Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 2 – Chapitre 4 – Partie 3

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Chapitre 4 : Abattre un monstre maléfique est le travail d’un Chevalier Angélique

Partie 3

Un peu plus tôt.

« Je devrais y aller..., » Foll s’était probablement enfuie à cause de Chastille. Bien sûr, Chastille savait qu’elle n’avait rien fait de mal, mais dire à une si jeune enfant de lui pardonner était déraisonnable. Zagan aurait dû chasser Chastille.

Naturellement, elle était reconnaissante qu’il l’hébergeait, mais elle estimait toujours qu’il n’y avait aucun intérêt si cela finissait par faire du mal à Foll.

Zagan se précipita dans la chambre de Foll dès qu’il entendit les cris de Néphy, et Chastille essaya de le suivre, mais...

Je suis devenue trop hésitant... pour saisir mon Épée Sacrée. C’est pour cette raison qu’elle avait tardé à se mettre en route, et le temps qu’elle atteigne enfin la chambre de Foll, Zagan n’était visible nulle part.

« Néphy, où est Zagan... ? » demanda Chastille.

« Maître Zagan... est parti pour ramener Foll. » La jeune elfe blanche comme neige plissait ses lèvres, regardant l’ombre inquiétante qui se répandait sur le sol pendant qu’elle parlait.

Le spectacle avait fait penser à Chastille ce qui s’était déjà produit précédemment. Elle se souvenait de l’incident où elles avaient été enlevées par un sorcier nommé Barbatos. À l’époque, elles avaient été avalées par une ombre semblable de mauvais augure. Et il semblait que Zagan avait atteint Foll grâce à cette même sorcellerie.

« Tu... n’y vas pas ? » demanda Chastille.

« Maître Zagan m’a ordonné... d’attendre ici, » et c’était la seule raison pour laquelle elle ne les avait pas suivis.

« Alors je vais..., » Chastille avait commencé à parler, mais ses pieds s’étaient arrêtés.

J’irai... et je ferai quoi exactement ? Même si le poison avait déjà quitté son organisme, Chastille ne pouvait pas mettre de la force dans ses bras et ses jambes. Et comme son Armure Sacrée avait été laissée à côté de son lit, il n’y avait pas le temps d’aller la chercher et de l’enfiler. De plus, elle était une cible de l’Église malgré le fait qu’elle soit un Archange.

Cela dit, vivre sous la protection de Zagan, à qui elle avait été hostile dans le passé, était également hors de question.

Mais... ai-je une raison de manier l’Épée Sacrée ? Elle s’était questionnée, puis s’était effondrée sur le sol avec un bruit sourd quand aucune réponse ne lui était venue à l’esprit.

« Est-ce que ça va ? Si tu ne te sens pas bien à nouveau, alors..., » Néphy s’était immédiatement baissée et avait soutenu son corps.

« Non, je vais... bien..., » déclara Chastille.

« Es-tu certaine... ? » demanda Néphy.

Honnêtement, Chastille n’avait pas du tout l’air bien. Et alors que Néphy était sans expression, le bout de ses oreilles tremblait comme si elle s’inquiétait pour elle.

Finalement, Chastille avait poussé un petit soupir. « Ce n’est peut-être pas le bon moment pour le dire, mais je suis un peu... jalouse de toi. »

Alors que Chastille se plaignait involontairement, Néphy la regarda d’un air ébahi. Et voir ce changement en elle par rapport à sa seule expression avait choqué Chastille.

Comparée à la première fois que je l’ai rencontrée, elle exprime beaucoup mieux ses sentiments. C’est sûrement également grâce à Zagan.

Même aux yeux de Chastille, qui ne les connaissait pas très bien, la relation harmonieuse entre les deux individus était claire comme de l’eau de roche.

Aimer, et être aimé... Pour qu’une telle relation soit permise... Ça me rend jalouse.

Il y avait probablement quelque chose qui n’allait pas avec Chastille pour avoir pensé à une telle chose d’un ennemi. Mais même ainsi, elle voulait être la personne qui avait guéri la solitude de cet homme.

Cependant, Néphy secoua la tête.

« Vraiment ? Quant à moi, je suis jalouse de toi, Chastille, » déclara Néphy.

« ... Hahaha. Sur quoi pourrais-tu m’envier ? » Tandis que Chastille se dépréciait, Néphy serra sa jupe contre elle et continua.

« Ce dont je parle, c’est que, Chastille, n’es-tu pas capable d’aller aux côtés du Maître Zagan ? » Il s’agissait de mots pleins d’émotion, ce qui était inhabituel pour Néphy.

« La seule chose que je peux faire, c’est l’attendre ici. Maître Zagan est extrêmement fort, mais il peut être forcé de vivre des choses douloureuses. Et à la fin, Foll pourrait même partir sans que je sois capable de lui transmettre mes sentiments, » déclara Néphy.

L’anxiété de ceux qui devaient attendre le retour de leurs proches du champ de bataille n’était pas connue de ceux qui pouvaient les rejoindre. Et Chastille ne faisait pas partie de ceux qui devaient attendre.

Mais qu’est-ce que tu crois que je peux accomplir en y allant... ?

Tandis que Chastille restait incapable de dire quoi que ce soit, Néphy continuait à parler.

« Je ne peux même pas aller à ses côtés pour le réconforter ou le soutenir, » déclara Néphy.

Même moi, j’aimerais faire ce genre de choses... Et pourtant... Pour une raison inconnue, Chastille secoua la tête comme si elle était extrêmement frustrée.

« Alors quoi ? Veux-tu dire que je devrais aller faire ça ? Je suis ton ennemie, tu sais ? Ne serait-il pas mieux que tu ignores les ordres de Zagan et que tu le rejoignes ? » demanda Chastille.

Alors que Chastille haussait la voix, quelque chose de doux et de blanc s’enroulait doucement autour de son visage.

« Je ne peux pas faire ça. » C’était Néphy. Chastille était maintenant enlacée par Néphy.

« Après tout, mon devoir est de saluer Maître Zagan en lui souhaitant la “bienvenue à la maison”, » tout en lui disant ça, Néphy avait doucement caressé la tête de Chastille.

« De plus, je dois protéger le château en l’absence de Maître Zagan, » déclara Néphy.

Elle ne voulait probablement pas dire cela dans le sens de se battre. Ces mots signifiaient qu’elle créerait un espace où son maître pourrait se détendre à son retour.

Et en se faisant caresser la tête pendant qu’on la serrait dans ses bras, toute sa force quitta le corps de Chastille. Elle avait laissé sortir de sa bouche les plaintes qu’elle n’aurait jamais dû parler. Même si elle essayait de l’endurer, après s’être égarée comme elle le faisait maintenant, elle ne pouvait pas faire autrement.

« Même moi... je ne voulais pas pointer mon épée sur lui..., » déclara Chastille.

« Je le sais, » dit Néphy, en caressant la tête de Chastille.

« Mais je suis une Chevalière Angélique et tout..., » continua Chastille.

« Je le sais, » répondit Néphy une fois de plus, puis elle hocha simplement la tête sans nier ou affirmer ses actions.

À ce moment, Chastille trouva que la poitrine de Néphy était confortablement chaude et s’accrocha à elle.

« Je suis obligée de souffrir de tout ça juste parce que j’ai été honnête quant au fait que je ne voulais pas combattre Zagan..., » déclara Chastille.

« Je le sais, » répondit Néphy.

Elle avait vu son Épée Sacrée révoquée pendant un certain temps, elle avait été regardée avec dédain par un archange plus fort qu’elle. Puis elle avait été empoisonnée et elle avait été sur le point de mourir. Quand Chastille avait pensé à tout cela, des larmes s’étaient mises à couler goutte après goutte, tachant la jolie chemise de nuit de Néphy. Et pourtant, Néphy n’avait pas l’air mécontente du tout et continuait à apaiser son esprit. Chastille ne pouvait plus tout supporter, alors elle s’était jetée à l’eau.

« Je ne voulais pas le vaincre. Je voulais me battre à ses côtés ! » Les paroles de Chastille étaient hérétiques compte tenu de sa position d’Archange. N’importe quelle personne normale la mépriserait pour avoir de telles pensées égoïstes à propos d’un sorcier. Et pourtant, Néphy hocha la tête comme pour la louer.

« Après tout, tu le comprends, » déclara Néphy.

Alors que Chastille levait le visage pour regarder Néphy dans les yeux, Néphy la regardait simplement avec son expression habituelle.

 

 

« Quand je t’ai parlée pour la première fois, tu disais que Maître Zagan semblait seul... Il semble que tu le comprennes vraiment bien, Chastille, » Néphy parlait sûrement de quand elles s’étaient rencontrées après qu’elle ait été chassée par Zagan. Et bien qu’elle ait parlé comme si la réunion était nostalgique, ses oreilles frémissaient aussi de frustration.

« En vérité, je me sentais un peu envieuse. Je pensais que j’étais la seule... à pouvoir comprendre Maître Zagan, » déclara Néphy.

La première rencontre de Chastille et Zagan s’était terminée par son sauvetage, mais Zagan n’avait jamais cherché à obtenir d’elle une compensation pour cet acte. Au contraire, il n’était même pas clair si Zagan se souvenait de l’incident.

Pourtant, le profil de son visage solitaire était resté gravé dans l’esprit de Chastille. À cette époque, il semblait presque que celui qui devait être sauvé n’était pas elle, mais lui. Et Néphy... a sauvé Zagan.

Et dans l’état où se trouvait Zagan maintenant, cette ombre de solitude ne se trouvait nulle part. Contrairement à Chastille, qui l’avait remarqué, mais n’avait rien fait, Néphy était revenue pour sauver Zagan même après avoir été chassée du château.

Tandis que Chastille restait stupéfaite et réfléchissait à ces pensées, Néphy brossa sa frange et parla une fois de plus.

« Mais... je me sens tout aussi heureuse. Pourquoi ne le serais-je pas après avoir découvert qu’il y avait une autre personne qui comprenait Maître Zagan ? » déclara Néphy.

Les paroles encourageantes de Néphy avaient en quelque sorte charmé Chastille. Tu es... devenue forte, hein ?

Elle avait finalement atteint le point où elle pouvait dire de telles paroles à quelqu’un d’autre que Zagan. Et après une pause, Néphy frappa les épaules de Chastille d’un bruit sourd.

« Est-ce que ça va maintenant ? » demanda Néphy.

« Ah... O-Oui..., » répondit Chastille. Et même si elle se sentait mieux, la longue étreinte lui avait fait rougir le visage. Faisant preuve de courage, elle avait timidement posé une question à son tour.

« Serait-ce... que tu essayais de me réconforter ? » Il n’y avait pas vraiment besoin de le confirmer. Pourtant, elle n’était pas si sûre d’elle qu’elle se sentait à l’aise d’assumer les choses.

Et en réponse, Néphy inclina la tête sur le côté avec une expression perplexe sur son visage.

« Oui... Euh, se pourrait-il que je n’aie pas fait du bon boulot ? » demanda Néphy.

« Ce n’est pas ce que je veux dire. Juste... pourquoi ? Ne suis-je pas une ennemie pour tous les sorciers ? » demanda Chastille.

Ces derniers jours, elles avaient partagé des repas, nettoyées ensemble et dormies sous le même toit, alors même Chastille avait trouvé étrange d’en parler tout d’un coup.

Néanmoins, à la racine, elles auraient dû être ennemies. Et en réponse à cela, Néphy avait incliné la tête sur le côté comme si elle trouvait la question idiote.

« Ne sommes-nous pas amies ? » demanda Néphy.

Alors cette fille... ressent aussi cela ? C’est à ce moment précis que Chastille avait réalisé qu’il n’y avait pas de victoire contre elle. Et en même temps, elle avait décidé qu’elle voulait protéger les choses que Néphy chérissait.

Après tout cela, Chastille essuya ses larmes et se leva.

« Désolée. Je t’ai montré quelque chose de honteux, » déclara-t-elle.

« C’est bon, » répondit Néphy. Et tandis qu’elle continuait avec un « d’ailleurs, » ses lèvres se relâchèrent. C’était quand même gênant, mais c’était vraiment un sourire.

« Éliminer les sources de préoccupations de Maître Zagan est une autre de mes tâches, » continua Néphy.

« Par préoccupations, tu veux dire moi ? » demanda Chastille.

« Oui. Il s’inquiète pour toi depuis l’incident avec le Seigneur Barbatos, » répondit Néphy.

Chastille douta de ses oreilles en entendant ces mots.

« Tu sais, il ne se souvenait même pas de mon visage, » répliqua Chastille.

« C’est impossible que ce soit vrai. Du moins, c’est ce que j’ai cru, » si c’était Néphy qui le disait, alors c’était probablement vrai. Et c’est ainsi que Chastille s’était résolue, cimentant sa décision dans son esprit.

« Je te remercie. J’y vais aussi... maintenant, » déclara Chastille, réalisant qu’elle n’avait plus rien à perdre à ce moment-là.

Alors, au moins une dernière fois, j’aimerais faire ce que je veux.

Cet homme n’avait peut-être pas vraiment besoin d’elle, mais Chastille voulait quand même lui prêter son aide. C’est pourquoi elle avait fait un pas en avant dans l’ombre. Elle ne portait pas d’Armure Sacrée, mais elle tenait son Épée Sacrée à la main.

« Oui. Fais attention à toi, Chastille, » déclara Néphy.

Chastille avait disparu dans l’ombre alors que ces mots résonnaient autour d’elle.

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre! Chastille retrouve enfin son courage je sens qu’elle va révolutionné l’église prochainement.

  2. Merci pour le chapitre !

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