Chapitre 2 : Aimez la demoiselle très sincèrement, et elle vous aimera en retour !
Partie 5
« Même un endroit aussi délabré contient de l’alcool, hein ? » Zagan poussa un soupir d’admiration en buvant du vin d’une bouteille qu’il avait trouvée dans la cave. Cela semblait être un vin assez bien vieilli, et sa maturité raffinée emplissait toute sa langue.
Il était actuellement dans l’une des chambres du manoir des anciens du village. Elle était assez vide, avec seulement une table d’appoint simple à côté d’un cadre de lit en bois et une petite étagère avec plusieurs livres écrits à la main doublant chaque rangée. Après les avoir parcourues, il s’était vite rendu compte qu’il s’agissait de journaux écrits dans la langue des elfes.
Le lit était rempli de paille au lieu de coton. Zagan avait essayé de s’y asseoir, et il avait trouvé ça très agréable. Habituellement, il dormait sur son trône, donc dormir sur le dos était un bon changement de rythme. De plus, c’était la première fois que la chambre de Néphy était complètement séparée de la sienne, ce qui lui permettait de se détendre davantage. Quand on regarde au château, la chambre de Néphy était directement au-dessus de la salle du trône. Cela signifiait qu’elle devait traverser la salle du trône pour se rendre dans n’importe lequel des espaces communs, de sorte qu’il devait être prêt à la rencontrer à tout moment.
Zagan se souvient de ce qui s’était passé pendant le dîner alors qu’il s’asseyait là et s’adonnait au vin. En fin de compte, il n’y avait pas de pièges dans le manoir qui utilisaient la sorcellerie ou le mysticisme. Après être retournés se réunir de nouveau avec le reste de leur groupe, les membres de l’équipe de recherche avaient trouvé le dîner qui leur avait été servi dans l’une des grandes pièces du manoir. L’équipe de cuisine avait réussi à préparer un bon dîner avec les ingrédients qui restaient dans la cuisine. Mais comme Foll avait décidé d’« aider » aux préparatifs, il restait à peine assez de nourriture pour remplir les ventres de tout le monde.
Gremory avait encore joué avec Nephteros pendant qu’ils mangeaient. Zagan ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle l’avait fait exprès pour soulager l’esprit de Néphy.
« Néphy... avait l’air assez perplexe, » déclara Zagan en soupirant tout en regardant le liquide rouge vif dans son verre.
Son visage... ou plutôt, ses oreilles lui avaient dit qu’elle ne savait pas vraiment comment réagir, et cela l’inquiétait beaucoup plus que l’état de sa ville natale. Il semblerait que Gremory et Kimaris aient également compris sa situation difficile. C’était assez surprenant, car ils ne la connaissaient que depuis peu.
Zagan était, bien sûr, inquiet pour elle, mais il savait que c’était irritant de demander à quelqu’un s’il allait bien alors qu’il ne l’était manifestement pas. À cause de tout cela, leur repas s’était terminé sans que Zagan ait eu un mot à dire. Et après ça, ils s’étaient tous séparés et étaient allés se reposer dans leurs chambres. Pour le meilleur ou pour le pire, l’endroit avait plus de huit chambres à coucher, alors chacun avait la sienne.
Chastille, étonnamment, avait fini par prendre le dîner pour Barbatos. Cet ami indésirable de Zagan ne s’était pas encore réveillé au moment du dîner. Peut-être l’avait-il frappé un peu trop fort.
« Cet homme est peut-être une vraie ordure, mais il a aussi un bon côté qu’il montre de temps en temps. Bien sûr, je suis coincée ici à cause de ses bouffonneries, mais j’ai pu vous rencontrer toi et Néphy grâce à ça, » avait dit Chastille. Barbatos avait protégé Chastille sous les ordres de Zagan, donc il avait lui aussi sa part de responsabilité. Mais il était surpris que Chastille ait cessé de le haïr.
Barbatos n’a plus non plus l’air si dérangé par ça..., eh bien, tout bien considéré, c’était probablement un bon signe.
« Plus important encore, Néphy..., » Zagan avait enfin sa propre chambre, mais tout ce qu’il voulait, c’était parler à Néphy. Malheureusement, il ne savait pas quoi dire quand Néphy était si clairement bouleversée. De plus, il y avait aussi le fait qu’elle voulait probablement qu’on la laisse seule, mais à quoi bon l’inviter, dans ce cas-là ?
« ... Comme c’est ridicule. Je n’ai aucune raison de m’inquiéter, n’est-ce pas ? » Zagan secoua la tête en essayant de se vider l’esprit après s’être inquiété de ces pensées pendant plus d’une demi-heure. Puis, il avait pris la bouteille de vin à la main et se leva.
Si je ne trouve rien à dire, je resterai à ses côtés ! Zagan et Néphy étaient tous deux terribles pour exprimer leurs sentiments par des mots. C’est pourquoi ils se blottissaient habituellement l’un contre l’autre lorsqu’ils étaient troublés. Pourquoi avait-il hésité alors que la réponse était si évidente ?
Oh, il y a quelqu’un ici..., il ne s’en rendait pas compte parce qu’il était perdu dans ses pensées, mais il y avait quelqu’un qui faisait les cent pas devant sa porte. Après avoir fait plusieurs pas vers la droite, il avait fait demi-tour et avait marché vers la gauche. Zagan pouvait dire qu’il répétait ce cycle depuis un certain temps déjà.
Néphy... Non, ce ne sont pas ses pas..., Néphy prenait toujours grand soin de marcher en silence, alors Zagan l’aurait su tout de suite si c’était elle. Pourtant, de tels pas si légers n’appartenaient certainement pas non plus à Kimaris ou à Barbatos, ce qui signifiait qu’il s’agissait probablement d’une femme. Cela dit, ils n’étaient pas assez légers pour être ceux de Foll ou assez fort pour être ceux de Chastille. Peut-être, Gremory pouvait correspondre, car elle pouvait transformer son corps comme elle le voulait, mais elle n’était pas non plus très docile. Dans cette affaire, la seule suspecte restant était...
« Que fais-tu ici... ? Nephteros !? » demanda Zagan.
« Ahh !? » Nephteros s’était complètement raidie, avec un regard de surprise présente sur son visage, quand Zagan ouvrit sa porte.
Voir cette expression sur quelqu’un qui a le même visage que Néphy est plutôt rafraîchissant..., quoi qu’il arrive, Néphy ne ferait jamais ce genre de tête. La bouche de Nephteros s’était ouverte et fermée pendant un certain temps, car elle était incapable de dire quoi que ce soit, mais finalement, elle avait brossé ses cheveux argentés en arrière dans une tentative de maintenir les apparences.
« Je passais juste par hasard, » répondit Nephteros.
« Oh, c’est gentil..., » Zagan avait décidé d’épargner sa dignité et de la laisser mentir. Et bien que Nephteros ait détourné son visage, il pouvait dire qu’elle avait quelques affaires avec lui de la façon dont elle lui jetait des regards fugaces.
Je veux aller à Néphy tout de suite..., Zagan voulait se débarrasser de Nephteros, mais il avait décidé de la traiter comme une invitée plus tôt, et une invitée méritait un peu de courtoisie. Sans autre choix, Zagan avait essayé d’aller droit au but.
« Veux-tu quelque chose ? » demanda Zagan.
« Euh, eh bien..., » Nephteros grimaça et se mit à marmonner. La question semblait l’avoir mise dans tous ses états.
Quelle fille gênante... ! comme l’exhorter n’avait rien fait pour améliorer sa situation, Zagan fixa simplement Nephteros du regard et attendit qu’elle réponde. Finalement, elle avait semblé réaliser qu’il attendait qu’elle agisse. Et puis, elle avait tendu ce qu’elle portait dans ses bras, avec un regard contradictoire sur son visage.
« Je suis venu te rendre ton manteau, » déclara Nephteros.
« Mon manteau ? » Zagan se souvenait de ce qu’elle disait quand les mots sortaient de sa bouche.
Maintenant que j’y pense, je lui ai donné ça quand elle a perdu ses vêtements sur le bateau, non ? Zagan avait sauvé Nephteros quand elle avait été transformée en monstre par les pensées résiduelles du Seigneur Démon. Et à cette époque, il lui avait prêté le manteau en question.
« C’est bizarre. Es-tu venue jusqu’ici juste pour le rendre ? » demanda Zagan.
« N’est-ce pas toi qui m’as dit que je devais le rendre moi-même ? » demanda Nephteros.
« L’ai-je fait ? » Zagan se concentrait à l’époque sur la préparation de son « cadeau » à Bifrons, donc il ne se souvenait pas vraiment de ce qu’il disait. En tout cas, elle l’avait amené jusqu’à lui. Il se devait de l’accepter gracieusement.
« Hm ? C’était toujours aussi... joli ? » Néphy l’avait réparée plusieurs fois, mais le tissu était assez vieux. De plus, il se souvenait qu’il avait été lourdement endommagé lors de sa bataille contre le Seigneur Démon de la Boue. Et, comme Zagan inclinait la tête sur le côté en raison de la confusion, Nephteros détourna son regard de lui. Le bout de ses oreilles commençait à rougir.
« Le fait de réparer des vêtements en lambeaux, c’est le moins que je puisse faire, » déclara Nephteros.
« L’as-tu réparé pour moi ? Bon travail, » dit Zagan en essayant le manteau, avec un sourire tendu sur son visage.
« Wôw, pas mal. Si tu en as assez de Bifrons, viens dans mon château. Il y a toute une montagne de travail qui attend, » déclara Zagan.
« ... Me prends-tu pour une blanchisseuse ? » demanda Nephteros.
« Non, tu en sais aussi beaucoup sur le mysticisme céleste, donc tu serais bien plus que ça, » déclara Zagan.
« Eh bien, j’y réfléchirai, » répondit Nephteros, comme si elle ne détestait pas entièrement l’idée. Dans tous les cas, Zagan ne pouvait sentir aucun enthousiasme ou mépris dans ses paroles.
« Je suppose que les choses vont bien avec Bifrons ? » demanda Zagan.
« Je me le demande..., » Nephteros avait sorti un morceau de papier du manteau en disant ça. À première vue, il semble que ce soit l’invitation que Bifrons eût envoyée à Zagan, mais il y avait un mécanisme unique qui y était intégré. C’était quelque chose qui faisait surgir un poing de mana sur Bifrons chaque fois qu’ils mettaient Nephteros en colère.
« Oh, ouais. Permets-moi de te remercier pour cette petite babiole. Cela a enseigné à Maître Bifrons l’importance d’un espace personnel, » déclara Nephteros.
« Ça, c’est inattendu. Es-tu sûre qu’il a retenu la leçon ? Ce n’est pas vraiment le genre d’apprentissage..., » déclara Zagan.
« La tête de Maître Bifrons a déjà été explosée plusieurs fois. C’est comme on dit : la peur est un puissant facteur de motivation, » affirma Nephteros en secouant la tête, exaspérée.
« Hmmmm..., » Zagan ne s’attendait pas à cette réponse.
Bifrons ne pouvait toujours pas se défendre ? Bifrons était un Archidémon. Bien sûr, Zagan avait mis en place un piège assez complexe, mais quelqu’un d’aussi puissant aurait déjà dû le surmonter. En plus, il aurait pu confisquer la lettre si c’était vraiment le cas. Le fait que Bifrons ne l’avait pas déjà fait signifiait qu’il voulait qu’il soit en place. Peut-être que Bifrons avait-il réellement appris « l’importance de l’espace personnel », comme le disait Nephteros.
... Bien qu’il soit aussi possible que Bifrons ait eu un fétiche bizarre.
« Eh bien, c’est une chance, n’est-ce pas ? La prochaine fois, je prendrai des mesures pour t’empêcher d’être utilisée comme cobaye, » déclara Zagan, avec un sourire fugace sur son visage.
Nephteros s’était raidie puis elle le fixa avec émerveillement. Elle était rapidement devenue rouge vif et s’était cachée dans l’embarras.
« Ce ne sont pas tes affaires. Vraiment, je suis surprise que tu sois si... je veux dire, je suis surprise que tu sois si hospitalier. C’est moi qui ai essayé de faire du mal à Néphy, tu t’en souviens ? » demanda Nephteros.
« Néphy et moi n’avons pas le temps de nous attarder sur une gosse qui fait une crise de colère, » déclara Zagan. Il avait l’air prêt à éclater de rire.
« Une gosse ? Je ne sais pas quel âge tu as, mais je suis plus vielle que Néphélia, compris ? » demanda Nephteros.
« Je vois, » marmonna Zagan d’un signe de tête, puis il continua, « Maintenant que j’y pense, quel âge as-tu ? » Zagan savait que c’était impoli de demander son âge à une dame, mais il n’était pas du genre à être lié par les normes sociales.
« J’ai... j’ai... Hein ? Je... ai... ? » Nephteros avait été intimidée par sa question plutôt directe. Elle avait commencé à bercer sa tête, clairement confuse et incapable de trouver une réponse.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Zagan.
« Non... Ce n’est... rien, » affirmait Nephteros avant de se retourner contre Zagan.
« Plus important encore, même si tu es un Archidémon, tu devrais savoir qu’il est impoli de demander son âge à une dame, » déclara Nephteros.
« C’est toi qui as abordé le sujet. Je ne m’intéresse pas à ton âge..., » répondit Zagan en levant les deux mains pour se rendre.
« Hmph..., » les cheveux d’argent de Nephteros se balançaient pendant qu’elle se moquait de lui et marchait dans le couloir.
« Ce n’est pas possible... Ne connaît-elle pas son âge ? » Zagan se le murmura à lui-même. C’était mauvais signe.
Zagan était resté figé sur place, craignant le pire, pendant un bon moment après cet échange.
Merci pour le chapitre!
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