Chapitre 4 : Abattre un monstre maléfique est le travail d’un Chevalier Angélique
Table des matières
- Chapitre 4 : Abattre un monstre maléfique est le travail d’un Chevalier Angélique – Partie 1
- Chapitre 4 : Abattre un monstre maléfique est le travail d’un Chevalier Angélique – Partie 2
- Chapitre 4 : Abattre un monstre maléfique est le travail d’un Chevalier Angélique – Partie 3
- Chapitre 4 : Abattre un monstre maléfique est le travail d’un Chevalier Angélique – Partie 4
- Chapitre 4 : Abattre un monstre maléfique est le travail d’un Chevalier Angélique – Partie 5
- Chapitre 4 : Abattre un monstre maléfique est le travail d’un Chevalier Angélique – Partie 6
- Chapitre 4 : Abattre un monstre maléfique est le travail d’un Chevalier Angélique – Partie 7
- Chapitre 4 : Abattre un monstre maléfique est le travail d’un Chevalier Angélique – Partie 8
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Chapitre 4 : Abattre un monstre maléfique est le travail d’un Chevalier Angélique
Partie 1
« ... Zagan est gentil, mais ça ne sert à rien si je ne me venge pas de mes propres mains, » murmura Foll.
Après s’être glissée hors du château en pleine nuit, Foll s’était rendue au Palais de l’Archidémon.
Bien qu’elle ait réfréné ça pendant un moment, à la fin, elle s’était rendu compte qu’elle ne pourrait pas se calmer si elle ne tuait pas le porteur d’une Épée Sacrée. Mais Zagan et Néphy... ne le permettront jamais.
Il était difficile de comprendre comment un sorcier et un Chevalier Angélique pouvaient être amis, mais cela semblait vrai. Et si elle tuait cette amie, ils ne le lui pardonneraient pas.
« C’était... agréable là-bas, » elle voulait rester avec eux pour toujours. Elle voulait dépendre de Zagan, qui disait qu’ils seraient ensemble pendant mille ans. Et, comme prévu, c’était la principale raison pour laquelle Foll n’avait pas agi immédiatement.
En fin de compte, Foll était probablement beaucoup trop jeune pour mener à bien sa vengeance. Après tout, elle ressentait la solitude tout autant que la haine. Et Zagan et Néphy enterrèrent impitoyablement ce sentiment en la consolant. À ce rythme, Foll savait que si elle se blottissait contre eux jusqu’à ce qu’elle devienne un dragon mature, elle finirait par oublier sa revanche.
Puis il y avait eu Chastille, qui aurait dû être une cible, mais... c’était une fille vraiment étrange. Puisque Zagan avait dit à Foll de ne pas tuer Chastille, elle avait décidé de lui faire des farces. Bien sûr, Zagan et Néphy semblaient en colère, mais elle n’avait pas l’intention de s’arrêter surtout qu’ils ne lui en parlaient même pas. Si, par hasard, Chastille avait été en colère et pointait son Épée Sacrée vers Foll, alors elle aurait une raison de la tuer.
C’est du moins ce qu’elle pensait, mais Chastille n’avait jamais pointé son arme sur Foll. Au contraire, elle ne portait même pas son Épée Sacrée malgré le fait qu’elle se trouvait en territoire hostile. Et pourtant, juste au moment où Foll commençait à penser qu’elle avait un cœur fort, elle avait surpris Chastille au bord des larmes en train de la regarder fixement. Malheureusement, un seul regard sur la jeune fille avait fait perdre toute force à Foll.
N’était-ce pas ridicule de vouloir tuer une telle fille ? Zagan avait peut-être prévu que Foll finirait par se sentir ainsi, c’est pourquoi il n’avait rien dit à ce sujet. Après tout, cette seule pensée l’avait laissée en état de choc.
« Les Chevaliers Angéliques ont trahi le Dragon Sage Orobas. Je ne dois jamais... oublier ça, » murmura Foll.
Dragon Sage Orobas... C’était le nom du père de Foll. C’était un grand dragon qui avait vécu mille ans. Sa sagesse était profonde, et il était parfois strict, mais aussi incroyablement bon. Par son intelligence, il avait guidé non seulement Foll, mais aussi l’humanité. Foll était fière de l’avoir comme père, un dragon aussi distingué.
Un jour, un groupe d’humains qui s’appelaient Chevaliers Angéliques étaient passés. Elle ne savait pas de quoi ils parlaient, mais son père s’était envolé avec un Chevalier Angélique sur le dos... et n’était jamais revenu.
Lorsque le septième jour passa, Foll ne put plus attendre et s’envola à sa recherche. Et ce qu’elle avait vu, c’était son père... qui avait été transpercé par une Épée Sacrée, et la silhouette d’un homme buvant son sang comme un démon. Ce n’était pas une surprise, puisqu’une Épée Sacrée pouvait facilement porter un coup mortel même contre le Dragon Sage Orobas.
Ces Chevaliers Angéliques avaient trahi son père, qui leur avait prêté son pouvoir et sa sagesse à maintes reprises. Et elle ne pourrait jamais l’oublier. La haine ardente et illimitée en elle ne pourra jamais s’éteindre. Et pourtant, la vie avec Zagan était beaucoup trop confortable... Elle avait même failli apprécier son ennemie, Chastille.
Ma vengeance... est-elle si triviale ? Il n’y avait aucune chance que ça aurait dû l’être. Bien sûr, elle savait qu’il n’y avait aucun moyen de tuer les douze porteurs des Épées Sacrées avec ses pouvoirs immatures. Mais même ainsi, sa conscience n’aurait pas dû lui permettre d’ignorer un ennemi qui se tenait juste en face d’elle.
Et ainsi, Foll s’était rendue au Palais de l’Archidémon pour dissiper tous ses doutes. Cet endroit doit contenir quelque chose d’assez puissant pour tuer un Archange.
Elle était certaine que l’héritage de l’Archidémon lui permettrait d’aller au contact de ses ennemis jurés, donc même si cela signifiait trahir Zagan et Néphy, elle ne pouvait s’arrêter. Cependant, alors qu’elle ouvrait les portes du Palais de l’Archidémon...
« Wôw, dire qu’il y a un château même ici. »
En entendant cette voix, Foll s’était retournée avec un frisson. Et après l’avoir fait, elle avait vu un homme sortir des ténèbres.
Quelqu’un m’a suivie ? Parce qu’elle était si pressée, elle avait négligé d’être vigilante à l’égard de ce qui l’entourait. Pourtant, elle n’avait pas manqué de voir la grande épée sur le dos de la silhouette. Ses yeux s’étaient écarquillé dès qu’elle l’avait vue.
« Une Épée Sacrée... ! »
Elle pouvait sentir le mana sur sa peau avant même d’avoir eu la chance de vérifier l’inscription. Comment ne pourrait-elle pas ? Après tout, il s’agissait de l’odeur de l’Épée Sacrée qui avait abattu son père. Elle ne pensait pas qu’il y en aurait un autre en ville à part l’amie de Néphy et de Zagan.
Puis, comme s’il s’amusait, un sourire s’était glissé sur le visage rude de l’homme de grande taille.
« Tu es peut-être une enfant, mais je pense qu’on peut dire que tu es toujours un sorcier. C’est plutôt impressionnant que tu aies vu à travers moi avant même que je n’aie dégainé ma lame, » déclara l’homme.
Et puis, Foll avait finalement vu son visage.
« Tu es..., » c’était sans aucun doute le visage de l’humain qui avait bu le sang d’Orobas.
« Hmm, qui diable es-tu ? Je ne me souviens pas d’avoir fait connaissance de gosses idiots comme toi, » déclara l’homme.
À ce moment-là, Foll avait senti quelque chose se briser dans sa tête.
« ESPÈCE DE BATAAAAAAAARD ! » Foll avait rugi, puis elle transforma instantanément ses deux mains en celles d’un dragon, alors que des ailes vertes lui transperçaient le dos.
Elle n’avait même jamais pensé à utiliser la sorcellerie. Son esprit était consumé par la rage, alors elle l’avait simplement frappé avec ses griffes.
Cependant, l’Archange dégaina son épée bien plus vite que la pleine puissance de Foll ne pouvait le faire.
« Ah..., » et en réponse, une voix abasourdie s’était échappée d’elle.
C’est... la puissance d’une Épée Sacrée..., à part un Archidémon comme Zagan, personne ne pourrait faire face à une telle menace sans se soucier des conséquences. Foll était devenue sorcière précisément parce qu’elle le savait trop bien, mais elle avait quand même fait une erreur fatale à la fin...
La lame gravée était descendue sur le cou de Foll. Et ses dernières pensées à ce moment-là furent les visages que Zagan et Néphy avaient faits en lui caressant doucement la tête.
« Zagan..., » chuchota-t-elle désespérément tout en fermant les yeux, acceptant sa mort imminente et inexorable... Cependant, la douleur qu’elle craignait n’arriva pas, peu importe combien de temps elle attendait.
À sa place, il y avait la sensation d’un bras qui la serrait doucement par-derrière. Et puis, une voix arrogante avait retenti dans toute la salle.
« Il est vrai que je t’ai dit d’agir à ta guise, mais je pense que je devrais au moins fixer un couvre-feu, » déclara la nouvelle voix d’homme.
« ... Hein ? » s’exclama Foll.
Par miracle, le bras de Zagan avait arrêté net l’Épée Sacrée.
***
Partie 2
« Eh bien... tu as bloqué mon coup, Archidémon » déclara Raphaël.
Zagan avait attrapé l’Épée Sacrée de Raphaël à main nue... Cela dit, il y avait un cercle magique qui servait de bouclier entre sa peau et la lame.
C’était une grande épée possédant une lame d’un blanc pur. Et sur sa surface se trouvaient des symboles qui différaient de ceux utilisés en sorcellerie, mais qui étaient aussi quelque peu subtilement différents de ceux de Chastille. Il semblait que les gravures sur les Épées Sacrées différaient d’une lame à l’autre.
Donc ça veut dire... que c’est le nom inscrit sur l’arme ? Zagan inspecta son bras alors qu’il tenait l’objet avec fascination.
La peau de sa main qui tenait la lame était coupée, mais elle ne brûlait pas comme la dernière fois. Et c’était ainsi, malgré le fait que Raphaël avait une technique à l’épée beaucoup plus puissante que celle que Chastille avait démontrée.
On dirait que même une Épée Sacrée ne peut pas submerger l’Emblème de l’Archidémon, hein ? Si c’était le vieux Zagan ordinaire qui aurait fait ça, alors il aurait déjà perdu son bras droit. Cependant, grâce au mana d’un Archidémon, il n’y avait aucun signe que l’Épée Sacrée pourrait traverser ça.
Cependant, s’appuyer sur un objet n’est pas toujours très agréable. Sur ce point, puisque son adversaire utilisait aussi un objet puissant, c’était probablement bien de penser qu’ils étaient quittes.
Pour en revenir à l’affaire qui nous occupait, Raphaël semblait incapable de bouger à cause de l’emprise de Zagan sur son Épée Sacrée. Et pendant qu’ils se tenaient là, la voix tremblante de Foll s’échappa des bras de Zagan.
« Zagan, pourquoi... ? »
« Je viens de croiser un transporteur pratique. Et j’ai pensé que tu étais là, alors je lui ai demandé de me téléporter ici, » déclara Zagan.
Les pieds de Zagan étaient encore immergés dans une ombre, mais il était clair pour toutes les personnes présentes que ce n’était pas le résultat de sa sorcellerie.
« Je ne suis pas un transporteur, bon sang ! » Barbatos avait crié, sa voix était pleine de colère. Et après qu’il soit soudainement apparu de l’ombre, il avait pris position aussi loin que possible de Raphaël. On aurait dit qu’il ne voulait rien avoir à faire avec leur combat.
« Je t’avais dit que tu serais bien récompensé, non ? Ne te plains pas, » déclara Zagan.
Zagan lui avait ordonné de surveiller Chastille. Et heureusement, les sorciers étaient toujours restés fidèles à leurs contrats. Même après avoir sauvé Chastille, cet homme avait continué à suivre cet ordre, c’est pourquoi il avait reçu une réponse immédiate lorsqu’il l’avait appelé en apprenant la disparition de Foll.
« Maître Zagan, Foll va-t-elle bien ? » demanda Néphy.
Il semblait que l’ombre était toujours reliée au château, alors Zagan, bien sûr, avait répondu à la question de Néphy d’un ton doux.
« Foll est saine et sauve. On repartira dès que j’aurai nettoyé l’endroit. Attends au château, Néphy, » déclara Zagan.
« D’accord, » en vérité, Néphy voulait vraiment venir aux côtés de Foll. Malgré tout, elle avait décidé de garder ses sentiments sous contrôle, car elle savait que les choses allaient mal tourner.
« ... Bon, de toute façon, rentrons. Les enfants ne devraient pas se promener si tard le soir. Nous rentrons après ça à la maison, » déclara Zagan avec son ton arrogant habituel. Cependant, Foll secoua la tête.
« Non, ça n’a aucun sens... Je... t’ai trahi... Et pourtant, pourquoi... ? » balbutia Foll.
Quoi, c’est tout ? Zagan caressa la tête de Foll quand les larmes commencèrent à couler de ses yeux.
« Je t’ai dit de faire ce que tu voulais, non ? Ne t’en fais pas pour ces petits détails, » déclara Zagan.
Après avoir entendu cette réponse, Foll avait enfoui son visage dans la poitrine de Zagan. Les ailes du dragon avaient ensuite disparu de son dos, et ses bras et ses jambes étaient redevenus ceux d’un humain.
« Dés... olée..., » Foll pleurait.
« Bon sang... Qu’est-ce que je viens de dire, Foll ? » Il n’avait pas l’air de s’en rendre compte, puisqu’elle s’inquiétait pour les moindres détails.
Dieu merci... Je l’ai fait...
S’il était arrivé une seule seconde plus tard, Zagan l’aurait perdue. Et comparé à ça, le fait que Foll se faufile dans le Palais de l’Archidémon toute seule ne valait vraiment rien.
Finalement, après être resté ainsi pendant un certain temps, Zagan regarda fixement Raphaël.
« Je t’ai déjà prévenu, n’est-ce pas ? Je t’ai dit que si tu essayais de faire ce que tu veux dans mon domaine, je t’écraserais et te réduirais en bouillie, » déclara Zagan.
En réponse à cela, le Chevalier Angélique au visage maléfique répondit d’une voix pleine de confusion.
« Franchement, c’est maintenant bizarre... Suggères-tu qu’un sorcier protège une étrangère ? » demanda Raphaël.
« Ce n’est pas une étrangère. Cette fille... est ma fille. » Et Raphaël avait osé pointer son épée sur elle.
Je n’ai aucune raison de laisser cet homme en vie, n’est-ce pas ?
Néphy n’était pas en ce moment à ses côtés. De plus, il y avait aussi le fait qu’il était la raison de la rancune de Foll, alors Zagan avait décidé de le tourmenter autant qu’il le pouvait avant de le tuer.
Raphaël avait plissé ses yeux comme s’il se résignait.
« Je vois... ta fille, hein ? C’est donc compréhensible, » déclara Raphaël.
« C’est comme ça que ça se passe... Foll, recule un peu, » demanda Zagan.
Après avoir éloigné Foll, Zagan lâcha l’arme qu’il tenait, et Raphaël prit ses distances sans trébucher, corrigeant sa position avec son Épée Sacrée.
Toute cette situation avait fait que Zagan avait plissé ses sourcils. On est déjà en plein combat et il n’y a pas de soif sanguinaire ? Ce n’était pas comme si Raphaël n’avait pas d’esprit combatif, mais Zagan ne sentait aucune soif de sang dans son épée. Et pourtant, il avait sûrement l’intention de combattre Zagan avec.
« ... Puisque nous en sommes arrivés là, permets-moi de te prévenir. Si tu ne me résistes pas de toutes tes forces, je te massacre, » déclara Zagan.
« Bien que j’hésite, tu ne me laisses pas le choix. Je ne peux pas me permettre de mourir ici, » murmura Raphaël, puis il libéra finalement sa soif de sang.
« Écoute mon appel... Épée sacrée Metatron, » Raphaël avait annoncé ce nom, ce qui avait fait jaillir une flamme pâle hors de son Épée Sacrée.
« ... » Zagan avait envie de gémir, mais il l’avait enduré de justesse. C’est à ce moment-là qu’il s’était finalement rendu compte qu’il avait été joué au bar.
Brandissant son Épée Sacrée scintillante et rayonnante, Raphaël se mit à parler.
« C’est le pouvoir qui a vaincu les anciens Archidémons, réduisant tout le mal en cendres. Viens maintenant, fais face à mes Flammes de Purification. Affronte la puissance que seuls les vrais maîtres de l’Épée Sacrée peuvent manipuler, » c’était probablement pour cela qu’une Épée Sacrée avait choisi son propre manieur, car l’exercice d’un pouvoir aussi impressionnant ne pouvait pas être facile.
C’est donc... le vrai pouvoir de l’Épée Sacrée... !?
Des vagues de chaleur avaient déferlé venant des Flammes de Purification. Et le simple fait de les toucher avait démantelé le cercle magique de Zagan. Alors même qu’il tentait de tisser de nouvelles sorcelleries, elles avaient été détruites dès qu’il avait fini de construire le circuit. À ce moment-là, n’importe quel sorcier moyen aurait déjà été réduit à un état d’impuissance.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? Qu’est-ce qu’il a, ce type ? » s’écria Barbatos.
La puissance destructrice de l’Épée Sacrée était une chose, mais la soif de sang de Raphaël avait un caractère féroce comme celle d’une bête face à une proie poursuivie. Même Barbatos s’était senti dépassé et s’était retiré de peur.
Malgré tout, la voix tremblante de Foll s’était fait entendre de derrière Zagan.
« Zagan, pourquoi... ? » Elle se demandait probablement pourquoi Zagan avait pris la peine de provoquer Raphaël. Après tout, s’il avait agi tout de suite, il aurait été plus facile de prendre le dessus.
Zagan lui répondit alors d’une voix douce.
« J’ai dit que je t’apprendrai la bonne façon de te venger, non ? Piétiner ton ennemi pendant qu’il met toute sa puissance pour te résister, c’est un moyen. Cela l’humiliera et l’entraînera dans les profondeurs du désespoir, » déclara Zagan.
Il émanait de Raphaël une soif de sang presque inhumaine, mais il n’y avait aucun doute dans l’esprit de Zagan qu’il était un ennemi qu’il pouvait vaincre. D’ailleurs, achever un Archange deviendra le parfait moyen d’avoir la paix.
En surface, ceux qui s’opposaient à Zagan avaient disparu, mais il y avait encore ceux qui attendaient qu’il baisse sa garde. La défaite d’un Archange servirait de dissuasion finale parfaite.
Après avoir réfléchi à de telles pensées, Zagan avait donné un coup de pied au sol. Le sol de pierre avait été brisé en morceaux et il s’était immédiatement rapproché de Raphaël.
« Hnnngh. »
« Trop lent, » déclara Raphaël en balançant son épée vers Zagan, mais Zagan osa l’attraper avec sa main droite.
Il avait ses mains nues, mais ce n’était pas un poing qui bloqua. Non, dans la paume de la main de Zagan, un cercle magique fait de mana condensé était apparu. Il semblait petit, mais en vérité, toutes les lumières qui semblaient former des lignes étaient des circuits. En fait, le nombre qu’il avait construit là dépassait facilement les deux milles. Et la frappe initiale de Raphaël était ainsi bloquée par ce cercle magique.
Peu importe la puissance de ces Flammes de Purification, elles ne peuvent pas brûler 2000 circuits en un instant. Ainsi, dois-je l’appeler l’Écaille des Cieux ?
Zagan ne croyait pas beaucoup au pouvoir d’un Archidémon. Après tout, il avait déjà vu sa sorcellerie coupée par une Épée Sacrée. Et c’est exactement pour cela qu’il avait développé une nouvelle technique pour repousser les Épées Sacrées.
Cependant, malgré sa nature complexe, elle n’avait rien de spécial. À la place, c’était tout simplement solide.
Cela avait absorbé non seulement la sorcellerie de son ennemi, mais aussi le mana qui l’entourait pour continuer à s’améliorer. C’était de la sorcellerie qui était complètement inutile entre les mains de quelqu’un d’autre que Zagan. Et ce cercle magique dont le seul mérite était d’être solide... rejetait l’Épée Sacrée alors qu’un bruit résonnait dans les airs.
L’impact avait probablement été semblable à celui d’un coup d’épée sur un bloc de pierre. N’importe quelle personne ordinaire aurait sûrement eu les os dans les bras brisés. Mais même ainsi, Raphaël n’avait pas lâché son Épée Sacrée.
« Eh bien, c’est tout à fait admirable pour toi de ne pas lâcher ton épée après avoir éprouvé une telle douleur, » déclara Zagan.
« Ghhhh... »
Malheureusement pour Zagan, les Flammes de Purification continuèrent à brûler. Et même lorsqu’une expression angoissée se glissa sur le visage de Raphaël, il ajusta immédiatement sa prise sur l’épée et se précipita vers lui.
Il s’agissait d’une simple frappe vers le bas avec l’Épée Sacrée tenue au-dessus de la tête. Cependant, ébloui par la flamme brillante, une image blanche et pure fut brûlée dans les yeux de Zagan. Ses compétences pures avec l’épée et le pouvoir de brûler la sorcellerie étaient des désagréments à eux seuls, mais Zagan savait qu’avoir son sens de la vue affaibli serait fatal. Ainsi, Zagan retira rapidement sa jambe vers l’arrière et il fit pivoter son corps. La pointe de la lame blanche avait pratiquement éraflé son nez avant d’aller heurter le sol. Et avec un grondement, la terre avait tremblé.
« Whoa — , » Foll avait poussé un petit cri.
Les Flammes de Purification parcouraient le sol. Il semblait que la frappe de Raphaël avait creusé une profonde fissure dans le sol de pierre. Et en comparaison de la taille du corps de Foll, elle était assez grande pour l’engloutir complètement. Cette maudite force brute sans cervelle...
Rehaussée par son Armure Sacrée et son Épée Sacrée, la force physique de Raphaël atteignait celle de Zagan, bien qu’il soit un sorcier spécialisé dans le combat.
Il était clair que dans une simple démonstration de talents physiques, aucun Archidémon ne pourrait jamais espérer égaler Raphaël, alors il était évident qu’un sorcier moyen ne serait que massacré. Et même en voyant ce pouvoir en action sous ses yeux, l’expression de Zagan était restée calme.
« Ce serait gênant si tu causais trop de dégâts à cet endroit, » déclara Zagan, puis il s’était brusquement interposé pour enfoncer son Écaille des Cieux en plein dans le visage de Raphaël par en dessous. Malheureusement, Raphaël retira rapidement son Épée Sacrée et intercepta la paume avec elle. Et une fois que les deux forces s’étaient affrontées, une onde de choc avait traversé la zone avec un bruit sourd.
« Comme c’est bête, une attaque si longue ne suffira pas — ! » Le visage ricanant de Raphaël se déforma et cela coupa court à ses paroles. Cela n’avait de sens que parce que son grand corps avait été envoyé en vol malgré sa défense sans faille. D’une manière ou d’une autre, l’Écaille des Cieux de Zagan avait envoyé voler Raphaël ainsi que son Épée Sacrée.
« Oups, c’est assez difficile de contrôler sa force, hein... ? » déclara Zagan.
L’Épée Sacrée avait été classée dans la catégorie des grandes épées, et elle avait une lame large. En échange de la grande portée d’attaque dont elle se vantait, elle ne pouvait pas être bien manœuvrée. Ainsi, quand elle était à bout portant, son potentiel destructeur était ainsi réduit de moitié.
En vérité, Zagan n’avait pu arrêter l’attaque initiale que parce qu’il avait combiné la puissance de son Écaille des Cieux avec son positionnement idéal. Et pourtant, sa frappe avait renvoyé Raphaël à sa portée idéale.
Puis, abaissant son dos, Zagan plaça sa main vers l’avant comme s’il voulait planter l’Écaille des Cieux dans le sol. Et une fois qu’il s’était assez rapproché de son ennemi, il avait relevé la paume de sa main vers lui.
Cette fois, cependant, Raphaël était prêt, et il avait baissé son Épée Sacrée de ses deux mains.
L’Écaille des Cieux de Zagan et l’Épée Sacrée de Raphaël entrèrent en collision, faisant jaillir des étincelles tout en produisant un fracas. Au bout d’un moment, l’Écaille des Cieux s’était brisée et les Flammes de Purification s’étaient dispersées.
Il semblait que l’Écaille des Cieux et les Flammes de la Purification étaient mortes.
« Impossible. »
« Je vois. Trois coups, c’est la limite, hein ? » murmura Zagan, semblant totalement indifférent.
Il avait effectué trois blocages avec une Épée Sacrée. C’était un pouvoir magnifique, mais ce n’était pas encore suffisant. S’il y avait deux voire trois adversaires, cela ne servirait à rien.
C’était une superbe performance pour une première expérience, mais c’était encore loin d’être terminé. Et tandis que Zagan vérifiait calmement l’efficacité de sa sorcellerie, Barbatos lui cria dessus.
« Espèce d’abruti ! Ce n’est pas le moment d’être si décontracté, bon sang ! »
La position de Raphaël était désordonnée, mais il n’avait toujours pas lâché son Épée Sacrée.
Voyant cela, Zagan poussa un petit soupir.
« Je te l’ai déjà dit, non ? J’ai tout loisir de faire ces choses, » déclara Zagan.
Avec sa posture brisée, l’abdomen de Raphaël était grand ouvert. Et aussi, avec la disparition des Flammes de Purification, d’autres sortilèges pouvaient maintenant être tissés.
Plus vite que Raphaël ne pouvait déplacer son Épée Sacrée, Zagan enfonça son poing gauche dans le côté de Raphaël. Il y avait déjà plusieurs cercles magiques autour de ce bras, et ils tournaient. C’était exactement la même sorcellerie qui avait vaincu Barbatos une fois auparavant. Même sans utiliser quelque chose comme l’Écaille des Cieux, le poing de Zagan pourrait écraser une simple Armure Sacrée sans difficulté.
Il pouvait sentir la sensation d’une fracture osseuse en un clin d’œil. L’onde de choc de l’attaque avait sûrement traversé ses entrailles.
« GHAAA ? » Raphaël avait vomi du sang quand il avait été emporté par le souffle, et après s’être écrasé contre la porte du palais de l’Archidémon, il s’était effondré dans le hall d’entrée.
C’était réglé. Zagan avait remporté la victoire... bien qu’il ait toujours incliné la tête sur le côté avec curiosité.
« Comme c’est faible. Est-ce vraiment le Chevalier Angélique qui a tué près de 500 sorciers ? » demanda Zagan, déçu.
Même l’Archange le plus redoutable n’avait pas pu infliger une seule blessure à Zagan. En d’autres termes, il avait prouvé que l’Église n’avait aucun moyen de s’opposer à un Archidémon.
Zagan avait ensuite jeté un coup d’œil fugace derrière lui vers Foll. La jeune dragonne faisait une expression abasourdie, mais peu de temps après, elle reprit ses esprits et commença soudain à frapper dans ses mains.
Qu’est-ce que c’est ? Ce n’est pas mal... Ou plutôt, ça fait du bien, hein ?
Zagan lui avait fait un signe de la main. Et quand elle le remarqua, les yeux de Foll commencèrent à scintiller.
Tout ce qu’il avait fait, c’était de fracasser une horreur dans le sol, et pourtant, le regard envieux et direct de Foll lui semblait presque agréable, même si jusqu’à présent, quand une personne le regardait d’un tel regard, il ne ressentait jamais rien.
Et tandis que le visage de Zagan se détendait tout seul, Barbatos gémissait, la sueur coulant sur son front.
« ... Espèce de foutu monstre. Tu n’es même pas essoufflé, hein ? » balbutia Barbatos.
Eh bien, c’était sûrement la réaction normale. Certes, l’épée de Raphaël était assez tranchante pour submerger quelqu’un du niveau de Barbatos, mais les Chevaliers Angéliques étaient différents des sorciers. S’ils avaient reçu une seule blessure mortelle, c’était fini.
À l’époque où Zagan combattait Barbatos, même après l’avoir frappé de la même manière, il avait été capable de se relever avec le temps, mais ce n’était pas le cas de Raphaël. Ou du moins, cela aurait dû être le cas...
« Je... vois. Quelle terrifiante... puissance, » alors même qu’il crachait du sang, Raphaël s’était levé avec son Épée Sacrée agissant comme une béquille.
Franchement, c’est quoi ce type ? Et à son tour, Zagan se prépara et rassembla de nouveau du mana dans ses deux mains.
***
Partie 3
Un peu plus tôt.
« Je devrais y aller..., » Foll s’était probablement enfuie à cause de Chastille. Bien sûr, Chastille savait qu’elle n’avait rien fait de mal, mais dire à une si jeune enfant de lui pardonner était déraisonnable. Zagan aurait dû chasser Chastille.
Naturellement, elle était reconnaissante qu’il l’hébergeait, mais elle estimait toujours qu’il n’y avait aucun intérêt si cela finissait par faire du mal à Foll.
Zagan se précipita dans la chambre de Foll dès qu’il entendit les cris de Néphy, et Chastille essaya de le suivre, mais...
Je suis devenue trop hésitant... pour saisir mon Épée Sacrée. C’est pour cette raison qu’elle avait tardé à se mettre en route, et le temps qu’elle atteigne enfin la chambre de Foll, Zagan n’était visible nulle part.
« Néphy, où est Zagan... ? » demanda Chastille.
« Maître Zagan... est parti pour ramener Foll. » La jeune elfe blanche comme neige plissait ses lèvres, regardant l’ombre inquiétante qui se répandait sur le sol pendant qu’elle parlait.
Le spectacle avait fait penser à Chastille ce qui s’était déjà produit précédemment. Elle se souvenait de l’incident où elles avaient été enlevées par un sorcier nommé Barbatos. À l’époque, elles avaient été avalées par une ombre semblable de mauvais augure. Et il semblait que Zagan avait atteint Foll grâce à cette même sorcellerie.
« Tu... n’y vas pas ? » demanda Chastille.
« Maître Zagan m’a ordonné... d’attendre ici, » et c’était la seule raison pour laquelle elle ne les avait pas suivis.
« Alors je vais..., » Chastille avait commencé à parler, mais ses pieds s’étaient arrêtés.
J’irai... et je ferai quoi exactement ? Même si le poison avait déjà quitté son organisme, Chastille ne pouvait pas mettre de la force dans ses bras et ses jambes. Et comme son Armure Sacrée avait été laissée à côté de son lit, il n’y avait pas le temps d’aller la chercher et de l’enfiler. De plus, elle était une cible de l’Église malgré le fait qu’elle soit un Archange.
Cela dit, vivre sous la protection de Zagan, à qui elle avait été hostile dans le passé, était également hors de question.
Mais... ai-je une raison de manier l’Épée Sacrée ? Elle s’était questionnée, puis s’était effondrée sur le sol avec un bruit sourd quand aucune réponse ne lui était venue à l’esprit.
« Est-ce que ça va ? Si tu ne te sens pas bien à nouveau, alors..., » Néphy s’était immédiatement baissée et avait soutenu son corps.
« Non, je vais... bien..., » déclara Chastille.
« Es-tu certaine... ? » demanda Néphy.
Honnêtement, Chastille n’avait pas du tout l’air bien. Et alors que Néphy était sans expression, le bout de ses oreilles tremblait comme si elle s’inquiétait pour elle.
Finalement, Chastille avait poussé un petit soupir. « Ce n’est peut-être pas le bon moment pour le dire, mais je suis un peu... jalouse de toi. »
Alors que Chastille se plaignait involontairement, Néphy la regarda d’un air ébahi. Et voir ce changement en elle par rapport à sa seule expression avait choqué Chastille.
Comparée à la première fois que je l’ai rencontrée, elle exprime beaucoup mieux ses sentiments. C’est sûrement également grâce à Zagan.
Même aux yeux de Chastille, qui ne les connaissait pas très bien, la relation harmonieuse entre les deux individus était claire comme de l’eau de roche.
Aimer, et être aimé... Pour qu’une telle relation soit permise... Ça me rend jalouse.
Il y avait probablement quelque chose qui n’allait pas avec Chastille pour avoir pensé à une telle chose d’un ennemi. Mais même ainsi, elle voulait être la personne qui avait guéri la solitude de cet homme.
Cependant, Néphy secoua la tête.
« Vraiment ? Quant à moi, je suis jalouse de toi, Chastille, » déclara Néphy.
« ... Hahaha. Sur quoi pourrais-tu m’envier ? » Tandis que Chastille se dépréciait, Néphy serra sa jupe contre elle et continua.
« Ce dont je parle, c’est que, Chastille, n’es-tu pas capable d’aller aux côtés du Maître Zagan ? » Il s’agissait de mots pleins d’émotion, ce qui était inhabituel pour Néphy.
« La seule chose que je peux faire, c’est l’attendre ici. Maître Zagan est extrêmement fort, mais il peut être forcé de vivre des choses douloureuses. Et à la fin, Foll pourrait même partir sans que je sois capable de lui transmettre mes sentiments, » déclara Néphy.
L’anxiété de ceux qui devaient attendre le retour de leurs proches du champ de bataille n’était pas connue de ceux qui pouvaient les rejoindre. Et Chastille ne faisait pas partie de ceux qui devaient attendre.
Mais qu’est-ce que tu crois que je peux accomplir en y allant... ?
Tandis que Chastille restait incapable de dire quoi que ce soit, Néphy continuait à parler.
« Je ne peux même pas aller à ses côtés pour le réconforter ou le soutenir, » déclara Néphy.
Même moi, j’aimerais faire ce genre de choses... Et pourtant... Pour une raison inconnue, Chastille secoua la tête comme si elle était extrêmement frustrée.
« Alors quoi ? Veux-tu dire que je devrais aller faire ça ? Je suis ton ennemie, tu sais ? Ne serait-il pas mieux que tu ignores les ordres de Zagan et que tu le rejoignes ? » demanda Chastille.
Alors que Chastille haussait la voix, quelque chose de doux et de blanc s’enroulait doucement autour de son visage.
« Je ne peux pas faire ça. » C’était Néphy. Chastille était maintenant enlacée par Néphy.
« Après tout, mon devoir est de saluer Maître Zagan en lui souhaitant la “bienvenue à la maison”, » tout en lui disant ça, Néphy avait doucement caressé la tête de Chastille.
« De plus, je dois protéger le château en l’absence de Maître Zagan, » déclara Néphy.
Elle ne voulait probablement pas dire cela dans le sens de se battre. Ces mots signifiaient qu’elle créerait un espace où son maître pourrait se détendre à son retour.
Et en se faisant caresser la tête pendant qu’on la serrait dans ses bras, toute sa force quitta le corps de Chastille. Elle avait laissé sortir de sa bouche les plaintes qu’elle n’aurait jamais dû parler. Même si elle essayait de l’endurer, après s’être égarée comme elle le faisait maintenant, elle ne pouvait pas faire autrement.
« Même moi... je ne voulais pas pointer mon épée sur lui..., » déclara Chastille.
« Je le sais, » dit Néphy, en caressant la tête de Chastille.
« Mais je suis une Chevalière Angélique et tout..., » continua Chastille.
« Je le sais, » répondit Néphy une fois de plus, puis elle hocha simplement la tête sans nier ou affirmer ses actions.
À ce moment, Chastille trouva que la poitrine de Néphy était confortablement chaude et s’accrocha à elle.
« Je suis obligée de souffrir de tout ça juste parce que j’ai été honnête quant au fait que je ne voulais pas combattre Zagan..., » déclara Chastille.
« Je le sais, » répondit Néphy.
Elle avait vu son Épée Sacrée révoquée pendant un certain temps, elle avait été regardée avec dédain par un archange plus fort qu’elle. Puis elle avait été empoisonnée et elle avait été sur le point de mourir. Quand Chastille avait pensé à tout cela, des larmes s’étaient mises à couler goutte après goutte, tachant la jolie chemise de nuit de Néphy. Et pourtant, Néphy n’avait pas l’air mécontente du tout et continuait à apaiser son esprit. Chastille ne pouvait plus tout supporter, alors elle s’était jetée à l’eau.
« Je ne voulais pas le vaincre. Je voulais me battre à ses côtés ! » Les paroles de Chastille étaient hérétiques compte tenu de sa position d’Archange. N’importe quelle personne normale la mépriserait pour avoir de telles pensées égoïstes à propos d’un sorcier. Et pourtant, Néphy hocha la tête comme pour la louer.
« Après tout, tu le comprends, » déclara Néphy.
Alors que Chastille levait le visage pour regarder Néphy dans les yeux, Néphy la regardait simplement avec son expression habituelle.
« Quand je t’ai parlée pour la première fois, tu disais que Maître Zagan semblait seul... Il semble que tu le comprennes vraiment bien, Chastille, » Néphy parlait sûrement de quand elles s’étaient rencontrées après qu’elle ait été chassée par Zagan. Et bien qu’elle ait parlé comme si la réunion était nostalgique, ses oreilles frémissaient aussi de frustration.
« En vérité, je me sentais un peu envieuse. Je pensais que j’étais la seule... à pouvoir comprendre Maître Zagan, » déclara Néphy.
La première rencontre de Chastille et Zagan s’était terminée par son sauvetage, mais Zagan n’avait jamais cherché à obtenir d’elle une compensation pour cet acte. Au contraire, il n’était même pas clair si Zagan se souvenait de l’incident.
Pourtant, le profil de son visage solitaire était resté gravé dans l’esprit de Chastille. À cette époque, il semblait presque que celui qui devait être sauvé n’était pas elle, mais lui. Et Néphy... a sauvé Zagan.
Et dans l’état où se trouvait Zagan maintenant, cette ombre de solitude ne se trouvait nulle part. Contrairement à Chastille, qui l’avait remarqué, mais n’avait rien fait, Néphy était revenue pour sauver Zagan même après avoir été chassée du château.
Tandis que Chastille restait stupéfaite et réfléchissait à ces pensées, Néphy brossa sa frange et parla une fois de plus.
« Mais... je me sens tout aussi heureuse. Pourquoi ne le serais-je pas après avoir découvert qu’il y avait une autre personne qui comprenait Maître Zagan ? » déclara Néphy.
Les paroles encourageantes de Néphy avaient en quelque sorte charmé Chastille. Tu es... devenue forte, hein ?
Elle avait finalement atteint le point où elle pouvait dire de telles paroles à quelqu’un d’autre que Zagan. Et après une pause, Néphy frappa les épaules de Chastille d’un bruit sourd.
« Est-ce que ça va maintenant ? » demanda Néphy.
« Ah... O-Oui..., » répondit Chastille. Et même si elle se sentait mieux, la longue étreinte lui avait fait rougir le visage. Faisant preuve de courage, elle avait timidement posé une question à son tour.
« Serait-ce... que tu essayais de me réconforter ? » Il n’y avait pas vraiment besoin de le confirmer. Pourtant, elle n’était pas si sûre d’elle qu’elle se sentait à l’aise d’assumer les choses.
Et en réponse, Néphy inclina la tête sur le côté avec une expression perplexe sur son visage.
« Oui... Euh, se pourrait-il que je n’aie pas fait du bon boulot ? » demanda Néphy.
« Ce n’est pas ce que je veux dire. Juste... pourquoi ? Ne suis-je pas une ennemie pour tous les sorciers ? » demanda Chastille.
Ces derniers jours, elles avaient partagé des repas, nettoyées ensemble et dormies sous le même toit, alors même Chastille avait trouvé étrange d’en parler tout d’un coup.
Néanmoins, à la racine, elles auraient dû être ennemies. Et en réponse à cela, Néphy avait incliné la tête sur le côté comme si elle trouvait la question idiote.
« Ne sommes-nous pas amies ? » demanda Néphy.
Alors cette fille... ressent aussi cela ? C’est à ce moment précis que Chastille avait réalisé qu’il n’y avait pas de victoire contre elle. Et en même temps, elle avait décidé qu’elle voulait protéger les choses que Néphy chérissait.
Après tout cela, Chastille essuya ses larmes et se leva.
« Désolée. Je t’ai montré quelque chose de honteux, » déclara-t-elle.
« C’est bon, » répondit Néphy. Et tandis qu’elle continuait avec un « d’ailleurs, » ses lèvres se relâchèrent. C’était quand même gênant, mais c’était vraiment un sourire.
« Éliminer les sources de préoccupations de Maître Zagan est une autre de mes tâches, » continua Néphy.
« Par préoccupations, tu veux dire moi ? » demanda Chastille.
« Oui. Il s’inquiète pour toi depuis l’incident avec le Seigneur Barbatos, » répondit Néphy.
Chastille douta de ses oreilles en entendant ces mots.
« Tu sais, il ne se souvenait même pas de mon visage, » répliqua Chastille.
« C’est impossible que ce soit vrai. Du moins, c’est ce que j’ai cru, » si c’était Néphy qui le disait, alors c’était probablement vrai. Et c’est ainsi que Chastille s’était résolue, cimentant sa décision dans son esprit.
« Je te remercie. J’y vais aussi... maintenant, » déclara Chastille, réalisant qu’elle n’avait plus rien à perdre à ce moment-là.
Alors, au moins une dernière fois, j’aimerais faire ce que je veux.
Cet homme n’avait peut-être pas vraiment besoin d’elle, mais Chastille voulait quand même lui prêter son aide. C’est pourquoi elle avait fait un pas en avant dans l’ombre. Elle ne portait pas d’Armure Sacrée, mais elle tenait son Épée Sacrée à la main.
« Oui. Fais attention à toi, Chastille, » déclara Néphy.
Chastille avait disparu dans l’ombre alors que ces mots résonnaient autour d’elle.
***
Partie 4
Retournons maintenant dans le Palais de l’Archidémon. Raphaël se leva, ignorant son Armure Sacrée brisée et sa blessure mortelle.
Surpris, Zagan observa son état sans baisser la garde. Ce n’est... pas de la sorcellerie, hein ? Est-ce le pouvoir qu’il a obtenu en tuant un dragon ? Si c’était de la sorcellerie, alors Zagan pourrait la « manger », mais franchement, il était difficile d’imaginer qu’un Chevalier Angélique puisse se tacher les mains avec elle.
Un Archange qui pouvait se relever après avoir subi une blessure mortelle était vraiment une existence cauchemardesque pour les sorciers. Même un candidat Archidémon aurait du mal à le vaincre. Cependant, un sourire ravi s’était glissé sur le visage de Zagan.
« Dieu merci, n’est-ce pas, Foll ? On dirait qu’il ne va pas mourir si facilement. Réfléchis à la façon de le punir, » déclara Zagan.
« Hein, euh..., » Foll avait dégluti comme si elle reculait devant ses paroles, mais elle hocha immédiatement la tête, les yeux remplis d’une vive colère.
Raphaël regarda calmement Foll pendant qu’elle faisait cela. C’était probablement l’imagination de Zagan, mais ses yeux avaient l’air d’être colorés par la compassion et le chagrin quand il la fixait. Après les avoir dévisagés pendant un certain temps, il avait posé une question d’une voix grave qui ressemblait aussi, d’une certaine façon, à un soupir.
« Il semble que je sois assez détesté par vous, » déclara Raphaël.
« Tu as levé la main contre ma fille, alors bien sûr que je suis en colère. De plus, tu as toi-même tué près de 500 sorciers, n’est-ce pas ? Dire que tu n’aimes pas qu’on t’en veuille, c’est comme dire qu’ils ne valent pas mieux que des insectes, » déclara Zagan.
« C’est quoi, ta putain de raison ? » déclara Raphaël, puis il avait regardé Foll.
Et grinçant des dents, Foll lui répondit en le regardant fixement et cracha quelques mots venimeux.
« Le Dragon Sage, Orobas... C’est le nom du dragon que tu as tué. »
Il s’agissait de la première fois que Zagan entendait Foll prononcer ce nom.
C’était un nom qui était gravé dans l’histoire quand il s’agissait de sorcellerie et de folklore, un dragon légendaire. En utilisant les sorciers comme exemple, il serait au même niveau que Marchosias.
Zagan n’aurait jamais rêvé que Foll serait la fille de ce dragon. Cependant, il avait quelques réserves à l’égard de cette idée. Un dragon légendaire peut-il être abattu par quelqu’un d’aussi faible ?
En toute justice, le pouvoir de Raphaël s’approchait des limites mêmes du potentiel humain. Cependant, malheureusement pour lui, sa force était faible par rapport à celle de Zagan. Dans des circonstances normales, il aurait fallu une armée d’un millier de sorciers ou d’humains ordinaires pour l’abattre.
Malgré tout, Raphaël avait réussi à se relever après avoir subi de plein fouet le coup de Zagan, ce qui était probablement dû à la puissance qu’il avait acquise en tuant Orobas. Mais dans ce cas, comment avait-il réussi à vaincre le dragon ? Le pouvoir qu’il avait montré face à Zagan était clairement loin d’être suffisant...
En entendant le nom d’Orobas, les yeux de Raphaël s’étaient écarquillé.
« ... Je vois. L’enfant d’Orobas, hein ? » Pour une raison ou une autre, sa voix semblait fatiguée quand il déclara ça. Ramassant son Épée Sacrée au sol, il concentra sa force dans ses mains.
« Alors il n’y a aucune chance que je ne te tue pas maintenant ! » s’exclama Raphaël, brandissant son Épée Sacrée et chargeant à Foll après ça.
« Tu crois que je vais permettre ça ? » déclara froidement Zagan, en envoyant son poing vers le visage de Raphaël.
N’importe quel sorcier moyen aurait eu la tête enfoncée par ce coup, mais le grand Chevalier Angélique s’était simplement penché en arrière et avait volé dans les airs. Malgré tout, il y a eu des retours d’information précise au cours de cette frappe. Zagan pouvait aussi dire que les os de sa mâchoire étaient brisés. Et parce que la mâchoire possédait beaucoup de nerfs qui se reliaient aux dents, un coup à cet endroit avait fortement secoué le cerveau.
Que ce soit un sorcier, un Chevalier Angélique ou un dragon, personne ne pouvait se lever après cela. Je ne sais pas à quoi tu penses, mais je vais pour l’instant te rendre impuissant.
Raphaël s’était écrasé la tête la première contre le sol, perdant immédiatement conscience... Ou du moins, c’était ce qui devait arriver.
« Hnnngh ! » D’une manière ou d’une autre, avec une agilité qui ne convenait pas à un homme avec une si grande carrure, Raphaël s’était retourné et s’était replacé sur ses deux pieds. Sa ténacité semblait surpasser tout sentiment de douleur.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? » s’écria Zagan.
Et puis, dans le même mouvement, il s’était glissé à côté de Zagan et s’était précipité vers elle. Convaincu d’avoir porté un coup fatal, Zagan n’avait pas pu réagir immédiatement, ce qui avait laissé une Foll sans défense sur son chemin.
« Ne... ne me sous-estime pas ! » hurla Foll, chargeant une puissante sorcellerie dans sa main.
« Arrête, Foll ! » Zagan l’avait appelée afin de l’arrêter, mais Foll avait résisté et avait tiré sur Raphaël à la place.
Je n’arriverai pas à temps ! Et juste au moment où il pensait cela... un bruit aigu retentit, et la lame entra en collision avec une autre lame.
Deux Épées Sacrées blanches étaient ainsi entrées en collision, alors qu’une onde de choc semblable à un carillon pâle résonna dans l’environnement. Comme une ondulation d’eau, l’anneau de lumière qui l’accompagnait parcourait toute la cavité souterraine ainsi que l’intérieur du palais de l’Archidémon avant de disparaître.
Oui, une autre Épée Sacrée avait intercepté son coup.
« ... N’allez-vous pas arrêter ça, Seigneur Raphaël ? » Et celle qui avait tenu cette épée, surgissant de nulle part, était Chastille.
« Ah, merde. J’ai oublié de fermer l’ombre, » murmura Barbatos d’un ton impassible.
Pendant que Zagan se battait, Chastille avait traversé l’ombre et les avait suivis jusqu’ici. Heureusement, elle était arrivée à temps. Il y avait des larmes dans le coin de ses yeux et le bout de son nez était rouge pour une raison étrange.
Malheureusement, comme on pouvait s’y attendre, elle n’avait pas eu le temps de revêtir son Armure Sacrée. Mais quand même, elle tenait au moins son Épée Sacrée en main alors qu’elle apparaissait dans sa chemise et sa jupe de couleur bleu outremer.
Chastille avait réussi à arrêter la frappe d’un Archange sans la protection divine de l’Armure Sacrée. Un exploit admirable, tout bien considéré, mais il y avait quelque chose qui l’étonnait bien plus que cela ou son arrivée soudaine.
Cette fille... a arrêté l’Épée Sacrée de Raphaël et la sorcellerie de Foll en même temps.
Foll avait libéré sa sorcellerie pour intercepter Raphaël, mais elle avait disparu avant de percer sa cible. Et ce n’était pas non plus un accident. Non, sa sorcellerie avait été démantelée. De là, il était devenu clair que Chastille était beaucoup plus concentrée que lorsqu’elle avait combattu Zagan.
« Qu’est-ce que... tu prévois ? » grogna Foll en regardant fixement Chastille.
Et pourtant, Chastille répondit d’une voix douce en repoussant l’Épée Sacrée de Raphaël.
« Tu n’arrêtes pas de me faire des farces, mais j’admets que c’est de ma faute si je dérange ta vie paisible. Alors, dis-moi, ne peut-on ne pas essayer d’en discuter ? » Les paroles de Chastille étaient claires et composées, comme si sa morosité dans le château n’était qu’une façade.
On dirait qu’elle a rassemblé sa détermination. Zagan n’avait même pas senti un soupçon d’hésitation ou de peur en elle. Et, pour soulager la tension dans l’air, Zagan s’était approché de Foll et lui avait caressé la tête.
« Et bien, vous deux vous devriez vraiment essayer d’en parler... mais attendez un peu pour l’instant, » déclara Zagan.
« Pourquoi ? » Chastille avait posé cette question dans la confusion, mais Zagan s’était plutôt tourné vers Raphaël.
« J’aimerais vraiment l’interroger, mais il ne peut probablement pas parler avec sa mâchoire, hein ? » déclara Zagan.
Le coup de Zagan avait complètement brisé la mâchoire de Raphaël. Et bien qu’il ait déjà commencé à se régénérer, il n’était pas encore dans un état où parler était possible. Vraiment, c’était admirable qu’il ait pu saisir son épée et courir comme ça avec tant d’énergie malgré tous les dégâts qu’il avait subis.
À ce moment précis, Raphaël tomba à genoux. Il semblait qu’il s’était enfin épuisé. De même, Chastille s’écroula sur le sol, clairement essoufflée. Elle avait probablement pris tout ce qu’elle avait pour retenir son coup.
Ce foutu Raphaël... Pourquoi sa soif de sang s’est-elle volatilisée alors qu’il chargeait à Foll ?
Le minutage était suspect. En plus, comme il le pensait, le coup que Zagan lui avait porté était fatal. Même si Chastille ne l’avait pas bloqué, il n’avait pas assez de force pour tuer Foll.
Elle avait peut-être l’air d’une enfant, mais Foll était une candidate Archidémon, l’une des plus fortes sorcières au monde. C’est pourquoi Zagan lui avait dit d’arrêter, car il ne voulait pas encore la mort de Raphaël.
Zagan s’était approché de Raphaël qui se relevait.
« Je suis un méchant. Un sorcier n’hésitera pas à torturer un Chevalier Angélique. Cependant, je me sentirais mal à l’aise de battre un adversaire qui n’a pas vraiment la volonté de se battre. Alors, dis-moi exactement ce que tu essaies de faire. »
Il n’y avait absolument aucune chance pour lui de ressentir de la compassion ou de la miséricorde envers cet homme, et Zagan n’avait pas non plus l’intention de devenir copain-copain avec Raphaël. C’était juste que la situation ne lui convenait pas. Ça l’avait perturbé que Raphaël se batte avec un désir de mort.
« Tuer quelqu’un qui semble le demander n’est pas mon style. Franchement, je trouve cette pensée répugnante, » déclara Zagan.
Ces mots avaient fait écarquiller les yeux de Foll qui se retrouva en état de choc.
« Qu’est-ce... que tu veux dire par là ? » demanda Foll.
« Je n’en suis pas si sûr. C’est pourquoi j’essaie de lui parler, » répondit Zagan, même si ce n’était pas comme s’il n’avait rien deviné.
Quand il a entendu le nom d’Orobas, sa soif de sang a disparu. C’était le nom du dragon que Raphaël aurait tué. S’il avait perdu son esprit combatif en apprenant que Foll était la fille de ce dragon, alors une raison évidente pour ses actions lui était venue à l’esprit.
« Expiation. » Zagan ne pensait pas qu’un Chevalier Angélique se sentirait redevable envers un dragon ou un sorcier. Et pourtant, cette explication simple avait fait en sorte que toutes les pièces s’emboîtent bien.
Et pendant que Zagan regardait Raphaël, Chastille avait tiré à l’ourlet de sa robe.
« A-Attends un peu, Zagan, » demanda Chastille.
« ... Les choses ne se compliqueront que si tu t’impliques. Reste tranquille un moment, » déclara Zagan.
« Non, écoute, » Chastille réprimanda Zagan, puis tourna son regard vers Raphaël et poursuivi. « J’ai du mal à le croire, mais j’ai raison, non ? »
« Qu’est-ce que tu racontes ? » demanda Zagan, clairement exaspéré, alors que Chastille reprenait son interrogatoire d’un ton clair.
« Vous êtes... l’homme à capuchon qui m’a rendu visite à l’Église... Orobas, c’est ça ? » demanda Chastille.
« Quoi... ? » s’exclamèrent Zagan et Foll.
Leur choc était venu sans surprise, car Orobas était le nom du père de Foll... C’était le nom du dragon que Raphaël avait tué, alors l’entendre avait fait que Zagan et Foll avaient douté de leurs oreilles. Le seul d’entre eux qui ne pouvait pas suivre la conversation était Barbatos, et il avait l’air complètement abasourdi.
« Hé, qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Zagan.
Juste au moment où Zagan avait dit ça et s’était approché de Chastille... « Quelque chose » avait produit un fort bruit alors qu’il se fissurait.
***
Partie 5
Corrigeant son emprise sur son Épée Sacrée, Chastille fit entendre une voix tremblante.
« Zagan... »
« Je sais, » répondit Zagan.
Le son avait retenti dans le Palais de l’Archidémon. Et de l’autre côté de la porte fracassée, ils pouvaient sentir que quelque chose avait commencé à bouger.
Y a-t-il quelque chose... là... ? C’était « quelque chose » qui n’était pas là l’autre jour quand Zagan et les autres avaient fouillé dans la zone.
À ce moment précis, une atmosphère étrange régnait dans la pièce. C’était un vent étrange qui semblait s’enrouler et ramper sur leur peau, rendant difficile le simple fait de respirer. Même s’il n’y avait pas d’odeur, l’estomac de Zagan semblait se contracter, ce qui lui donnait des nausées.
Une aura nocive... semblait être une bonne description pour tout ça.
Ce vent maudit arrachait la chair comme si c’était une évidence, mais le plus remarquable était sa capacité à ronger l’âme.
« Argh... Guh..., » Chastille s’était tenu la poitrine en raison de la douleur. En plus de son empoisonnement récent, elle était maintenant sans son Armure Sacrée, ce qui la laissait avec le moins de défense parmi toutes les personnes présentes. Comme il n’y avait pas d’autre choix, Zagan se tenait devant Chastille pour la protéger.
Barbatos avait alors fait entendre une voix troublée. « H-Hey... Que s’est-il passé ? »
« Je n’en sais rien, » répondit Zagan. Finalement, ce « quelque chose » avait montré sa silhouette de l’autre côté de la porte du Palais de l’Archidémon. Et cela... ressemblait à un humanoïde.
Du haut, il avait un crâne, deux bras et deux jambes. Cependant, ce n’était absolument pas un être humain. Sa peau était faite de quelque chose d’aussi raide que la pierre, et elle palpitait d’une manière étrange à chaque respiration. Des lignes noires en forme de fissure couraient le long de son corps, et Zagan pouvait en quelque sorte dire que c’étaient ses veines.
Malgré tout, ce qui différait par-dessus tout... c’était son visage. Sa bouche, remplie de petits crocs serrés, était sur son front, et ses yeux rouges de sang étaient au centre de son visage et un autre proche de son oreille gauche. Il n’avait pas de nez, mais à sa place, il y avait des cylindres en forme de bernacle qui sortaient par-ci par-là et qui aspiraient et crachaient de l’air. Non, pas de l’air... du mana.
Zagan pouvait le dire rien qu’en regardant la réaction de Chastille alors qu’elle se serrait la poitrine. Qu’elle soit humaine, créature ou naturel, elle convoitait le mana de tous ceux qui la possédaient, la dévorant sans cesse.
Cependant, Zagan connaissait cette aura. En fait, il se souvenait même de la silhouette qui se trouvait devant eux.
« Est-ce... un démon ? » Zagan marmonna, puis réalisa immédiatement qu’il avait tort.
Je n’ai pas autant eu peur de ça que le démon de la dernière fois.
Il se souvenait, bien sûr, de l’incident où Barbatos avait invoqué un démon. Le monstre devant ses yeux lui ressemblait clairement, mais le démon qu’il avait rencontré était une créature plus hétérogène.
Peu de temps après, Foll parla comme si elle gémissait. « Faux. C’est... le... gardien du Palais de l’Archidémon. »
C’était une sculpture inspirée d’un démon scellé par une sorte de cercle magique.
« ... Je vois. C’est donc ainsi à la suite de la collision entre les Épées Sacrées, hein ? » murmura Zagan.
Soit le sceau avait été brisé, soit il avait été activé par coïncidence. Non, c’est probablement le sceau.
Marchosias n’était pas si sénile que cela puisse être une simple coïncidence.
« C’est donc une sorte de golem... ? » Même s’il imitait un démon, son origine était complètement différente. Dans tous les cas, ce n’était pas une existence absolue que Zagan craignait de ne pas pouvoir vaincre.
Cela dit, c’était l’héritage de Marchosias. Ce n’était donc certainement pas une marionnette mal faite comme son apparence le suggérait.
Pour Zagan, c’était une existence extrêmement inconnue.
« Im... possible... »
Celui qui avait laissé sortir une voix rauque... c’était Raphaël. Il semblait qu’il s’était suffisamment rétabli pour au moins parler.
J’aimerais entendre l’histoire de ce type...
Malheureusement, il ne semblait pas probable que le monstre sous ses yeux se contente d’écouter ce que Zagan avait à dire. On ne pouvait rien faire pour éviter de devoir l’éliminer d’abord.
« Qu’est-ce qu’il faut faire là ? » Et au moment où Zagan marmonnait ça pour lui-même... Le globe oculaire sur le côté du monstre se tortillait et le regardait fixement.
Soif de sang ! Sentant cela, la conscience de Zagan avait été attirée vers l’Emblème de l’Archidémon sur sa main. Si ce monstre était une existence conforme aux règles d’un démon, alors comme avant, il aurait été possible de le renvoyer d’un geste de la main. Alors, Zagan tendit la main droite et cria.
« Par cet Emblème de l’Archidémon, Zagan te l’ordonne. Oh, être grotesque, retourne à ton sommeil. »
Répondant à son appel, l’Emblème de l’Archidémon déclencha une lumière étrange.
Le démon que Zagan avait rencontré avant avait plié un genou et avait disparu après avoir reçu cet ordre. Parler de la même façon avec celui qui était devant lui avait donc eu pour résultat...
« Merde, ce n’est pas bon. Il arrive ! » Zagan avait fait claquer brusquement sa langue.
La bouche sur le front du monstre s’était ouvert largement, et un mana destructeur commença à converger.
Une attaque approchait. Et après que Zagan sentit cela, il s’inquiétait de ce qu’il y avait derrière lui, et la première chose qui avait attiré son attention était Chastille qui était... encore debout sur place.
Cette fille... Elle doit savoir qu’elle n’a aucune chance sans son Armure Sacrée... N’a-t-elle pas peur de la mort ? Zagan avait saisi la nuque de Chastille par réflexe et il sauta alors qu’il réfléchissait à ça. Et c’est pourquoi il avait négligé la simple vérité... Le fait que Chastille couvrait la jeune fille juste derrière elle ne lui était pas venue à l’esprit.
« Pousse-toi, Foll ! » cria Zagan.
« Eh... » Foll s’était figée comme si elle était complètement perplexe. Et la lumière de la bouche du monstre avait été tirée droit sur elle.
La lumière avait percé l’endroit où Zagan se tenait debout et avait fauché la silhouette de Foll. Et juste avant ça, Zagan pensait avoir vu quelque chose au-dessus de Foll.
Lorsque le torrent de lumière s’était calmé, le sol avait fondu en une surface vitreuse. Et à l’intérieur de cette zone affreusement brûlée, une section béante de surface de pierre restait intacte. Plus curieusement, l’ombre de deux personnes était à l’intérieur de la zone.
« A-Argh... »
Celui qui poussait un petit gémissement était Foll, et celui qui était penché sur elle... c’était Raphaël.
Il manquait tout de l’épaule gauche de Raphaël. Cette vue avait fait crier Zagan. Était-ce de la colère parce qu’il était incapable de protéger Foll ? Ou peut-être était-ce parce que son ennemi, plus que tout autre, avait été celui qui l’avait sauvée ?
Dans un cas comme dans l’autre, c’était une raison suffisante pour que Zagan donne un coup de poing quand le monstre avait ouvert la bouche une fois de plus.
« ... Tu n’es bonne à rien, marionnette. Ne t’emporte pas, tu m’entends ? » Quand il avait craché ça, Zagan avait déjà sauté bien au-dessus du monstre.
« Je te réduirai en poussière... Écaille des Cieux ! »
En un clin d’œil, 2000 circuits s’étaient combinés dans la paume de la main de Zagan, et cela avait formé son bouclier extrêmement solide d’une manière violente.
En serrant ce cercle magique dans sa main, Zagan avait alors balancé son poing droit vers le bas, et l’Écaille des Cieux avait pulvérisé le crâne du monstre, ainsi que sa bouche qui collectait le mana.
Même dans des circonstances normales, la force brute de Zagan pourrait briser la roche, et maintenant il avait ajouté la force de l’Écaille des Cieux à son poing. Ainsi, la destruction ne s’était pas arrêtée à sa tête. Cela avait continué le long du torse et avait fendu le monstre en deux. Les morceaux qui se séparaient à gauche et à droite n’étaient plus que de la pierre, qui s’était lentement écrasée sur le sol en se répandant.
Peu de temps après s’être assuré de son sort, Zagan courut vers Foll et Raphaël qui avaient fait les frais de la lumière.
« Hé, vous êtes vivants tous les deux ? » Alors que Zagan les appelait, Foll avait légèrement ouvert les yeux.
« Je vais... bien..., » répondit Foll.
Zagan ne comprenait pas ce qu’il planifiait, mais Raphaël avait utilisé son corps et son Épée Sacrée comme bouclier afin de protéger Foll. La petite fille n’avait pas une seule blessure sur elle.
Cependant, cela ne s’appliquait pas du tout à Raphaël. Et en regardant sa silhouette, dont le bras avait été arraché avec toute son épaule, Foll fit sortir une expression déconcertée.
« Ordure, qu’est-ce que tu prépares ? » s’écria Foll.
Alors que sa conscience était apparemment intacte, Raphaël ouvrit les yeux et parla. « ... Je n’ai fait que mon putain de boulot. Ça n’a rien à voir avec toi. »
Ses blessures étaient beaucoup trop profondes et avaient probablement paralysé son sens de la douleur. L’angoisse dans la voix de Raphaël était faible.
Cependant, c’était trop proche de son cœur.
Zagan ne comprenait pas la théorie derrière la capacité de guérison de Raphaël, mais la blessure qui lui avait arraché l’épaule gauche avait même atteint son cœur. L’hémorragie était sûrement déjà mortelle. Même avec le pouvoir d’un dragon, Zagan ne pensait pas pouvoir être sauvé. C’est du moins ce qu’il pensait...
« Guh... Hngh... ! » Raphaël grogna, puis se leva.
Il avait subi une blessure mortelle, avait perdu une grande quantité de sang qui avait teint son Armure Sacrée de rouge, et avait même un teint mortel sur son visage, mais il se tenait toujours debout.
Pourquoi devait-il se lever ?
Même en vomissant du sang, Raphaël avait ouvert la bouche pour parler sans perdre son sang-froid.
« Tu as dit... que j’étais l’ennemi d’Orobas, n’est-ce pas ? » demanda Raphaël.
« ... C’est... C’est vrai. » Foll était terrifiée par la ténacité de l’homme épouvantable, mais elle avait quand même réussi à hocher la tête en crachant ses mots. Et en réponse, Raphaël fixa la jeune fille du regard et lui dit la vérité.
« C’est une erreur. Ce grand dragon... n’était pas assez faible pour tomber face à des personnes comme moi, » déclara Raphaël.
Zagan avait également des doutes à ce sujet. L’Épée Sacrée est certainement une nuisance, mais est-ce vraiment quelque chose qui peut vaincre un dragon légendaire ? Pour être honnête, il n’était même pas sûr que les treize Archidémons ensemble soient assez puissants pour le faire.
Raphaël pouvait certainement avoir possédé un pouvoir bien en dehors de la norme, même pour Chevalier Angélique, mais s’il avait été submergé par Zagan, alors il ne pouvait pas avoir tué Orobas. Et, comme s’il ne pouvait pas accepter cette réalité, Foll lui hurla dessus.
« C’est un mensonge ! Je l’ai vu. Je t’ai vu dévorer avidement le corps de mon père ! C’est toi le salaud qui a frappé Père avec une attaque furtive, » déclara Foll.
« Alors, laisse-moi te demander... est-ce que l’Orobas que tu connais... était un dragon si faible qu’il goûterait la défaite aux mains de quelques humains ? » demanda Raphaël.
« ... Au dernier moment, continues-tu à mépriser Père !? » cria Foll.
« Je dis que le bâtard qui se moque d’Orobas... c’est toi..., » déclara Raphaël, ses paroles déconcertèrent Foll. Cependant, poursuit-il, « je me fous de ce que tu penses de moi. Cependant, je dirai ceci pour l’honneur d’Orobas. Ce grand dragon... ne s’est pas laissé distancer par les humbles créatures comme nous les humains. »
« Qu’est-ce que... tu dis ? » demanda Foll.
Après ça, Raphaël laissa échapper une respiration tranquille.
« Ce jour-là, dans le but de vaincre un ennemi, j’ai demandé l’aide au Dragon Sage Orobas. Et il a écouté attentivement mon souhait, » déclara Raphaël.
« Ennemi... ? » demanda Foll.
Quel était cet ennemi que les Chevaliers Angéliques cherchaient désespérément à abattre ? Un Archidémon... ? C’est impossible, hein ? Zagan avait dégluti et avait attendu les prochains mots de Raphaël en retenant son souffle.
Raphaël tourna lentement la tête. Ses yeux, cependant, ne regardaient pas Foll, pas plus qu’ils n’étaient dirigés vers Zagan et Chastille. À la place, ils étaient pointés plus loin sur la pierre que Zagan avait écrasée.
« Un démon... Dans le folklore, c’est une existence qui porte ce nom, » déclara Raphaël.
Foll écarquilla les yeux face à ces paroles.
« Ne dis pas de telles bêtises. Je n’ai jamais entendu parler de telles choses, » déclara Foll.
« Alors, qu’est-ce que c’est ? N’est-ce pas un monstre qui diffère de ce que nous connaissons ? » demanda Raphaël.
« Argh... C’est..., » Foll n’avait pas pu répondre.
« Je comprends que tu veuilles peut-être ne pas l’accepter. Après tout, j’ai aussi cru un jour que de telles choses avaient quitté ce monde. Cependant, en réalité, un démon est apparu dans le monde actuel, provoquant la mort de nombreux Chevaliers Angéliques et du grand dragon, » déclara Raphaël, crachant pratiquement du sang pendant tout le processus, puis il déclara. « Et dans un avenir pas trop lointain, ils reviendront. »
Entendant ces paroles incroyables, Foll regarda Zagan comme pour s’accrocher à lui. Et Zagan avait fait un simple signe de tête.
« C’est la vérité. Je ne sais pas s’ils retourneront dans ce monde ou quoi que ce soit d’autre, mais les démons existent vraiment, même maintenant. C’est pourquoi j’enquête sur le folklore pour essayer de découvrir un moyen de les tuer, » déclara Zagan.
Ce n’est pas comme si Zagan avait senti la situation tendue dont parlait Raphaël, mais quand le moment sera venu qu’il serait forcé de lutter contre de telles choses, il avait besoin d’un moyen pour les défier.
Peut-être que le fait que Barbatos ait été capable d’invoquer un démon est un présage..., Barbatos était certainement un sorcier qui possédait un pouvoir hors du commun, mais le rituel à ce moment-là s’était activé sans même avoir besoin d’un sacrifice et quand le pouvoir de Zagan l’avait frappé, il était donc incomplet.
Un démon n’aurait pas dû être assez faible pour être convoqué par une sorcellerie aussi médiocre.
Même Foll savait probablement que les paroles de Zagan étaient vraies. Ils n’avaient après tout rassemblé que des livres sur les démons dans les archives du château. Cependant, elle regardait encore Raphaël comme si elle n’arrivait toujours pas à le croire.
« Alors, tu veux insinuer que mon père a défié un démon et qu’il a été vaincu ? » demanda Foll.
En réponse à cette question, Raphaël secoua simplement la tête. « Il n’a pas été vaincu. Il a simplement échangé sa vie contre celle de l’ennemi. »
C’était simplement une reformulation de ce qu’elle avait dit. Ce qui différait, cependant, c’était que le dragon combattait fièrement dans l’esprit de Raphaël, de sorte que ces faits avaient été transmis dans son explication.
Cela avait sûrement grandement affecté Foll, car elle s’était mordue sur les lèvres et avait murmuré quelque chose. « ... Alors, qui... devrais-je détester ? »
« Tu ne devrais pas haïr, mais être fière, » répondit Raphaël.
Foll plissa ses sourcils.
« Fières... tu dis ? » demanda Foll.
« C’est vrai. Sois fière. Orobas a misé sa vie pour vous protéger, toi et le monde maudit dans lequel tu vis. Si tu ne veux le glorifier pour ça, qui le fera ? » s’exclama Raphaël, puis s’agenouilla devant Foll pendant qu’il continuait à parler, « Si me tuer te fait regagner ta foi en Orobas, alors fais comme tu le veux. Je te donnerai cette maudite tête. »
Après avoir subi des blessures mortelles, Raphaël baissa les yeux sur son propre corps qui continuait à se régénérer.
« Les démons sont puissants. S’ils sont ressuscités dans ce monde où l’Église et les sorciers se disputent, alors nous n’aurons aucun moyen de l’emporter. Nous devons nous préparer. C’est pourquoi j’ai bu le sang d’Orobas et traversé cette terre de mort certaine. »
C’était sûrement la scène dont Foll avait été témoin. Après avoir dit tout cela, Raphaël s’était concentré sur Chastille.
« Cependant, mon rôle a déjà pris fin. Les graines dans l’Église sont déjà en train de bourgeonner. Si mon dernier devoir est d’être un cadeau d’adieu à Orobas, alors je ne peux rien demander de plus, » déclara Raphaël.
Constatant enfin où allait son histoire, Zagan ouvrit la bouche pour parler. « Alors, l’envoyé de la faction d’unification ou ce que Chastille a mentionné, c’était vraiment toi ? »
Raphaël acquiesça calmement. « En effet. Tout en ayant le statut d’Archidémon et d’archange, vous avez formé une connexion, ce qui est très proche de ce que j’ai essayé de faire... C’est pourquoi... »
« Mec, c’est quoi ce bordel, rien de tout ça n’a de sens ! » C’était Barbatos qui avait soulevé une objection à ce moment-là. « Franchement, soyons réalistes, tu as tué des centaines de sorciers, mais tu veux la paix ? Qui penses-tu convaincre ici, bordel ? »
Zagan était vraiment du même avis. Et étonnamment, Raphaël hocha la tête comme s’il disait qu’il comprenait cela.
« Je ne le sais que trop bien. Je ne peux pas devenir la bannière de l’unification. C’est pourquoi j’avais besoin de la Vierge à l’Épée Sacrée, » déclara Raphaël.
Chastille fit entendre sa voix troublée alors qu’un rôle d’une telle importance absurde lui était confié.
« A-Attendez une minute. Ce n’est même pas comme si j’avais accepté de faire une telle chose..., » déclara Chastille.
Toutes les personnes présentes n’avaient pas pu entendre le reste de ce qu’elle avait à dire, car avec un cliquetis, le bloc de pierre qui aurait dû s’effondrer avait commencé à bouger.
Quand Zagan regarda vers le son, il remarqua que le monstre qui avait été brisé en deux se tenait debout une fois de plus.
***
Partie 6
« Haaah... On dirait qu’il y a des gars immortels éparpillés un peu partout, hein ? »
Juste après l’Archange qui s’était fait arracher toute l’épaule, c’était le monstre de l’héritage de l’Archidémon précédent qui agissait ainsi. Comparé à ces types, Zagan était sûrement celui qui avait le plus de faiblesses humaines en lui.
« Je m’en chargerais à nouveau. Donnez-moi quelques minutes, » déclara Zagan.
« Peux-tu la finir ? Cette chose ? » demanda Raphaël.
En réponse à Raphaël, Zagan haussa les épaules.
« Les golems sont hors de mon champ d’expertise, mais si c’est quelque chose fait à l’aide de la sorcellerie, je peux le casser, » déclara Zagan.
« Ce... n’est pas un golem, » répondit Raphaël.
Zagan plissa ses sourcils en entendant la conviction totale dans ces mots.
« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Zagan.
« C’est... ce que vous appelleriez une chimère, bande de bâtards. En plus du golem mis au monde par la sorcellerie, il est aussi..., » déclara Raphaël.
Et avec ça, Zagan avait senti un frisson couler le long de sa colonne vertébrale.
« ... Non, c’est impossible, » déclara Zagan.
« C’est ainsi. C’est quelque chose que Marchosias a fait, une chimère de démon, » déclara Raphaël.
Zagan n’avait pas été en mesure de rejeter cette information. Après tout, quand il avait vu ce monstre pour la première fois, la chose qui lui était venue à l’esprit était un démon.
Ce satané Marchosias, quelle nuisance ! Raphaël avait regardé le monstre avec un regard ennuyé.
« Il n’y a pas de malentendu. C’est le cadavre du démon qu’Orobas et moi avons vaincu. Marchosias l’a probablement récupérée et a créé cette chimère, » déclara Raphaël.
Le cadavre n’était finalement qu’un cadavre. Il n’avait probablement pas du tout de son pouvoir originel, mais même ainsi, il s’agissait quand même d’un démon. Il allait de soi que le simple fait de la frapper n’y mettrait pas fin.
Néanmoins, un sourire s’était glissé sur le visage de Zagan. Tout simplement parfait. Dois-je essayer de tester une autre capacité ?
Le monstre de pierre, la chimère d’un démon, avait presque fini de se régénérer. Et en réponse, Zagan tissa l’Écaille des Cieux dans sa main et s’avança.
« Chastille, tu devrais aussi y aller, » déclara Raphaël.
« Je n’ai toujours... je n’ai toujours rien dit à propos de suivre ce que vous avez dit, vous savez ? » déclara Chastille.
« Cependant, tu devrais déjà très bien savoir ce que tu as l’intention de faire, » déclara Raphaël.
Zagan ne savait pas de quoi ils parlaient, mais Chastille fit un simple signe de tête et prit son épée.
« Je n’ai pas besoin que vous me disiez ça. Je manierai mon Épée Sacrée comme bon me semble, » déclara Chastille.
Et puis, Chastille avait chanté. « Je n’hésiterai plus. Alors, prêtez-moi votre pouvoir — Épée Sacrée Azraël ! »
Les Flammes de Purification... étaient cette fois une lumière.
Une lumière pâle, qui ne rappelait pas du tout les flammes déchaînées de Raphaël, s’enroulait autour de la lame. Cependant, cela ne semblait pas du tout éphémère.
Zagan pouvait dire qu’elle avait la même puissance que Raphaël déchaînait comme une flamme et qu’elle ne la concentrait que sur la longueur de la lame. Cela avait un tranchant qui pouvait même couper à travers l’Écaille des Cieux.
Cette fille... Quand il s’agit d’utiliser le pouvoir d’une Épée Sacrée, n’est-elle pas même meilleure que Raphaël ? Et tandis que Zagan la regardait avec émerveillement, Chastille se tenait à côté de lui.
« Je ne te demanderai pas de croire en une Chevalière Angélique comme moi, mais je veux qu’on se batte côte à côte, » déclara Chastille.
Zagan haussa simplement les épaules en réponse.
« Je doute que tu sois du genre à essayer un plan sournois, » répliqua Zagan.
Après avoir vu sa pitoyable apparence ces derniers jours, il pouvait le dire même s’il ne le voulait pas.
« Es-tu... en train de me complimenter ? Ou me regardes-tu de haut ? » demanda Chastille.
« Qui sait, » répliqua Zagan.
Chastille gonfla ses joues face à cette réponse, puis tourna la tête sur le côté d’un air renfrogné et parla. « Alors, as-tu un plan ? »
« Il y a une chose que j’aimerais tester, mais je vais avoir besoin d’un coup direct. Il faut que je me mette en face de lui, tu comprends ? » demanda Zagan.
« Compris. Alors, j’assumerai le rôle du soutien, » déclara Chastille.
À ce moment-là, le monstre de pierre avait enfin fini par se régénérer, et ses globes opaque et sinistre se tournèrent vers eux.
« Il vient, » déclara Chastille.
« Je le sais, » répondit Zagan.
Et alors que la bouche hideuse sur son front s’ouvrait, la lumière de mana commençait à s’accumuler à nouveau. Il s’agissait clairement du même souffle de lumière qui avait frappé Raphaël.
Zagan concentra son attention sur les personnes derrière lui. Si j’esquive, ils seront touchés tous les deux.
Barbatos était hors de portée de la lumière, mais il y en avait deux autres qui ne l’étaient pas.
Foll pouvait peut-être encore s’échapper, mais Raphaël ne pouvait pas bouger d’un iota. De plus, il n’aimait pas l’idée que l’attaque vise sa fille deux fois.
Et, alors que Zagan se mettait en garde, son champ de vision devint obstrué par le dos de Chastille.
« Idiote, tu n’as même pas ton Armure Sacrée... Tu vas mourir ! » s’écria Zagan.
« Je retiendrai son attention, alors ne t’inquiète pas ! » Chastille s’avança en criant ces mots.
Le souffle du monstre avait jailli. Et cette lumière avait anéanti impitoyablement le corps de Chastille... Ou plutôt, ça aurait dû être ainsi.
« HAAA! » Chastille avait frappé avec son Épée Sacrée avec ce cri plein d’entrain. Et le souffle de lumière avait été coupé en deux par sa lame.
Puis, la lumière qui s’était séparée à gauche et à droite avait manqué Zagan, Foll et Raphaël puis elle avait disparu.
« Allons-y... Bouge-toi, Zagan ! » Chastille avait gardé son rythme et avait couru vers le monstre pendant qu’elle lançait ces mots vers lui.
Et bien, n’es-tu pas pleine de surprises ? Même Zagan était devenu étonné par cette attaque à l’instant. Ce qui était logique, puisqu’il ne pouvait même pas voir l’instant où elle avait déplacé son épée.
Ceci dit, la différence de capacité physique entre Zagan et Chastille sans son Armure Sacrée était beaucoup trop grande. Zagan avait simplement dépassé Chastille d’un seul souffle et était entré à portée du monstre de pierre en un éclair. Cependant, le monstre de pierre avait déplacé son bras pour l’intercepter.
« C’est rapide ! » Barbatos avait prononcé quelques mots en étant abasourdi.
Contrairement à la grande carrure du monstre, sa vitesse était assez bonne pour rivaliser avec celle de Zagan. Heureusement, la taille entraîne une série de mouvements inutiles.
C’était une longue frappe, alors Zagan avait eu le temps de placer son poing pour y faire face.
Le poing de pierre du monstre avait été écrasé comme s’il était fragile, alors que ses fragments se dispersèrent dans l’air.
« Qu’est-ce que... ? » Cependant, le seul qui restait ébranlé là, c’était Zagan.
Les fragments de pierre dispersés étaient reliés entre eux par une étrange brume noire. Et ces débris changeaient leurs mouvements en plein vol comme si elle possédait leur propre volonté, pleuvant sans cesse sur Zagan.
Est-ce pour ça qu’il revient à la normale après avoir été écrasé !? Le corps de pierre était simplement éphémère, car son vrai corps était la brume noire qui se cachait profondément à l’intérieur.
« Ne t’arrête pas maintenant, Zagan ! »
Ces innombrables fragments de pierre avaient été écrasés par une lumière blanche pure alors qu’il entendait ces mots. Tous les deux étaient venus de Chastille quand elle avait finalement rattrapé Zagan.
Au moment où Zagan pensait avoir vu une strie blanc passé à travers un fragment de pierre, le coup d’épée suivant était déjà en route. Le nombre de frappes était facilement à deux chiffres. Et c’était à une telle vitesse que l’on pourrait penser qu’ils se produisaient tous simultanément. Cependant, même si la vitesse était effrayante, ce qui était vraiment terrifiant, c’était que ces coups venaient de derrière Zagan et frappaient des objets devant lui. Et pourtant, toutes ces attaques ne lui avaient jamais laissé une égratignure.
Au lieu d’admiration, un sentiment de froid avait parcouru la colonne vertébrale de Zagan. Si elle avait fait ça la première fois qu’on s’est rencontrés, ne serais-je pas déjà mort ? Si elle avait utilisé une telle technique à l’épée quand il s’était battu pour la première fois contre la Chevalière Angélique Chastille, Zagan n’aurait pas été en mesure de mettre en œuvre l’une de ses techniques.
Cependant, à l’heure actuelle, elle était une alliée à qui il confiait son dos. Et ainsi, Zagan s’empara de l’Écaille des Cieux qu’il tissait dans sa main, y superposant encore un autre groupe de circuits.
« Brûle en cendres — Phosphore des Cieux ! » Et puis, Zagan avait frappé l’abdomen du monstre en produisant un bruit sourd.
Oui, c’était un poing qui n’était qu’un simple coup de poing. C’était une attaque vraiment impuissante et indigne de Zagan, qui avait même réussi à écraser la pierre avec son poing. Alors, voyant ça de dos, Chastille avait laissé sortir une voix agitée.
« As-tu raté ton coup ? » demanda Chastille.
« ... Non, c’est déjà fini, » annonça calmement Zagan. Après avoir murmuré cela et levé la main droite, Zagan avait serré le poing comme s’il écrasait quelque chose avec. Et tout de suite après...
Avec une éruption soudaine, le monstre de pierre avait été enveloppé d’une flamme noire. La flamme n’avait surgi qu’un seul instant. Et, cela avait parcouru la surface de la pierre comme s’il la consommait, avant que les flammes se soient éteintes.
Avec cela, tout était terminé. La statue noircie s’était effondrée sans bruit. Quel que soit son pouvoir régénérateur, une fois qu’il perd son mana, c’est une simple pierre.
Les fragments brisés qui s’étaient relevés avant ça s’étaient alors transformés en poussière avant de se disperser avant même de toucher le sol. Et en un clin d’œil, il ne restait rien de la chimère.
Tandis que Zagan se retournait, il remarqua que Chastille se tenait immobile, les yeux grands ouverts, sous le choc.
« Qu’est-ce que... tu as fait ? » demanda Chastille.
Zagan avait ensuite tissé ensemble un cercle magique dans sa main pour l’aider à lui expliquer la situation.
« Tu vois, j’ai cette sorcellerie qui s’appelle l’Écaille des Cieux. Cette chose aspire sans cesse le mana dans son environnement et accumule continuellement en augmentant son intensité tel un bouclier, alors tout ce que j’ai fait c’est inverser l’effet et le jeter dans l’ennemi, » déclara Zagan.
« Inverser l’effet... ? » demanda Chastille
« Cela aspire sans cesse le mana dans les environs... et le fait brûler. La raison pour laquelle la flamme semble noire est que le mana lui-même brûle, » expliqua Zagan.
L’Écaille des Cieux et le Phosphore des Cieux... C’était de la sorcellerie qui utilisait la même structure, les deux faces d’une même pièce pour ainsi dire. Une arme anti-Épée Sacrée, et une arme anti-démon. Après avoir obtenu l’héritage de Marchosias, Zagan avait concentré tous ses efforts sur le développement de ces techniques.
Et il semblait que la preuve était faite. Après tout, cela possédait assez de puissance pour brûler même une chimère créée à partir des restes d’un démon en un instant.
Si un sorcier humain subissait ce coup, il serait impuissant. Et en fait, c’était une sorcellerie si diabolique que si les autres Archidémons l’apprenaient, ils seraient obligés de la déclarer un art interdit.
« Pourtant, c’est beaucoup trop imprécis. Si je n’augmente pas l’efficacité, ça ne marchera probablement pas sur un vrai démon..., » déclara Zagan.
Le démon auquel Zagan s’était confronté possédait bien plus de mana. Comme le Phosphore des Cieux était maintenant, un vrai démon détruirait très probablement la sorcellerie avant d’être brûlé en cendres. Tout comme l’Écaille des Cieux était encore incomplète, il semblait qu’il y avait des choses à améliorer.
« Tu es... un sorcier terrifiant..., » Chastille parlait comme si elle tremblait, mais sa voix donnait plutôt l’impression qu’elle le respectait. Et c’est pourquoi Zagan avait répondu de la même façon.
« Tes compétences ne sont pas non plus si mauvaises, Chastille, » déclara Zagan.
Quand il lui avait dit ça, pour une raison inconnue, Chastille avait écarquillé les yeux et s’était couvert le visage.
« ... Quoi ? » demanda Zagan.
« Non, c’est juste que... C’est la première fois... que tu m’appelles par mon prénom... c’est tout..., » déclara Chastille.
« Vraiment ? » Zagan n’en était pas vraiment conscient, mais maintenant qu’elle en avait parlé, il s’était rendu compte qu’il n’avait jamais parlé de Chastille qu’avec « toi », « cette fille » ou d’autres choses du genre.
« Eh bien, désolé pour ça, » déclara Zagan.
« T-Tu t’excuse ? » s’exclama Chastille.
« Tu es après tout l’amie de Néphy. Je dois au moins afficher un peu de respect pour toi, » déclara Zagan.
Cependant, les manières d’un sorcier n’étaient pas si différentes de la dignité d’un bandit.
Chastille gonfla alors ses joues et le fixa du regard.
« Je ne suis pas venue ici juste pour Néphy. Je suis venue... pour me battre à tes côtés..., » déclara Chastille.
Zagan la regarda d’un air émerveillé en entendant ces paroles choquantes.
« Même si nous sommes un sorcier et un Chevalier Angélique ? » demanda Zagan.
« Oui, même si nous sommes un sorcier et un Chevalier Angélique, » répondit Chastille.
En entendant la réponse de Chastille, Zagan avait ressenti un sentiment de sécurité qu’il n’avait jamais ressenti auparavant de sa vie. Confier son dos à quelqu’un n’est certainement pas une mauvaise sensation, hein ?
Même si cela ne correspondait pas à sa nature, il était sur le point de mettre ces pensées en mots. Cependant...
« Zagan ! »
Tandis qu’il se retournait vers le cri de Foll, Zagan vit Raphaël s’écrouler en raison de l’épuisement.
***
Partie 7
« Il semble que j’ai été capable de voir l’épée la plus rapide parmi les Archanges. »
Couché sur le sol, Raphaël avait le sourire aux lèvres. Même maintenant, c’était un sourire féroce qui donnait l’impression qu’il pouvait attaquer à tout moment, mais en fait, il riait tout simplement.
« Ne parle pas trop. Je suis mauvais pour tout ce qui a trait à la guérison, » déclara Zagan.
Zagan effectuait les premiers soins à Raphaël en utilisant la sorcellerie, mais la blessure était trop profonde. Tout au plus, il pourrait arrêter l’hémorragie. Il avait l’impression que la chance de Raphaël s’était épuisée, car la capacité de régénération d’un dragon s’affaiblissait, lui permettant à peine de garder la main sur la vie.
Finalement, Raphaël avait parlé d’un ton fatigué.
« Chastille. Peu importe ce que tu penses de nous, tes actions elles-mêmes sont déjà devenues notre bannière. Ceux qui sympathisent avec moi... deviendront sûrement tes alliés à partir de maintenant..., » déclara Raphaël.
« Seigneur Raphaël..., » Chastille regarda Raphaël avec une expression compliquée sur son visage en disant cela. Et avec un « cependant », Zagan s’était interposé.
« Tu parles encore de la Faction d’Unification, hein ? Barbatos l’a dit plus tôt, mais je ne vois pas l’intérêt. Si tu dis que tu as besoin d’une bannière ou autre, pourquoi ne pas le faire toi-même ? Tu es l’un de ces satanés Archanges, n’est-ce pas ? » déclara Zagan.
« Si c’était seulement à l’intérieur de l’Église, ce serait possible. Cependant, c’est exactement comme cet homme l’a dit. J’ai... tué beaucoup trop de sorciers. Si je leur demandais de me tendre la main après tout ce temps, ils ne le consentiraient jamais, » déclara Raphaël.
C’est pourquoi il avait besoin d’une personne comme Chastille. Et Chastille avait été déconcertée par cela.
« C’est pour ça que vous avez utilisé le nom d’Orobas ? Parce que vous pensiez que personne ne vous croirait ? » demanda Chastille.
« En partie, oui. Mais aussi, ma survie et la création de la Faction d’Unification étaient le dernier souhait d’Orobas. C’est pourquoi son nom est le plus approprié en tant que chef, » déclara Raphaël.
Pour cet homme, l’existence d’Orobas était tout simplement absolue. Et Zagan avait été capable de comprendre cela, mais à la fin, il n’était pas vraiment convaincu.
« Alors, pourquoi avoir tué autant de sorciers ? Avais-tu une sorte de rancune ou quelque chose comme ça ? » demanda Zagan.
Zagan n’avait aucunement l’intention de prétendre que les sorciers étaient vertueux. Au contraire, les sorciers étaient, sans exception, tous des méchants. Il ne voyait aucune raison de ne pas les haïr, mais même ainsi, en tuer près de 500 n’était pas une mince affaire. Il devait avoir une raison.
Cependant, personne n’avait pu prédire la réponse de Raphaël à cette question.
« Je ne les ai pas tués parce que je le voulais. Pour une raison ou une autre, les sorciers n’arrêtaient pas de m’attaquer, » déclara Raphaël.
« Quoi... ? » Tout le monde dans la pièce avait poussé un cri de surprise en même temps.
Raphaël murmura alors quelques mots comme s’il trouvait cela étrange.
« Je me demande bien pourquoi. Tout ce que j’ai fait, c’est essayer d’avoir une conversation de gentleman avec eux. Même quand je leur ai montré un sourire pour prouver que je n’étais pas un ennemi, ces satanés sorciers n’ont pas du tout écouté ce que je disais et n’ont pas arrêté de me foncer dessus. Bien sûr, j’ai dû accepter leurs défis à ce moment-là, ce qui se terminait toujours par le fait que je les tuais, » déclara Raphaël.
Incapable de comprendre ce qu’il disait, Zagan était sous le choc.
« ... Attends un peu. N’essayais-tu pas de nous provoquer dans ce bar ? » demanda Zagan.
« J’avais simplement l’intention d’informer le bâtard qui était intime avec Chastille de la crise qui lui était arrivée..., » déclara Raphaël.
La tête de Zagan avait commencé à lui faire mal. Et en même temps, Chastille secoua la tête dans un état d’étonnement.
« C-Cependant, quand vous m’avez rencontré pour la première fois, ne m’avez-vous pas demandé combien de sorciers j’ai tués... ? Oh, ne me dites pas que c’était juste pour cacher vos vraies intentions ? » demanda Chastille.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu servirais mal de bannière si tu tuais des sorciers comme je l’ai fait, n’est-ce pas ? Et tu m’as répondu que ce n’était pas un chiffre dont je pouvais être fier, ce qui m’a convaincu que tu étais celle que je cherchais, » déclara Raphaël.
Chastille avait baissé ses épaules après avoir entendu cette réponse et avoir vu l’expression sérieuse sur son visage. Alors, après ça, elle avait hoché la tête.
« Maintenant que vous en parlez, se pourrait-il que vous négociiez pour que mon Épée Sacrée... me soit rendue ? » demanda Chastille.
« Si un Archange n’a pas d’Épée Sacrée, comment peut-il se protéger ? » demanda Raphaël.
Il semblait que quelque chose de semblable s’était produit avec Chastille, alors Zagan essaya de repenser à sa conversation avec Raphaël.
Il avait une façon détournée de parler, mais il était certainement vrai que cet homme n’avait jamais dit une seule fois qu’il voulait tuer Chastille. Bien sûr, il avait parlé du point de vue de l’Église, mais cela ne signifie pas qu’il était d’accord avec cela.
Eh bien, si un sorcier et Chevalier Angélique commençaient à devenir amis, ça finirait par ressembler à ce qui est arrivé à Chastille, hein ? En d’autres termes, il leur disait essentiellement de simplement sentir ses sentiments. Bien que franchement, cela ne ressemblait pas du tout à ça.
« Mais peux-tu vraiment tuer près de 500 personnes comme ça ? » demanda Zagan.
« C’est tout simplement ce qui s’est passé quand j’ai été attaqué jour après jour. Et quand les sorciers ont cessé de venir, l’Église m’a envoyé dans une autre région, » déclara Raphaël.
Il semblait que le cycle se répétait à mesure qu’il changeait d’endroit, de sorte que le nombre avait augmenté avant même qu’il ne s’en rende compte.
L’histoire n’était pas très convaincante, mais Zagan pouvait comprendre que c’était involontaire. Et, comme on pouvait s’y attendre, il avait poussé un soupir.
« Réfléchis à ton apparence. N’importe qui te considérerait comme un ennemi si tu agis bizarrement en ressemblant à ça, » déclara Zagan.
Après que Zagan lui ait fait cette remarque, Barbatos avait ajouté sur un « Eh, ça venant de toi » avec une voix étonnée, ce qui avait fait que Zagan avait décidé de le frapper plus tard. Puis, il serra le poing pendant que Raphaël se relevait lentement.
« Chastille... Tu devrais retourner à l’Église. Je me débarrasserai de ceux qui souhaitent ta mort. Je pourrai sûrement conserver cette vie au moins aussi longtemps..., » déclara Raphaël.
« Hein, savez-vous qui est le coupable ? » demanda Chastille.
« Laisse-moi te demander, n’as-tu pas réalisé la vérité ? » demanda Raphaël.
Ce n’était pas comme si elle n’avait aucune idée. Et quand elle l’avait compris, le visage de Chastille était devenu particulièrement pâle.
Oui, avec l’exclusion de Raphaël, il y a peu d’individus dans l’Église qui pourraient être responsables.
Zagan n’était pas bien informé des affaires internes de l’Église, mais par élimination, une seule personne lui était venue à l’esprit.
Finalement, Raphaël se tourna vers Foll.
« J’ai promis de te remettre ma tête, mais je vais te faire attendre jusque-là, » déclara Raphaël.
Foll n’avait pas été en mesure de répondre à ses paroles. Alors au lieu de ça, elle lui avait posé une question.
« ... Réponds juste à une chose. Quel genre de dragon était Orobas pour toi ? »
Raphaël hocha calmement la tête en réaction à ses paroles, puis répondit.
« Un grand dragon. Ces moments où je suis monté sur le dos de ce dragon et où je me suis battu à ses côtés... ont été les meilleurs moments de ma vie, » déclara Raphaël.
« ... Je vois, » répondit Foll.
Et alors que Raphaël partait, Foll n’avait pas essayé de le retenir ou de le tuer.
« Est-ce que tu es d’accord avec ça ? » demanda Zagan.
« ... Je ne sais pas. Mais... Je ne sais pas non plus... si c’est correct de tuer cet homme, » répondit Foll.
Zagan brossa doucement la tête de la jeune fille pour la réconforter.
« Alors, n’est-ce pas bien d’en rester là ? » demanda Zagan alors qu’il tendait la main à Foll, puis dit : « Revenons chez nous. Néphy doit être fatiguée d’attendre. »
« ... Uh, mm. »
Même Zagan ne savait pas si c’était bien d’abandonner sa revanche. Mais il savait que Foll n’avait plus un profond mépris pour les Chevaliers Angéliques.
C’est pourquoi... c’est sûrement bien comme ça.
Il était possible que sa haine refasse surface après tout cela. En fait, il était certain qu’elle finirait aussi par hésiter. Néanmoins, Zagan et Néphy avaient décidé de rester aux côtés de cette fille.
Et à ce moment-là, Chastille avait pris la parole. « Humm, et moi ? »
« Retourne dans ta foutue Église, tête de poney, » déclara Foll, envoyant Chastille au bord des larmes à cause de son hostilité nue.
D’une façon ou d’une autre, avant que quelqu’un ne s’en rende compte, Barbatos avait disparu. Ils avaient dû faire un long voyage de retour au château de Zagan en raison de son absence, et l’aube se levait déjà avant leur arrivée. Et pourtant, Néphy était toujours là, semblant attendre de les accueillir.
« Bienvenue à la maison, Maître Zagan, Foll, Chastille, » déclara Néphy.
Et ce même matin, Zagan et les autres entendirent parler du destin de Raphaël.
***
Partie 8
« Je vois. On ne sait donc toujours pas où se trouve Chastille..., » le cardinal Clavwell murmura cela en étant en deuil après avoir reçu un rapport des subordonnés de Chastille, les Chevaliers du Ciel d’Azur.
« Mes plus sincères excuses. Nous avons été tout simplement inadéquats. »
« Ce n’est pas comme si c’était votre faute. Je suis dans la même situation dans le sens que je suis inquiet pour la sécurité de Chastille. Pour l’instant, reposez-vous, » déclara Clavwell.
« D’accord ! » Les trois chevaliers quittèrent le bureau de Clavwell avec un salut et un petit cri d’encouragement.
Lorsque la porte se referma, Clavwell fit entendre une voix triste comme s’il n’était plus capable de la supporter.
« Oooh... Chastille, ma chère chevalière... Pourquoi... ? Pourquoi ne meurs-tu pas pour moi ? » murmura-t-il.
Le visage qui sortait de ses deux mains était répugnant et déformé.
« Les sorciers sont mauvais. Et ceux qui en sont complices sont mauvais. Si un Archange est imprégné de péché, alors leur remplacement doit à la place faire respecter la vraie justice, n’est-ce pas ? »
Si Chastille était tuée, l’Épée Sacrée choisirait un nouveau maître pur. Et cette fois, c’était sûr, il l’élèverait comme l’incarnation de la justice.
Ce qu’il cachait scrupuleusement, c’était le fait que ce n’était même pas la première fois que Clavwell essayait d’assassiner un Archange. Ceux qui n’avaient pas démontré le pouvoir absolu de l’épée de la justice, ceux qui s’opposaient aux inclinaisons de Clavwell, ceux qui hésitaient à tuer des sorciers, et ceux qui étaient tout simplement indignes d’être un Archange, avaient été impitoyablement tués.
Heureusement, Kianoides était le domaine de l’Archidémon précédent, Marchosias. S’ils étaient dirigés vers ce diable, personne ne douterait de leur mort.
Ce n’était pas une défaite pour l’Épée Sacrée. Comme le manieur ne convenait pas, ils n’avaient pas été en mesure d’utiliser le vrai pouvoir et avaient péri en conséquence.
Cela, en soi, pourrait aussi être appelé la volonté de l’Épée Sacrée. Cependant, les circonstances étaient un peu différentes cette fois-ci.
« Ce fichu Raphaël a vraiment fait quelque chose d’inutile..., » déclara-t-il.
Chastille avait bêtement dit qu’elle ne voulait pas se battre contre l’Archidémon. C’est ainsi qu’ils avaient immédiatement confisqué son Épée Sacrée, et les préparatifs pour la tenue d’une cérémonie de grande exécution étaient déjà bien avancés. La raison pour laquelle elle avait été retardée... c’est qu’il y avait des objections de la part des autres cardinaux.
Oui, Clavwell ne protégeait pas du tout Chastille. C’est seulement parce que les autres cardinaux l’en empêchaient qu’elle était protégée. Et ainsi, Chastille... avait pris son Épée Sacrée et avait disparu.
Espèce d’indisciplinée... Es-tu en train de dire que tu n’es pas morte de ce poison ? C’était son précieux poison, produit dans le but de torturer les sorciers capturés. Chastille n’aurait jamais dû être en vie après avoir absorbé quelque chose de fatal, même pour le plus puissant des sorciers. Et pourtant, ni son cadavre ni l’Épée Sacrée n’avaient été découverts quelque part.
Si Raphaël ne lui avait pas suggéré de lui rendre l’Épée Sacrée, aucune de ces questions gênantes ne se serait produite et tout aurait été réglé proprement.
« Ces trois stupides chevaliers sont aussi inutiles. »
Ces trois-là avaient servi Chastille aveuglément. C’est pourquoi il les avait fait surveiller, pensant qu’ils pourraient sûrement trouver où se trouvait Chastille, mais tout ce qu’ils avaient fait, c’était se promener en ville sans planification. Peu importe le temps passé, ils ne l’avaient jamais retrouvée.
Ou peut-être... qu’ils ont remarqué qu’on les surveillait ? Malgré les apparences, ces trois chevaliers avaient été classés parmi les guerriers les plus puissants de la Cité de Kianoides. Même pendant l’incident du jour où Zagan avait succédé à Archidémon Marchosias, les trois chevaliers avaient retrouvé Chastille et avaient réussi à la sauver.
Donc, l’explication logique pour qu’ils fassent si peu d’efforts étaient qu’ils avaient remarqué qu’ils allaient guider un assassin jusqu’à Chastille.
Il avait alors dû penser à une autre manière pour gagner. Et pendant qu’il gémissait devant de telles pensées désagréables, quelqu’un frappa à sa porte.
« ... Je suis désolé, mais j’aimerais être seul maintenant. Veuillez reporter ce dont vous avez besoin pour plus tard, » déclara-t-il.
Ce n’était pas si grave, mais comme il était très en colère, il n’avait pas l’impression de pouvoir parler calmement avec une autre personne. Cependant, malgré ses instructions, la porte de la chambre avait été violemment ouverte.
« J’arrive, Clavwell, » une voix retentissante avait résonné, et celui qui apparut n’était autre que le Chevalier Angélique Raphaël.
« Qu-Qu’est-ce que vous... ? Espèce de vaurien insolent... ! » Clavwell haussa la voix avec à parts égales de la peur et de l’irritation, puis il remarqua immédiatement quelque chose d’étrange. Raphaël était couvert de sang. L’un de ses bras manquait, et c’était une blessure si grave que sa survie n’était rien de moins qu’un miracle.
« Seigneur Raphaël, quelle est cette blessure... ? Non, si on met ça de côté, on doit la traiter ! » Clavwell glissa rapidement du poison dans sa main en déclarer ces mots. Il ne savait pas ce qui s’était passé, mais cet homme était l’un des « maux » que Clavwell devait exterminer quoiqu’il arrive.
Clavwell ne savait pas exactement quel était son objectif, mais il savait que Raphaël essayait de construire une nouvelle faction dans l’Église. On l’appelait la « Faction d’Unification » ou quelque chose du genre, et si Clavwell avait su qu’ils étaient un groupe qui était contre tout ce qu’il défendait, il n’aurait probablement pas fait ce choix. Pourtant, que ce soit la bonne ou la mauvaise fortune, ceux qui pouvaient imaginer l’idéologie de Raphaël à en juger par son apparence n’existaient pas dans l’Église.
Raphaël s’était ensuite jeté sur la chaise devant Clavwell.
« Quoi, ne t’inquiète pas pour ça ? Je suis juste venu ici pour m’occuper d’une petite affaire. Je pars tout de suite après, » déclara Raphaël.
« C-Cependant..., » et après que Clavwell le déclara en appliquant le poison sur son gant, il tendit main pour panser la blessure de Raphaël avec...
« Hein... ? » Avec un bruit de rotation terne, son bras tomba sur le sol.
« Malheureusement, je n’ai pas particulièrement apprécié l’idée d’une main tachée de poison qui me touche, » déclara Raphaël.
À une vitesse bien plus rapide que ce que Clavwell pouvait percevoir de ses yeux, Raphaël avait retiré le bras droit du corps de Clavwell.
« Ghhhh... Argh ? » Alors qu’il s’accroupissait et se mettait à crier, un pied couvert d’armure s’était coincé dans sa bouche. Plusieurs de ses dents de devant écrasées s’étaient éparpillées sur le sol.
« Ne fais pas tant d’histoires. Même si j’ai l’air impitoyable, c’est la première fois que je tue un humain, tu vois ? Je suis juste un peu nerveux à cause de ça, » déclara Raphaël.
Pourquoi... moi ? Il ne pouvait pas prononcer ces mots à haute voix, mais comme Clavwell se plaignait avec ses yeux, Raphaël reçut le message fort et clair et répondit.
« Toi et moi sommes devenus séniles. Ce n’est pas à nous de mettre la main à la pâte dans chaque petite chose que fait la jeune génération. C’est-à-dire sans parler d’étouffer leurs possibilités dans l’œuf, bien sûr, » déclara Raphaël, puis il dégaina son Épée Sacrée.
« Tu vas rencontrer ta fin avec la lame de ton Épée Sacrée bien-aimée, bâtard. Et si tu faisais une tête un peu plus heureuse ? » déclara Raphaël.
« Aggggggh! » Ouvrant en grand les yeux, Clavwell essaya de secouer la tête, mais ne put rien faire avec la botte plantée dans sa bouche.
Que quelqu’un me sauve ! Pourquoi l’Archange de Kianoides ne venait-il pas le sauver ? Qu’est-il arrivé aux trois chevaliers qu’il venait de renvoyer ? En tant que porte-parole de Dieu, exécuteur de la volonté de la justice, pourquoi avait-il fallu que sa vie soit menacée par un tel « mal » ? Cependant, peu importe à quel point Clavwell gémissait dans son cœur, la « justice » en laquelle il croyait ne le protégeait pas.
« Je te rejoindrai bientôt. Attends-moi en enfer, » cela avait été les derniers mots que l’homme connu sous le nom de Cardinal Clavwell avait entendus alors qu’une Épée Sacrée était venue tranché en plein dans son cou.
Et ce fut la toute dernière scène dont Clavwell avait été témoin dans ce monde.