconnu, fut le premier à faire en sorte que Néphy se sente vraiment aimée. Et les premiers à l’appeler une amie furent Chastille et Manuela, qu’elle venait tout juste de rencontrer. Après cela, Foll était devenue une sorte de fille, ce qui lui avait donné l’impression de faire partie d’une famille pour la toute première fois.

Pas un seul d’entre eux n’était lié à elle par le sang. Il n’y avait aucun lien de ce genre entre eux, et ce n’était pas une obligation.

Je dois... trouver qui je suis vraiment..., et juste au moment où elle pensait cela, le tableau qu’elle regardait commençait à se déformer.

« Hein... ? » Néphy regarda quatre ombres s’échapper du tableau devant elle. Elle pouvait immédiatement dire qu’il s’agissait des visages de la famille qui vivait ici.

Une illusion ? Néphy déplaça son regard autour d’elle, mais ne trouva pas l’origine. Zagan aurait probablement été capable d’identifier l’emplacement du sorcier en un coup d’œil, mais Néphy était loin d’être aussi habile que lui. Pour ce qui est de la sorcellerie, même les sorciers qui travaillaient au château l’avaient surpassée. Cela dit, le mysticisme n’était pas une puissance qui manifestait toujours le résultat désiré, ce qui en faisait un élément totalement inconnu. Il n’y avait aucune garantie qu’elle était leur meilleure même avec cela ajouté dans le mélange.

Chacune des illusions s’était assise autour de la table, puis se mit à rire joyeusement. C’était le portrait craché d’une famille heureuse.

Je n’ai jamais vu ce regard sur leur visage..., Néphy n’avait jamais eu que mépris ou dégoût dirigé vers elle. Elle n’aurait pas pu les imaginer rire joyeusement.

« Ils ont l’air si heureux..., » marmonna Néphy. Et puis, cette scène heureuse avait commencé à fondre en réaction. L’illusion suivante était une illusion remplie de cadavres. Leurs visages jadis souriants étaient souillés par le sang rouge vif qui coulait de leur tête, et leurs bouches laissaient sortir des mots de douleur et de ressentiment.

« Pourquoi ne nous avez-vous pas sauvés ? » demandèrent-ils. « Je ne veux pas mourir. » Ils gémissaient. « Néphy aurait dû mourir à la place, » ils se plaignaient.

« Vous avez le droit de m’en vouloir..., » Néphy savait qu’elle aurait pu les sauver si elle avait lutté contre les envahisseurs humains. Mais au lieu de cela, elle avait permis qu’ils soient massacrés, et c’est quelque chose qu’elle allait regretter pour le reste de sa vie.

Témoin de l’agonie qu’ils avaient vécue, Néphy souffrait. S’ils s’étaient rencontrés dans d’autres circonstances, ils auraient sûrement pu s’entendre. Ou peut-être, comme elle était maintenant, aurait-elle pu développer une véritable relation avec eux.

« Cependant..., » Néphy marmonna lorsque l’image des cadavres fut gravée dans son esprit, puis poursuivit : « Si c’était si douloureux, pourquoi ne vous êtes-vous pas protégés les uns et les autres ? »

Je risquerais ma vie pour protéger Zagan ou Foll, alors ces individus n’auraient-ils pas dû faire la même chose ? Néphy n’aurait jamais voulu se recroqueviller et mourir comme ces elfes. Et tandis qu’elle rejetait leurs souvenirs avec de telles pensées, l’illusion des cadavres se brisa comme du verre, et les ténèbres l’enveloppèrent à nouveau. Sauf que cette fois, même la lumière de la cheminée avait disparu.

Il fait froid..., la pièce jadis chaude s’était refroidie à l’extrême. Le changement soudain avait même amené Néphy à se demander si la cheminée avait vraiment été allumée. Elle regarda vers elle, mais ne sentait pas la chaleur qui s’en dégageait. Même si un feu était éteint avec de l’eau, la chaleur du bois de chauffage aurait quand même dû rester. Et à ce moment-là, tout s’était mis en place dans sa tête.

Ai-je... été attiré ici... ? En fin de compte, il aurait peut-être été préférable d’alerter au moins Zagan avant de venir ici. Cependant, Néphy n’avait pas regretté sa décision.

Le coupable doit être quelque part par ici..., Néphy s’était mise sur la défensive en jetant un autre coup d’œil dans tout l’endroit, mais elle n’avait été rencontrée que par un rire moqueur.

« Kufufufu, comme c’est courageux... ! »

Néphy était horrifiée par cette voix, qui était accompagnée d’une ombre qui s’étendait du sol. Sur le dessus de la pièce étant faiblement éclairée, l’ombre portait une cagoule, de sorte qu’elle ne pouvait pas dire si c’était un homme ou une femme. Cependant, d’après leur voix, elle savait que c’était quelqu’un de beaucoup plus âgé.

Cette personne est beaucoup plus forte que moi... ! Néphy se mit encore plus sur la défensive alors qu’elle se concentrait sur la sortie. Elle avait appris les bases de la sorcellerie et pouvait utiliser le mysticisme en toute liberté dans ce lieu spécifique, ce qui signifiait que le mysticisme céleste n’était pas hors de question. Si elle se battait sans se soucier de sa propre sécurité, elle pourrait vaincre même un sorcier habile. Malheureusement, elle pouvait dire à la personne qui était devant elle était bien plus que ça.

Je dois survivre et retourner aux côtés de Maître Zagan..., sinon, il se sentirait responsable de sa mort et se reprocherait de ne pas être à ses côtés. Néphy voulait être le pilier du soutien de Zagan, donc elle ne pouvait pas le faire souffrir.

C’est pourquoi la priorité numéro un de Néphy était de revenir à ses côtés. La véritable identité de l’ombre, ainsi que la raison pour laquelle elle l’avait attirée seule, n’était pas pertinente face à ce désir.

Malheureusement, je dois rester debout et me battre..., cela n’aurait servi à rien qu’elle parte seule si elle avait essayé de s’enfuir simplement parce que son adversaire était plus fort qu’elle.

Elle devait se battre, survivre et revenir vivante. C’est le résultat que Néphy souhaitait. Et étant arrivée à cette conclusion, elle avait ouvert la bouche pour parler.

« Pourquoi... m’avez-vous montré ça ? » demanda Néphy.

« Hmm... Tu ne vas pas t’enfuir ou quoi que ce soit, hein ? » répondit l’ombre de façon inattendue. Après ça, elle pouvait dire à sa bouche qu’elle avait un sourire déformé avant de dire : « Alors, comment était-ce ? Je parle du visage de ceux qui t’ont tourmenté avant d’être punis. »

« ... C’était le pire sentiment possible, » répondit Néphy. Elle avait l’impression qu’elle avait tué les mêmes personnes deux fois.

Ce n’est pas un endroit où je peux plier un genou et céder..., Néphy n’avait été autorisée à s’effondrer qu’en présence de Zagan. Et comme elle était venue ici sans sa permission, elle n’avait pas eu le droit de s’effondrer et de pleurer.

L’ombre avait alors sorti une main qui ressemblait à une branche morte et toucha sa propre mâchoire avec elle.

« Comme c’est intéressant ! Tu es étonnamment simple pour quelqu’un qui a été forcé d’enfermer ses émotions toute sa vie. Je sens aussi une forte volonté de vivre en toi... Tu aurais dû obtenir un fragment de mysticisme céleste, non ? Et pourtant, tu n’es pas du tout arrogante... Très intéressant, en effet, » déclara l’autre.

Il a tout vu à travers..., pensa Néphy en se mordant les lèvres. Il semblait que cette ombre savait tout sur elle. Bifrons n’était clairement pas le seul à les surveiller, elle et Zagan.

« Hm... Tu pleures vraiment la mort d’une telle racaille ? Incroyable. Tu crois en la seconde chance, même pour les méchants les plus odieux... et tu t’affliges de la perte de ces possibilités. Comme c’est noble, » déclara l’autre.

Néphy était déconcertée par les idées que l’ombre exprimait et cela lui donnait l’impression de presque arracher son esprit.

« Mais... qu’est-ce que vous êtes ? » Néphy avait forcé cette question alors qu’elle tremblait de peur. Cependant, l’ombre avait simplement répondu d’un ton insouciant.

« Oh mon Dieu, mes excuses. À mon âge, je n’ai pas souvent l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes, » déclara l’autre.

L’ombre avait enlevé son capuchon en disant cela, révélant une vieille femme aux cheveux blancs. Elle possédait un regard sévère qui dépassait tout ce que Gremory n’avait jamais fait à Néphy, ce qui était accentué par ses yeux trop familiers et azur.

Ce n’est pas possible... Est-elle... ? Néphy avait dégluti face à ces yeux et ces oreilles qui semblaient si semblables aux siens.

« C’est moi qui porte le destin de ce village, le..., » déclara la vieille femme.

Néphy l’avait coupée et avait agi. Cette vieille femme était trop dangereuse. Bifrons était amical par rapport à elle.

Esprits de la forêt, répondez à mon appel ! Les racines des arbres autour du village s’étendaient loin sous terre, alors l’appel de Néphy les avait rejoints même si elle se trouvait à l’intérieur d’un bâtiment.

Les racines avaient traversé les planches l’une après l’autre en raison du mysticisme de Néphy. La seule attaque qu’elle pouvait utiliser avec sorcellerie était une lame de feu, et le Mysticisme céleste l’obligeait à chanter, donc c’était sa seule option. Malheureusement, les racines n’avaient rien capté.

« Elle est partie... ? »

La vieille femme bougea avant de disparaître de sa vue.

Ce n’était pas son vrai corps ? Même aujourd’hui, la terre avait obéi à la volonté de Néphy, mais elle ne trouvait aucune trace d’elle.

Ça veut-il dire que la menace a disparu ? L’adversaire de Néphy avait un pouvoir qui dépassait largement le sien, mais elle l’avait laissée seule.

« Suis-je devenu une personne plus forte maintenant ? »

Elle n’en avait pas l’impression. Néphy avait tenu tête à la vieille femme, mais il semblait qu’elle ne lui avait même pas accordé son attention. Stupéfaite de la situation, elle était restée un moment sans bouger avant de reprendre ses esprits.

« C’est vrai. Je dois le signaler à Maître Zagan..., » Néphy pensait que Zagan avait besoin de savoir pour cette mystérieuse vieille femme. Elle se tourna donc vers la porte d’entrée, mais se trouva interrompue par un rire menaçant. C’était un gloussement profond, sombre et effrayant qui faisait écho dans la tête de Néphy et déformait sa vision. Cependant, il n’y avait personne autour d’elle qui pouvait en être la source, ce qui la laissait perplexe.

Est-ce qu’elle a organisé ça avant de partir... ? Néphy était capable d’écraser toute la maison et de l’enfoncer sous terre, mais elle n’était pas sûre que cela ferait quoi que ce soit. De plus, il était possible que la chose que Zagan cherchait se trouve ici, dans cette maison, alors elle ne pouvait pas prendre ce risque.

Pourtant, Néphy ne voyait pas d’autres options. Alors, elle était lentement sortie de la maison sur la défensive. Pour une raison quelconque, le rire s’était arrêté dès qu’elle était sortie.

Qu’est-ce qui se passe ? Elle avait eu des vertiges au début, mais maintenant elle allait bien. Agréablement surprise par la tournure des événements, elle se mit à marcher vers le manoir de l’aîné, mais...

« H-Hein ? » Les pieds de Néphy s’étaient déformés, la laissant incapable de marcher correctement. Attends, je suis au moins debout ? J’ai l’impression de ramper à la place... Mon corps ne bouge pas comme je le voudrais...

La nuit se rafraîchissait, mais Néphy parvenait quand même à avancer jusqu’au manoir de l’aîné.

« Maiztre... Zzagan... » Néphy parlait avec un zozotement, probablement à cause du froid, alors qu’elle tendait la main vers la poignée de porte. Cependant, elle s’était trouvée dans l’impossibilité de l’atteindre. En regardant de plus près, elle avait remarqué que ses mains étaient complètement cachées à l’intérieur de ses manches et que ses bottes étaient soudainement surdimensionnées.

Quelque chose ne va pas avec mon corps... ? Néphy ne comprenait pas ce qui se passait, ce qui la rendait d’autant plus désespérée lorsqu’elle frappait à la porte de Zagan.

« Maiztre... Zzagan... »

Étonnamment, la porte s’était ouverte avant même qu’une seconde ne passe.

« Néphy ! » rugit Zagan. Il étendit les bras pour enlacer Néphy, mais s’était immédiatement raidi, avec une expression choquée sur son visage.

« Es-tu vraiment Néphy ? Qu’est-ce qu’il a, ce corps ? » demanda Zagan.

« Hein... ? » Néphy regarda à nouveau son corps en bas, et elle réalisa alors que ses vêtements étaient beaucoup trop grands pour elle. Confuse, elle avait essayé de toucher son propre visage, qui était étrangement moelleux et extensible. Et comme dernier test, elle avait déplacé sa langue à l’intérieur de sa bouche, ce qui avait montré clairement que toutes ses dents n’étaient pas encore sorties. Après avoir confirmé tout cela, elle avait finalement compris la vérité.

 

 

Néphy était devenue une petite fille.

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